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Le texte qui suit n’est que pure-fiction... Gardons toutefois en tête les réalités suivantes
pour que sa lecture prenne une tonalité géopolitiquement plus profonde : la France est le
5e pays producteur et le 3e exportateur en blé de la planète. Près de 10% de la superficie
métropolitaine française est couverte en blé. Environ 500 000 emplois directs et indirects
sont générés en France par la filière céréalière. En 2014, l’exportation de céréales s’est
élevée à 9,5 milliards d’euros, le blé étant la céréale phare de cette France agricole
performante dans la mondialisation. Un hectare de blé sur cinq cultivé en France se
retrouve consommé par les populations du Sud de la Méditerranée, qui captent deux-tiers
des exportations françaises de blé en dehors de l’UE. Au lendemain de la Seconde guerre
mondiale, la France avait besoin de l’étranger pour couvrir ses besoins en blé. Depuis le
dernier tiers du XXe siècle, la France n’a pas de pétrole mais elle a du blé. Dans un
contexte alimentaire en évolution rapide depuis le début du XXIe siècle, le blé constitue un
atout majeur pour la compétitivité économique et l’influence stratégique de la France dans
le monde.
Le blé, un produit stratégique pour la France et son influence dans le monde
18 juin 2020. A Paris, les ChampsÉlysées sont recouverts de blé. Le temps d’une journée, le
produit phare de l’agriculture française est célébré. La date est symbolique. Cela fait cinq ans
qu’un « appel du blé » a été lancé pour positionner cette céréale au cœur de la diplomatie
économique de la France. C’est aussi le trentième anniversaire de la même manifestation
tenue le 24 juin 1990, date d’une « Grande Moisson » qui avait pris possession de l’une des
avenues les plus célèbres du monde. De l’Arc de Triomphe à la Concorde, les épis de blé
tapissent les sols sur près de 2 kilomètres et 70 mètres de large. Il s’agit à la fois de valoriser
le secteur auprès de l’opinion publique et de promouvoir le rôle essentiel du blé pour
l’économie nationale mais également l’influence du pays à travers la planète, notamment en
direction des pays francophones. En 2020, plus que jamais, le blé contribue à rééquilibrer la
balance commerciale nationale, encore déficitaire mais dont les corrections restent effectuées
grâce aux performances à l’exportation de certains produits où la France reste compétitive.
C’est notamment le cas de l’agro-alimentaire et des céréales. Si ce tableau ne fait que
confirmer des réalités connues et observées depuis le début du siècle, la vraie différence tient
au fait que le discours politique et diplomatique a évolué. Le blé fait partie intégrante des
éléments de langage des décideurs français, quand bien même ils ne sont pas affairés aux questions agricoles. Reclassé parmi les atouts majeurs de la Nation, le blé représente cette
matière première bien vivante du territoire français, procurant de l’emploi et générant desrevenus. Surtout, pour les diplomates et tous ceux qui travaillent à l’expression de la
puissance française dans le monde, le blé est devenu l’un des meilleurs arguments pour
illustrer ce que le pays peut faire, depuis les terres de l’Hexagone, pour concrètement
contribuer à la stabilité et au développement dans le monde. Les grains produits en France
partent pour désormais deux-tiers d’entre eux en direction de l’étranger.
C’est une évolution
forte par rapport à la situation qui prévalait encore au milieu de la décennie 2010, quand une
tonne sur deux récoltée se retrouvait mise sur les marchés internationaux. Alors que la
production française s’est améliorée quantitativement, avec la barre des 40 Mt franchie pour
la première fois en 2019, elle s’est aussi bonifiée en termes qualitatifs. Les producteurs ont
continué à améliorer leurs pratiques, inscrivant leurs activités dans les sillons d’un
développement durable où la sécurité humaine est essentielle, comme cela a été défini dans le
cadre de l’agenda post-2015 et de la feuille de route climatique établie à Paris lors de la
COP21 tenue en décembre 2015. Plus responsable encore sur le plan environnemental, le
producteur français s’est également attelé à faire progresser la qualité de ses blés. Davantage
protéinés, ils correspondent aux attentes des consommateurs des pays acheteurs, qui
reconnaissent les efforts menés depuis plusieurs années pour que l’origine française en blé
cultive sa compétitivité. Il faut dire que cette montée en gamme sur le plan qualitatif fut
rendue nécessaire face aux concurrences renforcées des origines russes et roumaines, de plus
en plus présentes sur les marchés des rives Sud et Est du bassin méditerranéen. Et c’est bien là
que la géopolitique du blé connaît sa sismicité la plus soutenue. Les autorités françaises, en
étroite association avec les producteurs et les nombreux acteurs de la filière blé dans le pays,
ont organisé cette journée du 18 juin 2020 pour une raison stratégique : de fortes secousses
alimentaires ont déstabilisé la planète entre le printemps et l’automne 2019.
Plusieurs
gouvernements sont tombés dans des Etats où la demande en blé n’est couverte intégralement
que grâce aux approvisionnements extérieurs. Or la tonne de blé s’est nettement renchérie en
2019, conséquence d’une campagne mondiale très défavorable et d’une combinaison
d’événements géopolitiques ayant impacté lourdement le cours des céréales. La sécheresse
historique aux Etats-Unis, à l’été 2018, est venue plomber la production de blé chez celui qui
reste l’un des principaux greniers traditionnels du globe.
Déjà fragilisée par la primauté
donnée au maïs, le blé américain chute à 40 Mt pour la récolte de cette campagne 2018-2019.
La conséquence pour les marchés mondiaux est immédiate : seuls 20 Mt seront exportées
depuis les Etats-Unis, soit 40% de moins que la moyenne enregistrée lors des campagnes
précédentes. La nervosité des cours du blé s’accentue à l’été 2018 quand il apparaît que la
récolte autour de la mer Noire s’annonce mauvaise. Les problèmes politiques en Ukraine
persistent depuis 2014, obérant le développement agricole du pays, dont une partie des terres
à céréales est ravagée par des conflits militaires locaux entre les forces d’un régime affaibli à
Kiev et des rebelles à l’Est revendiquant le rattachement à la Russie. Celle-ci plonge toutefois
dans l’inconnue stratégique la plus totale à l’automne 2018. Son président perd le pouvoir et
c’est tout le système politique russe qui tente de se recomposer face à cet événement soudain.
