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septembre 09, 2025

L'affaire taxe du socialiste Zucman ! Juste un slogan pour NFP......et çà marche, le zucmanisme relayé par tous les médias façon Piketty. !


 Pourquoi, sur ce graphique, la richesse (un stock) est-elle exprimée en pourcentage du PIB (un flux) ? On aurait pu rapporter la richesse des plus riches à l’ensemble de la richesse nationale. Selon le World Inequality Database (WID, dont Gabriel Zucman est scientific co-director), le top 1 % détenait 24,6 % de la richesse nationale en 1996 et 27,2 % en 2023, soit une multiplication par 1,1x. 

 

Comment en arrive-t-on à un facteur 6x à la télévision pour les 500 premières fortunes ? Problème n°1 : le graphique de Zucman laisserait apparaître une forte hausse des inégalités de richesse même s’il n’y en avait pas eu Le premier biais tient au fait que le ratio richesse/PIB de l'ensemble du pays n’est pas stable dans le temps. D’après le WID, la richesse nationale représentait 364 % du PIB en 1996 contre 621 % en 2023, soit une multiplication par 1,7x.


 Autrement dit, si la part des 500 plus grandes fortunes dans la richesse nationale n’avait absolument pas changé durant cette période, le graphique laisserait apparaître un passage de 6,4 % du PIB en 1996 à 6,4 % × 1,7 = 10,9 % en 2023. Du coup, quelle aurait été la fortune des 500 familles les plus riches, rapportée au PIB, si ce ratio stock/flux était resté à son niveau de 1996 ? La richesse de chaque français rapportée au PIB eut été 1,7x plus faible. Et donc celle des familles de Challenge de 41 % / 1,7 ≈ 24 % du PIB. Autrement dit, sur les 41-6=35 points de PIB de hausse affichés sur le graphique de Gabriel Zucman, environ 18 points tiennent au fait que les 500 familles les plus riches se sont effectivement enrichies plus rapidement que le reste des Français. Les 17 points restants sont une amplification attribuable à l'évolution du ratio richesse/revenu de l'ensemble du pays. Bien sûr, il s’agit toujours d’une progression très marquée de leur richesse relative. Mais pourquoi accentuer artificiellement le phénomène en choisissant un dénominateur qui double le résultat ? Problème n°2: Rapporter les stocks aux flux amplifie les multiples La mesure la plus naturelle des inégalités de richesse--celle qu'on trouve dans les publications académiques de Gabriel Zucman--consiste à rapporter le patrimoine des plus riches à la richesse totale de la population. Selon le WID, la part détenue par le top 1 % est passée de 24,6 % en 1996 à 27,2 % en 2023, soit une hausse de 2,6 points — une multiplication par 1,1x. 

 

Rapportée au revenu national net — sachant que la richesse totale en représente 621 % — cette hausse correspond à 2,6 % × 621 % ≈ 16 %. Autrement dit, la progression de la part du top 1 % sur cette période de 27 ans équivaut à environ 16 points de revenu national: on retrouve à peu près le même ordre de grandeur que dans le calcul précédent. Mais ceci ne correspond qu'à 2,6 % du stock national de richesse. Encore une fois, rien de tout cela ne remet en cause le fait que la performance des marchés boursiers mondiaux a bel et bien accru la part de richesse détenue par le top 1 %-- et en particulier les 500 plus grandes fortunes. D'après le WID, la part du top 1% a été multipliée par 1,7x depuis le milieu des années 1980. Mais pourquoi en rajouter artificiellement en choisissant un indicateur qui grossit ainsi l’évolution observée ? PS: Il faut également rappeler que les statistiques du WID sont elles aussi sujettes à caution. Dans la plupart des pays, les instituts statistiques ne disposent pas de données administratives sur les patrimoines individuels. Les séries publiées sont le plus souvent inférées à partir de sources sur les revenus, et les résultats obtenus donnent lieu à des désaccords parfois vifs entre économistes. Par ailleurs, ces mesures ne prennent pas en compte les droits à la retraite, et leur inclusion applatit considérablement les évolutions historiques.

Sylvain Catherine: Economist. Assistant Professor of Finance at Wharton.

 

Source: https://wid.world/country/france/

Autrement dit Gabriel Zucman (À la poursuite de la richesse et des revenus, présents et passés, onshore et offshore.) fraude sur les taux d'imposition et sur l'accroissement de richesses des plus riches. 

Question 1) : lui arrive-t-il de répondre, dans le cadre du débat publique ? 

Question 2 : publie-t-il les mêmes âneries dans un cadre académique ?

Donc

je ne peux que vous recommander la lecture de cette excellente note du Conseil d'analyse économique  :

Impôts : la nouvelle étude qui mesure les effets d'un retour de l'ISF

En cas de hausse des impôts sur le patrimoine, l'expatriation des plus fortunés resterait faible et aurait un effet modeste sur l'économie nationale, conclut une étude du Conseil d'analyse économique. L'optimisation fiscale réduit davantage les recettes que les départs à l'étranger.

La question a enflammé le débat fiscal des derniers mois : augmenter les impôts sur les plus hauts patrimoines fait-il fuir les contribuables fortunés à l'étranger ? Dimanche encore dans son interview télévisée, François Bayrou mentionnait cette menace de l'exil fiscal pour expliquer son opposition à la mise en place d'une « taxe Zucman », c'est-à-dire l'impôt plancher de 2 % sur le patrimoine des foyers détenant plus de 100 millions d'euros de patrimoine défendu par la gauche. « Qu'est-ce qu'ils vont faire ? Ils vont partir », a expliqué le Premier ministre.

Pourtant, selon une étude du Conseil d'analyse économique (CAE, un organisme de recherche indépendant rattaché à Matignon) présentée mardi, cette crainte est à relativiser. Une équipe de six économistes s'est penchée sur la question, en mobilisant des données administratives inédites. Et leur conclusion est simple : la fiscalité du capital joue en réalité assez peu sur les départs à l'étranger des plus fortunés et n'a qu'un effet limité sur l'économie nationale.

Des riches peu mobiles

Pour parvenir à ce résultat, les chercheurs - qui n'étudient pas la taxe Zucman en tant que telle - ont commencé par constater que les hauts patrimoines quittent relativement peu la France. « Seulement 0,2 % du Top 1 % français s'expatrie chaque année, soit deux fois moins que lorsqu'on considère l'ensemble de la population française (0,38 %) », notent-ils.

La tentation du départ touche bien davantage les ménages qui perçoivent de gros salaires ou de généreuses retraites que ceux qui touchent des revenus du capital élevés. En partant de cette base faible, l'étude se penche ensuite sur les évolutions des départs et des retours des hauts patrimoines en cas de modification substantielle de la fiscalité du patrimoine.

Les chercheurs utilisent deux chocs fiscaux de référence : la hausse de 2012-2013 (suppression du prélèvement forfaitaire obligatoire, remplacé par le barème progressif de l'impôt sur le revenu ; création d'une tranche supérieure à 45 % ; hausse des prélèvements sociaux) et la baisse de 2017-2018 (suppression de l'ISF remplacé par l'impôt sur la fortune immobilière ; création de la « flat tax »).

Les chiffres compilés montrent que ces réformes ont bien eu des incidences sur l'expatriation des plus aisés, mais relativement modestes. « La hausse de la fiscalité du capital en 2013 a entraîné une augmentation des flux de départs, nets de retour, des hauts patrimoines concernés de 0,04 à 0,09 point de pourcentage, tandis que l'allègement de la fiscalité en 2017-2018 est associé à une baisse des départs nets de l'ordre de 0,01 à 0,06 point de pourcentage », calculent les économistes.

En rapportant l'ampleur de ces réactions à celle du choc fiscal, l'étude estime qu'une hausse de 1 point de la fiscalité du capital se traduit à long terme par une expatriation additionnelle des plus hauts patrimoines comprise entre 0,02 et 0,23 %.

Autrement dit, un éventuel retour de l'ISF par exemple (qui représente entre 3 et 4,5 milliards d'euros de recettes pour l'Etat, soit une hausse de 5,2 points de la fiscalité du capital selon l'étude) se traduirait par le départ à l'étranger d'un foyer très aisé sur mille à un foyer très aisé sur cent. « Les flux totaux d'expatriation restent très faibles en part de la population concernée », souligne l'étude.

Peu d'effet économique direct

Le CAE se penche ensuite sur l'effet économique de ces départs. « Les ménages à haut revenu du capital ont un rôle dans l'économie qui dépasse leur poids démographique, puisqu'ils détiennent une part importante des actifs professionnels », explique l'étude. Parmi le Top 1 % , quasiment la moitié est propriétaire de 10 % ou plus du capital d'une entreprise.

Or, la recherche académique a montré que l'expatriation d'un propriétaire a des conséquences néfastes sur son entreprise : baisse de 15 % du chiffre d'affaires cinq ans après son départ, diminution de la masse salariale (-31 %) et de la valeur ajoutée (- 24 %).

