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Sommaire:
A) La Science du bonhomme Richard - P. Renouard, 1825 (pp. 10-36). Benjamin Franklin - L'introduction en image de Paul Jouhanneaud - Une notice sur BF - Avant-propos de Benjamin Franklin
B) Benjamin Franklin de Wikiberal
C) Benjamin Franklin - french.france.usembassy.gov
A) La Science du bonhomme Richard
Quels furent donc ces précieux conseils? Nous les trouvons dans «Le Chemin de la Fortune» et autres «Secrets de Richesse»...
Benjamin Franklin résuma dans «La Science du Bonhomme Richard», ou «Le Chemin de la Fortune», cette suite de maximes dictées par le plus délicat bon sens et la plus droite honnêteté.
C'est l'enseignement même du travail, de la vigilance, de l'économie, de la prudence, de la sobriété, de la droiture.
Il les conseille par des raisons simples et profondes, avec des mots justes et fins.
La morale y
est prêchée au nom de l'intérêt, et la vérité économique s'y exprime en
sentences si heureuses qu'elles sont devenues des proverbes immortels.
Voici quelques-uns de ces proverbes, agréables à lire, utiles à suivre:
«La paresse va si lentement que la pauvreté l'atteint bientôt.»
«Il en coûte plus cher pour entretenir un vice que pour élever deux enfants.»
«L'orgueil déjeune avec l'abondance, dîne avec la pauvreté, et soupe avec la honte.»
«Celui qui ne sait pas être conseillé ne peut pas être secouru.»
«Si vous ne voulez pas écouter la raison, elle ne manquera pas de se faire sentir.»
«L'expérience tient une école où les leçons coûtent cher; mais c'est la seule où les insensés puissent s'instruire.»
Cet almanach, eut un grand succès et une non moins grande influence sur des dizaines de milliers de personnes.
Ces conseils pour s’enrichir datent de plus de 2 siècles! L'on pourrait leur trouver un air peu «démodé», ou un aspect d'apparence parfois rigide, car Benjamin Franklin, en bon Capricorne, était très exigeant avec lui-même...
Mais
ne vous méprenez pas: vous allez découvrir avec étonnement que, malgré
les années, ils sont pour la plupart toujours «d’actualité» et surtout,
pour celui qui veut s’enrichir en partant de rien, pleins de bon sens...
Et ils ont bel et bien permis à Benjamin Franklin de faire Fortune et, alors qu'il était parti de zéro, d'arrêter de travailler à l'âge de 42 ans!...
LA SCIENCE DU BONHOMME RICHARD OU LE CHEMIN DE LA FORTUNE
Tel qu'il est clairement indiqué dans un vieil almanach de Pensylvanie, intitulé: L'Almanach du Bonhomme Richard.
AMI LECTEUR,
J'ai ouï dire que rien ne fait tant de plaisir à un auteur que de voir ses ouvrages cités par d'autres avec respect.
Juge d'après cela combien je dus être content de l'aventure que je vais te raconter.
J'arrêtai dernièrement mon cheval dans un endroit où il y avait
beaucoup de monde assemblé pour une vente à l'enchère. L'heure n'étant
pasencore venue, l'on causait de la dureté des temps.
Comment nous augmentons nous-même nos impôts...
Quelqu'un, s'adressant à un bon vieillard en cheveux blancs et assez bien mis, lui dit:
«Et
vous, père Abraham, que pensez-vous de ce temps-ci ? Ces lourds impôts
ne vont-ils pas tout à fait ruiner le pays ? Comment ferons-nous pour
les payer? Que nous conseilleriez-vous?»
Le père Abraham attendit un instant, puis répondit:
«Si
vous voulez avoir mon avis, je vais vous le donner en peu de mots, car,
un mot suffit au sage, comme dit le bonhomme Richard.»
Chacun le priant de s'expliquer, l'on fit cercle autour de lui, et il poursuivit en ces termes:
«Mes amis, les impôts sont, en vérité, très lourds, et pourtant, si
ceux du gouvernement étaient les seuls à payer, nous pourrions encore
nous tirer d'affaire.
Mais il y en a bien d'autres et de bien plus onéreux pour quelques-uns de nous. Nous sommes taxés:
pour le double au moins par notre paresse,
pour le triple par notre orgueil,
pour le quadruple par notre étourderie,
et, pour ces impôts-là, le percepteur ne peut nous obtenir
ni diminution ni délai; cependant tout n'est pas désespéré,
si nous sommes gens à suivre un bon conseil:
«Aide-toi, le Ciel t'aidera»,
dit le bonhomme Richard.
Un bien très précieux que nous dilapidons sans le savoir.
On regarderait comme un gouvernement insupportable celui qui exigerait
de ses sujets la dixième partie de leur temps pour son service.
Mais la paresse est bien plus exigeante chez la plupart d'entre nous.
L'oisiveté, qui amène les maladies, raccourcit beaucoup la vie.
«L'oisiveté, comme la rouille, use plus que le travail; la clef est claire tant que l'on s'en sert», dit le bonhomme Richard.
«Vous aimez la vie, dit-il encore: ne perdez donc pas le temps, car c'est l'étoffe dont la vie est faite.
Combien
de temps ne donnons-nous pas au sommeil au delà du nécessaire, oubliant
que renard qui dort ne prend pas de poule, et que nous aurons le temps
de dormir dans la tombe», comme dit le bonhomme
Richard.
