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décembre 28, 2025

Affaire Jacques Baud et la liberté d'expression en Europe - Entre réalités et complotisme ?

Il y a quelque chose de révélateur dans le fait qu'une vaste bureaucratie politique décide de sanctionner un simple analyste suisse pour avoir contredit le discours officiel sur l'Ukraine. Si vos arguments sont solides, vous débattez avec lui. Si votre légitimité est incontestable, vous l'ignorez. Recourir à une liste de sanctions, c'est signaler autre chose : que le récit que Bruxelles fait de cette guerre – et de son propre rôle – n'est peut-être pas assez solide pour résister à un examen ouvert et sans filtre.
L'UE a commencé à utiliser son régime de sanctions contre la Russie non seulement contre les oligarques et les responsables, mais aussi contre les analystes occidentaux. En décembre, Bruxelles a inscrit Jacques Baud – un citoyen suisse résidant en Belgique – sur sa liste de sanctions. Non pas pour avoir financé la guerre ou dirigé des unités cybernétiques, mais pour ses commentaires sur l'Ukraine et l'OTAN, qualifiés de « propagande pro-russe » et de « désinformation ». Gel des avoirs, interdiction de voyager dans toute l'UE, aucune condamnation pénale, aucun procès. Il n'est pas nécessaire d'être d'accord avec Baud pour constater le problème. Lorsqu'un organe politique peut sanctionner la liberté d'expression par décret de politique étrangère, la frontière entre défense de la démocratie et gestion de l'orthodoxie s'estompe. Mon nouvel article analyse les conséquences de ce précédent pour les citoyens européens ordinaires, qui subissent déjà le coût financier de la guerre et qui voient désormais se restreindre progressivement ce qu'ils peuvent dire sans risque sur les événements qui nous ont menés à cette situation. 
 
 Kristian Thyregod 


L'affaire Jacques Baud : la liberté d'expression est-elle en train de mourir en Europe ?

Les sanctions, quasi saluées par les médias romands, témoignent du mépris croissant pour la liberté d'expression des élites continentales. Et me rappellent une autre affaire, vieille de presque 50 ans


“Un individu controversé, apprécié des médias complotistes”

Jacques Baud, ancien colonel de l’Armée suisse, analyste en stratégie et ancien membre du renseignement stratégique suisse, vient donc d’être sanctionné, par le Conseil de l’Union Européenne. Vous en aurez peut-être entendu parler à la RTS, dans l’émission Forum, où il était décrit comme “un individu controversé”, qui se voit sanctionner “après la propagandiste suisso-camerounaise Nathalie Yamb”.

“Apprécié des sites complotistes, (…) l’ancien fonctionnaire est aussi apparu dans un congrès antivaccins et conspirationniste à Winterthour”

Le ton y était donné très rapidement :

“L’UE le qualifie de “porte-parole de la propagande pro-russe” et l’accuse de diffuser des théories du complot, comme l’idée que Kiev aurait orchestré sa propre invasion pour rejoindre l’OTAN. Présent dans des médias complotistes ou pro-russes…”

Le tout présenté avec une photo du Kremlin à l’arrière-plan, du meilleur goût, comme vous le verrez dans cet extrait, dans lequel on précise que Jacques Baud a refusé de répondre aux questions de la rédaction :

On notera que Jacques Baud conteste avoir “refusé de répondre”. Il était simplement indisponible quand ils lui ont demandé de commenter, et ils ne l’ont jamais rappelé, ce qui est tout de même, comment le dire poliment, très différent de ce qui était affirmé ci-dessus.

Mais peut-être préférez-vous lire la presse ? Le quotidien 24 Heures, par exemple?

Vous y aurez lu la même information, et surtout trouvé le même vocabulaire. Morceaux choisis :

“Apprécié des sites complotistes, (…) l’ancien fonctionnaire est aussi apparu dans un congrès antivaccins et conspirationniste à Winterthour”

Le ton est donné : si la décision de sanctionner Jacques Baud est présentée de façon plutôt objective et neutre, le vocabulaire choisi pour qualifier l’analyste, lui, ne l’est pas du tout.

On ne sent guère de sympathie pour Jacques Baud.

De la sympathie, il en aurait pourtant besoin. Ce qui l’attend risque d’être difficile.

“Impossible de payer mon loyer, mes assurances, mes impôts…”

Les sanctions européennes, qui incluent blocage de l’accès aux comptes bancaires et interdiction de voyage ou de survol au sein de l’UE, sont très loin d’être symboliques. Pour s’en faire une idée, le mieux est sans doute de lire ou d’écouter le témoignage de Nathalie Yamb, la “propagandiste suisso-camerounaise” (on appréciera une fois de plus le vocabulaire choisi) dont il était question plus haut, sanctionnée, elle, depuis juin 2025 :

Il est techniquement interdit à quiconque de l’aider financièrement, même pour un café ou un cadeau, sous peine de risquer la prison pour « contournement des sanctions », une infraction pénale. L’État allemand ne lui accorde l’accès qu’à environ 56 euros par mois

“L'une après l'autre, mes cartes de crédit sur des comptes en Suisse, en Afrique et dans des banques en ligne ont été bloquées. Mes comptes eux-mêmes ? Bloqués. Mes cryptos, inaccessibles.

Mes comptes PayPal et GoFundMe, fermés. Tout comme mes comptes Amazon, Airbnb, Booking, eBay. (…)


Impossible de payer mon loyer, mes assurances. mes impôts, mes avocats, mes médicaments. Impossible d'acheter un billet d'avion, d'écouter de la musique, de regarder Netflix, de prendre un Uber, de passer une commande en ligne, de régler une note d'hôtel.

Mais il y a mieux : impossible de retourner en Suisse pour gérer les urgences puisque les sanctions comprennent une interdiction de survol du territoire de l'Union européenne alors que la Suisse y est complètement enclavée, entourée par la France, l'Autriche, l'Allemagne et l'Italie. une dinguerie.”

C’est cette “dinguerie” qui est promise à Jacques Baud : être prisonnier d’un seul pays, celui où il réside actuellement, la Belgique, sans possibilité de revenir en Suisse (qui “étudie” la possibilité de reprendre les sanctions), et connaître une détresse économique à peu près inévitable.

Hüseyin Doğru, citoyen allemand résidant à Berlin, sanctionné, lui, en mai de cette année, décrit une situation où lui et sa famille (dont les avoirs ont aussi été gelés) sont complètement privés de revenus. Il explique qu’il est techniquement interdit à quiconque de l’aider financièrement, même pour un café ou un cadeau, sous peine de risquer la prison pour « contournement des sanctions », une infraction pénale. L’État allemand ne lui accorde l’accès qu’à environ 56 euros par mois de ses propres fonds, une somme évidemment incompatible avec une vie normale pour un père de famille à Berlin.

Pire, chaque paiement (comme des frais médicaux ou un loyer) nécessite une permission spéciale des banques centrales ou des ministères, qui peuvent arbitrairement refuser des demandes légales, comme le paiement pour le remplacement d’une carte d’identité.

C’est d’une violence inouïe.

Existe-t-il des voies de recours ?

Pas vraiment. Puisqu’il n’existe aucune loi interdisant d’être “propagandiste”, aucune infraction n’a été commise, aucun procès n’a eu lieu, aucun jugement n’a été rendu. Il s’agit d’une décision politique et administrative, basée sur une conception de la “guerre hybride” qui permet d’assimiler la parole à une arme.

Saisir la Cour de Justice de l’UE n’entraînera aucun effet suspensif. Pire encore, les sanctions, même si elles étaient levées, pourraient être rétablies immédiatement après (c’est déjà arrivé). Ces sanctions sont conçues pour conduire à la mort sociale et économique de la personne qu’elles visent, et pour un citoyen suisse résidant en Belgique, leur efficacité risque d’être redoutable.


“Un porte-parole de la propagande pro-russe” ?

Qu’a fait Jacques Baud pour mériter restriction de ses mouvements et pauvreté ?

Consultons sa fiche sur le site officiel :

Il sert de porte-parole à la propagande pro-russe et élabore des théories du complot, accusant par exemple l’Ukraine d’avoir orchestré sa propre invasion afin de rejoindre l’OTAN.

Très bien, prenons ces accusations l’une après l’autre.

Est-il un “porte-parole de la propagande russe” ?

On voit mal comment cette accusation pourrait être défendue face à un juge ou un jury. Heureusement pour le Conseil de l’UE, il n’aura pas à se justifier devant quelque instance juridique que ce soit.

Dans plusieurs interviews récentes (1, 2), Jacques Baud s’en défend. Il affirme n’avoir aucune connexion avec la Russie, aucun bien en Russie, n’avoir jamais reçu d’argent de la Russie. Il évite soigneusement d’apparaître dans des médias russes, refusant toutes les invitations, pourtant nombreuses. Finalement, Il utilise exclusivement, dans ses analyses, des sources occidentales ou ukrainiennes. Si le Conseil de l’Union Européenne devait défendre cette accusation devant un tribunal, gageons que la tâche serait impossible, parce que c’est tout simplement faux.

A-t-il au moins “accusé l’Ukraine d’avoir orchestré sa propre invasion afin de rejoindre l’OTAN ?”

