Campagnes de Macron : le cabinet de conseil McKinsey a de nouveau été perquisitionné début novembre
«Une perquisition a eu lieu le 6 novembre chez McKinsey dans le cadre de l’information judiciaire suivie» par le juge d’instruction parisien Serge Tournaire, a-t-on appris lundi.
Les locaux du groupe McKinsey ont été de nouveau perquisitionnés au début du mois de novembre, dans le cadre de l'enquête pénale concernant les conditions d'intervention de cabinets de conseil dans les campagnes électorales d'Emmanuel Macron, a-t-on appris lundi de source judiciaire. «Une perquisition a eu lieu le 6 novembre chez McKinsey dans le cadre de l'information judiciaire suivie» par le juge d'instruction parisien Serge Tournaire, a précisé lundi cette source, confirmant une information du Parisien.
L'affaire des cabinets de conseil est partie d'une commission d'enquête parlementaire qui avait qualifié, en 2022, de «phénomène tentaculaire» les missions confiées aux cabinets privés par l'État depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron en 2017. Publié en pleine course à la présidentielle, ce rapport avait empoisonné la campagne d'Emmanuel Macron, accusé par les oppositions de favoritisme en faveur de McKinsey. «S'il y a des preuves de manipulation, que ça aille au pénal», avait-il lancé le 27 mars 2022.
Le PNF a d'abord ouvert, le 31 mars 2022, une enquête préliminaire pour blanchiment aggravé de fraude fiscale aggravée à l'encontre de McKinsey, pour un possible montage fiscal des entités françaises qui leur auraient permis de ne verser aucun impôt sur les sociétés entre 2011 et 2020. Six mois plus tard, le PNF a ouvert deux informations judiciaires, notamment pour «tenue non conforme de comptes de campagne», portant sur les conditions d'intervention de cabinets de conseil dans les campagnes électorales de 2017 et 2022 d'Emmanuel Macron et élargie depuis aux années 2015 et 2016, et pour favoritisme.
Des perquisitions ont déjà eu lieu au domicile de dirigeants et anciens dirigeants de McKinsey, au ministère de la Santé, au siège parisien de la société de conseil et à ceux du parti d'Emmanuel Macron, Renaissance, et de l'association de financement de Renaissance.
Campagne de Macron : perquisitions fin janvier chez des dirigeants et ex-dirigeants de McKinsey
Quatre perquisitions en lien avec le cabinet de conseil ont été réalisées dans le cadre d'investigations sur des soupçons de financement illégal des campagnes électorales du président.
Quatre perquisitions ont été menées fin janvier en France au domicile de dirigeants et anciens dirigeants du cabinet de conseil McKinsey dans le cadre d'investigations sur des soupçons de financement illégal des campagnes électorales d'Emmanuel Macron, a-t-on appris vendredi de source proche du dossier, confirmant une information du Parisien.
Ces perquisitions ont été menées dans le cadre de deux informations judiciaires ouvertes en octobre par le parquet national financier (PNF) pour tenue non conforme de comptes de campagne et une autre pour favoritisme et recel de favoritisme. En décembre, c'est le siège français de la société de conseil et ceux du parti d'Emmanuel Macron, Renaissance, et de l'association de financement de Renaissance qui avaient été perquisitionnés par les enquêteurs.
Diverses polémiques
Interrogé par l'AFP, le PNF n'a pas souhaité confirmer les quatre perquisitions menées le 31 janvier par les gendarmes de la section de recherches (SR) de Paris.
Pendant la dernière campagne présidentielle, un rapport du Sénat avait suscité de vives polémiques sur l'utilisation des fonds publics au profit de cabinets de conseil et l'opposition avait réclamé une enquête sur un éventuel favoritisme dont McKinsey aurait bénéficié de la part de la majorité macroniste.
