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Librement vôtre - Faisons ensemble la liberté, la Liberté fera le reste.
Deux textes plus ou moins anonyme un sur la France communiste, l'autre sur un Juppé "islamo-collabo"; deux folies mais aussi des vérités entre radicalisation et extrémisme... à débattre
Lettre à la France
Anonyme
Chère France, ici l'Amérique.
Salut, la France, nous sommes désolés de ces sottises qui viennent d'arriver.
En fait, nous sommes doublement désolés. De toute évidence, la cause
ultime en est le gouvernement collaborationniste communiste que nous
vous avons infligé depuis '45. Les communistes ont importé les Arabes;
les Arabes ont fait ce qu'ils ont fait. Nous regrettons d'avoir à
énoncer une évidence, mais voilà la vie sous le communisme pour vous.
Nous faisons ce que nous pouvons à propos de nos propres communistes. Ce
qui pour l'instant n'est pas grand-chose. Mais pourquoi nous attendre?
Est-ce que Walesa a attendu Soljenitsyne? Quoi, est-ce qu'Obama va vous
envahir? Comme Brejnev? Croyez-moi, Obama n'est pas Brejnev.
Hé, la France! Ne laissez pas passer une crise sans en tirer parti!
Voici un autre secret de l'Amérique: toujours et partout, il n'y a pas
de victoire graduelle ou relative pour la Droite. Il n'y a qu'une
victoire absolue en une seule étape. Attrapez la vague! Il vous faut
surfer; vous ne pouvez pas vous contenter de pagayer. Attrapez la vague
que vous pourrez, ou continuez à mourir.
La Gauche, dont la mission est la destruction, peut prendre tout le
temps qu'elle veut pour abattre la civilisation. Elle peut même tolérer
de brèves rémissions. Elle joue avec une nation comme un chat avec une
souris. Mais la Droite, dont la mission est la préservation, la
restauration, la création, doit travailler de manière cohérente en une
seule étape.
Il y a un modèle de laser appelé laser femtoseconde. Pour un millionième
de milliardième de seconde, il est plus brillant que le soleil. Si vous
agissez politiquement sur la base de la raison et de la réalité, plutôt
que de l'instinct et de l'émotion, vous n'allumez pas un incendie; vous
construisez un laser femtoseconde.
Le dernier chapitre du chef-d'œuvre de de Maistre explique le processus
de la contre-révolution pratique plus ou moins parfaitement. En théorie,
étant des Français et non pas des barbares, vous n'avez rien à
apprendre de nous. Mais puisque votre État est un satellite de
l'Amérique, nous connaissons peut-être votre ennemi mieux que vous ne le
connaissez.
Quoi qu'il en soit, voici mon manifeste simple pour un changement
pratique de régime. Dans un monde idéal, un million de Français se
réunissent à Paris et obtiennent le respect de ces exigences, à peu près
maintenant. Ce n'est pas un monde idéal et cela n'arrivera pas — mais
ne devrait-on pas savoir où nous voulons aller? Primo: La Cinquième
République a échoué et est abolie. Tout pouvoir d'État est transféré à
une Nouvelle République Française dirigée par l'armée, sous la
supervision de Mme Le Pen. Tout le pouvoir au Front National! Il n'y a
pas besoin d'attendre une élection. Lénine a-t-il attendu une élection?
Secundo: Les Quatrième et Cinquième Républiques sont déclarées Cinquième
et Sixième. La vraie Quatrième est Vichy. Tous les régimes totalitaires
du XXe siècle, le régime fasciste (Quatrième), satellite allemand, et
le marxiste (Cinquième / Sixième), satellite américain, sont déclarés
également criminels et traîtres à la patrie. Collaborer avec Londres,
Berlin, Washington ou Moscou, c'est le même délit.
Tertio: La France est fermée pour reconstruction. Ses frontières sont
closes et resteront closes indéfiniment. Tous les étrangers, y compris
les diplomates, sont soit déportés soit internés. Les Français bloqués à
l'étranger, y compris des diplomates, sont soit rapatriés soit
expatriés. Ces mesures ne prendront fin que lorsque la France sera une
fois de plus une nation, et pas une province du Mondaméricain.
Quarto: Les véritables frontières ne concernent pas que les seules
migrations. La souveraineté politique est également compromise par la
dépendance financière, commerciale et intellectuelle. Puisque la France
d'aujourd'hui est un patient atteint de cancer et que seul un isolement
strict peut la sauver, tous ces liens doivent être rompus. Une France
future, forte et saine pourra les restaurer.
Tous les titres français détenus hors de France sont annulés. Tout le
commerce extérieur est réglé en or à un point d'entrée unique. Aucun
produit manufacturé n'est importé. Toutes les liaisons Internet sont
coupées. Seule la Nouvelle République achemine les paquets hors de
France, seulement à Washington, et pour seulement trois objectifs:
offrir des produits français à la vente; acheter des minéraux
stratégiques; et négocier les questions planétaires réels tels que les
droits sur l'océan, la contamination atmosphérique, la protection des
oiseaux migrateurs et de la défense contre les astéroïdes.
Quinto: À cause des actes criminels du régime communiste, qui visait à
s'établir au pouvoir de façon permanente en important un nouveau peuple,
la possession d'un passeport français délivré par la sixième République
n'est pas une preuve de la nationalité française. Toute personne
titulaire d'un passeport français, mais sans quatre grands-parents nés
en France, doit présenter une nouvelle demande de citoyenneté à la
Nouvelle République Française.
Les demandes sont évaluées par la police. Toute personne à la fois
assimilée et civilisée, sans égard à sa race, est acceptée. Tous les
demandeurs restants sont déportés, ou internés si le Mondaméricain
refuse de les accueillir. L'internement est pas une punition et n'en
deviendra pas une, mais la France est une nation souveraine et personne
ne la colonise.
Sexto: La Nouvelle France n'est pas seulement dirigée par le Front
national et l'armée, mais gouvernée par eux. La France a de la chance;
une fois que les colons sont expulsés, elle n'a pas d'ennemis qui
possèdent la force à la fois morale et physique de l'attaquer.
Puisqu'elle n'a pas de besoin militaire pour son armée, elle peut
l'utiliser pour la tâche beaucoup plus importante de la restauration de
la nation.
Tous les fonctionnaires de la sixième République sont présumés
communistes jusqu'à preuve de leur patriotisme, et sont mis à la
retraite à taux plein. Pour commencer, le nouveau gouvernement est
entièrement composé d'anciens officiers militaires. Lorsqu'il est
nécessaire de recruter, toute expérience dans le secteur officiel ou
para-officiel, les forces de sécurité exceptées, est une
disqualification inconditionnelle. En cas de doute, le processus de
dénazification utilisé en Allemagne en 1945 est un bon guide.
Septimo: La France est une nation catholique et ne peut pas être
restaurée sans l'aide de l'Église. Malheureusement, cette institution
aussi a été envahie par les communistes. La Fraternité Saint-Pie X est
le successeur légal de l'Église catholique française. Tous les prêtres
affiliés à l'Église du Nouvel Ordre sont présumés communistes jusqu'à
preuve du contraire, et purgés comme les fonctionnaires.
L'Église a pleine autorité sur tous les établissements d'enseignement de
la maternelle à l'université; elle gagne la propriété de toutes les
entreprises de médias et d'édition existantes. La liberté d'expression
ne sera pas violée; les communistes peuvent rester communistes et
continuer à essayer de colporter leurs produits toxiques, aux adultes en
tout cas. Mais aucun organe de pouvoir conquis par le communisme ne
peut survivre à sa chute.
Octavo: Toutes les institutions philanthropiques, les ONG, les
fondations, etc., sont transférées à l'État pour liquidation. De plus,
la source d'énergie ultime de ces institutions pernicieuses,
l'oligarchie financière du XXe siècle, ne peut pas être autorisée à
survivre.
Beaucoup de Français riches ont acquis leur argent honnêtement, même
sous le régime corrompu des traîtres. Beaucoup l'ont mal acquis. Sans
enquêter sur les affaires du passé, la richesse personnelle des riches
doit être déclarée et plafonnée au maximum nécessaire pour assurer une
vie de luxe. Les actifs au-dessus de ce plafond, mérités ou non, sont
échangés contre des titres de noblesse. Les voleurs et les traîtres
seront soulagés de s'échapper par ce petit sacrifice; les hommes
d'affaires honnêtes et patriotes comprendront sa nécessité.
Nono: Tous les secrets d'État, à l'exception des plans militaires, sont
descellés. En utilisant ces documents, et toutes les sources vivantes
encore disponibles, la Nouvelle République va parrainer l'ouvrage de la
plus grande qualité portant sur l'histoire de la France au XXe siècle,
un document de référence entièrement indépendant, patriotique et
catholique sans complexe, qui ne sera contaminé par aucun biais, ni
fasciste, ni communiste.
Decimo: la France doit être restaurée culturellement,
architecturalement, et industriellement. Tous les bâtiments construits
en France, d'un caractère moderniste, communiste, islamiques ou
autrement non-français, seront démolis et/ou remplacés dans un style
historique français.
Selon un degré compatible avec l'offre réelle de main-d'œuvre, la
production industrielle de nourriture et de vêtements est interdite.
Puisque la Nouvelle République a mis à la retraite l'ensemble du
gouvernement, beaucoup de Français auront besoin de travail. La seule
source envisageable de la demande de travail est la production
artisanale sur les modèles pré-industriels; l'honneur et
l'épanouissement ne peuvent être trouvés que dans des tâches égales au
potentiel humain du travailleur. Tout le monde peut être un maçon ou
charpentier; Personne ne devrait être condamné à vivre comme un robot
industriel du XIXe siècle.
Undecimo: La Nouvelle République Française est un régime temporaire
visant à guérir la France, pas à la gouverner éternellement. Sa dernière
tâche est de concevoir son propre remplacement permanent, presque
certainement par une monarchie absolue héréditaire dans la grande
tradition française. Bien sûr, il n'y a pas un Français sur mille
aujourd'hui qui comprendrait ou soutiendrait ce plan. Pourtant, la
moitié de la France, au moins, voit le même problème.
Ce qui vous retient, chère France, est l'illusion que vous avez un
remède plus facile, plus simple, plus indolore. La France a le cancer.
Elle sait, même, qu'elle a le cancer. Je prescris une chimiothérapie;
mais pourquoi pas de l'aspirine? L'aspirine n'a pas bon goût, alors elle
doit sûrement aider.
Pourquoi ne pas tout simplement réélire Sarkozy, avec son Karcher?
Peut-être l'utilisera-t-il cette fois? Il va certainement promettre de
le faire. Et puis pourquoi toute cette dictature militaire? Ne
pourrions-nous élire Marine, à l'issue d'une élection constitutionnelle
normale? Elle promet d'expulser les terroristes. Elle doit avoir une
liste. Bien sûr, ils vont faire appel à Bruxelles, alors il va y avoir
beaucoup de questions juridiques à résoudre…
Hélas, la vérité est que la France est accro au communisme, comme un
alcoolique à l'alcool. Ce matin, elle a une sacrée gueule de bois. Elle
promet de cesser de boire. Eh bien, elle va certainement boire moins…
France, je suis désolé. Il faut un sevrage brutal. Plus une seule
goutte! Dans votre cœur, France, vous savez quoi faire. Et vous en avez
peur. N'avons-nous pas tous peur du changement?
Voici la traduction de l'anglais par mes soins
d'une lettre ouverte,
anonyme, mais nettement dans la lignée réactionnaire de
Mencius Moldbug.
Cette lettre est complètement folle,
mais sa folie a l'avantage d'être aux antipodes de la
Folie Française ultra-socialiste,
et je trouve cela fort raffraîchissant.
Cette traduction ne signifie bien sûr pas approbation, loin de là;
je ne vois dans ce manifeste aucun point sur lequel je n'aie rien à redire.
J'ai dans le passé longuement expliqué
mes différends intellectuels avec Moldbug, et ils restent les mêmes.
Quant à une version libérale du changement de régime, pour comparer,
il y en a une sur mon blog,
signée Roman Perdeanu — vous pouvez-voir les différences
entre ce que le liquidateur y fait ou n'y fait pas —
et dans ce second cas laisse les citoyens autant
libres de le faire que responsables civilement du résultat.
