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février 12, 2015

Étude géopolitique sur la condition féminine dans le monde

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.



Voici la première étude géopolitique sur la condition féminine, sous la forme d’un manuel qui expose clairement une vue d’ensemble de la question. 

Présentation du livre d’Élizabeth Crémieu, Bouchra Benhida "Géopolitique de lacondition féminine", Paris, Collection Major, PUF, 2014, 204 p. ISBN-972-2-13-062130-0 

VIOLS en Inde en 2012 ou enlèvement de 200 étudiantes par Boko Haram au Nigéria en 2014, la médiatisation croissante de violences contre des femmes témoigne d’un état de la condition féminine encore difficile dans le monde, et ce, malgré le troisième objectif du millénaire du développement souhaitant « promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes ». Cette question ne se pose bien sûr pas qu’au « Sud » et se retrouve aussi dans les pays dits « développés », avec par exemple les débats récurrents sur la parité en France ou la restriction du droit à l’avortement par de nombreux états des Etats-Unis. Enfin, alors que le mouvement Femen donne une image souvent critiquée du féminisme, il semble justifié de s’interroger sur la situation des femmes aujourd’hui. Elizabeth Crémieu, agrégée de géographie et ancien professeur de classe préparatoire HEC et maitre de conférence à Sciences Po, se propose justement de dresser la géopolitique de la condition féminine dans son ouvrage, réalisé en collaboration avec Bouchra Benhida, docteur en économie et directrice de l’Institut de recherche et d’analyse en géopolitique et géoéconomie de l’ESCA (Casablanca). Lorsqu’on traite de la condition des femmes, on est au cœur d’un affrontement entre la tradition et la modernité. Elizabeth Crémieu retient deux aspects pour définir la condition féminine : les droits des femmes d’une part, c’est-à-dire droits civils, politiques, droit à l’éducation, aux soins, au travail ; et leurs conditions de vie d’autre part, plus précisément leur statut, leur relation avec les hommes, leurs libertés, etc. Malgré des progrès certains mais inachevés, le danger de recul est grand, surtout dans le contexte actuel de recrudescence des violences envers les femmes. Comme l’avait bien compris Jules Ferry en 1880, « celui qui tient la femme, celui-là tient tout » (cité p. 12). La femme est en effet à la fois marqueur identitaire et clé de la maitrise démographique. Il est important aussi de noter que « lorsqu’on traite de la condition des femmes, on est au cœur d’un affrontement entre la tradition et la modernité » (p. 14). 

Contrôler... croient-ils
Dans son ouvrage, l’auteure revient d’abord sur l’héritage universel et persistant de l’infériorité de la femme. Cet héritage, qu’on retrouve dans tous les textes fondateurs des religions mais aussi chez des penseurs comme S. Freud ou C. Levi-Strauss, se justifie par l’infériorité physique des femmes et instaure une division sexuée des tâches : aux hommes la gestion des questions productives et politiques, aux femmes celle des fonctions reproductives et domestiques. Se retrouve aussi ici la volonté des hommes de contrôler la fécondité. Préférence pour les fils, importance de la virginité, réclusion des femmes, dot, mariage précoce, prostitution, privation du droit à l’héritage, exclusion des veuves, chasse aux sorcières, violences, sont autant d’exemples cités pour illustrer la place traditionnelle de la femme soumise. La responsabilité des femmes dans la reproduction de ce modèle de génération en génération n’est enfin pas à sous-estimer. 

Les droits de vote, à l’éducation, à la protection
Elizabeth Crémieu dresse ensuite un tableau du féminisme, depuis les Lumières à aujourd’hui, en passant par les conséquences de la Révolution industrielle et celles de l’exode rural et de l’urbanisation. Les premiers mouvements féministes apparaissent en Europe et en Amérique du Nord au XIXe siècle, menés par des femmes instruites de la classe moyenne favorisée, en lien avec d’autres grandes mobilisations de l’époque comme la lutte contre l’alcoolisme, la prostitution ou l’esclavage. Une des premières revendications est le droit de vote, qui remet directement en cause « une des prérogatives essentielles des hommes : le monopole de la gestion de la cité » (S. Samouiller et K. Jabre dans Le Livre noir de la condition des femmes, cités p. 56). Le droit à l’éducation et la protection des mères font aussi partie des revendications. 

Le féminisme est multiforme : féminisme de l’égalité ou de la différence, féminisme socialiste ou libéral, « black feminism », féminisme laïque et universaliste, féminisme d’inspiration religieuse. 

