L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. 
Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.
Remerciement notamment à M. le Directeur, P. Verluise
Sommaire:
A) Trafic d’armes,  l’étude des filières est une démarche majeure dans la compréhension des crises géopolitiques - Par , le 14 novembre 2015 - Diploweb
B) Géopolitiques des terrorismes, le 13 novembre 2015.
C) Terrorisme de Wikiberal
D) Droit au port d'armes de Wikiberal
E) L'attentat du 13 novembre 2015,La guerre est la santé de l'Etat - Par Bertrand Lemennicier 
A) Trafic d’armes,  l’étude des filières est une démarche majeure dans la compréhension des crises géopolitiques 
Le trafic d’armes à feu est devenu emblématique de la 
marche d’une société. L’analyse géopolitique du trafic d’armes constitue
 le sujet d’étude transverse qui permet le mieux d’éclairer les 
véritables enjeux et désirs non dissimulés des acteurs de la 
géopolitique moderne.
IL y a de nombreux avantages à 
passer au crible les différentes opérations judiciaires, en France ou à 
l’étranger, visant à démanteler des filières illégales 
d’approvisionnement en armes au profit du grand banditisme ou de ce que 
nous pourrions nommer des « terroristes de voie publique  » [1].
 Le premier avantage réside dans le fait de saisir des armes à feu et 
des munitions susceptibles de tuer des citoyens ou de commettre des 
actes criminels. La deuxième plus-value de ce type d’opération est la 
mise hors d’état de nuire des détenteurs illégaux eux-mêmes qui auraient
 probablement été sur le point d’agir dans l’illégalité (actes 
terroristes, braquages, réglements de comptes). Pourtant, il existe un 
troisième avantage souvent ignoré mais pourtant particulièrement 
crucial : celui de comprendre les mécanismes illicites et les enjeux qui sous-tendent l’action de ces individus dangereux. Cette dernière approche, plus sociétale, devient essentielle.
Rappelons que les filières du trafic d’armes
 - quels que soient leurs pays d’origine et mises à part quelques 
tentatives anecdotiques de fabrication artisanale d’armes comme l’a 
tenté l’ETA dans les années 1980 en désirant copier le pistolet 
mitrailleur Uzi – proviennent toutes sans exception des marchés légaux. 
Une arme à feu sort obligatoirement d’une usine de fabrication qui est 
elle-même le fruit d’une politique industrielle nationale ou privée 
légale à 99,99%. Il existe par conséquent une volonté réelle de faire 
« basculer » des armes des marchés légaux (dits « blancs ») vers les 
marchés illégaux (dits « noirs »), parfois en les faisant transiter par 
des marchés officieux voire clandestins mais encadrés par des Etats 
(dits « gris »).
Partant de ce constat, l’analyse des filières illégales, leur suivi, 
leur cartographie,  bref l’étude complète du trafic d’armes à travers le monde,
 présente un intérêt tout particulier. Il laisse la possibilité de 
comprendre non seulement les mouvements officiels, officieux et 
clandestins d’armes et de munitions, mais également les différences 
entre les discours politiques et les actes sur le terrain par les Etats 
ou les groupes humains. Il permet de prendre en compte les filières 
illicites locales qui permettent aux populations de s’armer pour 
s’organiser en milices devenues des acteurs majeurs lors de tentatives 
de stabilisation post-conflits de régions entières. Mais plus 
généralement, comprendre le trafic d’armes oblige tout simplement à 
lancer les analyses dès la production légale, avec le suivi de ses 
évolutions techniques qui répondent à la fois aux besoins des 
combattants des armées et à ceux des Etats eux-mêmes dans leur recherche
 de puissance.
Les spécialistes actuels ont plutôt tendance à vouloir décrypter 
l’actualité par le prisme des discours et des actes. Et dans ce cadre, 
les transactions d’armes sont censées refléter les volontés des acteurs.
 Or, les situations sont de plus en plus brouillées depuis la fin du 
monde bipolaire, avec l’émergence d’un certain terrorisme de masse, depuis la création de l’Etat islamique présenté comme le califat sunnite qui renaît de ses cendres
 tel le Phénix sur fond de conflit israélo-palestinien sans fin 
prévisible. Les crises géopolitiques sont, nous le savons tous, un 
ensemble de paramètres évolutifs et complexes qu’il demeure difficile 
d’appréhender. Et à l’heure de la démultiplication du nombre d’acteurs 
dans les crises et à différentes échelles, lancer les analyses 
par le prisme des filières illégales d’armes permet de remonter 
jusqu’aux acteurs afin de mieux saisir tout l’enchevêtrement des 
facteurs de ces crises, et des groupes humains qui y interagissent, 
comme un jeu de piste pour lire le « dessous des cartes ».
Afin de mieux comprendre cette méthode quelque peu inversée par 
rapport aux études traditionnelles, partons des trois grands types de 
marchés pour faire ressortir toute l’importance de ces réseaux 
d’armement dans la marche du monde. Considérons successivement le marché
 « blanc » de l’armement, ou la recherche traditionnelle de puissance 
par les Etats-nations (I) ; puis les marchés « gris » des armes à feu et
 des munitions ou le désir d’influer sur l’évolution du monde sans en 
prendre la responsabilité (II) ; enfin le marché « noir » des armes, ou 
le renforcement permanent des acteurs non étatiques (III).
I. Le marché « blanc » de l’armement, ou la recherche traditionnelle de puissance par les Etats-nations
Les Etats-nations
 ont opéré, depuis les deux conflits mondiaux du XXème siècle, de 
profonds changements dans leur manière de faire interagir les décisions 
politiques et les forces armées. Alors qu’auparavant les hommes devaient
 s’adapter aux progrès techniques pour défendre la nation, depuis le 
début de la Seconde Guerre mondiale principalement, les usines de 
fabrication développent des programmes de recherches pour adapter les 
armements aux besoins des territoires d’engagement et des combattants 
eux-mêmes.
L’exemple du fusil d’assaut AK 47 illustre pleinement à ce titre 
cette évolution permanente. Lorsque Mikhaïl Kalachnikov, ingénieur 
soviétique blessé en convalescence pendant la Seconde Guerre mondiale, 
reprend en partie le mécanisme du fusil allemand Sturmgewehr 44 (le Stg 
44), il fait évoluer l’arme et invente le fusil automatique Kalachnikov 
sous le nom « Avtomat Kalachnikov  » fabriqué officiellement dès 1947 d’où son appellation « AK 47 ».
Plus d’une décennie plus tard, afin de rationnaliser sa production, 
d’en réduire son coût et d’alléger son poids, Moscou lance 
officiellement la nouvelle version de ce fusil sous la forme de l’AKM 
59, signe d’une commercialisation plus étendue de cette arme et d’une 
volonté d’exportation de son produit, donc également de son idéologie. 
