Le thorium est un métal très lourd de couleur argentée qui se trouve
naturellement et abondamment dans la croûte terrestre, souvent associé à
d'autres minéraux radioactifs.
Il
est principalement étudié pour son potentiel en tant que combustible
nucléaire, en raison de son abondance et de sa capacité à produire de
l'énergie sans générer autant de déchets à longue durée de vie que l'uranium. Le thorium est ainsi considéré comme une alternative plus sûre et plus durable pour l'énergie nucléaire.
Thorium utilisé au Bhabha Atomic Research Centre à Mumbai en Inde.
Origine et numéro atomique
Le
thorium a été identifié en 1829 par le chimiste suédois Jöns Jacob
Berzelius, après avoir été extrait sous forme de minerai dans l'île de
Løvøya en Norvège. Le nom de ce minerai provient du dieu du tonnerre
dans la mythologie nordique, Thor.
La radioactivité du thorium a été découverte en 1898 par la physicienne Marie Curie et par le chimiste Gerhard Carl Schmidt.
Le thorium se situe en fin du tableau de Mendeleïev (numéro atomique = 90) dans la famille des actinides, tout comme l’uranium naturel (Z = 92)(1). Il dispose d’un seul isotope : le thorium 232.
Usages et intérêts
Le
thorium possède des qualités physico-chimiques exceptionnelles : il ne
fond qu’à 1 750°C et se vaporise vers 4 800°C (Pa). Il a de nombreuses applications industrielles comme matériau réfractaire, cathode en électronique, catalyseur en chimie, pour le cracking du pétrole, etc.
Une voie prometteuse pour le thorium comme combustible nucléaire semble être celle l'utilisation du mélange thorium-uranium
sous la forme de sel fluorés fondus, servant à la fois de combustible
et de caloporteur dans un réacteur à sel fondus (RSF). La filière
thorium-uranium 233 avait déjà suscité l’intérêt des chercheurs dès les
années 1950. Elle avait alors été rejetée, au bénéfice de la filière
uranium-plutonium car les conditions de radioprotection n’étaient alors
pas maîtrisées.
Le thorium peut également être utilisé par des
réacteurs de cette nouvelle génération dans des surgénérateurs à
neutrons rapides.
Différences avec l'uranium
Le thorium
est 3 à 4 plus abondant que l’uranium naturel (voir pargraphe sur les
ressources plus bas dans l'article) et est très faiblement radioactif (demi-vie de 14 milliards d’années).
Le thorium n'est pas fissile (l’uranium est le seul élément naturel à comporter un isotope fissile (uranium 235). mais fertile,
c'est-à-dire qu’il et peut se transformer par absorption d’un neutron
en uranium 233, élément fissile tout comme l’uranium 235 utilisé dans
les réacteurs actuels à eau pressurisée (type des réacteurs du parc nucléaire français).
Or, la fission de l’uranium 233 produit un peu plus de neutrons que
celle de l’uranium 235, ce qui permettrait de produire davantage
d’énergie avec une quantité donnée de minerai.
Dans le cas de
l'uranium, la réaction en chaîne est donc amorcée par de l'uranium 235
présent dans le minerai naturel puis dans le combustible préparé à
partir de ce minerai. Dans le cas du thorium, « il faut ajouter
artificiellement un élément fissile (ici de l'uranium 235) dans le
combustible préparé à partir de minerai naturel de thorium qui est non
fissile », explique le CEA(2) (comme l'illustre son schéma suivant).
Le couple Th232-U233 permet, comme U238-Pu239, la surgénération avec des neutrons rapides.
Contraintes économiques
L'exploitation du thorium implique des méthodes d'extraction plus coûteuses que celle de l'uranium, selon l'AIEA(3). « La
recherche, le développement et les essais d'installations nucléaires
alimentées au thorium sont tout aussi coûteux en raison d'un manque
d'expérience significative avec la prééminence historique du thorium et
de l'uranium dans l'énergie nucléaire », souligne l'Agence.
Le
retraitement des combustibles usés au thorium nécessite par ailleurs le
développement, au niveau industriel, d’un procédé spécifique (procédé
thorex), distinct de celui utilisé pour l’uranium, ajoute le CEA.
Le thorium dans le monde
Ressources estimées
La proportion de thorium dans la croûte terrestre est « de
l'ordre de un cent-millième, c'est-à-dire qu'il est plus abondant que
l'étain, l'arsenic et les métaux précieux. Il y en a deux fois moins que
le plomb, quatre fois moins que le zinc, dix fois moins que le cuivre,
mais il est de trois à quatre fois plus abondant que l'uranium »,
selon le CEA. L'AIEA évoque un même ratio entre la concentration
estimée de thorium (10,5 parts par million) et celle d'uranium (3 ppm).
L'AIEA
estimait les ressources mondiales de thorium à 6 355 000 tonnes à fin
2016. Ces ressources de thorium seraient principalement situées dans 7
pays selon les connaissances actuelles (par ordre d'importance)(4) :
en Inde (846 000 tonnes, soit environ 13% des ressources mondiales) ;
au Brésil (632 000 tonnes);
en Australie (595 000 tonnes) ;
aux États-Unis (595 000 tonnes) ;
en Égypte (380 000 tonnes) ;
en Turquie (374 000 tonnes);
au Venezuela (300 000 tonnes).
Inde, Norvège, Chine...
L’Inde
consacre actuellement un programme important de recherche pour
l'utilisation du thorium dans des surgénérateurs à neutrons rapides, ce
pays possédant également d’importantes ressources de ce minerai
longtemps resté dans l’ombre de l’uranium (et de faibles ressources
d'uranium par ailleurs).
La Chine a pour sa part annoncé à l'été
2021 l'achèvement d'un premier réacteur nucléaire expérimental au
thorium, au milieu du désert de Gobi.
En Norvège, Thor Energy a
réalisé une série d’essais avec du thorium dans le réacteur nucléaire de
recherche de Halden (au sud-ouest de la Norvège), avant son arrêt en
2018.
Sources / Notes
Pour
rappel, l’uranium est constitué de deux isotopes : l’uranium 238
(99,3%) et l’uranium 235 (0,7%) qui est le seul atome fissile présent
dans la nature et utilisé industriellement pour produire de
l’électricité.
Le thorium présente plusieurs avantages par rapport au
combustible nucléaire classique, l’uranium 235. Il peut générer plus de
matière fissile (uranium 233) qu’il n’en consomme pour alimenter les
réacteurs nucléaires refroidis par eau ou à sels fonduset il génère moins d’actinides mineurs à longue période que les combustibles au plutonium. On estime que la couche supérieure de la croûte terrestre compte en moyenne 10,5 parties par million (ppm) de thorium contre environ 3 ppm d’uranium.
« Du
fait de son abondance et de sa capacité à produire des matières
fissiles, le thorium pourrait offrir une solution à long terme pour
répondre aux besoins énergétiques de l’humanité », explique
Kailash Agarwal, spécialiste des installations du cycle du combustible à
l’AIEA et l’un des auteurs du rapport de l’AIEA.