Suit la deuxième vague féministe des années 1960 et 1970 avec la liberté sexuelle, la contraception et l’avortement. Les « gender studies » apparaissent également à ce moment-là. Certains parlent d’une troisième vague dans les années 1990, le féminisme « pro-porn », revendiquant la légalisation de la prostitution. L’auteure souligne que le féminisme est multiforme : féminisme de l’égalité ou de la différence, féminisme socialiste ou libéral, « black feminism », féminisme laïque et universaliste, féminisme d’inspiration religieuse. Le féminisme est également parcouru de tensions : entre femmes éduquées et populaires, entre féminisme indépendant et féminisme des ONG. Et enfin, entre féminisme du Nord et féminisme du Sud. Car le Sud aussi connaît des mouvements féministes. D’abord minoritaires et faibles dans les contextes de décolonisation, les revendications se font entendre après les indépendances qui n’ont pas amélioré la situation des femmes. Il faut aussi noter l’héritage égalitaire des sociétés communistes ou encore les avancées des dictatures modernistes. Au Nord comme au Sud, les mêmes méthodes sont utilisées : relais de la presse, manifestations, utilisation d’Internet, lobbying. Cela n’est cependant pas sans danger dans bon nombre de pays où les femmes risquent l’emprisonnement, l’exil ou parfois même la mort. Enfin, le féminisme est souvent méconnu et caricaturé. 

Dynamiques
La condition féminine a connu de grands progrès depuis 1945. D’abord, les femmes ont maintenant le droit pour elles avec des textes comme la Charte de l’ONU garantissant l’égalité des droits des femmes et des hommes. La communauté internationale s’est emparé de cette question avec, entre autres, la création d’ONU Femmes et la Convention pour l’élimination des discriminations envers les femmes (CEDAW). Le livre insiste sur le rôle important de l’intérêt politique à l’échelle nationale dans le traitement de ces questions. Cela peut même devenir un enjeu de politique étrangère comme le montre l’exemple de l’octroi par l’Arabie Saoudite du droit de vote aux femmes prévu en 2015. Cependant, le droit civil reste encore discriminatoire dans de nombreux pays. 

La santé des femmes - notamment leur espérance de vie - peut être considérée comme un révélateur de l’état d’une société et des rapports entre les sexes. 

Les progrès scientifiques ont, eux, permis la contraception, largement utilisée dans le monde (par 61% des couples aujourd’hui). Pour Françoise Héritier citée p. 96, le droit à la contraception « constitue le levier essentiel de la sortie de la domination parce qu’il porte et agit au lieu même où la domination s’est produite ». Et face à la religion, le plus souvent contre, l’impératif démographique a permis la diffusion de la contraception. L’avortement,
lui, reste un sujet brûlant et est limité dans les trois quarts des pays. La santé des femmes a également connu des progrès, même si les écarts demeurent très grands entre les pays à revenu élevé et les pays à revenu moyen ou faible. A ce titre, la santé des femmes peut être considérée comme un révélateur de l’état d’une société et des rapports entre les sexes. 

Eduquer les filles
L’éducation des filles est importante car elle a des effets multiplicateurs sur la démographie, la santé et l’économie. On note de grands progrès dans les taux de scolarisation ainsi qu’une progression de la parité dans le monde. Cependant, des écarts persistent entre Nord et Sud, où la pauvreté, la distance jusqu’à l’école, les possibles harcèlements sexuels et le faible nombre d’enseignantes sont autant de freins à la scolarisation des filles. Au Nord, on continue de noter des différences d’orientation selon les sexes. Et, malgré ces progrès, en 2008, deux tiers des analphabètes restent des femmes. Enfin, l’éducation est la première à souffrir des guerres et des crises économiques. 




Deux tiers des pauvres sont des femmes.
Le travail des femmes a également augmenté et s’est déplacé de l’agriculture vers l’industrie et les services. Les femmes souffrent encore d’une ségrégation verticale et horizontale, au Nord comme au Sud. Au Sud, le problème des emplois informels et vulnérables touche d’abord les femmes, avec une « féminisation de la survie » [1]. L’auteure rappelle d’ailleurs que deux tiers des pauvres sont des femmes. Il existe cependant un lien entre richesse, puissance et emploi des femmes, et on lie maintenant souvent la question de la croissance et du développement à celle de l’amélioration de la condition féminine. Pour les femmes aussi, travailler peut avoir des effets positifs, à l’image du cas de l’émigration de travail qui, malgré les difficultés rencontrées, constitue une libération et un gain en statut pour les femmes qui renvoient l’argent gagné au pays et font ainsi vivre leur famille. 

