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novembre 17, 2025

Perspective autrichienne sur l'égalité avec Wanjiru Njoya

Le progressisme moderne repose sur la notion d'équité, c'est-à-dire l'égalité des résultats. Cependant, comme l'écrivait Ludwig von Mises, le libéralisme classique puisait ses racines dans la liberté, elle-même sous-tendue par l'égalité devant la loi. 

Wanjiru Njoya

 


 

Perspective autrichienne sur l'égalité

Ludwig von Mises soutenait que la « philosophie libérale du XIXe siècle », ou tradition classique du libéralisme, ne repose pas sur l'égalité mais sur la liberté. Il rejetait l'idée que tous les hommes soient égaux en fait ou en substance. Il considérait la notion d'égalité substantielle – ce que l'on appelle parfois égalité réelle ou véritable égalité – comme incompatible avec la liberté individuelle et comme un cheval de Troie dissimulant des projets interventionnistes coercitifs visant à égaliser tous les membres de la société. Il voyait en la liberté un élément essentiel à la coexistence pacifique et à la civilisation occidentale elle-même. Ainsi, Mises prenait au sérieux la menace que représentaient pour la paix et la prospérité les projets égalitaires par lesquels les gouvernements prétendent égaliser tous leurs citoyens. Dans son ouvrage *Le Libéralisme*, il retrace les racines de la croyance erronée en l'égalité jusqu'aux Lumières : 
 
Les libéraux du XVIIIe siècle, guidés par les idées de droit naturel et des Lumières, exigeaient pour tous l'égalité des droits politiques et civils, partant du principe que tous les hommes sont égaux… 
 
Or, rien n'est aussi mal fondé que l'affirmation de la prétendue égalité de tous les membres du genre humain. Les hommes sont fondamentalement inégaux. Même entre frères, il existe des différences marquées dans leurs attributs physiques et mentaux. La nature ne se répète jamais dans ses créations ; elle ne produit rien à la chaîne, et ses produits ne sont pas standardisés.
 
De même, Friedrich von Hayek rejeta l'idée que l'idéal libéral classique de justice repose sur l'égalité. Dans son ouvrage *Constitution of Liberty*, il affirmait que la justice devait se fonder sur la liberté individuelle, laquelle ne présuppose pas l'égalité de tous. Il soulignait : « Il ne faut pas négliger le fait que les individus sont très différents dès leur naissance… En réalité, affirmer que “tous les hommes naissent égaux” est tout simplement faux. » Murray Rothbard reprit cette idée dans *Egalitarianism as a Revolt against Nature*, soutenant qu'un monde où tous les êtres humains seraient uniformisés par la coercition et la force de l'État serait un monde à la Procuste, digne des pires romans d'horreur. Il posa la question suivante : 
 
Qu'est-ce que l'« égalité », au juste ? Ce terme a été maintes fois employé, mais peu analysé. A et B sont « égaux » s'ils sont identiques l'un à l'autre quant à un attribut donné. Ainsi, si Smith et Jones mesurent tous deux exactement six pieds, on peut dire qu’ils sont « égaux » en taille… Il n’y a donc qu’une seule et unique façon pour que deux personnes soient réellement « égales » au sens le plus strict du terme : elles doivent être identiques en tous points.
 
Pourtant, Hayek, à l'instar de Mises, défendait le principe d'égalité devant la loi. Bien qu'ils aient tous deux rejeté la notion d'égalité réelle, ils affirmaient que l'égalité formelle – ou égalité devant la loi – est essentielle à la coopération sociale dans un État de droit. Si l'égalité devant la loi ne repose pas sur une égalité de fait, sur quoi repose-t-elle ? Il peut sembler contradictoire de défendre l'égalité formelle tout en rejetant l'égalité réelle, mais, comme l'expliquait Hayek, l'égalité réelle compromet en réalité l'égalité formelle car elle ne tient pas compte de la raison même pour laquelle l'égalité formelle est importante. Dans l'idéal libéral classique, la justice était qualifiée d'aveugle, non pas parce qu'il n'existe aucune différence entre les individus, mais parce qu'elle est aveugle à ces différences. Le principe de la justice aveugle est complètement perdu lorsque l'on présume que nous ne pouvons avoir les mêmes droits que si nous sommes, en réalité, identiques, et que chacun doit être rendu identique par toutes les interventions possibles, afin de se conformer au fait que nous aspirons tous à l'égalité des droits. La justice est aveugle car c'est le meilleur moyen de maximiser la portée de la liberté individuelle. Dans le cadre d'une justice aveugle, nul n'est soumis à des obligations ou à des sanctions légales qui ne le sont pas pour les autres, du seul fait de son identité ou de ses caractéristiques personnelles. Comme l'a dit Hayek : « Rien, cependant, n'est plus préjudiciable à la revendication d'égalité de traitement que de la fonder sur une hypothèse aussi manifestement fausse que celle de l'égalité de fait de tous les hommes.» Mises et Hayek considéraient tous deux la liberté individuelle comme la seule justification de l'égalité formelle et insistaient sur le fait que l'égalité devant la loi est la seule forme d'égalité compatible avec la liberté. Dans son ouvrage *Le Libéralisme*, Mises affirmait : 
 