Outre le fait
que lorsqu’ils sont en service, les réacteurs alimentés au thorium – et
l’énergie d’origine nucléaire en général – n’émettent pas de gaz à effet
de serre, l’un des autres avantages que présentent ces réacteurs est
qu’ils génèrent moins de déchets nucléaires à longue période que les
réacteurs actuels alimentés à l’uranium.
L'Inde mise sur le thorium comme nouveau combustible nucléaire
Le pays, qui possède le quart des réserves mondiales de cet élément,
veut s'affranchir de l'uranium, et ainsi assurer son indépendance
énergétique.
L'Inde va lancer la construction, dans les prochaines semaines, d'un prototype de réacteur à eau lourde fonctionnant au thorium, qui inaugurera une voie nouvelle dans le nucléaire civil. Le premier réacteur à vocation commerciale de ce type devrait entrer en service en 2020. L'Inde est un des seuls pays au monde à envisager sérieusement cette alternative aux combustibles nucléaires traditionnels que sont l'uranium et le plutonium.
L'utilisation du thorium dans le cycle de combustion présente de nombreux avantages. Le minerai produit moitié moins de déchets radioactifs que l'uranium et est disponible en quantité supérieure. Les réserves indiennes de thorium sont ainsi estimées à 290 000 tonnes contre seulement 70 000 tonnes dans le cas de l'uranium. De plus, au rythme de consommation actuel, les ressources mondiales identifiées en uranium pourraient s'épuiser d'ici cinquante à soixante-dix ans - sauf à recourir à la surgénération, qui était mise en oeuvre en France dans Superphénix.
Pour répondre à la croissance de ses besoins énergétiques, l'Inde n'a guère d'autre choix que de se tourner vers le thorium. Le pays veut augmenter la part de l'énergie nucléaire dans sa production d'électricité à 25 % en 2050, contre 3,7 % aujourd'hui, mais il manque d'uranium. L'Inde ne possède en effet sur son sol que 1 % des réserves mondiales de cet élément et n'est plus autorisé à en importer depuis 1974, date de son premier essai nucléaire.
La négociation d'un accord avec les Etats-Unis pourrait lever cette interdiction. Mais sa signature semble compromise en raison de l'opposition d'une partie de la coalition au pouvoir à New Delhi. "Si nous ne signons pas l'accord nucléaire avec les Etats-Unis, et faute de ressources suffisantes en uranium, nous devrons réviser à la baisse d'au moins 6 000 mégawatts (MW) notre objectif de production de 20 000 MW d'énergie nucléaire d'ici à 2020", a reconnu, le 29 octobre, Anil Kakodkar, le président du département indien de l'énergie atomique.
Reste donc le thorium, qui pourrait bien devenir le combustible de l'indépendance énergétique de l'Inde. Le pays en possède le quart des ressources mondiales. "L'idée consiste à se diriger vers l'autonomie grâce aux réacteurs à thorium", a confirmé, en octobre, Abdul Kalam, ancien président de la République, qui est considéré comme un des pères de l'arme atomique indienne.
Pour ce faire, New Delhi a lancé, à la fin des années 1970, un programme nucléaire en trois étapes. Le pays a d'abord importé des technologies étrangères pour construire des centrales classiques, à eau lourde, fonctionnant avec de l'uranium et produisant du plutonium. Douze réacteurs fonctionnent déjà et quatre autres sont en construction.
Le plutonium ainsi obtenu permettra le passage à la deuxième étape en 2010, avec la construction d'un surgénérateur d'une puissance de 300 MW. Ce réacteur utilisera comme combustible le plutonium inclus dans un "manteau" de matières fertiles, constitué d'uranium. L'Inde a finalement abandonné l'idée d'utiliser un manteau en thorium, quitte à dépendre encore de l'uranium. "Nous sommes dans la même situation qu'un investisseur. Avec le peu de ressources en plutonium que nous détenons, nous préférons miser sur un manteau en uranium, car l'énergie y est produite en plus grande quantité qu'avec un manteau en thorium", explique Ratan K. Sinha, le directeur du département "développement et conception des réacteurs" au centre de recherche atomique Bhabha.
La troisième étape, qui est initiée ces jours-ci avec le prototype au thorium, mènera à l'abandon définitif de l'uranium. Elle aboutira à la construction, dès 2020, de réacteurs fonctionnant au thorium, lit-on dans le plan d'orientation publié par le département atomique indien. Le pays a déjà construit un mini-réacteur test d'une puissance de 30 MW, pouvant convertir le thorium en uranium 233, une matière fissile qui n'existe pas à l'état naturel.
Cette technologie permet désormais à
l'Inde d'envisager, à terme, la construction de réacteurs qui
utiliseront, comme combustibles, l'uranium 233 et une légère quantité de
plutonium. "Nous avons encore besoin de temps pour concevoir des
installations sûres. En 2020, nous serons les seuls au monde à produire
de l'énergie nucléaire à grande échelle à partir du thorium",
assure M. Sinha. La conviction que le thorium a de l'avenir est partagée
par la société américaine Novastar Ressources, qui veut se placer comme
leader sur le futur marché de cet élément et vient de racheter une mine
aux Etats-Unis.
L’Inde développe ses propres technologies nucléaires, notamment les réacteurs PHWR
(Pressurized Heavy Water Reactor) de 700 MW. Le premier exemplaire a
été connecté au réseau en 2021 à Kakrapar, démontrant la maîtrise
technologique du pays.
L’Inde développe activement son programme de réacteurs au thorium,
s’appuyant sur ses importantes réserves nationales estimées à 846 000
tonnes. Le pays conçoit un cycle du combustible en trois étapes,
incluant des réacteurs surgénérateurs et des systèmes avancés au
thorium. Ce programme vise à réduire la dépendance aux importations
d’uranium et à établir une filière énergétique autonome. Un prototype de
réacteur rapide de 500 MW est en construction à Kalpakkam, marquant une
étape cruciale dans cette stratégie
L’Inde prend les devants avec sa filière à neutrons rapides
Le directeur du Conseil scientifique du Premier ministre indien,
C.N.R. Rao, a déclaré à des journalistes à Bangalore que le prototype de
surgénérateur indien de 500MW (le PFBR, un réacteur semblable au
réacteur français SuperPhénix fermé en décembre 1998 par le gouvernement
Jospin) est prêt à entrer en service au début de l’année prochaine. Il a
dit que le réacteur à neutrons rapides, en construction au Centre
Indira Gandhi pour la recherche atomique (IGCAR) à Kalpakkam, près de
Chennai, est le premier de ce type en Inde, et que « s’il s’avérait un
succès, nous deviendrons un chef de file dans l’énergie nucléaire avec
cette technologie entièrement nouvelle, que nous avons maîtrisée ». Le
réacteur a été entièrement conçu par IGCAR.