La population saisit cette vacance de gouvernance pour muscler ses revendications. Les rues
de Moscou sont pleines de manifestants, tandis que les campagnes connaissent une année
creuse. Les plaines russes ont en effet subi une période de chaleur excessivement longue lors
de l’été 2018. Quelques mois plus tard, il apparaît que la production en blé, comme celle des
Etats-Unis, est historiquement basse. Avec 25 Mt, la récolte est à la fois catastrophique pour
l’économie russe mais également terrible pour les équilibres du marché mondial. A peine 5
Mt de blé russe sortiront des ports de la mer Noire...La tonne de blé atteint 400 dollars le 16
mars 2019 à la bourse de Chicago. Le prix du blé reste supérieur à 300 euros en « rendu
Rouen » pendant plus de cinq mois cette année-là. A l’été 2019, les guerres dans la péninsule
arabique sont telles que le passage des navires par le canal de Suez est impossible. Sa
fermeture pour plusieurs semaines perturbe le commerce mondial et certains flux céréaliers
dans la région. Le hub céréalier de Damiette, au nord de l’Egypte, à peine inauguré en 2018,
est presque vide. Le coût du fret maritime part à la hausse, sans oublier un baril de pétrole
situé à 200 dollars quand l’Arabie saoudite perd le contrôle de la moitié de son territoire en
septembre 2019. Le Royaume, pour sauver la face et tenter d’endiguer les menaces, achète 10
Mt de blé sur les marchés, malgré le prix. Puisant dans leurs immenses réserves financières,
les autorités saoudiennes redistribuent du blé aux populations moyen-orientales qui lui sont
fidèles (ou qu’il faut conquérir) à bas coût, mais surtout sous la forme d’une aide alimentaire
déguisée. A l’instar de l’épisode de 2007-2008, la crise alimentaire mondiale de 2019 est la
conséquence d’une combinaison de facteurs. L’inflation du prix de plusieurs matières
premières agricoles n’est pas uniquement le résultat de récoltes moins bonnes. Elle est aussi
liée à de mauvaises nouvelles géopolitiques. L’inconnue russe, le chaos moyen-oriental, sans
oublier les désordres socio-politiques en Afrique de l’Ouest, inquiètent les marchés et les
contaminent. Les signaux pour l’économie mondiale sont mauvais. Les échanges de blé se
tendent : malgré une production record de 765 Mt en 2018-2019, la demande dépasse l’offre.
Comme au cours des deux précédentes campagnes. Les événements de 2018 et 2019 viennent
pressuriser des marchés déjà particulièrement vulnérables. La facture à l’importation pour les
Etats dépendants en blé explose. Certains n’ont pas les moyens de la régler. En Afrique du
Nord, cela fait dix ans que les systèmes politiques sont bousculés par des aspirations sociales
de plus en plus fortes. Le pain fait défaut dans de nombreux foyers en 2019. Il est si cher que
son accès est difficile pour les populations vulnérables. Les subventions alimentaires en
Egypte ont été réduites, tout comme au Maroc et en Tunisie, ce qui fait beaucoup hésiter
l’Algérie à faire de même. Le renchérissement du pétrole lui offre un ballon d’oxygène
sociopolitique à la différence de ses voisins. Mais l’Algérie achète en 2019 beaucoup de blé
pour tenter d’éteindre les étincelles qui se multiplient dans une bande sahélo-saharienne en
pleine ébullition. La pauvreté, les guerres et les insécurités s’y multiplient depuis des années.
Cela nuit à la stabilité nord-africaine et pèse fortement sur le développement de toute
l’Afrique de l’Ouest. Dans ce contexte, la France a pris des décisions courageuses en 2019.
Elle a mis en place un système inédit de diplomatie alimentaire, en synergie complète avec les
producteurs de blé et les opérateurs de la filière, y compris de la logistique et du négoce. Le
blé d’origine France sera patriotique et stratégique. Il est vendu 220 euros la tonne lors de la
campagne 2019-2020, quel que soit le cours sur les marchés et la volatilité des prix. Ce tarif
unique et stable est pratiqué en direction des pays partenaires traditionnels de la France qui
sont les premiers débouchés du blé français à l’export. Les Etats de l’Afrique du Nord et de
l’Afrique de l’Ouest sont ainsi concernés, mais Paris n’oublie pas certaines destinations du
Proche-Orient. La contrepartie diplomatique est simple : que ces pays achètent du blé français
dans des quantités bien déterminées au cours des cinq prochaines campagnes et dans une
fourchette de prix qui sera obligatoirement entre 200 et 240 euros la tonne, tarifs jugés
suffisamment rémunérateurs pour l’agriculteur et relativement accessibles pour les acheteurs.
Cette contractualisation quinquennal rassure tout le monde, producteurs de blé en France
comme consommateurs dans les pays importateurs. Les opérateurs des marchés sont
mobilisés pour se situer dans cet exercice. La puissance publique s’appuie sur les forces vives
de la Nation.
A travers une telle démarche de diplomatie économique avec le blé, les autorités
françaises contribuent à atténuer les risques d’instabilités géopolitiques dans les régions
voisines africaines. Si l’acte n’est pas compatible avec les règles commerciales de l’OMC et
de l’UE, il est tout de même autorisé à titre expérimental pour répondre à une situation de
crise. Le processus séduira Bruxelles qui décide de mener une réflexion approfondie pour
qu’un tel dispositif soit appliqué à l’échelle européenne à partir de 2025, dans le cadre de la
nouvelle PAC qui sera davantage géostratégique et articulée avec les politiques de
coopération renforcée établies avec les pays du voisinage de l’UE Le 18 juin 2020, le
Président de la République française termine son discours à la Concorde en rappelant que le blé fait non seulement partie de l’histoire profonde du pays mais qu’il est surtout un produit
vital pour la sécurité mondiale. Il appelle les concitoyens à être fiers que la France soit dotée
d’un tel atout, contribuant à l’alimentation de base de la population nationale et à l’équilibre
des marchés internationaux où la croissance des besoins alimentaires s’affiche comme l’un
des principaux moteurs.
Le Président français conclut en regardant l’horizon de ces Champs
Élysées recouverts de blé : il y voit au loin la défense des intérêts de la France et, au milieu, le
triomphe de son modèle diplomatique. Rayonner avec ses atouts dans la mondialisation et
savoir être une puissance juste dans son action : tel est le cap fixé pour le développement
économique et la politique extérieure de la France.
Sébastien Abis présentera son ouvrage “ Géopolitique du blé, un produit vital pour la
sécurité mondiale” dans le cadre du colloque “Le blé, enjeux géopolitiques et diplomatie
économique” organisé par l’IRIS et l’AGPB le jeudi 18 juin 2015.
L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre.
Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.
Sommaire:
A) Dix idées reçues sur le Royaume-Uni - Eudoxe Denis - Paroles d'experts - Le think tank de l'entreprise: institut-entreprise
B) Élections au Royaume Uni : erreur des instituts de sondage ou versatilité de l’opinion ? - Par Claude Robert - contrepointset sa liste de liens sur ce thème
C) Quand Cameron est là, les sur-riches dansent - Une critique, analyse de Sonia DELESALLE-STOLPER
D) Hollande rappelle Cameron à l'ordre sur l'Europe - Par Gaétan Supertino avec AFP
E) Royaume-Uni : les défis qui attendent David Cameron - Par Julien Ricotta avec AFP
F) Victoire écrasante des indépendantistes écossais - Philippe Bernard (Londres, correspondant) (source)
G) Histoire du Royaume-Uni de Wikiberal
H) David Cameron ne veut pas que son pays soit «aussi mauvais que la France» - M.P. avec AFP
I) Mathieu Laine : et si la France s'inspirait de Cameron - Le Point
A) Dix idées reçues sur le Royaume-Uni
1. « La croissance de l’emploi britannique repose sur des petits boulots, précaires et peu qualifiés »
Si les contrats zéro heure ont vu leur nombre augmenter depuis la
crise, leurs titulaires ne représentent que 2,3% de la population
active, et d’après l’ Office for National Statistics, les deux tiers d’entre eux ne souhaitent pas travailler davantage d’heures.