 « …ce que [le libéralisme] a créé, c'est seulement l'égalité devant la loi, et non l'égalité réelle. Toute la puissance humaine serait insuffisante pour rendre les hommes réellement égaux. Les hommes sont et resteront toujours inégaux… Le libéralisme n'a jamais visé plus loin.» 
 
On pourrait se demander pourquoi la loi devrait s'attacher à garantir l'égalité formelle, ou l'égalité de traitement devant la loi, si les individus ne sont pas, en réalité, égaux. Mises avançait deux raisons. La première est que la liberté individuelle est essentielle à la coopération sociale. Il soutenait que la liberté individuelle se justifie par sa contribution au bien commun, et que le libéralisme classique « a toujours eu pour objectif le bien de tous, et non celui d'un groupe particulier ». Le bien commun ne peut être atteint que par la coopération sociale, et il ne peut y avoir de coopération sociale là où les individus ne sont pas libres. Il définissait la société comme « une association de personnes œuvrant à la coopération », et cette coopération est optimale lorsque les individus sont libres de procéder à des échanges pacifiques et volontaires fondés sur la division du travail. Le bien commun, et la coopération sociale, dépendent donc de la liberté individuelle et du droit à la propriété privée. Mises considérait cela comme la distinction essentielle entre le libéralisme classique et le socialisme.
 
Le libéralisme se distingue du socialisme, qui prétend lui aussi œuvrer pour le bien de tous, non par le but qu'il poursuit, mais par les moyens qu'il choisit pour l'atteindre. 
 
La seconde raison est « le maintien de la paix sociale ». Mises soutenait que la coexistence pacifique est essentielle à la civilisation et à la prospérité, et exige que chacun jouisse des mêmes droits devant la loi. Un système juridique qui accorde des privilèges particuliers à un groupe au détriment d'un autre conduit inévitablement au ressentiment, à l'hostilité, aux conflits et, finalement, à la guerre. Mises affirmait que « les privilèges de classe [ou de groupe] doivent disparaître pour que les conflits qu'ils suscitent cessent ». De même, Rothbard soulignait que les projets égalitaires mènent inexorablement au conflit, avertissant que toute société qui vise l'égalité s'engage sur la voie de la tyrannie : « Une société égalitaire ne peut espérer atteindre ses objectifs que par des méthodes totalitaires de coercition. » 
 
 Les socialistes s'opposent à la notion libérale classique d'égalité formelle en arguant que si les hommes ne sont pas, en réalité, égaux, la loi doit, autant que possible, s'efforcer de les rendre égaux. Ils proposent d'y parvenir en abolissant les privilèges dont jouissent certains et qui ne sont pas accessibles aux autres, ou en créant des droits spécifiques pour ceux qui ne bénéficient pas des privilèges des autres, afin de compenser leurs désavantages. Mises rejetait cette notion de « privilège ». Ce qu'un homme gagne grâce à son habileté ou à son talent, ce qui est acquis selon les règles de la propriété privée, ne peut être considéré comme un « privilège », car cela se justifie par sa nécessité pour la coopération sociale et le bien commun.

Le fait que, sur un navire en mer, un homme soit capitaine et que les autres constituent son équipage et soient soumis à ses ordres représente assurément un avantage pour le capitaine. Néanmoins, ce n'est pas un privilège pour lui s'il possède la capacité de manœuvrer le navire entre les récifs pendant une tempête et, de ce fait, de se rendre utile non seulement à lui-même, mais à tout l'équipage. 
 
