janvier 04, 2016

Mais où passe l'argent des français ?

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.



Sommaire:

A) Formation continue: où passe l'argent? - Par Dupuy Georges et Vendeuil Richard - L'Express

B) Pauvre contribuable français… Eric Brunet - Valeurs actuelles

C) Notes de taxi : Agnès Saal exclue de la fonction publique - http://www.franceinter.fr

D) Emploi: le tour de passe-passe de Hollande sur la formation - Par Florian Fayolle - Challenges

E) La France, vice-championne du monde des taxes - le Figaro via trop d'impôt.com de Contribuables associés




A) Formation continue: où passe l'argent?

Sur 110 milliards par an, il s'en évaporerait 15 ou 20. Magouilles" Oui, mais aussi mauvaise gestion. La loi doit y remédier. Enfin!


Pas la peine de souhaiter une bonne année aux chasseurs de scalps des services de contrôle de la formation professionnelle. 1994 a démarré en fanfare. Avec, dans le Tarn, la découverte d'une escroquerie aux contrats de qualification portant sur près de 2 millions de francs. Jeunes terrorisés, formateurs bidon, faux justificatifs de présence et mise en scène: presque un cas d'école. Cette belle affaire durait depuis un an et demi. Avec la complicité active d'un chef d'entreprise.

De quoi alimenter les fantas
mes de ceux qui ne voient dans la formation professionnelle qu'une énorme usine à gaz doublée d'un gigantesque fromage livré à toutes les cupidités. Un ensemble de terrains de rapines, de zones franches et de baronnies incontrôlables. Même les plus pondérés s'interrogent. Christian Cambon, vice-président du conseil régional d'Ile-de-France, est perplexe: «C'est fou! Quand on connaît les sommes qui sont versées dans l'entonnoir et ce qui en sort, on se dit qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas vraiment rond.» Et l'auteur de «La Bataille de l'apprentissage» (éditions Descartes et Cie) de dénoncer l'inadaptation d'un système grand dévoreur de crédits, mais incapable de réduire le chômage des jeunes.

Finies les années fastes, bonjour la crise! «Alors que tout le monde fait des efforts de gestion, pourquoi la formation professionnelle ne surveillerait-elle pas ses coûts?» s'interroge le cabinet de Michel Giraud, ministre du Travail, dont la loi quinquennale sur l'emploi contient quelques mesures diététiques. Place, donc, à la productivité et au retour sur investissement. Avec, en fond de tableau, la lancinante question, hurlée ou murmurée: «Mais où passe donc l'argent?»

Le député CDS Claude Goasguen espère bien y apporter une réponse claire en mai prochain. Quand la commission parlementaire d'enquête sur le financement du secteur (lancée en décembre 1993) - dont il est le rapporteur - aura déposé ses conclusions. En attendant, les députés ont consacré leurs premières réunions à se faire expliquer le B.A.-Ba financier d'un secteur bigrement complexe. Où même les spécialistes ont du mal à voir clair. Un contrôleur explique: «Parfois, nous nous attaquons à un dossier uniquement pour savoir comment cela fonctionne.» Un peu comme un bûcheron qui couperait un arbre au hasard, de-ci, de-là, pour connaître la composition d'une forêt dense.

Si seulement il n'y avait que de gros arbres... Si tout n'était que magouilles faramineuses! En France, les cas sensibles ne dépasseraient pas la quinzaine. D'ailleurs beaucoup plus vite détectés en province qu'à Paris.

Mais il y a aussi les arnaques mineures et les pratiques à la limite de la légalité - sinon illégales. Sans oublier de faire payer à leurs étudiants des frais d'inscription, certains organismes, branchés sur l'alternance, les transforment également en démarcheurs. En leur demandant de trouver eux-mêmes leur entreprise d'accueil. Alors que, légalement, le contrat de qualification est un contrat de travail à l'initiative de l'entreprise. Passe encore quand la formation suit. Ce n'est cependant pas toujours le cas. A preuve des pêcheurs en eaux troubles comme Défi formation ou France alternance, aujourd'hui dans le collimateur des pouvoirs publics. «Il faut que nous fassions nous-mêmes la police», souligne Pierre Courbebaisse, président de la commission alternance à la Fédération de la formation professionnelle.

«DES BOULONS à SERRER»

Au total, les opérations délictueuses ou litigieuses avoisineraient les 100 millions de francs par an. Mais on comprend les appétits: depuis 1971, le gâteau a sacrément grossi. Les sommes drainées par le secteur tournent autour de 110 milliards par an (dont plus de 40% incompressibles, affectés à la rémunération des stagiaires). Selon les premières estimations de Claude Goasguen, une meilleure gestion et des contrôles renforcés pourraient empêcher une «évaporation» comprise entre 15 et 20 milliards. Ce qui laisse pour le moins sceptiques la plupart des professionnels. François Escuer, chargé de mission à la Direction de la formation professionnelle, commente: «Assurément, il y a des tas de boulons à serrer pour éviter les pertes en ligne. Mais cela ne nous permettra pas de récupérer des sommes pareilles.»

Même son de cloche au CNPF. Avenue Pierre-Ier-de-Serbie, à Paris, le patronat joue les vertueux. Certes, les services de contrôle ont vu se raréfier les plans de formation folkloriques, incluant des séances de remotivation psychologique par la descente du Zambèze en radeau ou de développement personnel grâce aux vertus du vaudou. Mais chacun connaît des sociétés où, comme à l'armée, il faut absolument épuiser le budget, de peur qu'il ne soit pas reconduit.

La tentation de tricher est aussi plus grande en ces temps de vaches maigres. D'aucuns ne doutent vraiment de rien. Ainsi ce patron de PME qui avait fait passer sur son plan de formation ses frais personnels de pressing et le sponsoring de l'équipe de football locale. Le plus souvent, cependant, la triche est mineure. Quasi pour le principe. Comme imputer au budget la nourriture, le transport et l'hébergement d'employés formés sur place, ou déclarer deux fois les investissements de formation. Une broutille. De fait, les sommes récupérées par le Trésor public sont plutôt minces: de l'ordre de 1 million de francs en Franche-Comté. Ce n'est pas avec cela que Claude Goasguen améliorera son ordinaire.

Non! L'ami de Charles Millon, député UDF du Rhône et grand chantre de la régionalisation, entend faire ses choux gras dans d'autres secteurs: ceux des organismes intermédiaires agréés. Vaste programme! Depuis plus de vingt ans, parallèlement à la mise en place des plans de formation, des programmes d'insertion, des schémas d'adaptation et des filières de l'alternance, les sources de financement se sont multipliées. Et avec elles les structures chargées de la collecte des fonds. Fruits de l'Histoire ou des luttes pour le pouvoir. Paritaires pour la plupart, c'est-à-dire gérées en commun par les organisations patronales et les syndicats d'employés. En 1994, entre les FAF (voir ci-dessous), les Asfo, les OMA, les OCA et autres Opacif, elles dépasseraient ainsi le demi-millier.

L'ennui est qu'au fil des années ces organismes ont constitué un système souvent opaque. Parfois managé par une bureaucratie plus soucieuse d'assurer sa pérennité que de répondre à sa vocation première: l'essor de la formation professionnelle. Il suffit de considérer le poids des structures. «Presque chaque fois qu'un organisme s'est développé, il a jugé nécessaire de grossir son personnel et ses moyens», analyse Michel Jeannin, responsable du service de contrôle de Franche-Comté. En écho, un homme du sérail, soucieux d'anonymat, confie: «Toutes les chambres de commerce ont l'immobilier dans le sang. Et en plus il n'y a aucun contrôle interne assurant la transparence des mouvements de fonds.» D'autant que, pour mieux couvrir le terrain, les collecteurs ont fait des petits jusqu'à l'échelon départemental. En passant aussi des accords (rémunérés) avec des sous-traitants. Un maillage qui n'est évidemment pas pour réduire les coûts.

Enfoncés, les plafonds légaux des frais de fonctionnement. Un rapport confidentiel de l'Igas (Inspection générale des affaires sociales) et de l'IGF (Inspection générale des finances) souligne qu'en 1990 le fonctionnement représentait en moyenne entre 11 et 13,5% des sommes collectées. Mais la palme du mauvais élève revient - sans doute - au Comité central de coordination de l'apprentissage du bâtiment et des travaux publics, qui, en 1991, a englouti en frais de structures près du tiers des fonds qu'il avait réunis.


«GÉRER À LA PAPA»

Tant d'argent bien au chaud, sans contrôle a priori: si la majorité des responsables des organismes de collecte sont irréprochables, quelques-uns ont succombé aux charmes pernicieux des pleins pouvoirs et d'une certaine impunité. Les exemples ne manquent pas. Dans le Sud-Est, tous les hôteliers parlent de ce directeur du Fafih (Fonds d'assurance formation de l'industrie hôtelière) surnommé «Sa Splendeur» pour ses manières autocratiques. En région parisienne, c'est cet organisme mutualisateur qui refuse de financer des contrats de qualification dans le secteur du pressing quand le chef d'entreprise traite avec des formateurs qui ne lui conviennent pas. Last but not least, en haute Alsace, dans un FAF de Mulhouse, un bureau restreint prend toutes les décisions, en réduisant le conseil d'administration au rôle de chambre d'enregistrement. «Il nous faut parfois rappeler aux directeurs de FAF qu'ils sont une force de proposition et non de décision», observe un inspecteur de la formation en Languedoc-Roussillon.

