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décembre 26, 2025

Comme si le monde occidental était l'ignoble monstre blanc de l'esclavage ! Histoire !

L'Occident doit-il sa puissance à l'esclavage et à l'exploitation coloniale ? 
 
 Une lecture globale de l'histoire se répand depuis longtemps à travers le monde ; elle prend de l'ampleur chaque jour. Elle se présente comme une explication globale de tous les problèmes actuels et fait de l'Occident le responsable de tous les malheurs des peuples du monde. 
 
Selon cette interprétation, l'Occident ne serait pas devenu la puissance dominante de la planète s'il n'avait pas pillé les matières premières et le travail des autres peuples. Sa richesse aurait commencé avec les épices d'Asie et l'or d'Amérique, puis le coton d'Inde et d'Amérique, et enfin les combustibles fossiles du Moyen-Orient. Cela aurait été impossible sans l'exploitation d'une main-d'œuvre libre, les esclaves, mis au service de l'Espagne, du Portugal, des Pays-Bas, de la France, de la Grande-Bretagne et des États-Unis. Selon les tenants de cette théorie, le discours occidental qui explique l'abondance des pays par les valeurs de liberté et de droits de l'homme est une falsification, fruit d'une hypocrisie visant à masquer la réalité du pillage et à imposer un discours autoproclamé d'universalité, ne servant que ses propres intérêts. 
 
 
 
 Par conséquent, affirment-ils, les Occidentaux (et plus précisément les hommes blancs dominants) ne peuvent, après les avoir exploités et pillés, interdire aux peuples du monde, qui furent leurs esclaves, de bénéficier à leur tour des fruits de la croissance. Ils doivent donc réparer leurs torts, restituer tout ce qu'ils ont pris aux autres peuples, céder la place et renoncer à prétendre que leurs valeurs sont universelles. 
 
 Selon cette perspective, les pays du Sud doivent s'unir, quels que soient leurs régimes politiques, pour revendiquer ce qui leur est dû ; ils ne doivent pas se laisser contraindre par l'Occident à réduire leur consommation d'énergies fossiles, condition de leur croissance, sous prétexte de problèmes écologiques dont l'Occident serait la seule cause. Il ne s'agit pas non plus d'imposer des valeurs telles que celles de la démocratie ou de la laïcité, qui ne seraient que des masques de l'idéologie blanche. 
 
 La force de ce discours réside dans sa cohérence : il explique tout. Il donne sens au combat des « damnés de la Terre » évoqué par Franz Fanon dans son dernier ouvrage, publié en 1961, dont la préface, dans laquelle Jean-Paul Sartre justifiait les attaques contre les civils (« Tuer un Européen, c'est faire d'une pierre deux coups : éliminer à la fois l'oppresseur et l'opprimé »). Ce discours éclaire notamment le conflit au Moyen-Orient qui opposerait les peuples colonisés à une entité occidentale artificielle, imposée dans une région où elle n'a rien à faire. De même, il conduit à l'idée que, dans les pays occidentaux, les descendants d'esclaves et les migrants originaires de ces pays devraient recouvrer les richesses volées à leurs ancêtres et ne pas se voir imposer des valeurs qui ne sont pas les leurs. Naturellement, certains en viennent également à assimiler le féminisme et l'anticolonialisme. 
 
 
 
Mais ici, comme pour toute théorie de la mondialisation, une grande partie de ce qui précède est fausse : l’esclavage n’est ni une invention ni un monopole de l’Occident moderne. Il existait dans toutes les sociétés antérieures : en Égypte, en Inde, en Mésopotamie, en Chine, en Afrique, en Amérique précolombienne. Historiquement, de nombreux peuples ont considéré que leurs voisins ne méritaient rien d’autre que d’être traités comme des esclaves. De nombreux marchands achetaient, transportaient et vendaient des esclaves bien avant l’arrivée des Européens. De nombreux peuples ont pillé les ressources d’autrui. Par ailleurs, l’abondance des ressources naturelles et l’esclavage ne sont pas les véritables moteurs du décollage économique de l’Occident ; au contraire : lorsque les ressources et la main-d’œuvre sont gratuites, personne n’est incité à innover. Et c’est précisément de la prise de conscience du manque que naissent l’innovation et le développement. Ce sont aussi les villes dans le besoin, comme Bruges, Venise ou Amsterdam, qui furent les premiers foyers de développement de l’individualisme, des libertés individuelles, de l’État de droit et de l’espoir du bien-être de chacun.
 
