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novembre 12, 2025

Parti Libéral Français ! Un nouveau mouvement libéral crée vers mars 2025, qui se libère officiellement !

Parti Libéral Français

Pourquoi donc s'appeler PARTI, terme collectiviste par excellence, pourquoi pas Mouvement Libéral de France. Par ailleurs, qu'ancien responsable libéral, très étonnant de n'en n'être absolument aucunement au courant. Force de constater que je sois très actif sur le sujet, voire évolutif au sein de la philosophie de la Liberté malgré mes galères depuis 10 ans. Bienvenue.....Apparemment une "Alternative Libérale 2; mais en plus simple à priori...

Enfin passons, voici leur manifeste:


 

Notre constat

Nous vivons une époque de prospérité exceptionnelle. Partout dans le monde, la pauvreté recule, le niveau d’éducation augmente, des maladies disparaissent, l’espérance de vie explose, les machines nous débarrassent des tâches pénibles. La France, berceau des Lumières et de la liberté, à l’industrie innovante, aurait dû profiter de la mondialisation et libéralisation des échanges commerciaux. Pourtant, le pays a décroché économiquement. Il y a 40 ans, notre revenu moyen était proche de celui des Américains ou des Suisses ; il est aujourd’hui de 30 à 40% inférieur.

La bureaucratie, l’étatisme et des règles absurdes ont organisé le pays autour d’un État dont on attend trop, à la fois omniprésent dans tous les aspects de notre vie et impuissant dans ses missions essentielles. Sur chaque point, le débat public ne gravite qu’autour de la création de nouvelles interdictions, obligations, taxes ou structures administratives ad hoc qui n’ont pas de comptes à rendre sur l’allocation des ressources. Paralysé par un État obèse, le pays a raté la dernière révolution industrielle et accumulé 10 ans de retard sur la transition énergétique qu’il aurait pu mener.

La France dispose encore de nombreux atouts : une longue histoire d’innovation et d’industrie, des infrastructures de qualité, des pôles d’excellence dans la formation, une population relativement jeune pour l’Occident, une tradition laïque qui la préserve en partie des conflits ethniques et religieux. Nous sommes convaincus qu’en la libérant de ses contraintes auto-infligées, la France peut se retrouver à l’avant-garde de l’innovation, lui conférant une place économique et politique de premier plan. 

Nos principes

En tant que libéraux, nous prônons une société fondée sur l’individu et la coopération volontaire entre les humains. Dans cette vision, l’État a la charge de la défense collective des libertés fondamentales : égalité en droit, liberté de pensée et de conscience, liberté de la personne, propriété personnelle. Notre valeur cardinale, c’est la dignité de la personne humaine que nous croyons autonome, libre d’agir et de choisir ses propres fins. 

Notre méthode

Face à une offre politique incapable de rompre avec les racines du décrochage du pays, nous refusons également les solutions magiques et idéologiques, comme l’absurdité décroissantiste ou l’inefficace repli sur soi-même. Nos propositions s’articulent plutôt autour des piliers qui ont fait le succès des démocraties libérales et ont inspiré notre devise : Liberté, Égalité, Fraternité.

  1. Réalisme : nous nous appuyons sur l’expertise technique, les faits et la science, dont les données objectives permettront d'orienter, justifier et évaluer nos choix en fonction de nos objectifs.
  2. Liberté : nous privilégions quand c’est possible les choix politiques qui consistent à permettre plutôt qu’à restreindre, et à retirer des contraintes plutôt qu’imposer de nouvelles normes.
  3. Pragmatisme : nous nous inspirons des politiques qui ont montré leur efficacité ailleurs. Nous expérimenterons de nouvelles solutions et les évaluerons selon leurs résultats.
  4. Consensus : nous faisons le choix, sans renoncer à nos principes, des solutions qui seront acceptables pour le plus grand nombre.

 

Nos objectifs

Retrouver le chemin de la prospérité. La croissance n'est pas qu'un chiffre : c’est ce qui quantifie l’usage efficace que fait l’humanité des ressources naturelles à sa disposition. C'est surtout ce qui permet de financer nos prestations sociales, notre émancipation vis-à-vis des contraintes naturelles, l'investissement dans notre futur. Le décrochage économique du pays n’a rien de fatal. Le maintien de la France dans la moyenne européenne, malgré la dilapidation permanente de dizaines de milliards d’euros dans des dépenses inefficaces, montre que ses bases restent solides. Des changements rapides permettraient donc de relancer l’économie du pays et lui donner les moyens de nos ambitions collectives.

Résoudre la crise du logement. Le secteur du logement est celui où les normes et réglementations inintelligibles se sont le plus empilées pour produire une pénurie sans précédent. Ses conséquences sont graves, parfois mortelles : logements hors de prix, attentes interminables, travailleurs vivant dans la rue, amplification des violences intra-familiales. Les autres partis rivalisent d’imagination pour subventionner la demande en face d’une offre inexistante, ce qui mène à une impasse. C’est l’offre qui doit être soutenue : nous libérerons la construction de logements, pour rendre aux Français du pouvoir d’achat et la capacité pour chacun de faire ses propres choix de vie.

Une fiscalité plus juste et efficace. Les taux de cotisation et d'imposition des classes moyennes compressent les salaires autour du SMIC, conduisant au sentiment que le travail ne paye pas. Nous supprimerons certains impôts injustes et inefficaces, et diminuerons l’imposition sur les salaires pour faciliter les embauches et l’implantation d’entreprises. Les travailleurs modestes ou les parents célibataires ne sont pas des victimes à assister mais ne demandent qu’à vivre confortablement de leurs efforts. Nous remplacerons la taxe foncière au taux arbitraire par une taxe sur le foncier nu, permettant de diminuer l’effet de rente et d’inciter les investissements productifs. Nous réduirons la fiscalité de manière pérenne une fois engagé le désendettement du pays.

Restaurer le niveau éducatif. Les performances inquiétantes des élèves français dans les enquêtes PISA et TIMSS, de même que celles des adultes dans les études PIAAC, ne sont pas inéluctables. Nous ne transigerons pas sur l'acquisition de bases solides et d'un niveau ambitieux, avec un accent mis sur l’évaluation et l’amélioration continue des pratiques pédagogiques. Nous assumons à la fois un accès exigeant à un enseignement supérieur ayant les moyens de sa mission, et un enseignement professionnel valorisé comme garantissant un accès à l’emploi sans négliger les savoirs fondamentaux. Les résultats scolaires d’aujourd’hui sont la force économique et la citoyenneté éclairée de demain.

Simplifier la vie et la loi. Nous mettrons fin à l'inflation réglementaire et normative qui conduit à ce que chaque activité économique ou personnelle puisse devenir un cauchemar de complexité. Dans l'esprit des Lumières, la loi doit être simple et accessible à tous les citoyens.

Renforcer notre souveraineté. Des choix lâches ont conduit à sous-traiter des approvisionnements essentiels à des pays hostiles, dont nous dépendons pour l’énergie, les matières premières ou les produits manufacturés. Une France plus riche, plus écoutée dans l’Union Européenne, avec un État régalien plus fort sera capable de mieux choisir ses partenaires et défendre ses intérêts stratégiques dans un monde instable.

Moins d’État pour mieux d’État. L’État ne saurait être expert de tous les métiers. Nous nous concentrerons sur l'essentiel, ses missions fondamentales : défense, sécurité, justice, éducation et santé. Nous désengagerons progressivement la puissance publique des autres secteurs pouvant être gérés plus efficacement et avec moins de risques de corruption par le privé, en commençant par les plus dispendieux.

Une justice rapide et accessible. Nous mettrons fin au déni de justice dans les cours pénales et civiles, et au règne de l’arbitraire des tribunaux extraordinaires : prud’hommes, tribunaux de commerce, tribunaux arbitraux, CJR. Les citoyens ne doivent jamais être tentés de se faire justice eux-mêmes : cela nécessite une réponse prompte aux délits et aux demandes d’arbitrage civiles, des sanctions justes, leur application rapide à tous les condamnés, et une approche rationnelle et humaine de la réinsertion.