Si le temps est le plus précieux des biens, «La perte du temps, comme dit le bonhomme Richard, doit être la plus grande des prodigalités».
Il
nous dit ailleurs: «Le temps perdu ne se retrouve plus; assez de temps
est toujours trop court». Ainsi donc, au travail, et pour cause! De
l'activité! Et nous ferons davantage avec moins de peine.
«L'oisiveté
rend tout difficile; le travail rend tout aisé; celui qui se lève tard
traîne tout le jour, et commence à peine son ouvrage à la nuit».
«Fainéantise va si lentement, que pauvreté l'atteint tout de suite».
«Pousse les affaires, et qu'elles ne te poussent pas».
«Se coucher tôt, se lever tôt, donnent santé, richesse et sagesse», comme dit le bonhomme Richard.
Un moyen simple de vous mettre à l’abri des soucis
Et que signifient ces souhaits et cet espoir d'un temps meilleur? Nous
ferons le temps meilleur, si nous savons nous remuer nous-mêmes.
Activité n'a que faire de souhaits; qui vit d'espoir mourra de faim; point de gain sans peine.
Il
faut m'aider de mes mains, faute de terres, ou, si j'en ai, elles sont
écrasées d'impôts; un métier est un fonds de terre, une profession est
un emploi qui réunit honneur et profit ; mais il faut travailler à son
métier et suivre sa profession, sans quoi ni le fonds, ni l'emploi ne
nous mettront en état de payer l'impôt.
Si nous sommes laborieux, nous n'aurons pas à craindre la disette; car
la faim regarde à la porte du travailleur; mais elle n'ose pas y entrer.
Les commissaires et les
huissiers n'y entreront pas non plus; car l'activité paye les dettes,
tandis que le découragement les augmente.
Il
n'est que faire que vous trouviez un trésor ni qu'il vous arrive un
riche héritage. Activité est mère de prospérité, et Dieu ne refuse rien
au travail. Ainsi donc, labourez profondément pendant que les paresseux
dorment, et vous aurez du blé à vendre et à garder.
Travaillez pendant que c'est aujourd'hui, car vous ne savez pas combien vous en serez empêché demain. «Un aujourd'hui, vaut deux demain», comme dit le bonhomme Richard, et encore: «Ne remets jamais à demain ce que tu peux faire aujourd'hui».
Si vous étiez au service d'un bon maître, ne seriez-vous pas honteux qu'il vous surprît les bras croisés?
Mais vous êtes votre propre maître.
Rougissez donc de vous surprendre à rien faire, quand il y a tant à
faire, pour vous-même, pour votre famille, pour votre pays. Prenez vos
outils sans mitaines, souvenez-vous que «chat ganté ne prend pas de souris», comme dit le bonhomme Richard.
Il
est vrai qu'il y a beaucoup de besogne et peut-être avez-vous le bras
faible? Mais tenez ferme, et vous verrez des merveilles:
A la longue, les gouttes d'eau percent la pierre.
Avec de l'activité et de la patience, la souris coupe le câble.
Les petits coups font tomber de grands chênes.
Vous aurez du loisir… à une condition.
Je crois entendre quelqu'un de vous me dire: «Mais ne peut-on se donner un instant de loisir?».
Je te dirai, mon ami, ce que dit le bonhomme Richard:
«Emploie bien ton temps, si tu songes à gagner du loisir; et puisque tu n'es pas sûr d'une minute, ne perds pas une heure».
Le loisir, c'est le moment de faire quelque chose d'utile.
Ce loisir, l'homme actif l'obtiendra, mais le fainéant, jamais; car une vie de loisir et une vie de fainéantise sont deux.
Bien des gens voudraient vivre sans travailler, sur leur seul esprit; mais ils échouent faute de fonds.
Le
travail, au contraire, amène à sa suite les aises, l'abondance, la
considération. Fuyez les plaisirs et ils courront après vous.
La fileuse diligente ne manque pas de chemises; à présent que j'ai vache et moutons, chacun me donne le bonjour.
Votre prospérité grandira si vous respectez une règle essentielle
Mais indépendamment de l'amour du travail, il nous faut encore de la
stabilité, de l'ordre, du soin, et veiller à nos affaires de nos propres
yeux, sans nous en rapporter tant à ceux des autres; car, comme dit le
bonhomme Richard, «Je n'ai jamais vu venir à bien arbre ou famille changés souvent de place».
Puis ailleurs: «Garde ta boutique et ta boutique te gardera». Et ailleurs encore: «Si vous voulez que votre besogne soit faite, allez-y; si vous voulez qu'elle ne soit pas faite, envoyez-y».
Le bonhomme dit aussi: «Celui qui par la charrue veut s'enrichir, de sa main doit la tenir»; et ailleurs:
«L'œil
du maître fait plus d'ouvrage que ses deux mains»; «Faute de soin fait
plus de tort que faute de science», «Ne pas surveiller vos ouvriers,
c'est leur livrer votre bourse ouverte ».
Le trop de confiance est la ruine de plusieurs: dans les choses de ce monde, ce n'est pas la foi qui sauve, mais le doute.
Le soin que l'on prend soi-même est celui qui fructifie le mieux; car,
si vous voulez avoir un serviteur fidèle et qui vous plaise, servez-vous
vous-même.
Grand malheur naît parfois de petite négligence.
