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décembre 27, 2015

SÉCURITÉ/Liberté avec Pascal Salin, Alain Madelin, Aurélien Véron, David Mascré, Alexis Théas, Gil Mihaely,

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.

 
Sommaire:

A) "Le retour de l'Etat régalien sur la sécurité ne devrait pas empêcher la droite de combattre l'Etat envahissant"- Alain Madelin - Atlantico

B) "La droite française ne serait donc pas prise en étau si elle avait eu dans le passé une action libérale et aujourd'hui un discours libéral" - Pascal Salin - Atlantico

C) Ces choses fondamentales que la droite pourrait dire pour échapper au piège du hold-up sécuritaire de la gauche - Aurélien Véron, David Mascré, Alexis Théas, Gil Mihaely - Atlantico


A) "Le retour de l'Etat régalien sur la sécurité ne devrait pas empêcher la droite de combattre l'Etat envahissant"
 
Le tournant sécuritaire du gouvernement laisse la droite désemparée sur ces questions qui lui étaient jusque-là historiquement favorables. Renchérir sur les mesures prises par la gauche pour se tourner vers un État ultra-sécuritaire pourrait mener à des dérives. L'arsenal législatif étant déjà très complet, il convient d'appliquer les peines et de mettre fin aux dysfonctionnements de la justice pour prévenir de nouveaux attentats sur le sol français.

Le tournant "sécuritaire" entamé par le gouvernement en réaction aux attentats de Paris asphyxie idéologiquement la droite traditionnelle. Comment la droite pourrait-elle se démarquer de cette nouvelle ligne assumée par la gauche gouvernementale tout en respectant son ADN ?

 

Alain Madelin : La surenchère sécuritaire et l’instrumentalisation par le gouvernement du 11 janvier et des derniers attentats de Paris fait avant tout le miel du Front National en banalisant des mesures ou des propos qui pouvaient apparaître hier comme extrémistes. Au point même que l’on a vu les parlementaires du Front National refuser de voter les mesures de surveillance généralisées proposées par le gouvernement au nom de la défense des libertés publiques et se faire vertement tancer tant par la gauche que par la droite !

La droite n’a rien à gagner à ce jeu du « plus sécuritaire que moi… » et à mes yeux, elle s’honorerait même à être plus attentive dans la défense des libertés publiques. Car l’enjeu réel, ce n’est pas de renforcer toujours plus l’arsenal répressif et les postures guerrières avantageuses surtout lorsque qu’elles cherchent à masquer des réalités moins reluisantes mais d’assurer le respect tranquille et persévérant de l’autorité. Au-delà du sérieux, de la fermeté et de la compétence des autorités en charge, ceci suppose aussi que l’on répare au plus vite le maillon faible de la chaîne police-justice, à savoir l’exécution des peines que l’on adapte tant bien que mal au nombre de places disponibles dans des prisons surpeuplées et à la quasi inexistence d’institutions spécialisées pour les mineurs délinquants. Au risque de décourager la police, de donner aux citoyens le sentiment d’impunité et d’impuissance publique.


À ce retour de l’État régalien, la droite bien sûr doit ajouter le combat contre l’État envahissant ; réinventer l’État, ses missions publiques et ses fonctions sociales.

Ce que nous vivons, ce n’est pas une crise dont nous aurions à préparer la sortie mais une grande mutation de nos sociétés industrielles et de leurs superstructures politiques vers une civilisation de la connaissance. Une mutation sans doute plus importante et plus rapide plus destructrice aussi que celle qui nous a conduit de la civilisation agricole à la civilisation industrielle.

C’est dire que dans tous les domaines, il va nous falloir faire preuve de créativité et d’innovation. C’est dire aussi que nous avons besoin de liberté et de souplesse d’adaptation. Si le changement se libère d’en haut, il se mène d’en bas. Une telle mutation ne peut pas être conduite dans le clivage permanent.

Pour se donner de nouvelles règles du jeu durables, il faut savoir rassembler au-delà de son camp, surmonter les vieilles frontières politiques. Pour être concret, je me suis livré à écrire au début de cette année le programme de ce que pourrait être une telle alternance en 2017 sous la forme d’une brochure «UNIR POUR AGIR » .

Je me suis aperçu, au fil des propositions, que moi qui ai eu hier le libéralisme précoce et quelque peu provocateur, à quel point aujourd’hui ces réformes à mes yeux nécessaires peuvent apparaître pour peu qu’on en gomme quelques aspérités comme évidentes et rassembleuses.

Ce recul de l'Etat pourrait-il être consenti par la droite ? Que faîtes-vous de sa particule "bonapartiste" ?

Il est vrai que la droite a une nostalgie bonapartiste qui se marie très bien avec votre héritage jacobin et les vestiges de notre socialisme marxiste. On a vu il n’y a pas si longtemps la droite proclamer le « retour de l’État » dans tous les domaines à contre-courant d’un monde où l’exigence profonde est le retour du « laissez-nous faire ».

Il y a aussi dans cette nostalgie, pour certains, la fascination « esthétique » pour la vie politique plus flamboyante de la belle époque de la raison d’État affranchie des modernes contraintes de la démocratie et de ce qu’elles nomment péjorativement le « droit de l’hommisme ». Ah, qu’elle est belle cette « verticale du pouvoir » qu’exalte encore Vladimir Poutine !

Je rêve d’un candidat à l’élection présidentielle qui au lieu de nous dire « faites-moi confiance », dirait 

« je veux assurer l’autorité de l’État dans ses vraies fonctions, mais pour le reste je fais avant tout confiance aux citoyens et je vais libérer l’initiative, outiller la société civile pour lui permettre de résoudre depuis le bas les problèmes qui ne peuvent plus l’être d’en haut ».

 Et ceci vaut tout autant pour la vie économique et entrepreneuriale que pour la rénovation de l’État ou le domaine social.


Comment une droite inspirée par la doctrine libérale pourrait-elle aborder des problématiques comme l'immigration, le sentiment de déclin et l'identité nationale qui créent des tensions à droite ?

J’ai bien conscience que nous ne vivons pas seulement de nourritures matérielles, mais aussi de nourritures psychiques. Et que beaucoup de nos compatriotes ont le sentiment que ces nourritures psychiques celles qui favorisent notre vivre ensemble sont aujourd’hui menacées tant par les vents de la mondialisation et le patient détricotage de minorités influentes que par une immigration trop étrangère à nos règles de vie commune et pire encore souvent porteuse d’une religion l’Islam que les islamistes rendent chaque jour plus caricaturale et menaçante. Mais là encore, la bonne réponse n’est pas dans la surenchère verbale, mais dans la fermeté tranquille accompagnant une vision optimiste de la reconstruction patiente de ce vivre ensemble.

Cette reconstruction a une dimension économique essentielle. Une société sans croissance est une société désespérante qui fait craindre le déclassement. Une société sans emploi est une société qui n’intègre pas ses immigrés ou leurs descendants et qui fabrique une triste concurrence des pauvretés.

Pour ne prendre qu’un exemple, la crise de nos écoles ou de nos collèges, qui constituent trop souvent les écoles ghettos de cités ghettos, appelle que l’on sache libérer l’initiative de tous ceux qui veulent et qui peuvent créer de meilleures écoles, à commencer par les enseignants. Sachons aussi dans le domaine de la formation professionnelle utiliser les bénéfices du numérique pour créer une grande bibliothèque numérique de la formation professionnelle accessible à tous 24 heures sur 24, gratuitement, accompagné des outils d’apprentissage individuels ou collectifs en ligne comme on commence à le faire avec les MOOC pour nos universités, à la disposition des jeunes, des chômeurs en reconversion, des organismes de formation et des entreprises.

Assurément, l’abandon des couches populaires nourrit le populisme et la colère électorale, le rejet des partis de gouvernement et l’envie d’essayer « autre chose ». Ils se sentent abandonnés par une droite qui leur présente des réformes punitives et trahies par une gauche qui mène peu ou prou la même politique avec en plus un discours étonnamment dénué d’empathie pour les plus pauvres et les plus vulnérables de nos compatriotes. Tout se passe comme si aujourd’hui il suffisait de s’affirmer être « contre les riches » pour administrer la preuve qu’on est « de gauche ».

Et si la gauche s’est révélée incapable d’apporter des réponses à cette France du chômage de longue durée de la pauvreté des précaires des travailleurs pauvres et des fins de mois difficiles je fais le vœu qu’une droite libérale place ces problème au cœur de ses préoccupations et soit convaincante dans ses solutions.