Ces effets économiques directs sont toutefois légèrement compensés par des effets d'équilibre - rachat de l'entreprise, réaffectation des salariés… Et, surtout, ils sont limités dans leur ampleur par le faible nombre de départs.

Toujours dans l'hypothèse d'un retour de l'ISF, et « même en prenant la borne haute (et conservatrice) des effets estimés de la fiscalité du capital sur les expatriations », explique le CAE, « les effets agrégés sur l'activité économique à long terme restent faibles : l'exil fiscal entraînerait au plus une baisse de -0,03 % de chiffre d'affaires, -0,05 % de valeur ajoutée totale de l'économie française, et -0,04 % de l'emploi total ».

Le risque de l'optimisation

Malgré cet impact mesuré, les chercheurs avertissent que « cela ne saurait présumer des effets totaux d'une réforme de la fiscalité du capital ». Ils pointent que l'exil fiscal n'est qu'une des réponses possibles des contribuables concernés.

Une étude scandinave a montré que leur propension à mettre en place des stratégies d'optimisation, en cas de hausse de la fiscalité, est bien plus importante que la tentation du départ. « Le débat public, en se focalisant sur l'exil fiscal, se trompe sans doute de cible », prévient le CAE.

Dans le contexte scandinave, une hausse de 1 euro de fiscalité sur les hauts patrimoines se traduit par seulement 26 centimes de recettes effectives : 20 centimes s'évaporent du fait de l'impact direct des mesures sur l'économie (notamment les départs des contribuables concernés) et 54 centimes disparaissent par la mise en place de stratégies de contournement de l'impôt.

Pour qu'une hausse de la fiscalité du patrimoine soit « socialement bénéfique », il faudrait donc qu'elle finance des politiques publiques qui génèrent plus de quatre fois la mise, pointe le CAE. Un rude bémol.

Sébastien Dumoulin et Stéphane Loignon
 

 Zucman répète à l'envi que la note du CAE impliquerait que l'exil fiscal est marginal. Et personne ne semble l'avoir lue! Ce qu'elle montre, c'est que la taxe Zucman, loin de rapporter 20 milliards, implique une *PERTE SECHE DE 30 MILLIARDS*. Démonstration :
La note dit: *2 milliards* d'impôts en + sur le top 1% impliquerait une courbe de la VA de *0.027%*. Ca a l'air peu, non? Gabriel peut crier victoire? Mais... ils obtiennent cela en multipliant 3 chiffres, selon la méthodologie AxBxC de Jakobsen, Kleven, Munoz & Landais:

 
A: effet d'1% de + d'impôt sur *revenus* du K sur la courbe taux de migration: 0.23% B: effet du départ de dirigeant sur VA de sa boîte: -21.3% C: part des boîtes détenues par top 1%: 20.9% Comme 2mds=2.6 point d'impôt en + sur revenu du top 1%: Effet=2.6*0.0023*0.213*0.209*100=0.027%
Sauf que... la taxe Z n'est pas de 2, mais de *20 milliards*! Ca représente une courbe pas de 2.6, mais de *26 points* d'impôt sur le revenu du K du top 1%. Il faut donc multiplier par 26, pas 2.6: Effet=26*0.0023*0.213*0.209*100=0.27% 0.27% du PIB (3000 milliards)=8 milliards!
C'est déjà énorme, plus d'1/3 des recettes... mais ce n'est pas tout! La note du CAE est *très explicite*: l'exil fiscal ne représente qu'environ 27% des recettes perdues (20 sur 74 centimes perdus). Autrement dit, la réponse totale est de 74/20*8=29,6 milliards!
Le point de S et Z dans ce chapitre est bien de dire qu'il faut aller au-delà du pic de Laffer, c'est-a-dire au delà de t=1/(1+\alpha x e), donc au point ou le gain sur les revenus infra-marginaux est inférieur a la perte de recette marginale.
Pour faire ce ratio, la note s'appuie sur une source imparable: un article de... G. Zucman! Mais c'est intuitif: si demain on taxe + les loyers, la 1e réponse d'un propriétaire n'est pas l'expatriation, mais: transfo en résidence secondaire, vacance un peu + longue, revente...
Je me tue à le répéter depuis des mois: taxer les riches est peut-être satisfaisant, mais ça n'affectera pas le déficit! La taxe Zucman, loin de rapporter 20 milliards, couterait environ 30, *ET CE SELON LE CAE DONT ZUCMAN NOUS DIT QU'IL EST LA MEILLEURE SOURCE SUR LE SUJET.*

 
Ferghane a raison d’en revenir au texte fondamental du zucmanisme: selon Z, il est bon de taxer les riches, *même et surtout si* ça détruit les recettes fiscales. Mais du coup dur d’expliquer, comme le PS ou LFI, que la taxe Z pourrait avoir un rôle de réduction des déficits!
 
 

 
En résumé, Monsieur Zucman, Votre proposition de taxe, que vous étayez par vos diplômes et connaissances en économie, n’est en aucune manière une démonstration scientifique. 
C’est seulement une proposition #politique d’un homme de #gauche, comme votre mentor Thomas Piketty. Mais on sait que GZ (Zucman) a été exclu d’un emploi de Professeur à Harvard pour avoir publié des travaux jugées comme inexactes et biaisées. 
La conclusion de cette note semble dire qu'avec toutes les stratégies d'évitement, on récupère peu par rapport à l'assiette espérée au départ. Je préfère sabrer dans les bureaucraties et dépenses publiques qu'ajouter sans fin des taxes socialistes aux taxes socialistes.

Gabriel Zucman, inspirateur de la taxe sur les ultra riches à Paris, accusé de duplicité universitaire à Harvard

Les députés viennent de voter une taxe sur le patrimoine des ultra-riches, que la presse a rebaptisée la "taxe Zucman". Gabriel Zucman, économiste à l’origine de cette mesure, a pourtant été accusé par l’Université de Harvard de falsification de résultats statistiques afin de servir ses objectifs militants en faveur de l’instauration d’un impôt sur la fortune aux États-Unis. 

https://atlantico.fr/article/decryptage/gabriel-zucman-inspirateur-de-la-taxe-sur-les-ultra-riches-a-paris-accuse-de-duplicite-universitaire-a-harvard-alexandre-delaigue

 

"Comme tout transfert, la taxe Zucman a un impact négatif sur notre prospérité collective. Compte tenu de la forte mobilité du capital, ce coût est plus important que pour d’autres taxes. Notre aversion aux inégalités est-elle suffisamment importante pour que nous l’assumions ?"
Christian Gollier: Economiste

 


 

 

 

septembre 06, 2025

Déficit public !!

Ce site n'est plus sur FB (blacklisté sans motif), 

Liberté
D’où vient le déficit ?
Comment le combler ?
  
 
1974 : c’est la dernière année où les comptes de l’État ont été équilibrés. Depuis, les vannes de la dette se sont ouvertes et les finances publiques glissent vers un gouffre sans fond. Est-ce irrémédiable ?
Un demi-siècle plus tard, en 2024, le déficit des administrations s’établit à 5,8 % du PIB, soit 168 milliards d’euros, à peu près 5 400 € par ménage français. Il continue d’alimenter une dette record de 3 305 milliards d’euros, supérieure à 100 000 € par foyer. La France est désormais sur le podium des pays les plus endettés de l’UE, avec 113 % du PIB, derrière la Grèce (154 %) et l’Italie (135 %). Et les prévisions pour 2025, tablent sur 116%.
 
D’où vient le déficit ?
Chaque année, les administrations publiques collectent des recettes et les redistribuent. Le déficit vient de la différence entre la dépense publique et les prélèvements obligatoires. La pression fiscale en France est pourtant l’une des plus élevées du monde. Plus d’un euro sur 2 produits est taxé par l’Etat (51 % du PIB contre 46 % en moyenne UE en 2024). Malgré ces masses considérables collectées, la dépense s’établissait l’année dernière à 57 % du PIB. Sur 10 € dépensés par les administrations publiques, seuls 9 € proviennent des impôts et des cotisations obligatoires. L’euro manquant est emprunté sur les marchés. Rapporté au nombre de ménages, les administrations publiques ont dépensé en moyenne 52 000 € après avoir collecté 47 000 € en 2023.
 
 
 
Envisagé sur le temps long, notre déficit est structurel. Il est, depuis plus de 10 ans, d’environ 3 points plus élevé que celui de nos voisins européens. Sur les dernières années, il a continué de dériver bien au-delà des 3 % malgré la fin des mesures d’exception liées au covid. D’après la Cour des comptes https://www.ccomptes.fr/.../la-situation-des-finances... , les recettes fiscales ont été très en deçà des attentes et les dépenses ont été fortement tirées par les collectivités territoriales et les prestations sociales en 2023 et 2024.
 