Pas étonnant, dès lors, que les enquêteurs de l'Igas et de l'IGF jugent assez durement le petit monde des organismes collecteurs. En dénonçant, pêle-mêle, dans le jargon qui leur est propre, un «système complexe et peu lisible», doté d'un «grand confort de gestion». Ecoutez aussi la Cour des comptes: «L'aisance financière de certains FAF est telle que, pour la diminuer, plusieurs chambres des métiers leur imputent des dépenses qui n'ont rien à voir avec la formation.» Christiane Bressaut, responsable de la formation professionnelle à la CFDT, analyse: «Le paritarisme n'est pas en cause. Notre grand tort a été de nous contenter de gérer à la papa.»

«A la papy», disent les mauvaises langues. Certes, il convient de provisionner pour parer à l'imprévu. Surtout quand on a affaire à l'Etat, prompt à modifier ses engagements d'une année sur l'autre. Mais de là à thésauriser à tout va! Ainsi, le Fnic (Fonds national interconsulaire de compensation), créé en 1980 pour développer l'apprentissage artisanal, était mollement étendu - jusqu'il y a peu - sur un matelas équivalant à un an de rentrées. Autre exemple relevé par l'Igas: celui de l'Iferp (Institut de formation pour les entreprises de la région parisienne), dont la trésorerie est passée de 393 à 518 millions de francs de 1989 à 1990. Et, pour compliquer le tout, aux provisions viennent parfois s'ajouter les fonds de l'alternance qui n'ont pas été dépensés et qui, légalement, auraient dû être reversés. Tout cela intéresse vivement la commission Goasguen. De fait, ce seraient de 7 à 10 milliards de francs qui dormiraient ainsi dans les trésoreries. Improductifs la plupart du temps: «Le suivi des placements sur fiches cartonnées et le maintien d'avoirs non rémunérés sur des comptes à vue sont les deux traductions les plus visibles du peu de soin apporté à l'optimisation de la trésorerie», stigmatisent l'Igas et l'IGF.

Plus grave, estime le rapport: focalisés sur l'épargne, les organismes collecteurs n'accomplissent pas leur mission de régulation du marché. Quand ils ne sont pas liés financièrement à des sociétés de formation. Ce qui se traduit par une confusion des genres peu propice à la transparence. Des organisations comme l'UIMM (Union des industries métallurgiques et minières) ou les chambres consulaires sont-elles entièrement libres de leurs décisions quand elles doivent également faire vivre leur appareil de formation? Sans parler ici des cas extrêmes: «Il y en a quelques-uns qui veulent à la fois le beurre, l'argent du beurre, le pot au lait et la laitière», ironise Roger Fayard, secrétaire général de l'Agefos-PME de Franche-Comté. Epinglé par la Cour des comptes, le centre du Moulin des îles, dans la mouvance de la chambre des métiers des Deux-Sèvres, dont le directeur passait des accords avec des sociétés ou des associations contrôlées ou dirigées par ses fils. Sans mise en concurrence.

Reste que, d'une manière ou d'une autre, les coûts de la formation pourraient être mieux surveillés. Sinon maîtrisés. Un bon tiers des professionnels d'entreprise interrogés par l'Institut de commerce de Nancy ne sont pas satisfaits du rapport qualité/prix des organismes de formation. Une majorité d'entre eux en déplorent l'incompétence et le peu d'éthique. Principale critique: ils «cherchent à vendre un produit et ne se soucient plus des stagiaires après». Mais comment réguler? Comment savoir qu'un stage technologique vaut bien ses 100 F de l'heure? Certes, les services de contrôle débusqueront toujours les escroqueries majeures. Il leur faudrait cependant quadrupler leurs effectifs pour s'attaquer à un secteur qui brille, lui aussi, par sa diversité et son opacité. Et demain, avec la régionalisation? «Qui contrôlerons-nous? Et comment un président de conseil régional résistera-t-il aux pressions d'un maire ami qui lui vantera les mérites de telle ou telle formation sous prétexte qu'on est mieux en stage que dans la rue?» se demande un inspecteur.

«MAINS PROPRES»

Pas de doute: la commission Goasguen a du pain sur la planche. A moins que ses conclusions n'arrivent trop tard. En effet, la loi quinquennale de Michel Giraud prévoit notamment la mise en place d'un plan comptable et un renforcement des contrôles. Ceux-ci sont déjà en oeuvre. En 1993, les redressements opérés sur les organismes collecteurs se sont élevés à 59 millions de francs. Soit le double des montants récupérés en 1992. Mais le plat de résistance de la loi Giraud porte sur la réorganisation des structures de collecte: celles-ci ne seront plus agréées qu'au niveau régional, interrégional ou national. Et encore, seulement lorsqu'elles auront fait la preuve de leur capacité financière à exercer leur mission.

De leur côté, désireux de récupérer la mise, les élus locaux devraient se présenter comme la seule force capable d'arbitrage. La bataille sera rude. De fait, les syndicats craignent que l'opération «Mains propres» lancée sur le secteur ne débouche sur une remise en question radicale du paritarisme. Ce dont ils ne veulent pas. Pas plus que le gouvernement ou le CNPF, qui vient de réclamer l'ouverture d'une grande négociation. Histoire de préserver l'un des piliers de la paix sociale. Et d'éviter les formations de... combat. 

Le groupe ICN (Institut commercial de Nancy) a réalisé auprès de 108 responsables de la formation en entreprise une enquête sur l'évolution de leur fonction. Ses conclusions seront présentées au cours d'un débat organisé à Paris avec le concours de L'Express, le 3 février 1994, à 18 heures.

Renseignements: Sofy Mulle. Tél.: (16) 83.39.64.50. 

Par Dupuy Georges et Vendeuil Richard, publié le 20/01/1994

GLOSSAIRE
Une nébuleuse d'environ 500 organismes intermédiaires participe au marché de la formation. Regroupé sous l'appellation d'organismes paritaires agréés (OPA), cet ensemble gère quelque 16 milliards de francs de collectes par an. 

A pour Asfo, ou association de formation. Emanation de groupements patronaux, ces «banquiers», collecteurs de fonds, interviennent aussi comme prestataires de services, voire comme conseils, et constituent un réseau de 150 entités proches du terrain. Avec leurs 4 000 permanents et 5 000 vacataires, les Asfo réalisent un chiffre d'affaires de l'ordre de 2 milliards de francs. Particularité: elles sont parfois OMA (voir ce mot) et collectent les sommes relatives au financement des contrats de qualification. 

F pour FAF, ou fonds d'assurance formation. Institutions paritaires gérées par les partenaires sociaux. Plus de 365 000 entreprises adhèrent à ce système de gestion des fonds (l'adhésion aux FAF dits «de branche professionnelle» est parfois obligatoire du fait des conventions collectives). Au total, ce sont 3,5 milliards de francs de cotisations versées pour assurer la mise en place et le financement des plans de formation des entreprises. Un FAF peut également être agréé comme OMA ou comme Opacif (voir ce mot). 

O pour OMA, ou organisme de mutualisation agréé. Plus de 200 (dont 143 ayant une assise régionale). Ils reçoivent les fonds versés par les employeurs au titre du 0,4% consacré au financement des contrats d'insertion en alternance. 

O pour Opacif, ou organisme paritaire agréé au titre du congé individuel de formation. Au nombre de 67, ces entités gèrent quelque 30 000 demandes pour des stages de longue durée (souvent plus de mille deux cents heures), dont les deux tiers conduisent à un diplôme ou à un titre homologué.



B) Pauvre contribuable français…

Depuis le baptême de Clovis, jamais les Français n’ont payé autant d’impôts qu’en 2014. Quoi qu’en dise Hollande, Bercy vient encore d’augmenter ses recettes fiscales. Ces dernières atteignent désormais 45,2 % du PIB ! Pharaonique ! C’est un rapport très précis de l’OCDE qui nous apprend officiellement la nouvelle. En matière d’impôt, la France arrive donc en deuxième position juste derrière le Danemark. Et même si les socialistes essaient de camoufler cette mauvaise nouvelle, l’OCDE est claire : les recettes fiscales françaises ont augmenté, en 2014, de 0,2 % du PIB. La pression fiscale française se situe donc plus de 10 points au-dessus de la moyenne des pays riches (34,4 %) !

La fiscalité sous toutes ses formes est le véritable cancer de la France. Elle étouffe les ménages, écrase les PME. Il faut bien financer l’État providence ! Mais jusqu’où ? Les Français, qui ne constituent que moins de 1 % de la population mondiale, payent à eux seuls plus de 6 % des dépenses sociales de la planète : 700 milliards d’euros ! Les cotisations sociales aspirent à elles seules 40 % de nos impôts. C’est bien au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE (26,1 %). Certes, en France, les recettes combinées de l’impôt sur le revenu et de l’impôt sur les sociétés (24,2 %) sont inférieures à la moyenne (33,7 %). Mais c’est un trompe-l’oeil, car, chez nous, les taux d’imposition demeurent élevés. Selon l’OCDE, ce défaut de ressources s’explique par les multiples niches fiscales solidement implantées en France.