Les emplois indépendants (self employement) représentent
quant à eux un peu plus de la moitié (56%) des emplois créés depuis mai
2008, mais cette part décroît si l’on avance le point de comparaison
(seulement 15% des emplois créés en 2014). D’après la Banque
d’Angleterre, l’essentiel de la croissance de l’emploi indépendant
depuis 2010 s’explique par des facteurs de long terme comme le progrès
technologique ou l’évolution démographique (le vieillissement de la
population active, par exemple, explique environ la moitié de la
croissance du nombre de travailleurs indépendants depuis 2004). Si la
récession a pu conduire certains salariés à se mettre à leur compte,
l’idée selon laquelle elle constituerait le principal facteur de la
croissance de l’emploi indépendant n’est pas étayée par les faits.
Evolution de l’emploi par statut et qualification entre décembre 2007 et décembre 2014 (en milliers)
Source : Office for National Statistics – analyse de l’Institut de l’entreprise
Note méthodologique :
- ‘high skill’ = ‘managers and senior officials’, ‘professionals’, ‘associate professionals and technicians’ - ‘middle skill’ = ‘administrative and secretarial’, ‘skilled trades’ - ‘service intensive’ = ‘care, leisure and other service’, ‘sales and customer service’ - ‘labour intensive’ : ‘process, plant and machine operatives, and elementary occupations’
2. « Les salariés britanniques sont moins productifs que les salariés français »
ð En 2013, la productivité horaire française s’établit bien 27 points au dessus de celle des britanniques.
Cet écart tient toutefois en grande partie à deux facteurs : une durée
effective du travail moins élevée dans notre pays, et un taux d’emploi
plus faible qu »au Royaume-Uni (écart de 8 points). Le premier facteur
explique que l’écart entre nos deux pays soit plus faible en termes de
productivité par tête (13 points) et que ce dernier écart se réduise. Le
second implique qu’en France, l’emploi est concentré sur les personnes
les plus productives, quand la productivité décline au Royaume-Uni à
mesure que sont ramenés vers l’emploi les individus qui en sont les plus
éloignés (même s'il existe d'autres facteurs plus structurels derrière
le décrochage des gains de productivité britanniques, comme une mauvaise
allocation du capital).
3. « Les inégalités et la pauvreté ont explosé au Royaume-Uni »
L’essentiel de la croissance des inégalités ces trente dernières
années au Royaume-Uni s’est produite dans les années 1980. Alors que
dans les années 1960-70, le coefficient de Gini se situait autour de
0,26, il a cru significativement durant la décennie suivante pour
s’établir à 0,34 en 1990. Mesurées par le coefficient de Gini, les
inégalités ont atteint leur pic depuis 1961 entre 2007 et 2009, avant de
chuter brutalement en 2010. Elles connaissent un niveau quasiment
inchangé entre 2010 et 2012, dernière année pour laquelle des
statistiques existent. Le coefficient de Gini s’élève à cette date à
0,34 contre 0,36 en 2007.
L’Institute for Fiscal Studies
(IFS) souligne par ailleurs que la part des revenus détenue par les 1% a
chuté pendant la crise au Royaume-Uni pour retrouver son niveau de la
fin des années 1990. Quant au ratio entre les neuf premiers et le
dernier décile (90/10), celui-ci avait atteint en 2012 son plus bas
niveau depuis la fin des années 1980. Les projections réalisées par
l’IFS lui permettent d’affirmer que ce ratio serait resté stable entre
2012 et 2014.
L’IFS
a réalisé aussi des projections pour évaluer l’évolution de la pauvreté
entre 2007 et 2014. Sur cette période, la proportion des personnes
vivant en situation de pauvreté absolue[1] devrait
diminuer de 18,2% à 16,1%, tandis que le taux de pauvreté relative
devrait connaitre une évolution similaire (de 18,2% à 16,1%). Dans le
second cas, on devrait toutefois observer une hausse entre 2012 et 2014
(le taux de pauvreté absolue devant au contraire rester constant sur la
période).
4. « Les ménages britanniques ne bénéficient pas du retour de la croissance »
>> Le Royaume-Uni a fait le choix de l’emploi
– avec un taux record de 73,4% en février 2015 contre 72,4% sur la
période 1997-2007 – plutôt que des revenus. Les salaires réels sont
toutefois repartis à la hausse et le revenu net disponible des ménages
(par tête) se situait fin 2014 2,2 points au dessus de son niveau
d’avant-crise.
Au total, entre avril 2010 et février 2015, le pays compte deux millions de personnes en emplois supplémentaires.
Le nombre de ménages sans emploi (‘workless households’ [2])
a diminué de 604 000 entre 2014 et 2010, contre seulement 140 000 entre
1997 et 2007, et le nombre d’enfants vivant dans l’un de ces foyers de
372 000 (vs. 408 000). En pourcentage du nombre total d’enfants, il n’a
jamais été aussi bas (12,7% contre 16,2% en 2010 et 16,5% en moyenne
entre 1997 et 2007)
Source : ONS
5. « Les sondages traduisent le rejet par les britanniques des politiques d’austérité »
Un sondage réalisé par Yougov en janvier dernier donne des
conclusions similaires : interrogés sur les choix à conduire du prochain
gouvernement, seuls 32% des britanniques s’exprimaient en faveur « de
moyens accrus pour les services publics et l’investissement public, même
si cela devait se traduire par davantage de déficit et de dette
publique ». A noter toutefois l’existence d’un vrai clivage politique,
avec seulement 12% des sympathisants conservateurs favorable à cette
proposition, contre 58% des sympathisants travaillistes.
6. « Les différences entre le programme
des travaillistes et celui des conservateurs ont des implications
déterminantes sur la trajectoire des finances publiques »
>> Réel, l’écart entre l’impact des mesures des deux partis
reste marginal par rapport aux implications résultant des scénarios
d’évolution des gains de productivité. Si ces derniers renouaient au
Royaume-Uni avec leur rythme des années 1980, l’impact sur la croissance
serait tel qu’il serait inutile de mettre en œuvre des coupes
supplémentaires dans les dépenses publiques. A l’inverse, si les
tendances actuelles se poursuivent, on peut prévoir une nouvelle crise
budgétaire dans les cinq ans à venir, quelles que soient les mesures
contenues dans les différents programmes.
7. « La politique d’austérité a été abandonnée en cours de route »
>> La réévaluation du déficit
structurel et la faiblesse non anticipée des recettes fiscales ont
conduit le gouvernement britannique à revoir à la hausse l’ampleur de
l’effort budgétaire à fournir et à étaler celui-ci dans le temps.
Néanmoins, l’essentiel des mesures prises lors du Budget de juin 2010 et
la Spending Review
de l’automne 2010 ont bien été mises en œuvre par le chancelier
britannique, même si la composition des coupes budgétaires a pu évoluer
en mettant davantage l’accent sur les dépenses courantes que sur les
dépenses d’investissement.