Si l’on compare la France avec nos voisins, nous allouons 8 points de PIB de plus que la moyenne de l’UE aux dépenses publiques, dont 1,5 points de plus sur la santé et 4 points de plus sur la protection sociale, essentiellement sur les pensions. Si l’intégration de ces dernières dans la comptabilité du déficit fait débat (voir encadré), la comparaison européenne est implacable : notre trou d’air vient plus d’un excès de dépenses majoritairement attribuable au retraites que d’un manque de recettes…
 

 
 
A lire : Retraites : déficit ou pas déficit ?: https://lel.media/insert/retraites-deficit-ou-pas-deficit/
 
Ce surcoût s’explique notamment par un âge de départ effectif survenant en France 2 ans avant https://www.oecd.org/.../full-report/component-36.html... celui de la moyenne des pays de l’OCDE, et par un système qui repose quasiment exclusivement sur la répartition. Contrairement à la capitalisation, https://lel.media/capitalisation-vs-repartition-victoire.../ cette redistribution directe est mise à mal par le papy-boom et la baby-bust (effondrement de la natalité) qui dégradent le ratio actifs/retraités. Une réalité qui, ces dernières années, a été négligée à cause du faible coût de la charge de la dette – autrement dit, le coût de ses intérêts. Chiffre qui a atteint 58 milliards d’euros en 2024. Un montant historiquement bas obtenu grâce aux très faibles taux, parfois même négatifs, sur les emprunts contractés entre 2015 et 2021.
Mais la donne a changé. Cette parenthèse conjoncturelle exceptionnelle s’est désormais refermée. Et depuis quatre ans, les taux ont largement remonté, voyant la facture s’envoler, ce qui entraîne nos finances publiques dans un cercle vicieux https://lel.media/peur-sur-la-dette/ . Le déficit se met à dériver sous la pression du coût de la dette, devenu un boulet de plus en plus lourd à porter. Il tend désormais autour de 6 %, alors que la croissance peine à atteindre les 1 %. Notre endettement n’est pas un investissement. Il soutient à bout de bras un système exsangue, aux dépens des générations futures.
 

 
 
Comment combler le déficit ?
Les mesures pour réduire le déficit constituent des choix politiques forts. Plusieurs propositions sont régulièrement avancées dans le débat public. Au-delà de leur légitimité ou des courants idéologiques qui les portent, elles doivent d’abord être analysées à l’aune de leur réalité comptable. Ces initiatives seraient-elles à même de réduire significativement le déficit ? Voici un tour d’horizon (non exhaustif) de ces propositions et de leur ordre de grandeur et de leur impact budgétaire attendu.
Certaines mesures comme la baisse du salaire des ministres et des parlementaires portent une charge symbolique forte, mais elles auraient un impact budgétaire quasiment nul. Au-delà de leur légitimité ou de leur efficacité qui font débat, les antiennes comme la suppression de l’aide médicale d’État (AME), ou le rétablissement de l’exit tax auraient un potentiel très limité pour réduire le déficit.
Les mesures consistant à faire payer les riches, comme la réintroduction de l’ISF ou la mise en place de la taxe Zucman peuvent avoir des effets pervers tels que l’exil fiscal, voire la baisse des recettes du fait de l’effet de la courbe de Laffer : lorsque la pression fiscale devient trop forte, l’activité économique se rétracte et les recettes fiscales diminuent. (Voir encart ci-dessous)
 
 
L’analyse des ordres de grandeur révèle que ce sont surtout les réformes paramétriques sur les postes de dépense principaux qui sont susceptibles de réduire significativement le déficit. Ces mesures peuvent se compter en dizaines de milliards d’euros. Elles impliquent des arbitrages politiques fortement impopulaires, comme retarder l’âge de départ à la retraite ou désindexer les pensions.
L’autre fenêtre d’opportunité pour réduire le déficit consisterait à engager des réformes plus structurelles visant à désengager l’État de certains secteurs via des privatisations. Cela pourrait notamment concerner l’audiovisuel public, ce qui libérerait des crédits et réduirait le déficit, mais serait fortement contesté, en dépit d’un urgent besoin de réforme et de dépolitisation de celui-ci.
 
Quelles que soient les trajectoires choisies, une chose est certaine : le retour de la croissance est indispensable pour accompagner le rétablissement des comptes publics. La priorité est donc de lever les freins à l’innovation et de soutenir une politique nataliste. Mais aussi de s’assurer que les arbitrages pris pour réduire le déficit ne grèvent pas davantage la croissance. Risque que ferait courir à notre pays une augmentation de la pression fiscale.
par Pierre Frihet
à lire sur lel.media: https://lel.media/

 


janvier 10, 2016

La taxe sur la valeur ajoutée, un mur de plus en plus haut !!

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.




 Sommaire:

A) Prélèvements obligatoires TVA - Cour des comptes

B) Impôt de Wikiberal




A) Prélèvements obligatoires TVA
 
Le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO) rend public un rapport sur la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). La TVA est le premier impôt en termes de rendement, avec un produit attendu de 156 Md€ en 2016). Elle concerne l’ensemble des agents économiques et représente l’une des principales réalisations de l’harmonisation fiscale européenne. Elle a constitué une innovation fiscale majeure : aujourd’hui, 153 des 193 pays du monde ont adopté une taxe inspirée de la TVA française. Le CPO s’est attaché à analyser dans quelle mesure la TVA est restée ou non conforme à ses objectifs fondamentaux : la neutralité économique et fiscale, la simplicité administrative et le rendement budgétaire. À l’issue de ses travaux, il réaffirme que la couverture des dépenses publiques doit demeurer l’objectif prioritaire de la TVA, a fortiori dans un contexte de crise des finances publiques. La nécessaire amélioration de son rendement invite à un réexamen de la pertinence des dispositifs dérogatoires en termes d’assiette et de taux réduits, et à un renforcement de la lutte contre la fraude.


Un impôt toujours dynamique mais éloigné de ses objectifs initiaux

Créée en 1954, la TVA a été conçue comme un impôt à assiette large destiné à alimenter le budget de l’État sans pénaliser l’activité économique.
Malgré certaines avancées récentes, la directive européenne « TVA » semble aujourd’hui figée, alors que des points en suspens, comme l’assujettissement de certaines activités des personnes publiques à la TVA, méritent d’être tranchés par les États membres.
La TVA représente plus de la moitié des recettes de l’État, mais connaît une situation atypique en France : sa part dans le PIB (6,9 % en 2014) et dans les prélèvements obligatoires (15,3 %) s’est dégradée au cours des dernières années, et les taux en vigueur y sont désormais inférieurs à la moyenne européenne. Cette situation s’explique par l’existence de près de 150 mesures dérogatoires, représentant un coût annuel d’environ 48 Md€. En outre, la fraude à la TVA constitue un manque à gagner non négligeable pour le budget de l’État, estimé à au moins 10 Md€ par an.
Simple dans son principe, la TVA est devenue complexe dans son application, ce qui peut entraîner une insécurité juridique pour les entreprises qui la collectent.


Un instrument d’incitation économique et de redistribution peu efficace


La TVA n’apparaît pas adaptée à la poursuite d’objectifs de politique économique ou de redistribution.
D’une part, son effet de lissage du cycle conjoncturel s’avère faible.
D’autre part, ses taux réduits ne sont pas l’instrument le plus pertinent pour subventionner un secteur particulier. Ils constituent en outre des instruments coûteux et peu efficaces de la politique de l’emploi. Ainsi, dans la restauration, l’introduction du taux réduit a coûté, par emploi créé, deux à trois fois plus cher que les dispositifs de soutien direct à l’emploi.
Enfin, ses effets distributifs en font un impôt régressif, c’est-à-dire que les taux réduits procurent toujours un avantage supérieur aux ménages les plus aisés.


Le nécessaire recentrage de la TVA sur sa finalité budgétaire


Faute d’être un instrument d’incitation économique et de redistribution efficace, la TVA doit être recentrée sur sa vocation budgétaire, d’autant plus que son potentiel de rendement reste insuffisamment exploité.
Le CPO a examiné différentes options possibles pour dynamiser les recettes de TVA, à l’exclusion d’une augmentation générale du taux normal ou des taux réduits. La plupart de ces pistes relève de la compétence du législateur national.
Un axe de progrès concerne la sécurisation des recettes dues. L’administration fiscale dispose de moyens nouveaux pour prévenir, détecter et lutter contre les différents types de fraude ; elle doit les utiliser complètement, en liaison étroite avec l’autorité judiciaire.
Une réflexion plus approfondie doit également être conduite sur les activités de commerce en ligne, qui bouleversent le cadre traditionnel de calcul et de collecte de l’impôt. Le cadre juridique applicable aux ventes à distance, aux petits envois et aux prestations de services fournies par voie électronique est à cet égard très insuffisant.
Le CPO recommande notamment l’élargissement de l’assiette de la TVA et la suppression des taux réduits inefficaces. Parmi ceux-ci figurent deux dispositifs représentant un montant total de 6,3 Md€ : celui pour les travaux d’amélioration, de transformation, d’aménagement et d’entretien portant sur des logements, et celui bénéficiant aux hôtels-cafés-restaurants.