Les enquêtes d'opinion montrent que les Français sont de plus en plus réceptifs aux principes du libéralisme. Parallèlement pourtant, ils semblent apprécier pouvoir trouver en l'Etat un interlocuteur qui peut les aider... L'application d'un tel programme pourrait-il être réellement porteur politiquement ?
En réalité cette adhésion libérale n’est pas si nouvelle. Chaque fois que l’on propose une réforme libérale comme une nouvelle liberté d’agir ou de choisir, on trouve au moins deux français sur trois favorables. Ceci montre là encore que les solutions libérales sont aujourd’hui des solutions de rassemblement.

Juste un autre exemple : la retraite. Pourquoi la droite rivalise-t-elle avec le patronat pour proposer de porter toujours plus tard l’âge de la retraite ? Alors que Sarkozy en avait ouvert la voie dans sa réforme nous pourrions instaurer un système de retraite à la carte plus juste et plus efficace. Autour de trois principes : on ne distribue pas chaque année plus d’argent qu’il n’y en a dans les caisses ; les retraites sont calculées en point c’est-à-dire à cotisation égale retraite égale ; chacun est libre de choisir l’âge de sa retraite. Vous pourriez alors décider de travailler plus longtemps pour augmenter votre retraite, ou moins longtemps pour partir plutôt ! Et vous pourriez compléter ce système par une incitation à une épargne retraite par capitalisation. C’est là réforme nécessaire qui a des soutiens à droite mais aussi à gauche et même chez certains partenaires sociaux comme la CFDT.

Et en matière de sécurité, comment faire la synthèse entre libertés et efficacité ?

L’efficacité en matière de sécurité n’a guère besoin de lois d’exception. On voit bien que ce qui est à l’origine des attentats est davantage une succession de dysfonctionnements de notre système judiciaire ou de renseignement plutôt qu’un déficit législatif. Il n’est pas acceptable, et au surplus il n’est pas efficace comme le disent aujourd’hui les américains dans leur critique du Patriot Act de permettre l’instauration d’un état d’espionnage généralisé ou d’un état d’urgence élargi affranchie du contrôle judiciaire des libertés publiques.

Je rappelle souvent y compris hier à quelques responsables de droite tentés par des lois liberticides cette sagesse d’un publiciste du 19e : 

« ne me dites pas ce que vous voulez faire des lois que vous allez voter, demandez-vous plutôt ce qu’à d’autres que vous, ces mêmes lois donneraient le pouvoir de faire ».
Alain Madelin

Source Atlantico



B) "La droite française ne serait donc pas prise en étau si elle avait eu dans le passé une action libérale et aujourd'hui un discours libéral"

La gauche a pris un tournant sécuritaire et quelques mesures libérales qui rendent difficile le positionnement politique de la droite. La réponse se trouve dans le libéralisme, pas assez exploité par la droite depuis Valérie Giscard d'Estaing. Ce courant de pensée adopté dans les pays anglo-saxons réduit le rôle de l'Etat pour une plus grande prospérité économique.

Le tournant "sécuritaire" entamé par le gouvernement en réaction aux attentats de Paris s'ajoute au tournant d'inspiration libérale pour asphyxier idéologiquement la droite traditionnelle, qui peine dorénavant à se positionner. Comment la droite pourrait-elle se démarquer de cette nouvelle ligne assumée par la gauche gouvernementale tout en respectant son ADN ?


Pascal Salin : Il me semble d'abord excessif de dire que François Hollande a pris, à un moment quelconque de son quinquennat, un tournant libéral. Il n'a fait qu'accroître l'interventionnisme étatique, la fiscalité, les réglementations.
Il continue constamment dans cette voie, comme le montre, par exemple, son obstination à faire voter la désastreuse loi de Marisol Touraine qui condamne à terme la médecine libérale. Et ce ne sont pas les quelques petites mesures de libéralisation adoptées sous l'inspiration d'Emmanuel Macron qui changent fondamentalement la situation. Quant au tournant "sécuritaire", il est pour le moment dans les discours, mais il reste à voir s'il sera effectivement pris (le maintien à son poste de Christiane Taubira permet d'en douter). La droite française ne serait donc pas prise en étau si elle avait eu dans le passé une action libérale et aujourd'hui un discours libéral. Malheureusement, depuis Giscard d'Estaing nous n'avons eu que des gouvernants socialistes, de droite ou de gauche. Ceci conduit d'ailleurs à souligner le caractère ambigu du terme "droite". Il me paraît utile, de ce point de vue, de se référer aux distinctions proposées par Friedrich Hayek. Selon lui, il faut distinguer les constructivistes ceux qui veulent construire la société selon leurs propres objectifs et préjugés et les libéraux, qui font confiance aux décisions individuelles. Il y a des constructivistes conservateurs, qui veulent conserver la société telle qu'elle est et des constructivistes réformateurs. Or on peut dire que la droite et la gauche françaises doivent être classées parmi les constructivistes conservateurs, en ce sens qu'elles veulent conserver le modèle socialiste dominant. Certes, on peut penser que la droite française est idéologiquement un peu plus libérale que la gauche, mais les présidences de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy n'ont fait que renforcer la nature socialiste du régime. Normalement la droite française, si elle avait réellement un ADN libéral, ne devrait avoir aucun mal à se démarquer du gouvernement actuel et elle ne devrait pas se sentir prise en étau.

Dans quelle mesure la droite actuelle gagnerait à s'inspirer davantage du libéralisme ? 

Il est évident que la droite française n'a qu'une seule issue : devenir enfin libérale. Cela serait habile politiquement puisqu'elle pourrait ainsi mieux se démarquer de la gauche. Mais ce serait surtout efficace car ce serait le seul moyen pour elle de redonner de l'espoir  à la population, de permettre un retour à la prospérité et à une France pacifiée (et donc de rester au pouvoir longtemps). Cela serait d'autant plus facile qu'il y a, semble-t-il, une prise de conscience dans l'opinion : nombreux sont ceux qui ont compris que le système actuel est à bout de souffle et que des réformes libérales importantes doivent être entreprises. Cette nouvelle orientation de la droite française aurait en même temps le mérite de la démarquer clairement du Front National. Il y a en effet, de ce point de vue, une ambiguïté supplémentaire : le Front National a un programme économique de gauche qui le rend proche d'un Mélenchon. En l'intitulant "extrême-droite" on crée de dangereuses confusions. On peut par ailleurs ajouter qu'en affirmant clairement une orientation libérale, la droite française (qui porte actuellement le nom, dépourvu de sens, de "Les républicains") pourrait facilement accueillir en son sein des "conservateurs", c'est-à-dire en l'occurrence non pas des gens qui voudraient conserver le système existant, mais des gens qui sont attachés aux valeurs traditionnelles (parmi lesquelles on peut, précisément, trouver le respect de la liberté individuelle aussi bien que "l'amour de la patrie").


Les récentes élections régionales risquent d'accroître les ambiguïtés de la vie politique française. En effet, le désir de "faire barrage au FN" devient une des priorités de la droite française et pour cela certains seraient prêts à accepter des alliances, plus ou moins explicites, avec le parti socialiste afin de constituer un "front républicain", notion totalement dépourvue de sens, d'autant plus que la République n'est pas en danger… On constituerait donc une alliance gauchisante pour lutter contre un parti dont le programme économique est d'extrême-gauche ! On invoque pour cela les "valeurs républicaines", ce qui constitue une autre notion dépourvue de sens, et on oublie tout simplement d'évoquer les "valeurs de la liberté", les seules qui mériteraient un combat politique, les seules qui permettraient par ailleurs à la droite de se démarquer à la fois des partis de gauche et du FN !


Concrètement, que ce soit dans la forme ou dans le fond, comment cela pourrait-il se traduire en vue de 2017 ? Sur quelles positions traditionnelles devrait-elle faire une croix ?

Concrètement cela devrait se traduire par une rupture considérable pratiquement avec tout ce qui existe. Il n'est pas possible, dans le cadre du présent texte, d'exposer en détail tout ce qu'il conviendrait de faire, mais il s'agirait, bien sûr, de rendre aux Français la liberté de décider pour eux-mêmes et le sens de la responsabilité. Cela implique une diminution considérable des dépenses publiques et de la fiscalité (en particulier en supprimant la progressivité des impôts et la sur-taxation du capital), de privatiser l'assurance-maladie, d'adopter la retraite par capitalisation, de s'engager dans un vaste programme de dérèglementation, etc.. Mais cela impliquerait aussi de renoncer à construire une Europe politique et centralisée et d'admettre que l'intégration européenne signifie seulement la liberté dans tous les domaines.

