Dans les couloirs feutrés du ministère français des Armées,
une fuite de documents secrets a jeté une lumière crue sur les
nominations stratégiques pour 2026. Révélée le 8 décembre par le
quotidien algérien El Khabar,
cette liste confidentielle, approuvée
par le président Emmanuel Macron, désigne une nouvelle génération de
généraux pour les postes de commandement suprême.
Au-delà de la routine administrative – comme le minimise l’Élysée –, cette affaire expose une « ingénierie politique » audacieuse :
une purge discrète des officiers
réfractaires, au profit de fidèles alignés sur la vision macronienne
d’une France atlantiste, pivot OTAN et résolument tournée vers l’Est
européen.
Ces choix ne sont pas anodins. Ils dessinent les contours d’une
armée réorientée, non plus vers les sables du Sahel, mais vers les
plaines ukrainiennes et les frontières russes.
Un mixte troublant d’officiers de
terrain et de technocrates, dont les profils trahissent une préparation
méticuleuse à un scénario belliqueux : une guerre hybride contre la
Russie, où la « frappe en profondeur » et la protection anti-drones deviennent les armes phares.
Cette fuite s’inscrit dans un contexte de vulnérabilités criantes et
répétées. Moins d’une semaine plus tôt, le 4 décembre 2025, cinq
drones non identifiés survolaient pendant plus d’une heure la base des
sous-marins nucléaires lanceurs d’engins de l’Île Longue, sans qu’aucun ne soit abattu malgré
les tirs de brouilleurs et les tentatives d’interception des fusiliers
marins – un incident qui a révélé publiquement l’impuissance actuelle de
la défense anti-drone protégeant le cœur de la dissuasion française.
Ajoutez à cela l’échec stratégique et diplomatique de la présence
française au Niger en 2023 : après le coup d’État du 26 juillet, Paris,
qui ne disposait plus que d’environ 1.500 soldats sur place (contre
5.100 au pic de Barkhane), s’est révélé incapable de maintenir sa
dernière grande base opérationnelle au Sahel. Sous la pression de la
junte militaire, la France a dû organiser, dans l’humiliation, le
retrait complet de ses troupes et de son matériel avant la fin de
l’année – un revers perçu par la quasi-totalité des analystes comme
l’acte de décès de son influence militaire dans la région.
Ces deux événements, combinés à la réduction continue des effectifs
conventionnels – 77.000 soldats projetables en 2025 contre plus de
200.000 en 1990 –, font mesurer l’urgence ressentie au sommet de l’État :
restructurer à marche forcée une armée en déclin pour tenir un rang de «
puissance pivot » face à un ennemi désormais désigné à l’Est.
C’est dans ce cadre que prennent tout leur sens les nominations révélées
par la fuite :
derrière elles se dessine un narratif
plus insidieux, celui d’un soft power militarisé destiné à conditionner
les esprits – et surtout ceux des jeunes – à un discours belliciste
désormais partagé par la France, l’Union européenne et l’OTAN.
Service national universel lancé à l’été 2026, campagnes de recrutement massif, concept d’« armée-nation » : tout concourt à préparer la société française à une mobilisation générale où,
faute de moyens conventionnels suffisants, la dissuasion nucléaire est
appelée à compenser les carences – au risque, pour le pays et pour le
monde, d’une escalade incontrôlable.
Des profils sur mesure : loyauté politique et expertise anti-Russe
Les deux généraux pressentis incarnent cette hybridation entre fidélité au pouvoir et compétences opérationnelles pointues. Pierre-Éric Guillot et Marc Galan ne sont pas de simples promoteurs : leurs
parcours, forgés dans les arcanes de l’OTAN et des états-majors
parisiens, laissent entrevoir une mission claire – verrouiller la haute
hiérarchie pour une confrontation avec Moscou. Âgés de 50 à 60 ans, ils forment une « génération Macron », marquée par des liens étroits avec l’Élysée via des affectations diplomatiques ou atlantistes, comme l’illustrent les analyses récurrentes sur la politisation progressive de l’armée sous ce quinquennat.
En contrepartie, des officiers et experts aux profils plus « africanistes
» semblent exclus, potentiellement jugés trop indépendants après les
revers sahéliens, comme le suggère le contexte de purge silencieuse
évoqué dans la fuite d’El Khabar.