Mises considérait donc l'égalité formelle, ou égalité devant la loi, comme une composante essentielle de la liberté. Sa défense de la liberté reposait, à son tour, sur le fait que la liberté est essentielle à l'épanouissement humain. L'importance de la liberté comme fondement philosophique de l'égalité est claire : il s'ensuit que tout « droit » à l'égalité qui porte atteinte à la liberté individuelle est invalide. Ce sont en effet de faux droits, comme l'a dit Rothbard.
 

 
Wanjiru Njoya est chercheuse associée Walter E. Williams à l'Institut Mises. Elle est l'auteure de *Economic Freedom and Social Justice* (Palgrave Macmillan, 2021), *Redressing Historical Injustice* (Palgrave Macmillan, 2023, avec David Gordon) et de « A Critique of Equality Legislation in Liberal Market Economies » (Journal of Libertarian Studies, 2021).

 

novembre 15, 2025

Égalitarisme - Égalité - Égalité en droit

Égalitarisme

L'égalitarisme est une doctrine politique prônant l'égalité absolue des citoyens en matière politique, économique et sociale. Les égalitaristes soutiennent que les riches ne servent aucun objectif global dans la société et que les vastes accumulations de richesses doivent être réduites. Ces défenseurs de la justice sociale soutiennent que la seule façon de parvenir à une société équitable est de modifier substantiellement la répartition des richesses. Très souvent, ils demandent des taux d'imposition marginale plus élevés, des droits de succession plus élevés et même des plafonds sur la richesse personnelle ou sur les salaires. 


Point de vue libéral

Tandis que pour ses partisans, l'égalitarisme se justifie par des raisons morales, pour le libéralisme, l'égalitarisme est philosophiquement le refus de l'autre dans une volonté coercitive de nivellement par le plus petit facteur commun, et une atteinte à la liberté de l'individu. L'égalitarisme s'oppose ainsi aux besoins des Hommes, aux besoins d'une société moderne, et ne peut aboutir qu'au totalitarisme. Il a besoin d’imposer une échelle de valeur à tout le monde. Cette conception d'une justice distributive ramène tout à des mesures quantitatives arbitraires. C'est le supplice antique du lit de Procuste, du nom de ce brigand qui réalisait l'égalité en raccourcissant les grands et allongeant les petits.

Pour les libertariens, l'égalitarisme n'est pas autre chose qu'une attaque contre la propriété légitime, qui ne serait pas tolérée dans une société libre :

L’égalitarisme, sous toutes ses formes, est incompatible avec l’idée de propriété privée. La propriété privée implique exclusivité, inégalité et différence. [...] Dès que des membres matures de la société expriment fréquemment leur approbation des sentiments égalitaires, voire en font la promotion, que ce soit sous forme de démocratie (règne de la majorité) ou de communisme, il devient essentiel que d’autres membres, et en particulier les élites sociales naturelles, soient prêts à agir avec résolution et, en cas de non-conformité persistante, excluent et in fine expulsent ces membres de la société. (Hans-Hermann Hoppe, Démocratie, le dieu qui a échoué)
 
 

L'égalitarisme est une utopie arbitraire, injuste et de plus absolument impossible à réaliser en pratique. À supposer que l'on puisse donner le même revenu à tout le monde, ou une richesse initiale identique pour tous, l'utilisation même de ce revenu égal ou de cette richesse égale créerait des inégalités : comme l'explique Nozick, les fans d'une vedette de la chanson ou du sport paient très cher pour la voir, ce qui viole la « juste » distribution des revenus et crée un « très riche » ipso facto avec le consentement de tous. La seule solution serait de tout rendre gratuit et de supprimer la monnaie, ce qui conduirait rapidement à la disparition de la civilisation. Conscients malgré tout de l'absurdité de l'égalitarisme, ses partisans dans l'arène politique n'envisagent que des prélèvements fiscaux pour « réduire les inégalités » ; ils abandonnent l'absurdité de l'utopie pour l'arbitraire de la spoliation étatique.

D'un point de vue épistémologique, cette doctrine repose sur la croyance fallacieuse en la possibilité de créer un homme nouveau par voie autoritaire. Pour tenter d'être appliqué, l'égalitarisme a de surcroît besoin que soit supprimée la seule égalité véritable : l'isonomie (l'égalité devant la loi). Dans cette perspective, les égalitaristes confondent délibérément les contraintes naturelles avec la coercition. Par exemple, ils dénoncent la différence homme-femme comme une manifestation de l'oppression masculine. Notons, d'ailleurs, le paradoxe qui devrait sauter aux yeux : on se réfère à la masculinité comme un fait établi tout en la définissant comme une fiction !