Pour certains, « le corps de la femme est, non pas métaphoriquement mais réellement, un territoire ennemi, jugulé, terrassé, mis à sac et à profit ». 

Pour finir, Elizabeth Crémieu décrit les menaces pesant sur les femmes. Elle note que la montée des fondamentalismes religieux, toutes religions confondues, représente aujourd’hui le plus grand danger, car ces derniers cherchent à contrôler la femme et la sexualité pour gagner le pouvoir en imposant des valeurs. La femme est en effet un marqueur de l’identité d’une société : « Dans toutes les sociétés qui se sentent menacées, ce sont les femmes qui sont chargées de conserver, de porter l’identité. Si elles veulent se libérer, c’est qu’elles sont passées à l’ennemi » (Sophie Bessis, citée p. 157). De plus, les violences contre les femmes sont en augmentation. Le fémicide est aujourd’hui la première cause de mortalité des femmes. Ces violences contre les femmes peuvent avoir des conséquences géopolitiques comme le montre l’exemple des fœticides féminins en Chine, où le manque de femmes pourrait avoir deux effets: un «nouvel enlèvement des Sabines»[2] et un enrôlement plus important des hommes dans l’armée. F. Héritier, citée p. 167, affirme que « le corps de la femme est, non pas métaphoriquement mais réellement, un territoire ennemi, jugulé, terrassé, mis à sac et à profit ». Ainsi les viols par exemple peuvent être de véritables armes politiques, notamment en temps de guerre ou de nettoyage ethnique. Ainsi, les acquis pour la condition féminine restent fragiles et menacés. Et face à cette menace que constituent les « trafiquants de Dieu » [3], Elizabeth Crémieu conclue ainsi : « La guerre est donc déclarée entre partisan(e)s de l’égalité et de la liberté des femmes et des hommes, et partisan(e)s des traditions. Cette guerre se déroule non pas entre des civilisations ou des sociétés, des Etats, ou des religions, mais au sein de chaque société, de chaque Etat, de chaque religion, et peut-être de chaque individu.» (p. 186) Cette «première étude géopolitique sur la condition féminine»[4] se présente comme un manuel et expose clairement une vue d’ensemble de la question. La construction thématique par chapitres donne parfois une impression de catalogue compilant les travaux existants sur la condition féminine. Cela a toutefois l’avantage de présenter de nombreux exemples et de renvoyer à de nombreux auteurs. La bibliographie, organisée elle aussi selon les chapitres, permet en effet de se référer facilement aux ouvrages cités. Elizabeth Crémieu semble prendre fait et cause pour les femmes, mais sait aussi reconnaître que les hommes n’ont pas tous les torts et que le patriarcat a pu avoir des effets bénéfiques, comme la protection. Elle reste cependant en retrait pour faire un exposé neutre tentant de traiter tous les aspects de la question, ne montrant son envie d’être digne de l’héritage féministe qu’à la dernière ligne. 



Géopolitique de la condition féminine
4e de couverture 

Où en est la condition des femmes ? Malgré l’influence tenace des traditions patriarcales dans une grande partie du monde, de nombreux progrès ont été accomplis depuis soixante-dix ans, que ce soit en matière de droits politiques et civils, d’accès à la contraception et à l’avortement, ou encore de droit à l’éducation et au travail. Ces avancées constituent un facteur majeur de croissance et de développement. Elles sont toutefois très inégales selon les régions du monde et constamment menacées : le fémicide reste en effet la première cause de mortalité des femmes, et ce type de violences tend aujourd’hui à se répandre. Cet ouvrage s’adresse à ceux qui veulent connaître les origines des inégalités entre les hommes et les femmes et étudier les enjeux de pouvoir qui en découlent à l’ère de la mondialisation, et en particulier aux étudiants en géopolitique et dans les IEP. 

[1] Formule de Saskia Sassen citée p.142.
[2] Formule de Gérard-Francois Dumont dans son article « Vers un nouvel enlèvement des Sabines ? » paru dans Géostratégiques, n°17, en septembre 2007, formule citée p. 171.
[3] Formule utilisée par Elizabeth Crémieu p. 186.
[4
] Présentation faite par l’éditeur en quatrième de couverture.