Le PFBR indien est un surgénérateur à sels de sodium fondus qui
utilise des oxydes d’uranium appauvri et du plutonium, connus sous le
nom de MOX, comme combustible. Une couverture fertile contient de
l’uranium appauvri pour absorber l’excès de neutrons générés par les
réactions de fission à l’intérieur du cœur du réacteur. Au bout de
quelques années, les éléments de la couverture sont retraités pour en
extraire le plutonium, qui sera utilisé pour alimenter les futurs
surgénérateurs. Tandis que les palettes de combustibles seront placés au
cœur du réacteur, les éléments de la couverture fertile resteront
autour de la paroi du réacteur. Le PFBR aura 181 assemblages
combustibles et 120 éléments de couverture.
Le complexe de fabrication du combustible nucléaire Hyderabad
fabrique les grappes de combustible du réacteur, qui sont ensuite
assemblées dans un atelier de l’IGCAR. Deux autres tranches de 500MW du
même type de réacteur sont actuellement en construction. L’Inde souhaite
construire six surgénérateurs de ce type d’ici 2020.
La prochaine série de PFBR sera recouverte de thorium-232. Une
couverture fertile de thorium autour du combustible à l’intérieur du
PFBR serait convertie en uranium-233, fissile, qui peut être ensuite
extrait pour servir comme nouveau combustible. Les réacteurs indiens de
troisième génération devraient utiliser de l’uranium comme combustible,
plus du thorium dans leur couverture fertile. Plusieurs scientifiques
spécialisés dans le nucléaire estiment qu’un programme nucléaire
utilisant du thorium permettrait de produire de l’électricité pour une
période allant jusqu’à 600 ans.
Thorium : la Chine domine l’énergie Infinie, un séisme géopolitique
La quête d’une énergie abondante, propre et sécurisée hante l’humanité depuis des décennies. Dans une vidéo récente sur YouTube, Idriss Aberkane, analyste géopolitique,
met en lumière un développement qui
pourrait redessiner le paysage mondial : les avancées chinoises dans les
réacteurs nucléaires à thorium.
Ce métal, souvent relégué aux oubliettes par l’Occident, promet une
source d’énergie quasi inépuisable, capable de transformer une simple
boule de la taille d’une orange en l’équivalent de la consommation
énergétique d’une vie entière, y compris pour des applications comme l’intelligence artificielle. Mais au-delà de la prouesse technique, la maîtrise du thorium par la Chine annonce un véritable séisme géopolitique.
Elle pourrait propulser Pékin vers une domination énergétique absolue,
affaiblir les puissances dépendantes des hydrocarbures et remodeler les
alliances mondiales. Cet article explore ces implications, en s’appuyant
sur les temps forts de la vidéo et des développements récents, pour
comprendre comment cette technologie pourrait accélérer le déclin de l’Europe tout en renforçant l’hégémonie chinoise.
Le thorium : une alternative nucléaire révolutionnaire
Le thorium, nommé d’après le dieu nordique Thor, est un élément
radioactif abondant dans la croûte terrestre – environ quatre fois plus
que l’uranium. Contrairement à ce dernier, il n’est pas fissile mais
fertile : il se transforme en uranium-233 sous l’effet de neutrons,
libérant une énergie colossale. Une vidéo explicative souligne que tenir
une boule de thorium de la taille d’une orange équivaut à sécuriser
toute l’énergie nécessaire pour une vie humaine, surpassant de loin le
pétrole, les biocarburants ou les éoliennes qui altèrent les paysages et
la biodiversité.
Les réacteurs à thorium, souvent basés sur la technologie des sels fondus (Molten Salt Reactors ou MSR),
fonctionnent à haute température mais à pression atmosphérique, évitant
les risques d’explosion comme à Tchernobyl. Le combustible, dissous
dans des sels fondus, sert aussi de fluide caloporteur, rendant le système intrinsèquement stable et autorégulé. En cas de surchauffe, le sel se dilate, ralentissant la réaction sans intervention humaine. De plus, ces réacteurs produisent beaucoup moins de déchets radioactifs – potentiellement zéro à terme via des cascades de réactions – et sont moins propices à la prolifération nucléaire, bien que des essais comme Teapot aux États-Unis aient démontré la possibilité de bombes à base d’uranium-233.
Les avantages sont multiples : efficacité énergétique supérieure, déchets gérables et sécurité accrue.
La vidéo note que le thorium est un sous-produit de l’extraction des
terres rares, domaine où la Chine domine déjà. Ses gisements, souvent en
Scandinavie ou en Chine, sont moins géopolitiquement sensibles que
l’uranium du Niger, par exemple. Mais des défis persistent : les sels
fondus sont corrosifs, nécessitant des alliages innovants. Malgré
cela, la technologie promet une révolution, car elle s’adapte aux
environnements hostiles comme les déserts, sans besoin massif d’eau pour
le refroidissement (contrairement aux centrales nucléaires classiques).
L’histoire oubliée : des États-Unis à l’abandon occidental
Les racines du thorium remontent aux années 1970 aux États-Unis, avec
des expériences prometteuses à Oak Ridge National Laboratory (ORNL). Le réacteur expérimental MSR y a fonctionné sans incident majeur, démontrant la viabilité de la technologie. Pourtant, les Américains l’ont abandonnée au profit des réacteurs à eau pressurisée (PWR), optimisés pour les sous-marins nucléaires comme l’USS Nautilus. Ces PWR, représentant aujourd’hui 96 % des réacteurs civils mondiaux,
étaient plus simples à adapter du militaire au civil, malgré leurs
inconvénients : besoin d’eau abondante, risques de surpression et
production de déchets à longue vie.
La vidéo pointe du doigt cette inertie industrielle, comparant le
nucléaire à l’aviation civile : changer un simple siège d’avion est un
calvaire réglementaire, imaginez pour une filière entière. Les
régulations, les investissements massifs dans les PWR et une
focalisation sur l’uranium – plus adapté à la production de plutonium
pour les armes – ont scellé le sort du thorium en Occident. L’Europe,
leader historique via la France, a suivi : influencée par des figures
comme Dominique Voynet, elle a délaissé la R&D sur le thorium pour
privilégier les énergies renouvelables intermittentes, accélérant son « suicide énergétique » .
Pendant ce temps, la Chine, avec sa vision millénaire – comme l’exprime l’acclamation « Zhōngguó wànsuì » signifiant « Vive la Chine » ou littéralement « Chine pour dix mille ans » – a repris le flambeau. Inspirée des travaux américains, elle investit massivement depuis les années 2010.
Les avancées chinoises : un bond en avant en 2025
En 2025, la Chine a franchi des étapes décisives, confirmant son leadership mondial. Le réacteur expérimental TMSR-LF1,
situé dans le désert de Gobi en Gansu, est opérationnel depuis juin
2024. En avril 2025, des scientifiques chinois ont réussi à le recharger
sans arrêt, une première démontrant la flexibilité des MSR. En
novembre 2025, une percée majeure : la conversion thorium-uranium a été
achevée, marquant la première mondiale en réacteur à sels fondus. Cela
permet d’engendrer plus d’énergie qu’il n’en consomme (l’uranium-233) à
partir du thorium, vers une énergie indépendante et durable.