Petit
florilège : les casseroles de Juppé chantent faux, prises au hasard sur
le Net : Alain Juppé, ancien repris de justice, très lourdement
condamné en première instance à 18 mois de prison avec sursis, 5 ans de
privation de ses droits civiques, et 10 ans d’interdiction de se
présenter devant des électeurs pour avoir, disent les juges, « trompé la
confiance du peuple français » (peine réduite en appel, suite à des
pressions elles-mêmes pénalement répréhensibles, de la part du Président
de la République Jacques Chirac, et du Premier Ministre Jean-Pierre
Raffarin
Alain
Juppé se voit déjà candidat à la présidentielle en 2017, maintenant que
Jean-François Copé et Nicolas Sarkozy semblent hors-jeu.
Mais Alain Juppé a un passé qu’il faut rappeler.
1995, l’affaire de l’appartement
En juin 1995, Le Canard enchaîné révèle
qu’Alain Juppé, à l’époque Premier ministre, a donné des ordres pour
baisser le loyer de son fils Laurent qui occupe un appartement rue Jacob
dont la ville de Paris est propriétaire. Dans la même rue, Alain Juppé
occupe un appartement de
189 m2 pour un loyer anormalement bas et y fait réaliser des travaux de plusieurs millions de francs aux frais du contribuable.
Alain
Juppé déménagera après une plainte pour « prise illégale d’intérêt »
déposée par l’Association des contribuables parisiens fondée par le
jeune Arnaud Montebourg.
1999, l’affaire des emplois fictifs de la ville de Paris
En
1999, Alain Juppé est mis en examen pour « abus de confiance, recel
d’abus de biens sociaux et prise illégale d’intérêt » dans le cadre
d’une affaire de financement occulte d’emplois fictifs, pour des faits
commis alors qu’il était secrétaire général du RPR (ancêtre de l’UMP) et
maire adjoint de Paris (aux Finances).
Le
30 juin 2004, le tribunal correctionnel de Nanterre condamne Alain
Juppé à dix-huit mois de prison avec sursis et à une peine de dix ans
d’inéligibilité.
Le 1er décembre 2004, la Cour d’Appel réduit la condamnation à quatorze mois de prison avec sursis et un an d’inéligibilité.
Relisons avec intérêt les propos de la Cour d’Appel :
«
Il est regrettable qu’au moment où le législateur prenait conscience de
la nécessité de mettre fin à des pratiques délictueuses qui existaient à
l’occasion du financement des partis politiques, M. Juppé n’ait pas
appliqué à son propre parti les règles qu’il avait votées au parlement. »
Qui pourra croire qu’Alain Juppé est l’homme de la situation ?
La retraite dorée d’Alain Juppé : la réforme pour nous, le jackpot pour lui !
Voici une des plus belles illustrations du mépris dont Alain Juppé fait preuve pour ses concitoyens. Fin 2002, juste avant que n’entre en vigueur la réforme mise en œuvre par ses amis au gouvernement,
Alain Juppé fait valoir ses droits à la retraite d’inspecteur des
finances alors qu’il n’a quasiment jamais exercé ce métier : il existe
une loi sur mesure qui permet aux inspecteurs des finances, tout en
faisant carrière politique, de cotiser comme s’ils étaient encore en
poste !
A
57 ans, Alain Juppé n’a pas laissé passer l’occasion de profiter de
cette loi indigne. Pourtant, depuis longtemps, il explique à qui veut
bien l’entendre qu’il faut allonger la durée de cotisation des
fonctionnaires à 40 ans minimum et repousser l’âge du départ à plus de
60 ans. Mais ça, c’est pour les autres, pas pour lui ! La
retraite d’Alain Juppé a été fixée à 3 654 euros par mois… auxquelles
s’ajoutent les indemnités d’élu et de ministre. Ces indemnités cumulées
sont néanmoins plafonnées à 7 775 euros, la retraite de fonctionnaire
étant par contre pleinement cumulable.
Allez, pour remuer le couteau dans la plaie : J.O n° 302 du 28 décembre 2002 page 21910 Décrets,
arrêtés, circulaires- Mesures nominatives Ministère de l’économie, des
finances et de l’industrie Arrêté du 13 novembre 2002 portant admission à
la retraite (inspection générale des finances) NOR: ECON0200088A Par
arrêté du ministre de l’économie, des finances et de l’industrie en date
du 13 novembre 2002, M. Juppé (Alain), inspecteur des finances, est
admis, sur sa demande, à faire valoir ses droits à la retraite, à
compter du 1er janvier 2003. ÉTAT CIVIL : M. Alain Juppé – Né le 15
août 1945 à Mont-de-Marsan (Landes) – Circonscription d’élection :
Gironde (2ème) – Groupe politique : UMP – Profession : Inspecteur des
finances – MANDATS ET FONCTIONS À L’ASSEMBLÉE NATIONALE – RÉÉLU le
16/06/2002
Petite
cerise sur le gâteau « recette langue de bois » pour ce type qui ose
parler d’obscurantisme » lorsqu’il s’agit de dénoncer, à l’époque,
l’islam « obscur » dans un lointain pays, alors que l’islam, obscur par
nature commence à frapper chez nous et que ce quidam part « draguer » de
futures voix en Algérie, pour 2017, et qui sait si bien lécher les
babouches musulmanes, même les plus louches.
Celui
qui est devenu, horreur d’entre les horreurs, notre ministre des
affaires étrangères, vient de justifier(1), une nouvelle fois, le titre
d’islamo-collabo qui lui a été donné la semaine dernière dans l’édito
(2) de Riposte laïque, au grand dam du distingué Jean-Marcel Bouguereau,
du Nouvel Observateur. En effet, on savait déjà que le roi des
compromissions avec l’islam avait accordé un terrain sous forme de bail emphytéotique à l’association
des musulmans de Gironde pour y construire un gigantesque complexe
islamique qui dépendra de Tareq Oubrou, celui qui reconnaît volontiers
que les musulmans peuvent, temporairement, tant qu’ils sont en minorité,
respecter la loi de la République mais qui, dès qu’ils sont en nombre
suffisant, doivent appliquer la charia in extenso.
On savait déjà que le roi des compromissions avec l’islam était opposé à la loi contre la burka au
nom de la « stigmatisation possible de l’islam », et avait proclamé(3)
que l’islam était compatible avec la République parce que « la France
doit être accueillante et respectueuse des différences ».
Les
méfaits du sieur Juppé continuent : en pleine révolution égyptienne,
quand le fanatique(4) Qardawi prêche(5) devant des centaines de milliers
de musulmans place al-Tahrir, le ministre (impossible de dire « notre
ministre ») va discuter avec ceux qui sont parmi les plus intransigeants des musulmans et ose dire que l’on se trompe sur eux… On se trompe sur eux, monsieur le Ministre ?
Ah
bon… ces doux rêveurs(6) qui ont pour objectif avoué d’instaurer des
républiques islamiques dans les pays à majorité musulmane ont même
réussi, au cours de leur histoire, à se faire interdire dans plusieurs
pays arabes et musulmans, comme la Syrie ou l’Egypte de Nasser (les doux
Frères avaient assassiné neuf ans auparavant le premier ministre
égyptien et semblaient prêts à poursuivre leur œuvre de mort) et leur
branche palestinienne est devenue le Hamas, organisation terroriste qui
appelle ouvertement à la disparition d’Israël et applique de façon
terrible la charia, notamment à l’endroit des femmes et des homosexuels.
Ce
sont toujours les mêmes qui, bien que prétendant avoir fait évoluer le
mouvement en prônant démocratie et modernisme, ont décidé en 2007,
c’était hier, que ni les coptes ni les femmes n’étaient assez qualifiés
pour devenir Président de la République ! Ce sont les mêmes qui ont
permis que naisse le Conseil européen de la fatwa(7), dirigé par
Qardawi, qui « s’est donné pour mission d’émettre des fatwas
spécialement destinées aux musulmans vivant en Europe afin qu’ils
puissent rester intégralement gouvernés par la charia » (wikipedia)…
Mais
il semble bien que l’islamo-collabo Juppé aime la démocratie à la sauce
islamique, il aime la charia, il n’aime donc ni la France ni la
République, ni ses valeurs :
l’égalité homme-femme, et la liberté d’expression. On rappellera
utilement à celui qui manie la takkia autant que ses interlocuteurs du
Caire qu’il suffit, pour savoir le vrai, d’aller lire le manifeste(8) en
50 points du fondateur des Frères musulmans, qui est toujours
d’actualité…
On
y lit quelques joyeusetés propres à rassurer un ministre de la
République française, prêt à collaborer avec les pires ennemis du genre
humain qui soient :
– Modifier les lois afin qu’elles soient conformes à la charia (loi islamique) dans tous les secteurs d’activités
– Resserrer les liens entre les pays musulmans, particulièrement entre les pays arabes en vue d’un rétablissement du califat.
–
Répandre l’esprit islamique dans tous les ministères du gouvernement
afin que tous les employés se sentent obligés d’adhérer aux
enseignements de l’islam
– Surveiller la conduite de tous ses employés et mettre fin à la séparation entre la vie privée et la vie professionnelle.
–
Modifier les horaires de travail en été et en hiver afin que tous
puissent facilement accomplir leurs obligations religieuses.
–
Évaluer toutes les décisions gouvernementales en regard de la loi et
des enseignements de l’islam. Les fêtes nationales, les réceptions, les
conférences officielles, la vie dans les prisons et les hôpitaux
devraient être conformes aux enseignements de l’islam. Les heures de
travail devraient être établies de telle sorte qu’elles n’entrent pas en
conflit avec les heures des prières.
–
S’occuper de la «question de la femme » d’une façon qui améliore son
statut et lui assure une protection qui soit conforme avec les
enseignements de l’islam. Ce dossier (le plus important socialement)
doit se garder des positions non orthodoxes de ceux dont les opinions
sont soient déficientes soient excessives.
–
Reconnaître que la fornication est un crime, quelles que soient les
circonstances; un crime détestable qui mérite la flagellation.
– Interdire toutes les formes de jeux: loteries, courses et casinos.
– Faire campagne contre la consommation d’alcool et de drogue: le salut de la nation dépend de leur interdiction.
–
Faire campagne contre le port de vêtements inconvenants et contre les
conduites relâchées; éduquer les femmes sur ce qui est convenable, et
être particulièrement strict envers les enseignantes, les élèves et les
étudiantes, les femmes médecins et de manière générale avec tous ceux
qui travaillent dans ces domaines.
–
Revoir le programme scolaire offert aux jeunes filles et s’assurer
qu’il diffère de celui des garçons à plusieurs étapes de leur éducation.
–
Interdire la mixité entre les étudiants des deux sexes; traiter les
fréquentations entre jeunes gens en âge de se marier comme un crime qui
doit être puni.
–
Fermer les salles de danse moralement indésirables et les boîtes de
nuit, et interdire la danse et les autres passe-temps du même genre.
– Inspecter les théâtres et les salles de cinéma et choisir avec rigueur les films et les pièces qui y seront présentés.
– Censurer les chansons et sélectionner soigneusement celles qui seront diffusées.
–
Choisir soigneusement les conférences, les chansons et les sujets qui
seront diffusés à la radio: utiliser la radio pour éduquer la nation
d’une manière vertueuse et conforme à la morale.
–
Confisquer les histoires provocatrices, les livres qui promeuvent le
scepticisme d’une manière insidieuse, les journaux qui encouragent
l’immoralité et ceux qui profitent de manière indécente des désirs
lascifs.
–
Considérer sérieusement la mise sur pied d’une police des moeurs
(hisba) responsable de punir ceux qui transgressent ou attaquent la
doctrine islamique, tels ceux qui ne se conforment pas au jeûne du
Ramadan, ceux qui ne font pas leurs prières, ceux qui insultent la foi
et ceux qui commettent d’autres méfaits similaires. Vous l’avez compris,
le sieur Juppé est indigne. Indigne d’être ministre du pays des droits
de l’homme et de la femme.
Le
sieur Juppé est un collaborateur prêt à vendre pour une bouchée tout ce
qui fait le plaisir de vivre en France : l’égalité, la mixité, la
liberté d’expression, de mœurs et de religion, l’art, le primat de la
loi des hommes sur la loi divine…
Monsieur
Juppé est notre honte et nous ne pardonnerons pas à ce gouvernement de
lui avoir donné un rôle et un pouvoir iniques, à vous qui nous trahissez
de la pire des manières. S’il y avait une vraie gauche, encore laïque
et républicaine, en France, elle demanderait immédiatement sa démission,
pour complaisance grave avec le fascisme !