8. « David Cameron est un réformateur moins radical que Margaret Thatcher »
>> En un seul mandat, le
gouvernement de coalition s’est attaqué à la réforme de l’ensemble des
services publics – l’éducation, la santé, les services sociaux et celui
du retour à l’emploi – quand Margaret Thatcher s’était refusé à reformer
le NHS avant son troisième mandat, et avait buté sur la réforme du
système éducatif au cours du deuxième. Même si elle a eu lieu plus tard
que prévu, l’introduction du Crédit Universel pourrait, si elle est
menée à bout, constituer avec celle du système des retraites la plus
grande réforme de l’Etat-Providence depuis Beveridge.
Enfin, du côté des finances publiques, si la stratégie du chancelier
Nigel Lawson avait su porter ses fruits entre 1984 et 1988, la mise en
œuvre du plan Howe de réduction des finances publiques s’était d’abord
soldée entre 1980 et 1983 par un dérapage de près de 4 points de PIB par
rapport aux prévisions initiales.
9. « Le gouvernement de coalition a entraîné la casse des services publics et la privatisation de l’Etat-providence »
>> Si c’est sur le
fonctionnement des services publics qu’a pesé l’essentiel de l’effort de
réduction des dépenses, avec une baisse en termes réels de la dépense
courante de service public par habitant de près de 13% entre 2009 et
2013, les enquêtes d’opinion ne montrent pas de dégradation de la
satisfaction des usagers vis-à-vis de ces derniers. Dans le cas du
système de santé (NHS), il est vrai en partie épargné par cet effort, la
satisfaction se situe même en 2014 en hausse par rapport à l’année
suivante (65% vs. 60%).
Par ailleurs, si l’on estime que les dépenses liées à l’externalisation de services publics ont doublé au cours des cinq dernières années,
les craintes liées à la privatisation de certains services publics ou
sociaux paraissent exagérées. Ainsi, seuls 5,9% de l’activité du système
de santé (NHS) était externalisés auprès de prestataires privés fin
2014. – soit une hausse modeste par rapport à 2010 (4,4%).
10. « La Big Society a été un échec outre-Manche »
>> Si l’expression n’est plus mise en avant
– elle figure toutefois dans le programme des conservateurs – les
politiques qui s’en inspirent restent nombreuses. Dans le domaine
éducatif, 400free schools ont été lancées ou sont sur le point de l’être à la rentrée 2015 et Cameron a promis la création de 500 nouvellesfree schools s’il est réélu. Surtout, près des deux tiers des écoles secondaires publiques ont été transformées en academies : la révolution de l’autonomie scolaire engagée par le gouvernement de coalition dès 2010 apparaît aujourd’hui difficilement réversible.
[1]
La pauvreté absolue est définie ici par l’IFS comme définissant des
individus dont le revenu se situe en dessous d’un seuil fixe, ici égal à
60% du revenu médian de 2010 (soit 278£ par semaine pour un couple sans
enfant en 2014), alors que la pauvreté relative se rapporte à des
individus dont le niveau se situe en dessous de 60% du revenu médian
pour une année donnée. Les taux de pauvreté calculés par l’IFS intègrent
ici les coûts du logement.
[2] Foyer comprenant au moins une personne de 16 à 64 ans, et où aucun membre de plus de 16 ans ne travaille
B) Élections au Royaume Uni : erreur des instituts de sondage ou versatilité de l’opinion ?
La large victoire de David Cameron a été une surprise pour les médias. Les instituts de sondage se sont lourdement trompés.
Rares sont les erreurs aussi manifestes des prévisions de vote que
celles avérées jeudi lors des élections au Royaume Uni. Les sondages
annonçaient la veille même des scores historiquement serrés entre
conservateurs et travaillistes. Le lendemain, les urnes révélaient une
victoire écrasante, et tout aussi historique, du parti de David Cameron.
Le plus étonnant est de constater que l’ensemble des instituts de
sondage a commis la même erreur en anticipant non seulement une absence
de majorité absolue, mais des scores à peu près égaux entre les deux
principales formations britanniques.
L’image des instituts de sondage n’avait pas besoin de cela. Les
quolibets ont fusé très rapidement, les médias parlant d’erreur
monumentale, le maire de Londres y allant de ses formules humoristiques :
« Les instituts de sondage devraient commencer par se sonder. » Pourtant, il n’est pas certain que de telles critiques soient méritées. Pourquoi ?
Parce que les sondages ne sont pas des pythies qui tentent de deviner
le futur. Leur objectif est somme toute assez modeste et consiste au
contraire à mesurer l’état de l’opinion à un instant donné. Les méthodes
utilisées pour les échantillonnages ne visent d’ailleurs qu’à
rationaliser la collecte des informations. Il serait en effet stupide de
vouloir interroger la totalité des électeurs pour avoir une idée fiable
de ce qu’ils pensent faire dans l’isoloir. Grâce aux méthodes
statistiques basées sur la loi normale (ou loi de Gauss), il est tout à
fait possible d’obtenir une photographie fidèle en n’interrogeant qu’une
partie représentative d’un ensemble. À moins d’outrepasser ces règles
de calculs d’échantillon, d’estimation de degré de précision et
d’intervalles de confiance, ce que ne peuvent décemment pas faire les
instituts de sondages, de telles surprises sont inquiétantes et doivent
être impérativement analysées.
Il existe parfois des biais que les instituts doivent connaître sous
peine de ne pas obtenir de résultats fiables. Une fois ces biais connus,
ceux-ci peuvent faire l’objet de « redressements ». Les cas les plus
connus de ces dernières années en Europe concernaient les scores du Front National
en France et de Silvio Berlusconi en Italie. Les sondages avaient
considérablement sous-estimé leurs résultats respectifs. Dans les deux
cas, le biais avait une même origine. Que ce soit en Italie ou en
France, la pression médiatique était tellement forte contre Berlusconi
et la famille Le Pen que seuls les électeurs courageux osaient affronter
le jugement des enquêteurs et avouer leur véritable choix. Un
pourcentage non négligeable d’entre eux préférait adapter leurs réponses
et sauver les apparences au moment de l’interview. Ce phénomène « de
rationalisation » est un biais classique en matière de sociologie et se
retrouve chaque fois que les réponses à un questionnaire peuvent donner
lieu à une réprobation. Connaître la part des répondants qui a travesti
ses réponses pour sauver la face permet de corriger les sondages et
d’obtenir des résultats beaucoup plus fiables. De même que chaque
questionnaire doit faire l’objet d’un test afin de vérifier qu’il est
bien compris, et qu’il ne génère pas en lui-même des réponses de
circonstance .
Dans certaines investigations encore plus délicates, le biais peut
toucher la totalité des répondants. Il s’agit alors de ce que l’on
appelle, en sciences humaines, le « syndrome du test » : le seul fait de
poser la question induit des réponses biaisées. Soit parce que le sujet
est trop personnel, soit parce qu’il est moralement tabou, etc.
Or ni les enjeux de l’élection au Royaume Uni, ni même les candidats
ou les partis en lice, ne semblaient de nature à déclencher ne serait-ce
que des réponses de « rationalisation ». Aucun candidat n’était en
effet ostracisé par les médias, aucun parti ne sentait le soufre. Que
s’est-il donc passé ?