Comment le cabinet de conseil McKinsey aurait échappé à l'impôt sur les sociétés en France
Le rapport pointait aussi du doigt un possible montage fiscal des entités françaises de McKinsey, qui leur aurait permis de ne verser aucun impôt sur les sociétés entre 2011 et 2020. Le 31 mars dernier, le PNF avait ouvert une enquête préliminaire pour blanchiment aggravé de fraude fiscale pour vérifier le bien-fondé de ces dernières accusations. Dans le cadre de cette enquête, une perquisition avait déjà été menée au siège français du cabinet le 24 mai.
Selon Mediapart, certains membres du cabinet McKinsey auraient pu œuvrer gratuitement pour la campagne présidentielle victorieuse d'Emmanuel Macron en 2017. Interrogé en novembre sur ces soupçons, le chef de l'État avait assuré: «Je ne crains rien et (...) je crois que le cœur de l'enquête n'est pas votre serviteur».
McKinsey: Macron affiche sa sérénité
La consonance n'a rien d'une évidence. Aux oreilles d'Emmanuel Macron, Dijon rime désormais pourtant avec McKinsey. En déplacement dans le chef-lieu de la région Bourgogne-Franche-Comté vendredi, le président a une nouvelle fois été contraint de s'exprimer sur l'affaire qui porte le nom du cabinet de conseil américain, et qui le poursuit depuis plusieurs mois. Un schéma identique à celui qu'il avait déjà connu en Côte-d'Or au printemps dernier, où, quelques jours avant le premier tour de la présidentielle, il avait regretté les excès, les caricatures et les « débats de fou » sur ce sujet, dont il ne s'estime pas responsable, et encore moins coupable.
Alors, comme lors de sa précédente visite, le chef de l'État s'est là encore plié dès la mi-journée à l'exercice du point-presse, prenant le temps de répondre longuement aux questions des journalistes. L'occasion pour lui de minimiser la portée du communiqué publié la veille par le parquet national financier (PNF), confirmant la récente ouverture de deux informations judiciaires sur des soupçons de « favoritisme » et de « recel de favoritisme » dans le recours aux cabinets de conseil, ainsi que sur la sincérité de certains comptes pour les campagnes présidentielles de 2017 et 2022 - sans préciser lesquels.
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« Je ne crains rien. (…) Je crois que le cœur de l'enquête n'est pas votre serviteur. (…) Personne ne m'a prévenu, personne ne m'a appelé », s'est défendu Emmanuel Macron, profitant du flou entretenu par le texte du procureur de la République financier, Jean-François Bohnert. « Mes comptes de campagne de 2017 ont déjà été soumis à toutes les procédures - aux juges -, (et) ils ont été validés par les procédures que nos lois prévoient. (…) Ils ont déjà été regardés, re-regardés, re-re-regardés », a « insisté » le président, rappelant que « ceux de 2022 sont en chemin, comme tous les (autres) candidats ». « C'est normal que la justice fasse son travail. Elle le fait librement. C'est une très bonne chose que toute la lumière soit faite et que la transparence soit faite », a enfin souhaité le chef de l'État, qui se sait protégé par son immunité pénale - prévue à l'article 67 de la Constitution - pour toute la durée de son mandat. Avant de conclure en fustigeant - même si le sujet « a pu choquer » une partie du pays - les « attaques politiques » de ses adversaires, qui « voudraient politiser » la question.