Il s’en défend aussi. Il se serait contenté, comme beaucoup d’autres d’ailleurs, d’attirer l’attention sur une déclaration d’un conseiller de Zelenski, Oleksiy Arestovych, datant de 2019 et largement partagée sur les réseaux sociaux.

C’est Arestovytch lui-même qui avait, donc, déclaré :

“Avec une probabilité de 99,9%, le prix à payer pour rejoindre l’OTAN est une guerre totale avec la Russie.”

Jacques Baud n’accuse pas, il présente seulement un témoignage, venant d’une source crédible. Ici aussi, on voit mal comment cette accusation pourrait être défendue face à un juge ou un jury.

Heureusement pour le Conseil de l’UE, il n’aura pas à se justifier devant quelque instance juridique que ce soit.

Un coupable manque d’enthousiasme pour la stratégie européenne

S’il n’est pas “porte-parole de la propagande pro-russe”, que reproche-t-on vraiment à Jacques Baud ? Excellente question. L’explication la plus plausible, c’est que Jacques Baud est avant tout condamné pour son rejet, argumenté et, surtout, persuasif, de la stratégie occidentale, en particulier européenne, face à la guerre entre l’Ukraine et la Russie, qu’il voit comme une aventure sans issue favorable possible pour la population ukrainienne.

“sur l’Ukraine, avoir eu raison quand tant d’autres se sont plantés, c’est être dans le camp de Poutine. “

Depuis 2022, l’ancien officier n’a cessé d’argumenter, au travers d’interviews, d’articles et de livres, que l’impasse sanglante actuelle est le fruit d’un aveuglement stratégique occidental. Il soutient que le conflit était évitable si les accords de Minsk n’avaient pas été instrumentalisés pour préparer la confrontation, et accuse Washington et ses alliés d’avoir sciemment bloqué les opportunités de paix au printemps 2022 dans le seul but d’affaiblir le Kremlin. Il dénonce aussi une arrogance occidentale qui, en sous-estimant la résilience économique et militaire russe et en gommant la réalité complexe du Donbass, a fini par sacrifier l’Ukraine dans une guerre par procuration inefficace.

Comme le soulignait, dans un article antérieur aux sanctions, le Journal du Dimanche, Jacques Baud a, souvent, eu raison contre et surtout avant tout le monde, se montrant beaucoup plus réaliste que des médias occidentaux qui présentaient constamment l’armée russe comme étant au bord de l’effondrement.

Le JDD concluait :

En d’autres termes, sur l’Ukraine, avoir eu raison quand tant d’autres se sont plantés, c’est être dans le camp de Poutine.

C’est plutôt bien résumé.

Jacques Baud est donc puni pour avoir rejeté une guerre dont la poursuite à tout prix est voulue par des dirigeants européens qui ne semblent guère se préoccuper des morts ukrainiens. “J’ai de la peine avec les gens qui font la guerre avec le sang des autres”, a-t-il notamment déclaré.

Il est absurde d’affirmer qu’un homme sans aucun lien financier avec la Russie soit un porte-parole de la propagande russe. Et comme nous l’avons vu, il n’a pas non plus “accusé l’Ukraine d’avoir orchestré sa propre invasion”. Tout est faux. Jacques Baud est en réalité sanctionné pour avoir exercé sa liberté d’expression, pour avoir dénoncé sans relâche l’absurdité de la stratégie occidentale en Ukraine, et pour l’avoir fait d’une façon sourcée, argumentée, et, malheureusement pour lui, persuasive.

Dans l’indifférence complète des médias traditionnels, la RTS se permettant même d’être mollement hostile à cet “individu controversé” “présent dans les médias complotistes”, les autorités européennes viennent en somme, tout simplement, de punir un citoyen suisse pour ses opinions.

Il n’a pas été averti à l’avance des sanctions, n’a pas pu défendre son point de vue. Il n’a pas non plus de réelle possibilité de recours. L’Etat veut, et va, peut-être, détruire la vie d’un homme, limitant ses déplacements, bloquant ses sources de revenus, simplement parce qu’il dénonce une stratégie guerrière qu’il juge insensée.

Cela ne vous rappelle rien ?

Moi, si.

Un très vieux souvenir venu d’une autre époque.

Andrei Sakharov, des différences importantes, et… des similitudes inquiétantes

                        RIA Novosti archive, image #25981 / Vladimir Fedorenko / CC-BY-SA 3.0
 

Nous sommes en 1980, début janvier. En pleine guerre froide. Un autre homme, Andrei Sakharov, est sur le point, lui aussi, de commettre le crime de s’opposer au récit officiel concernant une autre guerre, l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS.

Ce jour-là, bravant la doctrine officielle du Kremlin, le physicien dissident et prix Nobel soviétique appelle publiquement l'ONU et le gouvernement soviétique à organiser le retrait des troupes d'Afghanistan. Il avertit que cette rupture de l'équilibre des forces en Asie centrale risque de provoquer une escalade incontrôlable menant à une troisième guerre mondiale nucléaire.

Il faut toutefois souligner évidemment un point fondamental : si la logique de la sanction est comparable (neutraliser une voix dissidente par des moyens administratifs), l’intensité de la coercition est incomparablement plus brutale dans le cas soviétique (comme on s’y attend).

Sakharov, comme Jacques Baud, dispose d’une expertise reconnue. Il est le père de la bombe H, et à ce titre comprend mieux que quiconque les risques d’une escalade militaire. Comme Baud également, il conteste la vision proposée par son gouvernement de la guerre (une aide fraternelle à un régime allié). Selon lui, c’est évidemment une guerre d’agression. Enfin, comme Baud toujours, il ne cherche pas la polémique, mais conteste posément le calcul cynique de ses dirigeants, qui misent sur un gain géopolitique permanent au prix de dommages diplomatiques jugés temporaires. Il propose une désescalade pour restaurer la stabilité stratégique régionale.

Les réactions ne se font pas attendre, et, comme prévu, elles sont très différentes selon de quel côté du rideau de fer on se place. Pour les médias publics soviétiques, Sakharov est un traître. Pour une majorité des médias occidentaux, il devient “la conscience morale de l’URSS”.

Le récit alternatif de la guerre qu’il propose est naturellement rejeté par les autorités soviétiques, tout comme l’est, aujourd’hui, celui de Baud par les autorités européennes. Et il se voit, comme Baud, sanctionné. Il faut toutefois souligner immédiatement un point fondamental : si la logique de la sanction est comparable (neutraliser une voix dissidente par des moyens administratifs), l'intensité de la coercition est incomparablement plus brutale dans le cas soviétique (comme on s’y attend de la part d’un régime totalitaire avéré), même si la comparaison de la sévérité des mesures, révèle, comme on le verra, quelques surprises.

Assigné à résidence à Gorki, Sakharov n’est pas seulement limité dans ses mouvements, comme Baud, mais prisonnier de son propre domicile. Son accès à l’information se voit strictement limité. Et il sera à plusieurs reprises, notamment lors de ses grèves de la faim, maltraité physiquement. Son intégrité physique n’était pas respectée par les autorités soviétiques, ce qui n’est pas le cas de Jacques Baud et de ses compagnons suspendus.

Sur le plan financier, en revanche, on pourrait argumenter qu’Andrei Sakharov a été mieux traité que Jacques Baud. Certes, on lui retire par décret ses titres de «Héros du travail socialiste», lui donnant accès à des primes mensuelles substantielles, une retraite dorée, l’accès aux magasins Beryozka (produits occidentaux), une datcha et une voiture avec chauffeur. Il perd aussi l’accès à ses économies en devises étrangères (les droits d’auteur de ses livres à l’Ouest et son prix Nobel), bloquées par la Vneshtorgbank, la banque du commerce extérieur. En revanche, resté membre de l’Académie des sciences, il continuera à toucher son salaire d’académicien (400 roubles) et ne sera jamais exclu du système monétaire. Il pouvait payer en liquide n’importe où et accéder à son salaire librement.

Il faudra attendre plus de 6 ans pour qu’Andrei Sakharov soit finalement réhabilité par Mikhaïl Gorbatchev.

Autre époque, même intolérance à la critique

Je suppose qu’il ne se trouve pas beaucoup de journalistes à la RTS parmi mes lecteurs. S’il y en avait, il est probable qu’ils glousseraient et poufferaient en découvrant ma comparaison entre Jacques Baud et Andrei Sakharov.

Qu’on en arrive à trouver, sans trop d’effort de notre imagination, des similitudes entre l’URSS de 1980 et l’Union Européenne de 2025 devrait, dans un monde normal, suffire à nous alarmer.

Quoi, comparer une “conscience morale” à un “individu controversé” ? Comparer un homme brutalisé et assigné à résidence à un homme dont l’intégrité physique n’a jamais été menacée, et qui peut se déplacer librement en Belgique, où il réside?

Je n’affirme pas que les deux situations soient semblables. Elles ne le sont pas. Je me borne à signaler que le motif des sanctions, lui, est exactement le même : ces deux hommes sont punis pour avoir eu le culot d’exercer leur liberté d’expression en contestant la stratégie guerrière de leurs autorités politiques respectives.