Plusieurs hypothèses peuvent expliquer ce phénomène :
Le seul fait d’avoir sur-communiqué sur le risque d’absence de
majorité a probablement alerté l’opinion publique. Celle-ci s’est alors
adaptée à ce risque. Il ne faut jamais oublier que l’opinion publique
n’existe pas en soi. C’est la somme des jugements collectés à un instant
donné, ni plus ni moins.
L’un des candidats, David Cameron, dont c’était le rôle, semble
avoir beaucoup capitalisé sur ce risque au tout dernier moment, ce qui a
pu aider à retourner une part significative de l’électorat.
Une partie de l’opinion publique ne prend pas au sérieux les
instituts de sondage, et se joue d’eux en répondant n’importe quoi aux
questions. Ce problème constitue d’ailleurs un risque majeur pour les
instituts car leur métier serait rendu beaucoup plus difficile.
Une partie de l’opinion a simplement changé d’avis le jour du vote, pour une raison que l’on ne connaît pas.
Les instituts de sondages se sont tous trompés dans leur
échantillonnage ou dans la façon de rédiger le questionnaire. Mais
peut-on vraiment l’imaginer ?
Pour la crédibilité des instituts de sondage, il est bien évidemment
impératif d’analyser ce qui s’est produit et de lever le doute. Le jour
où les instituts ne seront plus pris au sérieux, ils ne pourront plus
faire leur job.
Par Claude Robert
la victoire de l'austérité par G. Koenig
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C) Quand Cameron est là, les sur-riches dansent - Une critique, analyse de Sonia DELESALLE-STOLPER
ANALYSE
Durant le mandat du Premier ministre conservateur, le fossé entre pauvres et nantis s’est sensiblement élargi.
Les riches ont un problème. Ils sont de plus en plus
riches. Avant, il n’y a pas si longtemps, on les appelait simplement les
riches. Puis, il y a peu, ils sont devenus les super riches. Maintenant,
on dit les überriches (les sur-riches). Et le Royaume-Uni est le pays
au monde, à part les Etats-Unis, qui les attire le plus. Cela fait un
moment que ces riches sont de toute façon outrageusement fortunés, mais
le problème, c’est qu’il faut être aujourd’hui de plus en plus riche
pour faire partie de la liste des 1 000 personnes les plus riches au
Royaume-Uni. Sur ce millier de personnes, 117 sont des milliardaires,
soit plus par habitant que dans n’importe quel pays développé. La France
en accueille 43. En fait, il faut disposer en 2015 d’au moins
100 millions de livres (136 millions d’euros) pour entrer dans le club
très sélect de la «rich list» publiée tous les ans en avril par le Sunday Times. L’an dernier, 85 millions suffisaient.
Flot. Récession,
ralentissement de l’économie, austérité, coupes dans les budgets, rien
n’y a fait, rien n’a eu le moindre impact sur les plus riches, qui ont,
ces dernières années, continué de s’enrichir. Seule l’année 2009 a un
peu freiné le flot, avant que cela ne reprenne aussi sec en 2010. Par
contraste, le revenu moyen du Britannique moyen n’a, ces cinq dernières
années, presque ou pas du tout augmenté. Et les plus pauvres sont
devenus encore plus pauvres. Les visites dans les banques alimentaires
ont augmenté de 18% en 2014-2015 par rapport à l’année précédente.
Trussel Trust, qui gère 445 banques alimentaires dans le pays, a ainsi
fourni cette année de la nourriture d’urgence pour trois jours à près
de 1,1 million de personnes.
L’économie britannique est en croissance, le chômage a fortement
baissé - il se situe à 5,6% de la population - et des emplois ont été
créés. Mais ces derniers ne sont pas tous stables. Certains sont des
contrats «zéro heure», qui permettent à un employeur de ne pas licencier
un salarié mais de ne l’employer que s’il a du travail à lui offrir et
de ne lui payer que les heures travaillées. Selon l’Office national des
statistiques (ONS), un emploi sur dix-sept ne garantit aucune heure.
Parallèlement, les salaires n’ont pas ou que très peu augmenté, alors
que le coût de la vie a, lui, continué à grimper. «Le Royaume-Uni
est désormais l’un des pays au monde où les inégalités sont les plus
prononcées et ce fait devrait nous embarrasser et nous faire honte»,
a ainsi estimé Duncan Exley, directeur général de l’organisation
caritative Equality Trust. La fortune totale des 1 000 personnes les
plus riches du Royaume-Uni a augmenté de 5,4% l’an dernier, pour
atteindre un record de 547,13 milliards de livres sterling. Cette somme
représente plus que la fortune combinée des 40% des foyers les plus
pauvres du pays, soit environ 25,6 millions de personnes. Ces pauvres
disposent, ensemble, de 452 milliards de livres, selon un rapport de
l’ONS. En fait, par rapport à il y a dix ans, le top 1% de la population
britannique s’est enrichi de 100%.
Manoirs. Tous ces riches ne
sont pas britanniques, mais tous sont attirés par le Royaume-Uni. Un
régime fiscal avantageux pour les grosses fortunes (notamment avec le
statut de non-domicilié qui permet à un étranger de payer peu d’impôts
sur place, et que veut abolir le travailliste Ed Miliband), la langue
anglaise, un système légal renommé… la City attire beaucoup de fortunes
étrangères.
Avant, on parlait de l’«allée des millionnaires». Maintenant, on dit
«l’allée des milliardaires». En fait, elles sont deux. Il y a, entre
Notting Hill et Kensington, la coquette Kensington Palace Gardens,
bordée de grands arbres et de manoirs immenses. Et, plus au nord, entre
Highgate et Hampstead, on trouve aussi Bishops Avenue. Forcément, la
corrélation entre ces avenues et la rich list du Sunday Times est
forte. L’Américain d’origine ukrainienne Len Blavatnik, par exemple,
numéro 1 du classement avec une fortune estimée à 13,17 milliards de
livres grâce à ses investissements dans les médias et la musique (il
possède entre autres Warner Music), a choisi Kensington Palace Gardens
comme «home sweet home». Il y a acheté une propriété pour environ
41 millions de livres qu’il n’en finit pas de rénover. La moyenne de la
valeur d’une maison au Royaume-Uni est de 249 000 livres. Mais
attention, pas de Ferrari rouge ou Lamborghini jaune dans la rue,
l’überriche la joue discrète. Les Ferrari sont cachées dans les garages.
En revanche, les gardes et les vigiles pullulent devant les portails,
mais l’avenue abrite aussi un grand nombre de résidences d’ambassades,
dont celle de France.
Il fut un temps, au cours du XXe siècle, où l’entretien de
ces manoirs, construits à partir de 1840, était devenu trop onéreux
pour des personnes individuelles. Ce sont donc des Etats qui s’étaient
portés acquéreurs. Et puis, depuis une vingtaine d’années, les fortunes
personnelles ont permis à certains de les acheter et de les entretenir.