Faute d'un clou, le fer du cheval se perd; faute d'un fer, on perd le
cheval; faute d'un cheval, le cavalier est perdu, parce que son ennemi
l'atteint et le tue: le tout, faute d'attention au clou d'un fer à
cheval.
Un grand principe d'enrichissement
C'en est assez, mes amis, sur l'activité et l'attention à nos propres
affaires; il faut y ajouter l'économie, si nous voulons assurer le
succès de notre travail.
Un homme, s'il ne sait pas mettre de côté à mesure qu'il gagne, aura toute la vie le nez sur la meule et mourra sans le sou.
A cuisine grasse, testament maigre.
Bien
des fonds de terre s'en vont à mesure qu'ils viennent, depuis que les
femmes oublient pour le thé le rouet et le tricot; depuis que les hommes
laissent, pour le punch, la scie ou le rabot.
Si vous voulez être riche, apprenez à mettre de côté pour le moins
autant qu'à gagner. L'Amérique n'a pas enrichi l'Espagne, parce que ses
dépenses ont toujours dépassé ses recettes.
Laissez là toutes vos folies dispendieuses, et vous n'aurez plus tant à vous plaindre de la dureté des temps, de la pesanteur de l'impôt et des charges du ménage; car les femmes et le vin, le jeu et la mauvaise foi, font petites les richesses et grands les besoins; et, comme le dit ailleurs le bonhomme Richard, «un vice coûte plus à nourrir que deux enfants».
Vous pensez peut-être
qu'un peu de thé, un peu de punch de temps à autre, un plat un peu plus
recherché, des habits un peu plus brillants, une partie de plaisir
par-ci, par-là, ne tirent pas à conséquence; mais souvenez-vous que les
petits ruisseaux font les grandes rivières.
Défiez-vous des petites dépenses
«Il ne faut qu'une petite fente pour couler à fond un grand navire»,
dit le bonhomme Richard. Les gens friands seront mendiants; les fous
font la noce et les sages la mangent.
Vous voilà tous assemblés ici pour acheter des colifichets et des
babioles: vous appelez cela des biens; mais si vous n'y prenez garde,
cela pourra être des maux pour plusieurs d'entre vous.
Vous comptez qu'ils seront vendus bon marché, et peut-être seront-ils
en effet vendus au-dessous du prix courant; mais si vous n'en avez que
faire, ils seront encore trop chers pour vous.
Rappelez-vous ce que dit le bonhomme Richard:
«Achète ce qui t'est inutile, et tu vendras sous peu, ce qui t'est nécessaire».
Êtes-vous sûr de faire vraiment une «bonne affaire»?
Il dit encore: «Réfléchis bien avant de profiter de ce qui semble bon
marché»; nous faisant entendre que le bon marché n'est peut-être
qu'apparent, ou que l'achat, par la gêne qu'il amène, nous fera plus de
mal que de bien. La vraie question est: «En avez-vous réellement besoin?».
Le Bonhomme Richard il dit dans un autre endroit: «Les bons marchés ont ruiné nombre de gens»; et ailleurs: «C'est une folie que d'employer son argent à acheter un repentir».
Et cependant cette folie se renouvelle chaque jour dans les ventes,
faute de penser à l'Almanach. Combien pour la parure de leurs épaules
ont fait jeûner leur ventre, et presque réduit leur famille à mourir de
faim! «Soie et satin, écarlate et velours, éteignent le feu de lacuisine», dit le bonhomme Richard.
Loin
d'être les nécessités de la vie, ils en sont à peine les commodités, et
pourtant, parce qu'ils brillent à la vue, combien de gens s'en font un
besoin!
Par ces
extravagances et autres semblables, les gens du bel air sont réduits à
la pauvreté et forcés d'emprunter à ceux qu'ils méprisaient auparavant,
mais qui se sont maintenus par l'activité et l'économie; ce qui prouve
que:
«Un laboureur sur ses pieds est plus grand qu'un gentilhomme à genoux»,
comme
dit le bonhomme Richard. Peut-être avaient-ils reçu quelque petit
héritage sans savoir comment cette fortune avait été acquise: «Il est jour, pensaient-ils, il ne sera jamais nuit; que fait une si mesquine dépense sur une telle somme?».
Mais, «à force de puiser à la huche sans y rien mettre, l'on en trouve le fond», comme dit le bonhomme Richard; et c'est alors, «c'est quand le puits est à sec, que l'on sait le prix de l'eau».
Un moyen très sûr de vous rendre dépendant
Mais, direz-vous, c'est ce qu'ils auraient su plus tôt, s'ils avaient
suivi le conseil du bonhomme Richard: «Voulez-vous savoir le prix de
l'argent, allez et essayez d'en emprunter» Qui va à l'emprunt cherche un
affront; et de fait, il en arrive autant à celui qui prête à certaines
gens, quand il veut rentrer dans ses fonds.
Le bonhomme Richard nous avertit et nous dit: «L'orgueil de vouloir
paraître est une vraie malédiction; avant de consulter votre fantaisie,
consultez votre bourse».
Il nous dit aussi: «L'orgueil est un mendiant qui crie aussi haut que le besoin et avec bien plus d'effronterie».
Avez-vous fait emplette d'une jolie chose, il vous en faut acheter dix
autres, pour que vos acquisitions anciennes et nouvelles ne jurent pas
entre elles.
Aussi, dit le bonhomme Richard:
«Il est plus aisé de réprimer le premier désir que de contenter tous ceux qui suivent».