Qu’on en arrive à trouver, sans trop d’effort, des similitudes entre l’URSS de 1980 et l’Union Européenne de 2025 devrait, dans un monde normal, suffire à nous alarmer. D’autant que ce régime de sanctions administratives n’est, et de loin, pas la seule menace qui pèse sur la liberté d’expression en Europe.

La liberté d’expression est en danger en Europe

Il y a aussi le Digital Services Act, ou DSA, qui impose aux plateformes des obligations de suppression de contenus jugés “nocifs” (désinformation, discours de haine), avec des amendes massives (jusqu’à 6% du chiffre d’affaires mondial). Les contenus à censurer sont signalés en priorité par des ONG, désignées de façon très orwellienne comme “signaleurs de confiance” (évidemment) triées sur le volet.

Lucy Connolly, une femme d’une quarantaine d’années, a ainsi été condamnée à 31 mois de prison pour un tweet

Il y a enfin le projet Chat Control, qui menaçait de rendre obligatoire le scan systématique de tous les messages, y compris sur des messageries encryptées, mettant un terme définitif à la protection de la sphère privée en ligne en Europe. Fortement contesté, le texte est en voie de révision, mais il n’a pas été retiré.

On observe plus généralement, sur tout le continent, une désacralisation de la liberté d’expression, qui se manifeste aussi bien dans les discours que dans les actes. La France arrête Pavel Durov, le fondateur de la messagerie cryptée Telegram. En Allemagne, le rédacteur en chef du média conservateur Deutschland-Kurier est condamné à sept mois de prison avec sursis pour un tweet satirique visant la ministre de l’Intérieur qu’il accusait de… détester la liberté d’expression !

C’est probablement au Royaume-Uni que la répression est la plus massive. Des dizaines de milliers de personnes y sont arrêtées pour des tweets chaque année. Lucy Connolly, une femme d’une quarantaine d’années, a ainsi été condamnée à 31 mois de prison pour un tweet impulsif, raciste et violent, pourtant vite regretté et effacé. Isabel Vaughan-Spruce, militante pro-life, a été arrêtée et inculpée pour avoir simplement prié silencieusement, à distance d’un centre qui pratique des IVG, sans tenir aucune pancarte ni avoir adressé la parole à qui que ce soit. Quant à Graham Linehan, célèbre scénariste irlandais il a été arrêté à son arrivée à l’aéroport d’Heathrow à Londres par cinq policiers armés et placé en détention pendant plus de 12 heures , interrogé et menotté, pour… trois tweets critiquant l’idéologie transgenre.

Andreï Sakharov, père de la bombe H soviétique, est passé de savant du régime à dissident emblématique de l’URSS. Après avoir contribué à l’arme la plus destructrice de l’histoire, il a risqué sa vie pour dénoncer les dérives du pouvoir soviétique et défendre les droits humains.
 

Une résistance inattendue venue des Etats-Unis

On attendra en vain une prise de conscience des élites européennes, qui, depuis des années, sont tout autant acquises que les journalistes de la RTS à l’idée que la liberté d’expression doit être strictement contrôlée pour éviter désinformation (notamment antivax), propagande (notamment russe), et discours de haine (dont la définition ne cesse de s’élargir pour inclure un nombre croissant de groupes protégés).

Ironie suprême, cette toute petite sanction a transformé les plus fervents disciples européens de la censure et du contrôle en ardents défenseurs des libertés

Le salut viendra-t-il, alors, des Etats-Unis ? L’administration Trump, qui est elle-même loin d’être exemplaire dans son respect de la liberté d’expression, se montre pourtant de plus en plus critique à l’encontre des velléités européennes de censure des plateformes numériques , et vient tout juste de sanctionner plusieurs de ses principaux architectes, dont le français Thierry Breton, qui, loin de voir, lui, sa vie détruite par des sanctions, se fait simplement interdire d’entrer sur le sol américain.

Ironie suprême, cette toute petite sanction, qui aura été, elle, rapportée avec la plus digne des sobriétés par la RTS, a soudain transformé les plus fervents disciples européens de la censure et du contrôle en ardents défenseurs des libertés ! Thierry Breton dénonce ainsi un “vent de McCarthysme”, tandis qu’Ursula Von der Leyen fait la leçon aux Etats-Unis, leur rappelant fermement que “la liberté d’expression est le fondement de notre forte et vive démocratie européenne” (il fallait oser).

J’ai d’abord beaucoup ri.

(On me jure que c’est encore permis. Pour l’instant.)

Mais ensuite, j’ai pensé à Jacques Baud et à toutes les personnes suspendues, privées de leur liberté de mouvement et de leurs moyens de subsistance parce que la détestation par l’Etat de la liberté de dire et de penser est exactement la même en 2025 qu’en 1980.

Pensée pour eux. Je vous laisse avec une petite biographie de Sakharov, qui, surtout si vous êtes moins vieux que moi, vous apprendra sûrement quelque chose :

 Lire aussi:

https://universite-liberte.blogspot.com/2025/10/vie-privee-sauvegardee-lue-renonce-au.html

 


Jacques Baud, ancien colonel suisse, affirme être ciblé par l'Union européenne pour ses analyses controversées sur le conflit en Ukraine. Sanctionné depuis le 15 décembre 2025, il est bloqué à Bruxelles et dénonce une atteinte à sa liberté d'expression.

L'ex-colonel Jacques Baud sanctionné par l'UE
A quel point ce retraité suisse est-il dangereux?

Jacques Baud, ancien colonel suisse, affirme être ciblé par l'Union européenne pour ses analyses controversées sur le conflit en Ukraine. Sanctionné depuis le 15 décembre 2025, il est bloqué à Bruxelles et dénonce une atteinte à sa liberté d'expression.
 

Jacques Baud, ancien colonel de l'armée suisse et ex-collaborateur du Service de renseignement stratégique, affirme que l'on cherche à le faire taire parce que ses analyses seraient politiquement indésirables. Lors d'un entretien avec un vidéoblogueur français, il s'est comparé à Julian Assange, le fondateur de Wikileaks, poursuivi et détenu durant des années par les autorités américaines après la publication de documents secrets.

Mais, dans le cas de Jacques Baud, le «persécuteur» ne serait pas les Etats-Unis, mais l'Union européenne. Et au lieu d'être emprisonné, il se retrouve bloqué à Bruxelles. Le 15 décembre, l'UE a inscrit le ressortissant suisse sur sa liste de sanctions liées à la Russie. Bruxelles lui reproche de servir de relais à la propagande russe, d'apparaître régulièrement dans des médias prorusses et de diffuser des récits émanant de Moscou.

Les Russes présentés comme des libérateurs

Depuis le début de la guerre en Ukraine, en février 2022, de nombreuses interviews et prises de position de Jacques Baud circulent sur les réseaux sociaux, les forums et les canaux Telegram. Il a notamment affirmé que l'invasion russe n'était «certainement pas dirigée contre la population ukrainienne» et qu'elle aurait été provoquée par de prétendues attaques ukrainiennes dans les régions de Lougansk et de Donetsk. Il a également remis en question publiquement le massacre de Boutcha.

L'Union européenne lui reproche en outre de diffuser des théories du complot, par exemple l'idée selon laquelle l'Ukraine aurait elle-même mis en scène la guerre afin d'obtenir son adhésion à l'OTAN. Jacques Baud conteste ces accusations et affirme n'avoir fait que citer une source ukrainienne.

Les sanctions prises à son encontre sont lourdes: ses comptes ont été gelés, toute aide financière dans l'UE est interdite, et une interdiction d'entrée et de transit est en vigueur. Se trouvant actuellement en Belgique, il n'est pas certain qu'il puisse rentrer en Suisse. Ses avocats ont déposé des recours auprès du Conseil européen et de la Cour de justice de l'Union européenne. Dans la «Weltwoche», Jacques Baud qualifie sa situation de «pire que la prison».

«Comme un roi au Moyen Age»

Pour les détracteurs de l'Union européenne, en Suisse comme à l'étranger, l'affaire est une aubaine. Jacques Baud est présenté comme un symbole du prétendu recul de la liberté d'expression en Europe. Lui-même soigne sa mise en scène: dans les «médias alternatifs», sur YouTube et sur les réseaux sociaux, il met en garde contre des dérives autoritaires et multiplie les comparaisons radicales. Comme au Moyen Age, affirme-t-il, un «roi» déciderait seul de qui est coupable. Dans son cas, ce «roi» serait le Conseil européen.

Jacques Baud déplore l'absence du droit d'être entendu et parle d'une condamnation sans procès. Il omet toutefois de préciser que l'efficacité des sanctions repose précisément sur leur mise en oeuvre sans avertissement préalable, notamment lorsqu'elles concernent des avoirs financiers.

Il s'est également exprimé dans une longue interview de 90 minutes accordée à Roger Köppel, son soutien médiatique et rédacteur en chef de la «Weltwoche». Il y a dénoncé le manque de soutien de la Suisse, affirmant bénéficier d'appuis dans tous les pays, sauf le sien. Selon lui, son cas ferait l'objet de discussions ministérielles à l'étranger et serait même suivi aux Etats-Unis par la directrice des services de renseignement. Aucun élément ne vient étayer ces affirmations. Le Département fédéral des affaires étrangères indique par ailleurs que Jacques Baud n'a, jusqu'ici, pas sollicité la protection consulaire suisse.