Tamara Ecclestone, fille de Bernie Ecclestone, le magnat de la Formule 1
et 33e sur la rich list, habite l’avenue, comme l’oligarque russe Roman Abramovich, propriétaire du club de foot de Chelsea (10e). Il y a aussi le roi de l’acier indien Lakshmi Mittal (7e),
qui a même acheté en tout trois résidences, pour y loger ses enfants.
Et, bien entendu, des membres de la famille royale saoudienne et du
Qatar. L’endroit est calme, discret à souhait, et bien surveillé.
Logique puisque, outre les ambassades, le bas de l’avenue borde la
résidence royale de Kensington Palace. C’est là que la nouvelle petite
princesse Charlotte Elizabeth Diana de Cambridge a passé ses premières
nuits. Son arrière-grand-mère, la reine Elizabeth II, vient d’ailleurs
d’être expulsée, pour la première fois de sa vie, des 300 premières
fortunes de ses propres sujets, un vrai scandale.
D) Hollande rappelle Cameron à l'ordre sur l'Europe
Le chef de l'Etat a rappelé au Premier
ministre britannique, victorieux des législatives, qu'il y a "des règles
en Europe".
Après une victoire aux élections, il est
d'usage de recevoir des coups de fil de ses pairs. Mais ce n'est pas
uniquement pour le féliciter que François Hollande a appelé David
Cameron, grand vainqueur des élections législatives britanniques de jeudi.
À son arrivée à l'aéroport de Grand Case à Saint-Martin (Antilles), le
chef de l'Etat français a rappelé à son allié vendredi soir qu'il y
avait "des règles en Europe".
"Hollande m'a appelé pour me faire la leçon sur l'UE ! Ma réponse : Tu as combien de chômeurs ? 10,6% ? Moi 5,5% !"
"Parmi les règles, il y a la concertation".
"Il est légitime de tenir compte des aspirations des britanniques mais
il y a des règles en Europe et parmi ces règles il y la concertation", a
affirmé François Hollande alors que le Premier ministre britannique a
réaffirmé sa volonté d'organiser un référendum pour ou contre la sortie
de la Grande-Bretagne de l'Union Européenne.
"Je lui ai
dit que je voulais travailler avec lui notamment pour que nous puissions
regarder la place du Royaume-Uni dans l'Union européenne", a déclaré
François Hollande. "Il est légitime de tenir compte des aspirations des
Britanniques" mais "parmi ces règles il y a la concertation", a-t-il
ajouté. "Le fait qu'il ait une majorité permettra justement d'avoir une
stabilité car ce qu'on pouvait craindre c'était une instabilité qui
aurait rendu difficiles les choix pour les britanniques", a encore dit
le président. "Ils n'ont pas dit qu'ils voulaient partir de l'UE",
a-t-il précisé. "Cameron a dit qu'il voulait discuter, donc discutons",
a-t-il conclu.
Cameron veut un référendum.
Vendredi, David Cameron, à peine réélu, a réitéré sa principale
promesse : l'organisation d'ici à 2017 d'un référendum sur le maintien
ou non du pays dans l'Union européenne. Une perspective inquiétante pour
ses partenaires européens, qui craignent un "Brexit", un acronyme désignant une sortie du club des 28.
Par Gaétan Supertino
E) Royaume-Uni : les défis qui attendent David Cameron
Le Premier ministre sortant, grand
vainqueur des élections législatives, est reconduit pour un second
mandat.
Tout sourire, aux bras de son épouse,
David Cameron a entamé vendredi le premier jour de son second mandat. Le Premier ministre sortant, grand vainqueur des élections législatives britanniques de jeudi,
sort considérablement renforcé de ces résultats aussi inattendus que
spectaculaires. Alors que l’ensemble des sondages annonçaient une
bataille serrée, le parti au pouvoir a déjoué tous les pronostics. Les
conservateurs, assurés de disposer de la majorité absolue avec plus de
326 députés, ont largement battu leurs rivaux travaillistes. Pourtant,
ce triomphe du parti de David Cameron n’occulte pas les immenses défis
qui attendent le Royaume-Uni. Entre menaces de sortie de l’Union
européenne, volonté indépendantiste de l’Ecosse et lutte contre les
inégalités sociales, le second mandat du leader des Tories s'annonce
semé d’embûches.
Le spectre du "Brexit"
A
peine réélu, David Cameron a réitéré sa principale promesse de
campagne : l’organisation d’ici 2017 d’un référendum sur le maintien ou
non du Royaume-Uni dans l’Union européenne. La victoire du Premier
ministre sortant ravive ainsi le spectre d’un "Brexit", l’acronyme
désignant la sortie du pays de l’UE. "En politique, nous ne devons
jamais esquiver les grande questions, comme le référendum que nous
devons tenir pour décider de l’avenir de la Grande-Bretagne en Europe", a
clamé David Cameron. La victoire des partisans d’un "Brexit" n’est
toutefois pas acquise. "Le référendum est gagnable", a assuré un haut
responsable européen, sous couvert d’anonymat. "Je compte sur le nouveau
gouvernement britannique pour plaider en faveur du maintien de la
Grande-Bretagne au sein de l'UE", a ajouté le président du conseil
européen, Donald Tusk.
D’ici là, les partenaires
européens du Royaume-Uni s’attendent à deux années de difficiles
négociations. David Cameron a notamment demandé le rapatriement de
certaines compétences de l’UE vers les Etats membres, comme la politique
étrangère commune ou la PAC (politique agricole commune).
Pourtant Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, a
ouvert la porte à des modifications à la marge des traités, mais il a
exclu catégoriquement toute concession majeure. Une porte-parole de
l’exécutif bruxellois a ainsi déclaré vendredi que les libertés
inscrites dans le traité européen, dont la liberté de circulation, ne
sont "pas négociables". La Grande-Bretagne, qui est un membre à
part dans l'Union européenne, a pourtant déjà obtenu d'importantes
concessions. Le pays n’est par exemple pas membre de l’espace Schengen,
l’espace sans frontières intérieures formé par 22 pays de l’UE et quatre
non membres (Norvège, Suisse, Islande et Liechtenstein), et n'a pas
adopté l'euro.
Le poil à gratter écossais
La Grande-Bretagne n’a jamais semblé aussi désunie. Car, outre le triomphe des conservateurs, les élections britanniques ont consacré le parti nationaliste écossais.
Le SNP (Scottish national party) a réalisé une percée historique, avec
le gain de 56 des 59 députés mis en jeu dans la région. Cette
spectaculaire victoire, dans une Ecosse réputée pour être un bastion
travailliste, a renforcé les ardeurs des indépendantistes. Une
importante frange des militants SNP ne cachent pas sa volonté de prendre
sa revanche. Ils aspirent en effet à la tenue d’un nouveau référendum
d’indépendance, malgré leur défaite au scrutin de septembre dernier.
Le parti mené par Nicola Sturgeon,
désormais troisième force du pays derrière les conservateurs et les
travaillistes, est toutefois en position de peser sur les décisions du
gouvernement. Le SNP a mis la pression sur David Cameron, lui demandant
d’honorer ses promesses formulées avant le référendum sur
l’indépendance. Les nationalistes écossais espèrent notamment obtenir
des pouvoirs accrus sur les impôts et la maîtrise des finances. Autre
point de friction avec le gouvernement : l’attitude face à un éventuel
"Brexit". Nicola Sturgeon, europhile convaincue, a prévenu qu’une sortie
de l’UE serait une condition suffisante pour reposer la question de
l’indépendance.