Un cas emblématique est celui de l’historien Bernard Lugan, considéré comme l’un des plus grands africanistes français pour son expertise inégalée sur les peuples et tribus du continent
– fruit de plus de trente années de recherches terrain, dont onze ans
d’enseignement et de fouilles archéologiques à l’Université nationale du
Rwanda (1972-1983), et d’expertises décennales au Tribunal pénal
international pour le Rwanda (TPIR). Ayant vécu des décennies en Afrique
(y compris au Sahel et en Afrique du Sud), Lugan maîtrise les
dynamiques internes des sociétés africaines : migrations millénaires,
oppositions ethniques (pasteurs vs. sédentaires), et constantes
historiques comme les basses pressions démographiques pré-coloniales
transformées par la surpopulation post-indépendance. Longtemps conférencier influent à l’IHEDN (où il formait les officiers à la géostratégie francophone),
au Collège Interarmées de Défense (CID) et à Saint-Cyr-Coëtquidan,
Lugan exerçait une influence notable sur l’opération Barkhane via ses
analyses réalistes des conflits sahéliens. Pourtant, en 2015, son cours à Saint-Cyr est suspendu sur demande du ministère de la Défense, le déclarant persona non grata dans les institutions militaires – une mise à l’écart qui préfigure les tensions actuelles, post-retrait du Niger en 2023, où
des voix comme la sienne, prônant un désengagement africain au profit
d’une réorientation pragmatique vers les littoraux et l’Afrique du Nord,
sont marginalisées au profit d’une armée plus alignée sur l’OTAN,
renforçant l’idée d’une « ingénerie politique » pour sécuriser la loyauté.
Les deux généraux : loyauté politique et expertise anti-russe
Pierre-Éric Guillot, général de brigade du génie (promu
officier général en juillet 2023), est un officier clé de l’Armée de
Terre française, actuellement chargé du « haut encadrement militaire-terre » à la Direction des ressources humaines de l’Armée de Terre (DRHAT) depuis juillet 2025, après avoir exercé des responsabilités en formation et préparation à l’engagement. Dans une interview au Journal du Dimanche en mai 2025, en tant que commandant Terre Europe – responsable
du contrôle des unités déployées sur le flanc Est de l’OTAN, de leur
préparation logistique et de l’évaluation de la situation –, il défend une « position singulière » de la France au sein de l’Alliance : dotée de la dissuasion nucléaire, l’Armée de Terre se distingue par la « force morale de ses soldats, la qualité de leur équipement et leur niveau d’entraînement
» , compensant ainsi les pertes d’expertise africaine au profit d’un
recentrage européen face aux supposées menaces russes. Ce plaidoyer pour
une « puissance pivot » terrestre – où le nucléaire renforce les capacités OTAN – s’aligne sur la « transformation stratégique » évoquée par la fuite d’El Khabar, qui le désigne comme un acteur central du pivot Afrique-Est, illustrant une loyauté institutionnelle aux réformes macroniennes post-2017 pour verrouiller la haute hiérarchie.
Marc Galan, Général de brigade, commandant la 19e Brigade
d’Artillerie depuis le 1er août 2024. 51 ans, né en 1974 à Biarritz, il
apporte la patte du terrain avec un parcours forgé dans l’artillerie des
troupes de marine. Promu colonel en 2017, il commande le 11e RAMa de
2018 à 2020, avec des engagements en Irak (opération Wagram GTA) et en
Sentinelle (Île-de-France). De 2021 à 2024, il sert à l’État-Major des
Armées comme officier de cohérence opérationnelle, puis chargé des
relations avec le Parlement dans la cellule « anticipation stratégique et orientations ». Nommé
général de brigade le 20 juin 2024, il commande depuis le 1er août 2024
la 19e Brigade d’Artillerie, réactivée à La Valbonne (près de Lyon)
comme composante française de la brigade d’artillerie multinationale de
haute mobilité de l’OTAN (MHB-N). Cette unité hybride, regroupant le
1er RA, le 54e RA, le 61e RA et l’école des drones de Chaumont (3.000
hommes), est dédiée à la « frappe en profondeur » (canons LRU à
longue portée, lance-roquettes unitaires), à la protection anti-aérienne
et anti-drone (radars Cobra, missiles Mistral, fusils Nerod), et à un
commandement interopérable OTAN pour le flanc Est. Malgré des lacunes
pointées par un rapport parlementaire de mai 2025 (état-major incomplet à
30/52 personnels, transmissions dispersées), Galan vante dans une
interview à Tribune de Lyon du 14 février 2025 une brigade aux « compétences uniques » : un « C2 unique
» (command & control) pour accélérer les cycles décisionnels en
haute intensité, intégrant techs OTAN contre drones et tirs indirects. Son
ascension, alignée sur le pivot OTAN post-retraits sahéliens (où il a
servi en Centrafrique et au Mali en 2013), illustre une loyauté aux
réformes macroniennes, préparant l’artillerie française à contrer les supposées menaces russes comme les drones Shahed ou missiles hypersoniques.