Un système de santé fonctionnel. Nous libérerons le milieu hospitalier de son carcan administratif pour permettre aux soignants d’effectuer leur mission. Nous refusons de voir des gens mourir dans les couloirs des urgences saturées parce qu’une bureaucratie hors de contrôle a supprimé les capacités d’accueil des cas non urgents.

Défendre nos valeurs au niveau mondial. Le libéralisme et la démocratie sont en recul sous l’influence des grandes dictatures du XXIe siècle. Notre continent doit se réarmer pour être crédible à l’international, soutenir sans ambiguïté ses alliés et aider ceux qui aspirent à rejoindre notre modèle, sans céder à aucune tentation impérialiste. Nous accélérerons le renforcement de la défense pour que nos armées puissent faire face à des menaces augmentant en nombre comme en intensité.

Rendre à l’agriculture sa compétitivité. Nous simplifierons l’empilement de contraintes et de subventions qui, à l’échelle française comme à l’échelle européenne, mettent le monde agricole à la merci des marottes politiques du moment. Nous voulons une agriculture durable et rentable, utilisant les atouts de la France et les technologies à notre disposition pour exporter massivement des produits de qualité.

Mettre fin au double standard des normes. Si la vente et la consommation d’un produit importé est autorisée, qu’il soit agricole, minier ou industriel, nous devons permettre que le même produit soit fabriqué sur le sol français. Nous mettrons ainsi fin à la concurrence déloyale subie par notre agriculture et notre industrie, et nous cesserons d’exporter notre pollution dans des pays moins sourcilleux sur le droit social et environnemental. Nous simplifierons le droit environnemental en fusionnant plusieurs taxes, dont la taxe carbone, en une taxe unique sur les externalités négatives prenant en compte l’état des connaissances scientifiques sur chaque produit.

Valoriser la biodiversité. Le service rendu par les espaces naturels doit être pris en compte économiquement pour ses externalités positives, avec le même type d’outils. Pour préserver la biodiversité dans les autres pays, nous imposerons des clauses de réciprocité des normes environnementales dans les traités de libre-échange, qui sont de puissants outils pour exporter nos valeurs et nos idéaux environnementaux. Nous faciliterons ainsi l’export de technologies aidant à réduire la pollution dans les pays émergents.

Une politique climatique efficace. Le réchauffement climatique d’origine humaine est un consensus scientifique inattaquable de bonne foi, et ses effets commencent à se faire ressentir de manière incontestable. Malheureusement, il semble difficile de sortir de politiques clichés issues de croyances sans fondement. Des choix pragmatiques, basés sur la science, sont pourtant en mesure de provoquer un large consensus : déployer massivement les technologies bas carbone qui sont déjà compétitives, adapter notre pays à un climat modifié, et travailler à l’inversion du réchauffement. Il s'agit sans doute, à l'échelle mondiale, du plus grand défi auquel l'humanité a pu être confrontée. La France ne doit pas se cacher derrière sa taille réduite, alors qu'elle peut être en première ligne pour mettre en œuvre des solutions. 

Qui sommes-nous ?

Nous sommes des citoyens issus de nombreuses mouvances politiques : libéraux de différents courants de pensée, de gauche, de droite et le plus souvent sans étiquette. Certains ont dévoré les œuvres des grands penseurs libéraux français, de Montesquieu à Aron en passant par Tocqueville. D'autres souhaitent l'application pragmatique des politiques les plus efficaces, et il s'agit de politiques principalement libérales. Nous ne serons pas d’accord sur tout, mais nous choisissons de nous allier en l’absence d’une offre politique adaptée au pays, alors que nous sommes menacés par l’étatisme débridé des partis traditionnels et la soumission aux dictatures étrangères des partis populistes. Nous partageons le constat que notre pays a besoin d'un choc de libéralisation et de compétitivité, et que personne aujourd'hui ne porte ces idées dans le débat politique. 

Assemblée Générale du Parti Libéral Français

Mardi 9 décembre à 21h

Notre assemblée générale ordinaire de cette année aura lieu le mardi 9 décembre à 21h.

À l’agenda :

  • Présentation financière du parti;
  • Vote de confiance du président — obligation statutaire;
  • Éventuel renouvellement partiel du bureau;
  • Vote définitif du règlement intérieur et de la charte des valeurs;
  • Lancement du Conseil National.

Cette assemblée générale se déroulera en ligne. Une invitation sera transmise aux membres à jour de cotisation via leur compte PLF.

Ouverture des adhésions et des dons

Vous pouvez ENFIN adhérer au PLF, nous faire un don, ou les deux. 

partiliberalfrancais.fr/#adherer

Cette adhésion est payante au prix symbolique de 10 €. Une petite somme qui vous donne beaucoup de pouvoir puisqu’en plus de vous donner un accès à notre documentation électronique via un compte nominatif, elle vous permet de voter sur l’organisation du parti aux assemblées générales, et sur l’orientation programmatique au sein du Conseil National.

Ces fonds sont utilisés pour les frais liés à la vie du parti conformément aux règles établies par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques

L'ouverture de compte en banque d’un parti politique n’est pas chose aisée. Cette étape, ainsi que d'autres démarches, ont retardé cette échéance indispensable à la vie de notre parti. Néanmoins le PLF compte déjà 6 fois plus d'adhérents que LFI et est prêt à vous accueillir  

Vous assurez notre indépendance : sans grand mécène ni soutien politique d'envergure, nous ne dépendons que de vous. Votre contribution finance directement nos frais essentiels : site, domiciliation, outils, campagnes et communication.

Vous faites VIVRE le libéralisme. Les débats sur le budget ne laissent guère de doute : aucun parti représenté à l’Assemblée Nationale ne porte le libéralisme en étendard. Pour prospérer et faire percer nos idées sur la scène politique, nous avons besoin de vous dès maintenant !

Retour sur l'événement de lancement. Découvrez ici le résumé de l'évènement de lancement de mars et notre engagement :

  

 Vous désirez échanger avec nous ? Nous organisons un live Twitch mardi 18 novembre à 21h pour répondre à toutes vos questions ! Voici le lien twitch.tv/nbplive


  Nous invitons nos adhérents à jour de cotisation à notre Assemblée Générale Ordinaire le mardi 9 décembre à 21h, en ligne

À l'ordre du jour : Vote de confiance du Président (obligation statutaire); Présentation financière; Renouvellement partiel du bureau; Lancement officiel du Conseil National, notre instance programmatique. Nous espérons vous y compter nombreux ! 

https://partiliberalfrancais.fr/#adherer 


 

 

 

 

 

 

 

 

novembre 10, 2025

Visions avec Sarah Knafo: Budget 2026 et Présidentielle 2027 ?

"Sarah Knafo, née le 24 avril 1993 issue d'une famille de juifs marocains émigrés en France en 1967, fille d'un ingénieur et d'une mère au foyer, a vite visé les sommets. 

Ses études forment un itinéraire élitiste bien huilé, du genre à empiler les diplômes : licence d'économie à la Sorbonne, master en affaires publiques à Sciences Po, ENA, l'école des futurs commis qui se rêvent en tsars. 

Sa carrière trace un zigzag opportuniste : à peine sortie de l'ENA en 2020, elle se cale magistrate à la Cour des comptes, un strapontin prestigieux. Puis, le virage calculé moins d’un an après : elle abandonne le bureau pour se muer en éminence grise de la campagne d'Éric Zemmour. 

Élue députée européenne pour R! à 31 ans, une planque confortable. Aujourd’hui, à 32 ans, elle se la joue prophétesse du "techno-conservatisme", elle hante CNews et glisse à Zemmour des idées piquées à la Maison Blanche. Éphémère et tape-à-l'œil, cette ascension sent le favoritisme et l'air du temps, taillée pour les buzz. 