Lutter contre le creusement des inégalités sociales
L’élection
de David Cameron a fait des heureux du côté de la City. La place
financière de Londres a salué vendredi la victoire sans appel des
conservateurs, attendant la poursuite d’une politique d’austérité
favorable aux entreprises. Les milieux économiques, partisans des
mesures prises par David Cameron depuis 2010, s’inquiètent toutefois
d’un référendum sur le maintien ou non du pays dans l’UE. Les
entreprises, dont l’activité dépend énormément des échanges avec le
reste de l’Europe, sont en majorité pour un maintien dans l’UE.
Si
l’économie britannique obtient de bons résultats, avec une croissance
solide de 2,8 % l’an dernier et un chômage en baisse, le creusement des
inégalités commence toutefois à inquiéter. Les adversaires de David
Cameron lui ont reproché durant la campagne les dégâts de sa politique
d’austérité, qui a certes permis de redresser l’économie du pays mais a
creusé le fossé entre les riches et les pauvres. Dans son discours de
victoire, vendredi, le Premier ministre a semblé tenir compte de ces
critiques. David Cameron a ainsi émaillé son propos de préoccupations
sociales, avec les mots "emplois", "apprentissage" ou encore "logement".
La réduction des inégalités sera une autre des priorités du second
mandat du leader conservateur.
Par Julien Ricotta
F) Victoire écrasante des indépendantistes écossais
Historique », « sensationnel », « sans précédent ». Pour une fois, les superlatifs ne semblent pas déplacés. En l’espace d’une soirée électorale, les indépendantistes écossais ont tournéune page de l’histoire de leur province et sans doute marqué une étape décisive vers la satisfaction de leur revendication ultime : l’indépendance.
La page d’histoire, c’est celle de
l’enracinement séculaire du Parti travailliste parmi les classes
populaires de cette région pauvre et industrieuse. Des décennies de
domination du Labour sur la vie politique écossaise ont pris fin jeudi 7
mai. « Nous sommes désormais des outsiders », a concédé dignement Jim
Murphy, le patron des travaillistes écossais, battu dans son fief
comme38 de ses compagnons de parti.
Le Labour, qui détenait 40 des 59 sièges
de députés écossais, n’en garde qu’un seul,à Edimbourg. Le Parti
national écossais (SNP, indépendantiste), qui n’en possédait que 6, en a
conquis un total de56.
Sturgeon, star de la campagne
Personne, au lendemain du référendum sur
l’indépendance, en septembre 2014, n’avait prévu ce chassé-croisé
spectaculaire qui apparaît pourtant aujourd’hui comme la conséquence de
ce vote à 45 % en faveur de l’indépendance. En réveillant la vie
politique dans une région tenue pour acquise par le Labour, en redonnant
fierté et confiance aux Ecossais, le SNP a enclenché une dynamique
hautement perceptible sur le terrain pendant la campagne électorale.
L’élection de Mhairi Black, une
étudiante en sciences politiques de 20 ans, militante du SNP depuis
l’adolescence, totalement inconnue, contre un baron local, Douglas
Alexander, ministre des affaires étrangères dans le cabinet fantôme
travailliste et chef stratège de M. Miliband, en est le plus fort
symbole.
Impressionnant, le triomphe du SNP
résulte en réalité d’une montée en puissance progressive permise par la
création, en 1997, par Tony Blair, du Parlement écossais. Ironiquement,
l’ancien dirigeant travailliste a alors préparé sans le savoir
l’écrasement de son propre parti, dix-huit ans plus tard, au nord du mur
d’Hadrien. En dépit d’un système électoral conçu pour le contenir, le
SNP a conquis en 2007 une majorité relative, puis en 2011 une majorité
absolue dans cette Assemblée d’Edimbourg. Le parti, positionné plus à
gauche que le Labour, s’est fait apprécier de la population pour sa
politique sociale.
Cette année, c’est en se faisant la
championne de la dénonciation de l’austérité décidée à Londres par les
tories, que Nicola Sturgeon, patronne du SNP depuis novembre 2014, est
devenue la vedette de la campagne électorale nationale. En promettant
d’aider Ed Miliband à gouverner, elle lui a probablement donné le baiser
de Judas, tant cette perspective était insupportable aux électeurs
anglais.
Alex Salmond, ancien chef du SNP et
nouveau patron des députés indépendantistes à Westminster, a déclenché
les hostilités en mettant en doute, jeudi, « la légitimité d’un gouvernement Cameron en Ecosse ». En provoquant un « tsunami »,
selon le mot de M. Salmond, le SNP a placé de fait l’Ecosse en
situation de sécession électorale. La victoire de M. Cameron, loin de
contrecarrer les plans du SNP, pourrait les accélérer. Le premier
ministre, en agitant le spectre d’une alliance gouvernementale entre le
Labour et le SNP mortelle pour l’unité du royaume, tout en gratifiant
Mme Sturgeon d’incessants compliments, a clairement joué la carte du SNP
pour écraser le Labour. Le résultat confirme la terrible efficacité de
cette stratégie. Mais ce choix à court terme favorise doublement les
desseins du SNP.
Tensions exarcerbées ?
La victoire de David Cameron, archétype
de la suffisance de l’élite anglaise aux yeux de beaucoup d’Ecossais,
risque d’exacerber les tensions avec Londres. Les Ecossais ne se
plaignent-ils pas couramment d’être dirigés par un gouvernement de
sensibilité contraire à leur choix électoral ?
Le référendum sur la sortie de l’Union
européenne promis par David Cameron pour 2017 pourrait favoriser plus
encore la marche vers l’indépendance. Mme Sturgeon n’a pas caché que les
Ecossais, plutôt proeuropéens, refuseraient d’être entraînés hors de
l’UE par les seuls Anglais.
Que l’Ecosse et l’Angleterre votent de façon divergente sur le « Brexit », et Mme Sturgeon réclamera un nouveau référendum, sur l’indépendance de l’Ecosse cette fois. La nouvelle « dame de fer » de l’Ecosse a prédit que son pays accéderait à l’indépendance « de son vivant ». Et elle a 44 ans.
H) David Cameron ne veut pas que son pays soit «aussi mauvais que la France»
Le french bashing bat son plein outre-manche. David Cameron, le Premier ministre conservateur britannique,
a ironisé sur le «rêve français» du chef de l'opposition travailliste
Ed Miliband, critiquant par la même occasion la situation économique
française, dans une tribune publiée dimanche dans le Sunday Times.
Dans cette tribune titrée «Le Labour nous rendra aussi mauvais que la
France» et publiée à moins de sept semaines des élections législatives
du 7 mai, le Premier ministre conservateur affirme que son concurrent
travailliste, Ed Miliband, voulait il y a trois ans que le Royaume-Uni
«suive la même dynamique que le gouvernement français».