Softpower et narratif belliciste : conditionner les jeunes à la guerre froide 2.0
Au-delà des uniformes, cette purge s’inscrit dans une stratégie de « soft power » militarisé. Le service national volontaire, lancé en été 2026, n’est pas qu’un gadget : il vise à « intégrer » 800.000 jeunes, via le concept d’ « armée-nation » .
Des campagnes SIRPA diffusent un narratif unifié : la Russie comme menace existentielle, l’OTAN comme bouclier européen.
L’UE y souscrit – voir le Pacte de Sécurité 2025, alignant budgets sur les standards atlantistes. Pour
les jeunes, c’est une forme de conditionnement idéologique assumé :
stages en réalité virtuelle simulant des scénarios d’invasion russe,
interventions de soldats ukrainiens présentés comme des « héros » , et critères de recrutement qui valorisent explicitement le « sens du devoir patriotique » dans les entretiens et les tests de sélection. Les associations professionnelles militaires (comme l’UNSA Défense), relayées par Mediapart en novembre 2025, y voient une « dilution » des compétences professionnelles de l’armée, au risque de tensions internes larvées – semblables à la lettre ouverte de 2021 signée par plus de 1.000 militaires, qui dénonçaient le « wokisme » et le « délitement » de la France comme une menace de guerre civile.
Ce narratif belliciste masque des carences : 77.000 soldats actifs,
matériel usé (seulement 15.000 volontaires/an atteints). Guillot le dit
crûment : le nucléaire comme « pivot » , remplaçant l’absence de masse conventionnelle. Budget 2026 : 2,1 % PIB, insuffisant pour ambitions globales. Des analystes comme ceux d’Al Jazeera (février 2025) relient cela à la « fragilité post-Niger » : une armée inadaptée aux missions extérieures asymétriques, mais gonflée budgétairement pour le front Est de l’OTAN.
Le nucléaire comme joker : une chaîne de commandement fragile, un risque mondial
Face au manque d’effectifs et de matériel, la dissuasion nucléaire –
290 ogives – devient le rempart ultime. La chaîne de commandement
nucléaire française est l’une des plus centralisées au monde. L’ordre
d’emploi de l’arme nucléaire ne peut émaner que du seul président de la
République, qui décide en dernier ressort, sans qu’aucun contre-pouvoir
parlementaire ou gouvernemental ne puisse juridiquement s’y opposer.
Concrètement :
- Le président active la décision depuis
le poste de commandement « Jupiter » (PC souterrain sous l’Élysée) ou,
en déplacement, grâce à la célèbre « sacoche nucléaire » portée en
permanence par un officier d’ordonnance. Cette mallette contient les
codes d’authentification et le « collier » (dispositif de
déverrouillage) permettant de déclencher les forces de dissuasion.
- Deux chaînes parallèles et indépendantes sont ensuite actionnées :
- la chaîne de mise en œuvre (ministre des Armées → CEMA → commandements stratégiques : Forces aériennes stratégiques et Force océanique stratégique) ;
- la chaîne de sécurité des armes
(contrôle technique et physique des têtes nucléaires, assurée par le
Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives – CEA).
- En cas de vacance ou d’empêchement du
président, les codes et l’autorité sont transmis immédiatement au
Premier ministre (intérim constitutionnel), mais la doctrine reste
inchangée : un seul décideur.
C’est ce pouvoir solitaire et absolu que les analystes qualifient depuis De Gaulle de « monarchie nucléaire » française.
Le vrai danger tient à cette
centralisation extrême : en France, aucun contre-pouvoir ne peut bloquer
une décision nucléaire du président.
Ni le Parlement, ni le gouvernement, ni même le ministre des Armées
ne disposent d’un droit de veto légal. La Fondation pour la Recherche
Stratégique le rappelle depuis des décennies : l’emploi de l’arme
nucléaire est une prérogative exclusivement présidentielle, sans vote
préalable ni contrôle a posteriori requis.
Aujourd’hui, le chef de l’État est régulièrement accusé de choisir
les plus hauts gradés en fonction de leur loyauté politique plutôt que
de leur seul mérite opérationnel. Dans ce contexte, le fait qu’un
seul homme – entouré d’un état-major qu’il a lui-même nommé – détienne
la clé de l’arme nucléaire prend une gravité particulière. Un ordre
impulsif, donné dans l’urgence d’une crise à l’Est, pourrait déclencher
une riposte russe massive et immédiate. L’équilibre de la dissuasion
mutuelle assurée (MAD) repose alors sur la seule rationalité d’un seul homme.