Le
pauvre qui singe le riche est véritablement aussi fou que la grenouille
qui s'enfle pour égaler le bœuf en grosseur. Les grands vaisseaux
peuvent risquer davantage, mais les petits bateaux ne doivent pas
s'écarter du rivage.
Au
surplus, les folies de cette nature sont assez vite punies; car, comme
dit le bonhomme Richard: «L'orgueil qui dîne de vanité soupe de mépris».
«L'orgueil déjeune avec l'abondance, dîne avec la pauvreté, et
soupe avec la honte».
Et que revient-il, après tout, de cette envie de paraître pour laquelle
on a tant de risques à courir et tant de peines à subir?
Elle ne peut conserver un jour de plus la santé, ni adoucir la
souffrance. Elle n'ajoute pas un grain au mérite de la personne; elle
éveille la jalousie, elle hâte le malheur.
Quelle sottise n'est-ce pas de s'endetter pour de telles superfluités!
Dans cette vente-ci, l'on vous offre six mois de crédit, et c'est
peut-être là ce qui a engagé quelques-uns de nous à s'y rendre, parce
que, n'ayant pas d'argent à débourser, nous espérons nous parer
gratuitement. Mais pensez-vous à ce que vous faites en vous endettant?
Vous pouvez éviter de vous mettre un boulet au pied.
Si vous ne payez pas au terme fixé, vous rougirez de voir votre créancier; vous tremblerez en lui parlant: vous inventerez de pitoyables excuses, et, par degrés, vous arriverez à perdre votre franchise, vous tomberez dans les mensonges les plus tortueux et les plus vils; car:
«Mentir n'est que le second vice; le premier est de s'endetter inutilement», dit le bonhomme Richard; «le mensonge monte en croupe de la dette», dit-il encore à ce sujet.
Un homme né libre ne devrait jamais rougir ni trembler devant tel homme
vivant que ce soit; mais souvent la pauvreté efface et courage et
vertu.
«Il est difficile à un sac vide de se tenir debout.»
Que penseriez-vous d'un gouvernement qui vous défendrait par un édit de
vous habiller comme un grand seigneur ou comme une grande dame, sous
peine de prison ou de servitude?
Ne direz-vous pas que vous êtes libres; que vous avez le droit de vous
habiller comme bon vous semble; qu'un tel édit est un attentat formel à
vos privilèges, qu'un tel gouvernement est tyrannique?
Et
cependant, vous consentez à vous soumettre à une tyrannie semblable,
dès l'instant où vous vous endettez inutilement, juste pour briller!
Votre créancier est autorisé à vous priver, selon son bon plaisir, de votre liberté, en vous confinant pour la vie dans une prison, ou bien en vous vendant comme esclave si vous n'êtes pas en état de le payer.
Quand vous avez fait votre marché, peut-être ne songiez-vous guère au payement; mais, comme dit le bonhomme Richard, «les créanciers ont meilleure mémoire que les débiteurs».
«Les créanciers, dit-il encore, forment une secte superstitieuse, observatrice des jours et des temps».
Le
jour de l'échéance arrive avant que vous l'ayez vu venir, et l'on monte
chez vous avant que vous soyez en mesure; ou bien, si votre dette est
présente à votre esprit, le terme, qui vous avait d'abord paru si long,
vous paraîtra bien peu de chose à mesure qu'il s'accourcit.
Vous croirez que le temps s'est mis des ailes aux talons comme aux épaules. «Le carême est bien court pour qui doit payer à Pâques».
Peut-être vous croyez-vous à ce moment en position de faire, sans
préjudice, quelques petites extravagances; mais alors épargnez, pendant
que vous le pouvez, pour le temps de la vieillesse et du besoin. Le
soleil du matin ne brille pas tout le jour.
Le
gain est passager et incertain; mais la dépense sera, toute votre vie,
continuelle et certaine; et «il est plus aisé de bâtir deux cheminées
que d'en tenir une chaude», comme dit le bonhomme Richard; «ainsi,
ajoute-t-il, allez plutôt vous coucher sans souper que de vous lever avec une dette».
Comment transformer le plomb en or
«Gagnez ce que vous pouvez,
et gardez bien ce que vous gagnez.»
et gardez bien ce que vous gagnez.»
Voilà la pierre qui changera votre plomb en or!
Et quand vous posséderez cette pierre philosophale, soyez sûrs que vous
ne vous plaindrez plus de la dureté des temps ni de la difficulté à
payer l'impôt.
Cette
doctrine, mes amis, est celle de la raison et de la sagesse; n'allez pas
cependant vous confier uniquement à l'activité, à l'économie, à la
prudence, bien que ce soit d'excellentes choses. Car elles vous seraient
tout à fait inutiles sans la bénédiction du Ciel.
Demandez
donc humblement cette bénédiction, et ne soyez pas sans charité pour
ceux qui paraissent en avoir besoin présentement, mais consolez-les et
aidez-les.
N'oubliez pas que Job fut bien misérable, et qu'ensuite il redevint heureux.
Et maintenant, pour terminer: «L'expérience tient une école qui coûte cher; mais c'est la seule où les insensés puissent s'instruire", comme dit le bonhomme Richard, "et encore n'y apprennent-ils pas grand chose».
Il a bien raison de dire que l'on peut donner un bon avis, mais non la conduite.