Pékin vise un réacteur civil commercial d’ici 2035, mais les applications innovantes émergent déjà.
Adaptés aux déserts, ces réacteurs fonctionnent sans eau massive,
couplables à la pyrolyse anaérobie pour traiter déchets domestiques et
industriels. La vidéo évoque des centrales mobiles, comme des « groupes électrogènes » géants, déplaçables selon les besoins. Plus audacieux : les navires nucléaires. En 2025, la Chine a approuvé un porte-conteneurs de 14.000 TEU (Un
TEU correspond aux dimensions d’un conteneur standard de 20 pieds de
long -environ 6 mètres-, 8 pieds de large et 8 pieds de haut.) propulsé par un MSR au thorium, potentiellement autonome et automatisé, éliminant le fuel bunker et les émissions portuaires. Cela pourrait révolutionner le transport maritime, rendant les flottes chinoises invincibles en termes d’autonomie.
Ces progrès s’intègrent à l’économie chinoise : production
d’hydrogène, engrais, dessalement d’eau de mer, data centers alimentés
par clusters nucléaires. La chaleur haute température des MSR facilite
des réactions chimiques, changeant le jeu pour la synthèse d’ammoniac ou
les biocarburants. Près des ports ou zones minières, un cercle vertueux
émerge : énergie locale, mobilité hydrogène, réseaux d’eau – le tout
sans émissions massives.
Le séisme énergétique : une source quasi inépuisable et ses impacts
La maîtrise du thorium créerait un séisme planétaire. Imaginez une énergie inépuisable
: 1 kg d’uranium-233 issu du thorium libère théoriquement 23 GWh,
surpassant le charbon ou le gaz. Une tonne pourrait générer 23 TWh –
assez pour alimenter des nations entières. Avec des rendements même
modestes, cela éclipse les renouvelables intermittents. La vidéo insiste
: les civilisations progressent en transformant plus d’énergie ; le thorium, imbattable, propulsera ses maîtres vers la domination.
Répercussions immédiates : fin de la dépendance aux hydrocarbures.
Les navires thorium feraient le tour du monde sans ravitaillement,
automatisés via drones chinois. Sous-marins ou torpilles comme le
Poseidon russe gagnent en autonomie infinie, sans limites alimentaires
pour les équipages. Offshore, forage zéro fuel ; onshore,
micro-réacteurs pour climats artificiels ou exploitation de
l’Antarctique – bien que controversée, défiant les accords comme le
Protocole de Madrid.
Pour l’industrie, couplage avec pyrolyse transforme déchets en
ressources. Data centers, IA gourmands en énergie, deviennent viables
partout. Dessalement massif combat la pénurie d’eau ; production
d’hydrogène vert accélère la transition. Ce séisme rend obsolètes les
infrastructures actuelles : adieu pipelines gaziers, champs éoliens
géants. Les économies basées sur le thorium gagnent en résilience,
produisant localement sans vulnérabilités géopolitiques.
Répercussions géopolitiques : domination chinoise et déclin occidental
Géopolitiquement, les enjeux sont énormes. La Chine, avec ses
réserves de thorium et brevets, accède à une souveraineté énergétique
totale. Elle exportera ces réacteurs vers l’Afrique ou l’Algérie d’ici
2050, concurrençant de nombreuses nations et renforçant son influence
via la « Nouvelle route de la soie » . Des centrales mobiles ou navales sécurisent routes maritimes, protégeant intérêts en mer de Chine méridionale.
Pour l’Europe, c’est un cataclysme. Idriss Aberkane dépeint un « suicide »
historique : guerres passées, puis abandon nucléaire sous influence
verte. L’Allemagne, dépendante du gaz russe saboté par les sanctions,
voit son industrie s’effondrer. Les Verts implorent la guerre, mais sans
énergie bon marché, l’Europe stagne. La France, ex-leader nucléaire, a
gaspillé son avance ; l’UE, obsédée par le Net Zero, ignore le thorium.
Résultat : pollution importée, dépendance au GNL américain cher, et
vulnérabilité face à la Chine.
Les États-Unis réagissent : relance de R&D sur le thorium,
influencée par Trump et ses tarifs contre la Chine. Mais Pékin mène :
pas de « projet lunaire » surcommuniqués comme Musk, mais une
progression silencieuse, évitant pertes de face. Les
Américains, endettés, doivent financer leurs projets en créant un
engouement médiatique exagéré ; les Chinois, centralisés, investissent
patiemment.
Globalement, le thorium redessine les alliances. Pays émergents
optent pour des réacteurs chinois abordables et sécurisés, affaiblissant
l’OPEP et les exportateurs de gaz. La prolifération diminue, mais la
Chine gagne en soft power. L’Europe risque l’inutilité : sans
thorium, elle cède la primauté énergétique, accélérant son déclin
démographique et industriel.
l’Europe face à son destin : un appel à la réaction
Idriss Aberkane conclut sur l’impuissance face au « suicide »
européen : pulsions destructrices, de la Guerre de Trente Ans au wokisme
énergétique. Les Chinois, pensant sur des millénaires, saisissent
l’opportunité ; l’Occident, figé par des régulations contre-productives,
rate le train. Pourtant, des signes émergent : aux USA, résurgence du
thorium ; en Europe, débats sur la relance nucléaire.
Pour éviter le désastre, l’Europe doit investir massivement : R&D
(recherche et développement) sur la technologie MSR, partenariats avec
la Chine ou les USA. Sans cela, elle subira : l’énergie chinoise bon
marché inondera les marchés, rendant obsolètes ses industries.
Géopolitiquement, une Chine énergétique hégémonique dictera sa loi,
forçant des alliances asymétriques.
Vers un monde thorium-dominé
Le thorium n’est pas une utopie : c’est une réalité chinoise en 2025,
avec des percées confirmées. Sa maîtrise déclenche un séisme : énergie
inépuisable bouleverse économies, transports et géopolitique. La Chine
domine, l’Europe décline, les USA réagissent. Comme le dit Idriss
Aberkane, les civilisations transforment l’énergie pour survivre ;
celles ignorant le thorium périront. Il est temps de réveiller
l’Occident avant qu’il ne soit trop tard.
Le thorium peut-il rivaliser avec l’uranium comme combustible nucléaire ?
En bref
Le thorium pourrait être utilisé dans les réacteurs à sels fondus,
l’un des modèles d’énergie nucléaire de nouvelle génération dans lequel
le liquide de refroidissement du réacteur et le combustible lui-même
sont un mélange de sels fondus chauds.
Le Th-232 présente un intérêt pour la production d’énergie nucléaire
car il peut facilement absorber des neutrons et se transformer en
Th-233. Le Th-233 peut devenir du protactinium-233, qui devient à son
tour un isotope fissile et producteur d’énergie : le U-233.
Le thorium possède de nombreuses qualités mais également de nombreux
inconvénients : difficile à manipuler, métal fertile et non fissile,
risques plus élevés.
Mais il produit moins de déchets que le plutonium ou l’uranium et
reste une option attrayante pour l’avenir de l’énergie nucléaire.