Pascal Salin



C) Ces choses fondamentales que la droite pourrait dire pour échapper au piège du hold-up sécuritaire de la gauche

Après le tournant de la politique de l'offre début 2014, le gouvernement n'a pas hésité à piocher dans les propositions de l'opposition en réaction aux attentats de Paris. Un aggiornamento qui empêche la droite de se différencier efficacement, et de proposer une alternative forte.

Le tournant "sécuritaire" entamé par le gouvernement en réaction aux attentats de Paris s'ajoute au tournant néo-libérale pour asphyxier idéologiquement la droite traditionnelle, qui peine à se positionner. Comment la droite pourrait-elle se démarquer de cette nouvelle ligne assumée par la gauche gouvernementale tout en respectant son ADN ?


Gil Mihaely : Même s’il est vrai qu’avec Emmanuel Macron – que je ne qualifierai toutefois pas d’ultra-libéral mais plutôt d’opportuniste-pragmatique - d’un côté et Manuel Valls de l’autre, le gouvernement propose une « offre » potentiellement intéressante pour certains électeurs du centre droit. Seul petit problème :  les résultats ne suivent pas… ni l’emploi ni la croissance ne sont pas au rendez-vous et pour ce qui concerne la sécurité, plus le temps passe plus on s’interroge sur les dix mois de « drôle de guerre » entre le 11 janvier et le 13 novembre.

Quant à la popularité de François Hollande, il faut plutôt parler d’une popularité du président de la République en temps de crise. Pas sûr que cela dure, et encore moins que cela profite à la "gauche".

Pour ce qui concerne la droite, le FN se débrouille très bien dans la situation actuelle, la question se pose donc par rapport aux Républicains. Sauf que leur problème n’est pas la troika Hollande-Macron-Valls mais plutôt celle composée de Marine-Marion-Philippot ! La seule carte à jouer pour eux me semble être celle d’engager le débat avec le FN sujet par sujet, pour tenter de se positionner comme « les adultes responsables ». Et bien sûr, puisqu’en France on ne gagne pas des élections, on les perd, il faut être bien organisé, et profiter des erreurs des autres.

Aurélien Véron : Le Gouvernement s’est enfin décidé à lancer une réponse après plusieurs tragédies qui ont émaillé 2015, du massacre de Charlie Hebdo le 6 janvier à celui du Bataclan le 13 novembre. Personne ne peut prétendre qu’un autre gouvernement aurait pu totalement éviter ces carnages. Mais notre trop grande vulnérabilité révèle qu’à la faillite de l’Etat providence, nous pouvons ajouter celle de l’Etat régalien. Il est temps de tailler dans le gras du premier pour muscler le second. L’Etat doit revenir à ses fondamentaux.

« Sécuritaire » ne signifie pas sécurité. Des lois LOPPSI 2 à la loi Renseignement, toute une série de textes ont permis l’intrusion illimitée de l’administration dans nos vies privées sans passer par un juge, prétendument pour lutter contre le terrorisme. L’échec de ces mesures – qui serviront surtout à chasser le fraudeur fiscal, bien plus dangereux aux yeux des administrations - est patent. Leur inefficacité ne pallie pas l’affaissement des services régaliens depuis une quinzaine d’années : réduction du budget de la Défense, du nombre de policiers, en plus d’un budget de la Justice trop longtemps inférieur à celui de la Culture, ce qui laisse imaginer les priorités des gouvernements successifs.

La pensée sécuritaire estime que la première des libertés, c’est la sécurité. En Corée du Nord, il n’y a ni attentats, ni cambriolages. La droite éclairée doit penser l’inverse : la première des sécurités, c’est la liberté. Elle doit penser « sécurité » et non « sécuritaire », premier palier vers les régimes totalitaires propres aux idéologies socialistes ou nationalistes. Nous ne devons pas offrir de nouvelles victoires à ceux qui veulent nous terroriser en reniant nos valeurs, à commencer par notre liberté chèrement acquise et déjà bien amochée. Plus que jamais, la droite libérale doit aider notre démocratie à chasser ses démons autoritaires et renouer avec l’état de droit. Pour limiter les dérives, chaque décision d’intrusion dans la vie privée des Français ou de privation des libertés doit être prise et assumée par des juges. Ils savent décider vite et avec sévérité lorsque c’est nécessaire, à condition que les moyens de sanction existent et soient suffisants.

Nous n’avons pas besoin d’arbitraire policier et administratif, encore moins d’un Etat d’urgence qui s’installe dans la durée et autorise tous les abus. Il nous faut une justice antiterroriste efficace – cessons les rotations forcées tous les 10 ans de juges talentueux comme Marc Trévidic – et des services de renseignement intérieur performants. La plupart des auteurs des attentats étaient fichés (voire auraient dû être incarcérés au vu de leurs antécédents judiciaires) mais, faute de moyens, n’étaient pas suivis. Les services de renseignement ont évidemment besoin de ressources bien plus importantes pour affronter cette menace intérieure.

Alexis Théas : Je pense que la droite dispose en réalité d'un boulevard devant elle qu'elle ne veut pas voir aujourd'hui. Toute la politique du gouvernement est dans une sorte de dédoublement de la personnalité. Il y a d'une part le discours, en effet tourné vers le libéralisme, la liberté d'entreprendre, et aussi désormais la sécurité, l'ordre public, l'autorité de l'Etat. Et puis il y a la réalité, les faits. L'économie française depuis 2012 a été écrasé d'impôts et de contraintes supplémentaires. Les chiffres de la sécurité et de l'immigration ont disparu, comme effacés tellement ils sont désastreux. Les dégâts sont effroyables. Il suffit de voir par exemple la Jungle dans le Pas de Calais. Comment un gouvernement peut-il avoir laisser s'accumuler des milliers de migrants clandestins, se former une zone de non droit, quasiment officialisée, reconnue par le Conseil d'Etat, dans des conditions sanitaires épouvantables, sous la coupes de passeurs criminels, et se prétendre aujourd'hui favorable à l'autorité de la loi ? La politique française est marquée depuis 2012 par un grand écart entre le discours et la réalité. Nous avons d'un côté les coups de menton, les polémiques, les postures. Et de l'autre un laisser-faire à peu près complet, en particulier sur l'immigration. Il est de la responsabilité de l'opposition de dénoncer cette divergence croissante entre la parole et le réel. La vérité devrait être le maître mot d'une alternance réussie en 2017.



David Mascré : Le drame de la droite française est que depuis de Gaulle, elle ne pense pas. Conséquence : elle tombe année après année et épisodes après épisodes dans tous les pièges tendus par la gauche socialiste. Mitterrand s’en délectait déjà  en appuyant systématiquement sur les touches qui, en divisant la droite, allaient permettre à son système de perdurer. Tout cela a déjà été parfaitement dit par Le Luron dans son spectacle de 1985 Le Luron en liberté – interdit à l’époque je le rappelle et qui depuis lors n’a jamais été diffusé à la télévision. Personne n’a osé depuis lors aller si loin dans la critique pourtant bien légitime d’un pouvoir dès cette époque adepte de la fuite en avant. Et personne à l’époque ne s’était élevé pour le défendre quand, son passage dans l'émission de Patrick Sabatier le soir du 31 décembre fut coupé au montage, au motif que l'émission était trop longue. Ulcéré et victime d'un nouveau contrôle fiscal, l'imitateur écrit une lettre ouverte au président de la République : "Cette séquence a été censurée ! [...] Il paraît cependant que ce mot ne fait pas partie de votre vocabulaire. [...] J'espère que pour le Nouvel An, vous avez donné ses étrennes à Hervé Bourges [le président de TF1], ça se fait pour les domestiques".

Dès 1981 Mitterrand savait qu’il pouvait jouer sur l’inculture de ses adversaires pour lui servir sur un plateau ce type de politique.

Ne disait-il pas en 1986 : "lorsque Chirac vient me rend visite à l’Elysée, il y monte le perron avec ses idées et en redescend avec les miennes." Le trait peut paraître humoristique mais il résume à lui seul 40 années d’impuissance et de piégeage de la droite parlementaire.