Toutefois,
rappelez-vous ceci: «Qui ne sait pas être conseillé, ne peut être
secouru»; et puis ces mots encore: «Si vous n'écoutez pas la raison,
elle ne manquera pas de vous taper sur les doigts», comme dit le
bonhomme Richard.
Le Vieillard finit ainsi sa harangue.
On l'avait écouté; l'on approuva ce qu'il venait de dire et l'on fit sur-le-champ le contraire...
Précisément
comme il arrive, aux sermons ordinaires; car la vente s'ouvrit et
chacun enchérit de la manière la plus extravagante.
Je vis que ce brave homme avait soigneusement étudié mes Almanachs et
digéré tout ce que j'avais dit sur ces matières pendant vingt-cinq ans.
Les
fréquentes citations qu'il avait faites eussent fatigué tout autre que
l'auteur cité; ma vanité en fut délicieusement affectée, bien que je
n'ignorasse pas que, dans toute cette sagesse, il n'y avait pas la
dixième partie qui m'appartînt et que je n'eusse glanée dans le bon sens
de tous les siècles et de tous les pays.
Quoi qu'il en soit, je résolus de mettre cet écho à profit pour
moi-même; et, bien que d'abord je fusse décidé à m'acheter un habit
neuf, je me retirai, déterminé à faire durer le vieux.
Ami lecteur, si tu peux en faire autant, tu y gagneras petit à petit autant que moi: la vraie fortune...
Benjamin Franklin
L'introduction en image de Paul Jouhanneaud
Une notice sur Benjamin FRANKLIN
Avant-propos de Benjamin Franklin
Benjamin Franklin Statue
45 School Street, Boston, MA 02108
617.635.4505
cityofboston.gov
45 School Street, Boston, MA 02108
617.635.4505
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B) Benjamin Franklin de Wikiberal
Benjamin Franklin, né le 17 janvier 1706 à Boston et mort le 17 avril 1790 à Philadelphie, publiciste, imprimeur, physicien et homme politique américain, est un des pères de la Révolution américaine.
Un fils de ses œuvres
Il commence à travailler très tôt dans le magasin de son père, un
immigrant anglais, un artisan, fabricant de bougies et savons. Ayant
rompu avec sa famille, il quitte Boston pour New York puis s'établit
sans un sou à Philadelphie, où il trouve une place d'apprenti imprimeur.
En quelques années, il se marie (1730) et fonde sa propre imprimerie.
Dès 1726, il a établi une liste de 13 vertus qu’il s’est efforcé de pratiquer sa vie durant :
- Tempérance
- Silence
- Ordre
- Résolution
- Frugalité
- Industrie
- Sincérité
- Justice
- Modération
- Propreté
- Tranquillité
- Chasteté
- Humilité
En 1729, il fait l'acquisition d'un journal, la Gazette de Pennsylvanie
qui lui permet de publier régulièrement des chroniques et des
éditoriaux qui en font bientôt le quotidien le plus lu de l'Amérique
coloniale. Il contribue à la création de l’Académie de Philadelphie (1751) qui devait devenir l’Université de Pennsylvanie, et à celle du premier Hôpital des États-Unis. En 1769, il est élu Président de la Société Américaine de Philosophie. Cet autodidacte apprend aussi plusieurs langues étrangères parmi lesquelles le français, l'allemand, l'espagnol, l'italien.
Esprit encyclopédique, il est un homme des Lumières.
Ses expériences sur l'électricité sont célèbres, il installe un
paratonnerre sur sa maison de Philadelphie et crée les mots du
vocabulaire usuel : batterie, positif, négatif, charge. Partant d'une
série d'expériences qu'il avait réalisé, il réussit à bâtir une théorie
physique qui donne une explication au phénomène de la foudre. Il est
également l'inventeur des lunettes à double foyer et du poêle à bois à
combustion contrôlée.
Plaçant toutes ses inventions dans le domaine public, il refuse toute propriété intellectuelle dans ce domaine : « de
même que nous profitons des avantages que nous apportent les inventions
d'autres, nous devrions être heureux d'avoir l'opportunité de servir
les autres au moyen de nos propres inventions ; et nous devrions faire
cela gratuitement et avec générosité. »
Il publie, sous le pseudonyme de Richard Saunders, L'Almanach du pauvre Richard (Poor Richard’s Almanac),
un recueil de chroniques parsemé de maximes, sentences et proverbes en
tout genre qui devient le livre des sagesses de la classe moyenne de
l'époque.
En France, Paul-Louis Courier qui fut lié à La Fayette, le cite en exemple dans son Pamphlet des pamphlets publié en 1825.
The Treaty of Paris of 1783, negotiated between the United States and
Great Britain, ended the revolutionary war and recognized American
independence. The Continental Congress named a five-member commission to
negotiate a treaty–John Adams, Benjamin Franklin, John Jay, Thomas
Jefferson, and Henry Laurens. Laurens, however, was captured by a
British warship and held in the Tower of London until the end of the
war, and Jefferson did not leave the United States in time to take part
in the negotiations. Thus, they were conducted by Adams, Franklin, and
Jay.
The Treaty of Paris, signed in 1783, signified the conclusion of the American Revolution. Congressmen John Adams, Benjamin Franklin and John Jay signed on behalf of the United States.