 Côté cœurs, le feuilleton vaut son pesant de cacahuètes. À 20 ans, coup de foudre avec Louis Sarkozy, un DJ en herbe, héritier d'un nom qui ouvre toutes les portes de Neuilly aux cercles UMP. Une idylle juvénile intense, qui la catapulte dans les dîners en vue et lui offre un premier aperçu des réseaux sarkozystes : soirées branchées, connexions précieuses, et un flirt qui pue déjà l'ambition mutuelle. Brève mais marquante, cette "amourette" refait surface en mai 2025, quand Louis, lors d'une émission télé le 3 mai, lâche sans filtre : "Nous avons partagé une histoire". Une confidence nostalgique qui fait jaser, ravivant les rumeurs d'un calcul précoce de sa part, et transformant ce passé en anecdote croustillante pour booster son aura de séductrice connectée. Puis, le scandale : en 2021, Paris Match révèle sa romance torride avec Zemmour, son boss de 63 ans, officialisée en 2022 malgré les ragots d'adultère avec sa femme. "Sans elle, pas de campagne", avoue-t-il, mi-amoureux mi-stratège. Aujourd'hui, duo « glamour » de meetings enflammés. 

À 32 ans, Sarah Knafo incarne la girouette de la droite conservatrice : diplômes en toc, lits stratégiques, et une carrière qui file comme une bulle de savon. La République des copains a trouvé sa reine des calculs, cœurs et illusions inclus."

Duval Philippe 


Sarah Knafo de A à Z

Pierre angulaire de la campagne d’Éric Zemmour lors de la dernière présidentielle, Sarah Knafo s’est prise au jeu de l’aventure politique. Aujourd’hui députée européenne, sa grande maîtrise des dossiers et sa très bonne pratique des médias l’ont replacée au centre du jeu. Convaincue de la nécessité d’unir les droites pour l’emporter en 2027, elle s’est livrée comme jamais à la rédaction de Valeurs actuelles. Politique, société, économie, culture, international : c’est un « 100% Sarah Knafo » que nous vous proposons dans ce numéro de notre revue « Grands débats. »  

f.mtr.cool/bqfapzuizs 

 


Budget 2026 : le décryptage choc de Sarah Knafo

Face à un budget français jugé « hors de contrôle » et une avalanche fiscale que dénoncent de nombreux économistes, Sarah Knafo propose un contre-budget audacieux de 80 milliards d’euros d’économies.

Atlantico - Vous avez été la première à proposer un contre-budget, avec 80 milliards d’économies. Quel type de budget préconiseriez-vous ? Quel modèle fiscal serait à même de redonner du souffle aux Français sans mettre en danger le budget ?

Sarah Knafo : Mon modèle est simple : il faut dépenser moins pour taxer moins pour que les Français gagnent plus. Nous avons un déficit très important malgré des recettes fiscales les plus élevées du monde (en % du PIB). En France, nous n’avons donc pas un problème de recettes mais de dépenses. Il faut baisser les dépenses.


 

Nous avons un des coûts du travail les plus élevés d’Europe alors que les revenus des Français sont trop faibles : nous sommes tombés à la 10ème place européenne en termes de revenus ! L’écart entre les deux, ce sont les charges. Notre problème de pouvoir d’achat est donc un problème d’excès de charges. Même solution : pour pouvoir baisser les charges, il faut baisser les dépenses.

J’ai proposé un plan d’urgence de 80 milliards d’euros de baisses de dépenses réalisables dès cette année. Notamment la suppression des aides sociales non contributives aux étrangers (de 15 à 20 milliards d’euros d’économies), la fin de l’aide publique au développement (15 milliards d’économies), la fin du soutien aux énergies renouvelables (8 milliards), la fin de la politique de la ville (8 milliards), la privatisation de l’audiovisuel public (4 milliards), la suppression de 50 000 postes administratifs dans la fonction publique, etc.

J’ai choisi des mesures simples et consensuelles, les plus faciles et rapides à mettre en œuvre. Il faudra aller beaucoup plus loin évidemment mais pour cela il faudra une vraie alternance. Nous le ferons dès 2027, à l’Élysée et à l’Assemblée.


Vous dénoncez une « avalanche fiscale » dont seraient coupables l’essentiel des partis politiques français à l’assemblée nationale. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Dans la séquence budgétaire que nous venons de traverser, nous avons vu la grande masse des partis partir à l’assaut de l’argent avec une rage impressionnante. Cela doit nous alerter. Ce ne sont pas seulement l’entreprise ou l’héritage qui ont été pris pour cibles, mais notre économie tout entière. En réalité, j’observe avec tristesse qu’en matière économique, les partis représentés à l’Assemblée ne se différencient que par les cibles de leurs impôts ou l’ampleur de leurs augmentations, mais le principe même de l’augmentation des impôts fait tristement consensus.

 Plus de quinze impôts viennent d’être adoptés (cf. le tableau ci-dessous). Les députés, tous bords confondus, ont inventé et proposé des impôts par dizaines ! On a assisté à toutes les alliances possibles pour voter ces augmentations d’impôt : LFI et RN pour taxer les grandes entreprises, les superdividendes et les rachats d’action. LFI et les macronistes pour voter l’augmentation de la CSG. Les macronistes et le RN pour taxer les holdings. Les macronistes, le PS et le RN pour le fameux impôt sur la fortune improductive. On dit que l’Assemblée est bloquée mais, ce qui me désole, c’est que lorsqu’il s’agit d’augmenter les impôts, toutes les alliances sont bonnes et ils arrivent à s’entendre. Résultat de cette orgie de taxes, le taux de prélèvements obligatoires augmentera de plus d’un point par rapport à l’an dernier alors que nous sommes déjà le peuple le plus taxé du monde et que l’urgence est de desserrer l’étau.

 

Gérald Darmanin a ironisé sur la politique économique du RN, avec un Jordan Bardella censément libéral dans ses discours, mais qui pratiquerait la « taqiya ». Êtes-vous en accord avec cet avis ?

Le libéralisme « dans les discours », comme vous dites, ça n’existe pas. Le seul libéralisme qui vaille est celui des actes : c’est sur les actes qu’on doit juger les politiques, qu’il s’agisse du RN comme des autres, et les actes ne plaident pas en la faveur des inventeurs de nouvelles taxes. Je ne sonde donc pas leurs cœurs et leurs reins, je ne connais pas leurs intentions, je regarde les faits. Et ce qui ressort des votes, des amendements rédigés, déposés et votés est clair : le RN veut augmenter massivement les impôts des uns (les Français aisés et les grandes entreprises) pour baisser marginalement ceux de certains autres. Ils ne veulent donc pas diminuer les impôts mais les répartir différemment. Je pense au contraire qu’il faut diminuer les impôts pour tout le monde, car tout le monde en paye trop, riches, pauvres, classe moyenne, ménages, entreprises, TOUS ! Et je pense que cet excès d’impôt, à tous les niveaux, étouffe notre économie dans son ensemble.

Quant à Jordan Bardella qui aurait, en son for intérieur, un avis différent de celui de son parti : a-t-il son propre programme économique ? Non, il a le programme du RN. Donc logiquement, on l’a vu défendre les taxes inventées par le RN et les votes du RN à l’Assemblée. C’est une différence objective entre le RN et nous : la souligner, c’est défendre notre économie et permettre aux Français de choisir de la manière la plus lucide possible. J’ai la conviction que l’écrasante majorité des électeurs du RN vote pour le RN malgré son programme économique, et non pour son programme économique. 


Le RN a notamment inventé « l'impôt sur la fortune financière », qui vise à remplacer l'IFI, en taxant la fortune dite improductive. Cet amendement a été porté par le Modem et adopté. Marine Le Pen s'en est félicité. Qu'en pensez-vous ?