C’est d’autant plus surprenant qu’il existe à droite un très large vivier de personnes intelligentes, cultivées, profondes, lucides et créatives. Face à l’idéologie en bout de course des apparatchiks du parti socialiste, les penseurs attachés à la patrie et fidèles à l’idée d’honneur et de dévouement sont nombreux dans ce pays. Elles ne demandent qu’à servir. Encore faut-il qu’on les écoute. Et qu’on leur confie quelque responsabilité.

Dans quelle mesure cela pourrait-il être politiquement porteur ?

Gil Mihaely : L’opinion publique cherche à la fois des propositions nouvelles et de nouveaux visages. Les gens se disent « nous avons tout essayé, pourquoi pas le FN ? ». Dans le même temps, les gens aimeraient être rassurés, ils cherchent la sécurité. Le nouveau, le radicalement différent, la rupture est donc à double tranchant et les Républicains peuvent proposer une alternative à la fois séduisante et rassurante, du neuf qui ne fait pas peur au dernier moment, quand on est derrière l’isoloir et que l’on pense à ce que l’on peut encore perdre si l’on prend des risques trop importants..  

Aurélien Véron : La droite va devoir trancher entre la tentation du repli identitaire derrière des frontières érigées par un Etat dirigiste et la vision d’une société qui reprend le pouvoir sur le politique.

Outre-Manche, la « Big Society » de David Cameron s’inscrit dans cette ligne. Ce succès populaire est difficile à envisager pour les apparatchiks de la droite française, biberonnés d’étatisme à l’ENA ou dans ses sphères connexes. Ils n’ont jamais connu d’autre univers que celui de la tambouille politicienne. Les Français n’acceptent plus ce formatage déconnecté de leur réalité. La droite libérale doit s’oxygéner de talents issus du monde libre – l’entreprise – pour travailler autrement à l’élaboration d’un projet pour le pays.


Si la sécurité des Français doit revenir au cœur des missions de l’Etat, elle ne répond pas pour autant à la soif de liberté que les Français sont de plus en plus nombreux à exprimer. La droite doit se remettre très rapidement en question car la ligne d’Emmanuel Macron menace de lui voler cet idéal libéral. Pour le moment, ses idées n’ont été suivies ni par le gouvernement, ni par sa majorité. Mais il a compris que la France doit à nouveau faire rêver, donner envie de se projeter et d’investir pour l’avenir. Si deux tiers des jeunes souhaitent s’expatrier, c’est que notre modèle de plus en plus collectiviste et infantilisant plombe tous leurs espoirs. Seule une politique libérale de choc peut aujourd’hui libérer les talents et les énergies, relancer l’ascenseur social et faire à nouveau rêver à travers l’esprit d’entreprise, l’autonomie individuelle et la confiance sans laquelle il n’y a pas de fraternité possible.

Au Parti Libéral Démocrate, nous attirons majoritairement des jeunes parce qu’ils adhèrent aux notions qui nous sont chères d’autonomie, de solidarité participative, de culture collaborative, de reprise en main de notre destin, de bonheur et de responsabilité individuelle. Ce sont les fondamentaux d’un monde ouvert et confiant pour l’avenir. Ce sont les bases d’une droite qui se réinvente sur les décombres de ses échecs passés, échecs électoraux mais surtout échecs lorsqu’elle était au pouvoir.


Alexis Théas : Pour l'opposition, le retour aux fondamentaux consiste à se mettre à l'écoute de la population. On ne peut pas continuer avec le sentiment d'un clivage croissant entre les élites politiques et pe peuple. Le sondage CEVIPOF de janvier 2015 constate par exemple que 87% des Français considèrent "que les politiques ne tiennent pas compte de ce que pensent les gens comme eux". Ce constat est le signe d'une crise profonde de la démocratie. Combler ce fossé devrait être l'objectif fondamental d'un gouvernement d'alternance, son guide et sa boussole. L'idée n'est pas de faire du "populisme", comme le disent avec mépris les milieux dirigeants ou influents, mais d'accepter l'idée que les citoyens ont leur mot à dire dans un système fondé en principe sur "le pouvoir du peuple". En matière de respect des frontières, de sécurité, de maîtrise de l'immigration, d'intégration des populations d'origine étrangère, il faudra tout simplement sortir de l'incantation pour prendre les mesures concrètes qui s'imposent, par exemple, appliquer réellement les mesures de reconduites à la frontière prises envers les migrants en situation illégale et aussi reprendre la politique de négociation d'accords d'immigration avec les pays d'origine, mise en oeuvre de 2007 à 2012 pour faciliter la circulation et l'aide au développement. En matière de politique économique, il faudra mettre en place une politique de réduction massive des charges et des contraintes qui pèsent sur l'entreprise, assortie d'un calendrier précis de réalisation du 5 ans.

David Mascré : Pour qu’il y ait renouvellement encore faut il qu’il y ait retournement. Sans quoi on est dans l’éternelle application du principe du comte de Salina : "il faut que tout change pour que rien ne change."

Il y a ici similitude entre l’ordre du politique et l’ordre du théologique. Pour qu’il y ait conversion sincère, il faut d’abord qu’il y ait repentir sincère et résolution de ne plus tomber dans les mêmes errances. En l’occurrence, toutes celles qui ont contribué à précipiter la France dans l’abîme. Que je sache à droite, personne n’a jamais voulu revenir sur les erreurs ayant conduit aux défaites – désastre serait plus juste - de 1988, 1997 ou 2012 – et à la très équivoque victoire de Chirac en 2002. En politique, le retournement peut se faire de deux manières : soit par le maintien des mêmes hommes mais au service d’une politique radicalement différente (cela s’appelle faire son chemin de Damas). Soit par le changement complet des hommes et l’arrivée aux manettes d’une nouvelle génération de leaders.

Quelle que soit l’option choisie, il faudra bien définir autour de quels principes, de quels programmes, et de quelles modalités d’action rassembler les hommes composant cette majorité de droite.

Le problème est que définir l’essence de la droite est une mission quasi impossible. D’autant qu’il existe historiquement plusieurs droites. J’ai consacré plusieurs pages à cette question dans mon livre De la France. 

Disons qu’on peut sommairement résumer l’opposition droite/gauche à l’opposition Antigone/Créon. Ce sont là deux figures qui n’ont fait pour l’instant que jeter quelques pousses mais qui selon toute vraisemblance seront amenées demain à jouer un rôle absolument déterminant dans la constitution des nouveaux positionnements politiques et l’appréhension des problèmes globaux qui assaillent aujourd’hui l’humanité.

Or, ce que nous apprend sur un mode laïc le mythe d’Antigone et Créon - et cette laïcité est l’un des autres avantages de ce récit qui n’a pas besoin pour être admis d’invoquer l’appartenance préalable à l’une quelconque des religions révélées et par là, selon un schéma qu’avaient parfaitement compris les jésuites du 17ième siècle, peut servir de point de départ au rassemblement le plus large des diverses composantes du peuple français - c’est précisément de ne pas vouloir réduire l’homme à la nature (refus du naturalisme et, corrélativement, intériorisation de cette idée si chère à Blaise Pascal selon laquelle "l’homme passe infiniment l’homme"), la politique à un rite, le droit aux seules lois de la Cité. Ce que nous apprend par là même le mythe d’Antigone et Créon, c’est à ne pas confondre et identifier par principe le politique et le religieux sous peine de tomber effectivement dans une forme d’enfermement millénariste, c’est à dire dans une volonté prométhéenne d’identifier purement et simplement la cité des hommes au royaume de Dieu, dans cette forme de tentation monstrueuse qui consiste à vouloir ériger la Cité des hommes contre la Cité de Dieu ("vouloir être Dieu sans Dieu, malgré Dieu, voire contre Dieu", selon une formule qu’en leur temps saint Augustin et saint Maxime le Confesseur avaient parfaitement su employer pour caractériser en son sens le plus fort le péché originel).

La figure d’Antigone apparaît de ce point de vue comme l’une des figures clés du débat contemporain parce qu’elle se présente à nous comme une figure de la transcendance. En invoquant l’existence de lois non écrites, Antigone plaide non seulement pour le primat de l’invisible sur le visible, de l’éternel sur le temporel, mais elle se fait par là-même le témoin d’une réalité stratifiée et complexe – celle qui, par delà toutes les tentatives de récupération, de dénégation ou d’occultation, permet de protéger le plus faible et attester de l’éminente dignité du plus petit. En ce sens Antigone se présente à nous comme un témoin par excellence de la transcendance. Or, fondamentalement, pour nous, être de droite, c'est être un partisan de la transcendance.