Un des pères de l’Indépendance
Après plusieurs voyages en Grande-Bretagne comme représentant
colonial, il retourne à Philadelphie, où il se range parmi les partisans
de l'indépendance. En 1776, il préside la “Convention Constitutionnelle de Philadelphie”. Il devait être l'un des auteurs de la Déclaration d'Indépendance.
En octobre 1776, Franklin accepte de faire partie de l'équipe des trois
envoyés américains en France, en compagnie de Silas Deane et Arthur
Lee. Durant l'été 1782, alors que John Adams et John Jay
prennent le chemin de Paris, Franklin rédige les grandes lignes du
traité qui devient le traité de Paris. Il participe ensuite à la
rédaction de la Constitution.
Il est ainsi le seul des pères fondateurs à avoir signé les trois
textes fondateurs des États-Unis. Il a consacré ses dernières années à
la lutte pour l’abolition de l’esclavage.
From the left, Benjamin Franklin, John Adams and Thomas Jefferson.
Franklin and Adams helped revise the Declaration of Independence, which
drew from established political philosophy in justifying the need for
independence.
Littérature secondaire
- 1982, Bruce E. Johansen, Forgotten Founders: Benjamin Franklin, the Iroquois, and the Rationale for the American Revolution. Ipswich, Mass.: Gambit
Citations
-
« Aucune nation n’a jamais été ruinée par le commerce. »
— Benjamin Franklin -
« En ce monde rien n'est certain, à part la mort et les impôts. »
— Benjamin Franklin, Lettres -
« Il y a bien des manières de ne pas réussir, mais la plus sûre est de ne jamais prendre de risques. »
-
« Le mien vaut mieux que le nôtre. »
— Benjamin Franklin, Almanach du pauvre Richard -
« Les lois trop douces ne sont pas suivies, les lois trop sévères ne sont pas appliquées. »
— Benjamin Franklin, Almanach du pauvre Richard -
« Celui qui vit d'espérance court le risque de mourir de faim. »
-
« Dieu aide ceux qui s'aident eux-mêmes. »
-
« Si vous voulez voir la valeur de l'argent, essayez donc d'en emprunter. »
-
« Les créanciers ont meilleure mémoire que les débiteurs. »
— Benjamin Franklin, Almanach du pauvre Richard -
« Lorsque les citoyens réaliseront qu’ils peuvent voter pour obtenir plus d’argent, l’abolition de la République aura sonné. La Constitution finira par échouer, comme toute autre chose, et c’est la corruption générale qui la mènera à sa perte. »
L'Américain idéal
-
« Benjamin Franklin est le type même du self-made man, paraissant résumer en sa personne les aspirations des classes moyennes en pleine ascension. Il est permis de ne pas croire à la prédestination. Mais il est difficile de ne pas noter, comme le faisait déjà Sainte-Beuve, qu’en anglais médiéval un franklin est un homme libre, occupant une position intermédiaire entre le servage et la noblesse. Comme l’on peut remarquer qu’un benjamin est littéralement un fils cadet. Or Benjamin Franklin transforma cette infériorité d’Ancien Régime en titre de gloire : Je suis un fils cadet, issu de fils cadets depuis cinq générations. Les Américains pareillement se sentaient tous des cadets et des bourgeois par rapport à l’Angleterre aristocratique et à l’Ancien Monde, mais ils étaient bien décidés à égaler puis à dépasser leurs aînés. »
— Bernard Cottret, La Révolution américaine, p. 24-25
-
« Tout en lui annonçait la simplicité des mœurs anciennes. Il avait quitté la perruque qu’il portait auparavant et montrait à la multitude étonnée une tête digne du pinceau du Guide, sur un corps droit et vigoureux, couvert des habits les plus simples. Il portait de larges lunettes, et à sa main un bâton blanc. Il parlait peu, il savait être impoli sans rudesse, et sa fierté n’était que le sentiment de la dignité de son être. […] Un tel personnage était fait pour exciter la curiosité de Paris ; le peuple s’attroupait sur son passage ; on demandait : Quel est ce vieux paysan qui a l’air si noble ? »
— Benjamin Franklin, Vie de Franklin, an III, p. 31
Littérature secondaire
- 1997, Jim Powell, "Benjamin Franklin: The Man Who Invented the American Dream", The Freeman, April, Vol 47, n°4
Liens externes
C) Benjamin Franklin
Benjamin Franklin est un des personnages les plus
illustres de l'histoire américaine. En effet, il a été à la fois un
homme de sciences et de lettres, un grand inventeur mais aussi le
premier ambassadeur des Etats-Unis et un des artisans de l'indépendance
américaine.
Benjamin Franklin est né à Boston en 1706. Il est le
dernier d'une famille de 17 enfants. Très tôt, il travaille dans le
magasin de son père, fabricant de savons et de bougies. Dès l'âge de 12
ans, il assiste son demi-frère James, imprimeur à Boston. C'est là qu'il
commence son apprentissage de la lecture et qu'il développe son style
d'écrivain.
En 1721, James entreprend l'édition d'un journal appelé
le "New England Courant". Sous le pseudonyme de "Dame Silence Dogwood",
Benjamin écrit plusieurs articles, qu'il glisse sous la porte de
l'atelier chaque nuit. Ses textes connaissent immédiatement un grand
succès auprès du public.