GEOPOLITIQUE DE LA CULTURE :
Géopolitique de la condition féminine  
Source, journal ou site Internet : diploweb
Date : 10 février 2015
Auteur : Ornella Chassagne:

Etudiante en Master I de Relations Internationales et Action à l’Etranger à l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Créé en 2005, le Master de Relations Internationales et Action à l’Etranger a pour vocation de préparer les étudiants à la grande variété des métiers ouverts sur la vie internationale.

octobre 26, 2014

Sur la page pour une démocratie libérale 8/21 (les Femmes)

L'Université Libérale, vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.
 
Les droits des femmes et des filles
 
La discrimination à l'encontre des femmes signifie que certaines lois ou pratiques encouragent un traitement différent, cautionnent l'exclusion ou imposent des restrictions sur la base du sexe.
 
Les démocraties doivent s'efforcer de protéger les droits des femmes, encourager la participation de ces dernières à tous les volets de la société et du gouvernement et créer des espaces où les femmes peuvent se réunir et s'exprimer librement.

Pour les femmes, les droits juridiques comprennent la même représentation que pour les hommes en vertu de la loi et l'accès aux ressources judiciaires. Les droits des femmes doivent être clairement énoncés :

l'ambiguïté du statut légal de la femme reste encore l'une des principales causes de la pauvreté dans le monde.
Les femmes devraient avoir le droit d'être propriétaires de biens et d'hériter.
Les femmes devraient avoir la possibilité de participer à l'élaboration et à la mise en application des constitutions et des lois.
Les droits politiques des femmes comprennent, entre autres, le droit de vote, le droit de briguer un poste électif, le droit de participer au gouvernement et le droit de former des associations politiques.
Les démocraties doivent appuyer les initiatives de la société civile, tant officielles que non gouvernementales, qui préparent les femmes à voter, qui les forment aux techniques d'organisation d'une campagne politique, et qui les informent à propos du processus législatif.
La mobilisation des femmes à tous les niveaux de la société civile et du gouvernement est un atout pour les démocraties, qui s'en trouvent renforcées.
Les femmes et les filles doivent pouvoir bénéficier d'un enseignement primaire. On ne devrait pas les empêcher d'aller à l'école ou d'enseigner dans les lycées et les universités.

Les droits économiques donnent aux femmes la direction de leurs avoirs économiques et les aident à éviter des comportements sexuels risqués et des relations personnelles caractérisées par la domination et les sévices. Ces droits comprennent :

les mêmes débouchés que les hommes au plan de l'emploi et les mêmes critères d'embauche ;
la protection contre la perte de l'emploi en raison d'une grossesse ou d'un mariage ;
l'accès des femmes à des programmes qui leur permettent de réaliser des revenus, notamment aux prêts réservés aux micro-entreprises et à la formation professionnelle ;
un salaire égal, un traitement semblable et le respect sur le lieu de travail.

Les démocraties doivent s'efforcer de garantir la santé et le bien-être des femmes et des filles et leur permettre, au même titre que les hommes, de participer aux divers programmes de santé, notamment à ceux qui portent sur :

les soins médicaux, la prévention de la maladie, et les soins prénataux ;
la prévention du VIH/sida, l'amélioration des soins aux personnes infectées, la réduction de la transmission de la mère à l'enfant.
 


Les démocraties doivent aussi :


lutter contre les trafiquants qui, par la ruse, la fraude ou la coercition, enrôlent de force les femmes et les filles dans la prostitution ou les asservissent en tant que domestiques ;
lutter contre le « tourisme sexuel » qui repose souvent sur l'exploitation des femmes et des enfants ;
éduquer les familles à propos des conséquences aux plans social et de la santé des mariages précoces; 
appuyer les organisations d'aide aux victimes, notamment de violences conjugales et de viol ;
former les policiers, les avocats, les juges et le personnel médical aux problèmes liés à la violence conjugale pour réduire leur fréquence ;interdire la pratique de la mutilation génitale des filles.

IFéministe

De Wikiberal
 
Un(e) iFéministe est un(e) Partisan(e) d'un féminisme individualiste en opposition au féminisme collectiviste commun. Il (Elle) défend l'égalité des droits de toutes les personnes, répudie de manière véhémente la discrimination positive

Prostitution

De Wikiberal
 
La prostitution (du latin prostituere, mettre devant, exposer au public) est une activité consistant à accepter des relations sexuelles en échange d'une rémunération pécuniare ou autre (ou d'une promesse de rémunération).