Des reproches peu détaillés

Face aux autres rédactions suisses, Jacques Baud se montre nettement plus discret. Il n'a notamment pas répondu à une sollicitation de Blick. Les accusations précises formulées par l'Union européenne restent floues. Les informations communiquées depuis Bruxelles sont succinctes et aucun détail n'est fourni sur d'éventuels flux financiers ou des contacts directs avec Moscou. Selon la «NZZ am Sonntag», les reproches détaillés figureraient dans un document classifié.

De son côté, Jacques Baud nie avoir diffusé de la propagande. Il affirme d'ailleurs ne jamais être apparu dans les médias russes afin d'éviter toute instrumentalisation. Cette affirmation est toutefois incomplète. La chaîne internationale Russia Today ne s'est pas contentée de reprendre ses déclarations: Jacques Baud a également été invité à deux reprises dans l'émission «Going Underground», intégrée aux plateformes de Russia Today.

Durant l'été 2024, il a par ailleurs déclaré que la Russie ne cherchait pas à conquérir de nouveaux territoires en Ukraine. Selon lui, l'unique objectif de l'«intervention» serait de protéger la population du Donbass contre les forces armées ukrainiennes. Il reprenait ainsi des arguments centraux avancés par Vladimir Poutine pour justifier l'invasion de l'Ukraine en février 2022.

L'UE entend poursuivre sa politique de sanctions

Jacques Baud n'est pas le seul en Europe à relayer ce type de récits. Reste à savoir ce que signifie l'élargissement de la politique de sanctions de l'UE aux présumés propagandistes. Le gouvernement allemand a en tout cas annoncé vouloir poursuivre sa lutte contre la désinformation. «Toute personne qui s'engage sur ce terrain doit s'attendre à ce que ce qui est arrivé à Jacques Baud puisse lui arriver également», a déclaré un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères lors d'une conférence de presse.

Cette position alimente les spéculations. Le rédacteur en chef de la «Weltwoche», Roger Köppel, pourrait lui aussi être concerné. Depuis le début de la guerre, il s'est rendu à plusieurs reprises en Russie et a rencontré des propagandistes d'Etat. Certains médias allemands évoquent une «connexion suisse à Moscou».

Reste enfin la question de la réaction de la Suisse face à une éventuelle nouvelle intervention de ce type de la part de l'Union européenne. Dans le cas de Jacques Baud, les autorités fédérales se sont jusqu'ici abstenues de tout commentaire public.

https://www.blick.ch/fr/suisse/russie-jacques-baud-ex-colonel-suisse-sanctionne-par-lue-id21553361.html

 

 

 

 

décembre 21, 2025

Marion Saint-Michel, son livre: La gouvernance perverse : la décoder et s’en libérer + Roland Gori et Adriano Sagatori

La gouvernance perverse : une analyse psychologique et politique de la France

Dans une récente émission du « Samedi politique » sur TV Libertés, la psychologue clinicienne et diplômée en sciences politiques Marion Saint-Michel, auteure de La gouvernance perverse : la décoder et s’en libérer (éditions Résurgence), a livré une analyse radicale et sans concession de la manière dont la France est gouvernée depuis plusieurs décennies.

Selon elle, ce que beaucoup perçoivent comme de l’incompétence ou des erreurs successives relève en réalité d’un système intentionnel de déconstruction des nations européennes et occidentales.

 

Ce livre s’adresse aux personnes qui, n’étant ni psychologues ni politologues, s’interrogent sur les intentions de nos dirigeants. Il se propose d’analyser la crise du Covid et la gouvernance qui s’est ensuivie, sous l’angle de la perversion. Son objectif est de donner au lecteur les éléments pour comprendre comment il est manipulé, à travers les « narratifs », l’ingénierie sociale et l’instrumentalisation des émotions. Parce que comprendre, c’est commencer à se libérer.

L’incompétence, un leurre entretenu

Le premier constat frappant est que l’accusation d’incompétence, si fréquente dans l’opinion publique, sert paradoxalement le pouvoir en place. « Quand on pense qu’ils sont incompétents, on passe à côté de l’essentiel », explique Marion Saint-Michel. Les dirigeants ne seraient pas maladroits dans la gestion des affaires publiques : ils excelleraient au contraire dans l’atteinte de leur véritable objectif, qui est, selon elle, de déstructurer, voire de détruire les cadres nationaux, culturels et sociaux hérités.

Les problèmes que rencontrent les Français – crise agricole, insécurité, pouvoir d’achat, santé publique – ne seraient pas des échecs involontaires, mais des instruments ou des conséquences acceptées d’une politique plus large. Les contradictions apparentes (discours opposés au sein du même gouvernement, revirements brutaux) ne traduisent pas un manque de coordination : elles constituent une technique délibérée de manipulation psychologique.


 Dans ce dernier numéro de l’année du Samedi Politique, Élise Blaise reçoit Marion Saint Michel, psychologue clinicienne et diplômée en sciences politiques, pour analyser la situation politique et sociale française à travers un prisme rarement exploré : celui des mécanismes psychologiques du pouvoir. Crise du monde agricole, séquelles durables du Covid, discours anxiogènes, communication contradictoire des dirigeants, climat de peur permanent, tensions sociales et contrôle de l’information : assistons-nous à une forme de gouvernance qui dépasse la simple incompétence politique ? À partir de son ouvrage La gouvernance perverse – la décoder, s’en libérer paru aux éditions Résurgence (disponible ici https://boutiquetvl.fr/accueil/marion... ), Marion Saint Michel propose une grille de lecture pour comprendre les comportements des élites dirigeantes, les stratégies de provocation, l’inversion des valeurs et les effets de ces pratiques sur les populations. Dans cette émission, nous abordons notamment : – Les mécanismes psychologiques du pouvoir contemporain – La communication politique et ses contradictions répétées – Le rôle de la peur dans la fabrique du consentement – Les crises sanitaires et agricoles comme outils de gestion politique – La polarisation morale et le discours manichéen dans le débat public – La place des médias indépendants – Les conséquences psychologiques collectives des crises prolongées – Les notions de gouvernance perverse et de psychopathologie du pouvoir Une émission pour prendre du recul, comprendre les ressorts invisibles du pouvoir et interroger notre rapport collectif à l’autorité, à l’information et à la responsabilité politique.

Sources et recommandations : Andrew Lobaczewski - la Ponérologie Politique. Décryptage du livre par Michel Drac    • La ponérologie politique (Andrew Lobaczewski)  


Le paradoxe comme outil de contrôle mental

Le paradoxe et les déclarations contradictoires sont au cœur de ce que l’autrice nomme « gouvernance perverse ». Pendant la crise du Covid, on a pu entendre : « Il n’y aura jamais de passe sanitaire », avant que celui-ci ne devienne réalité quelques semaines plus tard. Plus récemment, Sébastien Lecornu a annoncé, lors de sa déclaration de politique générale à l’Assemblée nationale le 14 octobre 2025, une suspension de la réforme des retraites, Alors que quelques jours plus tard, le 21 octobre 2025, en déplacement en Slovénie, Emmanuel Macron a tenu des propos contradictoires : il a affirmé qu’il ne s’agissait ni d’une abrogation, ni d’une suspension, mais seulement d’un « décalage d’une échéance » et qu’il n’y avait pas de renoncement définitif à cette réforme.

Ce type de communication produit un effet dissociatif puissant :

la personne exposée finit par ne plus savoir quoi penser, puis par cesser de penser.

« Vous arrêtez de réfléchir et vous attendez qu’on vous dise quoi faire », résume Saint-Michel. Cette sidération est un levier essentiel de contrôle social.

Une élite homogène et interconnectée

Un autre élément clé est l’extraordinaire homogénéité sociologique des élites dirigeantes françaises. Grandes écoles (ENA, Sciences Po, HEC…), passage par les cabinets de conseil, les banques d’affaires, les Young Leaders de la French-American Foundation : les parcours sont interchangeables, même entre partis officiellement opposés. Cette « incestuosité » politique, renforcée par le pantouflage permanent entre public et privé, crée un système fermé où les conflits d’intérêts sont structurels.

La corruption n’est pas seulement financière : elle est aussi morale.

Participer à des arrangements, recevoir des prébendes, partager des secrets d’initiés crée une compromission collective qui rend difficile toute dissidence interne. Comme le souligne Jean-Dominique Michel dans la préface de l’ouvrage, il s’agit d’une « corruption systémique » : le système lui-même corrompt les individus qui y participent.

 

La perversion à l’œuvre : annoncer, provoquer, inverser

Un trait particulièrement troublant de cette gouvernance est la tendance à annoncer, parfois de manière cryptée ou provocatrice, ce qui va être fait. Marion Saint-Michel cite la fameuse phrase d’Emmanuel Macron en 2017 : « Si je n’étais que la cupidité, je n’aurais pas quitté la banque d’affaires… ou alors je serais un être extrêmement complexe, voire pervers ». Elle y voit un exemple de ce que les psychologues appellent le « passage à l’acte verbal » : le plaisir de dire la vérité sous couvert d’ironie ou de provocation.