En fustigeant un fait de nature comme s'il s'agissait d'un acte de domination, les partisans de l'égalitarisme prouvent qu'ils ne conçoivent la réalité qu'en termes politiques. Leur double mot d'ordre est « la vérité n'existe pas » et « tout est politique ». De la sorte, par nihilisme, ils manifestent un déni pur et simple de la logique et de la réalité.

Refusant la structure logique et naturelle du monde, les égalitaristes veulent opérer une tabula rasa. Leur projet ne peut par conséquent prendre forme, conformément à leur constructivisme, qu'au moyen de lois autant absurdes que tyranniques. En vue de supprimer les particularités propres à chacun, l'égalitarisme en vient nécessairement à promouvoir l'installation au pouvoir d'une élite artificielle, s'appuyant sur l'envie et le ressentiment. Comme dans toute tentative politique de détruire l'ordre du monde - caractéristique du totalitarisme -, le sens des mots est inversé : la liberté devient l'esclavage, et la coercition un acte de délivrance.

Une application concrète de l'égalitarisme s'observe en France à l'Éducation nationale dans le refus des classes de niveaux, avec une volonté délibérée de ne pas reconnaître la diversité des élèves. Les élèves très rapides et très lents sont censés être dans les mêmes classes au nom de l'égalité, ce qui a pour conséquence de freiner les meilleurs, ou de perdre définitivement les moins bons. Tout comme étaient ignorés jusqu'à récemment les besoins spécifiques des élèves dit surdoués ainsi que ceux dyslexiques. 


Égalitarisme libéral

On désigne sous ce terme la théorie de la justice de John Rawls (Théorie de la justice, publié en 1971), qui relève cependant davantage de la social-démocratie que du libéralisme (bien que le principe de liberté y reste central). 