Nous espérons qu’un Nuremberg jugera tous les islamo-collabos, et, quand ce jour arrivera, Juppé sera en bonne place !
L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre.
Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.
Il serait temps que les différentes gouvernances US puissent relire le libertarien F. Bastiat et de pas se contenter des idées du libéral Keynes, inepte à la situation politico-économique de nos jours, comme de se rappeler de l'histoire, de son fameux "New deal" et des conséquences guerrières de l'époque.
Sommaire:
A) Bastiat, repère intellectuel de la droite américaine par Michael C. Behrent
B) Leonard Read, l’éditeur de Frédéric Bastiat aux États-Unis - Damien Theillier - 24hgold
C) Bastiat et les Etats-Unis - Compte rendu du dîner-débat du 5 mai 2007 avec Jean-Claude Paul-Dejean. - Lumières Landaises n° 64.
D) Ce qu’on doit à Frédéric Bastiat, par Roman Bernard - juanasensio.com (Stalker)
E) Tout sur Frédéric Bastiat - Bastiat.org
— Démystificateurs de sophismes économiques depuis 1845. - Un site par François-René Rideau
F) Ce que la gauche ne comprend pas chez Bastiat - Par Sheldon Richman, depuis les États-Unis - Contrepoints via Reason.com
A) Bastiat, repère intellectuel de la droite américaine
Ironie du sort : alors que beaucoup d’Américains associent spontanément
« France » et « socialisme », c’est un auteur français, Frédéric
Bastiat, que la droite américaine évoque pour dénoncer l’immoralité des
tendances « socialisantes » de leur gouvernement.
La droite
américaine n’est pas particulièrement connue, du moins dans sa forme
actuelle, pour sa francophilie. Rappelons, par exemple, l’épisode des « freedom fries »,
conséquence de la vague d’indignation que la politique irakienne du
gouvernement français suscite dans l’opinion américaine, surtout lorsque
celle-ci est conservatrice. Ou encore la « méchanceté » que certains
républicains attribuaient au candidat démocrate aux élections
présidentielles de 2004, le sénateur francophone John Kerry, qui
disait-on « ressemblait même à un Français ». Plus récemment, lorsque
des militants conservateurs accusent Barack Obama d’être « socialiste »,
ils sous-entendent qu’il épouse une doctrine anti-américaine,
européenne, et, sans doute, un petit peu française par-dessus le marché …
Il semblerait ainsi pour le moins surprenant que la droite américaine
actuelle (que l’on pourrait caractériser comme l’amalgame du
libéralisme économique et du conservatisme proprement dit), notamment
dans cette forme particulièrement virulente qu’est le mouvement
anti-gouvernemental des « tea partiers »,
se réfère à un penseur français pour définir son programme et lui
donner un fondement philosophique. Pourtant, c’est le cas : les
pourfendeurs américains du « tout État » ont trouvé un champion
intellectuel dans l’économiste et publiciste français Frédéric Bastiat.
Bastiat et la droite américaine, une vieille histoire
Bastiat ? Plutôt oublié aujourd’hui en France, il fut un des grands
défenseurs du principe du libre échange au dix-neuvième siècle. Né en
1801, il ne se fait une renommée, après s’être essayé aux affaires et à
l’agriculture, qu’à partir de 1844, en défendant les idées
antiprotectionnistes de Richard Cobden dans un article publié par le Journal des économistes
intitulé « De l’influence des tarifs anglais et français sur l’avenir
des deux peuples ». Il participe à la fondation d’une association ayant
les mêmes buts que Cobden dans sa campagne contre les Corn Laws. Bastiat rédige les Sophismes économiques,
dans lequel, à coup de petits textes aussi limpides qu’ironiques, il
entreprend de détruire les raisonnements des socialistes et des
protectionnistes. Après la révolution de février 1848, il est élu député
des Landes. À cette époque, il participe à une célèbre polémique avec
Pierre-Joseph Proudhon. Mais après quelques années seulement passées
dans la vie publique, il succombe, en 1850, à une tuberculose. Le livre
qu’il destinait à être son chef d’œuvre, les Harmonies économiques, reste inachevé.
L’engouement actuel de certains secteurs de la droite américaine pour
Bastiat a des racines déjà anciennes. La redécouverte de ses écrits, et
leur réédition en vue d’en faire des manifestes libertariens, fait
partie de la réaction libérale contre la pensée « collectiviste » (mot
qui englobe aussi bien le nazisme, le communisme, le keynésianisme, et
le « libéralisme » américain du New Deal) dans la foulée de la
deuxième guerre mondiale. Un de ces « apôtres » américains du
néolibéralisme fut l’homme d’affaires Leonard Read, qui découvre Bastiat
en 1935 grâce à Thomas Nixon Carver, professeur à Harvard. À l’époque,
Read anime un petit réseau de libéraux (au sens économique), dont 3000
figurent sur sa liste de distribution. En 1943, il envoie à chacun un
petit pamphlet de Bastiat surnommé La loi. C’est sans doute à
cette date que commence l’étrange carrière de ce texte comme instrument
de propagande du mouvement conservateur américain (rappelons que dans le
lexique politique américain, l’épithète « conservateur » est couramment
utilisée pour se référer à la doctrine économique qui en France sera
décrite comme « libéral »). Read créa en 1946 la Foundation for Economic
Education (FEE),
ayant pour mission de répandre la bonne parole libre-échangiste et de
former intellectuellement une avant-garde libérale et individualiste au
milieu du « collectivisme » ambiant. Ludwig von Mises (émigré aux
États-Unis) en est un adhérent ; Friedrich Hayek y collabore de même (ce
dernier fonda, l’année suivante, une association sœur : la Société du
Mont-Pèlerin).
Sous la tutelle de la FEE, Read fait retraduire La loi de Bastiat par un universitaire du nom de Dean Russell. La nouvelle traduction parait en 1950, et devient le bestseller de la fondation : en 1971, elle avait déjà vendu 500 000 exemplaires (cette traduction est toujours disponible sur le site web de la FEE) [1].
Un autre personnage important du mouvement libertarien, le journaliste
Henry Hazlitt, publie en 1946 une sorte d’abrégé de la théorie
économique, intitulé Economics in one lesson (lui aussi distribué
par la FEE), dans lequel il reconnaît sa dette intellectuelle à l’égard
de Bastiat, plus spécialement envers son essai Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas.
Hazlitt remarque que son propre ouvrage « peut en fait être considéré
comme une modernisation, un élargissement et une généralisation de
l’approche que l’on trouve dans le pamphlet de Bastiat » [2].
Voici une courte vidéo présentant l'influence de l'économiste français
Frédéric Bastiat aux Etats-Unis, et faisant intervenir un étudiant et
deux membres du corps professoral de l'Université George Mason.
Renouveau de Bastiat sous Obama
Si donc aujourd’hui le nom et les slogans de Bastiat circulent
actuellement dans les mouvements de protestations contre le plan de
relance du président Obama (en 2009) ainsi que sa réforme du système de
santé (en 2010), c’est seulement parce que ses écrits sont depuis
longtemps en circulation, et sont comme canonisés par les milieux
libertariens et libre-échangistes. Le 15 avril 2009, lors d’une des
premières grandes journées d’action nationales des tea partiers (le jour
où les américains doivent déclarer leurs impôts), un professeur
d’université prononce un discours à Washington, dans lequel il évoque la
mise en garde de Bastiat contre la tendance des gouvernants à pratiquer
la « spoliation légale ». Le même jour, en Broward County (Floride), un blogueur raconte avoir vu un manifestant lors d’un « tea party »
portant une pancarte étalant le même slogan (« spoliation légale »),
expression, rappelle-t-il utilement pour ses lecteurs, « utilisée par
Fréderic Bastiat dans son livre de 1849 La loi pour parler des socialistes » (en réalité La Loi fut publiée pour la première fois en 1850).
Plus récemment, sur le site « meetup.com » (qui permet d’organiser en ligne des réunions réelles), un chapitre floridien du « 9-12 Project » (l’association fondée par le journaliste conservateur Glenn Beck qui fait partie de la galaxie des tea partiers)
encourage les intéressés à venir discuter de « La loi de Frédéric
Bastiat », tout en expliquant que
« Bastiat […] fut un des plus
éloquents champions du concept du droit à la propriété et de libertés
individuels émanant du droit naturel (le même concept qui a servi de
fondation à la Constitution américaine) »
, que La loi est « une réfutation puissante du Manifeste communiste
de Karl Marx » (bien que Bastiat ne cite aucunement ce dernier), et que
ce livre est « aussi pertinent aujourd’hui qu’il y a 160 ans ».
Comment expliquer ce « retour à Bastiat » américain ?
En premier
lieu, il s’agit d’une sorte de contrecoup au « retour à Keynes » que
l’on a vu à la suite de la crise financière de l’automne 2008, et dont
une conséquence politique évidente est le plan de relance adopté peu
après l’inauguration de Barack Obama. Pour certains conservateurs, la
crise est vécue comme une menace à l’encontre du triomphe aussi bien
politique qu’intellectuel du libéralisme et du libre-échangisme depuis
les années 1980. Elle est vue comme une opportunité pour les partisans
de l’intervention étatique de se réaffirmer. C’est surtout le plan de
relance, que les démocrates se mettent à adopter aussitôt après
l’inauguration d’Obama le 20 janvier 2009, qui attire la foudre des
conservateurs et déclenche la mobilisation anti-gouvernementale qui
deviendra le mouvement « Tea Party ». Dès le 22 janvier, l’Investor’s Business Daily (un
journal national spécialisant dans les questions économiques,
généralement tendant à droite) s’inquiète du fait que la célèbre
prophétie de Bill Clinton selon laquelle « l’ère du big government
est révolue » est en train de devenir désuète, en citant la définition
que propose Bastiat de l’État : « c’est la grande fiction à travers
laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde »
(passage que les amateurs américains de Bastiat citent avec une
fréquence particulière) [3].
Ensuite, ce que Bastiat permet de dénoncer, ce n’est pas uniquement
le principe même de l’intervention étatique, mais le « solipsisme
économique » sur laquelle elle se repose. Pour Bastiat, l’étatisme est
la conséquence d’un problème épistémologique, voire phénoménologique :
la conviction que les seules conséquences importantes d’une action sont
celles qui sont accessibles à la vue.
Quels apports de Frédéric Bastiat, économiste français, à la science économique ? Alain
Madelin a lancé fin novembre un cycle de conférences intitulé "à la
découverte de l'économie" qui a lieu toutes les semaines dans le 17ème
arrondissement de Paris. Une conférences sur deux est donnée par
lui-même et les autres par des intervenants de renom.
C’est la grande idée de son essai
sur Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas. Ainsi, le Pittsburgh Tribune Review
(journal régional, plutôt conservateur), commentant le plan de relance,
remarque que « l’administration d’Obama est en train d’offrir une leçon
préventive de l’incompréhension de principe Bastien du visible et de
l’invisible » [4],
citant l’exemple des « emplois verts » que le plan propose, mais dont
les coûts, selon le journal, risquent à long termes d’être plus
importants que les effets stimulateurs, tout en n’étant pas
immédiatement perceptibles.
La Vitre cassée
Dans la même lignée, beaucoup évoquent l’analyse que fait Bastiat du solipsisme de la « vitre cassée » (qui parait aussi dans Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas).
Bastiat raconte l’anecdote suivante :
le « terrible fils » du « bon
bourgeois Jacques Bonhomme » lui casse un carreau de vitre. Aussitôt,
des assistants au drame le consolent ainsi : « À quelque chose malheur
est bon. De tels accidents font aller l’industrie. Il faut que tout le
monde vive. Que deviendraient les vitriers, si l’on ne cassait jamais de
vitres ? » Toutefois, ce constat se fonde uniquement sur ce qui est
visible, soit l’argent que M. Bonhomme verse au vitrier. Ce que l’on ne
voit pas, c’est que « s’il n’eût pas eu de vitre à remplacer, il eût
remplacé, par exemple, ses souliers éculés ou mis un livre de plus dans
sa bibliothèque ».
La force de cet argument réside avant tout dans la
manière dont Bastiat l’applique : il se trouve que ce que l’on voit est
décidément toujours de l’ordre de l’État ou de la puissance publique.