En 1974, dans le but de répondre à un besoin des troupes soviétiques sur
 les champs de bataille asiatiques et africains, la firme soviétique 
Izmash lance une version plus courte tirant des munitions de calibre 
plus petit que le célèbre 7,62 mm. Naît alors l’AK 74 au calibre 5,45 mm
 afin de rivaliser avec le M16 américain.
Enfin, parallèlement à ce nouveau modèle, afin de répondre une fois 
de plus à un besoin opérationnel – dans ce cas la nécessité pour les 
troupes aéroportées soviétiques de se projeter rapidement sur des 
théâtres d’opérations avec un poids minimum – la même firme se met à 
produire l’AKS-74U de même calibre mais en version plus compacte et munie d’une crosse repliable [2]. Plus pratique, plus facilement transportable et dissimulable, ce fusil d’assaut devient l’arme d’assaut la plus efficace et verra son utilisation renforcée lors de la guerre en Afghanistan durant la décennie 1980.
Tout au long des quatre décennies qui ont suivi la Seconde Guerre 
mondiale, les chercheurs en armement léger ont su faire évoluer l’arme 
de départ dans le but d’adapter la réponse opérationnelle aux besoins 
des troupes armées, donc de la politique des Etats. Lorsqu’un Etat 
acquiert surtout des armes compactes il est à penser que ses dirigeants 
cherchent avant tout à privilégier les forces de projection rapide.
Comprendre la production légale d’un Etat permet de saisir à la fois 
les besoins propres de ses forces armées ou de ses forces de l’ordre, 
mais également de comprendre comment risquent d’évoluer les Etats 
acquéreurs, y compris à l’autre bout du monde, même sans réelle garantie
 de succès opérationnel. La volonté politique de projeter ses forces sur
 un théâtre particulier laisse donc transparaître tout un ensemble de 
données techniques qui sont posées sur le papier lors des cahiers des 
charges. Ainsi en va-t-il du fusil d’assaut français FAMAS.
 Alors que la France s’engageait plus en profondeur dans le froid des 
hivers balkaniques, et afin de correspondre aux exigences des normes 
OTAN, a été conçu le FAMAS G2 à partir de 1994. Il est reconnaissable 
par la suppression de l’arcade de ponter, qui protège la détente et le 
sélecteur de tir dans la première version de l’arme, et celle-ci est 
remplacée par une garde bien plus large censée protéger la main entière 
et permettre de tirer sans ôter son gant. Un tel fusil d’assaut modifié 
montre à quel point la France désire pouvoir projeter ses forces par 
grand froid (Bosnie-Herzégovine, Kosovo et par la suite Afghanistan) 
mais également lors de missions subaquatiques au moyen des troupes de 
commandos de marine.
Plus généralement, le choix du type d’armes et de sa production sont 
également particulièrement significatifs en politique internationale. 
Lorsque dans la lignée de la Division Internationale du Travail en 1961,
 Moscou confie à la Tchécoslovaquie, la Roumanie, la Bulgarie, la 
Hongrie et la Pologne le soin de fabriquer des armes légères, les seuls 
aspects de proximité géographique avec l’Europe occidentale et de 
positionnement face à la mer Noire pour exporter par voie maritime 
l’idéologie communiste à travers le monde ne suffisent à expliquer ce 
choix. Le manque de confiance envers ces peuples « frères » considérés 
par le Kremlin comme insuffisamment développés par rapport à la 
Biélorussie et l’Ukraine, et prompts à trahir, oblige les dirigeants du 
PCUS à laisser à ces peuples est-européens et balkaniques la fabrication
 d’armes simples et non stratégiques contrairement au nucléaire 
ukrainien et russe ou aux armes conventionnelles. Scruter le marché 
légal de l’armement léger laisse par conséquent la possibilité de 
détecter certains pans de la géopolitique mondiale ainsi que certaines 
représentations et idées reçues.
Au-delà de ces choix politiques, la production réelle en armement 
léger demeure une donnée significative des capacités budgétaires d’un 
Etat et de sa volonté à accorder ou non de l’importance à la défense de 
son territoire et des ses intérêts supérieurs. Les budgets alloués sont 
la marque la plupart du temps d’un désir ou non de se positionner comme 
une nation indépendante ou à défaut de se protéger sous un parapluie 
stratégique d’une autre nation plus puissante. Pour autant, il est 
important de ne pas exagérer cet aspect parce qu’un pays peut réduire 
son industrie d’armement léger et  vouloir continuer à peser sur la 
marche du monde. La France a notamment fait ce choix il y a maintenant 
plus de deux décennies et ne possède plus d’industrie de fabrication 
d’armes d’assaut. Ses forces armées et ses forces de l’ordre s’arment 
auprès de firmes étrangères souvent européennes, comme ce fut le cas 
avec le Beretta italien ou le Sig Sauer SP2022 germano-suisse.
Mais de manière générale, lorsqu’un pays décide d’abandonner sa 
production d’armes, il accepte de faire passer le message selon lequel 
il met de côté certaines ambitions de puissance au moins régionales et 
se consacre à d’autres priorités. Le fusil Kalachnikov, qui aura connu 
de multiples versions à travers le monde, demeure le symbole inaltérable
 à l’heure actuelle du combat rebelle en général, du faible face au 
fort, du guerillero contre le soldat étatique, bref du « combattant de 
la liberté ». Ce symbole aura perduré à travers les décennies de la 
Guerre Froide jusqu’à nos jours, à tel point que de nombreux criminels 
se percevant comme rebelles face aux Etats centraux s’arment de tels 
fusils de nos jours.
Enfin, et pour conclure sur l’importance de déchiffrer les détails 
qu’offre la production mondiale d’armement léger afin de mieux saisir 
l’évolution de la marche du monde, il est nécessaire d’examiner les 
chaines d’approvisionnement « gris » pour analyser les enjeux des 
acteurs. De telles supply chains montrent soit le soutien 
apporté, et par conséquent le pays qui est à l’origine de l’armement de 
forces rebelles, soit le niveau de confiance des forces non 
conventionnelles dans la technologie choisie ou offerte. L’URSS pouvait se permettre de transporter son idéologie
 et augmenter son influence à travers le monde durant la Guerre Froide 
parce qu’elle savait pertinemment qu’elle pouvait s’appuyer sur une 
technologie fiable, solide, robuste, rustique et endurante des fusils 
d’assaut Kalachnikov et Dragunov longue portée. Laurent-Désiré Kabila, 
ex-Président de la République Démocratique du Congo, ne disait-il pas 
qu’il était « possible de mettre une Kalachnikov dans la boue puis dans l’eau et le sable et de la donner ensuite à un enfant pour qu’il tire  » ?