Aujourd’hui, on mesure à quel point les marottes de la gauche ont coûté aux contribuables français. Prenons l’exemple des emplois aidés… Certains, y compris au gouvernement, continuent à prétendre que l’emploi public constitue une solution face au chômage. Absurdissime ! On sait aujourd’hui que la création de 10 emplois publics détruit environ 15 emplois privés et augmente le nombre de chômeurs de 3. On sait également que le développement de l’emploi public est une des causes de l’accroissement du chômage. Tant d’études ont été faites sur le sujet (y compris par des chercheurs français)… À croire qu’elles ne sont jamais parvenues Rue de Solferino. L’OCDE nous apprend aussi qu’en matière d’impôt, l’Allemagne distance la France. Non seulement la charge fiscale est moindre outre-Rhin, mais l’écart s’est creusé au fil des décennies. En 2014, les recettes fiscales allemandes se sont établies à 36,1 %, du PIB contre 36,5 % en 2013. La pression fiscale allemande se situe donc 9 points sous le niveau français.

Pourtant, les Allemands disposent d’un système de soins envié dans le monde entier, de services publics performants, d’une protection sociale de bon niveau, d’un dispositif d’indemnisation chômage performant. À bien y réfléchir, le contribuable français devrait être un peu plus regardant…


 C) Notes de taxi : Agnès Saal exclue de la fonction publique
Agnès Saal, ex-patronne de l'INA, a été exclue de la fonction publique pour deux ans, dont six mois fermes. Agnès Saal avait dépensé 40.000 euros en frais de taxi sur le compte de l'INA. Cette sanction administrative a été décidée par le président de la République



Agnès Saal avait démissionné de l'Institut National de l'Audiovisuel (INA) en avril 2015 quand l'affaire avait éclaté. Depuis, elle fait l'objet de deux enquêtes ouvertes par les parquets de Créteil et de Paris, sur ces 40.000 euros de frais de taxi quand elle présidait l'INA et sur 38.000 euros de notes de frais quand elle dirigeait le Centre Georges-Pompidou. Elle faisait aussi l'objet d'une procédure disciplinaire administrative qui a abouti à cette sanction d'exclusion de la fonction publique pour 2 ans dont 6 mois fermes prise par décret du chef de l'Etat.
Son fils a également bénéficié du compte taxi de l'INA
Lorsqu'elle était à la tête de l'INA, son fils aurait également utilisé le code taxi de l'INA pour un total de 6 700 euros en frais de déplacement. Cette somme a été remboursée après que l'affaire ait été révélée.
Dénoncée de manière anonyme
C'est une dénonciation anonyme auprès du ministère de la culture qui a déclenché l'enquête sur les factures de taxi d'Agnès Saal.
La ministre de la culture fleur Pellerin avait ensuite annoncé qu'Agnès saal était suspendue de son poste de directrice de l'INA et qu'elle était rétrogradée au poste de chargée de mission sur les questions de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, au sein du ministère.
 

D) Emploi: le tour de passe-passe de Hollande sur la formation

Le président a annoncé lors des voeux un plan d'urgence pour l'emploi. Principale mesure: 500.000 places de formation supplémentaires pour les chômeurs.

C’est avant tout une déclaration très politique. A un an et demi de la présidentielle de 2017, François Hollande sait que l’emploi reste le sujet qui préoccupe le plus les Français. Et ce, devant les questions de sécurité liées à la menace terroriste. D’où l'annonce, lors de ses vœux du Nouvel An, d’un nouveau "plan massif de formation des demandeurs d’emploi" orienté vers "les métiers de demain" et en tension, c’est-à-dire où les entreprises éprouvent des difficultés à recruter. En sus, l’idée est de mettre toutes les chances de son côté pour enfin voir la courbe du chômage s’inverser, condition principale de sa future candidature pour 2017.

Pour sortir de l’ornière de "l’état d’urgence économique et social", le président a donc ressorti de son chapeau le serpent de mer qu’est la formation des chômeurs. Il a ainsi promis de passer à la vitesse supérieure avec ce plan qui prévoit 500.000 places de formation. Sarkozy en 2011, soit juste avant l'élection présidentielle de 2012, avait dégainé une mesure similaire. Ce traitement social du chômage présente l’avantage de sortir de la catégorie A des demandeurs d’emploi – celle utilisée pour rendre compte des chiffres du chômage – pour les transférer vers la D, et donc d'engranger immédiatement un bénéfice statistique. Un tour de passe-passe comptable sévèrement condamné par certains experts. "Il ne sert à rien de faire de la formation pour de la formation si à la sortie il n’y pas un poste correspondant", tacle Bertrand Martinot, économiste du marché du Travail et ancien délégué général à l’Emploi et à la formation professionnelle.


Une mise en oeuvre qui s'annonce difficile

Sur le fond, le volontarisme de Hollande pourrait très vite faire pschitt... Premier écueil: la faisabilité technique. "En l’état actuel des choses, le système de formation n’est pas adapté pour produire 500.000 places supplémentaires par an. Ce chiffre absolument massif représente une augmentation de 80%", avance Bertrand Martinot. De plus, il va falloir un certain temps aux institutions pour pouvoir s’adapter et notamment Pôle emploi qui doit passer des appels d’offre publics pour sélectionner des organismes de formation. Ces derniers, eux, doivent recruter des personnes qualifiées pour les dispenser. Autre problème de taille en cette période de disette budgétaire: le financement. Les Echos annoncent un coût global de 1 milliard d’euros. Ce montant serait financé "pour moitié par l’Etat et pour le reste par les fonds de la formation professionnelle", ajoute le quotidien. Mais, cela pourrait être bien supérieur. Dans la loi de Finances de 2016, le coût de la formation des demandeurs d’emploi pour l’année 2013 avoisine les 4,4 milliards d’euros… Or cette somme correspond au financement des quelque "640.000 formations dispensées par an à des chômeurs", poursuit Bertrand Martinot. De quoi douter du chiffrage du gouvernement.

Reste l’efficacité réelle des formations proposées aux demandeurs d’emploi pour que ces derniers retrouvent un travail. Une étude de Pôle emploi évaluant le "plan de formations prioritaires", mis en place suite à la conférence sociale de 2013 et visant des chômeurs peu qualifiés, plaident en faveur d’un ciblage des formations proposées sur des métiers en tension. Selon cet organisme public, 56,9% des bénéficiaires de ce dispositif étaient en emploi six mois après la fin de leur formation et 41,8% d’entre eux avaient un job stable, c’est-à-dire en CDI ou en contrat à durée déterminée de six mois ou plus. Après une phase d’expérimentation en 2013, la mesure est montée petit à petit en puissance pour atteindre 114.500 bénéficiaires en 2014 et quelque 150.000 en 2015. Une opération plutôt réussie en somme.


E) La France, vice-championne du monde des taxes

Les recettes fiscales ont encore augmenté en 2014 dans l'Hexagone, atteignant 45,2 % du PIB, selon le nouveau rapport de l'OCDE. La France arrive en deuxième position juste derrière le Danemark.
La France s’illustre toujours par son niveau élevé de la fiscalité. Sur le podium mondial des taxes, elle récolte la médaille d’argent, l’or revenant au Danemark et le bronze à la Belgique. Les recettes fiscales françaises ont continué d’augmenter en 2014 de 0,2 %, atteignant 45,2 % du PIB, selon le dernier rapport de l’OCDE, contre une moyenne du club des pays riches à 34,4 %.

Les recettes fiscales de 2014, record depuis 1965

Après une baisse significative en 2007 et 2009, conséquence de la crise financière, la tendance est à la hausse dans la plupart des pays. Le chiffre de 2014 est le plus élevé depuis 1965, date de la première évaluation de l’organisation internationale. Deux tiers de la progression entre 2009 et 2014, souligne le rapport, viennent des recettes de l’impôt sur la consommation – surtout la TVA – ainsi que l’impôt sur le revenu et les sociétés. Sur les 34 pays de l’OCDE, 16 ont enregistré une hausses entre 2013 et 2014. Les plus fortes reviennent au Danemark (+3,3 %) et à l’Islande (+2,8 %). La charge fiscale a également progressé en Grèce, pays réputé pour l’ampleur de la fraude et de l’évasion fiscales, qui tente malgré tout de faire rentrer l’argent dans les caisses de l’État.



À l’opposé de l’Europe du Nord, de la France et de l’Italie, où la pression fiscale est la plus élevée, deux pays latino américains, le Mexique et le Chili, enregistrent les plus faibles revenus fiscaux, juste devant la Corée du Sud et les États-Unis. Et pourtant, dans le cas américain, les revenus tirés du seul impôt sur le revenu figurent dans le haut du panier. Ils pèsent 38,7 % du total des recettes fiscales – bien au dessus de la moyenne européenne (24,8 %) et aussi de la France (18,5 %).