De même, la répétition de la formule « la bête immonde est là et elle arrive » (terrorisme, pandémies, chocs divers) est analysée comme une préparation psychologique des populations à accepter toujours plus de restrictions au nom de la lutte contre des menaces présentées comme inévitables.

Crises agricoles et Covid : même logique mortifère

La crise actuelle des agriculteurs est analysée comme un nouvel épisode de cette gouvernance perverse. La maladie hémorragique épizootique (MHE ou « dermatose nodulaire ») sert de prétexte à des abattages massifs, alors que la maladie est connue depuis longtemps, peu mortelle et gérée autrement dans d’autres pays (vaccination ciblée, par exemple). La rhétorique officielle – « protéger les autres », « on ne débat pas des faits scientifiques » – reprend mot pour mot celle du Covid.

L’opposition entre agriculteurs et forces de l’ordre, comme entre policiers et citoyens réfractaires aux mesures Covid, vise à diviser les groupes les plus en souffrance : agriculteurs et policiers (taux de suicide très élevés dans ces deux catégories), ainsi que soignants (fortement impactés pendant la crise). Faire s’opposer les victimes entre elles est une technique classique de domination.

La gouvernance par la peur et la mort

La réponse systématique par la mort (abattage massif, euthanasie promue sous le terme « aide à mourir ») est un autre marqueur de cette logique mortifère. Face à la moindre difficulté organisationnelle, la solution proposée est souvent l’élimination plutôt que la réparation ou l’adaptation (voir ici).

 

Avec Lucien Cerise, chercheur en ingénierie sociale, pour son livre “Gouverner par le chaos, Ingénierie sociale et mondialisation” aux éditions Max Millo
 

Vers la sécession mentale et le refus de la compromission

Face à ce constat, Marion Saint-Michel refuse le fatalisme. La solution ne passe pas par une nouvelle élection ou un changement de personnel, mais par une « sécession mentale » :

refuser d’entrer dans le système de mensonge, préserver sa boussole morale, dire la vérité même à petite échelle.

Elle cite les dissidents soviétiques – Soljenitsyne, Havel – qui ont survécu et parfois contribué à faire tomber le système en refusant simplement de participer au mensonge collectif. « Une parole de vérité pèse plus que le monde entier », écrivait Soljenitsyne.

Un moment historique

L’autrice conclut sur une note d’urgence : nous serions à un moment charnière. Si le système totalitaire en cours d’installation se consolide (peut-être dans les 18 prochains mois), il deviendra beaucoup plus difficile de l’enrayer. La crise agricole est un test majeur : soutenir les agriculteurs, c’est défendre la souveraineté alimentaire, mais aussi la France elle-même.

Le combat ne se joue pas seulement dans la rue ou dans les urnes : il se joue d’abord dans les esprits et dans les cœurs. Rester humain, refuser la compromission morale, dire non au mensonge, même à petite échelle, constitue l’ultime résistance possible.

https://multipol360.com/la-gouvernance-perverse-une-analyse-psychologique-et-politique-de-la-france/


Le Président Macron vu (osculté) par Roland Gori et Adriano Sagatori

 

 

décembre 09, 2025

Informations France: Début décembre 2025 dont PLFSS

Sommaire:

A) La purge silencieuse de l’armée française : vers une mobilisation guerrière sous l’ère macron ? 

B)  Renaud Dutreil : « Tuer le pacte Dutreil, c’est livrer la France à Wall Street et préparer notre appauvrissement »

C) Vote non définitif du budget de la sécu PLFSS

D) Budget de la sécu : la liste complète de ce qui a été adopté

E) Lisnard sur le PLFSS 


A) La purge silencieuse de l’armée française : vers une mobilisation guerrière sous l’ère macron ? 

Dans les couloirs feutrés du ministère français des Armées, une fuite de documents secrets a jeté une lumière crue sur les nominations stratégiques pour 2026. Révélée le 8 décembre par le quotidien algérien El Khabar,

 


 

cette liste confidentielle, approuvée par le président Emmanuel Macron, désigne une nouvelle génération de généraux pour les postes de commandement suprême.

Au-delà de la routine administrative – comme le minimise l’Élysée –, cette affaire expose une « ingénierie politique » audacieuse :

une purge discrète des officiers réfractaires, au profit de fidèles alignés sur la vision macronienne d’une France atlantiste, pivot OTAN et résolument tournée vers l’Est européen.

Ces choix ne sont pas anodins. Ils dessinent les contours d’une armée réorientée, non plus vers les sables du Sahel, mais vers les plaines ukrainiennes et les frontières russes.

Un mixte troublant d’officiers de terrain et de technocrates, dont les profils trahissent une préparation méticuleuse à un scénario belliqueux : une guerre hybride contre la Russie, où la « frappe en profondeur » et la protection anti-drones deviennent les armes phares.

Cette fuite s’inscrit dans un contexte de vulnérabilités criantes et répétées. Moins d’une semaine plus tôt, le 4 décembre 2025, cinq drones non identifiés survolaient pendant plus d’une heure la base des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins de l’Île Longue, sans qu’aucun ne soit abattu malgré les tirs de brouilleurs et les tentatives d’interception des fusiliers marins – un incident qui a révélé publiquement l’impuissance actuelle de la défense anti-drone protégeant le cœur de la dissuasion française.

Ajoutez à cela l’échec stratégique et diplomatique de la présence française au Niger en 2023 : après le coup d’État du 26 juillet, Paris, qui ne disposait plus que d’environ 1.500 soldats sur place (contre 5.100 au pic de Barkhane), s’est révélé incapable de maintenir sa dernière grande base opérationnelle au Sahel. Sous la pression de la junte militaire, la France a dû organiser, dans l’humiliation, le retrait complet de ses troupes et de son matériel avant la fin de l’année – un revers perçu par la quasi-totalité des analystes comme l’acte de décès de son influence militaire dans la région.

Ces deux événements, combinés à la réduction continue des effectifs conventionnels – 77.000 soldats projetables en 2025 contre plus de 200.000 en 1990 –, font mesurer l’urgence ressentie au sommet de l’État : restructurer à marche forcée une armée en déclin pour tenir un rang de « puissance pivot » face à un ennemi désormais désigné à l’Est. C’est dans ce cadre que prennent tout leur sens les nominations révélées par la fuite :

derrière elles se dessine un narratif plus insidieux, celui d’un soft power militarisé destiné à conditionner les esprits – et surtout ceux des jeunes – à un discours belliciste désormais partagé par la France, l’Union européenne et l’OTAN.

Service national universel lancé à l’été 2026, campagnes de recrutement massif, concept d’« armée-nation » : tout concourt à préparer la société française à une mobilisation générale où, faute de moyens conventionnels suffisants, la dissuasion nucléaire est appelée à compenser les carences – au risque, pour le pays et pour le monde, d’une escalade incontrôlable.

Des profils sur mesure : loyauté politique et expertise anti-Russe

Les deux généraux pressentis incarnent cette hybridation entre fidélité au pouvoir et compétences opérationnelles pointues. Pierre-Éric Guillot et Marc Galan ne sont pas de simples promoteurs : leurs parcours, forgés dans les arcanes de l’OTAN et des états-majors parisiens, laissent entrevoir une mission claire – verrouiller la haute hiérarchie pour une confrontation avec Moscou. Âgés de 50 à 60 ans, ils forment une « génération Macron », marquée par des liens étroits avec l’Élysée via des affectations diplomatiques ou atlantistes, comme l’illustrent les analyses récurrentes sur la politisation progressive de l’armée sous ce quinquennat. 

En contrepartie, des officiers et experts aux profils plus « africanistes » semblent exclus, potentiellement jugés trop indépendants après les revers sahéliens, comme le suggère le contexte de purge silencieuse évoqué dans la fuite d’El Khabar.

Un cas emblématique est celui de l’historien Bernard Lugan, considéré comme l’un des plus grands africanistes français pour son expertise inégalée sur les peuples et tribus du continent – fruit de plus de trente années de recherches terrain, dont onze ans d’enseignement et de fouilles archéologiques à l’Université nationale du Rwanda (1972-1983), et d’expertises décennales au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Ayant vécu des décennies en Afrique (y compris au Sahel et en Afrique du Sud), Lugan maîtrise les dynamiques internes des sociétés africaines : migrations millénaires, oppositions ethniques (pasteurs vs. sédentaires), et constantes historiques comme les basses pressions démographiques pré-coloniales transformées par la surpopulation post-indépendance. Longtemps conférencier influent à l’IHEDN (où il formait les officiers à la géostratégie francophone), au Collège Interarmées de Défense (CID) et à Saint-Cyr-Coëtquidan, Lugan exerçait une influence notable sur l’opération Barkhane via ses analyses réalistes des conflits sahéliens. Pourtant, en 2015, son cours à Saint-Cyr est suspendu sur demande du ministère de la Défense, le déclarant persona non grata dans les institutions militaires – une mise à l’écart qui préfigure les tensions actuelles, post-retrait du Niger en 2023, où des voix comme la sienne, prônant un désengagement africain au profit d’une réorientation pragmatique vers les littoraux et l’Afrique du Nord, sont marginalisées au profit d’une armée plus alignée sur l’OTAN, renforçant l’idée d’une « ingénerie politique » pour sécuriser la loyauté.