Droite/gauche ou transcendance contre immanence
Les grands hommes qui ont marqué l’histoire de l’Europe furent des figures de la transcendance, c’est-à-dire des indissolublement des figures de la résistance et de la persévérance. Ce furent toutes des personnes qui surent s’indigner et s’insurger. Ce furent des personnes qui surent à un moment donné dire : Non ! Il existe des lois non écrites ! Des lois non écrites qui justifient le sacrifice de sa carrière, de son confort et parfois même, de sa vie. Des lois non écrites qui justifient que l’on choisisse de s'engager ou de résister. C'est là, nous semble-t-il, un point capital. Car il conduit à définir la droite non par la réaction (réaction à une gauche qui serait par essence et depuis toujours moteur de l'action et rectrice du progrès) mais par la résistance. La droite, c'est le parti de la résistance. Voilà ce qu'il faut dire, et redire, répéter à temps et à contretemps, ressasser inlassablement. Plutôt que de réaction, il faut parler de résistance : l’homme de droite c’est l’homme de la résistance : de l'acte de résistance. Nous rejoignons là une figure fondamentale qui est celle de l'intemporel. Certes une telle définition ne conviendra nullement à tous ceux, hélas aujourd'hui nombreux, qui n'ont de la politique qu'une vision à la petite semaine, qui n'y voient qu'une forme de gestion de la société. Mais une telle définition sierra à tous ceux qui voient dans la politique un moyen d’agir et de penser, en anticipant sur les menaces à venir, protégeant les plus faibles et répondant aux tragédies et aux malheurs qui s’abattent sur l’humanité.

Ceci dit, il y a une attente très forte des populations pour un vrai sursaut patriotique. Le parti socialiste, avant les attentats, ne représentait plus que 18% des votants soit 9% du corps électoral. On voit bien qu’il ne pèse plus que de manière marginale.

Après avoir été plumés, obligés d’accueillir des populations hallogènes, après avoir vu les systèmes de corruption se généraliser à tous les étages de la société française, après avoir vu dans toutes les strates de la société la fraternité se rétrécir comme peau de chagrin, après avoir vu la vraie égalité  – celle du sang versé sur le champ de bataille ; condition qui, je le rappelle est la raison pour laquelle les femmes se voyaient interdites de droit de vote jusqu’en 1945 – vidée de toute signification au profit d’un égalitarisme qui promeut les cancres et les parasites au détriment des travailleurs et des créatifs, les Français se voient retirer progressivement leur dernier bien – le plus précieux sans doute : la liberté.

Grâce à l’Europe passoire, et par ricochet à François Hollande, son fidèle séide, ils ne peuvent plus désormais ni circuler, ni se rassembler, ni s’exprimer, ni s’associer, ni communiquer librement.

Un tel état de fait ne saurait en France durer sans susciter à un moment ou à un autre une vive réaction.

On a souvent dit des Français qu’on pouvait tout leur retirer – sous–entendu le confort, la propreté, les congés payés, la retraite à 60 ans - sauf une chose : la liberté. Or cette spoliation de la liberté, c’est précisément ce qui est en train de se produire sous nos yeux depuis le Congrès de Versailles. Celui-ci a des airs de déjà vu : c’est l’attitude du Parlement le 3 juillet 1940 au lendemain de l’effrayante débâcle de juin 1940. A l’époque, on avait accepté de donner les pleins pouvoirs à un homme qui, à l’évidence, était dix coudées en dessous de la tâche historique qui lui était confiée.

La suite on s’en souvient, de Monthoire à Siegmaringen, n’a été qu’une série de gesticulations et de rodomontades. Comme aujourd’hui.

Je ne suis pas sûr que les Français l’acceptent longtemps. Et je ne crois pas qu’ils accepteront de se voir privés de ce bien plus cher à leurs yeux que la prunelle de leurs yeux : la liberté.

Concrètement, que ce soit dans la forme ou dans le fond, comment cela pourrait-il se traduire en vue de 2017 ? Quelles seraient les propositions fortes d'un tel programme ?

 

Gil Mihaely : Les Républicains font face à deux rivaux. Côté PS, l’échec est patent et pour le moment il suffit d’évoquer leur bilan, et rappeler les bonnes idées de Nicolas Sarkozy qui avait été rejetée par François Hollande en 2012, avant d’être reprises ensuite sous un autre nom. Face au FN il faut chercher les défauts de leurs qualités. Puisque le FN représente le neuf, la rupture et la « virginité » de ceux qui n’ont pas de bilan à défendre, il faut souligner le manque d’expérience, pointer du doigt les propositions qui relèvent de la logique « y’a qu’à », et la peur que suscite toujours une politique de rupture radicale avec le passé.

Beaucoup d’électeurs en France ont plus de 50 ans et le programme économique du FN pourrait leur faire peur. Ils ont de l’ épargne et des enfants à soutenir. Ils peuvent s’énerver mais ils ne sont pas du genre à prendre des risques. Autrement dit, face à la radicalité du FN, les Républicains pourraient jouer la carte du conservatisme prudent et pragmatique.



Aurélien Véron : La droite doit refonder notre modèle social autour d’un triptyque formation (initiale mais aussi tout au long de la vie), entreprise et assurances sociales, avec un Etat beaucoup moins dépensier et vorace fiscalement. La grande réforme structurelle de l’enseignement signera la fin les micro-changements centralisés au profit d’une autonomie réelle des établissements scolaires, notamment dans les choix pédagogiques, l’embauche et l’évaluation des enseignants. Elle sera complétée d’un chèque éducation destiné aux familles choisissant de nouvelles écoles libres et innovantes. Des initiatives comme Espérance Banlieues - écoles hors contrat financées par des mécènes dans les quartiers difficiles - devront être traitées loyalement par l’Etat au lieu de l’uniformisation et du nivellement par le bas de l’enseignement.

Libérer le marché de l’emploi passe aussi par l’inversion de la hiérarchie des normes en privilégiant les accords d’entreprise à un Code du travail qui reste néanmoins à réécrire pour le rendre minimaliste, rappel des principes essentiels régissant les rapports entre employeurs et employés. La concurrence doit s’étendre à tous les secteurs. La concurrence vivifiante créé des emplois et stimule l’innovation au service du consommateur. Elle doit s’étendre des transports à la santé en abattant toutes les cloisons des monopoles, professions protégées et corporations fermées. Il est tout de même incroyable de se satisfaire d’un modèle social qui nous amène aujourd’hui à 10,6 % de chômage.

Enfin, le monopole ruineux des assurances sociales a vécu. La droite doit proposer de substituer la retraite par capitalisation à un système de retraite par répartition, injuste et approchant la faillite. Si la capitalisation est bien plus rentable pour les assurés, elle contribue également à l’activité économique contrairement à la répartition stérile. De même, le système étatique d’assurance-maladie est une ineptie dans un secteur de la santé bouleversé par l’innovation et les nouvelles technologies de santé. 
Son ouverture à des assurances privées au premier euro, dans un cadre légal maintenant toutefois l’universalité de la couverture santé, est indispensable. Cette distinction entre les mécanismes assurantiels et la solidarité nationale doit revenir au cœur du discours d’une droite moderne.

Enfin, avec le recul progressif du salariat au profit de l’entreprenariat, pourquoi pas un impôt sur le revenu proportionnel – flat tax - couplé à un revenu d’existence universel en remplacement de l’ensemble des aides sociales et familiales actuelles ? Ne rêvons pas, la droite traditionnelle a encore beaucoup de chemin à parcourir pour se rénover et retrouver un peu de charme aux yeux des Français au lendemain d’une élection où elle n’emporte que 7 régions sur 13, dont 2 avec l’aide de la gauche.