Du droit de se prostituer

Les hommes et les femmes, du fait qu'ils sont libres en droit et qu'ils sont des adultes responsables de leurs actes, peuvent louer leurs services sous diverses formes, et notamment gagner de l'argent en proposant des relations sexuelles payantes. Nul ne peut les empêcher de se prostituer, car cela reviendrait à les dessaisir de la propriété de leur corps. La morale peut réprouver cette relation commerciale, mais pour un libéral le droit n'a pas à proscrire ce type de contrat.
Certains nous rétorqueront que l'on choisit rarement de devenir fille de joie ou gigolo. C'est évidemment faux. Bien sûr, de nombreuses personnes préféreraient des métiers plus prestigieux : acteur, astronaute, chirurgien... Mais le fait de ne pas pouvoir réaliser ses ambitions ne peut pas être comparé avec l'authentique prostitution forcée, qui tient à la fois du viol et de l'esclavage.
Les États qui font de la prostitution une activité illégale bafouent le droit des proxénètes à exercer une activité économique légitime, et les mettent à la merci des policiers corrompus. De plus, en interdisant la prostitution, l'État empêche les prostituées de s'établir librement, de proposer leurs services au grand jour, dans des conditions d'hygiène et de sécurité normales, soit comme indépendantes, soit en ayant recours aux services d'un proxénète.
On le constate tous les jours : la prohibition ne fait pas disparaître la demande (la "guerre contre la drogue" dure depuis un siècle et il n'y a jamais eu autant de consommateurs de stupéfiants), mais en plus, elle enrichit les trafiquants et accroît l'insécurité. La prohibition est la meilleure amie du marché clandestin et des criminels.
Le discours répressif contre la prostitution (ou la pornographie, l'usage de drogues, etc.) veut faire de l’interdiction l’unique solution pour protéger les prétendues "victimes" : on exclut a priori que les personnes concernées puissent se défendre elles-mêmes, et, sous couvert de les protéger contre ce qui porte atteinte à leur "dignité d’êtres humains", on leur retire déjà une pièce essentielle de la dignité humaine : l’autonomie individuelle. Ce n'est pas autre chose que du paternalisme coercitif.
En France, la fermeture des maisons closes (établissements de prostitution légaux) en 1946 (loi Marthe Richard), décrétée pour des raisons morales (et aussi en représailles contre des établissements jugés collaborationnistes) n'a fait que rendre la prostitution moins visible, alors que de nombreux autres pays tolèrent les "Eros centers". Le film "Les Bons vivants" (1965), avec les dialogues truculents d'Audiard, est un réquisitoire humoristique contre la fermeture des maisons closes ; il en décrit toutes les conséquences fâcheuses : atteinte à la propriété, passage à la clandestinité avec tous les risques associés, baisse d'attractivité du pays, etc.