«Une dette à faire pleurer»
«Mais où cette dynamique a-t-elle mené?» s'interroge-t-il avant de
répondre: «le chômage de l'autre côté de la Manche est presque deux fois
plus important qu'au Royaume-Uni et notre économie croit sept fois plus
rapidement que celle de la France».
«Imaginez si Miliband avait eu la liberté de réaliser son rêve
français: les retombées se feraient sentir via des pertes d'emplois
catastrophiques, une baisse du niveau de vie, une dette à faire pleurer
et la chute rapide de tout espoir en notre avenir», a-t-il écrit.
Plus d'emplois créés dans le Yorkshire qu'en France...
Il a également répété une affirmation formulée cette semaine par le
ministre des Finances George Osborne, en avançant que le comté du
«Yorkshire avait créé davantage d'emplois que la France toute entière».
George Osborne s'était déjà livré à un exercice de critique de la
France en présentant mercredi le budget. Les élus du peuple britannique
avaient bruyamment signalé leur approbation quand le grand argentier
s'était livré à une analyse comparative défavorable pour la France de la
situation économique des deux pays.
Concernant le taux de croissance, à 2,6% en 2014, il s'était ainsi
félicité qu'« il soit 50% supérieur à celui de l'Allemagne, trois fois
supérieur à celui de la zone euro, et sept fois supérieur à celui de la
France ».
I) Mathieu Laine : et si la France s'inspirait de Cameron
L'essayiste libéral tire les
leçons de la réélection de David Cameron, icône de la réforme en
Grande-Bretagne. Qui ose la rupture gagne.
Quels enseignements les politiques français peuvent-ils tirer de la réélection de Cameron en Grande-Bretagne ?
Quand la rupture est
assumée, quand elle est fondée sur une véritable politique de l'offre
alliant baisse substantielle des impôts et de la dépense publique
(passée de 45 à 40 % grâce au licenciement de 400 000 fonctionnaires et
au plafonnement des aides sociales), simplification réglementaire,
assouplissement du droit du travail et transfert des pouvoirs de l'État
vers les citoyens, non seulement les résultats économiques sont au
rendez-vous, mais les électeurs aussi !
La comparaison avec la France
est redoutable : la croissance outre-Manche avoisine les 3 % contre 0,8
% chez nous. Cameron a réduit le chômage de 8,3 à 5,4 % en créant plus
de 1,8 million d'emplois quand le chômage français ne cesse de croître
et atteint 10,5 %. Il a même réduit les inégalités. C'est plus qu'une
leçon, c'est une correction : les électeurs élisent et réélisent les
dirigeants qui ont le courage d'assainir véritablement l'économie de
leur pays et de leur offrir de plus grandes opportunités de travailler
et d'améliorer leurs conditions de vie. Nos dirigeants sont-ils prêts à cela ?
Un
tel retour sur investissement électoral est totalement contre-intuitif
pour nos dirigeants. Dès que vous leur parlez réforme audacieuse, ils se
réfugient derrière la défaite de Schröder ou les 3 % de Madelin pour la
réfuter. Quand j'ai tenté d'expliquer à Nicolas Sarkozy
qu'il avait perdu en 2012 parce qu'il avait trahi la promesse de
"rupture" de 2007 et s'était ainsi privé des résultats économiques qui
lui auraient offert sa réélection, il m'a répondu que les Français
n'attendaient pas cela de lui et que, tel Poulidor, 2012 avait été sa
meilleure campagne ! Quand j'ai par ailleurs évoqué avec Manuel Valls
l'utilité purement électorale du réformisme véritable, qui pouvait faire
de lui le réformateur tant attendu capable de fédérer à droite comme à
gauche, sa conviction paraissait faite, mais il a été pris en étau entre
un président hésitant et des parlementaires archaïques. En France, on
trouve toujours une bonne excuse pour ne pas réformer en profondeur.
Résultat : les performances économiques ne sont jamais au rendez-vous,
et on perd les élections. Vous faites de Cameron l'icône de la réforme, mais son exemple est-il soluble ailleurs qu'en Grande-Bretagne ?
Pas
seulement Cameron. Merkel comme Thatcher, Reagan, Chrétien et d'autres à
leur époque ont également osé la réforme, et ont tous été réélus car
ils ont su réduire le chômage et la pauvreté. Les électeurs sont bien
plus lucides que ne le pensent nos dirigeants. Mais, pour gagner, il
faut des convictions fortes et savoir adjoindre une part de rêve au
sérieux budgétaire. La réforme, ce n'est pas une punition, c'est une
ambition. C'est la promesse tenable d'une vie meilleure pour un nombre
plus important de personnes. Cameron a terrassé la démagogie dépensière
de son opposant socialiste tout en promettant une coupe des dépenses
publiques de plus de 50 milliards de livres d'ici à 2018 ! Pour autant,
les Britanniques ne sont pas masochistes, croyez-moi ! Son projet de "Big Society" ne semble pas encore abouti...
La
"Big Society", inspirée du philosophe Phillip Blond, n'a effectivement
pas encore été achevée. Elle n'en demeure pas moins une vision sociétale
parfaitement adaptée à notre époque. Son objectif : redonner le pouvoir
aux citoyens libres, autonomes et responsables. Ce "conservatisme
compassionnel", qui comprend que l'État n'est ni un monstre ni un
sauveur, s'inscrit dans la continuité des tendances occidentales d'un
monde bouleversé par la révolution NBIC. Fondée sur le réveil de la
société civile, elle est une clé conceptuelle puissante dont nous devons
nous inspirer. Sur ce plan, le bilan de Cameron n'est pas si nul. Sa
réforme scolaire, qui donne vraiment plus d'autonomie aux établissements
et a permis, tout en réduisant de 40 % le personnel administratif dans
l'Éducation nationale, la création de 4 000 free schools, en fournit le
meilleur exemple. Vous qui avez pu voir le making of de sa campagne, quelle est la clé de sa réussite ?
Cameron
est parvenu à révolutionner son parti pour en faire une machine
électorale exceptionnelle, centrée sur les classes moyennes. Le
département recherche, en lien avec les think tanks les plus audacieux,
est le plus important. Des applications ont été créées pour fournir des
argumentaires "anti-travaillistes" aux candidats conservateurs et
appeler les militants à faire voter conservateur. La clé du succès : des
convictions fortes, un spin doctor vraiment réformateur, des relais
puissants dans le pays. Et la capacité de faire rêver à des lendemains
meilleurs tout en demeurant extrêmement pragmatique. Croyez-vous au scénario du Brexit ?
Tout
est possible, mais je n'y crois pas. Le coût économique du Brexit a été
valorisé à 14 % du PIB par la très sérieuse fondation allemande
Bertelsmann. Le pragmatisme britannique devrait, là encore, l'emporter.
En revanche, Cameron jouera un sérieux jeu de bras de fer avec Juncker
et ses homologues pour faire évoluer les traités au soutien d'une Europe
moins réglementée et plus respectueuse des pays réformateurs. Mathieu Lainevit à Londres, où il
dirige le cabinet de conseil en stratégie Altermind et la plateforme de
marchés prédictifs Hypermind. Il enseigne l'économie et la philosophie
politique à Sciences Po et va publier "Le Dictionnaire amoureux de la
liberté" chez Plon.