Alexis Théas : Pour l'instant, nous ne voyons rien d'intéressant venir dans la perspective de 2017. Cette période électorale qui approche à grands pas est totalement dévoyée par l'obsession des présidentielles et les jeux des personnalités, Hollande Juppé, Sarkozy, Fillon, le Pen... Il y a là un véritable scandale antidémocratique. Nous avons le sentiment que le débat d'idées est interdit par la politique spectacle et la confiscation de la vie politique par une poignée de personnages autocentrés sur leurs intérêts personnels et une vanité qui confine parfois à la pathologie. L'espérance ne viendra pas d'eux. Il faut recentrer l'avenir de la politique française sur les idées et les projets. Dans une démocratie normale, face au blocage de la vie politique, il devrait être de la responsabilité d'un groupe de parlementaires de l'opposition de préparer l'alternance en engageant le chantier d'un programme de gouvernement et de réformes. Pour 2017, l'un des scénarios possible – sinon probable – est celui d'une réélection de M. Hollande se retrouvant avec une Assemblée de droite. En effet, le climat d'union nationale lié aux attentats terroristes pourrait se traduire par le maintien de ce dernier à l'Elysée, mais le pays ayant soif de changement, il pourrait élire une Assemblée majoritairement à droite, tout comme le Sénat. Il y aurait alors un basculement du pouvoir de l'Elysée vers le Parlement et Matignon. Compte tenu ce cas de figure éventuel, il appartient aux parlementaires de droites de travailler collectivement à un programme ambitieux en faisant abstraction de la guerre des chefs.

Aurélien Véron, David Mascré, Alexis Théas, Gil Mihaely




juin 20, 2015

Frédéric Lefebvre un politicien qui aurait mieux compris que les autres, un petit "libéral" en devenir ou un nouvel exercice de style ??

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.




Sommaire:

A) Migrants : les politiques aussi divisés que les Etats membres sur le rôle de l’UE – (Libération)

B) Modernes. Pour les Français - Frédéric Lefebvre

C) Frédéric Lefebvre : "On prend les Français pour des imbéciles" - et- leJDD.fr

D) Frédéric Lefebvre : « Pour une mobilisation européenne contre l’État Islamique » – (Le Huffington Post)

E) FRÉDÉRIC LEFEBVRE : « Le gouvernement a pris pour cible les Français de l’étranger » - par - http://courrierdefloride.com

La réflexion politico-philosophique de Frédéric Lefebvre




A) Migrants : les politiques aussi divisés que les Etats membres sur le rôle de l’UE

L’Union européenne (UE) tente de trouver un plan d’action pour renforcer la lutte contre l’immigration clandestine et l’accueil des réfugiés. Alors que les Etats membres souhaitent accélérer le renvoi des migrants en situation irrégulière, les politiques sont divisés quant au rôle que l’Europe doit jouer face à ces flux de migrants. Mais une chose est sûre : tous veulent qu’elle agisse, et vite.

La députée Les Républicains (LR) Valérie Pécresse estime qu’il faut «mettre d’accord» l’Europe. «Il faut une volonté politique. Quand Nicolas Sarkozy était président de la République, il allait au Conseil européen et tapait du poing sur la table. Où est le leadership européen de la France ?», a-t-elle lancé ce jeudi sur LCI. «Nous devons organiser un blocus maritime pour empêcher les bateaux de quitter les côtes libyennes.»

Anne Hidalgo est elle aussi «en colère» contre l’attitude de l’Europe. La maire de Paris dénonce «cette Europe qui se replie sur elle-même, qui refuse de prendre sa part sur des flux sans précédent.» «Ça fait très longtemps qu’on n’a pas connu dans notre pays et en Europe des flux comme ceux-ci. Mais il faut prendre sa part, bien évidemment», ajoute-t-elle.

Le député LR Frédéric Lefebvre pense que les pays européens doivent «participer à l’effort de lutte contre le terrorisme». «Que fait l’Europe ? L’Europe aujourd’hui regarde, la France agit. Et pendant ce temps-là, on nous demande de rendre des comptes sur nos déficits», s’est-il indigné.



B) Modernes. Pour les Français

Péril en la demeure
Une politique moderne se doit de se tourner vers les Français.
Un parlement moderne se doit de légiférer pour le peuple.
Un parti moderne se doit de s’ouvrir aux citoyens.
Alors que l’Europe est de plus en plus présente et contraignante.
Alors que la mondialisation, pleine d’opportunités, doit nous amener à évoluer.
Alors que la démocratie et ses procédures ont besoin d’être actualisées, numérisées, modernisées.
Le temps des Français n’a plus rien à voir avec le temps politique.
Alors que nos regards sont collectivement braqués sur 2017, celui de nos compatriotes est fixé sur la fin du mois.
Alors que nos débats sont largement occupés par des joutes stériles, nos compatriotes attendent que nous additionnions nos forces.
Alors que, trop souvent, nos partis sont dans la tactique, nos compatriotes espèrent du concret allié à une vision.
Nous choisissons la sincérité politique plutôt que le calcul politicien.
Nous dépassons les clans, les écuries, les courants, en restant attachés à nos familles politiques respectives.
Nous entendons contribuer à faire naître une opposition UMP/UDI qui recherche l’unité et la sincérité en créant une « pléiade » des modernistes qui se réunira régulièrement pour faire avancer cette nouvelle attitude politique.
Imaginons. Inventons. Innovons.
Résolument actuel, nous appelons tous les modernistes à se dévêtir des oripeaux idéologiques, à abandonner les réflexes pavloviens, à retrouver le bon sens paysan, pour faire le choix des Français.
En toutes circonstances.

La liste des premiers signataires :
Frédéric Lefebvre, Député UMP et ancien ministre
Puis par ordre alphabétique
Yves Censi, Député UMP
Jacques Gautier, Sénateur UMP
Guy Geoffroy, Député UMP
Arlette Grosskost, Députée UMP
Meyer Habib, Député UDI
Patrick Hetzel, Député UMP
Francis Hillmeyer, Député UDI
Yves Jego, Député UDI et ancien ministre
Patrick Labaune, Député UMP
Thierry Lazaro, Député UMP
Maurice Leroy, Député UDI et ancien ministre
Franck Marlin, Député UMP
Damien Meslot, Député UMP
Alain Moyne-Bressand, Député UMP
Bérangère Poletti, Députée UMP
Arnaud Richard, Député UDI
Fernand Siré, Député UMP
Eric Straumann, Député UMP
Claude Sturni, Député apparenté UMP
François Vannson, Député UMP
Marie Jo Zimmerman, Députée UMP

Frédéric Lefebvre
 



C) Frédéric Lefebvre : "On prend les Français pour des imbéciles"

INTERVIEW - Beaucoup se souviennent de lui comme d’un porte-parole caricatural de l’UMP durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. A 51 ans, Frédéric Lefebvre marque désormais sa différence avec son propre camp en soutenant des réformes du gouvernement, comme la loi Macron. Entretien avec un député de droite qui dit en avoir marre de "la politique à l'ancienne", où tout n'est que "stratégie, cynisme et calcul". 

Le bureau exigu se trouve au bout d’un couloir, à l’Assemblée nationale. Sur la table basse, un livre de photos sur l’Elysée et pas très loin, un cadre avec son prix de l’humour politique datant de 2011. Frédéric Lefebvre avait obtenu le prix de "l’encouragement" pour avoir déclaré que son livre de chevet était "Zadig et Voltaire" (citant l'enseigne plutôt que Zadig ou la Destinée, de Voltaire). La bourde avait fait le bonheur des internautes pendant plusieurs jours.

L'ex-ministre est un homme de paradoxes. Après une boulimie médiatique au cours du quinquennat de Nicolas Sarkozy, celui qui est depuis 2013 député des Français vivant aux Etats-Unis et au Canada est revenu à un relatif anonymat. Il a remisé au placard ses propos polémiques et peut étonner par ses prises de position. Il était le seul UMP à voter l'an dernier le pacte de responsabilité et aurait fait de même sur la loi Macron si le gouvernement n'avait pas utilisé le "49.3". Lui assure que ses convictions n'ont pas changé, mais avoir pris du recul après avoir "tutoyé la mort". Il porte un regard sombre sur la vie politique d'aujourd'hui et n'épargne pas sa famille, à commencer par Nicolas Sarkozy.


Que retenez-vous de ce nouvel épisode parlementaire, marqué par le 49.3 et le rejet de la motion de censure?
Je ne suis absolument pas contre le 49.3 en tant que tel, il permet au gouvernement d'agir avec efficacité. Or, un gros problème de notre démocratie aujourd'hui est le décalage du temps gouvernemental et parlementaire avec le temps réel des Français. Par nécessité, je crois que notre démocratie sera dans l'obligation d'agir de plus en plus en utilisant ces outils de notre Constitution, avec les ordonnances par exemple.

