novembre 08, 2025

Qu'est-ce qui se passe en Belgique ?

Belgique : une tempête économique et politique s’abat sur le royaume

Le paysage politique et économique de la Belgique, souvent perçu comme un havre de stabilité au cœur de l’Europe, cache une réalité bien plus agitée. Ce petit royaume, voisin discret de la France, est réputé pour ses artistes, sa gastronomie et son humour bon enfant, mais rarement pour les inquiétudes qu’il suscite.

Pourtant, les mauvaises nouvelles s’enchaînent : records de faillites, blocages dans les rues et les aéroports, procédure pour déficit excessif, et une dette souveraine dégradée par les agences de notation.

Derrière les stéréotypes de bandes dessinées, de gaufres et de bières accompagnées de frites, la Belgique traverse une période de turbulences intenses, marquée par des tensions identitaires, une croissance fragile et un gouvernement instable.


 

Un pays fragmenté : trois régions, trois identités

La Belgique est une mosaïque complexe : une fédération composée de trois régions principales – la Flandre au nord, néerlandophone et économiquement dynamique ; la Wallonie au sud, francophone et plus dépendante des transferts fédéraux ; et Bruxelles, capitale cosmopolite et enclavée, majoritairement francophone mais bilingue. Ce modèle fédéral, une monarchie constitutionnelle parlementaire, est dirigé par un roi symbolique, Philippe, décrit comme discret et attaché à l’unité nationale. Géographiquement, elle représente un carrefour entre l’Europe germanique et romane, abritant le siège de l’Union européenne et de l’OTAN, symboles de sa « neutralité » historique.

Pourtant, les tensions entre Flamands et Wallons n’ont jamais été aussi vives. Le mot « sécession » est désormais prononcé ouvertement, particulièrement en Flandre, où le parti nationaliste N-VA, dirigé par Bart de Wever – aujourd’hui Premier ministre –, prône une plus grande autonomie. Des scénarios hypothétiques évoquent une partition : une Flandre indépendante, une Wallonie résiduelle potentiellement unie à Bruxelles sous un « Wal-Brux« , ou même un district européen pour la capitale. Une telle rupture entraînerait une redistribution chaotique de la dette et des ressources, avec des impacts comparables aux dissolutions post-yougoslaves, menaçant la stabilité de l’UE elle-même.

Un héritage industriel en péril

Historiquement, la Belgique a brillé comme une puissance industrielle. Au XIXe siècle, elle surpassait le Royaume-Uni en exportations de fonte et d’acier, grâce à ses ressources en charbon. Aujourd’hui, elle abrite des champions mondiaux comme AB InBev, le plus grand brasseur planétaire avec 56 milliards d’euros de ventes annuelles, ou des entreprises comme UCB (traitements contre l’épilepsie) et Solvay (chimie). Le port d’Anvers, deuxième d’Europe, reste un atout logistique majeur.

Malgré cela, l’économie belge affiche une croissance modeste de 1,3 % en 2025, avec un chômage historiquement bas, mais masque des fragilités profondes.

Le pays commerce principalement avec ses voisins (France, Allemagne, Pays-Bas), rendant sa croissance vulnérable aux crises européennes comme la dette ou l’énergie. L’inflation érode le pouvoir d’achat, les salaires indexés augmentent les coûts du travail, et la dépendance aux énergies fossiles (62 % de la consommation) expose à l’instabilité géopolitique.


 

Une crise économique amplifiée par la dette

Les indicateurs alarmants s’accumulent : un record de faillites depuis cinq ans, des infrastructures vieillissantes et des investissements publics en retard. La dette publique flirte avec 106 % du PIB, et le déficit atteint 5,2 % en 2024, projeté à 5,5 % en 2025-2026. En juin 2025, Fitch a dégradé la note souveraine à A+, citant un déficit croissant et des préoccupations budgétaires persistantes. La Belgique est sous procédure de déficit excessif par la Commission européenne depuis juin 2024, exigeant des réformes pour ramener le déficit à 2,5 % d’ici 2026.

La croissance repose désormais sur la demande intérieure, mais les exportations stagnent face à la faiblesse des partenaires allemands et français. Des milliers de PME ferment, étouffées par une fiscalité lourde et des coûts énergétiques élevés.

Instabilité politique et réformes contestées

Le gouvernement fédéral, formé après les élections de 2024, est un « mille-feuilles » institutionnel avec des coalitions régionales divergentes. Bart de Wever, indépendantiste flamand, incarne ces fractures : la Flandre réclame plus d’autonomie, tandis que la Wallonie défend la solidarité nationale. Bruxelles, sans gouvernement stable depuis plus d’un an, joue les arbitres.

Les négociations budgétaires pour 2026 sont dans l’impasse, avec un délai accordé jusqu’en décembre pour éviter un effondrement gouvernemental. Les réformes proposées – relèvement de l’âge de la retraite, impôt sur les plus-values au-delà de 10.000 euros, et fin des allocations chômage à vie (une exception belge) – visent à économiser 10 milliards d’euros d’ici 2029. Ces mesures, incluant une limitation des allocations à deux ans (un an pour les jeunes), sont jugées « historiques » par de Wever, mais elles déclenchent une vague de contestation.

Manifestations et colère sociale

En octobre 2025, des dizaines de milliers de Belges sont descendus dans les rues pour une journée d’action nationale, émaillée de violences avec la police. Les grèves ont paralysé les aéroports de Bruxelles et Charleroi, annulant des centaines de vols et affectant 70.000 voyageurs. Les syndicats protestent contre une austérité perçue comme inéquitable, craignant une hausse de la pauvreté et une chute de la consommation. Sur les réseaux, les débats font rage, certains évoquant une « crise politique » comparable aux impasses françaises ou néerlandaises.

 


 

Perspectives : un automne gris, mais des atouts persistants

L’automne 2025 s’annonce sombre : ciel gris, routes saturées, trains en retard, pouvoir d’achat en berne et prix de l’énergie élevés.

Les agences de notation scrutent les finances belges, et un éclatement du pays serait une crise majeure pour l’Europe. Pourtant, la Belgique n’a pas dit son dernier mot. Son tissu industriel solide, ses universités et sa position stratégique au cœur de l’Europe offrent des ressources pour rebondir. Elle a survécu à des occupations, des crises économiques et sanitaires par le passé.

La loi de finances 2026, attendue sous peu, cristallise les espoirs de redressement, mais son impopularité risque d’attiser les tensions. Pour les voisins français, à deux heures de la frontière, un voyage à Bruges ou Bruxelles reste une invitation à découvrir un pays riche en paradoxes, mais accueillant. La situation belge nous concerne tous : un État fondateur de l’UE en péril pourrait ébranler le continent entier.

https://multipol360.com/belgique-une-tempete-economique-et-politique-sabat-sur-le-royaume/

 


 

 

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