L’écart se creuse entre la France et l’Allemagne

Comme souvent sur le front économique et de la compétitivité, l’Allemagne distance la France. Non seulement la charge fiscale est moindre outre-Rhin, mais l’écart s’est creusé au fil des décennies. En 2014, les recettes fiscales allemandes ont baissé à 36,1 %, du PIB contre 36,5 % l’année d’avant. Dans le détail, l’Allemagne récolte plus que la France sur l’impôt sur le revenu et la consommation. C’est l’inverse sur les profits des entreprises et surtout des prélèvements sociaux où la France se distingue.


Le poids de l’État providence français

En France, c’est le financement du généreux État providence qui explique le record de prélèvements obligatoires. Les cotisations sociales couvrent 40 % des recettes fiscales, bien au dessus de la moyenne OCDE (26,1 %). Alors que les recettes combinées de l’impôt sur le revenu et de l’impôt sur les sociétés (24,2 %) sont en revanche inférieures à la moyenne (33,7 %). Et ce malgré des taux élevés. Cela tient notamment aux multiples niches fiscales solidement implantées en France.

Les profits des entreprises ne rapportent à l’État que 5,7 % de ses recettes alors que le taux de l’impôt sur les sociétés (IS) ponctionne 33,3 % des bénéfices en France, un taux parmi les plus élevés. Comment expliquer une telle différence? Là encore les exemptions fiscales mais aussi les ficelles de l’optimisation fiscale dont usent et abusent les grandes entreprises. L’OCDE a lancé un plan d’attaque soutenu par l’UE et validé par le G20 pour limiter les abus.



Globalement, pour l’OCDE, les recettes fiscales issues des entreprises ne représentent que 8 % du total des recettes fiscales, contre 25 % d’impôt sur le revenu, 26 % de prélèvements sociaux et 30 % sur la consommation.

 le 3 janvier 1973 : la France perd un aspect central de sa souveraineté.

Pompidou et Giscard font passer une loi qui interdit à la Banque de France de prêter à l'Etat français. L'article 25 de la loi 73-7 du 3 janvier 1973, très court, bloque toute possibilité d'avance au trésor : 
« Le Trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l'escompte de la banque de France. » 

Ce qui signifie que la France ne peut emprunter qu'à des banques privées et doit payer des intérêts. Avant cette loi, quand l'État empruntait de l'argent, il le faisait auprès de la banque de France qui, lui appartenant, lui prêtait sans intérêt. 


La France n'a plus le droit de battre monnaie, et avec cette nouvelle loi. La souveraineté monétaire a été privatisée, abandonnée aux mains de banquiers privés. 

Dès 1974, la dette apparaît, en 1975 commence le chômage. Le système bancaire est peu à peu privatisé. La Souveraineté nationale peu à peu va passer sous la coupe des marchés financiers, sous la coupe de grandes multinationales. Aujourd'hui, en 2015, la dette dépasse 2000 milliards d'euro ! 

A quel moment nos élites ont demandé au peuple sont avis ? Jamais !


Sur Université Liberté:

En catimini l'"Élu"TaxHollande oublie les supers riches à 75% !!

Les socialistes de droite ont retrouvé leur leader charismatique: SarkoTax !! Quel bonheur !!

 

 

 

décembre 27, 2015

SÉCURITÉ/Liberté avec Pascal Salin, Alain Madelin, Aurélien Véron, David Mascré, Alexis Théas, Gil Mihaely,

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.

 
Sommaire:

A) "Le retour de l'Etat régalien sur la sécurité ne devrait pas empêcher la droite de combattre l'Etat envahissant"- Alain Madelin - Atlantico

B) "La droite française ne serait donc pas prise en étau si elle avait eu dans le passé une action libérale et aujourd'hui un discours libéral" - Pascal Salin - Atlantico

C) Ces choses fondamentales que la droite pourrait dire pour échapper au piège du hold-up sécuritaire de la gauche - Aurélien Véron, David Mascré, Alexis Théas, Gil Mihaely - Atlantico


A) "Le retour de l'Etat régalien sur la sécurité ne devrait pas empêcher la droite de combattre l'Etat envahissant"
 
Le tournant sécuritaire du gouvernement laisse la droite désemparée sur ces questions qui lui étaient jusque-là historiquement favorables. Renchérir sur les mesures prises par la gauche pour se tourner vers un État ultra-sécuritaire pourrait mener à des dérives. L'arsenal législatif étant déjà très complet, il convient d'appliquer les peines et de mettre fin aux dysfonctionnements de la justice pour prévenir de nouveaux attentats sur le sol français.

Le tournant "sécuritaire" entamé par le gouvernement en réaction aux attentats de Paris asphyxie idéologiquement la droite traditionnelle. Comment la droite pourrait-elle se démarquer de cette nouvelle ligne assumée par la gauche gouvernementale tout en respectant son ADN ?

 

Alain Madelin : La surenchère sécuritaire et l’instrumentalisation par le gouvernement du 11 janvier et des derniers attentats de Paris fait avant tout le miel du Front National en banalisant des mesures ou des propos qui pouvaient apparaître hier comme extrémistes. Au point même que l’on a vu les parlementaires du Front National refuser de voter les mesures de surveillance généralisées proposées par le gouvernement au nom de la défense des libertés publiques et se faire vertement tancer tant par la gauche que par la droite !

La droite n’a rien à gagner à ce jeu du « plus sécuritaire que moi… » et à mes yeux, elle s’honorerait même à être plus attentive dans la défense des libertés publiques. Car l’enjeu réel, ce n’est pas de renforcer toujours plus l’arsenal répressif et les postures guerrières avantageuses surtout lorsque qu’elles cherchent à masquer des réalités moins reluisantes mais d’assurer le respect tranquille et persévérant de l’autorité. Au-delà du sérieux, de la fermeté et de la compétence des autorités en charge, ceci suppose aussi que l’on répare au plus vite le maillon faible de la chaîne police-justice, à savoir l’exécution des peines que l’on adapte tant bien que mal au nombre de places disponibles dans des prisons surpeuplées et à la quasi inexistence d’institutions spécialisées pour les mineurs délinquants. Au risque de décourager la police, de donner aux citoyens le sentiment d’impunité et d’impuissance publique.


À ce retour de l’État régalien, la droite bien sûr doit ajouter le combat contre l’État envahissant ; réinventer l’État, ses missions publiques et ses fonctions sociales.

Ce que nous vivons, ce n’est pas une crise dont nous aurions à préparer la sortie mais une grande mutation de nos sociétés industrielles et de leurs superstructures politiques vers une civilisation de la connaissance. Une mutation sans doute plus importante et plus rapide plus destructrice aussi que celle qui nous a conduit de la civilisation agricole à la civilisation industrielle.

C’est dire que dans tous les domaines, il va nous falloir faire preuve de créativité et d’innovation. C’est dire aussi que nous avons besoin de liberté et de souplesse d’adaptation. Si le changement se libère d’en haut, il se mène d’en bas. Une telle mutation ne peut pas être conduite dans le clivage permanent.

Pour se donner de nouvelles règles du jeu durables, il faut savoir rassembler au-delà de son camp, surmonter les vieilles frontières politiques. Pour être concret, je me suis livré à écrire au début de cette année le programme de ce que pourrait être une telle alternance en 2017 sous la forme d’une brochure «UNIR POUR AGIR » .

Je me suis aperçu, au fil des propositions, que moi qui ai eu hier le libéralisme précoce et quelque peu provocateur, à quel point aujourd’hui ces réformes à mes yeux nécessaires peuvent apparaître pour peu qu’on en gomme quelques aspérités comme évidentes et rassembleuses.

Ce recul de l'Etat pourrait-il être consenti par la droite ? Que faîtes-vous de sa particule "bonapartiste" ?

Il est vrai que la droite a une nostalgie bonapartiste qui se marie très bien avec votre héritage jacobin et les vestiges de notre socialisme marxiste. On a vu il n’y a pas si longtemps la droite proclamer le « retour de l’État » dans tous les domaines à contre-courant d’un monde où l’exigence profonde est le retour du « laissez-nous faire ».

Il y a aussi dans cette nostalgie, pour certains, la fascination « esthétique » pour la vie politique plus flamboyante de la belle époque de la raison d’État affranchie des modernes contraintes de la démocratie et de ce qu’elles nomment péjorativement le « droit de l’hommisme ». Ah, qu’elle est belle cette « verticale du pouvoir » qu’exalte encore Vladimir Poutine !

Je rêve d’un candidat à l’élection présidentielle qui au lieu de nous dire « faites-moi confiance », dirait 

« je veux assurer l’autorité de l’État dans ses vraies fonctions, mais pour le reste je fais avant tout confiance aux citoyens et je vais libérer l’initiative, outiller la société civile pour lui permettre de résoudre depuis le bas les problèmes qui ne peuvent plus l’être d’en haut ».

 Et ceci vaut tout autant pour la vie économique et entrepreneuriale que pour la rénovation de l’État ou le domaine social.


Comment une droite inspirée par la doctrine libérale pourrait-elle aborder des problématiques comme l'immigration, le sentiment de déclin et l'identité nationale qui créent des tensions à droite ?