Cela n'empêche pas les problèmes de majorité…
Le 49-3 est aussi le fruit des postures de gauche et de droite. Je les dénonce. Sur la loi Macron, la gauche ne voulait pas une majorité grâce à des voix de droite et la droite n'a pas voulu assumer le fait qu'elle était en accord avec ce texte. Bien sûr, un certain nombre de mes collègues sont sincères quand ils s'opposent à la loi Macron mais c'est une minorité. Si chaque parlementaire avait voté en son âme et conscience, il y aurait eu une majorité d'idées très claire sur ce texte. On aurait pesé sur le contenu de la loi et évité de valoriser les frondeurs.

C'est Nicolas Sarkozy qui a donné comme consigne de voter contre…
On me ressort souvent cette phrase de François Mitterrand : "Dans l'opposition, on s'oppose." Déjà, je n'aime pas le terme "opposition". On devrait se nommer "force d'alternance". Cela signifierait que l'on mobilise notre énergie pour bâtir plutôt que détruire. Au cours du précédent quinquennat, lorsque j'étais porte-parole de ma famille politique, je faisais trois télévisions par jour pour riposter aux attaques incessantes contre Nicolas Sarkozy. L'opposition n'avait qu'un objectif, celui de détruire l'action du gouvernement. Quoi que faisait le président de la République, même si c'était bien, il fallait être contre. On fait exactement la même chose, et c'est ce que je dénonce. Les politiques bloquent le changement!

A votre avis, pourquoi la plupart de vos collègues ne font pas comme vous?
Certains n'ont pas directement suivi le sujet, alors ils appliquent la consigne du groupe. D'autres sont venus me voir pour me dire qu'ils partageaient mes idées, mais comme il y a des jeux politiciens et des pressions… D'autres encore exprimaient une inquiétude réelle : "Est-ce que tu ne crains pas en faisant cela de nourrir 'l'UMPS'?" Selon eux, les électeurs se détourneraient de nous pour choisir l'extrême droite parce que le clivage gauche-droite ne serait pas assez clair.

Ont-ils raison?
Je pense exactement l'inverse. Que la gauche et la droite se mettent d'accord sur des solutions concrètes, c'est ce qu'attendent les gens. Ce qu'ils nous reprochent, droite et gauche, c'est de ne pas faire le job, de nous occuper de nous-mêmes et pas de leur problème. Ce cela qu'on appelait l'UMPS, c'est cette exaspération.

Un politique de droite est-il encore différent d'un politique de gauche?
Bien sûr. Nous avons tous des références et des valeurs mais elles ne doivent pas nous amener à des postures idéologiques. Je suis un homme de droite, je suis gaulliste et j'ai commencé comme petite main de Jacques Chaban-Delmas. Il m'a appris cela : pour changer, réformer, il faut additionner les différences. Le seul moyen de retisser un lien de confiance, c'est que les Français mesurent l'authenticité de ce qu'on dit et de ce qu'on fait. 


La politique n'est-elle plus qu'un spectacle, selon vous?
Oui, c'est un théâtre d'ombres. Tout est stratégie, cynisme et calcul. On prend un peu les Français pour des imbéciles, à gauche comme à droite. Il faut divertir - détourner au sens étymologique du terme - les citoyens de l'essentiel. La politique est un jeu qui se fait dans un bocal. C'est le stade de France avec des tribunes presque vides. Vous avez deux équipes sur le terrain qui font de l'antijeu sous une nuée de caméras. Elles essayent de séduire les quelques supporteurs alors que l'enjeu est de faire revenir les citoyens dans le stade.

Faut-il revoir le travail des parlementaires?
Il faut changer la fabrique de la loi. Je ne crois plus du tout à ce vieux système où des experts travaillent avec les élites, qui sortent des réformes toutes prêtes des tiroirs de l'administration. On ne peut plus faire de la politique comme avant, lorsqu’on partait du principe que les gens n'étaient pas assez intelligents pour comprendre, lorsque certains sur les plateaux de télévision employaient à dessein des mots ou des sigles que personne ne comprenait pour paraître supérieurs. Aujourd'hui, nous avons les moyens aujourd'hui de pouvoir associer tout le monde à la fabrique de la loi. Je suis en train de travailler avec des jeunes Français des États-Unis et du Canada sur la démocratie digitale. Réinventons le référendum, par exemple...

On se souvient de vous comme le "porte-flingue" de Nicolas Sarkozy, vous êtes aujourd’hui très critique à l’égard de votre camp. Qu’est-ce qui vous a fait évoluer?
Je pense d’abord qu’on n’est pas un homme politique complet tant qu’on n’a pas été au gouvernement. Je n'ai jamais été aussi heureux que lorsque j'étais dans l'action (il a été secrétaire d'Etat au Commerce de 2010 à 2012, Ndlr). C’est là où vous prenez conscience que vous avez la responsabilité des Français sur vos épaules. Et puis, j’ai tutoyé la mort. J’ai fait à partir de 2010 sept embolies et un infarctus pulmonaire. Même si je suis maintenant en pleine forme, cela change les priorités de la vie. On ne conçoit plus de mettre son énergie dans un combat négatif. Paradoxalement, c’est une épreuve que je souhaite à tous...

Dans quelle mesure cela a changé votre façon de faire de la politique?
Je suis authentique, j'essaye de dire ce que je pense profondément. Je veux construire, apporter ma pierre. Mon regard a aussi changé parce que je passe la moitié de mon temps dans ma circonscription en Amérique du Nord. Vous avez un regard plus juste quand vous êtes loin de la France. Je le vois avec les Français là bas. L'éloignement est un exhausteur d'amour. Plus vous êtes loin de la France, plus vous l’aimez. 

Quelles sont vos relations aujourd'hui avec Nicolas Sarkozy?
Je l'ai rencontré à 18 ans, j'ai été son conseiller pendant 25 ans. L'amitié, ce n'est pas quelque chose qu'on remet en cause. Mais je suis mobilisé pour les Français, parce que c'est mon devoir et mon honneur. Donc il peut y avoir des désaccords. Les Français veulent de l'équilibre. On ne peut pas aller devant eux avec une jambe droite bodybuildée et une jambe gauche atrophiée. En 2007, j'ai aimé cet équilibre que nous avons su construire. J’ai d’ailleurs été l’un de ceux qui a théorisé l’ouverture. Je ne me ferai jamais à l'idée qu'on peut tout balayer parce que cela aurait été simplement de la tactique.

Vous regrettez ses changements de position, comme sur l'islam ou le droit du sol?
Je ne veux pas personnaliser, on peut prendre des exemples des deux côtés. Après, la société évolue. On peut être amené à changer de position, moi aussi ça m'est arrivé. Mais n'utilisons pas les débats à des fins politiciennes en essayant d'entretenir des clientèles, en leur envoyant tel ou tel signal. Le droit du sol est un sujet complexe qui ne doit pas devenir un slogan. Combattons l'Etat islamique plutôt que les migrants. Mobilisons une partie des milliards de l'aide publique au développement sur un soutien ciblé à ces migrants s'ils créent de l'emploi dans leur pays d'origine. Mais n'exploitons pas la misère humaine.

Vous avez récemment accueilli Alain Juppé aux Etats-Unis. Est-ce lui, le candidat le plus "équilibré" pour 2017?
C’est avec joie que je l'ai accueilli à New York et en même temps c'est mon devoir. Mais avec tout ce que je viens de dire, je ne veux pas rentrer dans une logique d'écuries. A deux ans de l'échéance, pensons aux Français plutôt qu'à nous même. Si je réponds maintenant, tout ce que je dirai sera analysé à l'aune de ma décision. Les primaires viendront en leur temps et je prendrai mes responsabilité le moment venu.

et- leJDD.fr





D) Frédéric Lefebvre : « Pour une mobilisation européenne contre l’État Islamique »

Non à l’Europe impuissante
Un sondage souligne que l’Europe perd du terrain dans l’opinion Française.
Dix ans après le rejet du projet de constitution européenne par un Non historique de 55%, alors même que l’actuel et l’ancien Président de la République avaient posé ensemble à la une de Paris-Match pour afficher leur soutien au Oui, le Non l’emportait à 54,68%…
Est-ce à dire que les citoyens Français sont contre l’Europe ? Certes non.
Ils sont, car ils sont lucides, contre l’impuissance de l’Europe.
Alors que les citoyens européens sont marqués par l’horreur des actes barbares de l’Etat Islamique, que ce sujet est sur toutes les lèvres dans les familles, au lycée, au bureau ou au café, il est cruellement absent du débat public.