C'est encore une catastrophe pour notre économie... L’État taxera donc chaque année la valeur de ce que nos députés considèrent « improductif ». Comme s’ils avaient des leçons de productivité à donner aux Français. Regardons dans le détail :

- Ils estiment que les actions sont improductives, comme l’ont dit le RN et le PS. Or, une action c'est un investissement dans une entreprise. Qu'y a-t-il de plus productif ? L'invention de la société par action fut même l'un des principaux catalyseurs de la prospérité européenne au XVIIè siècle. Quatre siècles plus tard, des politiciens français viennent expliquer au monde que ce système est improductif…

- Ils estiment que les assurances-vie sont improductives. Ces fonds financent les entreprises et les dettes des États, à commencer par la France. En taxant les fonds d'assurance-vie français, nos députés veulent-ils que notre dette, en plus de grossir à vue d’œil, soit toujours plus détenue par des fonds étrangers ?

- Ils estiment que le bitcoin est improductif. Quand de plus en plus de pays font leur possible pour attirer cet or numérique, nos députés font tout pour le faire fuir. Veulent-ils que la France soit le seul pays qui passer à côté de ce trésor ?

- Ils estiment que les œuvres d'art sont improductives. Les collections étrangères, y compris les grands musées étrangers se frottent les mains : ils vont pouvoir acheter à la baisse quelques œuvres de propriétaires français poussés à vendre. Encore du patrimoine qui s'en va.

- Les bijoux de famille, les objets d'art, les bibelots, l'argenterie... ce n'est pas productif ? Peut-être. Mais acquérir ces biens a motivé des générations à travailler dur et à enrichir le pays. Obliger les propriétaires de ces biens de famille à les vendre à des collectionneurs étrangers est-ce bien plus productif ?

- Et puis, surtout, que fera l’État de bien plus productif avec ce qu'il nous prendra ? La bureaucratie, la gabegie, l'assistanat, l'aide publique au développement, les subventions aux associations politisées, l'audiovisuel public, la politique de la ville, les éoliennes… tout cela n'a rien de productif. Et pourtant, l’État est prêt à taxer tout ce qui bouge, tout ce qui travaille, pour continuer à les financer.

Je veux conclure sur un point plus philosophique : taxer le patrimoine, constitué de revenus passés déjà taxés, c’est bel et bien le début du socialisme. Cela signifie que vous ne serez JAMAIS vraiment propriétaire de ce que vous avez. Que l’État pourra toujours exercer une pression financière qui vous forcera à tout vendre. Un tel vote peut paraître anecdotique pour nos députés, mais il est de nature à briser la confiance de ceux qui ont lutté pour posséder quelque chose.


A l’inverse, défendez-vous une politique fondée sur la libre entreprise et le libre commerce ?

Absolument. Depuis des siècles, la France a mené très loin la réflexion sur la liberté politique. Mais la liberté économique est restée un parent pauvre : elle est considérée comme moins essentielle, moins défendable, et même moins belle que sa sœur politique. Eh bien, c’est une grave erreur philosophique. Les classiques du libéralisme nous apprennent que le droit de propriété n’est pas moins important que le droit de vote. Si on vous retire le droit de posséder le fruit de votre travail, on vous retire tout : on fait de vous un esclave. Et le XXème siècle nous l’a amplement démontré : les régimes qui ont nié le droit de propriété ont fait des dizaines de millions de morts. En France, nous n’en sommes pas là, mais chaque nouvelle taxe et chaque nouvel impôt sont des réductions de notre liberté économique et, de réduction en réduction, on aboutit lentement mais sûrement à une destruction de la liberté tout court.

Cela, le peuple suisse ou le peuple américain le comprennent parfaitement. Chez eux, si vous touchez à la liberté économique ou au droit de propriété, vous le payez très cher dans les urnes. Ces peuples ne laissent pas faire, parce qu’ils savent. Le fait que l’État nous prenne la moitié de ce que nous gagnons devrait nous révolter au plus haut point, et nous inciter à demander des comptes à quiconque veut créer un nouvel impôt ou une nouvelle taxe - ou, ce qui revient au même, une nouvelle dépense. Nous devons devenir extrêmement sévères à l’encontre tous de ceux, de gauche, de droite ou du centre, qui alourdissent la charge fiscale. La France peut apprendre à aimer la liberté économique comme un bien aussi précieux que la liberté politique.

C’est ce changement radical de regard, que l’on peut qualifier de révolutionnaire, que je veux provoquer. Concrètement, il faut beaucoup moins de taxes, de contraintes, de normes, de règles. Et ce ne sera pas le far-west pour autant ! Dans les années 70, le code de l’environnement, le code de la ruralité, le code du travail, le code des impôts et le code de la sécurité sociale pesaient plusieurs kilos de moins qu’aujourd’hui et le pays était convenablement administré. Il faut que l’État intervienne beaucoup moins dans l’économie car à chaque fois qu’il le fait avec des aides, des incitations, des surtaxes, des bonus et des malus... c’est toujours un fiasco. Il faut défendre l’économie, celle de ceux qui créent, et qui sont innombrables. L’épicier, la caissière, le cultivateur, l’indépendant, créent chaque jour. Bernard Arnault crée. Je veux une France qui crée parce qu’elle aime s’enrichir. Enfin, que l’on laisse notre peuple créer ! C’est ça, la prospérité, et ça n’est rien d’autre. C’est à notre portée.

Sarah Knafo

https://atlantico.fr/article/decryptage/budget-2026-le-decryptage-choc-de-sarah-knafo 

 

 


« Non à l’usine à taxes, oui à la baisse massive des dépenses » : le contre-budget de Sarah Knafo

Alors que l’examen du budget a commencé à l’Assemblée nationale, l’eurodéputée Reconquête présente un « contre-budget d’urgence » pour faire face à l’avalanche fiscale présentée par le gouvernement.

Sarah Knafo est députée européenne (Reconquête) et membre de la Commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie. Elle a été magistrate à la Cour des comptes.


 

Comment résumer notre situation économique ? Par une avalanche fiscale et une fuite en avant dépensière, que le budget Lecornu aggrave encore. Avec 15 nouvelles taxes, ce budget est une véritable usine à taxes, qui augmente les prélèvements obligatoires de 40 milliards et la dépense de 29 milliards. Je propose un contre-budget, qui diminue les prélèvements obligatoires de 20 milliards et les dépenses de 80 milliards.

Rappelons que la France n’a pas un problème de recettes - elle a le taux de recettes sur PIB le plus élevé au monde (43 %) ! Elle a un problème de dépenses, avec le taux de dépenses publiques le plus élevé au monde (57 %). On aura beau augmenter les impôts, tant que l’on ne baissera pas massivement les dépenses, la dette se creusera inexorablement. Et c’est prévu dans ce budget : une augmentation…

https://www.lefigaro.fr/vox/economie/non-a-l-usine-a-taxes-oui-a-la-baisse-massive-des-depenses-le-contre-budget-de-sarah-knafo-20251021



Monsieur le Ministre, 

Chez nous, les narcotrafiquants opèrent en plein jour. Ils ont pignon sur rue dans nos banlieues. Ils contrôlent des pans entiers de notre territoire. Ils font la loi dans nos prisons... mais vous allez « traquer » ceux qui opèrent sur un autre continent. 

C’est Jean-Noël Barrot à Paris, Jean-Fidel Castro à Bogota ! 

Chez nous, les douaniers manquent de moyens pour contrôler nos propres frontières, mais vous nous prenez 200 millions d’euros de plus pour aller former des douaniers colombiens et ouvrir une école de lutte contre le narcotrafic près de Punta Cana. Les cartels doivent trembler ! 

Vous avez raison : mieux vaut en rire qu'en pleurer.

Sarah Knafo 

 


C’est bien une "bombe" politique. Sarah Knafo a émergé dans le champ politique comme un ovni. Elle a ouvert sa voie en grand, au talent, à l’excellence, à la compétence et au mérite.
" Le talent sans génie est peu de chose. Le génie sans talent n’est rien ” disait Paul Valéry. Le talent, c'est le relief donné à la platitude. Elle n’est donc pas comme les autres. C’est une "bombe".
Son génie politique est personnel. C’est celui qu'elle a reçu, qu’elle perfectionne, qu'elle façonne et qui fera son destin.
 