Synthèse décembre 2015
La taxe sur la valeur ajoutée (TVA) est un impôt général sur la consommation directement facturée aux clients sur les biens qu’ils consomment et les services qu’ils utilisent.
Plus de soixante ans après sa mise en œuvre en France, la TVA occupe toujours une place à part dans le système des prélèvements obligatoires français en raison de plusieurs de ses singularités :
- avec un produit net attendu de 156 Md€ en 2016, elle constitue le premier impôt en termes de rendement et le deuxième prélèvement obligatoire, après les cotisations sociales ;
- elle concerne l’ensemble des agents économiques, qu’ils soient redevables ou contribuables, même si la charge fiscale est essentiellement supportée, d’un point de vue comptable, par les ménages ;
- elle représente, avec les accises, l’une des principales réalisations de l’harmonisation fiscale européenne, les règles applicables étant largement définies à l’échelle de l’Union.
Compte tenu de ces enjeux, le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO) a décidé de consacrer une étude à la TVA dans toutes ses dimensions – juridique, économique et budgétaire –, en articulant ses travaux autour de la problématique suivante : dans un contexte de crise économique et de fortes tensions budgétaires, quelle peut être la place de la TVA dans le système des prélèvements obligatoires français ?
Pour répondre à cette interrogation, le CPO s’est attaché à analyser dans quelle mesure la TVA était restée ou non conforme à ses objectifs fonda- teurs : la neutralité, entendue au sens économique et fiscal, la simplicité administrative et le rendement budgétaire.
À l’issue de ses travaux qui ont donné lieu à six rapports particuliers théma- tiques également consultables en ligne, le CPO, ayant constaté que la TVA s’était éloignée de ces objectifs fondateurs, formule des orientations pour l’en rapprocher davantage. 

Un impôt toujours dynamique mais éloigné de ses objectifs initiaux
La TVA a été conçue comme un impôt à assiette large destiné à alimenter le budget de l’État sans pénaliser excessivement l’activité économique. Créée en 1954, elle s’est substituée à une multitude de taxes sur la production qui, sans possibilité de déduction, pesaient sur la compétitivité des entreprises et sur les exportations. 

Un impôt harmonisé à l’échelle européenne
La mise en œuvre du marché commun à partir de la fin des années 1960 a rendu nécessaires la généralisation et l’harmonisation de la TVA à l’échelle de la Communauté économique euro- péenne. Si elle est aujourd’hui très encadrée par le droit de l’Union, les États membres n’en disposent pas moins de marges de manœuvre importantes, notamment sur le champ d’application de la taxe, les taux et les droits à déduction. Sources de complexité pour les entreprises, celles-ci sont de nature à engendrer des situations de distorsion de concurrence qui nuisent au bon fonctionnement du marché intérieur. Ainsi, selon la Commission européenne, les coûts de conformité à la législation pour les entreprises représenteraient entre 2 % et 8 % des montants de TVA perçus.
Malgré certaines avancées récentes, concernant en particulier le lieu d’imposition des prestations de services électroniques, la « directive TVA » semble aujourd’hui figée alors que certains points en suspens méritent d’être tranchés par les États membres, comme l’assujettissement de certaines activités des personnes publiques à la TVA, et que les règles sont encore insuffisamment harmonisées.
Cette situation de blocage favorise l’autonomie et la créativité de la jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne. Elle contribue à entretenir une forme d’insécurité juridique pour les redevables dans un contexte où, par ailleurs, l’hétérogénéité des systèmes de TVA s’est accrue au sein de l’Union.
La Commission européenne a engagé depuis 2010 un mouvement de réforme pour « un système de TVA plus simple, plus robuste et plus efficace » mais les avancées sont faibles en raison de la règle de l’unanimité qui prévaut en matière fiscale au sein du Conseil de l’Union européenne. 

Une ressource dynamique mais fragile
Avec un produit attendu de près de 156 Md€ en 2016, la TVA représente plus de la moitié des recettes de l’État, et de ce fait, apporte une contribution essentielle au finance- ment des dépenses publiques. Elle est moins sensible à la conjoncture que d’autres impôts, notamment l’impôt sur les sociétés, et donc plus aisément prévisible. Ses coûts de gestion, estimés à environ 700 M€, sont inférieurs à ceux des autres grands impôts, en raison de leur externalisation partielle aux entreprises qui en supportent la collecte et le reversement au Trésor public.
Malgré un triplement de la recette entre 1971 et 2014, le potentiel de rendement de la TVA reste insuffisamment exploité. La France se trouve aujourd’hui dans une situation atypique par rapport à la moyenne des autres pays européens et industrialisés : la part de la TVA dans le PIB (6,9 % en 2014) et dans les prélèvements obligatoires (15,3 %) s’est dégradée au cours des dernières années et les taux en vigueur sont désormais inférieurs à la moyenne européenne. Ainsi, par exemple, le taux nominal normal s’établit à 20 % en France contre 21,8 % en moyenne dans l’Union. Le taux moyen pondéré (15,4 %) est parmi les plus faibles en Europe et le taux réduit moyen pondéré (5,7 %) est inférieur de plus de deux points à celui de la moyenne des états européens.
 
Part de la TVA dans les prélèvements obligatoires (1965-2013) 


Source : CPO (données : OCDE). 

Cette situation s’explique par l’existence de près de 150 mesures dérogatoires – exonérations ou taux réduits bénéficiant à un secteur ou à une zone géogra- phique –, représentant un coût total annuel d’environ 48 Md. Ces mesures, auxquelles il conviendrait d’ajouter les franchises, érodent le rendement potentiel total brut de la TVA. Ce dernier qui est estimé pour la France par la Commission européenne et l’OCDE entre 297 et 323 Md, corres- pond à la taxation à taux normal de l’ensemble de l’assiette potentiellement taxable (incluant les services financiers et les prestations réalisées par les administrations publiques par exemple). 

Taux de TVA applicables en France en 2015 


Note : les cases bleutées correspondent aux taux réduits. Source : Code général des impôts. 

En outre, la fraude à la TVA, qui peut revêtir de nombreuses formes, constitue un manque à gagner non négligeable pour le budget de l’État, estimé au moins à 10 Md par an. Le CPO n’a pas été en mesure de fournir une évaluation plus précise en raison des limites méthodo- logiques et de l’absence de données publiques disponibles. À cet égard, il est regrettable que l’administration française ne publie pas, sur une base régulière, d’estimation officielle de la fraude à la TVA. Des marges de progrès existent pour mieux lutter contre la fraude si l’on considère les résultats décevants du contrôle fiscal au cours des dernières années, notamment en ce qui concerne la programmation des contrôles. 
 
Un impôt simple dans son principe mais en pratique de plus en plus complexe
Simple dans son principe, la TVA est devenue plus complexe dans son appli- cation. Or l’exigence de simplicité est supérieure pour la TVA à ce qu’elle est pour les impôts directs, dès lors qu’elle frappe toutes les transactions et que sa collecte est assurée par les opérateurs économiques.Au regard de cette exigence particulière, le système de TVA est devenu plus complexe malgré des mesures de simplification récemment adoptées. 

La complexité des règles applicables, en matière de taux comme de droits à déduction, peut engendrer une insécurité pour les assujettis et introduire une certaine subjectivité dans le traitement des biens et des services, selon leur mode de production ou de distribution. Dans un souci de simplification et d’objectivation de l’impôt, une revue générale des taux réduits pourrait être effectuée pour limiter les situations dans lesquelles un même produit peut être taxé à plusieurs taux différents. 

Compte tenu du fait que la TVA est collectée pour le compte de l’État par ses assujettis, l’administration fiscale doit veiller avec une diligence particulière à répondre aux demandes de rescrits qu’ils formulent à son attention. Au-delà de la qualité et de la fluidité des échanges entre l’administration et les redevables, ce sont les règles elles-mêmes qui doivent être simplifiées. Le CPO en a identifié quelques-unes à titre d’illustrations. 
 
La complexité de la TVA se retrouve également dans les formalités déclaratives, parfois inutilement complexes, auxquelles les entreprises sont soumises. Pouvant constituer une charge importante pour les opérateurs économiques, elles devraient être aussi simples que possible, tout en tenant compte des impératifs légitimes de lutte contre la fraude. 