Lorsque James est emprisonné pour avoir critiqué les
autorités britanniques, Benjamin prend la direction de l'atelier. Pour
rappeler la liberté d'expression de la presse, il publie une citation
d'un journal anglais :
"sans liberté de pensée, il ne peut y avoir de sagesse ; et pas de liberté du peuple sans liberté d'opinion ; celle-ci est le droit de chaque homme tant qu'il ne porte pas atteinte à la liberté d'autrui".
Après une querelle avec son demi-frère, Benjamin décide
de quitter Boston. Il a 17 ans. Ne trouvant pas d'emploi à New York, il
s'installe à Philadelphie où il est embauché comme apprenti imprimeur.
En quelques années, il se marie et fonde sa propre imprimerie.
En 1729, il fait l'acquisition d'un journal, "la Gazette
de Pennsylvanie". Ceci lui permet de publier régulièrement des
chroniques et des éditoriaux qui en font bientôt le quotidien le plus lu
de l'Amérique coloniale.
Parallèlement, il s'investit dans plusieurs activités
sociales et culturelles. Il fonde la Junte, groupe de discussion se
réunissant toutes les semaines pour débattre de sujets philosophiques.
En 1769, il est élu Président de la Société Américaine de Philosophie.
Il met également en place la première bibliothèque
publique du pays et crée la première compagnie de pompiers américaine.
Il intervient aussi dans l'amélioration de la police locale et dans la
construction d'un hôpital public et d'une université, qui deviendra
l'Université de Pennsylvanie. De toutes ces activités, il dira qu'il
préfère que l'on dise de lui "il a eu une vie utile" plutôt que "il est
mort très riche".
A partir de 1732, il publie un almanach sous le nom de
Richard Saunders (un astrologue anglais). Il continuera à le publier
annuellement durant 25 ans, sous le nom de " l'Almanach du pauvre
Richard".
Il apprend aussi plusieurs langues étrangères parmi lesquelles le Français, l'Allemand, l'Espagnol, l'Italien.
Benjamin Franklin est aussi particulièrement célèbre
pour ses travaux dans le domaine de l'électricité, notamment ses
expériences sur la foudre. On lui doit par exemple des termes aussi
courants que batterie, positif, négatif, charge. Enfin, il a été aussi
un chercheur pionnier dans le domaine météorologique et même le premier
homme à monter dans une montgolfière en 1783.
Après plusieurs voyages en Angleterre comme représentant colonial, il retourne à Philadelphie, où il se range parmi les partisans de l'indépendance. En 1776, il préside la Convention Constitutionnelle de Philadelphie. Il sera l'un des auteurs de la Déclaration d'Indépendance.
En octobre 1776, répondant à l'appel au secours d'une
toute nouvelle nation devant lutter contre une coalition militaire
mondiale, Franklin accepte de faire partie de l'équipe des trois envoyés
américains en France, en compagnie de Silas Deane et Arthur Lee.
Accompagné de ses deux petits-enfants, il traverse
l'Atlantique, malgré les navires militaires anglais. Une fois en France,
il entreprend une des carrières diplomatiques les plus réussies. Porté
aux nues par la communauté scientifique et littéraire parisienne, il est
vu comme l'incarnation des valeurs humanistes des Lumières. A une
réunion de l'Académie Française, Franklin et Voltaire se lient d'amitié.
Turgot exprime lui aussi son admiration pour le diplomate.
Au ministère des Affaires Etrangères, Benjamin Franklin
se rend compte qu'en dépit du désir des Français de battre l'Angleterre,
la situation des rebelles américains est encore trop vulnérable.
Franklin va donc mettre en place un dispositif diplomatique organisé
pour parvenir au résultat attendu : il multiplie les contacts,
court-circuite la diplomatie anglaise, développe ses relations avec les
grands hommes politiques français. En février 1778, après la nouvelle de
la défaite anglaise de Saratoga, les trois représentants américains
parviennent à signer un accord avec la France. Deane et Lee rentrent aux
Etats-Unis, laissant Franklin seul ambassadeur à Versailles. Après une
nouvelle défaite anglaise à Yorktown, il ébauche les premières
négociations de paix avec les représentants du pouvoir britannique.
Durant l'été 1782, alors que John Adams et John Jay prennent le chemin
de Paris, Franklin rédige les grandes lignes du traité qui fera autorité
: il réclame l'indépendance totale, l'accès aux zones de pêche des
nouveaux territoires, l'évacuation par les forces anglaises des zones
occupées et l'établissement d'une frontière occidentale sur les rives du
Mississipi.
En 1783, Adams, Jay et Benjamin Franklin, alors âgé de
plus de 70 ans, signent pour les Etats-Unis, un traité de paix qui
garantit l'Indépendance.
De retour aux Etats-Unis, sa popularité est à son comble
: il est élu de nouveau Gouverneur de l'Etat de Pennsylvanie pour trois
ans. Durant ses dernières années, il est un fervent défenseur de
l'abolition de l'esclavage. Il participe aussi à la rédaction de la
Constitution américaine.
Il meurt à Philadephie le 17 avril 1790, à l'âge de 84 ans.
En savoir plus:
Site officiel du tricentenaire de Benjamin Franklin (1706-2006)
Pour plus d'informations, visitez les sites de l'Institut Benjamin Franklin de Philadelphie:
Pour plus d'informations, visitez les sites de l'Institut Benjamin Franklin de Philadelphie:
La vie de Benjamin Franklin fut si longue et si remplie que nous
avons décidé de vous la présenter sous un angle qui vous concerne.