En bref
Le thorium pourrait être utilisé dans les réacteurs à sels fondus, l’un des modèles d’énergie nucléaire de nouvelle génération dans lequel le liquide de refroidissement du réacteur et le combustible lui-même sont un mélange de sels fondus chauds.
Le Th-232 présente un intérêt pour la production d’énergie nucléaire car il peut facilement absorber des neutrons et se transformer en Th-233. Le Th-233 peut devenir du protactinium-233, qui devient à son tour un isotope fissile et producteur d’énergie : le U-233.
Le thorium possède de nombreuses qualités mais également de nombreux inconvénients : difficile à manipuler, métal fertile et non fissile, risques plus élevés.
Mais il produit moins de déchets que le plutonium ou l’uranium et reste une option attrayante pour l’avenir de l’énergie nucléaire.
L’idée d’utiliser le thorium comme combustible nucléaire a été abandonnée dans le passé car, traditionnellement, l’énergie nucléaire était liée à la recherche et au développement du nucléaire militaire – et l’uranium comme le plutonium permettaient la fabrication de bombes atomiques. Pour la production d’énergie, le thorium pourrait toutefois présenter de réels avantages et plusieurs pays investissent dans cet élément chimique (voir encadré). Ce métal pourrait être utilisé dans les réacteurs à sels fondus, l’un des modèles de nouvelle génération dans lequel le liquide de refroidissement du réacteur et le combustible lui-même sont un mélange de sels fondus chauds. Ces types de réacteurs peuvent atteindre des températures très élevées, ce qui augmente considérablement l’efficacité de la production d’électricité.
Le problème, toutefois, est que plus de 400 centrales nucléaires en service dans le monde utilisent principalement l’uranium (U) comme combustible. Bien que cet élément soit abondant, moins de 1 % de l’uranium sur Terre est de l’U‑235, l’isotope d’uranium qui est fissile. Le reste est de l’U-238. L’U-235 contenu dans l’uranium doit donc être concentré puis enrichi selon des procédés complexes et coûteux.
Et ce n’est pas tout, la fission de l’U-235 produit des déchets hautement radioactifs qui doivent être manipulés avec soin, puis stockés dans un endroit sûr pendant des périodes extrêmement longues. Ces déchets contiennent également un type de plutonium qui peut être exploité pour fabriquer des armes nucléaires.
Les réacteurs au thorium dans le monde
La Chine a achevé la construction d’un réacteur expérimental au thorium à Wuwei, à la périphérie du désert de Gobi (1). Le thorium a été testé comme combustible dans d’autres types de réacteurs nucléaires dans des pays comme les États-Unis, l’Allemagne, les Pays-Bas et le Royaume-Uni. Il fait également partie d’un programme nucléaire en Inde, en raison de l’abondance naturelle de l’élément dans ce pays. En France, des études sont menées par le CNRS qui développe un projet appelé MSFR (pour Molten Salt Fast Reactor), utilisant le thorium (2).
Quatre fois plus abondant que l’uranium
Le thorium (Th) a été découvert en 1828 par le chimiste suédois Jons Jakob Berzelius, qui lui a donné le nom de Thor, le dieu nordique du tonnerre. C’est un métal légèrement radioactif que l’on trouve dans les roches et les sols et qui est assez abondant dans la croûte terrestre. En effet, son principal isotope, le Th-232, est environ quatre fois plus abondant que l’U-238 (3) et aussi abondant que le plomb. La quantité que l’on trouve aux États-Unis, par exemple, pourrait répondre aux besoins énergétiques de ce pays pendant un millier d’années, et ce sans l’enrichissement requis pour les combustibles à base d’uranium.
C’est le minéral phosphate de terre rare, la monazite, qui contient le plus de thorium – jusqu’à environ 12% de phosphate de thorium (4). La monazite se trouve dans des roches ignées et autres roches et les ressources mondiales de monazite sont estimées à environ 16 millions de tonnes, dont 12 Mt dans des gisements de sables minéraux lourds sur les côtes sud et est de l’Inde.
Le Th-232 présente un intérêt pour la production d’énergie nucléaire car il peut facilement absorber des neutrons et se transformer en Th-233. Ce nouvel isotope émet un électron et un antineutrino en quelques minutes pour devenir du protactinium-233 (Pa-233). Cet isotope, quant à lui, se transforme en U‑233, qui est une excellente matière fissile. En effet, la fission d’un noyau d’U-233 libère environ la même quantité d’énergie (200 MeV) que celle de l’U-235.
Le problème du refroidissement
Dans les réacteurs conventionnels, l’uranium est stocké dans des barres de combustible solides, qui sont refroidies par d’énormes quantités d’eau. Sans ce refroidissement, les barres fondraient, libérant des radiations dangereuses. Le thorium subirait ses réactions dans un type de réacteur tout autre, appelé réacteur à sels fondus (ou MSR pour molten salt reactor) qui contient un mélange de sels fluorés dans lequel le combustible nucléaire est fondu. Ce type de réacteur n’a pas besoin d’être construit à proximité d’un cours d’eau, puisque les sels fondus eux-mêmes servent de liquide de refroidissement.
Les réacteurs peuvent de ce fait être installés dans des régions éloignées des côtes et même arides. Ces réacteurs ne peuvent donc pas non plus « fondre » au sens classique du terme et, en cas d’urgence, le combustible peut être rapidement évacué du réacteur. Les MSRs déployant du thorium sont également plus sûrs car ils fonctionnent à des pressions proches de la pression atmosphérique.
Comme l’uranium, le thorium absorbe aussi les neutrons, comme nous l’avons mentionné, mais contrairement à l’uranium, il ne libère pas davantage de neutrons pour perpétuer la réaction nucléaire en chaîne. Cette réaction commence lorsqu’un atome d’uranium est frappé par un neutron, libérant de l’énergie qui entraîne l’éjection d’autres neutrons des atomes d’uranium, relançant le cycle. En réduisant la quantité de neutrons injectés dans le combustible, c’est le thorium lui-même qui limite la vitesse de la réaction nucléaire.
Des investissements en R&D nécessaires
L’utilisation du thorium comme nouvelle source d’énergie primaire est une perspective séduisante depuis de nombreuses années, mais l’extraction de sa valeur énergétique latente d’une manière rentable est un défi. Le développement de nouvelles centrales nucléaires alimentées au thorium nécessitera donc d’importants travaux de recherche et développement, ainsi que des essais – des démarches qui pourraient être difficiles à justifier étant donné que l’uranium est relativement bon marché et abondant.
Autre inconvénient : le thorium est « fertile » et non fissile, de sorte qu’il ne peut être utilisé comme combustible qu’en association avec une matière fissile, telle que le plutonium recyclé, en tant que conducteur afin de maintenir une réaction en chaîne (et donc une réserve de neutrons excédentaires).
L’U-233 produit à la fin du cycle est également difficile à manipuler, car il contient des traces d’U-232, qui émet activement des rayons gamma. Si certains chercheurs soutiennent l’utilisation du thorium comme combustible parce que ses déchets sont plus difficilement à transformer en armes atomiques que ceux de l’uranium, d’autres affirment que des risques subsistent5.