Un impôt visant à préserver l’efficacité productive
Sur le plan économique, l’assiette de la TVA, contrairement à ce que la dénomination de cet impôt laisse penser, est plus proche de la consommation que de la valeur ajoutée. Les principes fondateurs de la TVA, posés par la loi du 10 décembre 1954, visaient à taxer la consommation des ménages, tout en s’affranchissant des inconvénients inhérents aux différentes taxes en cascade sur la consommation. Chaque fraction de la chaîne de production n’est en effet taxée qu’une seule fois et l’impôt est collecté par portions à chaque étape de la création de valeur. En pratique, ce ne sont pas les contribuables qui reversent la taxe au Trésor public, mais les assujettis (les vendeurs de biens et prestataires de services), via le mécanisme des paiements fractionnés1

(1) Cette dissociation entre les redevables et les contribuables existe également pour les cotisations sociales salariales par exemple. Elles sont dues par les salariés mais étant prélevées à la source, ces derniers ne sont pas chargés de les verser à l’État ou aux administrations de sécurité sociale. 

L’assiette économique réelle de la TVA se compose de la consommation des ménages, des dépenses publiques et d’un reliquat d’achats des entreprises. Les exportations ne sont pas exonérées de TVA, alors que les importations y sont assujetties au moment de leur entrée sur le territoire. Cette assiette est proche, sans être strictement équivalente, de celle des cotisations sociales employeurs. Elle est différente de celle de la cotisation sur la valeur ajoutée (CVAE), impôt local qui a remplacé la taxe professionnelle. En effet, cette dernière s’applique à la valeur ajoutée brute de la dépréciation du capital. À la différence de la TVA, la CVAE pèse sur les exportations et sur l’investissement. Le mécanisme des paiements fractionnés ou le droit à déduction distinguent également la TVA d’une taxe sur le chiffre d’affaires, comme par exemple la contribution sociale de solidarité des sociétés, ou d’une taxe sur les ventes (sales tax), comme celle appliquée par exemple aux États-Unis. À long terme, la TVA pèse ainsi peu sur le capital productif. 

Sa neutralité économique en termes d’efficacité productive confère à la TVA un caractère relativement peu « distorsif » de la TVA : elle est théoriquement neutre pour les producteurs qui ont la possibilité de la déduire de leurs intrants. Elle ne perturbe donc pas les choix de production. Cette neutralité est en réalité imparfaite en raison des rémanences, c’est-à-dire des dépenses de TVA non récupérables, auxquelles font face les entreprises, notamment financières ainsi que les administrations publiques. Ces rémanences peuvent avoir des effets « distorsifs » selon la capacité des assujettis à les répercuter plus ou moins sur les prix de consommation. 

Un instrument d’incitation économique et de redistribution peu efficace
La multiplication des taux réduits sectoriels, les mesures de dévaluation fiscale – auxquelles s’apparente la « TVA sociale » – ou encore les débats relatifs aux effets redistributifs de la TVA, témoignent de son utilisation comme outil de politique économique. Pourtant, la TVA n’apparaît pas comme un impôt adapté à la poursuite d’objectifs de politique économique tels que la régulation du cycle économique, le soutien à des secteurs spécifiques ou encore comme un outil de redistribution. 

Un impôt dont l’effet de régulation du cycle économique est limité
L’efficacité de la TVA en termes de régulation « passive » du cycle écono- mique - c’est-à-dire en l’absence de mesures nouvelles sur l’assiette ou les taux - paraît d’abord limitée : elle n’exerce en effet qu’un faible effet de stabilisateur automatique, l’élasticité de ses recettes au PIB étant quasi unitaire. L’effet de lissage du cycle conjoncturel par la TVA s’avère ainsi faible compara- tivement, par exemple, à l’impôt sur les sociétés. 

Au-delà de sa fonction de stabilisateur automatique, la TVA peut potentiellement être employée comme un instrument de régulation « active » du cycle économique, en modifiant les taux ou l’assiette selon la conjoncture. En bas de cycle, l’effet contra-cyclique théorique d’une baisse de taux pourrait être significatif, mais elle n’est pas fréquemment utilisée à cet effet. En outre, une utilisation expansionniste de la TVA en phase de conjoncture basse présente des risques déflationnistes. Symétriquement, elle ne semble pas non plus être utilisée comme un instrument de régulation de la conjoncture en haut de cycle. La TVA est au contraire plus communé- ment utilisée comme instrument de consolidation budgétaire. Son taux normal a ainsi augmenté de deux points en moyenne entre 2008 et 2014 dans l’ensemble des pays de l’Union européenne (pour s’établir à 21,4 % en 2014). 

Un instrument d’incitation économique peu efficace
Les taux réduits de TVA sont utilisés comme un instrument de politique économique dans une grande variété de secteurs et pour des objectifs multiples : soutien à l’emploi, au pouvoir d’achat des consommateurs ou aux entreprises, lutte contre l’activité non déclarée, etc.
D’un point de vue théorique, les cas dans lesquels ils sont pertinents paraissent limités, d’autres instruments comme les accises ou la fiscalité directe apparaissant plus efficaces pour atteindre certains objectifs comme la correction d’externalités. 
 
D’un point de vue empirique, l’utilisation de taux réduits sectoriels constitue fréquemment une réponse face à l’impossibilité de recourir, pour des motifs juridiques, à des baisses de charges ciblées sur un domaine d’activité spécifique. Le taux réduit de TVA n’apparaît pourtant pas comme l’instrument le plus pertinent pour subventionner un secteur en particulier. Le partage de l’effet de la baisse de TVA entre le producteur et le consommateur est en effet difficile à prévoir ex ante. Il n’est le plus souvent pas mesuré non plus ex post. Les taux réduits liés à des considérations d’efficacité économique restent très insuffisamment évalués. 

En outre, plusieurs taux réduits fixés pour des considérations d’efficacité économique, comme le taux réduit dans la restauration et les hôtels ou celui pour les travaux de rénovation et d’entretien des logements, constituent des instruments peu efficaces de la politique de l’emploi. Dans la restauration,l’abaissement du taux de TVA a été répercuté à hauteur de 20 % sur les prix TTC à moyen terme (entre juillet 2009 et décembre 2011) et un peu moins de 30 % de l’effet aurait conduit à des revalorisations salariales. La répercussion sur les marges des entreprises aurait ainsi été forte, alors que le nombre d’emplois créés serait de l’ordre de 6 000 à 9 000 emplois supplémentaires par an. Le coût par emploi créé par le taux réduit dans la restauration (175 000 à 262 000 ) dépasse ainsi largement celui estimé pour les dispositifs de soutien direct à l’emploi auxquels il s’est substitué (86 000 par emploi pour la prime forfaitaire à l’emploi sectorielle) ou avec lesquels il coexiste (entre 34000 et 42000 par emploi pour les exonérations de cotisations sociales sur les bas salaires en évaluation exante). 
 
La TVA2 applicable aux travaux de rénovation et d’entretien des logements correspond à la création ou à la sauvegarde de 32 000 emplois, dont 14 000 dans le bâtiment. Le coût brut ex post pour les finances publiques par emploi créé ou maintenu s’élève- rait à 160 000 , soit nettement plus que par le biais d’une baisse de cotisations sociales. 

Indépendamment de toute appréciation portée sur l’opportunité de soutenir ces secteurs spécifiques, le recours à la TVA se révèle peu efficace. Une baisse ciblée du taux, dont les effets ne se font sentir que de manière indirecte, conduit les assujettis à arbitrer entre plusieurs objectifs - amélioration des marges, baisse des prix à la consommation, soutien au salaire ou à l’emploi -, rendant d’autant plus incertaine la réalisation de l’objectif poursuivi. 

(2) Taux réduit et, depuis 2012, taux intermédiaire. 

Un outil de redistribution peu pertinent
La TVA n’apparaît pas non plus être un outil de redistribution pertinent. Ses effets distributifs, c’est-à-dire la mesure par laquelle son assujettissement ou non modifie la répartition des revenus des ménages, concluent que la TVA est régressive. Le taux d’effort3 s’élève à 12,5 % pour le premier décile de niveau de vie, diminue jusqu’à 4,7 % environ pour le décile le plus élevé. 

La régressivité de la TVA par rapport au revenu s’explique essentiellement par la très forte augmentation du taux d’épargne selon le décile de niveau de vie. Le poids de la TVA dans la consommation des ménages est d’abord croissant avec le niveau de vie. Le taux de taxation apparent4 fait ainsi apparaître une légère progressivité de la TVA. Il varie en effet très peu selon le décile de niveau de vie : de 12,6 % pour le premier décile de niveau de vie à 13,4 % pour le dernier décile. 

Ensuite, l’effet régressif de la TVA serait atténué en prenant en compte une perspective de cycle de vie, c’est-à-dire une mesure à un moment donné. L’approche par le cycle de vie permet de neutraliser les effets de l’épargne « transitoire », qui n’échappe à la TVA que de façon temporaire puisqu’elle sera consommée par la suite. Enfin, l’effet distributif d’une hausse de la TVA ne se limite pas à l’impact sur les prix de consommation. Du fait de mécanismes d’indexation différenciés et plus ou moins automatiques des différents types de revenus (SMIC, prestations sociales, etc.), les ménages seraient impactés à des degrés divers par une variation des taux de TVA entraînant une variation des prix à la consommation. 
 