«Un travail de long terme»
Voilà pour la dimension polémique de la journée, qu'il s'agissait d'évacuer le plus rapidement possible pour pouvoir se recentrer sur l'objet initial de la venue d'Emmanuel Macron. À savoir les violences sexistes et sexuelles. Un sujet tristement remis sur le devant de la scène politico-médiatique à la rentrée à travers l'« affaire Quatennens », et qui reste d'une actualité brûlante. « Malgré tout ce qui a été fait, nous continuons d'avoir des féminicides et nous continuons d'avoir des violences. Aussi longtemps qu'il y en aura, nous ne devrons rien relâcher de ce combat », a prévenu le président. D'où sa volonté d'aller au-delà des « éléments de bilan (…) des dernières années » et d'identifier les « pistes » sur lesquelles il y aurait besoin de « renforcer » les dispositifs en place. Ce fut le sens de ses échanges successifs avec les différents acteurs de la chaîne mobilisée dans le cadre des violences faites aux femmes : les victimes, d'abord, qui se comptent par centaines de milliers chaque année, et dont deux lui ont fait part de leur expérience. Les forces de l'ordre, aussi, qui sont désormais mieux formées aux interventions, comme il a pu le constater lors d'une simulation d'élèves gendarmes. Et le personnel judiciaire, enfin, qui lui a fait connaître les difficultés rencontrées au quotidien. « On est tous impatients d'avoir des résultats évidents. (…) (Mais) tout cela, c'est un travail de long terme. On ne change pas (les choses) sur une génération », prévient-on lucidement à l'Élysée. D'où le choix d'Emmanuel Macron d'en faire la grande cause de son décennat.
McKinsey / Macron : la justice ne lâche pas l’affaire
Une nouvelle perquisition chez McKinsey relance une affaire explosive mêlant argent public, cabinet de conseil et campagne présidentielle.
Le 6 novembre dernier, une nouvelle perquisition a été menée dans les locaux parisiens de McKinsey. Ordonnée par le juge d’instruction Serge Tournaire, cette opération judiciaire relance une enquête tentaculaire ouverte depuis plus de trois ans. Elle s’inscrit dans le cadre d’informations judiciaires distinctes portant sur des faits de fraude fiscale, de favoritisme et d’irrégularités dans les comptes de campagne présidentielle . Si Emmanuel Macron n’est pas directement visé, son nom reste au cœur du dispositif, et le dossier continue de peser sur sa présidence.
Un écosystème de proximité entre l’Élysée et McKinsey
L’origine de l’affaire remonte à mars 2022, avec la publication d’un
rapport sénatorial qui dénonçait l’ampleur du recours de l’État aux
cabinets de conseil privés, qualifié de « phénomène tentaculaire » . Ce
que l’enquête a peu à peu révélé, c’est une relation bien plus profonde
entre Emmanuel Macron et certains dirigeants du cabinet.
Karim Tadjeddine, directeur associé senior de McKinsey,
incarne cette proximité. Ancien responsable du pôle secteur public, il
avait croisé le chemin de Macron en 2007-2008 au sein de la Commission Attali.
Depuis, les deux hommes ont maintenu des relations constantes,
partageant notamment une même orientation réformatrice et libérale dans
des cercles de réflexion communs comme En temps réel. Des courriels versés à l’enquête montrent que Tadjeddine utilisait son adresse professionnelle McKinsey pour échanger avec l’équipe de campagne d’En Marche
en 2017, et que des consultants du cabinet auraient été impliqués dès
2016 dans le développement d’outils de mobilisation électorale, comme la
plateforme « Au service de tous ».
En 2015-2016, lorsque Emmanuel Macron était ministre de l’Économie, McKinsey aurait fourni des prestations non rémunérées au ministère, selon des documents publiés par Mediapart.
Le caractère gratuit et non contractualisé de ces interventions
interroge, d’autant plus qu’elles pourraient constituer des apports non
déclarés à une campagne électorale.
Un soupçon persistant qui fragilise la présidence
Depuis 2022, l’exécutif peine à se défaire de cette affaire. Emmanuel Macron
avait tenté de désamorcer la polémique en appelant à une clarification
judiciaire : « S’il y a des preuves de manipulation, que ça aille au
pénal ». Trois ans et demi plus tard, les procédures sont toujours
ouvertes, et les perquisitions se poursuivent.
La figure
présidentielle n’est pas mise en cause juridiquement. Mais
politiquement, l’affaire agit comme un facteur d’érosion. Le soupçon
d’un entrelacement entre pouvoir exécutif et intérêts privés alimente
une critique récurrente du macronisme, perçu comme une gouvernance
technocratique déconnectée. La question posée dépasse celle des faits :
elle porte sur l’écosystème de pouvoir, la circulation des élites et la
dilution des frontières entre public et privé.