J’ai bien conscience que nous ne vivons pas seulement de nourritures matérielles, mais aussi de nourritures psychiques. Et que beaucoup de nos compatriotes ont le sentiment que ces nourritures psychiques celles qui favorisent notre vivre ensemble sont aujourd’hui menacées tant par les vents de la mondialisation et le patient détricotage de minorités influentes que par une immigration trop étrangère à nos règles de vie commune et pire encore souvent porteuse d’une religion l’Islam que les islamistes rendent chaque jour plus caricaturale et menaçante. Mais là encore, la bonne réponse n’est pas dans la surenchère verbale, mais dans la fermeté tranquille accompagnant une vision optimiste de la reconstruction patiente de ce vivre ensemble.

Cette reconstruction a une dimension économique essentielle. Une société sans croissance est une société désespérante qui fait craindre le déclassement. Une société sans emploi est une société qui n’intègre pas ses immigrés ou leurs descendants et qui fabrique une triste concurrence des pauvretés.

Pour ne prendre qu’un exemple, la crise de nos écoles ou de nos collèges, qui constituent trop souvent les écoles ghettos de cités ghettos, appelle que l’on sache libérer l’initiative de tous ceux qui veulent et qui peuvent créer de meilleures écoles, à commencer par les enseignants. Sachons aussi dans le domaine de la formation professionnelle utiliser les bénéfices du numérique pour créer une grande bibliothèque numérique de la formation professionnelle accessible à tous 24 heures sur 24, gratuitement, accompagné des outils d’apprentissage individuels ou collectifs en ligne comme on commence à le faire avec les MOOC pour nos universités, à la disposition des jeunes, des chômeurs en reconversion, des organismes de formation et des entreprises.

Assurément, l’abandon des couches populaires nourrit le populisme et la colère électorale, le rejet des partis de gouvernement et l’envie d’essayer « autre chose ». Ils se sentent abandonnés par une droite qui leur présente des réformes punitives et trahies par une gauche qui mène peu ou prou la même politique avec en plus un discours étonnamment dénué d’empathie pour les plus pauvres et les plus vulnérables de nos compatriotes. Tout se passe comme si aujourd’hui il suffisait de s’affirmer être « contre les riches » pour administrer la preuve qu’on est « de gauche ».

Et si la gauche s’est révélée incapable d’apporter des réponses à cette France du chômage de longue durée de la pauvreté des précaires des travailleurs pauvres et des fins de mois difficiles je fais le vœu qu’une droite libérale place ces problème au cœur de ses préoccupations et soit convaincante dans ses solutions.


Les enquêtes d'opinion montrent que les Français sont de plus en plus réceptifs aux principes du libéralisme. Parallèlement pourtant, ils semblent apprécier pouvoir trouver en l'Etat un interlocuteur qui peut les aider... L'application d'un tel programme pourrait-il être réellement porteur politiquement ?
En réalité cette adhésion libérale n’est pas si nouvelle. Chaque fois que l’on propose une réforme libérale comme une nouvelle liberté d’agir ou de choisir, on trouve au moins deux français sur trois favorables. Ceci montre là encore que les solutions libérales sont aujourd’hui des solutions de rassemblement.

Juste un autre exemple : la retraite. Pourquoi la droite rivalise-t-elle avec le patronat pour proposer de porter toujours plus tard l’âge de la retraite ? Alors que Sarkozy en avait ouvert la voie dans sa réforme nous pourrions instaurer un système de retraite à la carte plus juste et plus efficace. Autour de trois principes : on ne distribue pas chaque année plus d’argent qu’il n’y en a dans les caisses ; les retraites sont calculées en point c’est-à-dire à cotisation égale retraite égale ; chacun est libre de choisir l’âge de sa retraite. Vous pourriez alors décider de travailler plus longtemps pour augmenter votre retraite, ou moins longtemps pour partir plutôt ! Et vous pourriez compléter ce système par une incitation à une épargne retraite par capitalisation. C’est là réforme nécessaire qui a des soutiens à droite mais aussi à gauche et même chez certains partenaires sociaux comme la CFDT.

Et en matière de sécurité, comment faire la synthèse entre libertés et efficacité ?

L’efficacité en matière de sécurité n’a guère besoin de lois d’exception. On voit bien que ce qui est à l’origine des attentats est davantage une succession de dysfonctionnements de notre système judiciaire ou de renseignement plutôt qu’un déficit législatif. Il n’est pas acceptable, et au surplus il n’est pas efficace comme le disent aujourd’hui les américains dans leur critique du Patriot Act de permettre l’instauration d’un état d’espionnage généralisé ou d’un état d’urgence élargi affranchie du contrôle judiciaire des libertés publiques.

Je rappelle souvent y compris hier à quelques responsables de droite tentés par des lois liberticides cette sagesse d’un publiciste du 19e : 

« ne me dites pas ce que vous voulez faire des lois que vous allez voter, demandez-vous plutôt ce qu’à d’autres que vous, ces mêmes lois donneraient le pouvoir de faire ».
Alain Madelin

Source Atlantico



B) "La droite française ne serait donc pas prise en étau si elle avait eu dans le passé une action libérale et aujourd'hui un discours libéral"

La gauche a pris un tournant sécuritaire et quelques mesures libérales qui rendent difficile le positionnement politique de la droite. La réponse se trouve dans le libéralisme, pas assez exploité par la droite depuis Valérie Giscard d'Estaing. Ce courant de pensée adopté dans les pays anglo-saxons réduit le rôle de l'Etat pour une plus grande prospérité économique.

Le tournant "sécuritaire" entamé par le gouvernement en réaction aux attentats de Paris s'ajoute au tournant d'inspiration libérale pour asphyxier idéologiquement la droite traditionnelle, qui peine dorénavant à se positionner. Comment la droite pourrait-elle se démarquer de cette nouvelle ligne assumée par la gauche gouvernementale tout en respectant son ADN ?


Pascal Salin : Il me semble d'abord excessif de dire que François Hollande a pris, à un moment quelconque de son quinquennat, un tournant libéral. Il n'a fait qu'accroître l'interventionnisme étatique, la fiscalité, les réglementations.
Il continue constamment dans cette voie, comme le montre, par exemple, son obstination à faire voter la désastreuse loi de Marisol Touraine qui condamne à terme la médecine libérale. Et ce ne sont pas les quelques petites mesures de libéralisation adoptées sous l'inspiration d'Emmanuel Macron qui changent fondamentalement la situation. Quant au tournant "sécuritaire", il est pour le moment dans les discours, mais il reste à voir s'il sera effectivement pris (le maintien à son poste de Christiane Taubira permet d'en douter). La droite française ne serait donc pas prise en étau si elle avait eu dans le passé une action libérale et aujourd'hui un discours libéral. Malheureusement, depuis Giscard d'Estaing nous n'avons eu que des gouvernants socialistes, de droite ou de gauche. Ceci conduit d'ailleurs à souligner le caractère ambigu du terme "droite". Il me paraît utile, de ce point de vue, de se référer aux distinctions proposées par Friedrich Hayek. Selon lui, il faut distinguer les constructivistes ceux qui veulent construire la société selon leurs propres objectifs et préjugés et les libéraux, qui font confiance aux décisions individuelles. Il y a des constructivistes conservateurs, qui veulent conserver la société telle qu'elle est et des constructivistes réformateurs. Or on peut dire que la droite et la gauche françaises doivent être classées parmi les constructivistes conservateurs, en ce sens qu'elles veulent conserver le modèle socialiste dominant. Certes, on peut penser que la droite française est idéologiquement un peu plus libérale que la gauche, mais les présidences de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy n'ont fait que renforcer la nature socialiste du régime. Normalement la droite française, si elle avait réellement un ADN libéral, ne devrait avoir aucun mal à se démarquer du gouvernement actuel et elle ne devrait pas se sentir prise en étau.

Dans quelle mesure la droite actuelle gagnerait à s'inspirer davantage du libéralisme ? 

Il est évident que la droite française n'a qu'une seule issue : devenir enfin libérale. Cela serait habile politiquement puisqu'elle pourrait ainsi mieux se démarquer de la gauche. Mais ce serait surtout efficace car ce serait le seul moyen pour elle de redonner de l'espoir  à la population, de permettre un retour à la prospérité et à une France pacifiée (et donc de rester au pouvoir longtemps). Cela serait d'autant plus facile qu'il y a, semble-t-il, une prise de conscience dans l'opinion : nombreux sont ceux qui ont compris que le système actuel est à bout de souffle et que des réformes libérales importantes doivent être entreprises. Cette nouvelle orientation de la droite française aurait en même temps le mérite de la démarquer clairement du Front National. Il y a en effet, de ce point de vue, une ambiguïté supplémentaire : le Front National a un programme économique de gauche qui le rend proche d'un Mélenchon. En l'intitulant "extrême-droite" on crée de dangereuses confusions. On peut par ailleurs ajouter qu'en affirmant clairement une orientation libérale, la droite française (qui porte actuellement le nom, dépourvu de sens, de "Les républicains") pourrait facilement accueillir en son sein des "conservateurs", c'est-à-dire en l'occurrence non pas des gens qui voudraient conserver le système existant, mais des gens qui sont attachés aux valeurs traditionnelles (parmi lesquelles on peut, précisément, trouver le respect de la liberté individuelle aussi bien que "l'amour de la patrie").