En l’état actuel, les exonérations et les taux réduits de TVA présentent un faible impact redistributif car l’effet plutôt régressif du taux intermédiaire à 10 % tend à compenser partiellement le faible effet progressif du taux réduit à 5,5 %. Pour autant, même avec un meilleur ciblage des exonérations et des taux réduits, la TVA ne constituerait pas un puissant instrument de redistribution, notamment en raison de la faible différenciation des structures de consommation. 

(3) Le taux d’effort rapporte à leur revenu disponible le montant de TVA payé par les ménages une année donnée.
(4) Le taux de taxation apparent rapporte le montant de TVA payé par les ménages une année donnée à leur consommation totale hors loyers. 

De plus, l’avantage moyen procuré par chaque taux réduit est toujours supérieur pour le dixième décile par rapport au premier décile de niveau de vie, même pour les biens et les services pour lesquels le taux réduit est redistributif. 

Ces écarts sont particulièrement importants pour les postes restauration et hôtellerie où ils sont de l’ordre de 1 à 10. L’avantage procuré par le taux de TVA à 10 % sur les services de restauration est de 11 en moyenne par ménage pour le premier décile de revenus, il va jusqu’à 121 pour le dernier décile. Sur l’ensemble des biens et des services imposés à taux réduits, l’avantage total s’élève en moyenne à 720 pour un ménage du premier décile contre 2 015 pour un ménage du dixième décile. Ces éléments doivent conduire à préférer la fiscalité directe plutôt que la TVA comme instrument de redistribution. Ils confortent le constat du Conseil des impôts sur la TVA dans son rapport de 2001 invitant à « garder à l’esprit qu’elle n’est pas adaptée à la poursuite d’objectifs redistributifs »
 
Ces constats conduisent ainsi à remettre en question un certain nombre de taux réduits. 

Avantage absolu procuré à chaque décile de niveau de vie par le taux à 5,5 % et le taux à 10 % (en Md


Lecture : par rapport à une imposition au taux normal, le taux réduit à 5,5 % procure un avantage de 1,2 Mdau premier décile de niveau de vie, à comportements inchangés.
Source : CPO, à partir du module « taxes indirectes » du modèle Ines (Insee-DREES), enquête Budget de famille 2011. 


Une utilisation possible de la TVA comme un instrument de dévaluation fiscale qui renvoie plus largement aux politiques de compétitivité et d’emploi
La TVA est fréquemment présentée comme pouvant être le support d’une politique de dévaluation fiscale alternative à la dévaluation monétaire dans un régime de changes fixes tel que la zone euro. Les effets attendus d’une telle politique dépendent en premier lieu de la modification du système fiscal choisi qui peut prendre différentes formes (diminution de l’impôt sur les sociétés ou des cotisations sociales employeurs en contrepartie d’une imposition accrue des revenus ou de la consommation voire d’une baisse des dépenses publiques). Les exportations en étant exonérées, une hausse de TVA concomitante à une baisse de la fiscalité pesant sur les facteurs de production doit permettre d’améliorer la compétitivité-prix à l’exportation. Les mesures de type « TVA sociale » constituent l’une des modalités de la dévaluation fiscale. 

À long terme, un basculement du financement de la protection sociale sur la TVA aurait des effets d’autant plus importants que la baisse des cotisations sociales employeurs combinée à une hausse de la TVA (« TVA sociale ») induirait d’abord une baisse du taux de prélèvements obligatoires pesant sur le facteur travail, et se traduirait ensuite par une hausse de l’emploi et non par une hausse du pouvoir d’achat des travailleurs. L’impact d’une dévaluation fiscale via la TVA dépend également de l’effet sur le commerce extérieur et de la réaction des partenaires économiques. Empiriquement, une dévaluation fiscale s’appuyant sur la TVA pourrait avoir des effets significatifs à court terme, qui toutefois s’estomperaient à moyen-long terme. 
 
Du fait de son caractère non coopératif, la dévaluation fiscale est porteuse d’un effet de contagion : les pays qui connaissent une baisse de leur volume d’exportation en raison de la dévaluation fiscale pratiquée par d’autres pays, sont incités à adopter cette mesure à leur tour pour rétablir leur compétitivité-prix. Depuis 2006, quinze États membres de l’Union européenne ont mis en œuvre une politique de dévaluation fiscale en basculant une part de leur assiette fiscale des facteurs de production vers la consommation : l’Allemagne, le Nord de l’Europe, la Grèce, le Royaume-Uni, et la plupart des pays d’Europe centrale et orientale.

Dans le contexte de dévaluation fiscale multilatérale qui caractérise l’Union européenne au cours des dernières années, une politique de dévaluation fiscale en France aurait pu se justifier dans une logique de rattrapage et de compensation de la perte de compéti- tivité liée aux politiques de dévaluation fiscale opérées ces dernières années par ses partenaires européens. Le crédit d’impôt compétitivité-emploi et les mesures décidées dans le cadre du Pacte de responsabilité et de solidarité ont désormais réduit l’acuité du débat sur la dévaluation fiscale en France. 

Le nécessaire recentrage de la TVA sur sa finalité budgétaire
La TVA ne constitue pas un instrument d’incitation économique et de redistribution efficace. Elle doit par conséquent être recentrée sur vocation budgétaire, d’autant plus que son potentiel de rendement reste insuffisamment exploité. 

Plutôt que de procéder à une aug- mentation générale du taux normal ou des taux réduits, susceptible de nuire, au moins à court terme, à l’activité économique, le potentiel de la TVA peut être relevé « à taux constants » en renforçant l’efficacité de cet impôt. 

Le CPO a examiné les différentes options possibles pour dynamiser les recettes de TVA sans se prononcer toutefois sur l’affectation des ressources ainsi dégagées. 

La plupart des pistes d’amélioration du rendement de la TVA suggérées par le Conseil relève de la compétence du législateur national et non des institutions de l’Union européenne. 

La sécurisation de la recette légalement due
Le renforcement de l’efficacité de la TVA passe tout d’abord par une sécurisation de la recette légalement due, c’est-à-dire celle qui devrait en tout état de cause être collectée compte tenu du droit en vigueur. L’administration fiscale dispose de moyens nouveaux pour prévenir, détecter et lutter contre les différents types de fraude ; elle doit les utiliser complètement en liaison étroite avec l’autorité judiciaire, qui dispose également d’instruments efficaces, et avec les administrations fiscales des autres États membres. Certaines propositions innovantes mises en place dans d’autres pays européens, comme la déclaration électronique d’achats, devraient faire l’objet d’un examen attentif. 
 
Une réflexion plus approfondie doit également être conduite à l’échelle européenne mais aussi nationale sur les conditions dans lesquelles la TVA due doit être prélevée sur les activités de commerce en ligne qui bouleversent le cadre traditionnel de calcul et de collecte de l’impôt. Le cadre juridique applicable aux ventes à distance, aux petits envois et aux prestations de services fournies par la voie électronique est à cet égard très insuffisant. La récente proposition formulée par la commission des finances du Sénat d’un « prélèvement à la source » mériterait d’être étudiée plus avant, même si elle présente a priori des difficultés, notamment d’ordre technique. 

L’élargissement de l’assiette
La TVA a été conçue pour s’appliquer à l’assiette la plus large possible afin de garantir sa neutralité. Demeurent pourtant de nombreuses exonérations dont le bien-fondé est insuffisamment évalué à l’instar de celle, coûteuse pour le budget de l’État (de l’ordre de 400 M), bénéficiant aux services à la personne. De plus, même si une remise en cause d’une telle disposition serait neutre pour le solde des administrations publiques, la question de l’assujettisse- ment de certaines activités publiques concurrentielles peut être posée. Une baisse du plafond de la franchise en base, actuellement fixé à 82 000 de chiffre d’affaires, au niveau de la moyenne européenne (32 000 ), sans pénaliser excessivement les entreprises concernées, dégagerait un surplus de recettes non négligeable pour le budget de l’État (au moins 2 Md). 

La suppression des taux réduits inefficaces
Les mesures dérogatoires portant sur les taux de TVA applicables à certains biens ou services méritent une attention toute particulière compte tenu du coût important qu’elles représentent pour les finances publiques (au moins 48 Md). Chacune d’entre elles doit faire l’objet d’un examen à l’aune de quatre critères portant sur leur coût budgétaire, leur efficacité économique, leur finalité et leur caractère plus ou moins redistributif. 
 