Les deux généraux : loyauté politique et expertise anti-russe

Pierre-Éric Guillot, général de brigade du génie (promu officier général en juillet 2023), est un officier clé de l’Armée de Terre française, actuellement chargé du « haut encadrement militaire-terre » à la Direction des ressources humaines de l’Armée de Terre (DRHAT) depuis juillet 2025, après avoir exercé des responsabilités en formation et préparation à l’engagement. Dans une interview au Journal du Dimanche en mai 2025, en tant que commandant Terre Europe – responsable du contrôle des unités déployées sur le flanc Est de l’OTAN, de leur préparation logistique et de l’évaluation de la situation –, il défend une « position singulière » de la France au sein de l’Alliance : dotée de la dissuasion nucléaire, l’Armée de Terre se distingue par la « force morale de ses soldats, la qualité de leur équipement et leur niveau d’entraînement » , compensant ainsi les pertes d’expertise africaine au profit d’un recentrage européen face aux supposées menaces russes. Ce plaidoyer pour une « puissance pivot » terrestre – où le nucléaire renforce les capacités OTAN – s’aligne sur la « transformation stratégique » évoquée par la fuite d’El Khabar, qui le désigne comme un acteur central du pivot Afrique-Est, illustrant une loyauté institutionnelle aux réformes macroniennes post-2017 pour verrouiller la haute hiérarchie.

Marc Galan, Général de brigade, commandant la 19e Brigade d’Artillerie depuis le 1er août 2024. 51 ans, né en 1974 à Biarritz, il apporte la patte du terrain avec un parcours forgé dans l’artillerie des troupes de marine. Promu colonel en 2017, il commande le 11e RAMa de 2018 à 2020, avec des engagements en Irak (opération Wagram GTA) et en Sentinelle (Île-de-France). De 2021 à 2024, il sert à l’État-Major des Armées comme officier de cohérence opérationnelle, puis chargé des relations avec le Parlement dans la cellule « anticipation stratégique et orientations ». Nommé général de brigade le 20 juin 2024, il commande depuis le 1er août 2024 la 19e Brigade d’Artillerie, réactivée à La Valbonne (près de Lyon) comme composante française de la brigade d’artillerie multinationale de haute mobilité de l’OTAN (MHB-N). Cette unité hybride, regroupant le 1er RA, le 54e RA, le 61e RA et l’école des drones de Chaumont (3.000 hommes), est dédiée à la « frappe en profondeur » (canons LRU à longue portée, lance-roquettes unitaires), à la protection anti-aérienne et anti-drone (radars Cobra, missiles Mistral, fusils Nerod), et à un commandement interopérable OTAN pour le flanc Est. Malgré des lacunes pointées par un rapport parlementaire de mai 2025 (état-major incomplet à 30/52 personnels, transmissions dispersées), Galan vante dans une interview à Tribune de Lyon du 14 février 2025 une brigade aux « compétences uniques » : un « C2 unique » (command & control) pour accélérer les cycles décisionnels en haute intensité, intégrant techs OTAN contre drones et tirs indirects. Son ascension, alignée sur le pivot OTAN post-retraits sahéliens (où il a servi en Centrafrique et au Mali en 2013), illustre une loyauté aux réformes macroniennes, préparant l’artillerie française à contrer les supposées menaces russes comme les drones Shahed ou missiles hypersoniques.

 


 

Softpower et narratif belliciste : conditionner les jeunes à la guerre froide 2.0

Au-delà des uniformes, cette purge s’inscrit dans une stratégie de « soft power » militarisé. Le service national volontaire, lancé en été 2026, n’est pas qu’un gadget : il vise à « intégrer » 800.000 jeunes, via le concept d’ « armée-nation » .

Des campagnes SIRPA diffusent un narratif unifié : la Russie comme menace existentielle, l’OTAN comme bouclier européen.

L’UE y souscrit – voir le Pacte de Sécurité 2025, alignant budgets sur les standards atlantistes. Pour les jeunes, c’est une forme de conditionnement idéologique assumé : stages en réalité virtuelle simulant des scénarios d’invasion russe, interventions de soldats ukrainiens présentés comme des « héros » , et critères de recrutement qui valorisent explicitement le « sens du devoir patriotique » dans les entretiens et les tests de sélection. Les associations professionnelles militaires (comme l’UNSA Défense), relayées par Mediapart en novembre 2025, y voient une « dilution » des compétences professionnelles de l’armée, au risque de tensions internes larvées – semblables à la lettre ouverte de 2021 signée par plus de 1.000 militaires, qui dénonçaient le « wokisme » et le « délitement » de la France comme une menace de guerre civile.

Ce narratif belliciste masque des carences : 77.000 soldats actifs, matériel usé (seulement 15.000 volontaires/an atteints). Guillot le dit crûment : le nucléaire comme « pivot » , remplaçant l’absence de masse conventionnelle. Budget 2026 : 2,1 % PIB, insuffisant pour ambitions globales. Des analystes comme ceux d’Al Jazeera (février 2025) relient cela à la « fragilité post-Niger » : une armée inadaptée aux missions extérieures asymétriques, mais gonflée budgétairement pour le front Est de l’OTAN.

Le nucléaire comme joker : une chaîne de commandement fragile, un risque mondial

Face au manque d’effectifs et de matériel, la dissuasion nucléaire – 290 ogives – devient le rempart ultime. La chaîne de commandement nucléaire française est l’une des plus centralisées au monde. L’ordre d’emploi de l’arme nucléaire ne peut émaner que du seul président de la République, qui décide en dernier ressort, sans qu’aucun contre-pouvoir parlementaire ou gouvernemental ne puisse juridiquement s’y opposer.

Concrètement : 

  • Le président active la décision depuis le poste de commandement « Jupiter » (PC souterrain sous l’Élysée) ou, en déplacement, grâce à la célèbre « sacoche nucléaire » portée en permanence par un officier d’ordonnance. Cette mallette contient les codes d’authentification et le « collier » (dispositif de déverrouillage) permettant de déclencher les forces de dissuasion.
  • Deux chaînes parallèles et indépendantes sont ensuite actionnées : 
    •  la chaîne de mise en œuvre (ministre des Armées → CEMA → commandements stratégiques : Forces aériennes stratégiques et Force océanique stratégique) ; 
    •  la chaîne de sécurité des armes (contrôle technique et physique des têtes nucléaires, assurée par le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives – CEA).
  • En cas de vacance ou d’empêchement du président, les codes et l’autorité sont transmis immédiatement au Premier ministre (intérim constitutionnel), mais la doctrine reste inchangée : un seul décideur.

C’est ce pouvoir solitaire et absolu que les analystes qualifient depuis De Gaulle de « monarchie nucléaire » française.

Le vrai danger tient à cette centralisation extrême : en France, aucun contre-pouvoir ne peut bloquer une décision nucléaire du président.

Ni le Parlement, ni le gouvernement, ni même le ministre des Armées ne disposent d’un droit de veto légal. La Fondation pour la Recherche Stratégique le rappelle depuis des décennies : l’emploi de l’arme nucléaire est une prérogative exclusivement présidentielle, sans vote préalable ni contrôle a posteriori requis.

Aujourd’hui, le chef de l’État est régulièrement accusé de choisir les plus hauts gradés en fonction de leur loyauté politique plutôt que de leur seul mérite opérationnel. Dans ce contexte, le fait qu’un seul homme – entouré d’un état-major qu’il a lui-même nommé – détienne la clé de l’arme nucléaire prend une gravité particulière. Un ordre impulsif, donné dans l’urgence d’une crise à l’Est, pourrait déclencher une riposte russe massive et immédiate. L’équilibre de la dissuasion mutuelle assurée (MAD) repose alors sur la seule rationalité d’un seul homme.

Pour les Français, l’angoisse est double : 

À l’échelle mondiale, une « monarchie nucléaire » française alignée sur l’OTAN, pilotée par un seul décideur et un état-major choisi pour sa fidélité, introduit une variable d’incertitude supplémentaire dans un équilibre déjà fragile. 

Et cette incertitude s’amplifie avec les soupçons récurrents, de plus en plus insistants en 2025, sur l’état de santé mentale du président Emmanuel Macron. Des médias comme France-Soir ont sommé l’Élysée de publier un bulletin de santé actualisé, évoquant des « révélations embarrassantes » sur son épuisement profond – un « isolement » et une « crise démocratique » qui, selon eux, interrogent sa capacité à gouverner dans un contexte de tensions géopolitiques explosives. Sur X (anciennement Twitter), des figures comme François Asselineau s’interroge sur les « problèmes psychiatriques » de Macron en raison de « délires » perçus dans sa politique étrangère, tandis que Maria Zakharova (porte-parole du Kremlin, mai 2025) le décrit comme un homme « aux troubles psychologiques graves », incapable de raisonnement structuré. Le Rassemblement National, via Jordan Bardella, parle d’une « dérive schizophrénique inquiétante » au regard de sa fonction, alimentant un discours stigmatisant qui divise mais gagne en écho au fil des crises.

Ces rumeurs omniprésentes, amplifiées par l’opacité de l’Élysée (aucun bulletin de santé publié depuis 2022, malgré des promesses de « transparence médicale »), ne sont pas anodines.