Le bon côté des choses, c’est qu’il y a globalement moins de plutonium produit pendant le fonctionnement du réacteur. À tel point que certains scientifiques affirment que les réacteurs au thorium pourraient même contribuer à épuiser les tonnes de plutonium qui nous avons créées et stockées depuis les années 1950.
« Même les intellectuels les plus libéraux de Russie, ceux qui passent la moitié de leur vie en Europe, me disent : « L’Europe que nous avons tant aimée, l’Europe que nous avons chérie, n’existe plus. »
Il affirme que la crise est plus profonde que la stagnation allemande ou la dette française.
Le véritable effondrement réside dans la perte d'identité de l'Europe : « L'immigration incontrôlée ronge l'Europe de l'intérieur… Sans fondements fondés sur des valeurs, l'Europe que nous aimions tous disparaîtra. »
Vladimir Poutine ironise sur Emmanuel Macron :
« Il crée des tensions à l’extérieur, cherche à provoquer la Russie, puis dit au peuple français :
“Rassemblez-vous derrière moi, je vous mènerai à la victoire comme Napoléon.” »
« La plupart des Européens ne comprennent pas pourquoi ils devraient craindre la Russie au point de devoir se serrer la ceinture et sacrifier leurs propres intérêts pour l’affronter. Pourtant, les élites dirigeantes continuent d’alimenter l’hystérie, affirmant qu’une guerre avec la Russie est imminente, répétant inlassablement cette absurdité, ce mantra.
Franchement, parfois, en les observant, j’ai l’impression qu’ils ne croient pas eux-mêmes à leurs propos. Ils semblent incapables de croire que la Russie pourrait attaquer l’OTAN. Pourtant, ils persuadent leur population de cette menace. Alors, qui sont ces gens ? Soit ils sont totalement incompétents s’ils croient à ces inepties, soit ils sont simplement malhonnêtes, car ils n’y croient pas eux-mêmes mais convainquent leur peuple du contraire.
Je voudrais simplement dire : calmez-vous, dormez sur vos deux oreilles et occupez-vous de vos problèmes. Regardez ce qui se passe dans les rues des villes européennes, ce qui arrive à l’économie, à l’industrie, à la culture et à l’identité européenne, avec des dettes colossales, une crise croissante des systèmes sociaux et de sécurité, des migrations incontrôlées et une montée de la violence » a-t-il déclaré.
Le discours de Vladimir Poutine au Club de Valdaï 2025 : Un manifeste pour un monde multipolaire
Le 2 octobre 2025, à Sotchi, en Russie, s’est tenue la 22e réunion annuelle du Club de discussion international de Valdaï,
un forum influent qui rassemble experts, dirigeants et intellectuels
pour débattre des affaires mondiales. Sous le thème « Le monde
polycentrique : mode d’emploi », cette édition a été marquée par le
discours de Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russie,
prononcé lors de la session plénière. Ce discours, suivi d’une longue
séance de questions-réponses, a duré près de quatre heures et a été
perçu comme un « manifeste culturel » et géopolitique, défendant la
multipolarité face à ce que Poutine décrit comme les tentatives ratées
d’hégémonie occidentale.
Dans un contexte de tensions
internationales exacerbées par le conflit en Ukraine, les sanctions
contre la Russie et les bouleversements mondiaux, Poutine a esquissé sa
vision d’un ordre mondial plus démocratique, équilibré et respectueux
des spécificités civilisationnelles.
Fondé en 2004, le Club de Valdaï tire son nom du lac Valdaï, près de
Veliki Novgorod, où s’est tenue sa première réunion. Il est devenu un
espace privilégié pour la Russie de s’adresser au monde, souvent utilisé
par Vladimir Poutine pour exposer sa doctrine étrangère. Cette
année, le rapport du club portait sur la multipolarité, un concept que
Vladimir Poutine a développé comme une réponse inévitable à l’échec du
modèle unipolaire dominé par l’Occident. Selon les analyses, ce
discours reflète une Russie confiante, affirmant ses avancées militaires
en Ukraine tout en appelant à des accords globaux sans soumission. Des
observateurs comme ceux de l’European Council on Foreign Relations
notent que Vladimir Poutine y a indiqué trois changements majeurs dans
la politique russe envers l’Europe, vue comme l’« ennemi numéro un ».
D’autres, comme le Moscow Times, soulignent son insistance sur la
responsabilité européenne pour la paix en Ukraine.
Vladimir Poutine a commencé par souligner l’importance du forum : «
Le Club de Valdaï a en effet réuni pour la 22e fois, et ces réunions
sont devenues plus qu’une bonne tradition. Les discussions sur les
plateformes de Valdaï offrent une opportunité unique d’évaluer la
situation globale de manière impartiale et complète, de révéler les
changements et de les comprendre. » Il a insisté sur le fait que le
club permet de regarder au-delà du banal, en posant des questions non
conventionnelles et en levant le voile sur l’avenir. Ce cadre
introductif pose les bases d’une réflexion profonde sur les
transformations radicales du monde, où « tout change rapidement, voire
radicalement ».
La multipolarité : Une nouvelle ère démocratique et dynamique
Au cœur du discours se trouve la notion de multipolarité, décrite
comme un phénomène qualitativement nouveau. Vladimir Poutine explique
que le monde actuel offre un espace plus ouvert et créatif pour la
politique étrangère : « Rien n’est prédéterminé ; les développements
peuvent prendre différentes directions. Beaucoup dépend de la précision,
de l’exactitude, de la cohérence et de la réflexion des actions de
chaque participant à la communication internationale. » Cependant, il
avertit que dans cet espace vaste, il est facile de se perdre, comme
cela arrive souvent.
La multipolarité est dynamique, avec des changements rapides et
imprévisibles : « Le changement se produit rapidement, parfois
soudainement, presque du jour au lendemain. Il est difficile de s’y préparer et souvent impossible de le prédire. Il faut être prêt à réagir immédiatement, en temps réel. »
Plus démocratique, elle ouvre des opportunités à un large éventail
d’acteurs politiques et économiques. Vladimir Poutine affirme que jamais
autant de pays n’ont eu la capacité ou l’ambition d’influencer les
processus régionaux et globaux.
Les spécificités culturelles et civilisationnelles jouent un rôle
croissant : « Il est nécessaire de chercher des points de contact et de
convergence d’intérêts. Personne n’est prêt à jouer selon les règles fixées par quelqu’un d’autre, quelque part loin – comme un chansonnier bien connu chez nous l’a chanté, ‘au-delà des brumes’, ou au-delà des océans. » Les décisions ne peuvent être prises que sur la base d’accords satisfaisant toutes les parties ou la majorité écrasante,
sinon il n’y aura pas de solution viable, seulement des phrases vides
et un jeu d’ambitions stérile. L’harmonie et l’équilibre sont essentiels
pour des résultats.