Signe d’adaptation à tous les milieux naturels, cette arme a véhiculé plus qu’une technologie. Le
 fusil d’assaut AK-47 a toujours emporté avec lui et exporté une 
véritable manière d’être, une idéologie de la résistance et du combat, et un témoignage de la confiance dans le matériel léger soviétique comme levier d’influence politique à travers le monde.
II. Les marchés « gris » des armes à feu et des munitions, ou le désir d’influer sur l’évolution du monde sans en prendre la responsabilité
Les distributions discrètes d’armes légères et de petit calibre, ainsi que de leurs munitions respectives par millions [3]
 au profit d’entités non nationales, ont toujours été un signe plus ou 
moins masqué de l’aide apportée, par un pays ou un groupe d’Etats, à des
 forces rebelles. Les filières ni totalement légales ni totalement 
illégales ont plusieurs buts pour un Etat : faire pression indirectement
 sur un pays tiers sans devoir se dévoiler officiellement pour pouvoir 
arriver à une table des négociations en situation favorable, jouer sur 
la marche du monde en montrant ses capacités de puissance à différentes 
échelles et finalement instiller ou projeter ses propres valeurs 
politiques à l’étranger. La Guerre Froide a connu de très nombreux 
exemples dans ce domaine. Mais cette technique n’a pas disparu depuis 
1991, même si elle a su se renouveler dans ses méthodes de 
communication.
Dans la région du Biafra, dans la partie sud-est du Nigeria 
particulièrement riche en pétrole, du 30 mai 1967 au 15 janvier 1970 
s’est développé un mouvement sécessionniste. Dirigé par le chef des 
Ibos, Odumegwu Emeka Ojukwu, les sécessionnistes ont abouti à une 
déclaration d’indépendance en 1967 qui avait pour finalité de décrocher 
la région du Biafra de l’ensemble de l’Etat fédéral nigerian. Les Ibos 
majoritairement chrétiens ou animistes éprouvaient le désir de 
s’émanciper largement de l’ethnie des Haoussas majoritairement 
musulmans. De très nombreux témoignages ont par la suite montré l’aide indirecte de la France, via le Portugal et Sao Tomé, dans l’appui en armes et mercenaires
 (dont les célèbres Bob Denard et Roger Faulques) au profit des Ibos 
dans le contexte de Guerre Froide de l’époque. La France désirait de son
 côté « affaiblir le géant nigerian  » selon les propres termes 
de Pierre Messmer alors ministre des Armées, en réponse aux 
protestations du gouvernement du Nigeria face aux essais nucléaires 
français à Reggane dans le Sahara algérien.
Trois décennies plus tard, durant la guerre en Bosnie-Herzégovine de 1992 à 1995, des livraisons d’armes officieuses ont été dénoncées par le journal américain le Los Angeles Time,
 lorsque les Etats-Unis auraient facilité de tels transferts à partir de
 l’Iran au profit des combattants bosniaques, ce que le président Bill 
Clinton avait démenti le 9 avril 1996. Toutefois, selon une étude du 
GRIP, à la fin du conflit, un responsable saoudien a confirmé que l’Arabie
 Saoudite avait financé à hauteur de 300 millions $ une opération 
d’approvisionnement en armes et munitions à destination des combattants 
bosniaques. Ces livraisons se seraient effectuées par voie routière à travers la Croatie et par voie aérienne par l’aéroport de Tuzla [4].
Dans le cadre du conflit actuel en Syrie, depuis l’hiver 2012-2013 et
 jusqu’à l’été 2013, des livraisons du même type, et officiellement 
déclarées par des Etats rassemblés au sein du groupe des Amis de la 
Syrie [5]
 sous l’égide du gouvernement qatari, ont été menées au profit des 
éléments de l’Armée Syrienne Libre (ASL). Ces approvisionnements 
« gris », puisque non inscrits dans des accords commerciaux bilatéraux 
entre Etats reconnus, sont ciblés et ont pour finalité d’armer les 
rebelles syriens anti-Assad pour renverser le régime en place.
Ces livraisons « grises » du groupe des Amis de la Syrie marquent à 
ce titre un véritable tournant dans le domaine de la circulation 
« grise » des armes et munitions. En effet, alors que quelques 
décennies auparavant ces démarches étaient clandestines, elles sont 
désormais totalement assumées lorsqu’elles ont pour but d’apporter un 
modèle politique démocratique aux pays en guerre.
De son côté, la Russie continue d’approvisionner en armes l’armée syrienne pro-Assad dans le cadre d’accords commerciaux signés avant l’ouverture des hostilités.
Cette évolution a pour but de donner une sorte de vernis 
philosophique et politique à des ambitions de puissance d’Etats désireux
 d’intervenir dans la marche du monde. Ces ambitions de puissance ont de
 leur côté pour corollaire une recherche d’équilibre des forces, qui 
pourrait amener un statu quo et éventuellement un arrêt des hostilités 
et par conséquent une baisse des décès sur le terrain.
Inversement, ces marchés « gris » sont parfois perçus par les 
populations comme déstabilisateurs. Pour une partie du peuple syrien, 
notamment les pro-Assad, ces livraisons interviennent comme des 
obstables de taille dans ce qu’ils considèrent comme une lutte 
anti-terroriste à l’intérieur de leur territoire, de la même manière que
 le ressentaient les troupes allemandes face aux Résistants durant la 
Seconde Guerre mondiale ou l’armée française face aux indépendantistes 
algériens jusqu’en 1962. Il est par conséquent intéressant de considérer
 les deux aspects de la question de ces livraisons, non pour y apporter 
un quelconque jugement de valeur, mais pour saisir tous les paramètres 
que ces livraisons d’armes et de munitions permettent d’expliquer ou 
engendrent.
Soutenir politiquement un mouvement rebelle indépendantiste au moyen 
de discours est une chose. L’aider en lui enjoignant des cargaisons 
entières d’armes à feu en est une autre. Et le pas franchi dans ce cas 
montre à quel point l’Etat (ou le groupe d’Etats) désire(nt) faire 
aboutir ses (ou leurs) ambitions. Le marché « gris » des armes légères 
et de petit calibre ainsi que celui des munitions est donc un prisme, 
une sorte de monoculaire, qui permet à la fois de connaître en détails 
les intentions des Etats, mais également de voir toute l’implication 
dont ils font preuve, ou pas, pour faire aboutir leurs ambitions.
Un dernier point dans ce domaine ne doit cependant pas être négligé. 