Elles soulignent un risque systémique : un dirigeant dont la santé mentale est publiquement mise en doute, entouré d’une cour d’adjoints triés pour leur obéissance aveugle, pourrait – dans un moment de stress extrême – initier une escalade incontrôlable.

Un faux pas, une interprétation erronée d’un signal (comme un drone russe mal identifié), et l’effet boule de neige s’enclenche : avertissement nucléaire, riposte proportionnée, puis surenchère mutuelle menant à l’anéantissement mondial. La fin de l’humanité, déclenchée par l’impulsion d’un seul homme affaibli, isolé et sans garde-fous – c’est ce scénario mortifère que cette centralisation rend non seulement possible, mais probable en cas de défaillance personnelle. L’histoire nous l’a appris : les puissances absolues, quand elles reposent sur un individu fragile, mènent souvent à la catastrophe.

 


 

Similitudes inquiétantes : une « nuit des longs couteaux » à la française ?

Toute proportion gardée, cette purge évoque la Nuit des Longs Couteaux (30 juin 1934). Hitler, pour consolider son pouvoir, élimine la SA de Röhm – paramilitaires incontrôlables – au profit de la SS loyale d’Himmler. Exécutions sommaires (85 morts officiels), liquidation des « hostiles » (conservateurs, militaires réticents). À Paris, pas de sang : une « purge silencieuse« , via non-renouvellements ou placardisation.

Hitler, pour légitimer sa purge, s’était appuyé sur la Wehrmacht en promettant de la protéger contre la menace soviétique. Macron, lui, s’appuie sur l’OTAN et l’UE pour justifier l’exclusion des officiers dissidents, en les présentant comme déconnectés de la « menace russe » . Similitude troublante : dans les deux cas, une peur externe sert à imposer une loyauté interne absolue. 

 


 

Une France au bord du précipice guerrier ?

Cette fuite n’est pas un simple scandale ponctuel. Elle révèle une dérive profonde : l’armée française se politise de plus en plus. On y mélange désormais les officiers de terrain (ceux qui savent faire la guerre) et les technocrates (ceux qui gèrent les budgets, les concepts et la communication). Et tout ce mélange est orienté vers un seul objectif : préparer un affrontement avec la Russie, en misant sur des capacités de frappes à longue portée et de défense anti-drones.
Au-delà des uniformes, on conditionne la jeunesse à un discours belliciste porté par l’OTAN et l’Union européenne.
Le nucléaire, lui, sert de pansement à des faiblesses structurelles béantes : effectifs en chute libre, matériel usé, bases vulnérables. Ce pouvoir ultime repose sur une chaîne de commandement réduite à un seul homme, sans véritable contre-pouvoir – un risque d’escalade fatale si la décision est impulsive

Et derrière tout ça, une purge silencieuse : pas de sang, mais des officiers écartés, mis à la retraite ou placés sur la touche parce qu’ils sont jugés trop indépendants. 

Cela rappelle les méthodes par lesquelles les régimes autoritaires éliminent les voix dissidentes pour imposer une loyauté absolue.

https://multipol360.com/la-purge-silencieuse-de-larmee-francaise-vers-une-mobilisation-guerriere-sous-lere-macron/ 

 


 

B)  Renaud Dutreil : « Tuer le pacte Dutreil, c’est livrer la France à Wall Street et préparer notre appauvrissement »

Il y a des entretiens qui claquent comme des gifles. Celui que Renaud Dutreil a accordé il y a quelques jours à la chaîne « Bercoff sur le vif » en fait partie. L’ancien ministre, entrepreneur, membre du Conseil d’État et surtout l’un des rares hommes politiques français à avoir réellement dirigé des entreprises de l’autre côté de l’Atlantique, parle sans filtre. Et ce qu’il dit est terrifiant de lucidité.

Le capitalisme familial, cette exception européenne que la France veut suicider

En Europe, deux tiers des ETI (entreprises de taille intermédiaire, l’ossature réelle de l’économie) sont familiales ou ont une famille comme actionnaire de référence. En Allemagne, en Italie, en Suède, la transmission intrafamiliale dépasse 60 à 80 %. En France ? À peine 20 %. Pourquoi ? Parce qu’ici,

transmettre son entreprise à ses enfants est vécu comme un fardeau plus que comme un cadeau. Et l’État, avec sa fiscalité confiscatoire, transforme ce qui devrait être une fierté nationale en calvaire administratif et financier.

C’est précisément pour inverser cette tendance mortifère qu’a été créé en 2003 le « pacte Dutreil » : une exonération de 75 % des droits de mutation lors de la transmission familiale.

Résultat ? Des milliers d’entreprises enracinées dans nos territoires, des emplois stables, des stratégies de long terme, moins de dividendes versés à des fonds étrangers, plus de valeur conservée en France.

Avec Renaud Dutreil Homme politique et entrepreneur français, Secrétaire d'État puis Ministre de 2002 à 2007 (ancien ministre des PME et ancien ministre de la Réforme de l’Etat) Ancien député de l’Aisne et de la Marne

 

La rage égalitariste veut arracher les ailes de la poule aux œufs d’or

Aujourd’hui, ce pacte est dans le viseur. La Cour des comptes, devenue un organe idéologique de gauche, hurle au « coût » : 5,5 milliards d’euros par an. On cherche désespérément des recettes pour boucher le tonneau sans fond de la dépense publique (57 % du PIB, record mondial). Et comme toujours, on tape sur ceux qui créent la richesse plutôt que sur ceux qui la dépensent.

Renaud Dutreil est implacable : « Quand on arrache une aile à la poule aux œufs d’or, on la tue. » Tuer le pacte Dutreil, c’est pousser les familles à vendre leurs entreprises à des fonds étrangers. C’est exactement ce qui est arrivé à UPSA, à Pechiney, à Club Med, à des centaines d’autres joyaux français : vendus parce que les héritiers n’avaient pas les moyens de payer l’impôt confiscatoire

Résultat ? 52 % des dividendes et plus-values du capital-investissement français partent aujourd’hui à l’étranger.

Les idiots utiles de Wall Street

Le plus glaçant, c’est que ceux qui mènent l’assaut ne sont même pas payés par la finance anglo-saxonne : ils le font gratuitement. Une partie de la gauche, du centre, et même certains pseudo-souverainistes, répètent la vieille antienne « taxons les riches » sans comprendre qu’ils font le lit des BlackRockKKR et autres fonds de pension qui n’attendent que ça : racheter à bas prix nos ETI pour les presser comme des citrons pendant cinq ans avant de les délocaliser ou de les revendre en morceaux.

Comme le dit Dutreil avec une cruelle ironie : « J’ai expliqué 25 fois à une journaliste connue que le pacte Dutreil protégeait les entreprises françaises. Elle n’en a rien retenu, parce que ça gênait sa thèse : taper sur les riches, pas défendre l’économie française. »

Une classe politique déconnectée, une haute fonction publique idéologue

La Cour des comptes ? « Très proche du Parti socialiste », tranche Dutreil. Un rapport prétend qu’on ne taxe pas assez les riches… dans le pays qui taxe le plus les patrimoines au monde. Cherchez l’erreur. 

L’Éducation nationale ? Elle enseigne encore que la Chine et l’Inde sont des pays du tiers-monde et que la France est riche (manuel de 2007). 

L’État ? Devenu une « marâtre prédatrice » qui inonde tout, ne remplit plus ses missions régaliennes (savoir, santé, sécurité) et veut tout régenter.

Le diagnostic final : nous allons vers un « tiers-monde inversé »

Les mots sont lourds, mais justes : 

« On est en train de fabriquer tranquillement un nouveau tiers-monde dans lequel la France serait pauvre et la Chine très riche. » 

« Livrer nos entreprises à la finance mondiale, c’est une forme de trahison. »

La seule solution : rupture immédiate

Renaud Dutreil ne mâche pas ses mots sur la sortie de crise : 

  • Dissolution, démission du gouvernement, élection présidentielle anticipée.
  • Refus de perdre encore 18 mois pendant que les autres nations investissent massivement dans leur avenir.
  • Retour de l’État dans son lit : moins de 50 % de dépense publique, recentrage sur ses trois missions régaliennes.
  • Défense acharnée du capitalisme familial, seul rempart contre la dépossession nationale.

Écouter Renaud Dutreil, c’est comprendre que la question n’est plus gauche contre droite, mais France contre dépossession. 
Ce n’est plus une question économique. C’est une question de survie nationale.

Ceux qui, aujourd’hui, veulent tuer le pacte Dutreil ne sont pas seulement des idéologues aveugles. Ce sont, consciemment ou non, les liquidateurs de la France qui travaille, qui transmet, qui reste. Et l’Histoire, impitoyable, saura leur rappeler leur nom.

https://multipol360.com/renaud-dutreil-tuer-le-pacte-dutreil-cest-livrer-la-france-a-wall-street-et-preparer-notre-appauvrissement/

 


C) Vote non définitif du budget de la sécu PLFSS

Il y a deux perdants ce soir, après le vote positif sur le budget de la sécu : LFI qui n’a pas réussi à empêcher les écologistes de largement s’abstenir et de suivre de facto le Ps dans une logique de compromis .
Et Bruno Retailleau qui avait demandé de voter contre, suivi seulement par 3 députés LR pendant que la majorité des LR s’abstenait et 18 votaient même pour.
« L’union des droites » est donc toujours loin d’être faite et l’hégémonie de LFI sur la gauche est beaucoup écornée.
Ca ne change pas les tendances de fond dans l’électorat , mais ce vote aurait pu être un moment d’accélération de la crise politique et d’une recomposition de la politique française dans la radicalité.
On n’y est pas encore

Philippe Guibert

 


 

D) Budget de la sécu : la liste complète de ce qui a été adopté

L'Assemblée Nationale vient d'adopter à une courte majorité (247 voix pour, 234 contre, et 93 abstentions) le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026. Nous en listons ici les mesures exhaustives qui vont changer votre vie quotidienne. 