L’erreur distinctive de toute politique économique ayant recours aux
moyens de l’État est qu’elle privilégie les effets visibles (les
dépenses, l’impôt) en négligeant les effets invisibles (le marché,
l’initiative individuelle). Ainsi, concernant les effets apparemment
positifs des impôts,
Bastiat constate : « Vous comparez la nation à une
terre desséchée et l’impôt à une pluie féconde. Soit. Mais vous devriez
vous demander aussi où sont les sources de cette pluie, et si ce n’est
pas précisément l’impôt qui pompe l’humidité du sol et le dessèche ».
Le « broken window fallacy » (l’erreur de la vitre cassée) a joué un rôle essentiel dans la réception américaine de Bastiat. Sur YouTube, on trouve une vidéo
dans laquelle John Stossel, journaliste de télévision aux opinions
libertariennes, explique l’erreur des vitres cassées avec une étonnante
littéralité … La parabole de Bastiat peut même être utilisée à des fins
explicitement partisanes. Sur un site conservateur,
on trouve le commentaire suivant :
« Le plan de relance du président
Obama a échoué parce qu’il a ignoré l’erreur de la vitre cassée, comme
le font tous les projets gouvernementaux pour stimuler l’économie en
dépensant. Est évidente dans le plan d’Obama l’idée que le gouvernement
peut dépenser l’argent mieux et de manière plus efficace que le secteur
privé. Ce qu’Obama et les liberals [au sens américain,
c’est-à-dire « ceux de la gauche »] ne comprennent pas, c’est que chaque
dollar qu’ils dépensent doit venir de quelque part […] En somme, tout
dollar dépensé par le gouvernement en est un que le secteur privé ne
dépensera pas ». L’auteur conclut (c’est la raison d’être de son site)
que le meilleur disciple actuel de Bastiat n’est autre que… Sarah Palin,
l’ancienne colistière de John McCain lors des dernières élections
présidentielles, ancien gouverneur de l’Alaska (de 2006 à 2009), et
grande héroïne des tea partiers : « Quelque part, Frédéric
Bastiat est en train de sourire, tout content qu’il est de savoir que sa
philosophie de gouvernement limité est en pleine forme grâce au
gouverneur Sarah Palin ».
Procès du « socialisme »
Mais la raison principale pour l’engouement actuel pour Bastiat est à
trouver dans sa manière particulière de dénoncer le « socialisme ». Son
utilité ne réside pas seulement dans le fait qu’il critique le
socialisme, mais dans sa manière même de le définir. Selon Bastiat,
l’homme, tout occupé par sa nature à la conservation de son être, est
destiné à gagner sa vie de deux façons possibles :
grâce à son propre
travail, ou grâce au travail d’autrui. Les hommes ont une « disposition à
vivre et à se développer, quand ils le peuvent, aux dépens les uns des
autres » [5].
Par conséquent, la loi et la politique peuvent s’organiser eux aussi
selon deux principes différents : la défense de la liberté individuelle
(et donc de la propriété), ou la spoliation (c’est-à-dire, le fait de
vivre du travail d’autrui). Le premier est évidemment, aux yeux de
Bastiat, le régime le plus juste. Mais une fois que la loi n’est plus
que la simple organisation des droits individuels, « chaque classe
voudra faire la Loi, soit pour se défendre contre la spoliation, soit
pour l’organiser aussi à son profit » [6].
La spoliation devient la norme. Le socialisme est la conséquence
logique de cette tendance : il est la spoliation décomplexée, la
« spoliation légale ».
La rage des tea partiers contre Obama et le « big government »
est donc avant tout un cri de colère, un sursaut d’indignation contre
un État qui est, à leur vue, de plus en plus spoliateur. Dans une
tribune écrite pour la presse de l’église baptiste, au moment des
grandes manifestations du 15 avril 2009, Kelly Boggs
remarque :
« L’impôt sur le revenu en Amérique est depuis longtemps un
exemple de ce que l’économiste français Frédéric Bastiat surnommait la
‘spoliation légale.’ Selon Bastiat, la spoliation légale a lieu lorsque
le gouvernement prend, par la force, ce qu’un citoyen a légitimement
gagné pour le donner à un autre ». Il continue : « Lorsqu’un simple
citoyen pratique ce que décrit Bastiat, on appelle cela le vol. Quand
c’est le gouvernement qui le fait, on l’appelle la redistribution des
revenus ».
Ainsi, pour les militants de droite, Bastiat est devenu une sorte de père fondateur honoris causa. Le Tea Party de Boston
annonce la création d’un « caucus Bastiat » en expliquant que la
« philosophie » de l’économiste français « ressemble à celui de Thomas
Jefferson ». D’autres le comparent à James Madison. Pour l’historien, de
tels rapprochements ne sont pas sans ironie : si ces représentants du
républicanisme américain que sont Jefferson et Madison se méfièrent sans
doute des tendances tyranniques de tout pouvoir établi, leurs premières
luttes politiques après la promulgation de la constitution en 1789
furent contre Alexander Hamilton et les « fédéralistes » – le parti des
grands intérêts financiers. Il n’empêche que les tea partiers voient le
fil directeur de l’histoire américaine comme étant une trahison
progressive des principes de l’individualisme et d’un gouvernement
minime. Un blogueur qui a pris le pseudonyme d’Andrew Mellon (grande
figure du libéralisme conservateur des années 1920), écrivant pour le
site conservateur « Big Government »,
constate : « Au fur et à mesure que notre pays vieillit, l’État nous
dépouille de nos droits au lieu de les garantir. Le gouvernement
s’élargit, alors que l’individu se rétrécit. Alors que la loi était
censée nous protéger contre la diminution de l’homme, elle est plutôt
utilisée comme moyen de le spolier ». Il poursuit en citant La loi de
Bastiat sur le socialisme comme la somme sur toute spoliation légale.
La référence à l’économiste français sert finalement, de manière
assez paradoxale, à mettre en évidence le caractère étranger (et donc
dangereux) des démocrates et autres « collectivistes ». Le bloggeur
libertarien Clay Barham le confirme explicitement lorsqu’il écrit : « Alors que Bastiat disait [dans l’introduction de ses Harmonies économiques
] ‘Tous les intérêts légitimes sont harmoniques,’ les démocrates
américains contemporains disent que les intérêts de la communauté sont
plus importants que les intérêts de l’individu. Ces deux approches
s’opposent. L’un est purement américain, bien que proclamé par un
Français, et l’autre est européen, ou du Vieux Monde, bien que proclamé
par des Américains ».
Ainsi, bien que ses disciples américains le décrivent le plus souvent
comme un « économiste », c’est surtout en tant que moraliste que
Bastiat exerce sa puissance d’attraction. Il offre moins une
démonstration irréfutable des erreurs du « socialisme » et de
l’intervention étatique que des objections de principes, ayant au moins
le mérite d’une certaine lucidité. Comme le note l’historien du
libéralisme Lucien Jaume, « dans la rhétorique de Bastiat tout phénomène
économique ou social reçoit son doublet moral, voire religieux : la
marche du progrès est fatale mais l’homme est libre, la concurrence est
un fait indestructible, mais elle n’existe qu’en ‘l’absence d’une
autorité arbitraire comme juge des échanges’, etc. C’est le passage
constant de l’objectif au subjectif, du descriptif au prescriptif qui
fait l’originalité de Bastiat … » [7].
Ironie du sort : c’est un auteur français, alors même que beaucoup
d’américains associent spontanément « France » et « socialisme », que la
droite américaine évoque pour dénoncer l’immoralité des tendances
« socialisantes » de leur propre gouvernement.
B) Leonard Read, l’éditeur de Frédéric Bastiat aux États-Unis
« Si
nous aspirons à un objectif tel que celui de faire avancer la liberté
individuelle et le libre marché, nous devons recourir à la méthode du pouvoir
d'attraction, c'est-à-dire le contraire absolu de la propagande, de
l'endoctrinement et des demi-vérités. » Leonard Read, How to advance liberty.
Né dans le Michigan en 1898, Leonard E.
Read devient entrepreneur puis directeur général de la Chambre de commerce de
Los Angeles.Son engagement pour la vérité et les principes de la liberté l'amènent
à créer la Foundation
for Economic Educationen 1946.Pendant 37 ans, il y
travaille sans relâche pour promouvoir et faire progresser la liberté.Il est l’un de ceux
qui, à un moment crucial de l'histoire américaine, ont participé au réveil
des libertés individuelles et à la défense de la propriété privée. Une pierre angulaire de la pensée de
Read, c'est que le libre marché est une institution morale, et pas seulement
un moyen efficace de production. De là, le profit ne doit être que la
conséquence d’un service rendu à la société. Read est l'auteur de 29 livres et d’une centaine
d'essais. Sa vie est un témoignage de la puissance des idées.
La
Foundation for Economic Education
En 1946,
Leonard Read fonde la FEE (Foundation
for Economic Education) qu’il préside jusqu’à sa mort. La FEE est l’un
des plus vieux think-tank libertariens des États-Unis et se consacre à la
diffusion des principes de la liberté. La fondation a été créée au bord de
l’Hudson, dans un manoir du XIXe siècle, dans le comté de Westchester au nord
de New York.
Dès le début,
parmi les nombreux auteurs qui fréquentent la FEE, se trouvent deux jeunes
professeurs de l'Université de Chicago : Milton Friedman et George
Stigler, qui tous deux allaient plus tard devenir lauréats du prix Nobel en
économie. Leonard Read attire à la FEE des gens comme F.A. Harper, Edmund
Opitz, Hans et Marie Sennholz, Paul Poirot, Percy et Bettina Greaves, Dean
Russell, George Roche, Israël Kirzner, Robert Anderson ou Gary North.
Le 1er août
1947, il participe à la première réunion de la Société du Mont Pèlerin en Suisse,
à l'invitation de Friedrich A. Hayek. En 1956, la FEE reprend la publication
d’une revue fondée par A.J. Nock The
Freeman : Ideas on Liberty. La FEE joue également un rôle important dans l'édition
et la promotion des livres essentiels sur la philosophie de la liberté.Au
cours de son histoire, la FEE a publié ou hébergé des conférences données par
certains des meilleurs esprits de l'époque, dont Ludwig von Mises, Friedrich
A. Hayek, Henry Hazlitt, Milton Friedman, James Buchanan, Vernon Smith, Israel
Kirzner, Walter Williams, George Stigler, Frank Chodorov, John Chamberlain,
ou William F. Buckley Jr., parmi beaucoup d'autres.
Une stratégie novatrice
La FEE s’est
donnée comme mission d’enseigner les « premiers principes » de la liberté : le
caractère sacré de la propriété privée, la liberté individuelle, la primauté
du droit, le libre marché, et la supériorité morale du choix individuel et de
la responsabilité sur la coercition.
Mais la
stratégie de Read pour diffuser ses idées est inhabituelle pour l'époque et
impensable pour la plupart des think tanks d'aujourd'hui. La FEE n’envoie
personne à Washington pour faire pression sur le Congrès. Loin de
l'activisme, la fondation est axée exclusivement sur l’enseignement et la
pédagogie. Elle organise des séminaires, publie des livres et son magazine The
Freeman. Suivant l'exemple d’Albert Jay Nock, Read croit qu'une personne
doit se concentrer d'abord sur l'amélioration de la seule partie de la
société sur laquelle elle a un véritable contrôle : elle-même. En
s’instruisant par l’apprentissage des principes de la liberté, on peut
transmettre ces idées à d’autres et peu à peu les propager. La liberté n'est
pas quelque chose qui peut être imposée par le haut.
En outre, il
ne faut pas se contenter d'informer les gens sur les conséquences négatives
de l'ingérence du gouvernement ou souligner les dangers du socialisme. Il
faut aussi présenter l’alternative positive du libre marché.
L’approche
peut sembler simple mais elle a eu un impact énorme. Des générations
d’étudiants américains ont découvert les principes d’une société libre à
travers les publications et les séminaires de la FEE.
Leonard Read a
toujours été intransigeant dans sa défense de la vérité. Lorsque le juge
Howard Pew, un généreux bienfaiteur de la FEE, demande à Read de repenser sa
position sur les droits de douane, celui-tient bon. Il va même jusqu'à
refuser de publier un article soumis par l'ancien président Herbert Hoover,
une connaissance de longue date. En revanche, il permet à Ralph Nader, un
activiste de gauche, d’écrire un article critique sur les projets de logement
fédéraux.