Le recours massif
aux cabinets de conseil pendant le premier quinquennat, notamment durant
la crise sanitaire, a accentué ce malaise. Bruno Le Maire,
ministre de l’Économie, a reconnu l’existence d’« abus » dans
l’externalisation de certaines missions régaliennes. Mais cette
reconnaissance partielle n’a pas suffi à contenir la défiance. L’affaire
McKinsey s’est imposée comme un marqueur durable des critiques adressées à la présidence Macron.
Renaissance, McKinsey, administration : la chaîne des responsabilités
Sur le plan judiciaire, trois procédures distinctes sont en cours. La première porte sur des faits présumés de blanchiment aggravé de fraude fiscale aggravée. Selon le rapport sénatorial, McKinsey
n’aurait pas payé d’impôt sur les sociétés en France entre 2011 et
2020, malgré un chiffre d’affaires annuel dépassant les 300 millions
d’euros. Le cabinet conteste, affirmant avoir versé plus de 422 millions
d’euros d’impôts et de charges sociales sur la période.
La deuxième procédure concerne les comptes de campagne de 2017 et 2022. Le Parquet national financier (PNF)
cherche à établir si des services de conseil ont été fournis
gratuitement au candidat Macron, ce qui aurait dû être intégré aux
dépenses électorales. Une extension de l’enquête a été ordonnée en 2023
pour couvrir la période antérieure à sa candidature, alors qu’il était
encore ministre de l’Économie.
Enfin, la troisième procédure vise des soupçons de favoritisme dans l’attribution de marchés publics. McKinsey aurait obtenu 36 commandes de l’État pour plus de 24 millions d’euros entre janvier 2021 et juin 2022. Le juge Serge Tournaire cherche à déterminer si ces marchés ont été attribués dans le respect des règles de mise en concurrence.
Ces enquêtes dessinent une cartographie complexe des responsabilités. Le parti Renaissance
et son association de financement sont dans le viseur, tout comme
certains anciens collaborateurs de la campagne présidentielle, à l’image
de Mathieu Maucort, ex-consultant de McKinsey et aujourd’hui délégué interministériel à la jeunesse, dont le domicile a été perquisitionné en janvier 2023.
Une affaire d’État sans président poursuivi ?
Juridiquement, Emmanuel Macron reste protégé par
l’article 67 de la Constitution, qui garantit l’immunité présidentielle
pendant la durée du mandat. Mais cette protection soulève des questions
sur les limites du contrôle démocratique. Si le président n’est pas mis
en cause, plusieurs figures centrales de son entourage le sont, de
manière directe ou indirecte.
La justice avance prudemment, mais avec constance. Les perquisitions successives — au siège de McKinsey, de Renaissance, aux domiciles de Karim Tadjeddine et Mathieu Maucort — témoignent d’une stratégie d’accumulation de preuves. Le juge Serge Tournaire, connu pour avoir mené les affaires Fillon et Bygmalion, supervise un dossier dont les ramifications interrogent le fonctionnement même de l’appareil d’État.
https://lessentieldeleco.fr/4402-mckinsey-macron-la-justice-ne-lache-pas-laffaire/
Comment Macron a pu embaucher des criminels pour s'occuper des Français ? #McKinsey a été condamné dans le monde entier pour escroquerie, corruption, Faillites frauduleuses, conflits d’intérêts, manipulations , grivèlerie, espionnage... #RothschildGate
Fraude fiscale aggravée Nouvelles perquisitions dans l'enquête sur les campagnes de Macron
Les locaux du groupe McKinsey ont été de nouveau perquisitionnés au début du mois de novembre, dans le cadre de l'enquête pénale en France concernant les conditions d'intervention de cabinets de conseil dans les campagnes électorales d'Emmanuel Macron, a-t-on appris lundi de source judiciaire.