Contrairement à d’autres produits dont il peut être fait trafic, les 
armes ne sont pas à usage unique. Leur durée de vie est la plupart du 
temps très longue à partir du moment où leur entretien est assuré. Le 
renouvellement des marchés de l’armement léger, qui concernent des 
centaines de milliers d’emplois selon les pays, est toujours pris en 
compte par les gouvernements des Etats.
Ainsi, lorsque les anciens pays du Pacte de Varsovie ont effectué à 
partir de 1991 leurs transitions politiques, et que leur positionnement 
désormais sous le parapluie de l’OTAN les obligeait à adapter leurs 
armes à feu du calibre 7,62 mm au calibre 5,56 mm, des quantités astronomiques d’armes issues des anciens stocks militaires soviétiques ont pris le chemin des conflits africains.
 Ces mouvements ont permis d’une part un renouvellement des stocks mais 
également un renouveau de la production pour maintenir un emploi stable 
dans ces usines de fabrication. L’inverse aurait déstabilisé des pans 
entiers de ces économies nationales et aurait risqué de pousser les 
populations à vouloir revenir à la situation ante, à savoir le régime communiste.
Les filières clandestines existaient auparavant puisque des pays 
comme la Bulgarie, la Hongrie ou la Roumanie avaient déjà pour mission 
pendant la Guerre Froide de produire – depuis la Division Internationale
 du Travail en 1961 – et de fournir aux mouvements communistes 
révolutionnaires des armes et des munitions pour mener à bien leurs 
combats sur le terrain. Ces filières « grises » préexistantes ont donc 
tout naturellement facilité ces fournitures.
Les mouvements « gris » d’armement léger et de munitions sont donc un symptôme,
 celui de la volonté franche ou non des Etats de soutenir des entités 
politiques plus ou moins reconnues, mais également celui d’une situation
 sociale infra-étatique significative à un moment donné. Les embargos 
sont des décisions politiques susceptibles de freiner les livraisons 
d’armes, mais les contours définis de ces embargos sont les meilleurs 
atouts pour pouvoir les contourner à des fins politiques ou 
macroéconomiques.
L’analyse géopolitique du trafic d’armes, le suivi des filières illicites d’approvisionnement en armes légères et en munitions, ainsi que la compréhension du mécanisme global qui régit ce marché « noir » sont des fondamentaux de la géopolitique moderne.
III. Le marché « noir » des armes, ou le renforcement permanent des acteurs non étatiques
Par marché « noir » des armes et des munitions, il faut comprendre 
l’acquisition et la revente d’armes de différentes origines entre 
particuliers ou groupes de particuliers en dehors de toute légalité et 
de toute décision politique. A dire vrai, il est vraisemblable qu’aucun 
pays au monde n’est à l’abri de ce type de criminalité, quelles que 
soient les motivations des acheteurs. Les lois et les réglements 
étatiques étant par nature très différents d’un pays à l’autre, les 
filières du trafic d’armes à feu jouent de ces différences en traversant
 les frontières pour répondre à des besoins criminels ou 
d’autoprotection. Les filières d’approvisionnement ne sont alors en 
réalité que la concrétisation manifeste du désir de s’armer. Désir qui 
perdurera sans cesse si les Etats cherchent avant tout à éteindre les 
filières illicites plutôt que d’éteindre l’envie de les faire naitre.
D’anecdotique, le trafic d’armes à feu est devenu emblématique de la 
marche d’une société. Sur des théâtres d’opérations, de telles filières 
totalement clandestines et criminelles existent toujours. Cet état de 
fait est dû à l’absence de structures étatiques suffisamment fortes pour
 faire régner l’ordre et l’absence d’application d’un code pénal ayant 
cours sur ces territoires. Pour autant, même dans des zones totalement 
démocratisées et stables où un code pénal est appliqué, il arrive que 
des filières entièrement illicites prennent corps au profit des membres 
du grand banditisme local. Sans nécessairement établir un lien direct 
permanent entre ces deux types de territoires, il est absolument 
indéniable que les premiers d’entre eux – les territoires où les Etats 
sont faillis ou en guerre – servent de manière conséquente par la suite 
aux livraisons d’armes et de munitions à destination des seconds – les 
territoires aux structures nationales fortes – et l’actualité le met en 
exergue de plus en plus depuis deux décennies.
Divers acteurs non étatiques ont émergé au fil des décennies autour 
de ce thème du trafic « noir » d’armes. Leurs motivations étaient et 
demeurent totalement différentes les unes des autres : certains pour 
l’analyser et le comprendre, d’autres pour l’utiliser.
Des ONG toujours plus nombreuses sont nées du désir de combattre à 
travers le monde ces filières illégales d’approvisionnement. C’est le 
cas de Small Arms Survey (programme de recherche indépendant basé à 
Genève au sein de l’Institut Universitaire des Hautes Etudes 
Internationales depuis 1999) , dans la foulée d’autres ONG précédentes 
comme OXFAM (OXford committee for FAMine relief créée en 1942)  ou 
Amnesty International (créée en 1961) qui avaient développé des 
départements internes pour analyser cette circulation des armes 
illégales au sein des conflits. Des groupes de chercheurs comme le GRIP 
(Groupe de Recherche et d’Information sur la Paix et la sécurité créé à 
Bruxelles en  1979) en ont également fait un de leurs sujets majeurs de 
recherche.
Face à ces combats menés par des chercheurs ou des acteurs de la 
société civile, des trafiquants ont émergé à la suite de l’effondrement 
des deux blocs politiques majoritaires en 1991. Ces trafiquants se sont 
enrichis et certains même ont fait fortune en armant illégalement, à 
l’échelle d’un conflit entier ou uniquement au profit de simples membres
 des grands banditismes européens, des acteurs criminels en farouche 
opposition avec leurs Etats centraux. Les buts de ces acteurs sont soit 
l’enrichissement (trafic de drogues, d’êtres humains, de véhicules, 
d’organes…), soit la destruction des structures étatiques (le terrorisme
 de différentes religions ou idéologies). De manière exceptionnelle, une
 petite minorité de ces acteurs non étatiques sont parvenus, grâce à 
l’armement qu’ils avaient amassé et dont ils se servaient dans les 
combats sur le terrain, à constituer des Etats autoproclamés. Ce fut le 
cas de la République Autoproclamée de Transnistrie (1992), mais quelques
 années plus tard le Kosovo (17 février 2008) et de nos jours l’Etat 
Islamique (DAECH, 29 juin 2014).