Paradoxalement, la multipolarité est une conséquence directe des tentatives d’établir une hégémonie mondiale :
« La multipolarité est devenue une
conséquence directe des tentatives pour établir et préserver une
hégémonie mondiale, une réponse du système international et de
l’histoire elle-même au désir obsessionnel d’organiser tout le monde en
une seule hiérarchie, avec les pays occidentaux au sommet.
L’échec d’une telle entreprise n’était qu’une question de temps. » Vladimir Poutine voit dans les BRICS+, l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et d’autres associations des modèles de diplomatie du XXIe siècle, fonctionnant sans hiérarchie ni subordination, basés sur des accords mutuels et « pour elles-mêmes, pas contre quiconque ».
Ces structures représentent la « majorité mondiale » et favorisent la décolonisation.
Comme l’analyse Novaya Gazeta, Vladimir Poutine présente une vision
confiante d’un monde multipolaire où la Russie joue un rôle central,
tout en avertissant l’Occident contre l’armement supplémentaire de
l’Ukraine.
Critique de l’hégémonie occidentale et rôle des institutions globales
Vladimir Poutine critique sévèrement les tentatives occidentales d’imposer un ordre unipolaire.
Il rappelle que la Russie a tenté de rejoindre l’OTAN en 1954 et en 2000, mais a été rejetée :
« Notre pays, souhaitant éliminer les motifs de confrontation et
créer un espace commun de sécurité, a été prêt deux fois à rejoindre
l’OTAN. Les deux fois, nous avons été refusés. » Cela illustre, selon
lui, l’arrogance de l’Occident, qui a succombé à la tentation du pouvoir
absolu au lieu de bâtir un partenariat.
Le pic de puissance américaine coïncide avec ce moment, où les nations ont appris à se soumettre, même contre leurs intérêts. Mais cela n’a résolu aucun problème global ; au contraire, ils se multiplient. Les institutions comme l’ONU ont perdu de leur efficacité, et aucun État, même puissant, ne peut tout résoudre seul. Vladimir Poutine
plaide pour un retour à la diplomatie classique, tenant compte des
intérêts de tous, surtout en matière de sécurité indivisible :
« La sécurité de certains ne peut être assurée aux dépens des autres. Sinon, il n’y a pas de sécurité du tout – pour personne. »
Il met en avant les défis globaux – catastrophes naturelles,
technologiques, sociaux – qui nécessitent des efforts conjoints sans
préjugés idéologiques. « Il n’y a pas de réponses prêtes à l’emploi ici,
mais je crois que pour résoudre les problèmes globaux, nous devons,
d’abord, les aborder sans préconceptions idéologiques, sans le pathos
didactique de ‘Je vais vous expliquer tout maintenant’. Deuxièmement, il
est important de reconnaître que c’est une entreprise commune,
indivisible, nécessitant les efforts conjoints de tous les pays et
peuples. »
Le conflit en Ukraine : Un exemple tragique d’escalade occidentale
Vladimir Poutine qualifie le conflit en Ukraine d’exemple tragique
causé par des décennies de promotion du nationalisme et du néo-nazisme,
encouragées par l’Occident. L’OTAN a utilisé l’Ukraine comme une «
arme destructrice » contre la Russie. Il regrette que le conflit n’ait
pas été évité par des solutions collectives et remercie les BRICS, la
Biélorussie, la Corée du Nord et les États arabes pour leurs efforts de
médiation, blâmant une minorité européenne pour l’escalade.
« Nous sommes reconnaissants envers tous
les pays qui ont fait des efforts sincères pour trouver une issue à
cette situation ces dernières années. Cela inclut nos partenaires : les
membres fondateurs des BRICS ; la Biélorussie et aussi, soit dit en
passant, la Corée du Nord ; le monde arabe dans son ensemble,
principalement les Émirats arabes unis, ainsi que de nombreux autres
pays. »
Il affirme que la défaite stratégique de la Russie est « impossible » et met en avant les avancées militaires russes.
Dans le temps imparti aux questions/réponses, , il aborde les
fournitures d’armes américaines comme les Tomahawk, qui ne changeraient
pas l’équilibre mais marqueraient une nouvelle escalade. Il avertit contre les provocations : « Nous répondons vite. Ne provoquez pas. ».
Relations avec l’Occident : Europe et États-Unis
Vladimir Poutine critique les dirigeants européens pour créer un «
ennemi imaginaire » en Russie afin de détourner l’attention de
problèmes internes comme l’économie stagnante, la dette et la crise
identitaire due à la migration. Il rejette les accusations
d’agression contre l’OTAN comme du « nonsense » et met en garde contre
la militarisation de l’Europe, comme l’ambition allemande d’avoir
la plus puissante armée. « Nous ne pouvons tout simplement pas ignorer
ce qui se passe. Nous n’avons pas le droit de le faire pour des raisons
de sécurité. Je le répète, il s’agit de notre défense et notre sécurité.
Par conséquent, nous surveillons de près la militarisation croissante de l’Europe. »
Pour les États-Unis, il note des désaccords mais apprécie leur
approche directe. Il exprime le désir de restaurer des relations
complètes : « La Russie se réserve aussi le droit d’être guidée par nos
intérêts nationaux, l’un d’eux étant la restauration de relations
complètes avec les États-Unis. » Il mentionne des échanges commerciaux
persistants, comme l’uranium (800 millions de dollars en 2024), et soutient les efforts de Trump pour la paix à Gaza, à condition d’une solution à deux-États.
Aspects culturels et valeurs traditionnelles
Le discours est un « manifeste culturel », défendant les valeurs
traditionnelles contre les politiques occidentales destructrices, comme
les débats sur l’identité et la migration. Vladimir Poutine note que
des Occidentaux fuient vers la Russie pour préserver ces valeurs : « Le
terrorisme de genre contre les enfants ne convient pas à beaucoup, et
ils cherchent des refuges sûrs, venant chez nous. Dieu voulant, nous les
soutiendrons. » Il insiste sur le respect des traditions comme base des
relations stables :
« Le respect des traditions est la
première et la plus importante condition pour des relations
internationales stables et pour résoudre les défis émergents. »
Il critique l’érosion des valeurs européennes : « L’UE est un
puissant centre de notre civilisation, mais c’est aussi un centre qui
s’estompe. La raison n’est pas seulement que l’Allemagne stagne… mais
que les questions fondamentales liées à l’identité européenne
disparaissent. Elles sont érodées de l’intérieur ; la migration
incontrôlée fait cela. » Des intellectuels occidentaux lui disent : « L’Europe que nous aimions n’existe plus. »
La séance de questions-réponses : Approfondissements et avertissements
Lors des échanges, Vladimir Poutine aborde les relations
russo-indiennes (sans tensions historiques), la possibilité d’une
administration Trump pour résoudre l’Ukraine, et les attaques de drones
ukrainiens sur Sotchi. Il réaffirme la résilience russe face aux
sanctions :
« 30.000 sanctions ont échoué à isoler la Russie. »
Il critique les tarifs américains sur l’Inde, affirmant que l’Inde et la Chine ne se soumettront pas.