Certains mettent tout leur génie à faire oublier qu'ils n’ont aucun talent.
Sarah Knafo a les deux. Elle brille. Elle influence. Elle rayonne. Elle détonne. Elle est fulgurante.
Elle a également l’esprit libre, du bon sens, des idées larges et de la hardiesse. 
 
Députée européenne, elle a des ambitions et des solutions pour la France. Elle est chargée de convictions de droite que je ne retrouve pas au Rassemblement national et qui se perdent chez les Républicains.
Elle est solide. Elle est convaincante. Elle est sûre d’elle.
Elle est originale, parce qu'elle maîtrise son talent et son génie politique. Elle sait utiliser ces deux forces dans le combat politique.
Elle a surtout du courage. Celui qui fait tant défaut aujourd'hui dans la classe politique.
Et ça inquiète.
Son talent, c’est donc son courage, son potentiel et son audace. Son génie, c’est son réservoir d’idées et ses capacités à les déployer avec habileté, pertinence et fulgurance. 
 
" Ayez du talent, on vous reconnaîtra peut-être du génie. Ayez du génie, on ne vous reconnaîtra jamais du talent.”
 
SarahKnafo va aller incontestablement très loin. Elle a du talent ET du génie politique.
Je ne cherche pas à l’encenser pour lui réclamer quelque chose. Non. Je n’ai besoin de rien. Et je ne touche aucun dividendes pour mes réflexions.
Je veux juste faire ressortir ses qualités objectives que beaucoup de politiciens n’ont pas.
C’est aux électeurs de choisir leurs représentants. Ce n’est pas au système ni aux journalistes mitants et partisans de les sélectionner pour nous. »"
 
Yann Bizien
 

 

novembre 01, 2025

Plus de Liberté moins d'état ! Entre démanteler les fondements étatique comme les mythes au sein de la plèbe !

Pour éviter une défaite certaine et préserver l'espoir d'un véritable idéal de liberté, nous devons démanteler non seulement les fondements théoriques du système étatique, mais aussi les mythes historiques qui alimentent sa légitimité dans l'opinion publique. 

 Oscar Grau

Mon article sur @LibertarianInst

 


 

Le droit est une institution sociale indépendante de l'État. Il reconnaît explicitement les principes de justice, qui ne peuvent être considérés comme universels et constants qu'en tout temps et en tout lieu. Ces principes servent non seulement à rendre la justice, mais aussi à juger de la justice des lois appliquées dans toute société. L'État s'arroge le droit par la force et l'idéologie, monopolisant le pouvoir de décision final et s'érigeant en juge suprême de tous les conflits et crimes, y compris ceux impliquant l'État lui-même. L'État devient ainsi à la fois juge et partie dans ses propres affaires. 

Néanmoins, pendant des siècles avant l'émergence de l'État moderne, des juridictions concurrentes et parfois imbriquées ont coexisté en Europe en matière de vie sociale et de résolution des conflits. Cela ne tenait pas à une méconnaissance du droit comme institution sociale de résolution des conflits et des litiges, ni à l'absence de procédures et de justifications pour les sanctions ou les réparations. Au contraire, des contextes culturels et politiques différents tendaient à engendrer des juridictions distinctes pour les différentes questions de la vie. De fait, ce système s'est avéré plus efficace pour promouvoir la paix et faire respecter la justice que l'étatisme actuel.

Les lois étaient considérées comme allant de soi. Il était donc très rare d'en créer ou d'en proposer de nouvelles. Comme le raconte le philosophe libertarien Hans-Hermann Hoppe, la loi était perçue comme une chose éternelle, une simple découverte : 

 « On apprenait ce qu'elle était. Toute nouvelle loi était d'emblée considérée avec suspicion, car la loi devait être ancienne, elle devait avoir toujours existé. Quiconque proposait une nouvelle loi était automatiquement discrédité, soupçonné d'imposture. Les sujets, les locataires, avaient le droit de résister. Autrement dit, ils n'étaient soumis à leurs seigneurs en aucune circonstance, car, comme je l'ai dit, il existait une loi éternellement valable, qui protégeait autant le locataire que le propriétaire. Si le propriétaire enfreignait cette loi, les locataires avaient le droit de résister, jusqu'à tuer le propriétaire. »

Les monarchies étaient autrefois le prolongement semi-organique de sociétés sans État, ou, comme le dirait Hoppe, « d'ordres sociaux naturels structurés hiérarchiquement ». Les rois étaient les chefs de familles élargies, de clans, de tribus et de nations, exerçant « une grande autorité naturelle, librement reconnue, héritée et accumulée sur plusieurs générations ». C'est au sein de ces ordres sociaux, ainsi que de ceux des républiques aristocratiques, que le libéralisme classique s'est développé et a prospéré. Puis, les monarques se sont enivrés du pouvoir et les centralisations absolutistes ont commencé. C'est donc l'absolutisme, et non le libéralisme classique, qui fut la principale cause de la fin du féodalisme. L'absolutisme a donné naissance à l'étatisme, c'est-à-dire au monopole territorial forcé du pouvoir de décision ultime et du pouvoir de percevoir les impôts. Pourtant, bien que loin d'être parfait, comme le note Hoppe, l'ordre féodal du Moyen Âge ne présentait que quelques lacunes fondamentales en matière de droit qui nécessitaient d'être améliorées.

Je ne prétends pas ici que cet ordre fût parfait, un véritable ordre naturel… En réalité, il était entaché de nombreuses imperfections, notamment l’existence, en de nombreux endroits, de l’institution du servage (bien que le fardeau imposé aux serfs fût alors modéré comparé à celui qui pèse aujourd’hui sur les serfs fiscaux). J’affirme seulement que cet ordre s’approchait d’un ordre naturel par : a) la suprématie et la subordination de tous sous une seule loi ; b) l’absence de tout pouvoir législatif ; et c) l’absence de tout monopole légal sur la justice et l’arbitrage des conflits. J’affirme également que ce système aurait pu être perfectionné et maintenu quasiment inchangé par l’intégration des serfs. 

Principalement en réaction aux abus de l'absolutisme, le libéralisme classique s'est progressivement répandu en Europe aux XVIIIe et XIXe siècles, devenant pendant plus d'un demi-siècle le mouvement idéologique dominant en Europe occidentale : 

« Il était le parti de la liberté et de la propriété privée acquise par l'occupation et le contrat, attribuant à l'État le seul rôle de garant de ces lois naturelles. »

 Hoppe explique que le libéralisme classique était centré sur les notions de propriété de soi, d'appropriation originelle des ressources naturelles, de propriété et de contrat. Partant du principe que tous les hommes étaient soumis aux mêmes principes universels de justice, aucun gouvernement ne pouvait se justifier s'il ne découlait pas d'un contrat explicite entre propriétaires privés. Néanmoins, malgré l'importance accordée aux droits universaux, qui plaçait les libéraux classiques en opposition radicale avec tous les gouvernements établis, l'erreur fondamentale du libéralisme classique persistait dans sa théorie du gouvernement. Comme le souligne Hoppe à propos de la Constitution américaine : 

 « Comme le stipule la Déclaration d’indépendance, le gouvernement est censé protéger la vie, la propriété et la recherche du bonheur. Or, en accordant au gouvernement le pouvoir de lever des impôts et de légiférer sans consentement, la Constitution [et donc le gouvernement] ne peut en aucun cas garantir cet objectif, mais devient au contraire l’instrument même de l’atteinte et de la destruction des droits à la vie, à la liberté et à la recherche du bonheur. Il est absurde de croire qu’une institution qui peut lever des impôts sans consentement puisse être un protecteur de la propriété… qu’une institution dotée de pouvoirs législatifs puisse préserver l’ordre public. Il faut plutôt reconnaître que la Constitution est elle-même inconstitutionnelle, c’est-à-dire incompatible avec la doctrine même des droits naturels de l’homme qui a inspiré la Révolution américaine. »

Hoppe complète ce propos en soulignant que le gouvernement démocratique, c'est-à-dire l'accès libre et égal au pouvoir, est incompatible avec le concept libéral classique d'une loi universelle, applicable à tous, en tout temps et en tout lieu. Selon Hoppe, à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, la transition de la monarchie à la démocratie a entraîné un déclin constant de l'influence des partis libéraux classiques, conjugué à un renforcement des socialistes de toutes tendances. Et les conséquences imprévues pour les défenseurs du libéralisme classique n'ont fait que s'accumuler depuis lors. 