Les récentes élections régionales risquent d'accroître les ambiguïtés de la vie politique française. En effet, le désir de "faire barrage au FN" devient une des priorités de la droite française et pour cela certains seraient prêts à accepter des alliances, plus ou moins explicites, avec le parti socialiste afin de constituer un "front républicain", notion totalement dépourvue de sens, d'autant plus que la République n'est pas en danger… On constituerait donc une alliance gauchisante pour lutter contre un parti dont le programme économique est d'extrême-gauche ! On invoque pour cela les "valeurs républicaines", ce qui constitue une autre notion dépourvue de sens, et on oublie tout simplement d'évoquer les "valeurs de la liberté", les seules qui mériteraient un combat politique, les seules qui permettraient par ailleurs à la droite de se démarquer à la fois des partis de gauche et du FN !


Concrètement, que ce soit dans la forme ou dans le fond, comment cela pourrait-il se traduire en vue de 2017 ? Sur quelles positions traditionnelles devrait-elle faire une croix ?

Concrètement cela devrait se traduire par une rupture considérable pratiquement avec tout ce qui existe. Il n'est pas possible, dans le cadre du présent texte, d'exposer en détail tout ce qu'il conviendrait de faire, mais il s'agirait, bien sûr, de rendre aux Français la liberté de décider pour eux-mêmes et le sens de la responsabilité. Cela implique une diminution considérable des dépenses publiques et de la fiscalité (en particulier en supprimant la progressivité des impôts et la sur-taxation du capital), de privatiser l'assurance-maladie, d'adopter la retraite par capitalisation, de s'engager dans un vaste programme de dérèglementation, etc.. Mais cela impliquerait aussi de renoncer à construire une Europe politique et centralisée et d'admettre que l'intégration européenne signifie seulement la liberté dans tous les domaines.

Pascal Salin



C) Ces choses fondamentales que la droite pourrait dire pour échapper au piège du hold-up sécuritaire de la gauche

Après le tournant de la politique de l'offre début 2014, le gouvernement n'a pas hésité à piocher dans les propositions de l'opposition en réaction aux attentats de Paris. Un aggiornamento qui empêche la droite de se différencier efficacement, et de proposer une alternative forte.

Le tournant "sécuritaire" entamé par le gouvernement en réaction aux attentats de Paris s'ajoute au tournant néo-libérale pour asphyxier idéologiquement la droite traditionnelle, qui peine à se positionner. Comment la droite pourrait-elle se démarquer de cette nouvelle ligne assumée par la gauche gouvernementale tout en respectant son ADN ?


Gil Mihaely : Même s’il est vrai qu’avec Emmanuel Macron – que je ne qualifierai toutefois pas d’ultra-libéral mais plutôt d’opportuniste-pragmatique - d’un côté et Manuel Valls de l’autre, le gouvernement propose une « offre » potentiellement intéressante pour certains électeurs du centre droit. Seul petit problème :  les résultats ne suivent pas… ni l’emploi ni la croissance ne sont pas au rendez-vous et pour ce qui concerne la sécurité, plus le temps passe plus on s’interroge sur les dix mois de « drôle de guerre » entre le 11 janvier et le 13 novembre.

Quant à la popularité de François Hollande, il faut plutôt parler d’une popularité du président de la République en temps de crise. Pas sûr que cela dure, et encore moins que cela profite à la "gauche".

Pour ce qui concerne la droite, le FN se débrouille très bien dans la situation actuelle, la question se pose donc par rapport aux Républicains. Sauf que leur problème n’est pas la troika Hollande-Macron-Valls mais plutôt celle composée de Marine-Marion-Philippot ! La seule carte à jouer pour eux me semble être celle d’engager le débat avec le FN sujet par sujet, pour tenter de se positionner comme « les adultes responsables ». Et bien sûr, puisqu’en France on ne gagne pas des élections, on les perd, il faut être bien organisé, et profiter des erreurs des autres.

Aurélien Véron : Le Gouvernement s’est enfin décidé à lancer une réponse après plusieurs tragédies qui ont émaillé 2015, du massacre de Charlie Hebdo le 6 janvier à celui du Bataclan le 13 novembre. Personne ne peut prétendre qu’un autre gouvernement aurait pu totalement éviter ces carnages. Mais notre trop grande vulnérabilité révèle qu’à la faillite de l’Etat providence, nous pouvons ajouter celle de l’Etat régalien. Il est temps de tailler dans le gras du premier pour muscler le second. L’Etat doit revenir à ses fondamentaux.

« Sécuritaire » ne signifie pas sécurité. Des lois LOPPSI 2 à la loi Renseignement, toute une série de textes ont permis l’intrusion illimitée de l’administration dans nos vies privées sans passer par un juge, prétendument pour lutter contre le terrorisme. L’échec de ces mesures – qui serviront surtout à chasser le fraudeur fiscal, bien plus dangereux aux yeux des administrations - est patent. Leur inefficacité ne pallie pas l’affaissement des services régaliens depuis une quinzaine d’années : réduction du budget de la Défense, du nombre de policiers, en plus d’un budget de la Justice trop longtemps inférieur à celui de la Culture, ce qui laisse imaginer les priorités des gouvernements successifs.

La pensée sécuritaire estime que la première des libertés, c’est la sécurité. En Corée du Nord, il n’y a ni attentats, ni cambriolages. La droite éclairée doit penser l’inverse : la première des sécurités, c’est la liberté. Elle doit penser « sécurité » et non « sécuritaire », premier palier vers les régimes totalitaires propres aux idéologies socialistes ou nationalistes. Nous ne devons pas offrir de nouvelles victoires à ceux qui veulent nous terroriser en reniant nos valeurs, à commencer par notre liberté chèrement acquise et déjà bien amochée. Plus que jamais, la droite libérale doit aider notre démocratie à chasser ses démons autoritaires et renouer avec l’état de droit. Pour limiter les dérives, chaque décision d’intrusion dans la vie privée des Français ou de privation des libertés doit être prise et assumée par des juges. Ils savent décider vite et avec sévérité lorsque c’est nécessaire, à condition que les moyens de sanction existent et soient suffisants.

Nous n’avons pas besoin d’arbitraire policier et administratif, encore moins d’un Etat d’urgence qui s’installe dans la durée et autorise tous les abus. Il nous faut une justice antiterroriste efficace – cessons les rotations forcées tous les 10 ans de juges talentueux comme Marc Trévidic – et des services de renseignement intérieur performants. La plupart des auteurs des attentats étaient fichés (voire auraient dû être incarcérés au vu de leurs antécédents judiciaires) mais, faute de moyens, n’étaient pas suivis. Les services de renseignement ont évidemment besoin de ressources bien plus importantes pour affronter cette menace intérieure.

Alexis Théas : Je pense que la droite dispose en réalité d'un boulevard devant elle qu'elle ne veut pas voir aujourd'hui. Toute la politique du gouvernement est dans une sorte de dédoublement de la personnalité. Il y a d'une part le discours, en effet tourné vers le libéralisme, la liberté d'entreprendre, et aussi désormais la sécurité, l'ordre public, l'autorité de l'Etat. Et puis il y a la réalité, les faits. L'économie française depuis 2012 a été écrasé d'impôts et de contraintes supplémentaires. Les chiffres de la sécurité et de l'immigration ont disparu, comme effacés tellement ils sont désastreux. Les dégâts sont effroyables. Il suffit de voir par exemple la Jungle dans le Pas de Calais. Comment un gouvernement peut-il avoir laisser s'accumuler des milliers de migrants clandestins, se former une zone de non droit, quasiment officialisée, reconnue par le Conseil d'Etat, dans des conditions sanitaires épouvantables, sous la coupes de passeurs criminels, et se prétendre aujourd'hui favorable à l'autorité de la loi ? La politique française est marquée depuis 2012 par un grand écart entre le discours et la réalité. Nous avons d'un côté les coups de menton, les polémiques, les postures. Et de l'autre un laisser-faire à peu près complet, en particulier sur l'immigration. Il est de la responsabilité de l'opposition de dénoncer cette divergence croissante entre la parole et le réel. La vérité devrait être le maître mot d'une alternance réussie en 2017.



David Mascré : Le drame de la droite française est que depuis de Gaulle, elle ne pense pas. Conséquence : elle tombe année après année et épisodes après épisodes dans tous les pièges tendus par la gauche socialiste. Mitterrand s’en délectait déjà  en appuyant systématiquement sur les touches qui, en divisant la droite, allaient permettre à son système de perdurer. Tout cela a déjà été parfaitement dit par Le Luron dans son spectacle de 1985 Le Luron en liberté – interdit à l’époque je le rappelle et qui depuis lors n’a jamais été diffusé à la télévision. Personne n’a osé depuis lors aller si loin dans la critique pourtant bien légitime d’un pouvoir dès cette époque adepte de la fuite en avant. Et personne à l’époque ne s’était élevé pour le défendre quand, son passage dans l'émission de Patrick Sabatier le soir du 31 décembre fut coupé au montage, au motif que l'émission était trop longue. Ulcéré et victime d'un nouveau contrôle fiscal, l'imitateur écrit une lettre ouverte au président de la République : "Cette séquence a été censurée ! [...] Il paraît cependant que ce mot ne fait pas partie de votre vocabulaire. [...] J'espère que pour le Nouvel An, vous avez donné ses étrennes à Hervé Bourges [le président de TF1], ça se fait pour les domestiques".