«Une perquisition a eu lieu le 6 novembre chez McKinsey dans le cadre de l'information judiciaire suivie» par le juge d'instruction parisien Serge Tournaire, a précisé lundi cette source, confirmant une information du «Parisien». McKinsey est un des principaux groupes internationaux de conseil, fondé aux Etats-Unis.
«Que ça aille au pénal»
L'affaire des cabinets de conseil est partie d'une commission d'enquête parlementaire qui avait qualifié, en 2022, de «phénomène tentaculaire» les missions confiées aux cabinets privés par l'Etat depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron en 2017.
Publié en pleine course à la présidentielle, ce rapport avait empoisonné la campagne d'Emmanuel Macron, accusé par les oppositions de favoritisme en faveur de McKinsey. «S'il y a des preuves de manipulation, que ça aille au pénal», avait-il lancé le 27 mars 2022.
Un possible montage fiscal
Le parquet national financier a d'abord ouvert, le 31 mars 2022, une enquête préliminaire pour blanchiment aggravé de fraude fiscale aggravée à l'encontre de McKinsey, pour un possible montage fiscal des entités françaises qui leur auraient permis de ne verser aucun impôt sur les sociétés entre 2011 et 2020.
Six mois plus tard, il a ouvert deux informations judiciaires, notamment pour «tenue non conforme de comptes de campagne», portant sur les conditions d'intervention de cabinets de conseil dans les campagnes électorales de 2017 et 2022 d'Emmanuel Macron et élargie depuis aux années 2015 et 2016, et pour favoritisme.
Des perquisitions ont déjà eu lieu au domicile de dirigeants et anciens dirigeants de McKinsey, au ministère de la Santé, au siège parisien de la société de conseil et à ceux du parti d'Emmanuel Macron, Renaissance, et de l'association de financement de Renaissance.
Deux enquêtes judiciaires ouvertes Le cabinet de conseil Mc Kinsey, symbole du fossé entre Macron et la France
Une cible parfaite. Idéale. Une cible symbolique à la fois de la fascination supposée d’Emmanuel Macron pour le secteur privé anglo-saxon, et des manœuvres opaques des multinationales et des lobbies. Voilà ce qu’est devenu, en France, le cabinet de conseil américain Mc Kinsey (dont le siège est à New York), sur lequel le Parquet national financier (PNF) Français a confirmé jeudi 24 novembre avoir ouvert en octobre deux informations judiciaires, pour sa participation aux campagnes présidentielles victorieuses d’Emmanuel Macron, en 2017 et 2022.
De graves accusations
Sur le papier, les accusations sont graves. La première information judiciaire (le nom de l’enquête destinée à déterminer l’existence d’une infraction ou non) porte sur une possible «tenue non conforme de comptes de campagne et minoration d’éléments comptables». En clair? Le candidat Macron a-t-il bénéficié de l’expertise de Mc Kinsey sans payer ce cabinet fort, au niveau mondial, de plus de 30'000 consultants dans 65 pays. Et si oui, pour quelles raisons et avec quelles contreparties?
La seconde vise à savoir s’il y a eu «favoritisme et recel de favoritisme». On voit bien le lien. Mc Kinsey, avec lequel le gouvernement français a passé des contrats pour un montant d’environ 12 millions d’euros durant la pandémie de Covid 19, a-t-il été «récompensé» pour sa contribution dans l’élection, puis la réélection, de l’actuel chef de l’Etat?
Macron, protégé par l’immunité présidentielle
Grave? Oui. Même si Emmanuel Macron (protégé par l’immunité présidentielle pendant son mandat) a affirmé à Dijon, vendredi 25 novembre, qu’il «ne craint rien» et qu’il n’est pas «au cœur de l’enquête» menée par les magistrats du PNF, l’affaire est tout à fait sensible. D’abord parce qu’elle relance l’idée, attisée par les oppositions de gauche et de droite radicales, que le locataire de l’Élysée cherche par tous les moyens à court-circuiter son administration dans laquelle il n’a pas confiance. Ensuite, parce que Mc Kinsey est tout, sauf un cabinet de conseil peu médiatique et peu sulfureux. Au contraire.