Bien sûr, un État libéral classique n'est pas un État socialiste contrôlant l'ensemble de l'économie. Mais le problème résidait dans le risque de voir l'État existant dériver vers un modèle socialiste.

À cet égard, l'espoir même fondé sur l'idéal d'un gouvernement limité perpétue l'étatisme et, plus précisément, le socialisme : 

 « Il ne peut y avoir de socialisme sans État, et tant qu'il y a un État, il y a socialisme. L'État est donc l'institution même qui met le socialisme en œuvre ; et comme le socialisme repose sur une violence agressive dirigée contre des victimes innocentes, la violence agressive est inhérente à tout État. »

Il est vrai que le mouvement libéral classique a contribué à freiner et à dénoncer les pulsions bien plus destructrices des socialistes. Tandis que les libéraux classiques nourrissaient un optimisme excessif quant à un État limité, les socialistes ont poussé l'institution étatique jusqu'à la collectivisation des moyens de production afin d'intervenir pleinement dans la vie économique. Cependant, en préservant les pouvoirs essentiels de l'État, les libéraux classiques se sont condamnés, ainsi que leurs idéaux, à devenir asservis à ce même État. Et, en effet, quoi de plus pervertissant pour la défense des droits universaux que l'idée qu'une institution qui, par essence, viole ces droits doive être maintenue au nom de leur protection ?  

De même, Hoppe écrit que la multiplicité des contre-pouvoirs institutionnels, caractéristique d'une république démocratique moderne, est en réalité l'expression de l'expansion de l'étatisme : 

« Il s'agit de contre-pouvoirs internes au gouvernement, qui présupposent d'emblée l'existence même du gouvernement et l'exercice du pouvoir gouvernemental. L'existence d'une constitution et d'une cour constitutionnelle, par exemple, ne constitue pas une limitation du pouvoir gouvernemental. Au contraire, en tant que composantes intégrantes de l'appareil d'État, ce sont des instruments institutionnels d'expansion du pouvoir étatique. »

En fin de compte, le système de freins et contrepoids et les différentes branches du gouvernement, historiquement défendus par les libéraux classiques, ont permis une meilleure organisation des intérêts particuliers à l'origine de l'exercice du pouvoir d'État. Tout cela a rendu la structure du pouvoir étatique plus acceptable aux yeux de l'opinion publique. Les classes financées par les contribuables et l'ensemble de l'appareil d'État se sont développés. Le rôle de l'État dans la société s'est accru. Chaque nouvelle loi étatique a commencé à être perçue avec une approbation générale croissante de la population, et les principes universels de justice ont été relégués au second plan au profit du droit public, c'est-à-dire du droit étatique : 

« Tant qu'ils agissent en qualité officielle, les agents d'un gouvernement démocratique sont régis et protégés par le droit public et occupent de ce fait une position privilégiée par rapport aux personnes agissant sous la seule autorité du droit privé (notamment parce qu'ils sont autorisés à financer leurs propres activités par les impôts imposés aux sujets de droit privé).» 

Le monopole étatique de la justice ne peut supprimer la possibilité de résoudre les conflits indépendamment de ce monopole. Et ce monopole constitue en réalité l'institutionnalisation de l'injustice. Ainsi, au nom du libéralisme classique, la justice a continué d'être pervertie au profit de l'État. À juste titre, Hoppe clarifie davantage le problème en ajoutant un raisonnement économique à l'équation :

« …la même logique qui pousse à accepter l’idée que la production de sécurité par les entreprises privées constitue la meilleure solution économique au problème de la satisfaction du consommateur contraint également, du point de vue des positions morales et idéologiques, à abandonner la théorie politique du libéralisme classique et à franchir le pas, certes modeste mais néanmoins décisif, vers la théorie du libertarianisme, ou anarchisme de la propriété privée.» 

 En un sens, ce pas décisif n’est rien d’autre qu’un retour au passé, et plus précisément au Moyen Âge. Il s’agit de reconnaître cette période de l’histoire comme une représentation contraire à l’ordre social étatique actuel – comme le décrit Hoppe, « un exemple historique à grande échelle et durable de société sans État ». Aujourd’hui, bien que de nombreux libertariens refusent encore d’accepter cet exemple, l’étatisme continue de progresser, et l’époque de l’absolutisme apparaît presque comme un paradis de liberté comparée à l’intervention actuelle de l’État dans la vie des individus. Les partis politiques se réclamant du libéralisme économique, partout dans le monde, se transforment de plus en plus en représentations malheureuses, voire corrompues, d'une prétendue lutte contre l'étatisme. Or, plus les objectifs et les préoccupations de ces partis sont « réalistes » ou « pratiques », plus le radicalisme populaire nécessaire à une véritable transformation sociale face à l'étatisme s'amenuise.

Pour éviter une défaite certaine et préserver l'espoir d'un véritable idéal de liberté, il est essentiel de démasquer l'ensemble du système juridique étatique et d'embrasser une quête libertarienne d'un grand récit historique. Car on ne peut lutter contre un système juridique sans réfuter à la fois ses fondements théoriques et les mythes historiques qui alimentent sa légitimité dans l'imaginaire collectif.

Oscar Grau


 

 Oscar Grau est musicien et professeur de piano. Depuis 2018, il promeut le libéralisme et l'école autrichienne d'économie. Depuis 2021, il dirige la section espagnole du site officiel de Hans-Hermann Hoppe. Ses autres travaux sont disponibles sur le site de l'Institut Ludwig von Mises et dans la revue Unz Review. 

Source: https://libertarianinstitute.org/articles/abandoning-classical-liberalism-with-hans-hermann-hoppe/ 

octobre 31, 2025

Alexis de Tocqueville, voyageur et acteur des révolutions libérales.

 

Abbatiale de Saint-Maixent-l’Ecole, Deux-Sèvres.

Photographie : T. Guinhut.

 

 

Alexis de Tocqueville,

voyageur et acteur des révolutions libérales.

Par Françoise Mélonio, Michel Onfray

& Raymond Boudon.

 

 

Françoise Mélonio : Tocqueville, Gallimard, 2025, 624 p, 27 €.

 

Alexis de Tocqueville : De la Démocratie en Amérique, Œuvres II,

La Pléiade, Gallimard, 2001, 1232 p, 68,50 €.

 

Alexis de Tocqueville : Quinze jours au désert, Le Passager clandestin, 2011, 112 p, 16 €.

 

Michel Onfray : Tocqueville et les Apaches, Autrement, 2017, 208 p, 18 €.

 

Raymond Boudon : Tocqueville aujourd’hui, Odile Jacob, 2005 304 p, 29,90 €.