Pour les Français, l’angoisse est double :
À l’échelle mondiale, une « monarchie nucléaire » française
alignée sur l’OTAN, pilotée par un seul décideur et un état-major choisi
pour sa fidélité, introduit une variable d’incertitude supplémentaire
dans un équilibre déjà fragile.
Et cette incertitude s’amplifie avec les soupçons récurrents, de plus en plus insistants en 2025, sur l’état de santé mentale du président Emmanuel Macron. Des médias comme France-Soir ont sommé l’Élysée de publier un bulletin de santé actualisé, évoquant des « révélations embarrassantes » sur son épuisement profond – un « isolement » et une « crise démocratique
» qui, selon eux, interrogent sa capacité à gouverner dans un contexte
de tensions géopolitiques explosives. Sur X (anciennement Twitter), des
figures comme François Asselineau s’interroge sur les « problèmes psychiatriques » de Macron en raison de « délires » perçus dans sa politique étrangère, tandis que Maria Zakharova (porte-parole du Kremlin, mai 2025) le décrit comme un homme « aux troubles psychologiques graves », incapable de raisonnement structuré. Le Rassemblement National, via Jordan Bardella, parle d’une « dérive schizophrénique inquiétante » au regard de sa fonction, alimentant un discours stigmatisant qui divise mais gagne en écho au fil des crises.
Ces rumeurs omniprésentes, amplifiées par l’opacité de l’Élysée
(aucun bulletin de santé publié depuis 2022, malgré des promesses de « transparence médicale »), ne sont pas anodines.
Elles soulignent un risque systémique :
un dirigeant dont la santé mentale est publiquement mise en doute,
entouré d’une cour d’adjoints triés pour leur obéissance aveugle,
pourrait – dans un moment de stress extrême – initier une escalade
incontrôlable.
Un faux pas, une interprétation erronée d’un signal (comme un drone russe mal identifié), et l’effet boule de neige s’enclenche : avertissement nucléaire, riposte proportionnée, puis surenchère mutuelle menant à l’anéantissement mondial. La fin de l’humanité, déclenchée par l’impulsion d’un seul homme affaibli, isolé et sans garde-fous
– c’est ce scénario mortifère que cette centralisation rend non
seulement possible, mais probable en cas de défaillance personnelle.
L’histoire nous l’a appris : les puissances absolues, quand elles
reposent sur un individu fragile, mènent souvent à la catastrophe.
Similitudes inquiétantes : une « nuit des longs couteaux » à la française ?
Toute proportion gardée, cette purge évoque la Nuit des Longs Couteaux (30
juin 1934). Hitler, pour consolider son pouvoir, élimine la SA de Röhm –
paramilitaires incontrôlables – au profit de la SS loyale d’Himmler.
Exécutions sommaires (85 morts officiels), liquidation des « hostiles » (conservateurs, militaires réticents). À Paris, pas de sang : une « purge silencieuse« , via non-renouvellements ou placardisation.
Hitler, pour légitimer sa purge, s’était appuyé sur la Wehrmacht en
promettant de la protéger contre la menace soviétique. Macron, lui,
s’appuie sur l’OTAN et l’UE pour justifier l’exclusion des officiers
dissidents, en les présentant comme déconnectés de la « menace russe » . Similitude troublante : dans les deux cas, une peur externe sert à imposer une loyauté interne absolue.
Une France au bord du précipice guerrier ?
Cette fuite n’est pas un simple scandale ponctuel. Elle révèle une dérive profonde : l’armée française se politise de plus en plus.
On y mélange désormais les officiers de terrain (ceux qui savent faire
la guerre) et les technocrates (ceux qui gèrent les budgets, les
concepts et la communication). Et tout ce mélange est orienté vers un
seul objectif : préparer un affrontement avec la Russie, en misant sur
des capacités de frappes à longue portée et de défense anti-drones.
Au-delà des uniformes, on conditionne la jeunesse à un discours belliciste porté par l’OTAN et l’Union européenne.
Le
nucléaire, lui, sert de pansement à des faiblesses structurelles
béantes : effectifs en chute libre, matériel usé, bases vulnérables. Ce
pouvoir ultime repose sur une chaîne de commandement réduite à un seul
homme, sans véritable contre-pouvoir – un risque d’escalade fatale si la décision est impulsive.
Et
derrière tout ça, une purge silencieuse : pas de sang, mais des
officiers écartés, mis à la retraite ou placés sur la touche parce
qu’ils sont jugés trop indépendants.
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