Il suffit de faire quelques clics sur internet pour réaliser que le cabinet américain, dont les effectifs ont explosé au niveau mondial depuis vingt ans, est aujourd’hui cité dans de nombreuses affaires de corruption (en Afrique du Sud, en Inde…). Ajoutez à cela la nationalité américaine de la firme, et ses montages comptables qui ont entraîné en mai 2022 la perquisition de ses bureaux français pour «soupçons de fraude fiscale», et la coupe est pleine. Prononcez Mc Kinsey et la France officielle, dominée par une haute administration très sourcilleuse de ses prérogatives, entre en rébellion.
La réalité est sans doute plus simple, ce qui ne veut pas dire qu’elle n’a pas conduit à des actes illégaux. Pour Emmanuel Macron, passé par la banque Rothschild avant de rejoindre l’Elysée sous François Hollande, obsédé par l’efficacité et le retour de l’attractivité économique française, Mc Kinsey rime avant tout avec solution. Solution, car la spécialité de ce cabinet de conseil – qui publie chaque année un grand rapport avec le World Economic Forum de Davos – est la comparaison internationale.
Or Macron a toujours pensé que la France, et surtout son administration, ignore beaucoup trop ce qui se passe ailleurs. Solution aussi, car les consultants de Mc Kinsey, utilisés notamment durant la pandémie pour rédiger un guide du télétravail, sont aussi rapides que coûteux. Ils accouchent de recommandations claires, ce que les ministères français peinent parfois à produire.
Solution enfin, car comme tout cabinet de conseil, Mc Kinsey obéit à son client. Un ordre. Un rapport. Une facture. Pas d’interminables discussions avant d’entamer la mission. Et surtout pas d'avis contraire, ou si peu.
L’un des pays les plus étatisés d’Europe
Voilà ce que Mc Kinsey symbolise, à la fois pour Emmanuel Macron et pour la France qui est, rappelons-le, l’un des pays les plus étatisés d’Europe avec près de six millions de fonctionnaires et assimilés, sur 67 millions d’habitants et une population active de 29,7 millions. «Quand on veut aller très vite et très fort sur une politique, il faut parfois avoir recours à des prestataires extérieurs à l’État», s’était-il défendu à la fin mars. Bien dit. Et assez juste. Sauf que cette disruption dont il s’était fait l’avocat en 2017 s’est enlisée.
Qu’importent les comparaisons internationales, pour lesquelles Mc Kinsey a notamment été utilisé par le ministère de l’Education. Qu’importe le possible besoin d’avoir un avis plus indépendant sur la réforme des retraites, ce que Mc Kinsey a produit pour la Caisse nationale d’assurance vieillesse. Qu’importe la possible nécessité de repenser les systèmes des marchés publics, tâche en partie confiée à Mc Kinsey par l’Union des groupements d’achats publics. La France étatisée voue aux gémonies les cabinets anglo-saxons, et sa culture des audits privés demeure limitée.
Des évidences niées et un réveil brutal
Emmanuel Macron a depuis le début nié ces évidences. Plus grave pour un président élu: il n’a pas cherché depuis 2017 à remobiliser une administration qui, souvent, dispose des compétences requises. Aujourd’hui encore, son Conseil national de la Refondation (qui vient de tenir sa grande consultation numérique) supposé aboutir à une modernisation de l’État, n’est pas accepté.
A force de crier haro, à juste titre, sur l’inefficacité du «pognon de dingue» dépensé par les services publics dans les minima sociaux, et de penser que Mc Kinsey et consorts sont des béquilles qui lui permettront de tirer la France de sa longue convalescence sociale, le locataire de l’Elysée a fait du nom Mc Kinsey un cauchemar. Or qui dit cauchemar, souvent, dit réveil brutal…
Richard Werly
Journaliste Blick
L’hypocrisie macronienne : croisé autoproclamé contre les ingérences étrangères, mais client fidèle des firmes américaines















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