Nous devons donc franchir un cap décisif et reconnaître que nul n'est innocent et que nous ne bâtirons pas une humanité heureuse sur la haine, mais sur la reconnaissance du passé barbare de chacun de nos peuples et sur notre engagement à y mettre fin, dans le respect d'autrui. 
 
 Jacques ATTALI
j@attali.com
Jacques Attali est docteur en sciences économiques, diplômé de l'École Polytechnique et conseiller d'État. Conseiller spécial du président français François Mitterrand pendant dix ans, il est le fondateur de quatre institutions internationales : Action contre la Faim, Eureka, la BERD et Positive Planet. Jacques Attali est l'auteur de 86 ouvrages (dont plus de 30 consacrés à la prospective), vendus à plus de 10 millions d'exemplaires et traduits en 22 langues. Il est chroniqueur pour les quotidiens économiques Les Echos et Nikkei, après avoir également collaboré avec L'Express. Jacques Attali dirige régulièrement des orchestres à travers le monde.
 

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septembre 07, 2025

Opinion avec Charles Rojzman ?

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La « Palestine » est un mirage où se concentrent les nostalgies et les humiliations d’un islam qui n’a jamais cessé de se rêver empire.
 
Elle figure l’ombre portée d’une grandeur perdue, d’un âge où l’histoire semblait offrir à cette religion, jugée par ses fidèles comme la dernière, la meilleure, la plus parfaite, la souveraineté sur les hommes et sur le monde. 
 
 Le conflit israélo-arabe n’est pas seulement une lutte de frontières : il est une plaie ouverte dans l’âme musulmane, chaque musulman vivant la victoire d’Israël comme le miroir de sa propre défaite, chaque échec arabe comme un rappel de la disgrâce. À la domination passée de l’Occident chrétien s’ajoute la réussite éclatante d’un peuple que l’on rêvait condamné à l’infériorité : double humiliation, sur laquelle se greffent les fantasmes de l’apartheid et les cris de l’oppression.
 
Car il y a un gouffre entre les promesses du Livre et la réalité quotidienne : un Allah qui a promis le règne et la justice, et des régimes arabes qui s’enlisent dans la corruption, la pauvreté, la guerre civile, l’exil massif de leurs propres enfants. Ce gouffre engendre jalousie, ressentiment, paranoïa.
 
Le Palestinien de Gaza ou du Liban, l’immigré de Tunis ou de Saint-Denis, tous se vivent comme des victimes d’un complot permanent, d’une hostilité implacable. Et cette victimisation se transmue en une exaltation du djihad, en une sacralisation de la haine, en une ivresse morbide où l’on croit reconquérir sa dignité en versant le sang.
 

 
 Mais ce sang ne lave rien. Il ne comble pas la béance intérieure d’un monde incapable d’accepter sa faillite, d’un homme qui refuse de se regarder en face. Au lieu de s’aimer dans ses limites, au lieu de consentir à l’imperfection qui est la loi de toute créature, le musulman est maintenu dans l’illusion d’un absolu qui l’empoisonne : Dieu lui dicte qui est aimé et qui ne l’est pas, qui mérite de vivre et qui doit disparaître. L’amour de soi, seul remède, est alors impossible : la haine des autres occupe toute la scène.
 

 
 Et derrière ce théâtre de l’absolu se cache un désespoir nu : celui d’un islam qui ne supporte pas de n’être plus empire, et qui préfère rêver sa grandeur perdue plutôt que de bâtir une vie commune avec ses propres failles. La « Palestine » n’est alors rien d’autre que ce rêve éveillé : un drapeau troué planté sur le tombeau d’une civilisation qui se refuse à son deuil.

 

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