Frédéric Bastiat
En 1943, Leonard Read demande à Dean Russell de
faire une traduction moderne de La Loi, le célèbre pamphlet de Frédéric
Bastiat, l’économiste français du XIXe siècle. Puis il l’envoie aux 3 000
membres de son réseau. En 1950, La Loi est la meilleure vente de la
fondation. En 1970, près de 500 000 exemplaires sont déjà écoulés.
L’idée
principale de Bastiat dans La Loi, c’est de montrer pourquoi et
comment la loi est devenue « le champ de bataille de toutes les cupidités »,
c’est-à-dire une source de privilèges, de rentes de situation et d’arbitraire
fiscal. Dès que l’on admet en principe que la loi peut être détournée de sa
vraie mission, qu'elle peut violer les propriétés au lieu de les garantir, il
s’ensuit nécessairement une lutte des classes, soit pour se défendre contre
la spoliation, soit pour l'organiser à son profit.
C’est encore
Leonard Read qui emploie le mot libertarien pour la première fois en 1947. Il
proposait d’utiliser ce terme pour bien se démarquer des
« liberals » qui plaidaient pour l’interventionnisme tout en
revendiquant la bannière du libéralisme. Aujourd’hui, le terme « libertarien
» recouvre deux sens : un sens radical, équivalent à anarcho-capitalisme
(Rothbard) et un sens plus large, équivalent au libéralisme classique avec
une défense sans concession de l’État minimal et du libre marché. C’est ce
second sens que revendiquait Read à la suite de Mises et de Hayek.
« Moi,
le crayon »
En 1958,
Leonard Read écrit dans la revue The Freeman un petit essai devenu
très célèbre : I, pencil (« Moi
le crayon »). Il commence ainsi : « Je suis un crayon à mine, un
crayon ordinaire en bois, familier à tous les garçons et les filles et les
adultes qui savent lire et écrire. Il est l'un des objets les plus simples
dans la civilisation humaine. Et pourtant pas une seule personne sur cette
terre ne sait comment me produire. » Ce texte est une magnifique
illustration de la métaphore de la main invisible. Des milliers de personnes
qui ne se connaissent pas, qui n’ont pas la même religion ni les mêmes
coutumes, réussissent pourtant à se coordonner pour produire cet objet.
Leonard Read ajoute « Il y a quelque chose d’encore plus étonnant :
c’est l’absence d’un esprit supérieur, de quelqu’un qui dicte ou dirige
énergiquement les innombrables actions qui conduisent à son existence. On ne
peut pas trouver trace d’une telle personne. À la place, nous trouvons le
travail de la Main Invisible. »
Et il
conclut : « la leçon que je veux enseigner est la suivante :
laissez libres toutes les énergies créatrices. Organisez juste la société
pour qu’elle agisse en harmonie avec cette leçon. Que l’appareil légal de la
société élimine tous les obstacles du mieux qu’il le peut. Permettez à tous
ces savoirs créateurs de se répandre librement. Ayez foi dans les hommes et
les femmes libres qui répondent à la main invisible. » (I, Pencil,
The Freeman, Decembre 1958. Traduction en français par Hervé de Quengo, Moi,
le crayon.)
Milton
Friedman, qui a préfacé la brochure de la FEE diffusant ce texte, s’est
souvent servi de cette histoire pour expliquer le « miracle » de la
coopération humaine dans une économie de marché, notamment dans son livre et
documentaire vidéo « Free to Choose ».
Lorsque Leonard E. Read est mort, à l’âge
de 84 ans, la FEE a reçu le télégramme suivant du président Ronald Reagan :
« Nous partageons votre chagrin à la perte d'un homme animé toute sa vie
par le dévouement à nos principes les plus chers.Notre nation et son
peuple ont été considérablement enrichis par son dévouement à la cause de la
liberté, et les générations à venir puiseront leur inspiration chez Leonard
Read. »
C) Bastiat et les Etats-Unis
Bastiat n'est jamais allé aux Etats-Unis, mais il
avait une grande curiosité pour ce pays sur lequel il se tenait
méthodiquement informé, notamment grâce au journal anglais Globe and traveller, et à La Revue Britannique,
auxquels il était abonné. Cette dernière revue donnait la traduction en
Français des meilleurs articles parus aux Etats-Unis et en Angleterre.
Le décalage d'un ou deux mois qui en résultait était favorable à la
réflexion. On se souviendra aussi qu'il avait été pensionnaire à l'école
de Sorrèze de 1814 à 1818, école cosmopolite dont le prestige attirait
même des étudiants américains. Napoléon 1er avait vendu la Louisiane aux
Etats-Unis quelques années auparavant, et beaucoup de jeunes américains
de cette région tenaient à parfaire leur éducation en France. Il y
avait à Sorrèze, du temps de Bastiat, une trentaine d'étudiants en
provenance de la Nouvelle Orléans.
Bastiat a également été très marqué par le petit opuscule de Benjamin Franklin intitulé La Science du Bonhomme Richard.
En 1776, Benjamin Franklin avait réuni dans ce petit volume les
meilleurs articles d'un almanach qu'il publiait chaque année sous le nom
d'Almanach du pauvre Richard. Ce livre, plein de conseils
pratiques, eut un succès prodigieux en France. Il ne connut pas moins de
32 éditions de 1815 à 1850. Bastiat y a sûrement trouvé son sens de la
formule et l'art de poser un problème. (Il y a trouvé entre autres la
formule qu'il reprendra dans les Harmonies économiques : "C'est lorsque
le puits est à sec que l'on connaît la valeur de l'eau").
En 1849, il reçoit à l'Assemblée Nationale une
délégation d'américains, qui lui apportent la première traduction en
anglais d'une partie des Harmonies économiques.
L'image des Etats-Unis à cette époque
Quelle était à cette époque l'image des Etats-Unis
dans l'opinion publique française? D'abord celle d'un régime politique
inédit pour une Europe entièrement monarchique : une république,
d'autant plus paradoxale que c'était le premier État colonial à être
devenu indépendant. Et contrairement aux deux éphémères républiques
françaises, elle offrait le spectacle d'une grande stabilité
institutionnelle et celui d'une réelle démocratie. Elle était pourvue
depuis 1840 du suffrage universel (1848 en France). Le droit syndical y
était reconnu depuis 1842 (en France il ne le sera qu'en 1884). La
journée de travail de10 heures est généralisée en 1850 (en France elle
est encore de 12 heures).
Dans cette démocratie modèle, il y a cependant un
point noir : l'esclavage. Sur 23 millions d'habitants, il y a un peu
plus de 3 millions d'esclaves, localisés exclusivement dans les Etats du
Sud.
Autre sujet d'intérêt : sur le plan économique, les
Etats-Unis offrent un démenti aux théories malthusiennes. Entre 1790 et
1850, on passe de 4 millions d'habitants à un peu plus de 23. En
soixante ans, la population a donc été multipliée par 6. En France,
pendant la même période, elle a augmenté de 28% et en Angleterre de 34%.
Certes, une grande partie de cette croissance était due à
l'immigration. Il n'en reste pas moins que d'après Malthus, une telle
croissance aurait dû engendrer la pauvreté. Or on estime que la richesse
totale de la population en 1790 était de 3,7 milliards de francs, et de
35,7 en 1850. La richesse avait donc cru beaucoup plus rapidement que
la population.
Autre originalité, la dilatation géographique. On
assiste à l'essor d'un pays qui se construit en utilisant l'espace et en
maîtrisant en même temps les moyens de communication. En Europe, par
contraste, nous sommes dans un monde fini. Lorsque les Français
conquièrent l'Algérie, lorsque les Anglais font la conquête de l'Inde,
ils tombent sur une civilisation structurée. Ce n'est pas la métropole
qui s'étend.
Une autre différence frappante avec l'Europe est la
mobilité des populations, et notamment la mobilité sociale, alors que
les sociétés européennes sont figées. Il existe certes des strates
sociales, mais elles sont fondées sur la réussite (ou l'échec)
économique et le travail, et elles ne sont pas éternelles.
Le niveau de l'instruction est très élevé. Il y a des
écoles partout (en France la loi sur l'instruction primaire obligatoire
date de 1832). Il existe enfin un profond sentiment religieux, qui crée
une pratique de solidarité malgré l'individualisme ambiant.
La pensée de Bastiat.
Il existe une certaine convergence entre les sources
de la formation de la pensée de Bastiat et les jugements qu'il pouvait
porter sur les Etats-Unis. Ces sources étaient de trois sortes :
- ses lectures nous avons cité les périodiques, mais on peut y
ajouter la lecture d'auteurs libéraux, comme Destutt de Tracy, très
apprécié de Thomas Jefferson, et l'économiste américain Carey;
- ses expériences agricoles;
- son métier de juge de paix.
Quelle était cette pensée? Les membres du Cercle
Frédéric Bastiat la connaissent bien. Pour Bastiat, l'individu est
confronté à des besoins. Pour les satisfaire, il doit vaincre des
obstacles par l'effort et la raison. Il obtient ainsi des résultats
qu'il s'approprie légitimement. Plus les résultats sont importants, plus
ils demandent d'efforts. Mais ces efforts peuvent être diminués par le
progrès technique, c'est-à-dire la maîtrise croissante de ce que Bastiat
appelle les "dons gratuits de la nature" : la force du vent, celle de
l'eau, du charbon, la terre et sa fertilité. Certes ces dons gratuits
exigent des investissements pour être mis en ouvre. On dit aussi qu'ils
exigent un capital. Ce capital s'obtient au prix d'un travail antérieur.
Mais une fois le capital obtenu, la diminution de l'effort est
éternelle.
Bastiat a exprimé ces idées de bien des manières,
dont une consiste à dire que l'utilité d'un bien se divise en deux :
l'utilité gratuite et l'utilité onéreuse. Le but de l'effort humain est
d'augmenter l'utilité gratuite par rapport à l'utilité onéreuse. Celui
qui engendre un progrès bénéficie au départ d'un avantage, et ne
baissera pas ses prix pour autant. Mais sous l'effet de la concurrence,
les prix baisseront et tout le monde bénéficiera du progrès.
La personnalité ne peut s'épanouir que par la liberté qui va
s'appuyer sur la propriété, obtenue par l'effort et la raison. Mais
diverses circonstances, invasion, déséquilibre social, omnipotence de
l'État, peuvent détruire ce fragile équilibre.
Si la personnalité est niée, nous avons l'esclavage.
Si la liberté est niée, nous avons l'oppression.
Si la propriété n'est pas respectée, nous tombons sur la spoliation.
Les Etats-Unis, confirmation de la pensée de Bastiat.
Bastiat utilise cette grille pour interpréter la Société Américaine.
Pour le Français de l'époque les Etats-Unis étaient
un phénomène inouï : on voyait se construire à la fois un État, une
nation et une société. Les Etats-Unis apparaissaient comme la terre de
tous les possibles. Les européens qui allaient aux Etats-Unis fuyaient
soient la misère, soit l'oppression, soit la spoliation. Ils allaient
aux Etats-Unis où ils se construisaient eux-mêmes en même temps que la
société se construisait. Les socialistes utopiques y trouvaient leur
place : Robert Owen émigre aux Etats-Unis et fonde non loin de Boston
une société qu'il appelle "The New Harmony". Des dizaines de
phalanstères sont créés là bas par des Fouriéristes américains. En 1848,
le socialiste Français Etienne Cabet avait écrit un livre intitulé
"l'Icarie", décrivant une autre société utopique. Il va aller aux
Etats-Unis acheter le terrain pour y construire son utopie. Après
Waterloo, des nostalgiques de l'empire partent en Amérique pour
défricher des terres et vivre entre eux. Ils construisent une petite
ville (aujourd'hui disparue), qu'ils nomment "Aigleville".
Pour Bastiat les Etats-Unis sont un champ
d'observation de l'évolution d'une société. Car on y voit se dérouler de
l'Est à l'Ouest l'évolution de la société : à l'Est, on trouve une
société urbaine industrialisée. Au fur et à mesure que l'on va vers
l'Ouest, on trouve une société de moins en moins structurée, jusqu'au
pionniers, et au delà, des nations primitives. Un américain, Turner,
disait qu'il existait quatre étapes dans le développement d'une société :
le sauvage, le chasseur, l'agriculteur, le citadin. Roger de Fontenay,
un disciple de Bastiat disait "la géographie, c'est la projection dans
l'espace de ce qui s'est passé dans le temps."