Sans aucune reconnaissance étatique initiale, les responsables des 
groupes identitaires décidés à se « détacher » territorialement, 
politiquement et parfois religieusement de leur centre d’origine, sont 
parvenus à leurs fins grâce à la terreur qu’ils ont su instaurer au sein
 des populations, ou encore des batailles armées qu’ils ont su gagner 
face aux forces en présence. Le trafic d’armes leur a permis de 
constituer de manière durable de véritables armées, et par conséquent de
 pouvoir décider eux-mêmes, sans aucune approbation internationale, de 
la création d’un Etat. L’utilisation de la violence armée est donc 
(re)devenue constitutive de la création d’Etats.
L’enjeu du trafic d’armes et de sa compréhension est par conséquent 
de taille et nettement plus pesant qu’il ne pourrait y paraître : 
appréhender en profondeur ce phénomène consiste à regarder les outils de
 puissance des acteurs, quels qu’ils soient, par le prisme de leurs 
armes illégalement acquises. Car c’est bien de la puissance de feu qu’il
 est question, celle de l’adversaire en mesure ou non de mener les 
protagonistes d’un combat à la table des négociations avec plus ou moins
 d’avantages. Un adversaire sans grande puissance de feu et sans forte 
capacité d’approvisionnement durable et de mobilisation de ses forces 
est à coup sûr moins considéré et pris au sérieux qu’un acteur surarmé. 
Rappelons à ce sujet la célèbre phrase de J. Staline le 13 mai 1935 en 
réponse à une question du ministre français P. Laval portant sur le 
respect du catholicisme en Russie : « Le Pape, combien de divisions ?  ».
A l’inverse, à la table des négociations, un protagoniste bien armé 
et solide fait peur. Sa puissance de feu impressionne et possède plus de
 chances d’imposer ses exigences au potentiel vaincu. L’idée même des 
rapports de force et des luttes d’influence réside dans ce concept. En 
cela, l’analyse géopolitique du trafic d’armes, le suivi des 
filières illicites d’approvisionnement en armes légères et en munitions,
 ainsi que la compréhension du mécanisme global qui régit ce marché 
« noir » sont des fondamentaux de la géopolitique moderne.
Il serait même assez logique et cohérent de définir le marché 
« noir » d’armes à feu comme un des « thermomètres » du niveau de refus 
par les populations du modèle politique existant sur le territoire d’un 
Etat, mais également du niveau de confiance des populations dans ce même
 modèle politique censé les défendre. Si certains habitants s’arment 
illégalement par choix de la rivalité envers leur Etat central, cet acte
 signifie qu’ils ne lui reconnaissent plus aucune légitimité politique. 
Pour d’autres, par peur des acteurs illégaux versés dans les trafics 
juteux, s’armer illégalement constitue une sorte d’acte de courage car 
ils ne reconnaissent plus dans leur Etat la capacité à les défendre au 
quotidien. Des milices naissent alors, des caches d’armes conséquentes 
se constituent. Mais dans les deux cas, le fait d’acquérir une arme en 
dehors de la loi est le symptôme d’une forte rivalité naissante, voire 
d’un désir de changement de modèle politique, quand celui-là même est 
imposé de l’extérieur.
Au risque de verser dans une quelconque « lapalissade », la 
possession illégale d’une arme à feu est le fruit d’une volonté de 
détenir un outil de puissance de nature à faire peur à son adversaire. 
Cet adversaire peut être l’Etat, et par conséquent les différentes 
forces publiques qui le servent et font rêgner les lois et réglements, 
mais également l’adversaire commercial lors de transactions douteuses, 
ou encore l’oppresseur ou le groupe ressenti comme tel.
Quoiqu’il en soit, le trafic d’armes et son augmentation doivent être
 considérés comme des symptômes d’un changement, ou à défaut, d’une 
volonté de changement. Le marché « noir » des armes et de leurs 
munitions, issu nécessairement du marché « blanc » puisque, 
rappelons-le, chaque arme est fabriquée dans une usine légale, est une 
thématique qui permet de comprendre les volontés de puissance des divers
 acteurs géopolitiques à travers le monde. Plus encore que cela, 
l’analyse géopolitique du trafic d’armes constitue le sujet d’étude 
transverse qui permet le mieux d’éclairer les véritables enjeux et 
désirs non dissimulés des acteurs de la géopolitique moderne.
Avant  de déterminer des solutions adéquates pour lutter contre le 
trafic mondial d’armes légères et de petit calibre, il convient de 
saisir toute l’ampleur de ce trafic, mais également de le considérer non
 comme un sujet d’étude en marge de la géopolitique classique, mais bien
 comme un thème susceptible d’éclairer toutes les facettes de la 
géopolitique mondiale actuelle : les désirs de puissance, les besoins de
 protection, le poids des actions officielles, officieuses ou 
clandestines, mais également de comprendre les tactiques utilisées. 
S’imaginer « faire » de la géopolitique sans prendre en compte les 
outils qui offrent de la puissance à ses acteurs risque de devenir 
désormais et pour longtemps un véritable non sens.
Il est plus que probable qu’une nouvelle forme de sécurité est en passe d’émerger sur l’échiquier mondial,
 sorte de compromis permanent entre les forces publiques et privées de 
sécurité ou une superposition entre les Etats et différents acteurs 
s’arrogeant un certain monopole de l’usage de la force armée. 
L’acquisition illégale d’armement léger renforce la puissance de ces 
acteurs non étatiques criminels. L’heure est peut-être venue de 
d’appréhender ce nouveau modèle sécuritaire en gestation sous ses 
aspects géopolitiques en développant une « géopolitique de la sécurité 
publique ». Ce nouveau prisme intellectuel permettrait d’analyser ce 
potentiel équilibre des forces mais également la répartition des acteurs
 de la sécurité ou de l’insécurité sur la voie publique, ainsi que les 
enjeux forts qui y sont liés.
Par Jean-Charles ANTOINE, le 14 novembre 2015
Docteur en géopolitique de l’Institut Français de 
Géopolitique Paris 8. Il est spécialisé sur le thème du trafic mondial 
d’armes légères et de petit calibre. Ses recherches actuelles portent 
sur l’adaptation de la méthode géopolitique aux missions des forces 
armées et des forces de l’ordre, et plus particulièrement sur le thème 
de la sécurité publique.
B) Géopolitiques des terrorismes 
Sommaire:
Géopolitiques des terrorismes 
Contre-radicalisation : que faire ? 
Westgate Shopping Mall à Nairobi, Kenya : une attaque contre un lieu
emblématique d’une Afrique mondialisée 
L’Iran face à la crise syrienne  
Djihadistes : quelles actions ? 