On notera qu'il reste à Sébastien Lecornu à faire adopter la loi de finances, c'est-à-dire le budget de l'Etat. Nous resterons mobilisés, bien entendu, pour vous rendre intelligibles ces procédures opaques et confuses.  

Liste des mesures de recettes (partie I)

La partie recettes du PLFSS 2026 marque une rupture avec la politique de l'offre et de baisse des prélèvements obligatoires menée lors des législatures précédentes. Sous la pression du déficit et des amendements parlementaires, le texte final intègre une série de hausses de prélèvements ciblées, dessinant une nouvelle carte fiscale sociale.

1. La refonte des allègements de cotisations patronales

C'est l'une des mesures les plus techniques et structurelles du texte. Face à la critique sur l'inefficacité des "aides aux entreprises" et leur coût exorbitant (plus de 75 milliards d'euros), l'Assemblée a validé une réforme paramétrique des allègements généraux (ex-réduction Fillon).

●       Le mécanisme de "désmicardisation" : le système antérieur concentrait les allègements massifs au niveau du SMIC, créant une "trappe à bas salaires" (désincitation à augmenter les salaires juste au-dessus du SMIC).

●       La nouvelle formule (2026) : le texte adopté modifie la formule de calcul du coefficient de réduction. Selon les détails techniques validés :

○       La réduction s'étend désormais jusqu'à 3 SMIC (contre 1,6 SMIC pour certaines réductions spécifiques précédentes ou des bornes différentes selon les dispositifs).

○       La formule intègre un paramètre de dégressivité plus lisse pour encourager la progression salariale.

○       Impact : cette mesure vise à redonner des marges de manœuvre budgétaires (rendement attendu de plusieurs milliards d'euros par moindre dépense fiscale) tout en incitant à la hausse des salaires moyens.

2. Fiscalité du capital et des hauts revenus

Le dogme de la stabilité fiscale sur le capital a été entamé lors de cette lecture, fruit d'un compromis entre l'aile gauche de la macronie et le Parti Socialiste.

●       Hausse "allégée" de la CSG sur le capital :

○       Dispositif : une augmentation des prélèvements sociaux sur les revenus du patrimoine et de placement.

○       Compromis : initialement, des amendements visaient une hausse massive. Le texte final retient une hausse plus modérée (le taux global passerait de 17,2% à un taux supérieur, potentiellement 18,6% ou via une surtaxe spécifique selon les derniers arbitrages de séance), mais avec des exclusions notables.

○       Exclusions : les revenus fonciers des petits propriétaires, les Plans Épargne Logement (PEL) et l'Assurance-vie (sous certains seuils) ont été exclus de l'assiette pour ne pas pénaliser l'épargne populaire.

●       Contribution Différentielle sur les Hauts Revenus (CDHR) :

○       Bien que discutée en PLF, son impact est pris en compte dans l'équilibre global. Elle vise à assurer que les ménages aux très hauts revenus (250 000 € pour un célibataire, 500 000 € pour un couple) s'acquittent d'un taux moyen d'imposition minimal de 20%. Le PLFSS intègre les recettes sociales afférentes.

3. Fiscalité comportementale : le tournant santé publique

Le PLFSS 2026 se distingue par une agressivité accrue sur la fiscalité dite "comportementale" ou "vices", justifiée par des impératifs de santé publique.

3.1. La "taxe soda" (boissons sucrées)

L'Assemblée nationale a validé un durcissement drastique de la fiscalité sur les boissons sucrées.

●       Multiplication par trois : pour les boissons contenant les taux de sucre les plus élevés, le montant de la taxe est triplé. Concrètement, sur une bouteille de 1L de soda standard, la taxe passe d'environ 15 centimes à 35-45 centimes.

●       Objectif : contraindre les industriels à la reformulation (baisse du taux de sucre) sous peine de perdre en compétitivité prix.

3.2. Le cas du vapotage : suppression de la taxe

C'est un revirement majeur par rapport au projet initial du gouvernement.

●       Projet initial : création d'une accise sur les e-liquides (avec ou sans nicotine) de l'ordre de 0,15 €/ml.

●       Adoption finale : face à la mobilisation des professionnels de santé (addictologues) et de la filière, l'Assemblée nationale a validé la position du Sénat consistant à supprimer la taxe ou à fixer son taux à 0 € pour 2026.

●       Explication : les parlementaires ont considéré que taxer un produit de réduction des risques (95% moins nocif que le tabac) enverrait un signal sanitaire contradictoire et freinerait le sevrage tabagique. Les e-liquides sans nicotine et le CBD sont explicitement exclus de toute taxation.

3.3. Tabac

●       Indexation : le prix du tabac continue sa trajectoire de hausse via une indexation sur l'inflation, garantissant le maintien des recettes fiscales malgré la baisse des volumes de vente.

2.4. Contribution exceptionnelle des organismes complémentaires (mutuelles)

Pour financer le dérapage des dépenses de santé (ONDAM), une nouvelle ressource a été créée.

●       La mesure : une "contribution exceptionnelle" demandée aux Organismes Complémentaires d'Assurance Maladie (OCAM).

●       Rendement : estimé entre 1 et 1,1 milliard d'euros.

●       Impact consommateur : bien que les députés aient voté des amendements interdisant la répercussion de cette taxe sur les cotisations des assurés, les acteurs du secteur (Mutualité Française) ont averti que cette mesure entraînerait mécaniquement une hausse des tarifs en 2026, l'équilibre technique des contrats étant contraint.

2.5. Autres mesures significatives de recettes

●       Franchises médicales (le "non-doublement") : c'est une mesure en creux. Le gouvernement s'est engagé formellement à ne pas augmenter les franchises médicales (reste à charge sur les médicaments, actes paramédicaux), renonçant au projet de doublement (de 0,50€ à 1€ par boîte) qui devait rapporter 2,3 milliards d'euros. Ce gel constitue un manque à gagner qu'il a fallu compenser par ailleurs (taxe mutuelles).

●       Exonérations heures supplémentaires : extension de la déduction forfaitaire de cotisations patronales sur les heures supplémentaires aux entreprises de plus de 250 salariés (auparavant réservée aux TPE/PME). C'est une mesure de soutien au pouvoir d'achat et à la flexibilité du travail.

●       Apprentis : maintien de l'exonération des cotisations salariales pour les apprentis, annulant la suppression prévue pour les nouveaux contrats. L'Assemblée a sanctuarisé ce dispositif pour préserver la dynamique de l'apprentissage.

●       Management packages : adoption d'un cadre fiscal et social clarifié pour les gains issus des instruments d'intéressement des dirigeants (management packages), visant à sécuriser ces pratiques tout en assurant leur juste contribution.

Analyse des mesures de dépenses (partie II)

La partie dépenses est celle qui porte la charge politique la plus explosive. L'Assemblée nationale a profondément réécrit la copie gouvernementale, imposant des choix sociaux forts qui remettent en cause la trajectoire de redressement budgétaire.

1. La suspension de la réforme des retraites : le séisme politique

C'est la mesure phare, symbolique et politique, de ce PLFSS 2026. L'article (45 ou 45 bis selon les versions) adopté par l'Assemblée nationale prévoit la suspension de l'application de la réforme des retraites de 2023.

https://www.lecourrierdesstrateges.fr/budget-de-la-secu-la-liste-complete-de-ce-qui-a-ete-adopte/ 

 


 

E) Lisnard sur le PLFSS

Le vote du PLFSS acte une vérité crue : la France n'a plus de majorité capable de prendre les décisions nécessaires pour redresser ses comptes et œuvrer pour les jeunes générations. Ce texte incarne tout ce qu'il fallait éviter : augmentation d'impôts sur les entreprises et les ménages, abandon de la réforme des retraites pourtant présentée par les mêmes députés comme leur grande réforme emblématique, acheter du temps de survie politique au prix de la dette, donc en sacrifiant les actifs et les jeunes. C'est le nouveau « n'importe quoi qu'il en coûte » porté à son paroxysme. Le tout au nom d'une prétendue stabilité qui ne crée que de l'instabilité fiscale, sociale et budgétaire. 


 

Cette politique hypothèque l'avenir de nos enfants et fragilise ce qu'il reste de notre modèle social. Je félicite @MartinAlex06 d'avoir voté contre cette dérive. Son courage contraste avec les petits arrangements de certains. La France n'a pas besoin de manœuvres parlementaires ni de replâtrages comptables. Elle a besoin de courage politique et d'un cap clair pour les générations futures. Vite, une @Nouv_Energie .


 

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