Sympathie et réserves.
Bastiat approuve l'État américain : un État simple et
peu coûteux qui intervient le moins possible. Il se limite à assurer la
sécurité publique, gérer le domaine public et lever les impôts
nécessaires pour accomplir ces deux missions. C'était à l'époque l'État
minimum cher aux libéraux. En 1831 il va polémiquer avec le rédacteur en
chef de La Revue Britannique qui prétendait que les charges pesant sur
le citoyen américain étaient supérieures à celles qui pesaient sur le
citoyen français. Il lui démontre qu'il a fait une interprétation
erronée des chiffres. Cet épisode confirme la parfaite connaissance
qu'avait Bastiat des Etats-Unis.
Malgré toute sa sympathie pour cette civilisation nouvelle, Bastiat y voit deux points noirs:
- 94% des recettes de l'État proviennent des droits de douane. Il y a
là quelque chose qui heurte ses convictions libre-échangistes.
- L'existence de l'esclavage, qui choque profondément Bastiat comme elle choque tous les libéraux.
Pour tout simplifier, le nord, anti-esclavagiste, est protectionniste, et le sud, esclavagiste, est libre-échangiste.
Il ne se contente pas d'en être navré. Il prévoit
qu'un tel déséquilibre engendrera tôt ou tard de graves problèmes, et
même s'il n'emploie pas le mot, il craint que cela ne débouche sur une
guerre civile.
En conclusion, Bastiat devait beaucoup aux Etats-Unis
parce qu'il y voyait la confirmation de ses thèses. Mais il le leur a
bien rendu, puisqu'il inspire depuis un siècle et demi, sans
discontinuer, les libéraux américains, grâce à qui nous l'avons
redécouvert nous-mêmes ces dernières années, après un siècle d'oubli .
On sait depuis Luc et Matthieu que nul n’est prophète en son pays.
Méconnu en France, l’économiste libéral Frédéric Bastiat (1801-1850) fut
assez prophétique pour inspirer des penseurs aussi illustres que
Friedrich Hayek ou Milton Friedman. Ronald Reagan décrivait ce Landais
de naissance comme son «économiste préféré». Quant à Margaret Thatcher,
elle louait l’«élégance», la «puissance» du message de Frédéric Bastiat,
«de tous les temps».
Plus récemment, en janvier 2009, le président tchèque, très libéral et
très anti-européiste à la fois, citait, alors que son pays prenait la
présidence tournante du Conseil européen, la fameuse satire de Frédéric
Bastiat sur les marchands de chandelle, où il faisait demander à ces
derniers une interdiction des fenêtres pour faire cesser la concurrence
déloyale imposée par… le soleil.
Vaclav Klaus a dû essuyer les sifflets des eurodéputés devant lesquels
il s’exprimait. Parmi eux, des Français, dont il y a fort à parier
qu’ils découvraient ainsi leur défunt compatriote.
Il se pourrait toutefois que Bastiat soit de retour dans la terre qui l’a vu naître. En 2004 déjà, le livre L’État c’est toi !
remettait la pensée de Bastiat à l’honneur. L’an dernier, les Belles
Lettres (cf. couverture) éditaient les pamphlets du publiciste, préfacés
par son spécialiste, l’universitaire Michel Leter.
Le même Michel Leter, dans la foulée de la création du Centre d’études
du libéralisme francophone (Celf), publiait la correspondance de Bastiat
avec Victor Calmètes entre 1819 et 1822. Ce mois-ci, enfin, sort le
premier des sept volumes de ses œuvres complètes aux éditions Charles Coquelin. Claude-Frédéric Bastiat revient à la mode (1).
Dans l’ordre politique, l’époque ne semble pourtant pas aux politiques
reaganienne et thatcherienne, qui s’inspiraient pour partie des
préceptes de Frédéric Bastiat. Aux Etats-Unis, le président Barack Obama
mène une politique socialisante, tandis que le successeur de Tony Blair
au 10, Downing Street, Gordon Brown, se cramponne à l’héritage
social-démocrate de son prédécesseur. Inutile de dire que ce n’est guère
Nicolas Sarkozy, avec sa politique d’endettement public et de «relance»
massifs conseillée par le jacobin Henri Guaino, qui va remettre à
l’ordre du jour les principes d’économie politique du pamphlétaire
bayonnais.
Les gouvernants français devraient au moins se donner la peine de les
lire. Dans une langue d’une clarté, d’une précision et d’un raffinement
rarement égalés chez les économistes, Bastiat s’attaque à tous les
sophismes socialistes, étatistes et protectionnistes de son temps.
Dans son pamphlet le plus célèbre, Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas,
sur lequel se termine le recueil de pamphlets des Belles Lettres,
Bastiat, en catholique averti, commence par une parabole : la vitre
cassée. Si une vitre est cassée par un mauvais plaisant, il s’en
trouvera toujours un autre pour saluer le surcroît d’activité que cela
procurera au vitrier, lequel achètera à son tour les services d’un autre
artisan, et ainsi de suite. Cette « relance » de l’économie induite par
le bris de la vitre, c’est ce qu’on voit. Ce qu’on ne voit pas,
cependant, c’est que le propriétaire de la maison vandalisée aurait pu
allouer la somme donnée au vitrier à autre chose. Ainsi, il n’y aura pas
plus de «relance» de l’économie avec le bris de la vitre que sans. En
revanche, il y aura eu une perte nette dans le premier cas : la valeur
de la vitre.
Comment une idée si simple, si évidente, peut-elle être méconnue par les
politiques qui, dès que l’industrie automobile se porte mal, imaginent
des primes de reprise de voiture pour la «relancer» ? Ce qu’on voit, c’est le garnissement des carnets de commande de Renault et de Peugeot. Ce qu’on ne voit pas, c’est le manque à gagner pour d’autres secteurs économiques.
Et ce qu’on ne voit pas non plus, c’est que des autos en parfait état de marche sont détruites.
À partir de cette parabole et de la leçon qu’il convient d’en tirer
(l’existence de «coûts cachés»), Bastiat va déconstruire toutes les
idées reçues qui ont cours lors de la brève Deuxième République, dominée
par les idées socialistes. En sa qualité de parlementaire, Bastiat
dénonce par exemple les hommes politiques qui prétendent favoriser
l’intérêt général en votant le financement public des théâtres, dont il
remarque qu’en sus d’être dotés d’un argent qui aurait pu être alloué à
des théâtres privés, si l’on avait osé compter sur le goût des citoyens
pour l’art dramatique, ils sont souvent beaucoup moins prisés que ces
derniers.
Toute ressemblance avec le financement public de l’«exception culturelle
française», si exceptionnelle qu’elle coïncide étrangement avec la mort
de la culture française, serait bien sûr purement fortuite. Toute
analogie avec le fait que les rares Français encore épris de culture
préfèrent le cinéma américain privé au cinéma français public serait
également pur hasard.
Dans une note reproduite par les Belles Lettres, Bastiat résume sa
pensée ainsi :
«Si toutes les conséquences d’une action retombaient sur
son auteur, notre éducation serait prompte. Mais il n’en est pas ainsi.
Quelquefois les bonnes conséquences visibles sont pour nous, et les
mauvaises conséquences invisibles sont pour autrui, ce qui nous les rend
plus invisibles encore. Il faut alors attendre que la réaction vienne
de ceux qui ont à supporter les mauvaises conséquences de l’acte. C’est
quelquefois fort long, [et] prolonge le règne de l’erreur.» (2)
Ce qu’on doit à Frédéric Bastiat, c’est donc d’avoir, dans une forme
accessible à tous, donné les outils intellectuels pour démasquer tous
les sophistes qui veulent faire passer leur désir d’enrichissement et
leur volonté de puissance pour des motivations humanistes
désintéressées.
Comme disent les journalistes, force est de constater que
Bastiat n’a pas vraiment été entendu. Aujourd’hui, ce n’est plus
l’émancipation du prolétariat, mais la sauvegarde de la planète qui sert
d’alibi moral aux insatiables appétits financiers des escrocs du GIEC.
Dès lors, comment faire entendre raison aux rares décideurs politiques
et économiques de bonne volonté ? Comment leur faire comprendre que
leurs «plans de relance» et autres « grands emprunts » sont non
seulement inefficaces, mais encore néfastes à l’économie ?
La tentation de la défaite superbe n’est pas loin de saisir le
nanocosme libéral français. Si Bastiat n’a pas été entendu, c’est qu’il
n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Si les
préconisations de bon sens de Bastiat ne sont toujours pas appliquées,
ce n’est en aucune manière parce que ces préconisations présenteraient
un vice interne de fabrication.
Le «compagnon de route du libéralisme»,
plus soucieux d’efficacité politique que de purisme doctrinal, ne
saurait se satisfaire de cette délectation morose des milieux libéraux.
Si les idées de Bastiat sont méconnues en France, c’est également parce
que la copie est à revoir.
Comme l’avait remarqué Jean-Jacques Rosa (3), la pensée de Bastiat est
essentiellement rationaliste. Porté par la foi en la Raison qui animait
son époque (et la franc-maçonnerie à laquelle il appartenait, en dépit
de sa ferveur catholique), Bastiat croyait, naïvement selon Rosa, qu’il
suffirait que les marchands de sophismes soient chassés du Temple de la
liberté pour qu’enfin éclate la Vérité libérale. Bastiat méconnaissait
du même coup le caractère profondément irrationnel de la nature humaine,
qui préfère se laisser séduire par des idées manifestement mortifères
que par des idées rationnelles et humanistes. Comment Bastiat, mort
prématurément et né assurément trop tôt pour assister à la victoire des
totalitarismes au XXe siècle, aurait-il pu expliquer que les
islamistes triompheraient des libéraux, dans l’Iran de 1979 ? Que les
fantassins de la Régression qu’étaient les bolcheviks ou les SA
pourraient défaire sans coup férir leurs adversaires libéraux,
humanistes et respectueux des institutions ?
La question est dès lors de savoir comment les idées libérales, dont
l’auteur de ces lignes pense qu’elles doivent être réaffirmées, peuvent
rencontrer l’adhésion des citoyens français, européens et occidentaux.
Leurs préoccupations étant de plus en plus d’ordre identitaire, et la
subversion des sociétés occidentales menée au nom de l’islam menaçant
directement leurs libertés, il semble qu’il existe une chance historique
d’une synthèse victorieuse des idées libérales et conservatrices, pour
une double défense de la liberté et de l’identité de l’Occident.
Les libéraux saisiront-ils cette chance, ou préféreront-ils se complaire dans l’impuissance ?
Notes
(1) Jean-Jacques Rosa, Bastiat : illusions et désillusions libérales, in Commentaire (printemps 2005, Vol. 28, n° 109), pp. 258-260.
(2) Frédéric Bastiat, Pamphlets (Éditions Les Belles Lettres, Bibliothèque classique de la liberté, 2009), p. 395.
(3) Voir article cité.
Le son de Liberté
E) Tout sur Frédéric Bastiat
Sa Vie
Frédéric Bastiat (1801-1850) est un économiste et homme politique français,
injustement méconnu en France,
quoique reconnu comme étant un auteur de premier plan dans d'autres pays
(aux États-Unis notamment).
Pour en savoir plus sur lui,
trêve de commentaires redondants;
je vous invite à lire sa biographie et ses œuvres,
librement disponibles ci-dessous.
Toutes ne sont pas encore transcrites en texte électronique,
mais la Bibliothèque Nationale de France a publié en octobre 2002
des photographies numériques de l'ensemble des six premiers volumes
de des œuvres complètes de Frédéric Bastiat.
Cherchez par auteur Bastiat
sur le site gallica.bnf.fr,
et régalez-vous avec les fichiers images TIFF ou PDF.
Il ne manque que le septième volume, composé de petits textes inédits
collectés après la première édition des œuvres complètes
(mais nous disposons d'une copie scannée de ce volume grâce à Alexandre Mandy).
Grâce à ces photographies, il est plus facile que jamais de participer à la
numérisation de ces chefs d'œuvres
—
rejoignez-nous!
Je me propose en effet d'héberger ici
l'intégrale des œuvres de Bastiat,
au fur et à mesure qu'elles seront transcrites en texte électronique,
par moi ou par autrui
(oui, je veux parler de vous, là,
qui me lisez maintenant;
rendez-vous sur
notre page « numérisation »
pour participer).