De la torture  
La Direction du Renseignement Militaire (DRM) 
Les défis du renseignement militaire  
D’Al Qaida à AQMI, de la menace globale aux menaces locales 
Premières rencontres européennes sur la menace terroriste et la lutte
contre le terrorisme 
Crime organisé : géopolitique d’un phénomène criminel  
La dimension géopolitique des opérations spéciales  
La guerre iranienne contre le terrorisme. Le cas du Jundallah  
Assassinats par drones : un cadre juridique ambigu 
Lutte contre l’Etat Islamique : ambiguïtés, faux semblants et opportunités
Non, les Occidentaux ne doivent pas intervenir militairement au Moyen-
Orient 
Le Yémen en crise. Essai d’analyse géopolitique  
Géopolitique des risques. Jean-François Fiorina s’entretient avec Xavier
Raufer 
Al Qaida au Sahara et au Sahel. Contribution à la compréhension d’une
menace complexe  
A-C Larroque, "Géopolitique des islamismes", Puf 
Afin de lire ces différents chapitres de multiples auteurs spécialistes, merci de cliquer ICI
- La Compil’ 1. Géopolitiques des terrorismes
- Voici un livre pdf composé de 19 contributions, dont G. Chaliand, P. Conesa, B. Puga... ISBN : 979-10-92676-01-3
, le 13 novembre 2015.
C) Terrorisme de Wikiberal
Le terrorisme consiste en la pratique, par une personne, un groupe ou un État,
 de crimes violents destinés à produire sur leur cible (la population) 
un sentiment de terreur, souvent bien supérieur aux conséquences réelles
 de l'acte. Le terrorisme vise la population civile en général ou une de
 ses composantes, une institution ou les structures d'un État. 
L'objectif peut être d'imposer un système politique,
 de causer des destructions à un ennemi ou de déstabiliser une société, 
d'obtenir la satisfaction de revendications politiques, religieuses, 
racistes, séparatistes, etc. 
Raymond Aron définit le terrorisme ainsi :
- Une action violente est dénommée terrorisme lorsque ses effets psychologiques sont hors de proportion avec ses résultats purement physiques.
Partout et de tout temps, on observe que le terrorisme est le meilleur allié de l'accroissement de la coercition du pouvoir d'Etat ; il est d'autant plus nécessaire, en période de tension, de ne pas fléchir sur les principes de base des sociétés libérales.
Origine
Le mot terrorisme (ainsi que terroriste et terroriser) est apparu pour la première fois au XVIIIe siècle, durant la Révolution française, pendant le régime de la Terreur, lorsque le Comité de salut public dirigé par Robespierre exécutait ou emprisonnait toutes les personnes qui étaient considérées comme contre-révolutionnaires.
Le mot a plus tard évolué pour désigner aujourd'hui les actions 
violentes visant spécifiquement les populations civiles, faites dans le 
but de détruire, tuer et de mutiler. Les terroristes privilégient en 
effet les cibles civiles plutôt que les opposants armés.
Ces attaques ont pour but de promouvoir des messages à caractère politique
 ou religieux par la peur, ce qui différencie le terrorisme des actes de
 résistance visant à se libérer d'une occupation en détruisant les 
institutions politiques des occupants ou en assassinant ses 
représentants.
Les différents types de terrorisme
Il existe trois grands types de terrorisme :
- le terrorisme individuel (nihiliste)
- le terrorisme organisé (extrême-gauche, extrême-droite, islamisme)
- le terrorisme d'État.
La terreur d'État a fait dans l'histoire beaucoup plus de victimes que la terreur d'en bas, celle du faible contre le fort.
Le premier épisode terroriste connu, rapporté par Flavius Josèphe, est celui des Zélotes, qui luttent en Palestine au Ier
 siècle après J.-C. contre l'occupant romain. La secte ismaïlienne des 
Assassins se fait connaître par ses actions violentes en Iran et en 
Syrie du XIe au XIIIe siècle. Autour de 1860, les mouvements nihilistes développent des actions terroristes en Russie. 
Terrorisme intellectuel
Le terrorisme intellectuel est la pratique qui, au moyen d'arguments et de procédés intellectuels (conformes en général à la liberté d'expression), vise à intimider pour empêcher la formulation d'idées gênantes. C'est une censure idéologique qui vise à empêcher de parler de tout ce qui ne rentre pas dans les grilles de l’idéologie,
 et qui sera dénoncé par le politiquement correct comme étant un 
dérapage. C'est un moyen de favoriser ses propres idées et donc soi-même
 en tant qu'incarnation de ces idées (intellectuel défendant son statut,
 parti visant la conquête du pouvoir). La politique est un des domaines privilégiés du terrorisme intellectuel, mais la culture, l'enseignement, etc. n'en sont pas exempts.
« Le terrorisme intellectuel, ce sont les moyens que mettent en œuvre ceux qui savent très bien qu'ils ont tort pour empêcher que les objections les atteignent. Ils n'ont pas d'autres méthodes. »
— Jean-François Revel
« Qu'appelle-t-on terrorisme intellectuel ? Le fait de vouloir déconsidérer une personne qui exprime des opinions au lieu de les réfuter par des arguments. »
— Jean-François Revel
« C'est un système totalitaire. Mais d'un totalitarisme patelin, hypocrite, insidieux. Il vise à ôter la parole au contradicteur, devenu une bête à abattre. À abattre sans que coule le sang : uniquement en laissant fuser des mots. Les mots de la bonne conscience. Les mots des grandes consciences. Les mots qui tuent. »
— Jean Sévillia, Le terrorisme intellectuel : De 1945 à nos jours, éd. Perrin, 2004
Parmi les procédés habituels qui sont au cœur du terrorisme intellectuel : l'emploi de la censure, de sophismes, le relativisme, le polylogisme (l'opinion ne compte pas, c'est la situation sociale de celui qui parle qui compte), la diabolisation, l'emploi de motvirus ("ultra-libéralisme", "néolibéralisme" ), les obstacles moraux au consentement, la dénonciation d'un "complot libéral", etc.
En France, il existe plusieurs procédés de terrorisme intellectuel utilisables facilement pour éviter tout débat :
- le classique "point Godwin" qui consiste à mettre son adversaire sur le même plan que les Nazis (argument ad hominem utilisé quand l'adversaire est à bout de ressources) ;
- spécifiquement français, le "point Poujade" permet de clore tout débat sur la fiscalité ou le rôle de l'État : "tu n'es qu'un égoïste ordinaire, tu veux seulement payer moins d'impôts" ;
- le "point fasciste" est souvent une conséquence logique du "point Poujade" : "tu es contre la solidarité et pour le darwinisme social". George Orwell observait (déjà à l'époque du fascisme) que « le mot fascisme n’a plus aucun sens, si ce n’est dans la mesure où il recouvre quelque chose d’indésirable ».