En France. Dans toute l’Europe.
Je prêche dans le désert depuis le 23 mai, date à laquelle j’ai lancé un appel, publié sur Facebook et vu plus de 20 000 fois sur Twitter, au Président du Parlement Européen pour qu’il convoque immédiatement le Parlement pour débattre d’une mobilisation européenne contre Daesh :
Je demande au président @MartinSchulz 1 débat immédiat sur 1 intervention militaire européenne renforcée contre l’ http://on.fb.me/1Los6L5
Sa seule réponse furent deux tweets sur l’Eurovision…
Le lendemain j’ai réitéré cet appel sur iTélé.
Sans qu’il rencontre plus d’écoute.
Le soutien, que je salue, de mon collègue Arnaud Robinet, député-maire de Reims, étant malheureusement bien isolé.
J’ai alors décidé de déposer une proposition de Résolution européenne sur le bureau de l’Assemblée Nationale, co-signée par plusieurs collègues de droite et de gauche.
Alors que la cérémonie au Panthéon honorait la mémoire de grands résistants, je soulignais qu’ils devaient nous servir d’exemple aujourd’hui, dans un tweet vu plus de 10 000 fois :
La Résistance d’hier justement honorée au doit tracer la route de la Résistance d’aujourd’hui au

Aucune réaction politique.
J’ai alors saisi l’occasion du débat en commission de la Défense à l’Assemblée Nationale, ouvert à la presse, pour saisir le ministre de la Défense et mes collègues des autres groupes :
Le ministre manifesta son approbation, le groupe socialiste par la voie du député Joaquim Pueyo, et le groupe UDI par la voie du député Philippe Folliot, soutinrent mon propos.
Je soulignais d’ailleurs le désengagement financier de l’Europe qui laisse la France seule à porter le fardeau de la défense européenne.

Et maintenant ?
Si l’Europe ne se ressaisit pas, si nous restons lâches, empêtrés dans un comportement munichois, alors ne nous étonnons pas si les citoyens s’éloignent encore un peu plus d’une Europe qui multiplie les tracasseries mais est aux abonnés absents quand se joue la survie de notre civilisation et l’avenir des citoyens eux-mêmes.
Si vous attendez des élus de toute l’Europe qu’ils engagent enfin nos armées contre l’Etat Islamique (EI), signez mon appel.

Frédéric Lefebvre




E) FRÉDÉRIC LEFEBVRE : « Le gouvernement a pris pour cible les Français de l’étranger »

LE COURRIER DE FLORIDE : A quoi imputez-vous ce changement dans l’opinion des Français d’Amérique du Nord qui avaient choisi une Socialiste il y a 1 an, et vous aujourd’hui ?
Frédéric LEFEBVRE : Une élection c’est toujours une nouvelle campagne, différente. Depuis plus d’un an, je sillonne la circonscription, à la rencontre des Français, au cœur de leurs préoccupations. Ils ont compris que j’avais à cœur de les représenter, de les défendre, que j’étais entendu dans ma famille politique et que j’avais la chance d’être invité par les médias à m’exprimer. Les Français ici ont une vision, une expérience qui est une chance pour la France au XXI eme siècle. Je veux rétablir la vérité sur nos compatriotes qui sont si souvent caricaturés et en conséquence ciblés.
Un an après l’élection de François Hollande, les Français se sont aperçus que lors de ma première campagne je n’avais pas brandis des risques imaginaires et qu’ils éteint bel et bien devenus des boucs émissaires de la crise.
Le gouvernement actuel a mis un coup de canif dans la convention de non-double imposition avec la CSG appliquée aux plus values immobilières et a pris pour cible les Français établis hors de France, sur la fiscalité ou l’éducation.
Et puis les Français en Amérique du Nord aiment leur pays et s’inquiètent de l’absence de cap, de stratégie au plus haut niveau de l’Etat. Il veulent une alternative, un nouvel espoir.   J’ai maintenant une obligation de réussite. Les amendements que j’ai déposé durant les premiers quinze jours de mon mandat illustrent une nouvelle politique, une nouvelle méthode de Gouvernance. Certains d’entre eux ont été adoptés avec le soutien de députés socialistes ou écologistes, parfois contre l’avis du Gouvernement, parfois avec son assentiment. D’autres contribuent a dessiner un projet pour l’avenir.
Enfin, trois mois et demi, 7 jours sur 7 à la rencontre de ces Français audacieux, à leur écoute, déterminé à les défendre…  peut être que cela a fait la différence.
LE C.D.F : Dans France-Amérique, Guy Sorman commente durement votre élection : « Les Français d’Amérique du Nord dans cette élection ont été traités comme une colonie », dit-il en synthèse, parlant de « fiasco pour la démocratie ». Que lui répondez-vous ?
F.L : J’ai refusé d’entrer dans les polémiques tout au long de cette campagne, ce n’est pas pour le faire maintenant.
L’heure après une élection est à l’action et au rassemblement. Les Français de cette circonscription peuvent depuis 2008, grâce à cette belle idée de Nicolas Sarkozy, élire un député. Cette représentation est importante pour eux. Les attentes sont immenses et il faut resserrer les liens entre la France et les Français d’ici. Les Français établis hors de France peuvent apporter des idées nouvelles pour la France. ils doivent être des boussoles dans la mondialisation. L’énergie, l’audace et la diversité des parcours doivent inspirer en France. Notre pays en a tant besoin. Il faut changer les mentalités.
Quant à l’abstention, n’oublions pas que même pour l’élection présidentielle il n’y avait qu’à peine 40% de votants. Que cette élection législative est inédite. Enfin, une élection partielle c’est toujours une mobilisation plus faible.
Nous avons fait quasiment deux fois mieux que dans la 8ème circonscription( Israël, Italie, Chypre).
Par rapport à l’élection générale d’il y à 1 an la participation a reculé de 25%. C’est beaucoup… mais c’est beaucoup moins que dans les élections partielles en métropole ou le recul dépasse parfois les 50% !
D’ailleurs, nous avons eu plus de 21000 votants, alors qu’en métropole la moyenne à ces élections partielles depuis septembre s’échelonne entre 17000 et 35000 votants.
C’est d’autant plus notable, qu’on ne peut pas dire que le vote ait été sans obstacles. Mémorial day, un vote internet qui n’était pas sans problèmes, des radiations sur les listes, etc…

LE C.D.F : Vous représentez désormais un demi-million d’électeurs sur un très vaste territoire, n’est-ce pas beaucoup comparé à un député de la Creuse ?
F.L : Notre circonscription est effectivement immense, plus de 40 fois la France, près de 200 000 inscrits aux Consulats, probablement plus d’un demi million de Français établis ici.  Et chaque jour la communauté grandit. A cet effet, j’ai décidé de bâtir une association, L’Âme Nord. Elle sera un relais permanent sur le terrain. Elle va se déployer dans toutes les zones où les Français sont présents. Cette équipe de France va travailler pour les Français sur l’éducation, la santé, la fiscalité, les retraites, les démarches administratives, les réseaux économiques.
Avec l’Âme Nord, je veux ressouder la diaspora et créer du lien social.
Je vais me démultiplier dans la circonscription. Je serai physiquement présent pour des permanences, je ferai des visio-conférences et  j’ai besoin de ce réseau qui va rapprocher les Français sur tout le territoire et permettre enfin un véritable partage d’expérience.
LE C.D.F : Quelles vont être les priorités du nouveau député ?
F.L : Ma toute première priorité est de rétablir la vérité sur ces Français établis loin de l’Hexagone. Faire comprendre qu’ils ne sont pas de riches exilés fiscaux qui ne veulent pas payer d’impôts et qui ont abandonné la France. Car c’est cette fausse image véhiculée qui nourrit des projets hostiles à la communauté française expatriée. C’est le passage obligé pour pouvoir  défendre  chacun sur le plan fiscal et pour permettre à notre pays d’investir dans l’éducation de la jeunesse française ici.
Je ne serai pas le député de l’opposition systématique mais je veux mettre ma créativité et mon esprit d’ouverture au service d’une politique plus juste pour nos compatriotes.



 
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