Au moins deux dispositifs, étudiés de façon approfondie par le CPO et représentant un montant total de 6,3 Md, n’ont pas démontré leur efficacité d’un point de vue écono- mique, ne répondent à aucun objectif tutélaire légitime et présentent un profil clairement anti-redistributif : le taux de 10 % pour les travaux d’amélioration, de transformation, d’aménagement et d’entretien portant sur des logements et le taux de 10 % bénéficiant aux hôtels-cafés-restaurants. 

Les dix principales dépenses fiscales de TVA (taux réduits) en PLF pour 2016 


Source : CPO. Projet de loi de finances pour 2016, tome II du rapport relatif à l’évaluation des voies et moyens. 

CONCLUSION
La TVA occupe une place majeure dans le système des prélèvements obligatoires en France et constitue l’une des principales réalisations de l’Union européenne en matière d’harmonisation fiscale. Plus de soixante ans après sa création, elle affiche un bilan contrasté. Le principe d’un impôt sur la consommation à paiement fractionné et donnant lieu à un droit à déduction pour les opérateurs économiques a été adopté par la quasi- totalité des pays, à l’excepion toutefois des État-unis d’Amérique. 

Toutefois, l’évolution du droit, concomitant au bouleversement de la nature des échanges économiques, et l’utilisation de cet impôt à des fins de politique économique, l’ont en partie éloignée de ses objectifs fondateurs : la neutralité, la simplicité et le rendement. 
Dans la continuité du rapport du Conseil des impôts de 2001, le CPO souhaite en particulier réaffirmer que, a fortiori, dans un contexte de crise des finances publiques, la couverture des dépenses publiques doit demeurer l’objectif prioritaire de la TVA. La nécessaire amélioration de son rende- ment invite à un réexamen de la pertinence des dispositifs dérogatoires à la fois en termes d’assiette et de taux réduits et à un renforcement de la lutte contre la fraude.

Détails ici en lien:





B) Impôt de Wikiberal

L'impôt est un prélèvement autoritaire et sans contrepartie directe en vue de couvrir les charges publiques (celles de l'État ou d'une collectivité publique).

L'Impôt strictement encadré (position libérale)

Qu'est-ce que la justice fiscale ?

Adam Smith établit quatre règles fiscales immuables dans son Essai sur la richesse des nations (1776), conditions minimales pour ne pas tomber dans l’arbitraire fiscal :
  • égalité : chaque sujet contribue en proportion de ses facultés, c’est-à-dire en proportion de son revenu ;
  • certitude : la portion d’impôt que chaque individu est tenu de payer doit être certaine, et non arbitraire (quand et comment s'effectue le paiement, pour quelle quantité) ;
  • commodité : tout impôt doit être perçu à l’époque et selon le mode qui convient le mieux au contribuable ;
  • économie : tout impôt doit être conçu de manière qu’il fasse sortir des mains du peuple le moins d’argent possible au-delà de ce qui entre dans le Trésor d'État.

Taxation et représentation

Un des principes libéraux concernant la fiscalité est "pas de taxation sans représentation" : celui qui subit la fiscalité a le droit de prendre part aux affaires publiques (au moins indirectement, par la démocratie représentative). C'est la Révolution américaine qui a consacré ce principe déjà énoncé dans le Bill of Rights anglais, les colons américains s'insurgeant contre de nouvelles taxes lors de la Boston Tea Party.

Contre la progressivité de l'impôt 

Les libéraux non libertariens sont en général en faveur d'un impôt proportionnel (du type flat tax), qui laisse intacts les rapports entre les différents revenus nets. En revanche, ils sont opposés à l'impôt progressif, qu'ils jugent confiscatoire et illégitime. La taxation est considérée comme une charge pour couvrir les frais de la production des services offerts par l'État. Au demeurant, l'impôt progressif avait été préconisé par Marx et Engels comme une des premières mesures brutales que devrait prendre le gouvernement révolutionnaire en vue de centraliser les décisions économiques et de renverser in fine la « société capitaliste ».
Dans L'Action humaine, Ludwig von Mises explicite admirablement l'une des raisons de l'opposition libérale à la progressivité de l'impôt, en montrant qu'elle ferme l'accès à la constitution de nouvelles fortunes et profite en fait aux fortunes établies :
« Mais aujourd'hui, les impôts absorbent la plus grande part des profits « excessifs » du nouveau venu. Il ne peut accumuler du capital ; il ne peut étendre sa propre affaire ; il ne deviendra jamais une grande affaire et le rival des situations établies. Les firmes anciennes n'ont pas à redouter sa concurrence, elles sont abritées par le percepteur. Elles peuvent sans danger rester dans la routine, se moquer des désirs du public et refuser le changement. Il est vrai que le percepteur les empêche, elles aussi, d'accumuler du capital neuf. Mais le plus important pour elles est que le dangereux nouveau venu ne puisse pas accumuler de capitaux. Elles sont virtuellement privilégiées par le régime fiscal. En ce sens, la fiscalité progressive entrave le progrès économique et favorise la rigidité sociale. Alors que dans l'économie de marché non entravée la possession d'un capital est une source d'obligation forçant le possesseur à servir les consommateurs, les méthodes modernes de fiscalité la transforment en privilège. »
    — Ludwig von Mises, L'Action humaine, 1949
Pour Friedrich Hayek, la progressivité est "une invitation à la discrimination et le prétexte à un pur arbitraire" (The Constitution of Liberty, 1960). Hayek donnait une autre conséquence provoquée par l'instauration de l'impôt progressif : la déspécialisation. Quelqu'un sachant qu'il sera beaucoup plus imposé en travaillant plus sera désincité à fournir des efforts supplémentaires et préfèrera donc occuper autrement ses heures qu'il aurait normalement consacrées à son labeur. Il optera pour des loisirs ou pour des travaux qu'il exécutera lui-même, évitant ainsi de devoir payer un homme du métier qu'il aurait dû rétribuer normalement avec le salaire récompensant ses propres heures de travail spécialisé.
De plus, Hayek fait un sort à la croyance selon laquelle l'impôt progressif serait bénéfique aux pauvres. Il invoque trois arguments à l'appui de sa thèse :
  1. Les recettes obtenues par l'imposition des tranches élevées des revenus sont plutôt négligeables en comparaison des autres sources fiscales. Elles pourraient tout aussi bien être obtenues en instituant une légère hausse de la proportionnalité.
  2. Les vrais bénéficiaires de l'impôt progressif sont les classes moyennes, et non les indigents.
  3. Par sa propagande laissant croire aux classes moyennes que l'essentiel de la charge fiscale reposait sur les plus fortunés, l'État a réussi à rendre plus tolérable aux contribuables l'augmentation générale de la fiscalité en légitimant ainsi le sentiment d'envie.
Pour Pascal Salin (L'arbitraire fiscal), l'impôt proportionnel ne représente rien d'autre qu'un cas de discrimination sociale, et la progressivité renforce encore ce caractère arbitraire et inégalitaire. Les arguments avancés pour justifier la progressivité de l'impôt sont généralement les suivants :
  • égalisation des sacrifices ("il est normal de demander plus à ceux qui ont plus") ;
  • l'État doit assumer une fonction de "redistribution" et de "solidarité" des "riches" envers les "moins riches".
Le premier argument invoque la loi de l'utilité marginale décroissante, mal comprise et appliquée avec une vision mécaniciste de la société, car l'utilité est un jugement de valeur personnel et il est impossible de comparer l'utilité entre individus différents ; de plus on ne peut parler de "sacrifices", car il n'y a pas de consentement. Le second argument impose une solidarité obligatoire, sans valeur morale ; il n'y a par ailleurs aucune preuve qu'il y ait une redistribution effective vers ceux qui ont réellement besoin d'être aidés.
Maurice Allais, quant à lui, souligne le côté rétrograde de l'impôt progressif :
« L'impôt progressif sur le revenu pénalise les plus capables et favorise indûment les moins capables en les affranchissant de l'impôt. Il constitue un obstacle à la promotion sociale. C'est un impôt conservateur et réactionnaire qui protège la fortune acquise et compromet la constitution de patrimoines pour tous ceux qui ne disposent d'autres ressources que celles de leur travail. »
    — Maurice Allais, Le Figaro du 23 novembre 1975

L'impôt, c'est le vol (position libertarienne)