 

 

L’on croit connaître Tocqueville si l’on a dit qu’il est l’auteur de De la démocratie en Amérique, dans laquelle il fait l’éloge de la constitution et de la libre entreprise des Etats-Unis. Tout en s’interrogeant sur la passion démocratique de l’égalité qui peut conduire, via la tyrannie de la majorité et l’état tutélaire, à l’acceptation de la servitude. Mais qui est cet homme, comment est-il devenu le penseur et l’acteur des révolutions libérales que nous connaissons trop peu, par quelles enquêtes et voyages ? Opportunément, Françoise Mélonio nous livre une roborative biographie, quand, quoique l’on puisse trouver ce texte en Pléiade, un éditeur qui se veut « clandestin », ose mettre en avant les Quinze jours au désert américains de notre cher Tocqueville. Aussi verra-t-on comment, au milieu du XIX° siècle,  il considère avec une empathie diverses les Indiens américains, les noirs et les Algériens, ce qui suscite l’ire de Michel Onfray. Reste à considérer, à l’aide Raymond Boudon, l’héritage trop oublié d’un Tocqueville libéral que la France d’aujourd’hui méconnait absurdement.

Les biographies de Tocqueville ne manquent pas ni ne sont sans mérites, telles celles de Brigitte Krulic[1] ou d’Olivier Zunz[2]. Mais elles pâlissent devant l’apparition de celle de Françoise Mélonio, opus tout autant soigneusement documenté, foisonnant, qu’agréable à lire, tout entier en faveur de cet « éducateur de la démocratie ».

Lorsque l’on nait en 1805 dans une famille d’aristocrates normands, l’on a forcément derrière soi « un héritage d’échafaud », mais aussi, après 1815, lors de la Restauration, un père, Hervé, plusieurs fois préfet. Très vite, le jeune homme devient déiste, et au conservatisme de l’aristocratie légitimiste il préfère les valeurs issues des Lumières. Une fois acquis son diplôme de Droit, en 1826, il entame un grand tour en Italie, de Naples à la Sicile, où il est frappé par « le despotisme politique et social ». Nommé juge à Versailles, il se fait en ce milieu un ami de toute la vie : Gustave de Beaumont. Navré par l’étroit conservatisme de Charles X, puis la révolution de 1830, il accepte le régime de Louis-Philippe, tout en restant attaché au concept d’une monarchie parlementaire plus libérale.

 

C’est alors qu’il part, en 1831, avec son ami, en Amérique, sous couvert d’y étudier le système pénitentiaire, dont le taux de récidive et le coût sont plus faibles qu’en France.  Ce qui donnera lieu à une publication en 1833. Mais il s’agit surtout de savoir pourquoi « une vaste république est praticable ici, impraticable là ». Il découvre une démocratie égalitaire unique au monde, mue par la nécessité de faire de l’argent, « critère plus souple que la naissance », et traversée par des courants réformateurs « en faveur de l’abolition de l’esclavage, de l’humanisation des prisons, du droit des femmes et du développement de l’instruction publique ». Il explore les forêts lointaines, le Canada français, Boston, le Mississipi. Le voilà choqué par la pauvreté brutale, minée par l’alcool, des Indiens, par la déportation des tribus, par la ségrégation à l’encontre des Noirs.

C’est en deux parties que parut cet essai devenu classique du libéralisme et de la sociologie : De la Démocratie en Amérique, en 1835 puis 1840. Au-delà de la mission qui l’envoya observer le système pénitentiaire américain, Tocqueville élargit sa réflexion et prit de la hauteur pour offrir une pensée politique d’une étendue considérable. La première partie est essentiellement une analyse de la confédération, quand la seconde est plus critique, non sans proposer des comparaisons avec les modes de vie et les législations de l’ancienne Europe. Mue par la passion de la liberté, avertie des vexations imposées par l’Etat, depuis l’indépendance gagnée de haute lutte sur l’impérialisme anglais, les Etats-Unis d’Amérique usent du libéralisme politique et économique au service du progrès humain, à condition de ne pas souffrir avec excès de la différence entre le riche et le pauvre. L’égalité des conditions, civile et juridique, est un gage de démocratie, ce en quoi Tocqueville est fidèle à Benjamin Constant. Voilà la perspective proposée à l’Europe et à la France.

Mais cette passion de l’égalité, peut devenir dangereuse pour les libertés des citoyens, encourageant le conformisme et menaçant les différences et réussites individuelles. L’empire de la majorité fait mieux que les bûchers pour détruire les livres subversifs, « elle a ôté jusqu’à la pensée d’en publier ». Ce qui est une préfiguration des concepts d’autocensure et de l’intimidation par la masse.

Bientôt, Tocqueville en arriva au concept de « despotisme démocratique », étant donné l’emprise de la tyrannie de la majorité : « Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire (…) Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire (…) il rend moins utile et plus rare l’emploi du libre-arbitre (…) le souverain étend ses bras sur la société tout entière ; il en couvre la surface d’un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule, il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige ; il force rarement d’agir, mais il s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse ; il ne détruit point, il empêche de naître ; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète (…) un pouvoir unique, tutélaire, tout puissant, mais élu par les citoyens[3] ».

 

Françoise Mélonio n’a pas tort de penser que notre philosophe et sociologue tire de l’Amérique, «  une vision exagérément irénique », du moins par contraste avec la France de son temps. Cependant l’on a compris que la démocratie recèle en son sein de dangereuses espérances…

Moins célèbre est L’Ancien régime et la révolution. Livre d’historien, certes, mais aussi d’analyse politique, qui « traque l’origine du penchant des Français pour les Bonaparte », soit pour les hommes providentiels, voire les tyrans…

Pour revenir à la savante biographie de Françoise Mélonio, grâce à elle l’on sait tout ou presque sur la famille de notre cher Alexis de Tocqueville, ses deux frères, moins brillants, sa carrière judiciaire déçue, son travail de parlementaire. Mais aussi sur sa maîtresse Marie, qu’il finira par épouser, alors que sa fidélité lui permettra de veiller – avec l’ami Beaumont – sur ses manuscrits et leur publication, après la mort précoce de notre sociologue et philosophe politique, en avril 1859, soit à l’âge encore tendre de 54 ans.

Et loin de n’être qu’une biographique narrative, il s’agit là d’une biographie intellectuelle et conceptuelle. C’est « éclairer, à travers un parcours individuel, l’Histoire politique et intellectuelle du XIX° siècle et celle, en amont, de la Révolution », mais plus encore permettre au libéralisme économique et politique de se voir justifiés par l’acuité de l’observation et de la pensée. Tocqueville ne fut romantique que dans sa passion des libertés et des grands espaces américains, mais plus exactement un héritier des Lumières, tant la liberté individuelle et de la presse devait être pour lui le pilier de la démocratie libérale.

Glissons vers des versants méconnus parmi l’œuvre de ce chantre du libéralisme.  Par exemple grâce aux éditions Le Passager clandestin de nous ouvrir des yeux curieux. Car ces Quinze jours au désert sont un précieux journal de voyage dans les profondeurs du Michigan, en 1831. L’auteur parcourt une nature qui le stupéfie par sa vide immensité, en une perspective digne du sublime romantique, où les colons font preuve d’une force physique et morale extraordinaire en vue d’y construire un pays neuf « qui marche à l’acquisition des richesses ». Mais admirant ces villages qui deviennent des villes, déplorant l’abattage des arbres, il est « en quête des sauvages et du désert ». Qui eût cru qu’un tel penseur allait faire preuve de tant d’empathie envers les Indiens, ce « peuple antique, le premier et légitime maître du continent », qu’il allait s’alarmer du comportement des blancs, de leur « égoïsme froid et implacable lorsqu’il s’agit des indigènes » ? Sa première rencontre est pourtant décevante : « Aux vices qu’ils tenaient de nous se mêlait quelque chose de barbare et d’incivilisé qui les rendait cent fois plus repoussants encore ». L’eau de vie qui dévaste leur santé permet aux nouveaux Américains de se déculpabiliser, bien qu’ils la leur vendent… Enfin, il est touché par leur « charme réel », leur fierté, leur bonté, leur attachement à la vie dans la nature, leur « indépendance barbare ». Sans céder au mythe du bon sauvage, Tocqueville, sociologue perspicace, est un humaniste attentif à la condition humaine, y compris des femmes des colons, des métis, ainsi qu’à la variété des religions chrétiennes qui n’empêchent malheureusement pas « le sort final réservé aux races sauvages », soit les massacres, l’exil vers de pauvres pâturages, des réserves arides…


Nous ne partagerons pas forcément les convictions de Tocqueville sur la colonisation de l’Algérie. Pourtant il ne faut en rien oublier que la prise d’Alger, en 1830, fut orchestrée pour mettre fin aux pirateries, pillages et réductions en esclavage par les navires barbaresques venus de ce même port. Ainsi cessèrent enfin ces violences séculaires. Est-ce à dire qu’il fallait compléter la chose par la colonisation de l’Algérie ? Une expédition guerrière coûteuse mobilise des effectifs militaires importants et des moyens financiers considérables. Parmi les personnalités politiques, certaines exigent le retrait des troupes françaises, d’autres préconisent une occupation limitée, d’autres enfin sont en faveur de l’extension de la domination et de la colonisation.