Il met en garde contre les menaces nucléaires, comme les attaques sur
Zaporijjia, et vante l’armée russe comme la plus prête au combat, adaptant ses tactiques face à l’OTAN.
Réactions et analyses internationales
Le discours a suscité des réactions variées, soulignant le plus
souvent, l’hystérie européenne et les avertissements contre la
militarisation. Les médias occidentaux l’ignorent, malgré son focus sur
les BRICS et la multipolarité. Certains analystes voient un durcissement
envers l’Europe. Le Guardian rapporte que Vladimir Poutine rejette les
craintes d’attaque sur l’OTAN et les qualifient d’absurdes. Globalement, le discours renforce l’image d’une Russie résiliente, appelant à un ordre mondial inclusif.
Le discours de Vladimir Poutine au Valdaï 2025 est un appel à un monde multipolaire équilibré, critiquant l’hégémonie occidentale tout en tendant la main pour des accords mutuels.
Face aux défis globaux, il insiste sur l’harmonie et le respect des
civilisations. Alors que les tensions persistent, ce manifeste pourrait
influencer les dynamiques futures, particulièrement avec les élections
américaines et l’expansion des BRICS. La Russie, selon Vladimir Poutine, est prête pour ce travail commun.
Ce site n'est plus sur FB (blacklisté sans motif),
Le 1er septembre 2025 marque un tournant dans les relations internationales avec l’adoption de la Déclaration de Tianjin https://www.fmprc.gov.cn/.../202509/t20250901_11699655.html (non encore publiée dans son intégralité) par l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS). https://eng.sectsco.org/ Réunie lors de son 25e sommet à Tianjin, en Chine, cette alliance eurasiatique, regroupant dix États membres permanents – la Biélorussie, la Chine, l’Inde, l’Iran, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l’Ouzbékistan, le Pakistan, la Russie et le Tadjikistan –, a réaffirmé son engagement pour un ordre mondial plus équilibré et inclusif. Avec la participation de quinze pays partenaires, dont l’Égypte, la Malaisie et la Turquie, ainsi que du Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, ce rassemblement a mis en lumière les ambitions croissantes de l’OCS face aux tensions géopolitiques actuelles, notamment les politiques unilatérales des États-Unis et les guerres commerciales impulsées par des figures comme Donald Trump.
Un contexte historique et symbolique
Tianjin, ville portuaire chargée d’histoire, n’a pas été choisie au hasard pour accueillir cet événement. Symbole passé de l’influence occidentale en Chine, elle incarne aujourd’hui la renaissance du pays sous la direction de son Parti communiste.
Ce sommet, tenu quatre-vingts ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale et la création de l’ONU, souligne un désir collectif de réformer les institutions internationales pour mieux refléter les réalités contemporaines.
Les dirigeants présents, parmi lesquels Vladimir Poutine, Xi Jinping et Narendra Modi, ont échangé sur des enjeux cruciaux, marquant une étape dans la construction d’un monde post-américain centré sur l’Asie.
L’OCS, fondée en 2001, évolue ainsi vers une plateforme plus ambitieuse, promouvant une multipolarité qui rejette les confrontations de blocs et favorise le dialogue. Cette approche s’aligne avec la doctrine indienne de multi-alignement, tout en renforçant les liens sino-russes pour contrer l’hégémonie occidentale.
La sécurité au cœur des priorités
La déclaration met un accent particulier sur la lutte contre les menaces sécuritaires, tant traditionnelles que émergentes. Les États membres s’engagent à combattre conjointement le terrorisme, le séparatisme, l’extrémisme, le trafic de drogue et la criminalité transnationale. Des attaques récentes, comme celles survenues en 2025 au Pahalgam, https://www.lemonde.fr/.../au-cachemire-indien-une... sur le train Jaffer Express ou à Khuzdar, https://press.un.org/fr/2025/sc16069.doc.htm sont fermement condamnées, illustrant l’urgence d’une coopération renforcée.
L’OCS soutient des initiatives concrètes, telles que la Structure antiterroriste régionale (RATS) https://ecrats.org/en/ et des centres anti-drogue. Elle appelle à l’adoption d’une convention mondiale sur le terrorisme sous l’égide de l’ONU et dénonce la militarisation des technologies de l’information. Une gouvernance équitable d’Internet est prônée, avec une opposition claire aux doubles standards en matière de droits humains et de lutte antiterroriste. Des programmes spécifiques, comme le plan antiterroriste 2025-2027 et l’opération anti-drogue « Paudina », témoignent de cet engagement opérationnel.
Une coopération économique pour l’Eurasie
Sur le plan économique, la déclaration promeut un système mondial ouvert et équitable, opposé aux mesures coercitives unilatérales. Elle met en avant l’Initiative « la Ceinture et la Route » (BRI) https://fra.yidaiyilu.gov.cn/ chinoise, visant à améliorer la connectivité eurasiatique via des projets d’infrastructure, comme le chemin de fer Chine-Kirghizistan-Ouzbékistan. Les membres s’engagent à approfondir cette intégration, avec la création potentielle d’une Banque de développement de l’OCS et une augmentation de l’utilisation des monnaies nationales dans les échanges commerciaux.
Des stratégies de développement jusqu’en 2035 sont adoptées, couvrant le commerce numérique, les industries vertes et la coopération énergétique. L’innovation est au cœur des priorités, avec des parcs technologiques et une collaboration en intelligence artificielle (IA), insistant sur un accès équitable aux technologies numériques. Cette vision économique s’adresse particulièrement au Sud global, favorisant une croissance inclusive et durable.
Des relations internationales basées sur le dialogue
L’OCS plaide pour un ordre mondial juste et multipolaire, appelant à des réformes de l’ONU pour une meilleure représentation des pays en développement.
Elle rejette les politiques de confrontation et soutient des résolutions pacifiques pour les conflits mondiaux, comme le conflit israélo-palestinien, la situation nucléaire iranienne ou la stabilité en Afghanistan. Des actions spécifiques, telles que les frappes américaines et israéliennes sur l’Iran en juin 2025, sont condamnées, tout en promouvant le dialogue avec des organismes internationaux.
La coopération culturelle et humanitaire est également renforcée, avec des initiatives en éducation, tourisme et sports. L’OCS vise à préserver la diversité culturelle et à promouvoir des échanges entre peuples, contribuant à une harmonie globale.
Une signification globale
La Déclaration de Tianjin représente un jalon dans l’évolution de l’OCS, la positionnant comme un pilier de l’intégration eurasiatique et un contrepoids à la domination occidentale.
Sous l’impulsion chinoise, elle incarne une stratégie pour un monde plus équilibré, tout en naviguant entre tensions internes – comme les différends frontaliers sino-indiens ou les actions russes en Ukraine. Malgré ces défis, l’OCS émerge comme une force attractive pour le Sud global, promouvant une multipolarité sans retomber dans les divisions de la Guerre froide. Ce document n’est pas seulement une déclaration d’intentions ; il trace les contours d’un avenir où l’Asie joue un rôle central dans la gouvernance mondiale.