Né
à Boston, il y a 300 ans, Benjamin Franklin y grandit et fréquenta la
Boston Latin School, où il apprit le français. Il était non seulement
capable de lire le français, mais aussi d’avoir de l’esprit et de faire
des mots d’esprit en français. Lorsqu’il arrive en France (décembre
1776), représentant des insurgés américains, il connaît déjà bien notre
pays qu’il a visité en 1767 et 1769. De plus, il a été élu membre de
l’Académie des Sciences en 1772 et, avec toute l’admiration du XVIIIe
siècle pour les scientifiques, on l’appelle “Docteur Franklin”,
l’inventeur du paratonnerre.
Après avoir reçu Julien de
Bonvouloir, le premier émissaire secret de Louis XVI et de son Ministre
des affaires étrangères Vergennes, à Carpenter’s Hall à Philadelphie, il
est mandaté par le Congrès. Il part pour la France, mais la Royal Navy,
qui patrouille sur toutes les mers adorerait le capturer. Il arrive
finalement à filer entre ses mailles et il débarque à Auray en Bretagne
du Sud. Craignant d’être en danger par la route la plus directe, il
descend vers le Sud, jusqu’à Nantes. Son voyage de Nantes à Paris sera
un triomphe. Cet homme de 7 ans fait la route dans un attelage léger et
tout le long du parcourt, il avance entre une haie de citoyens et
citoyennes français venus voir et saluer le “Docteur Franklin”.
Retrouvons sa trace dans Paris :
- Au 4 Place de la Concorde, il sera le 6 février 1778 avec ses concitoyens Silas Deane et Arthur Lee le signataire du traité par lequel Louis XVI, roi de France, fut le premier au monde à reconnaître l’indépendance des Etats-Unis.
- Au 56 de la Rue Jacob, il sera avec John Adams et John Jay le signataire du traité par lequel le roi d’Angleterre reconnaîtra l’indépendance de ses treize colonies d’Amérique à la suite de la guerre où 2500 militaires français perdirent la vie.
- Sur la colline de Chaillot, au village de Passy – maintenant XVIe arrondissement de Paris – Franklin est très présent. Il habita au coin des Rues Scheffer et Raynouard, y reçut de nombreux visiteurs et admiratrices. Il était logé gratuitement par M. et Mme de Chaumont mais, devenu ambassadeur d’un nouvel Etat indépendant, il insista pour payer son loyer. C’est ici qu’il installa le premier paratonnerre et c’est là aussi qu’il créa un atelier pour reprendre son métier d’imprimeur et d’auteur. Il y imprimera les premiers passeports américains.
- Suivons-le ensuite de la Rue Raynouard jusqu’à la Rue Franklin. A l’extrémité de la Rue Franklin , saluons sa statue d’où le grand sage pouvait voir le Champs de Mars, c’est là qu’en 1790, flotta le drapeau étoilé, présenté pour la première fois hors des Etats-Unis.
- Nous le retrouvons aussi à la Monnaie, dont le Directeur est Condorcet. L’épouse de cet homme célèbre, que les américains avaient fait citoyen de Newhaven, est Sophie de Grouchy. Cette brillante muse tient un Salon où, elle et Condorcet, accueillent non seulement Franklin, mais aussi Lafayette, Beaumarchais, Thomas Jefferson et Thomas Paine.
- Enfin, saluons le 16 place Vendôme, où l’expert scientifique, le Dr Franklin, vient enquêter, à la demande du roi, sur les agissements du “Magnétiseur” Messmer.
Les deux autres “experts” français à sa hauteur
sont Lavoisier et Bailly, qui sera le premier maire de Paris. Docteur
Franklin avait aussi fait un rapport sur l’ascension de Montgolfier en
ballon au Bois de Boulogne.
Chez Voltaire de retour de Fernay,
Franklin lui présente son petit-fils. Voltaire mit la main sur la tête
du jeune homme et accompagne cette “bénédiction” des deux mots “God and
Liberty”.
Les Français sont fous de Franklin. Les dames portent
des robes appelées “Lightning conductor” en l’honneur de l’inventeur du
paratonnerre.
On voit dans tout Paris des chapeaux, des gants, des blagues à tabac “à la Benjamin Franklin”.
Les
Parisiens pleurent son départ en 1785 et, à sa mort, en 1790, non
seulement l’Assemblée Constituante interrompit ses débats en signe de
deuil, mais un immense hommage lui est rendu de la rue du Louvre à la
Halle aux Bleds (aujourd’hui la Bourse du Commerce), où 5 000 personnes
écoutent les hommages des représentants du roi, de la ville de Paris et
des ouvriers imprimeurs.
Terminons par Versailles, où Benjamin
Franklin avait osé paraître à la Cour sans perruque et où Louis XVI
accueillit son successeur, Thomas Jefferson, en lui disant “Ah, c’est
vous qui remplacez le Docteur Franklin”. Jefferon répondit “Majesté,
personne ne peut remplacer le Docteur Franklin. Je suis seulement son
successeur !”
Et ne manquez pas la rue Franklin qui rejoint la rue Vergennes pour déboucher sur l’Avenue de Paris !
Pour conclure, on ne peut faire mieux que citer Mirabeau, qui salua sa
mémoire à l’Assemblée en disant “Benjamin Franklin, le génie qui
affranchit l’Amérique et versa sur l’Europe des torrents de lumière. Le
sage, que deux mondes réclament”.