Rappelons-nous à cet égard que Jacques Marseille[4], pensant d’abord établir les bénéfices de la colonisation en faveur de la France, finit par s’apercevoir qu’au contraire, en exportant hommes, matériaux, capitaux et subventions, l’affaire fut largement déficitaire… L’on se doute que, malgré le travail scrupuleusement documenté de l’historien, une cohorte de bien-pensants gauchisants le vilipende à l’envi.

Pour revenir à notre Tocqueville, alors qu’il était déjà nanti d’une abondante documentation, il est nommé membre d’une commission extraordinaire attachée à l’Algérie. En 1841, puis 1846, son enquête soucieuse lui permet de découvrir villes, villages, de faire connaissance avec la population indigène, et d’abord « l’état social et politique des populations musulmanes et orientales : la polygamie, la séquestration des femmes, l’absence de toute vie publique, un gouvernement tyrannique et ombrageux[5] ». Découvrant également les acteurs français, et sans guère hésiter, Tocqueville approuve la colonisation, y compris avec le recours de tribunaux d’exception qui relèvent du droit de la guerre.


Le prolixe et bavard Michel Onfray, familier une fois de plus de l’emporte-pièce, n’hésite pas à déboulonner la tocquevillienne mémoire, usant du réquisitoire à l’envi. Tocqueville et les Apaches, sous-titré « Indiens, nègres, ouvriers, Arabes et autres hors-la-loi », permet de dévoiler un penseur de la démocratie et de la liberté qui justifie le massacre des Indiens d’Amérique, l’apartheid entre Noirs et Blancs, la violence coloniale en Algérie, le coup de feu contre les ouvriers quarante-huitards. Pour Michel Onfray, « si l’on est blanc, catholique, Européen, propriétaire, Tocqueville est le penseur ad hoc », trois qualificatifs fort exagérément dépréciatifs.

Tocqueville désapprouve moins « la grande plaie » de l’esclavage par empathie humaniste que pour cause d’une rentabilité économique bien moins efficace que la liberté et le salariat. Mais Michel Onfray omet de faire allusion à des pages plus clémentes, plaidant la cause des Noirs du Nord des Etats-Unis : « Ainsi le Nègre est libre, mais il ne peut partager ni les droits, ni les travaux, ni les douleurs, ni même le tombeau de celui dont il a été déclaré l’égal[6] ».

Il est, pour Michel Onfray, celui qui justifie et légitime « ce que l’on nomme aujourd’hui ethnocide ou crime de guerre », en particulier dans le cas de l’Algérie. En effet Tocqueville ne se lasse pas de démonter « que le droit de la guerre nous autorise à ravager le pays » que « des voyages meurtriers [lui] paraissent quelquefois indispensables[7] ». Certes Michel Onfray n’a pas tort de dénoncer un « manuel de guerre coloniale », mais c’est négliger la dangerosité de l’islam et des conquêtes arabes, quoiqu’il écrivit un volume brouillon pas toujours cohérent, néanmoins passablement informé, peu amène envers son objet d’étude, intitulé Penser l’islam[8].

C’est pourtant exiger de Tocqueville qu’en dépit de son inscription dans son siècle il soit en tout parfait et conforme à quelque notion du bien absolu qu’un Onfray ne peut représenter péremptoirement, à l’instar du modeste critique qui joue sur son clavier pour produire cette lecture et cette réflexion.

Le sociologue Raymond Boudon est à juste titre beaucoup plus sensible à la pensée de notre Alexis. Dans Tocqueville aujourd’hui, il se pose les indispensables questions suivantes. « Pourquoi est-il si difficile de réformer l’État français ? Pourquoi y a-t-il beaucoup plus de fonctionnaires en France qu’en Allemagne ? Pourquoi les Américains sont-ils beaucoup plus religieux que les Anglais ou les Français ? Pourquoi le culte de l’égalité prend-il le pas sur celui de la liberté ? » Tocqueville prédisait et expliquait l’apparition du culte des droits de l’homme, l’éclatement des religions, le succès de la littérature facile, les effets pervers de l’État-providence, les résistances au libéralisme. Ce dernier avait vu juste tant les choses ont empirées en notre XXI° siècle. Aussi Raymond Boudon accuse-t-il les intellectuels et gouvernants français de ne pas lire Tocqueville, tant le marxisme et l’étatisme centralisateur obèrent la liberté et la croissance françaises.

Pauvre Tocqueville, si tu revenais parmi nous… Voulant assurer « le mirage de la justice sociale » – selon la formule de Friedrich August Hayek[9] – l’égalité économique, écrêter les riches pour donner aux pauvres assistés et autres immigrés importés par flottilles, notre Etat dévoyé, notoirement incompétent, dévore ses enfants et n’en rejette que les os, à force de se dévouer à une obèse sociale redistributive, non seulement dispendieuse, mais contreproductive, car ruineuse, tant sur le plan de la dette appauvrissante que sur le plan civilisationnel. Voici fleurir, sous nos yeux pour le moins inquiets, pour revenir à notre Tocqueville, « les périls que l’égalité fait courir à l’indépendance humaine[10] ». Reste à longuement méditer sa distinction entre la centralisation administrative, liberticide, et la centralisation politique, indispensable pour la sécurité nationale. Et combien « le résultat général de toutes ces entreprises individuelles dépasse de beaucoup ce qu’aucune administration ne pourrait entreprendre. […] Le plus grand soin d’un gouvernement devrait être d’habituer peu à peu les peuples à se passer de lui[11] ». Nous en sommes bien loin, hélas…

Thierry Guinhut

 La partie sur Quinze jours au désert fut publié

dans Le Matricule des Anges, juin 2011

Une vie d'écriture et de photographie


[1] Brigitte Krulic : Tocqueville, Folio 2016.

[2] Olivier Zunz : Tocqueville. L’homme qui comprit la démocratie, Fayard, 2022.

[3] Alexis de Tocqueville : De la Démocratie en Amérique, II, IV, VI, Œuvres II, Pléiade, 2001, p 836-838.

[4] Jacques Marseille : Empire colonial et capitalisme français, Points, 1989.   

[5] Alexis de Tocqueville : Notes du voyage en Algérie de 1841, Œuvres I, La Pléiade, 2001, p 660.

[6] Alexis de Tocqueville : De la Démocratie en Amérique, II, IV, VI, Œuvres II, Pléiade, 2001, p 398.

[7] Alexis de Tocqueville : Notes du voyage en Algérie de 1841, Œuvres I, La Pléiade, 2001, p 706.

[8] Michel Onfray : Penser l’islam, Grasset, 2016.

[9] Friedrich August Hayek : Droit, législation et liberté, II, PUF, 2013.

[10] Alexis de Tocqueville : De la Démocratie en Amérique, II, IV, VI, Œuvres II, Pléiade, 2001, p 849.

[11] Alexis de Tocqueville : Voyage en Amérique. Cahier non alphabétiques 2 et 3, Œuvres I, Pléiade, 2001, p 66

 

 

Photographie : T. Guinhut.


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