Impôt et libéralisme

L’impôt n’est pas conforme au principe du libéralisme car il constitue une atteinte à la propriété privée et à la liberté individuelle (comme son nom l'indique, l'impôt est « imposé »[1]). Le prélèvement de l'impôt est fondé par la coercition. La propriété privée concerne à la fois ce qu’un individu possède à un instant donné, et les revenus qu’il retire de son travail ou des biens qu’il possède. Ainsi, l’impôt sur le revenu est une atteinte à la propriété de l’individu sur le fruit de son travail ; l’impôt sur les dividendes est une atteinte à la propriété sur les revenus de ce qu’il possède ; l’impôt sur la fortune est une atteinte à la propriété des biens eux-mêmes :
« L'impôt est contraire au principe de base [du libertarisme] parce qu'il implique une agression contre les citoyens non agressifs qui refusent de le payer. Que le gouvernement offre des biens et services en échange de l'argent des impôts n'y change absolument rien. Le point important est que le soi-disant "échange" (impôt contre services publics) est coercitif : l'individu n'est pas libre de le refuser. Qu'une majorité de citoyens soient d'accord pour la coercition fiscale n'y change rien non plus. L'initiation de l'agression, même supportée par la majorité des gens, est illégitime. »
    — Walter Block, Defending the Undefendable
Alors que beaucoup de personnes estiment que les impôts sont justifiés, soit parce qu'ils réaliseraient une redistribution plus « juste » des revenus (mais on se demande au nom de quel principe d'égalité, puisque le taux de prélèvement est toujours fixé arbitrairement), soit parce qu'ils seraient la contrepartie de services rendus par l'État (éducation, sécurité, voirie, etc.) selon la théorie des biens publics, les libertariens estiment qu'il s'agit d'une extorsion. L'individu ne paye pas en fait des services à un juste prix, il est transformé en payeur aveugle au nom d'un principe collectiviste : fiscalement, il n'y a pas d'affectation des ressources aux dépenses (le butin volé est partagé arbitrairement), et toutes les cours de justice précisent bien que l’impôt est dû « sans contrepartie ». Il n'y a plus pour le citoyen que le choix entre être un esclave (auquel on vole le fruit de son travail) ou un receleur (s'il est bénéficiaire net de l'argent volé).
En résumé, l'impôt est toujours immoral pour les raisons suivantes :
  • absence de consentement : il faudrait que celui qui paie l’impôt y consente librement, et ait la possibilité de refuser ;
  • absence d'affectation : l'impôt devrait être affecté à des dépenses approuvées par celui qui le paie, qui pourrait de plus en vérifier l'affectation (alors qu'en pratique le contribuable ne peut contester le montant de ses impôts en invoquant son désaccord avec l’affectation de tout ou partie des deniers publics)
  • absence d'efficacité : il faudrait que les biens ou les services fournis par l'impôt ne puissent être fournis à de meilleures conditions par le secteur privé, ce que les monopoles publics empêchent ;
  • absence de rétribution : l'impôt devrait être considéré comme un prêt volontaire fait par le contribuable à l'État, il conviendrait donc de le rétribuer par un intérêt conforme aux lois du marché.
Les discussions entre économistes quant à savoir si tel type d'impôt, direct ou indirect, proportionnel ou progressif, serait plus juste que tel autre type d'impôt, sont donc totalement absurdes.

Illusion fiscale

Nuvola apps colors.png Article principal : illusion fiscale.
L'illusion fiscale empêche le citoyen de remettre en question la pertinence de l'impôt qui est levé par le pouvoir et l'emploi qui en est fait.

Social-démocratie

La social-démocratie, tendant vers le socialisme, a tendance à admettre l'idée que l'État a par principe un droit de propriété sur tout ce que possède le citoyen. On parlera par exemple de « cadeau fiscal » lorsqu'il s'agit de baisser tel ou tel impôt. Derrière le mot « cadeau fiscal » il y a l'idée que la totalité des revenus du citoyen appartient en réalité à l'État : l'individu est apparemment censé être content que l'État lui laisse généreusement de quoi vivre, alors qu'avec la taxation il s'agit bien d'une réduction autoritaire et arbitraire de sa propriété en faveur de l'État ! L'État, qui est une cleptocratie, s'ingénie à forger des expressions pour brouiller les idées de ses sujets (un non-vol serait un « cadeau ») et ainsi éviter d'être mis en cause.
L'impôt volontaire, auquel le citoyen est présumé « consentir librement » (article 14 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du citoyen) est un mythe qui ne vise qu'à cacher l'oppression fiscale (essayez, pour voir, de « ne pas consentir » à payer l'impôt, voir Consentement à l'impôt).
Les impôts sont une continuation, avec certaines transformations purement formelles, de l'esclavage : c'est le tribut exigé par quiconque exerce le pouvoir sur les autres. Un esclave, au sens moderne, est celui qui remet la totalité de sa production à son "maitre-propriétaire". Le citoyen contemporain verse la moitié de sa production à l'État, il est donc un semi-esclave de l'État.

L'alternative à l'impôt

Il est évident que certaines fonctions de l’État sont utiles et qu'on ne peut les supprimer, la question est de savoir s'il est nécessaire de les financer par la coercition fiscale et s'il est nécessaire que ce soit la fonction publique (ou le parapublic) qui les prenne en charge. Les solutions libertariennes sont les suivantes :
  • privatisation du maximum d'activités étatiques (par exemple il n'y a aucune raison que l'enseignement, la santé, le réseau routier, la télévision et la radio, la banque, etc. soient pris en charge par l’État) ;
  • les secteurs peu justifiés économiquement (par exemple la culture, le sport, l'assistanat...) seraient pris en charge sur une base volontaire soit par le marché, soit par le milieu associatif (associations culturelles, sportives, caritatives...), soit disparaîtraient d'eux-mêmes (faisant ainsi la preuve de leur inutilité) ;
  • cessation de toute subvention aux associations, aux entreprises, aux syndicats, aux partis, aux églises, etc.
  • concernant les fonctions régaliennes (défense, police, justice), il n'y a pas d'unanimité ; Ayn Rand suggère un impôt volontaire, ce qui est jugé en général illusoire. Dans tous les cas, doivent être respectés :
    • le principe de neutralité de l'impôt : l’État doit laisser jouer les mécanismes du marché et rester en dehors de l'activité économique ;
    • le principe de l'égalité devant l'impôt : impôt égal à capacité contributive égale ;
    • des règles stables dans le temps [2].
Il a existé historiquement plusieurs cas d'États dépourvus de tout impôt et gérés comme des entreprises, comme l'État bernois jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, qui était « un État-entrepreneur domanial »[3] :
Berne était la plus grande république au nord des Alpes, s’étendant des portes de Genève aux portes de Zurich. Ses ressources financières étaient la propriété foncière, les émoluments des offices, les contributions aux routes et le commerce du sel et du blé. En plus, au XVIIIe siècle, les placements à l’étranger fournissaient un septième du budget. (Beat Kappeler, La fin de l’État idéal, Le Temps, 2 juillet 2011)

Courbe de Laffer

Article principal : Courbe de Laffer.

La courbe de Laffer montre qu'au-delà d'un certain seuil, plus la pression fiscale augmente, plus les recettes fiscales diminuent, en raison de l'effet désincitatif sur l'offre de travail (trop d'impôt tue l'impôt).

Synthèse

Dans une perspective libérale classique, un état minimal conduit nécessairement à un impôt minimal, qui n'entrave pas le développement économique (le taux d'imposition est plus proche de 0% que de 100%). En revanche, dans une social-démocratie, l'histoire montre qu'il n'y a pas de limite au taux d'imposition, si ce n'est la désincitation que traduit la courbe de Laffer.
Tel que le conçoivent les libertariens, l'axiome de non-agression aboutit à rejeter le principe même de l'impôt. Les partisans du contrat social, libéraux ou non, arguent que l'impôt fait partie d'un contrat libre passé entre le gouvernement et la population : quiconque n'est pas d'accord peut toujours se libérer du contrat en quittant le pays. En réponse à cette objection, certains libertariens (tendance anarcho-capitaliste) soulignent le caractère fictif du contrat social, qui n'est qu'une justification de l'agression étatique. D'autres (tendance minarchiste) comptent davantage sur la concurrence fiscale entre pays pour « limiter » cette agression.
Il est intéressant d’observer que les origines des droits de l'homme sont liées à la résistance à l'impôt : la Grande Charte (Magna Carta, 1215), la Déclaration d'Indépendance des États-Unis (4 juillet 1776) et la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen (20 Août 1789) ont leurs origines respectives dans la résistance fiscale, sans compter le plus ancien symbole de la liberté connu, le Ama-gi. Max Stirner l'explique ainsi :
«La propriété fut l'étincelle qui mit le feu à la Révolution. Le gouvernement avait besoin d'argent. Il devait dès lors, pour être logique, montrer qu'il était absolu, et par conséquent maître de toute propriété, en reprenant possession de son argent, dont les sujets avaient la jouissance, mais non la propriété. Au lieu de cela, il convoqua des états généraux, pour se faire accorder l'argent nécessaire. En n'osant pas être conséquent jusqu'au bout, on détruisit l'illusion du pouvoir absolu : le gouvernement qui doit se faire « accorder » quelque chose ne saurait plus passer pour absolu. Les sujets s'aperçurent que les véritables propriétaires étaient eux, et que c'était leur argent qu'on exigeait d'eux. »
    — Max Stirner, L’unique et sa propriété

 

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