Dès 1981 Mitterrand savait qu’il pouvait jouer sur l’inculture de ses adversaires pour lui servir sur un plateau ce type de politique.

Ne disait-il pas en 1986 : "lorsque Chirac vient me rend visite à l’Elysée, il y monte le perron avec ses idées et en redescend avec les miennes." Le trait peut paraître humoristique mais il résume à lui seul 40 années d’impuissance et de piégeage de la droite parlementaire.

C’est d’autant plus surprenant qu’il existe à droite un très large vivier de personnes intelligentes, cultivées, profondes, lucides et créatives. Face à l’idéologie en bout de course des apparatchiks du parti socialiste, les penseurs attachés à la patrie et fidèles à l’idée d’honneur et de dévouement sont nombreux dans ce pays. Elles ne demandent qu’à servir. Encore faut-il qu’on les écoute. Et qu’on leur confie quelque responsabilité.

Dans quelle mesure cela pourrait-il être politiquement porteur ?

Gil Mihaely : L’opinion publique cherche à la fois des propositions nouvelles et de nouveaux visages. Les gens se disent « nous avons tout essayé, pourquoi pas le FN ? ». Dans le même temps, les gens aimeraient être rassurés, ils cherchent la sécurité. Le nouveau, le radicalement différent, la rupture est donc à double tranchant et les Républicains peuvent proposer une alternative à la fois séduisante et rassurante, du neuf qui ne fait pas peur au dernier moment, quand on est derrière l’isoloir et que l’on pense à ce que l’on peut encore perdre si l’on prend des risques trop importants..  

Aurélien Véron : La droite va devoir trancher entre la tentation du repli identitaire derrière des frontières érigées par un Etat dirigiste et la vision d’une société qui reprend le pouvoir sur le politique.

Outre-Manche, la « Big Society » de David Cameron s’inscrit dans cette ligne. Ce succès populaire est difficile à envisager pour les apparatchiks de la droite française, biberonnés d’étatisme à l’ENA ou dans ses sphères connexes. Ils n’ont jamais connu d’autre univers que celui de la tambouille politicienne. Les Français n’acceptent plus ce formatage déconnecté de leur réalité. La droite libérale doit s’oxygéner de talents issus du monde libre – l’entreprise – pour travailler autrement à l’élaboration d’un projet pour le pays.


Si la sécurité des Français doit revenir au cœur des missions de l’Etat, elle ne répond pas pour autant à la soif de liberté que les Français sont de plus en plus nombreux à exprimer. La droite doit se remettre très rapidement en question car la ligne d’Emmanuel Macron menace de lui voler cet idéal libéral. Pour le moment, ses idées n’ont été suivies ni par le gouvernement, ni par sa majorité. Mais il a compris que la France doit à nouveau faire rêver, donner envie de se projeter et d’investir pour l’avenir. Si deux tiers des jeunes souhaitent s’expatrier, c’est que notre modèle de plus en plus collectiviste et infantilisant plombe tous leurs espoirs. Seule une politique libérale de choc peut aujourd’hui libérer les talents et les énergies, relancer l’ascenseur social et faire à nouveau rêver à travers l’esprit d’entreprise, l’autonomie individuelle et la confiance sans laquelle il n’y a pas de fraternité possible.

Au Parti Libéral Démocrate, nous attirons majoritairement des jeunes parce qu’ils adhèrent aux notions qui nous sont chères d’autonomie, de solidarité participative, de culture collaborative, de reprise en main de notre destin, de bonheur et de responsabilité individuelle. Ce sont les fondamentaux d’un monde ouvert et confiant pour l’avenir. Ce sont les bases d’une droite qui se réinvente sur les décombres de ses échecs passés, échecs électoraux mais surtout échecs lorsqu’elle était au pouvoir.


Alexis Théas : Pour l'opposition, le retour aux fondamentaux consiste à se mettre à l'écoute de la population. On ne peut pas continuer avec le sentiment d'un clivage croissant entre les élites politiques et pe peuple. Le sondage CEVIPOF de janvier 2015 constate par exemple que 87% des Français considèrent "que les politiques ne tiennent pas compte de ce que pensent les gens comme eux". Ce constat est le signe d'une crise profonde de la démocratie. Combler ce fossé devrait être l'objectif fondamental d'un gouvernement d'alternance, son guide et sa boussole. L'idée n'est pas de faire du "populisme", comme le disent avec mépris les milieux dirigeants ou influents, mais d'accepter l'idée que les citoyens ont leur mot à dire dans un système fondé en principe sur "le pouvoir du peuple". En matière de respect des frontières, de sécurité, de maîtrise de l'immigration, d'intégration des populations d'origine étrangère, il faudra tout simplement sortir de l'incantation pour prendre les mesures concrètes qui s'imposent, par exemple, appliquer réellement les mesures de reconduites à la frontière prises envers les migrants en situation illégale et aussi reprendre la politique de négociation d'accords d'immigration avec les pays d'origine, mise en oeuvre de 2007 à 2012 pour faciliter la circulation et l'aide au développement. En matière de politique économique, il faudra mettre en place une politique de réduction massive des charges et des contraintes qui pèsent sur l'entreprise, assortie d'un calendrier précis de réalisation du 5 ans.

David Mascré : Pour qu’il y ait renouvellement encore faut il qu’il y ait retournement. Sans quoi on est dans l’éternelle application du principe du comte de Salina : "il faut que tout change pour que rien ne change."

Il y a ici similitude entre l’ordre du politique et l’ordre du théologique. Pour qu’il y ait conversion sincère, il faut d’abord qu’il y ait repentir sincère et résolution de ne plus tomber dans les mêmes errances. En l’occurrence, toutes celles qui ont contribué à précipiter la France dans l’abîme. Que je sache à droite, personne n’a jamais voulu revenir sur les erreurs ayant conduit aux défaites – désastre serait plus juste - de 1988, 1997 ou 2012 – et à la très équivoque victoire de Chirac en 2002. En politique, le retournement peut se faire de deux manières : soit par le maintien des mêmes hommes mais au service d’une politique radicalement différente (cela s’appelle faire son chemin de Damas). Soit par le changement complet des hommes et l’arrivée aux manettes d’une nouvelle génération de leaders.

Quelle que soit l’option choisie, il faudra bien définir autour de quels principes, de quels programmes, et de quelles modalités d’action rassembler les hommes composant cette majorité de droite.

Le problème est que définir l’essence de la droite est une mission quasi impossible. D’autant qu’il existe historiquement plusieurs droites. J’ai consacré plusieurs pages à cette question dans mon livre De la France. 

Disons qu’on peut sommairement résumer l’opposition droite/gauche à l’opposition Antigone/Créon. Ce sont là deux figures qui n’ont fait pour l’instant que jeter quelques pousses mais qui selon toute vraisemblance seront amenées demain à jouer un rôle absolument déterminant dans la constitution des nouveaux positionnements politiques et l’appréhension des problèmes globaux qui assaillent aujourd’hui l’humanité.

Or, ce que nous apprend sur un mode laïc le mythe d’Antigone et Créon - et cette laïcité est l’un des autres avantages de ce récit qui n’a pas besoin pour être admis d’invoquer l’appartenance préalable à l’une quelconque des religions révélées et par là, selon un schéma qu’avaient parfaitement compris les jésuites du 17ième siècle, peut servir de point de départ au rassemblement le plus large des diverses composantes du peuple français - c’est précisément de ne pas vouloir réduire l’homme à la nature (refus du naturalisme et, corrélativement, intériorisation de cette idée si chère à Blaise Pascal selon laquelle "l’homme passe infiniment l’homme"), la politique à un rite, le droit aux seules lois de la Cité. Ce que nous apprend par là même le mythe d’Antigone et Créon, c’est à ne pas confondre et identifier par principe le politique et le religieux sous peine de tomber effectivement dans une forme d’enfermement millénariste, c’est à dire dans une volonté prométhéenne d’identifier purement et simplement la cité des hommes au royaume de Dieu, dans cette forme de tentation monstrueuse qui consiste à vouloir ériger la Cité des hommes contre la Cité de Dieu ("vouloir être Dieu sans Dieu, malgré Dieu, voire contre Dieu", selon une formule qu’en leur temps saint Augustin et saint Maxime le Confesseur avaient parfaitement su employer pour caractériser en son sens le plus fort le péché originel).

La figure d’Antigone apparaît de ce point de vue comme l’une des figures clés du débat contemporain parce qu’elle se présente à nous comme une figure de la transcendance. En invoquant l’existence de lois non écrites, Antigone plaide non seulement pour le primat de l’invisible sur le visible, de l’éternel sur le temporel, mais elle se fait par là-même le témoin d’une réalité stratifiée et complexe – celle qui, par delà toutes les tentatives de récupération, de dénégation ou d’occultation, permet de protéger le plus faible et attester de l’éminente dignité du plus petit. En ce sens Antigone se présente à nous comme un témoin par excellence de la transcendance. Or, fondamentalement, pour nous, être de droite, c'est être un partisan de la transcendance.