- le "point c-u-l" ("c'est ultralibéral") : quand les procédés précédents apparaissent trop datés et trop usés, l'accusation inusable d'"ultra-libéralisme" permet de qualifier l'adversaire d'extrémiste, comme si la liberté (confondue avec l'anomie) relevait d'une idéologie arbitraire, tolérable tant qu'elle ne serait pas "extrémiste".
Voir aussi La gauche en France. 
D) Droit au port d'armes de Wikiberal
Pour la plupart des libéraux, le droit de porter des armes relève de la liberté individuelle et du droit à l'auto-défense. Il serait absurde, pour un libéral, de défendre le droit à la vie, et en même temps d'empêcher les personnes de se défendre comme elles l'entendent.
Comme dans le cas de l'interdiction de la drogue, la prohibition ne profite qu'à ceux qui ne la respectent pas (marché noir, trafics), tandis que ceux qui se conforment docilement à la loi sont les premières victimes. 
Raisons de l'interdiction du port d'armes
L'État trouve intérêt à réprimer le droit au port d'armes pour des raisons de "sécurité publique". Quand bien même l'État aurait légitimité à protéger les gens d'eux-mêmes (un paternalisme que les libertariens refusent), force est de constater sa défaillance quotidienne à protéger les citoyens des délits et crimes.
 L'État, qui est le plus grand acheteur (ou vendeur) d'armes, bombes, 
missiles, avions de chasse, etc., est mal placé d'un point de vue moral 
pour défendre une telle interdiction. La prohibition du port d'armes 
participe à la réduction des libertés, l'histoire montre qu'il s'agit là
 d'une des premières décisions que mettent en œuvre les dictatures (par 
exemple le nazisme en 1933[1]). 
La raison cachée de l'interdiction du port d'armes est le risque 
de rébellion de la population (ou d'une partie de la population) contre 
l'oppression étatique. La propagande étatique dissimule cette vraie 
raison en invoquant le prétexte du risque d'une augmentation de la 
criminalité si le port d'armes était libre. L'examen du droit positif
 au fil de l'histoire montre clairement cette raison cachée, comme le 
prouve l'interdiction de port d'armes uniquement pour la population 
noire des États-Unis au XIXe siècle, ainsi que pour les Indiens en Inde sous la colonisation britannique.
Objections courantes
- Le port d'armes n'est défendu que par quelques « fêlés de la gâchette ».
C'est un argument ad hominem classique : n'osant pas attaquer 
un droit légitime, on attaque ceux qui défendent ce droit. Les policiers
 et les soldats sont-ils des "fêlés de la gâchette" ? On peut retourner 
l'argument contre ceux qui l'emploient en procédant comme eux à une 
attaque ad hominem : ils souffrent d'hoplophobie, peur irrationnelle des armes à feu et des personnes armées.
- Légaliser la vente, la détention et le port d'armes, c'est accepter que les gens se fassent justice eux-mêmes.
La légitime défense n'a rien à voir avec le fait se faire justice 
soi-même. Elle consiste à utiliser la force en dernier recours pour 
empêcher ou stopper une agression. "Cette loi dit que tout moyen est 
honnête pour sauver nos jours, lorsqu'ils sont exposés aux attaques et 
aux poignards d'un brigand et d'un ennemi : car les lois se taisent au 
milieu des armes ; elles n'ordonnent pas qu'on les attende, lorsque 
celui qui les attendrait serait victime d'une violence injuste avant 
qu'elles pussent lui prêter une juste assistance" (Cicéron).
- Le port d'armes libre profite aux criminels (ou aux déséquilibrés).
Les criminels se soucient peu de la loi et pourront toujours être 
armés (dans tous les pays où le port d'armes est limité, il y a un marché noir des armes très actif et assez facile d'accès[2]) ;
 en réalité la prohibition profite avant tout aux criminels, leurs 
victimes étant désarmées. Aux États-Unis, la logique qui interdit le 
port d'armes sur un campus quand n'importe qui peut y pénétrer et tirer 
sur des gens désarmés (« tueries scolaires ») est criminelle. 
Il faut noter que dans l'esprit des révolutionnaires de 1789, établir un contrôle des armes revenait à instaurer de nouveau des privilèges :
« Il est impossible d’imaginer une aristocratie plus terrible que celle qui s’établirait dans un État, par cela seul qu’une partie des citoyens serait armée et que l’autre ne le serait pas ; que tous les raisonnements contraires sont de futiles sophismes démentis par les faits, puisque aucun pays n’est plus paisible et n’offre une meilleure police que ceux où la nation est armée. »
— Assemblée nationale, séance du mardi 18 août 1789,, Le Moniteur universel, n° 42, p. 351
Mirabeau était d'avis d'inscrire ce droit dans la Déclaration des Droits de l'Homme et du citoyen, il avait même proposé l'article 10 suivant (article 11 dans les Mémoires de Mirabeau) :
« Tout citoyen a le droit d’avoir chez lui des armes et de s’en servir, soit pour la défense commune, soit pour sa propre défense, contre toute agression illégale qui mettrait en péril la vie, les membres ou la liberté d’un ou plusieurs citoyens. »
Cependant, les membres du Comité des Cinq[3] considérèrent que « le
 droit déclaré dans l’article 10 non retenu était évident de sa nature, 
et l’un des principaux garants de la liberté politique et civile que 
nulle autre institution ne peut le suppléer »[4]
- Le port d'armes libre augmente la criminalité.
On constate que la légitime défense a un effet dissuasif, les pays (États-Unis, Suisse…)
 où règne une relative liberté de port d'armes, sont aussi des pays plus
 avancés que le reste du monde du point de vue du respect des libertés 
individuelles et n'ont pas une criminalité supérieure, au contraire. 
D'après Pierre Lemieux, les taux de crimes violents sont 81% plus élevés dans les États restreignant plus sévèrement le port d’armes[5].
Il est en fait très difficile d'établir une corrélation entre la 
quantité d'armes à feu en circulation et le taux d'homicide. Des pays où
 les armes à feu sont interdites ont des taux d'homicide bien supérieurs
 à celui des États-Unis. En Suisse, le port d'armes est resté libre de 1848 à 1998,
 et la première fusillade de masse n'est survenue qu'en 2001 (14 morts 
le 28/09/2001 au parlement de Lucerne) deux ans après la prohibition du 
port d'armes passée au niveau fédéral en 1999. On estime qu'il y a encore dans ce pays de 4 à 6 millions d'armes à feu pour une population de 8 millions d'habitants. 
- Puisque la fonction d'une arme à feu est de tuer, elle devrait être interdite.