Combattre la discrimination contre les femmes

L’égalité des genres est essentielle pour parvenir aux droits humains pour tous. Pourtant, dans toutes les régions du globe, des lois discriminatoires à l’encontre des femmes sont toujours en vigueur et continuent d’être adoptées. Quelles que soient les traditions juridiques, de nombreuses législations continuent d’institutionnaliser le statut de citoyens de second rang des femmes et des filles en matière de nationalité et de citoyenneté, de santé, d’éducation, de droits matrimoniaux, de droits en matière d’emploi, de droits parentaux, et de droits d’héritage et de propriété.  Ces formes de discrimination à l’encontre des femmes sont incompatibles avec leur autonomisation.
La majorité des personnes les plus pauvres du monde sont des femmes et le nombre de femmes vivant dans la pauvreté rurale a augmenté de 50 % depuis 1975. Deux-tiers des heures de travail effectuées dans le monde le sont par des femmes et elles produisent la moitié des aliments de la planète, pourtant, elles ne gagnent de 10 % des revenus mondiaux et détiennent moins d’un pour cent des propriétés du globe. Partout dans le monde et dans toutes les cultures, les violences à l’égard des femmes persistent dans des proportions inimaginables et l'accès des femmes à la justice est souvent parsemé d’obstacles discriminatoires, dans les lois comme dans la pratique. Les multiples formes de discrimination fondées sur le sexe et d’autres facteurs, comme la race, l’appartenance ethnique, la caste, les handicaps, le VIH/SIDA, l’orientation sexuelle ou l’identité sexuelle, accentuent les risques de difficultés économiques, d’exclusion et de violence à l'encontre des femmes.
Dans certains pays, les femmes, contrairement aux hommes, ne peuvent se vêtir comme elles le souhaitent, elles ne peuvent conduire ni travailler la nuit, elles ne peuvent hériter de biens ni témoigner devant un tribunal. La plupart des lois expressément discriminatoires touchent à la vie familiale, y compris en limitant le droit des femmes de se marier (ou de ne pas se marier dans le cas de mariages précoces forcés), de divorcer et de se remarier, laissant ainsi la porte ouverte à des pratiques matrimoniales discriminatoires comme la soumission de l'épouse et la polygamie. Les législations qui prônent « l’obéissance de l’épouse » régissent toujours les relations matrimoniales dans de nombreux États.
Les droits humains internationaux interdisent la discrimination fondée sur le sexe et prévoient des garanties pour les hommes et les femmes afin qu’ils bénéficient de la même façon de leurs droits civils, culturels, économiques, politiques et sociaux. Si les mécanismes des droits humains réaffirment les principes de non-discrimination et d’égalité, l’Article 15 (1) de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) consacre explicitement l’égalité des femmes et des hommes pour les États qui ont ratifié la Convention, et l’Article 2 les engage à « prendre toutes les mesures appropriées, y compris des dispositions législatives, pour modifier ou abroger toute loi, disposition réglementaire, coutume ou pratique qui constitue une discrimination à l’égard des femme ».
Trente ans après l’entrée en vigueur de la Convention, la reconnaissance et la jouissance de droits égaux à ceux des hommes restent hors de portée pour de nombreuses femmes du monde. La CEDAW a bel et bien été ratifiée par 186 États, mais elle détient le record en nombre de réserves vis-à-vis d'articles fondamentaux comme les articles 2 et 6 qui ont trait aux jeunes filles et à la vie personnelle et familiale des femmes.
Même si la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes exige des États qui l’ont ratifiée d’éliminer la discrimination à l’égard des femmes « par tous les moyens appropriés et sans retard », trop d’États conservent systématiquement leurs législations discriminatoires, signe que le rythme de la réforme est trop lent pour les femmes. C’est la raison pour laquelle la 12ème session du Conseil des droits de l’homme a adopté une résolution intitulée « Élimination de la discrimination à l’égard des femmes », demandant au Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme de préparer une étude thématique sur la discrimination de droit et de fait à l’encontre des femmes, sur la façon dont la question est traitée au sein des Nations Unies, en consultation avec toutes les parties prenantes et en particulier la Commission de la Condition de la Femme.  Cette étude thématique sera présentée lors de la 15ème session et examinée pendant une demi-journée afin de déterminer les mesures à prendre ensuite.
Les activités du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme
  • Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes . Le Comité surveille la mise en œuvre de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. La Convention établit, sous une forme juridiquement contraignante, des principes internationaux sur les droits des femmes.
  • Aide au Rapporteur spécial sur la violence contre les femmes . Le Rapporteur spécial, qui est un expert indépendant, publie des rapports annuels sur la violence à l'encontre des femmes, reçoit des appels urgents d’individus et effectue des voyages d’étude dans les pays.
  • Aide au Rapporteur spécial sur la traite des personnes . Conscient que les femmes de toutes les régions du monde continuent d’être victimes de trafiquants à des fins d’exploitation sexuelle ou en tant que main-d’œuvre, le Rapporteur spécial traite de toutes ces violations des droits humains.
  • Poursuite de la lutte contre la discrimination à l’encontre des femmes grâce à son Groupe des droits fondamentaux des femmes et de l’égalité des sexes . Le Groupe renforce les capacités nationales en vue d’éliminer la discrimination fondée sur le sexe grâce à des services de conseils, des recherches et des analyses, de l’aide apportée aux dispositifs intergouvernementaux et d’experts qui traitent de la situation de la discrimination des femmes et des prises de contact avec le Conseil des droits de l’homme et la communauté au sens large pour établir des partenariats, sensibiliser et mobiliser des soutiens pour des mesures contre la discrimination, comme des lois, des politiques et des programmes.
  • En mars 2008, le Groupe des droits fondamentaux des femmes et de l’égalité des sexes a publié un rapport sur les lois à l'origine de discriminations à l’encontre des femmes .

1. Tous ces chiffres proviennent des indicateurs du développement dans le monde de la Banque mondiale.
 

La discrimination des femmes en France concerne la différence de traitement entre hommes et femmes d’abord dans la loi, puis dans la société.
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