Je donne [entre crochets] des pointeurs
vers des traductions ou versions différentes des mêmes textes,
que j'ai trouvées sur l'Internet,
annotés par le code ISO de la langue desdites versions.
Je ne suis ni l'auteur ni l'éditeur
de ces traductions, dont je ne garantis pas la qualité.
Sauf indication contraire,
je ne suis pas l'hôte de ces textes traduits non plus;
mais par crainte de les voir disparaître de l'internet
(comme cela est arrivé dans le passé),
je garde une copie locale de certaines de ces traductions
(lien vers Bastiat.org),
mais pas de toutes.
Indice 1: les textes les plus populaires sont aussi les plus traduits
et les plus republiés;
si vous êtes pressés, prenez les en priorité.
Indice 2: Bastiat est un bon guide de l'Internet;
les sites qui publient des textes de Bastiat publient aussi
de fort intéressantes informations, aussi, jouez sur les URLs.
Indice 3: les copies de « La Loi » en anglais sont si nombreuses,
et se multiplient si vite, qu'il est impossible de toutes les lister.
Indice 4: pour des sélections d'œuvres de Bastiat plus proéminentes,
voir aussi les éditions papier existantes.
Indice 5: la plupart des textes de Bastiat non disponibles ici
ont été déjà scannés par la BNF;
vous pouvez donc les lire tout de même.
Il existe sur la Toile
quelques
extraits intéressants d'œuvres de Bastiat.
Ci-dessous ceux que j'ai trouvés
(veuillez m'envoyer les adresses de ceux que je n'aurais pas trouvé):
Il semble qu'il existe essentiellement
deux portraits originaux de Bastiat disponibles numériquement,
dont diverses variantes sont trouvables sur la Toile.
Voici des sites proposant des portraits de Bastiat
(et copies locales de certaines images):
In the liberal tradition à l'Acton Institute
(1d
— croquis me semble-t-il inspiré du portrait précédent)
Dead Economists Society par John D. McGinnis
(2
— l'image était à l'envers, je l'ai remise à l'endroit)
Frédéric Bastiat sur la Toile
Je suis toujours à la recherche de bonnes pages
sur Frédéric Bastiat disponibles sur la Toile.
La plupart des innombrables pages sur Bastiat que révèle une recherche ouèbe
sont sans intérêt, ou ne renferment qu'une enième copie
de La Loi ou un autre essai.
Cependant, certaines pages apportent vraiment des informations
originales sur Bastiat,
ou relient son œuvre au reste de la tradition libérale.
J'ai à plusieurs reprises passé un certain temps à éplucher le ouèbe
pour l'écrémer avant de compiler la liste suivante.
Si vous repérez sur la toile d'autres documents électroniques intéressants
sur Bastiat dites-le moi en précisant l'URL.
Les pages suivantes sortent nettement du lot,
et apportent sur Bastiat des informations notables:
Last but not least,
le site Bastiat.de, quoique réservé aux germanophones,
est d'une excellente qualité,
notamment par les précisions érudites qu'il donne
sur le contexte historique de l'œuvre de Bastiat.
Les pages suivantes,
sans apporter d'information nouvelle sur Bastiat lui-même
par rapport à ce qui précède,
présentent néanmoins un intérêt de par les liens qu'elles tissent:
Cet intéressante analyse par P. Solal et A. Zouache
du rôle de la raison dans l'œuvre de Bastiat.
(Quant à moi, je pense que
F.A. Hayek,
dans « Law, Legislation and Liberty »,
a mieux que quiconque élucidé le rôle de la raison dans la
pensée économique.)
[de]
Bastiat.de,
rendez-vous indispensable
des amateurs germanophones des textes de Bastiat.
Pour d'autres auteurs du même acabit,
consulter Richard-Cobden.de
et Mises.de.
Si vous appréciez cet auteur,
vous pouvez aussi tenter de vous procurer
des exemplaires imprimés de ses œuvres.
Michel Leter est en train de
rééditer les œuvres complètes
de Frédéric Bastiat,
dans l'ordre chronologique,
et avec de nouveaux commentaires.
464 volumes en tout, 12 volumes par an, sur 38 ans (!).
Abonnement: 380 FRF pour 12 volumes.
Les textes publiés sont aussi librement disponibles sur l'Internet,
aussi vous enjoins-je à encourager cette action en vous abonnant.
L'édition prend cependant du retard,
3 volumes seulement étant présentement sortis la première année.
À part ces œuvres complètes en cours de lente réédition,
les seules éditions papier commercialement disponibles
d'œuvres de Bastiat dans leur version française originale
sont les suivantes:
Chez Romillat,
« Ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas »,
Choix de sophismes et de pamphlets économiques,
Frédéric Bastiat,
255 pages, format poche 11 x 18 broché,
Paris, janvier 1994,
ISBN 2-87894-004-0,
Prix: 10 EUR.
Chez les PUF,
« Œuvres économiques », Frédéric Bastiat,
Collection « Libre échange »,
textes choisis par Florin Aftalion,
224 pages, 15 x 22 cm,
Paris, Février 1983,
ISBN 2-13037-861-7, Prix: 17.99 EUR.
Chez Slatkine,
« Harmonies économiques » (1851),
Frédéric Bastiat,
567 pages,
Format in-8,
relié en 1 volume,
Genève, janvier 1982,
Prix: 120 CHF HT.
Contient
les Harmonies Économiques,
dans leur édition originale de 1851.
Cette édition est essentiellement identique
quant à son contenu au tome VI de l'édition Guillaumin
de 1854 des Œuvres Complètes de F.B.
Ces éditions sont difficiles à trouver,
à moins de les commander chez l'éditeur,
directement ou via un détaillant.
Quelques soient leurs qualités,
elles sont partielles, et chacune possède à la fois
de nombreux textes communs avec les autres,
ce qui décourage d'en acquérir plusieurs,
et aussi de nombreux textes intéressants que n'ont pas les autres,
ce qui fait regretter de ne pas les avoir.
Il existe aussi des éditions anciennes voire originales,
disponibles à prix d'or et en fort peu d'exemplaires
auprès d'antiquaires spécialisés
(i.e. autour de FRF 3500 chez un libraire antiquaire parisien
pour les Œuvres Complètes édition in-4,
ou FRF 6800 pour une édition in-8,
estimations téléphoniques en juillet 2000).
Cela dit, s'il y a un texte en particulier qui vous intéresse dans
l'édition originale Guillaumin,
je me ferai un plaisir de le scanner pour vous
à partir de mon exemplaire chèrement acquis de ladite édition.
Quant au fonds publiquement disponible (en 1997),
il n'y a qu'un seul exemplaire
d'une seule de ces éditions
(la Romillat,
riche en coquilles,
quoique censément conforme à l'édition de 1854
d'où ces coquilles ont été photographiquement copiées),
dans l'ensemble des bibliothèques municipales parisiennes;
dans celles de Nice, il n'y a aussi qu'un unique exemplaire,
de la même édition,
qui est consultable, mais non pas empruntable.
Je doute que la situation soit meilleure
dans les autres villes de France
(merci de me détromper).
(On me signale que la bibliothèque de Montpellier possède les
œuvres complètes, consultables hors prêt.)
Si vous préférez la langue anglaise
(ce dont je doute, puisque vous lisez cette phrase),
vous pouvez aisément vous procurer
des exemplaires sur papier de traductions de ses œuvres,
en les commandant sur chez l'éditeur libertarien
Laissez-Faire Books,
voire directement auprès de la FEE
qui a produit la traduction moderne de Bastiat,
ou chez votre votre libraire électronique habituel.
Le besoin d'une édition électronique en français des œuvres de Bastiat
est donc fort pressant,
et je me propose d'héberger ici
toutes les œuvres de Bastiat qui me parviendront
(et de pointer vers les traductions dont on me donnera l'adresse).
Si vous souhaitez participer, rendez-vous sur
notre page « numérisation ».
Voir notre page en anglais
pour les éditions en langue anglaise, bien plus fournies,
y compris une réédition sur microfiches des traductions originales!
Je n'ai pas d'information particulière
sur les nombreuses éditions en d'autres langues d'œuvres de Bastiat.
Non pas de Bastiat, mais sur Bastiat,
voir les bibliographies sur Bastiat.net,
en français et
en anglais.
Quelques pointeurs
Si vous avez apprécié l'œuvre de Frédéric Bastiat,
peut-être serez-vous intéressés par les pages suivantes:
Matthew
Yglesias, éditorialiste de slate.com nous fournit encore un exemple de
gauchisme vulgaire, sur Frédéric Bastiat cette fois.
Il est toujours bon de voir Frédéric Bastiat
débattu hors des milieux libéraux, parce que même quand ses vues sont
mal retranscrites, la simple mention de son nom peut amener des lecteurs
curieux à aller voir d’eux-mêmes de quoi il retourne. Ça ne peut pas
faire de mal ! Donc un grand merci à Matthew Yglesias qui a écrit la semaine dernière pour Slate.com :
Le prétendu sophisme de la fenêtre brisée
implique simplement de supposer qu’il n’existe jamais de ressources
inoccupées ni d’écart de production. Dans ce contexte, oui, c’est une
description vivante et intuitive de l’effet d’éviction. Mais ça ne
réfute pas les arguments keynésien ou monétariste au sujet de la
pertinence d’une relance pendant une récession induite par des chocs
nominaux ; ça implique de supposer que de telles récessions ne peuvent
pas arriver alors que c’est pourtant le cas. Pour défendre Bastiat, au
moment où il écrivait, le cycle économique industriel moderne était une
chose toute nouvelle, et la grande majorité des hauts et bas économiques
était causée par des choses comme le mauvais temps, ce qui constitue en
effet une considération décisive dans une économie agricole, comme on
peut le voir aujourd’hui sur le marché des options sur le maïs. Mais les
gens de 2012 qui flanquent sur la table un vieux livre qui ne répond
pas aux problèmes modernes n’ont aucune excuse quand ils sont
déconcertés de ne pas convaincre leurs interlocuteurs.
Yglesias suppose que
Bastiat a simplement fait certaines suppositions quant au
fonctionnement des marchés, mais Yglesias ne démontre pas que c’est bien
le cas ; et il ne le pourrait pas. Bastiat n’était-il pas familier de Jean-Baptiste Say ? Lord Keynes et ses fans peuvent bien penser qu’il a réfuté la Loi de Say,
mais à dire vrai, il leur a fallu l’énoncer incorrectement en premier
lieu. Ce n’est pas tant que « l’offre crée sa propre demande », mais
plutôt que l’offre est la demande. On produit un bien soit pour
le consommer directement, soit, plus fréquemment, pour l’échanger
contre un autre bien. L’offre et la demande sont les deux côtés de la
même pièce, ce qui me fait penser que la loi de Say est valable aussi
bien dans une économie de troc que dans une économie monétarisée, quand
elle est libre, ce qui n’est pas le cas de la situation corporatiste
dans laquelle nous sommes actuellement.
La structure temporelle Il est vrai, on pourrait vendre un bien sans dépenser l’argent reçu
en échange. Mais ça ne mènerait à une ressource inoccupée que si
l’économie ne consistait pas en une structure temporelle de la production coordonnée par les taux d’intérêt.
En d’autres termes, l’argent non dépensé est épargné, et disponible
pour être investi (c’est-à-dire, payer des biens de production et des
salaires, qui seront dépensés dans des biens de production) à des étapes
potentiellement éloignées du niveau des biens de consommation ;
c’est-à-dire un investissement à long terme dans une production destinée
à une consommation future. Comme le formule le macro-économiste Roger Garrison, de l’école autrichienne, les gens épargnent pour quelque chose.
Étant donné notre soif insatiable de biens, dans un marché libre un
embouteillage généralisé ne pourrait pas arriver ; si les prix étaient
libres de fluctuer en réponse au changement des conditions ou à des
erreurs entrepreneuriales, le prix des biens abondants face à leur
demande chuterait, et le prix des biens rares face à leur demande
augmenterait. Les entrepreneurs ajusteraient alors leurs plans, mais
puisque le changement est la règle, le marché n’atteindrait jamais un
état de repos. La loi de Say parle d’un processus libre à travers le
temps, pas d’un équilibre général.