Droite/gauche ou transcendance contre immanence
Les grands hommes qui ont marqué l’histoire de l’Europe furent des figures de la transcendance, c’est-à-dire des indissolublement des figures de la résistance et de la persévérance. Ce furent toutes des personnes qui surent s’indigner et s’insurger. Ce furent des personnes qui surent à un moment donné dire : Non ! Il existe des lois non écrites ! Des lois non écrites qui justifient le sacrifice de sa carrière, de son confort et parfois même, de sa vie. Des lois non écrites qui justifient que l’on choisisse de s'engager ou de résister. C'est là, nous semble-t-il, un point capital. Car il conduit à définir la droite non par la réaction (réaction à une gauche qui serait par essence et depuis toujours moteur de l'action et rectrice du progrès) mais par la résistance. La droite, c'est le parti de la résistance. Voilà ce qu'il faut dire, et redire, répéter à temps et à contretemps, ressasser inlassablement. Plutôt que de réaction, il faut parler de résistance : l’homme de droite c’est l’homme de la résistance : de l'acte de résistance. Nous rejoignons là une figure fondamentale qui est celle de l'intemporel. Certes une telle définition ne conviendra nullement à tous ceux, hélas aujourd'hui nombreux, qui n'ont de la politique qu'une vision à la petite semaine, qui n'y voient qu'une forme de gestion de la société. Mais une telle définition sierra à tous ceux qui voient dans la politique un moyen d’agir et de penser, en anticipant sur les menaces à venir, protégeant les plus faibles et répondant aux tragédies et aux malheurs qui s’abattent sur l’humanité.

Ceci dit, il y a une attente très forte des populations pour un vrai sursaut patriotique. Le parti socialiste, avant les attentats, ne représentait plus que 18% des votants soit 9% du corps électoral. On voit bien qu’il ne pèse plus que de manière marginale.

Après avoir été plumés, obligés d’accueillir des populations hallogènes, après avoir vu les systèmes de corruption se généraliser à tous les étages de la société française, après avoir vu dans toutes les strates de la société la fraternité se rétrécir comme peau de chagrin, après avoir vu la vraie égalité  – celle du sang versé sur le champ de bataille ; condition qui, je le rappelle est la raison pour laquelle les femmes se voyaient interdites de droit de vote jusqu’en 1945 – vidée de toute signification au profit d’un égalitarisme qui promeut les cancres et les parasites au détriment des travailleurs et des créatifs, les Français se voient retirer progressivement leur dernier bien – le plus précieux sans doute : la liberté.

Grâce à l’Europe passoire, et par ricochet à François Hollande, son fidèle séide, ils ne peuvent plus désormais ni circuler, ni se rassembler, ni s’exprimer, ni s’associer, ni communiquer librement.

Un tel état de fait ne saurait en France durer sans susciter à un moment ou à un autre une vive réaction.

On a souvent dit des Français qu’on pouvait tout leur retirer – sous–entendu le confort, la propreté, les congés payés, la retraite à 60 ans - sauf une chose : la liberté. Or cette spoliation de la liberté, c’est précisément ce qui est en train de se produire sous nos yeux depuis le Congrès de Versailles. Celui-ci a des airs de déjà vu : c’est l’attitude du Parlement le 3 juillet 1940 au lendemain de l’effrayante débâcle de juin 1940. A l’époque, on avait accepté de donner les pleins pouvoirs à un homme qui, à l’évidence, était dix coudées en dessous de la tâche historique qui lui était confiée.

La suite on s’en souvient, de Monthoire à Siegmaringen, n’a été qu’une série de gesticulations et de rodomontades. Comme aujourd’hui.

Je ne suis pas sûr que les Français l’acceptent longtemps. Et je ne crois pas qu’ils accepteront de se voir privés de ce bien plus cher à leurs yeux que la prunelle de leurs yeux : la liberté.

Concrètement, que ce soit dans la forme ou dans le fond, comment cela pourrait-il se traduire en vue de 2017 ? Quelles seraient les propositions fortes d'un tel programme ?

 

Gil Mihaely : Les Républicains font face à deux rivaux. Côté PS, l’échec est patent et pour le moment il suffit d’évoquer leur bilan, et rappeler les bonnes idées de Nicolas Sarkozy qui avait été rejetée par François Hollande en 2012, avant d’être reprises ensuite sous un autre nom. Face au FN il faut chercher les défauts de leurs qualités. Puisque le FN représente le neuf, la rupture et la « virginité » de ceux qui n’ont pas de bilan à défendre, il faut souligner le manque d’expérience, pointer du doigt les propositions qui relèvent de la logique « y’a qu’à », et la peur que suscite toujours une politique de rupture radicale avec le passé.

Beaucoup d’électeurs en France ont plus de 50 ans et le programme économique du FN pourrait leur faire peur. Ils ont de l’ épargne et des enfants à soutenir. Ils peuvent s’énerver mais ils ne sont pas du genre à prendre des risques. Autrement dit, face à la radicalité du FN, les Républicains pourraient jouer la carte du conservatisme prudent et pragmatique.



Aurélien Véron : La droite doit refonder notre modèle social autour d’un triptyque formation (initiale mais aussi tout au long de la vie), entreprise et assurances sociales, avec un Etat beaucoup moins dépensier et vorace fiscalement. La grande réforme structurelle de l’enseignement signera la fin les micro-changements centralisés au profit d’une autonomie réelle des établissements scolaires, notamment dans les choix pédagogiques, l’embauche et l’évaluation des enseignants. Elle sera complétée d’un chèque éducation destiné aux familles choisissant de nouvelles écoles libres et innovantes. Des initiatives comme Espérance Banlieues - écoles hors contrat financées par des mécènes dans les quartiers difficiles - devront être traitées loyalement par l’Etat au lieu de l’uniformisation et du nivellement par le bas de l’enseignement.

Libérer le marché de l’emploi passe aussi par l’inversion de la hiérarchie des normes en privilégiant les accords d’entreprise à un Code du travail qui reste néanmoins à réécrire pour le rendre minimaliste, rappel des principes essentiels régissant les rapports entre employeurs et employés. La concurrence doit s’étendre à tous les secteurs. La concurrence vivifiante créé des emplois et stimule l’innovation au service du consommateur. Elle doit s’étendre des transports à la santé en abattant toutes les cloisons des monopoles, professions protégées et corporations fermées. Il est tout de même incroyable de se satisfaire d’un modèle social qui nous amène aujourd’hui à 10,6 % de chômage.

Enfin, le monopole ruineux des assurances sociales a vécu. La droite doit proposer de substituer la retraite par capitalisation à un système de retraite par répartition, injuste et approchant la faillite. Si la capitalisation est bien plus rentable pour les assurés, elle contribue également à l’activité économique contrairement à la répartition stérile. De même, le système étatique d’assurance-maladie est une ineptie dans un secteur de la santé bouleversé par l’innovation et les nouvelles technologies de santé. 
Son ouverture à des assurances privées au premier euro, dans un cadre légal maintenant toutefois l’universalité de la couverture santé, est indispensable. Cette distinction entre les mécanismes assurantiels et la solidarité nationale doit revenir au cœur du discours d’une droite moderne.

Enfin, avec le recul progressif du salariat au profit de l’entreprenariat, pourquoi pas un impôt sur le revenu proportionnel – flat tax - couplé à un revenu d’existence universel en remplacement de l’ensemble des aides sociales et familiales actuelles ? Ne rêvons pas, la droite traditionnelle a encore beaucoup de chemin à parcourir pour se rénover et retrouver un peu de charme aux yeux des Français au lendemain d’une élection où elle n’emporte que 7 régions sur 13, dont 2 avec l’aide de la gauche.


Alexis Théas : Pour l'instant, nous ne voyons rien d'intéressant venir dans la perspective de 2017. Cette période électorale qui approche à grands pas est totalement dévoyée par l'obsession des présidentielles et les jeux des personnalités, Hollande Juppé, Sarkozy, Fillon, le Pen... Il y a là un véritable scandale antidémocratique. Nous avons le sentiment que le débat d'idées est interdit par la politique spectacle et la confiscation de la vie politique par une poignée de personnages autocentrés sur leurs intérêts personnels et une vanité qui confine parfois à la pathologie. L'espérance ne viendra pas d'eux. Il faut recentrer l'avenir de la politique française sur les idées et les projets. Dans une démocratie normale, face au blocage de la vie politique, il devrait être de la responsabilité d'un groupe de parlementaires de l'opposition de préparer l'alternance en engageant le chantier d'un programme de gouvernement et de réformes. Pour 2017, l'un des scénarios possible – sinon probable – est celui d'une réélection de M. Hollande se retrouvant avec une Assemblée de droite. En effet, le climat d'union nationale lié aux attentats terroristes pourrait se traduire par le maintien de ce dernier à l'Elysée, mais le pays ayant soif de changement, il pourrait élire une Assemblée majoritairement à droite, tout comme le Sénat. Il y aurait alors un basculement du pouvoir de l'Elysée vers le Parlement et Matignon. Compte tenu ce cas de figure éventuel, il appartient aux parlementaires de droites de travailler collectivement à un programme ambitieux en faisant abstraction de la guerre des chefs.

Aurélien Véron, David Mascré, Alexis Théas, Gil Mihaely




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