Cette conception souvent avancée est erronée. Une arme à feu peut 
également avoir comme fonction de menacer un agresseur dans le but de se
 défendre (ou seulement de le blesser pour le mettre hors d'état de 
nuire). Un usage passif, à but défensif, de l'arme à feu est 
parfaitement légitime, n'enfreint les droits de personne et permet au 
contraire de protéger ceux de son propriétaire. Tuer n'est en réalité 
qu'une des fonctions possibles d'une arme à feu au même titre que pour 
les voitures par exemple (on peut se servir d'une voiture pour écraser 
quelqu'un, mais les voitures ne sont pas prohibées pour autant). Si les 
armes à feu devraient être interdites parce qu'elles permettent de tuer 
des gens, on ne voit pas pourquoi cette interdiction ne concernerait pas
 également les policiers, les gendarmes et les militaires, qui doivent 
souvent tuer des malfaiteurs ou des ennemis.
- Les gens armés menacent l'ordre en réduisant l'efficacité d'intervention de la police.
C'est plutôt l'inverse qui se passe. Il y a moins de raisons pour la 
police d'intervenir dans un environnement auto-dissuasif, où les 
malfaiteurs savent qu'ils ne sont pas mieux armés que leurs victimes 
potentielles. Ensuite, cela rétablit un certain équilibre des forces : 
la police ne peut plus devenir un instrument de coercition et 
d'arbitraire.
- Le port d'armes entraîne de la part de l'État une surveillance accrue des citoyens, car la population devient alors une menace bien plus importante pour la sûreté de l'État en cas de troubles ; ainsi si le libre port d'armes augmente la liberté individuelle, il entraîne la réduction d'autres libertés.
Ce point de vue est infirmé par les divers classements mondiaux (dont Reporters Sans Frontières) des pays du point de vue du respect des libertés individuelles ou du point de vue de l'indice de démocratie
 de The Economist Group. Le port d'armes s'intègre de façon cohérente 
dans l'ensemble des libertés individuelles ; dès lors qu'il est 
autorisé, il serait incohérent de voir les libertés restreintes sur 
d'autres plans d'importance égale. 
E) L'attentat du 13 novembre 2015, la guerre est la santé de l'Etat
L’État
 d'urgence, le Congrès de Versailles, les prémisses d'une déclaration de
 guerre "officielle" à Daech ? A quoi cela sert-il de déclarer la guerre
 à des groupes privés qui ne sont pas des États ?
Alger 1957, autres temps, mais même problème, même sauvagerie et les islamistes étaient déjà là avec le FLN, mais comme le disait Yacef Saadi, c'était pour la bonne cause: l'indépendance et la sécession d'avec l’État français.
La nature profonde des États est de faire la guerre. Cela permet d'étendre les pouvoirs des hommes qui nous gouvernent et de les concentrer dans les mains de quelques uns d'entre eux. De toute façon, ils font constamment la guerre soit aux autres États et s'il n'y en a pas ils la font à leurs propres concitoyens (la guerre, la drogue, le tabac, les armes, les trafiquants en tous genres, le chômage, les hauts revenus etc.). Paradoxalement au lieu d'emporter ces divers combats, ils ne font que les accroître. Ce qui fait dire à beaucoup de gens que l’État moderne n'est pas la solution mais le problème.
Dans leur quête du pouvoir absolu, les gouvernants nous privent de nos vies soit en nous tuant massivement et brutalement (dictatures), soit en taxant massivement nos moyens de vivre (démocraties). En fait entre Bashar al Assad et François Hollande, la différence n'est pas si sensible qu'on veut nous fe faire croire puisque l'un tue par les armes une fraction de sa population au profit d'une autre pour préserver son pouvoir et celui de son clan (les Alouites) et l'autre vole une fraction de sa population (les riches) au profit de sa clientèle électorale, ils ont en commun de commettre tous deux des actes politiques qui constituent une violation flagrante des droits naturels et imprescriptibles de l'homme : "Article II du préambule de la constitution de la V ième République :
Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme, ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression").
Le problème du terrorisme contemporain au moyen orient, et dans le reste du monde, est le produit de l’État moderne occidental. Il est donc illusoire d'attendre de cette institution une solution. Il est ironique qu'un groupe privé religieux, dit islamique, aux idéaux universalistes, s'empare de territoires et y installe sa loi mettant en échec les frontières des États locaux modernes issus des accords secrets "Sykes-Picot" de 1916 entre anglais et français. Ces entités n'ont jamais été des États-nations, en dépit de la volonté de certains (Lawrence d'Arabie) de créer une nation arabe. Tant que les occidentaux refuseront l'émergence spontanée d'une fragmentation par sécession des États du Moyen Orient en plus petits États, homogènes à la fois religieusement, culturellement et politiquement, (la République Alaouite de Bachard el Assad avec le soutien des Russes, s'il n'arrive pas à reprendre le contrôle des grandes villes comme Aleps, Oms et Damas -le reste de la Syrie n'est qu'un grand désert-. L'autre formule, fragile, est celle du Liban avec une forme de partage politique du pouvoir entre les diverses communautés religieuses qui font de cet État un État qui n'a rien d'occidental, les islamistes vaincront.
Le Djihad est une guerre juste du point de vue des islamistes "ad Bellum" et injuste "in Bello" car son arme essentielle est de tuer un maximum de tiers innocents. Les occidentaux répondent par une guerre injuste "ad Bellum" (en voulant exporter par les armes, s'il le faut, un régime politique démocratique, comme si la démocratie majoritaire était le meilleur des régimes politiques) et une guerre juste "in Bello" en évitant le plus possible de frapper des tiers innocents. Cette asymétrie n'est pas à l'avantage des occidentaux car une guerre doit être juste à la fois "ad Bellum" et "in Bello). Le terrorisme paradoxalement renforce chez les hommes politiques la prétention de faire une guerre juste en utilisant les concepts de droit naturel de" légitime défense et de droit de suite (intervention au sol en Syrie), concepts dont ils interdisent l'utilisation à leurs propres concitoyens en contrôlant le droit de porter et d'utiliser les armes et en décidant eux-mêmes, si vous utilisez votre arme légalement obtenue, pour vous défendre, si vous étiez vraiment en état de légitime défense et si votre riposte est proportionnelle au dommage attendu !
Le plus simple semble-t-il, mais c'est sans doute trop tard, eut été de laisser ces États locaux régler leurs problèmes entre eux sans intervention occidentale.
Bertrand Lemennicier 
La lutte contre le terrorisme par Bertrand Lemennicier, janvier 2013
Guerre et Politique étrangère par M. Rothbard, 1978
La notion de guerre juste par Bertrand Lemennicier, mars 2003
Le terrorisme et le 11 septembre 2001 par Bertrand Lemennicier 2001
Légitime défense et droit de porter des armes par Pierre Lemieux 1993









 
 

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