Yglesias est-il vraiment sérieux quand il écrit que la position de
Bastiat « implique de supposer que de telles récessions ne peuvent pas
arriver alors que c’est pourtant le cas » ? C’est Yglesias qui suppose
ce qui doit être démontré : en l’occurrence, que le cycle économique est
une caractéristique naturelle d’un marché libre, plutôt que la
conséquence de ce que l’État se mêle de façon corporatiste aux affaires
relatives à la monnaie, à la banque et aux taux d’intérêts.
Le gauchisme vulgaire Yglesias nous fournit le dernier exemple en date de « gauchisme
vulgaire », comme l’appelle Kevin Carson. Il s’agit d’attribuer au
marché libre les maux de son antithèse, le corporatisme, par exemple le
pouvoir des grandes entreprises, les récessions, le chômage structurel
de long terme, l’exploitation des travailleurs, et j’en passe. Les
keynésiens regardent autour d’eux, voient du chômage et des ressources
inemployées, et en concluent (parfois encouragés par les libéraux
eux-mêmes) que, comme le « marché libre » permet à ces problèmes
d’apparaître et ne semble rien faire pour les résoudre, la relance
publique doit prendre le relais.
C’est un peu comme arriver au milieu d’une séance de cinéma en
pensant comprendre l’intrigue. Oui, il y a indubitablement des
travailleurs inemployés et des ressources inexploitées aujourd’hui. Mais
cette simple observation ne nous apprend rien sur pourquoi elles sont inemployées.
Ludwig von Mises et Friedrich Hayek, soutenus par ceux qui ont disséqué
le corporatisme, en ont fourni une explication. Les critiques sont les
bienvenues, mais personne ne peut prétendre que cette explication
n’existe pas.
Le cycle économique Comme l’expliquent les économistes de l’école autrichienne, les
politiques inflationnistes des banques centrales qui abaissent
artificiellement les taux d’intérêt encouragent des activités de
production à plus long terme que ce qui aurait été fait autrement,
compte tenu du niveau réel de l’épargne. Quand la surexpansion prend
fin, les ressources physiques et humaines mal investies apparaissent en
plein jour. Le travail, les machines et le terrain qui ont été attirés
vers des productions qui ne correspondent pas à une vraie
demande des consommateurs doivent à présent être réalloués. L’économie
déformée doit pouvoir reprendre une structure plus appropriée. Mais pour
cela, il faut des entrepreneurs qui prennent des risques, du temps et
de l’argent (sous forme d’épargne). Pour que la correction se passe
rapidement et avec le moins de difficultés possibles, l’État doit
dégager le chemin. Et en particulier, il ne doit pas maintenir les taux d’intérêt artificiellement bas (ce
qui décourage l’épargne) ou créer de l’incertitude pour ce qui est des
réglementations et des impôts à venir. Le monde est déjà assez incertain
; dans la mesure où l’action de l’État augmente l’incertitude
sur la réglementation et l’imposition, les investisseurs seraient alors
encouragés à faire du sur-place et à ne pas faire de grands mouvements.
Ce qui empêche l’effort pourtant nécessaire pour réaligner le travail
et les ressources avec ce que les consommateurs veulent (ou voudront
dans l’avenir).
Les dépenses publiques peuvent stimuler l’usage des ressources
inutilisées, mais ça ne suffit pas. En fait, il vaudrait mieux qu’il
n’utilise pas du tout ces ressources, qui, après tout, sont
rares. Nous voulons qu’elles soient utilisées pour des choses que les
consommateurs demandent. Les politiciens, dont les décisions ne
subissent pas la sanction du marché, sont complètement désemparés pour le faire.
Donc, contre ce que pense Yglesias, quand un admirateur de Bastiat
voit dans les dépenses publiques de « relance » le sophisme de la
fenêtre cassée, son raisonnement repose sur des bases plus que solides.
Chaque centime que l’État dépense, qu’il soit acquis par l’impôt ou par
l’emprunt, est un centime que quelqu’un, dans le secteur privé, ne
dépensera pas. Si les gens attendent encore pour dépenser, ce qui n’est pourtant pas le cas
en ce moment, nous devons nous intéresser aux interventions publiques
précédentes qui ont abouti à cette situation, et abroger ces politiques
corporatistes, anti-marché, ces réglementations et ces impôts.
The Bastiat Society promeut l'idée que le monde se porte mieux
parce le commerce crée de la richesse pour tout le monde ainsi que la
paix entre les peuples. Sa mission est de donner, à ceux qui créent de
la richesse et de l'emploi, les outils dont ils ont besoin pour les
défendre. Les arguments de la Société Bastiat s'énoncent simplement :
Le commerce est une activité humaine fondamentale et vertueuse
Le commerce crée de la richesse de façon pacifique et profitable
La richesse rend le monde meilleur
Si les personnes qui bénéficient le plus du capitalisme, c'est à dire
les créateurs de richesse, ne comprennent pas l'institution
intellectuelle et culturelle qui permet la réalisation du commerce,
quelle chance ont-ils de résister à une série régulière d'attaques de la
part des intellectuels hostiles, des populistes ignorants, des
collectivistes idéologues et des extrémistes religieux aveuglés qui
désirent tous faire mourir le capitalisme
et l'indépendance de l'individu ? C'est pourquoi, la société Bastiat
souhaite éduquer les autres créateurs de richesse sur leur droit à une
suprématie morale, et les aider à comprendre les institutions
intellectuelles et culturelles qui sont nécessaires à la réussite
individuelle. La devise de l'association est : « Ceux qui travaillent
dans la liberté doivent savoir comment fonctionne la liberté ».
Depuis 2011,
l'association cherche à se développer à l'intérieur des Etats-Unis et à
l'étranger en développant des filiales ou à se rattachant à des
organisations libérales déjà existantes.
Comité directeur
Walter LeCroy : Président
Ben A. Rast : Co-Fondateur (The Rast Group)
David Albenberg : Secrétaire (MD, Access Healthcare
Robert Parsons : Trésorier (Mashburn Construction)
Léonard Liggio Professeur à l’Université
George Mason de Virginie (USA) écrivait dans une édition américaine de
« La Loi » de Bastiat :
« Lorsqu’on lit les discours de Reagan
écrits par lui, ou ses réponses spontanées lors des conférences de
presse, l’influence de Bastiat apparait en effet clairement. »
Voici ce qu’écrivait encore Leonard Liggio :
BASTIAT a toujours eu une grande
influence aux Etats Unis. D’abord parce qu’il était Français, et les
Américains ont dès la fin du XVIII° siècle apprécié la pensée libérale
française. Beaucoup d’entre eux, émigrés huguenots ou rescapés de la
Révolution, lisaient le français, d’autres avaient plus de sympathie
pour ce qui venait de France, le pays qui avait combattu pour
l’Indépendance, que d’Angleterre. Ainsi Jean Baptiste Say, Destutt de
Tracy, ont-ils été lus et traduits en Amérique très vite. Bastiat
lui-même a vu ses Harmonies traduites très tôt par McCodd, et ce sera
pendant longtemps la seule édition des œuvres de l’économiste français
circulant Outre-Atlantique, passant d’ailleurs d’Amérique du Nord à
l’Amérique du Sud.
Avec le XX° siècle la connaissance et la
popularité de Bastiat ont disparu. Il faut attendre la fin de la
deuxième guerre mondiale pour voir un intérêt nouveau renaître pour les
idées de la liberté, si dramatiquement oubliées avec Roosevelt et les
régimes totalitaires en Europe. Un des artisans de ce renouveau sera
Ludwig von Mises, un de ces nombreux intellectuels européens ayant fui
l’Europe en passant par l’Espagne et le Portugal pour rejoindre le
continent de la liberté. Installé à New York, MISES organisa des
séminaires qui attirèrent des esprits remarquables : George Stigler,
Milton Friedman, tous deux futurs prix Nobel, Israël Kirzner, mais aussi
des journalistes comme Henry Hazlitt. David Harper et George Morley
firent partie des habitués de ces séminaires. Un des participants a été
Leonard Reed, chef d’une entreprise importante de brasserie, qui devient
Président de la Chambre de Commerce de Los Angeles. Hazlitt,
chroniqueur économique du New York Times, et Leonard Reed, veulent faire
connaître la pensée de MISES, et amener les Américains à connaître les
principes de fonctionnement du marché. Ils créent non loin de New York, à
Irvington on Hudson, la FEE, et intéressent un grand nombre de
compagnies américaines à leurs publications. C’est aussi le moment
(1947) où Hayek crée la Société du Mont Pèlerin : il y a un sommet de la
pensée libéral en Amérique à cette période. Hazlitt fait connaître à
Leonard Reed les pamphlets de Bastiat, La Loi, et L’Etat.
Une des compagnies qui suit les
programmes de FEE est la General Electric, implantée à Los Angeles. Elle
veut motiver ses cadres, leur faire comprendre la philosophie du marché
et de la concurrence. Le vice président de GE s’adresse à Ronald Reagan
pour animer ces discussions sur la libre entreprise et le marché. Dans
les documents remis à Reagan pour préparer son travail figurent les
pamphlets de Bastiat.
C’est une immense découverte pour
Reagan, il ne cessera désormais de se référer aux idées du grand
économiste français, notamment sur le caractère spoliateur de l’impôt et
le caractère bienfaisant de la propriété. GE obtient des résultats
remarquables grâce aux séminaires et engage Reagan à se présenter aux
élections de gouverneur de la Californie. Contre toute attente, Reagan
est élu. Commence alors pour lui une véritable croisade libérale. Dans
ses discours les thèmes et les textes de Bastiat apparaissent toujours.
Cela changera quelque peu quand il sera à la Maison Blanche car ses
discours seront souvent faits par d’autres, mais dans les conférences de
presse et en direct, Reagan demeurera toujours un fervent disciple de
Bastiat. »
Pour le souvenir, écoutons un extrait
du discours d’investiture de Reagan à la présidence des Etats-Unis il y
a tout juste 30 ans, le 20 janvier 1981 :
«In this present crisis, government is not the solution to our problem; government is the problem.»
« Dans cette crise actuelle, l’Etat
n’est pas la solution à notre problème ; l’Etat est le problème. De
temps en temps nous avons été tentés de croire que la société est
devenue trop complexe pour être contrôlée par la discipline de chacun,
que le gouvernement par une élite était supérieur au gouvernement du
peuple, par le peuple et pour le peuple. Et bien, si personne parmi
nous n’est capable de se gouverner lui-même, alors qui parmi nous a la
capacité d’en gouverner un autre ?«
Écrivain au style direct, ses écrits (articles ou pamphlets)
manient les comparaisons pédagogiques et les fables satiriques, et
visent à débusquer les principaux mythes ou sophismes entretenus autour de l'État (la grande fiction à travers laquelle tout le monde s'efforce de vivre aux dépens de tout le monde), du socialisme (la spoliation légale), de la richesse (le profit de l'un est le profit de l'autre), de la solidarité (il
m'est tout à fait impossible de concevoir la Fraternité légalement
forcée, sans que la Liberté soit légalement détruite, et la Justice
légalement foulée aux pieds), de l'impôt, de l'interventionnisme, du machinisme, etc.
La satire de Bastiat la plus célèbre (qui vise le protectionnisme) est sa pétition au Parlement français de la part des fabricants de chandelles[1],
qui demandent à être protégés « de la compétition ruineuse d'un rival
étranger » (qui s'avère finalement être le soleil !). Cette pétition
s'achève par la demande d'une « loi qui ordonne la fermeture de toutes
fenêtres, lucarnes, (...) par lesquelles la lumière du soleil a coutume
de pénétrer dans les maisons ».
En matière économique, il insiste souvent sur la distinction entre ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas (on parlerait aujourd'hui des coûts cachés). Ce thème, élargi pour critiquer l'activité interventionniste de l'État, est développé à l'origine dans sa parabole de la vitre cassée. L'argent
dépensé pour réparer une fenêtre cassée apportera du travail au
réparateur ; ce dernier pourra augmenter ses dépenses, ce qui produira
plus d'affaires pour d'autres. Ce qu'on ne voit pas ici, c'est comment
l'argent aurait été dépensé si la fenêtre n'avait pas été cassée. La
fenêtre cassée a seulement détourné de l'argent vers d'autres dépenses.
Selon Bastiat, l'État
agit continuellement de la sorte en prenant aux plus actifs pour
subventionner des groupes d'intérêt, des associations corporatistes ou
assister les inactifs.