Citations

  • Le principe égalitaire a quelque chose d’égalitaire en effet. D’abord il empêcherait le capital de se former ; car qui voudrait épargner ce dont on ne peut tirer aucun parti ? Et ensuite, il réduirait les salaires à zéro ; car où il n’y a pas de capital (instruments, matériaux et provisions), il ne saurait y avoir ni travail d’avenir ni salaires. Nous arriverions donc bientôt à la plus complète des égalités, celle du néant. (Frédéric Bastiat, Harmonies économiques)
  • La revendication d’une égalité matérielle des situations ne peut être satisfaite que par un système politique à pouvoirs totalitaires. (Friedrich Hayek)
  • La doctrine égalitaire est manifestement contraire à tout les faits établis par la biologie et par l'histoire. Seuls les partisans fanatiques de cette théorie peuvent affirmer que ce qui distingue un génie d'un imbécile est entièrement l'effet d'influences postnatales. La présomption que la civilisation et le progrès sont issues de l'opération d'un facteur mythique - dans la philosophie marxiste, des forces productives matérielles - [...] est une fable absurde. (Ludwig von Mises, Theory and History)
  • Imposer de force l'égalité, c'est nier la nature humaine et léser absolument tout le monde, y compris ceux auxquels l'égalité était supposée bénéficier. (Hans Sennholz)
  • L'égalité de fait ne correspond à aucun instinct de l'Homme, sauf peut-être au sentiment paralysant et stérile qu'est l'envie. (Albert Schatz)
  • Quand l'inégalité est la loi commune d'une société, les plus fortes inégalités ne frappent point l'œil ; quand tout est à peu près de niveau, les moindres le blessent. C'est pour cela que le désir de l'égalité devient toujours plus insatiable à mesure que l'égalité est plus grande. (Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique)
  • L'égalitarisme n'est pas seulement une révolte contre la nature des choses, c'est une révolte contre l'essence de l'existence — et il traduit une haine de l'existence concrète, souvent associée à la haine de soi. (François Guillaumat)
  • Grattez un peu, et sous l'égalitariste vous trouverez inévitablement un étatiste. (Murray Rothbard)
  • Une société égalitariste ne peut espérer atteindre ses buts que par des méthodes de coercition totalitaires [...]. La révolte égalitariste contre la réalité biologique, aussi significative soit-elle, n'est qu'une partie d'une révolte plus profonde, contre la structure ontologique de la réalité elle-même, contre l'organisation même de la nature, contre l'univers en tant que tel. Au cœur de la gauche égalitariste réside une croyance pathologique : que la réalité est sans structure, que le monde entier est une tabula rasa que l'on peut modifier à tout instant dans la direction souhaitée par le seul exercice de la volonté humaine - en bref, que la réalité peut être instantanément transformée par la simple volonté ou le simple caprice de l'être humain. (Murray Rothbard)
  • La société qui refuse d'accorder son estime à l'envieux n'est pas forcément injuste. Le législateur et la justice ne doivent pas partager le point de vue d'un éventuel envieux, mais être aveugles, ce que précisément l'envieux n'est pas. (Helmut Schoeck)
  • On ne devient plus ni riche ni pauvre : c'est trop pénible. Qui voudrait encore gouverner ? Qui voudrait encore obéir ? C'est trop pénible. Point de berger et un seul troupeau ! Chacun veut la même chose, tous sont égaux : quiconque est d'un autre sentiment va de son plein gré dans la maison des fous. (Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra)
  • L'injustice ne se trouve jamais dans les droits inégaux, elle se trouve dans la prétention à des droits égaux. (Friedrich Nietzsche, Aurore)
  • Que tout soit égal, cela, pour certains esprits, est très beau et satisfait leur esthétique particulière ; et pour que tout soit égal, le meilleur moyen est que toutes choses soient la même chose. Une seule pensée dans tout l’État, cela nivelle et égalise admirablement tous les cerveaux et ne permet pas ces différences entre les esprits supérieurs et les esprits moindres qui sont si désagréables à la vue. Une seule pensée dans tout l’État, cela est l’ordre même, puisqu’il est le contraire de l’irrégularité et par conséquent du désordonné. Une seule pensée dans tout l’État, c’est la fin de l’anarchie et l’anarchie impossible. Il n’y a pas de plus beau spectacle ; c’est la Beauce. La Beauce est une perspective admirable. (Émile Faguet[1])
  • "C'est un crime d'être né sous des conditions favorables : car de la sorte on a déshérité les autres, on les a mis à l'écart, condamnés au vice et même au travail"... "Qu'y puis-je, si je suis misérable ! Mais il faut que quelqu'un y puisse quelque chose, autrement ce ne serait pas tolérable !"... Bref, le pessimisme par indignation invente des responsabilités, pour se créer un sentiment agréable - la vengeance... "Plus douce que le miel" l'appelait déjà le vieil Homère. (Friedrich Nietzsche[2])
  • Quant à l’effet de la sempiternelle, et très populaire proposition égalitaire de taxer les « riches » pour donner aux « pauvres » en particulier : un tel programme ne réduit ni n’atténue la pauvreté, mais, bien au contraire, il augmente la pauvreté. Il réduit l’incitation à rester ou à devenir riche et à être productif, tout en augmentant l’incitation à rester ou à devenir pauvre et à être non-productif. (Hans-Hermann Hoppe)
  • L’égalitarisme, sous toute forme et genre, est incompatible avec l’idée de propriété privée. La propriété privée implique exclusivité, inégalité et différence. (Hans-Hermann Hoppe)
  • L'expérience historique montre que toute société égalitaire se condamne à l'inefficacité et que, si l'on supprime les contraintes du marché et les sanctions des revenus, il faut leur substituer des contraintes et des sanctions autoritaires. (Maurice Allais, Le Figaro du 23 novembre 1975)
  • On crée, au nom de l'égalitarisme, de nouvelles inégalités, par exemple celles qui existent entre ceux qui vivent de leurs propres efforts et ceux qui profitent de la contrainte organisée ; ou encore entre ceux qui ont accès au pouvoir politique, instrument supposé de l'égalitarisme, et ceux qui en sont écartés. (Pascal Salin, Libéralisme, 2000)
  • Les hommes n’étant pas dotés des mêmes capacités, s’ils sont libres ils ne seront pas égaux, et s’ils sont égaux c’est qu’ils ne sont pas libres. (Alexandre Soljenitsyne)
  • C’est une caractéristique de la domination des pouvoirs que d’imposer comme équivalentes des choses qui ne le sont pas. En politique, l’équivalence reine, celle qui est organisatrice de nos sociétés, c’est l’égalité, un homme en vaut un autre. Une voix en vaut une autre, c’est en ce sens que les démocraties sont structurellement, par construction, égalitaristes. La dérive a consisté à faire glisser l’équivalence politique à tous les domaines. On a favorisé, par démagogie, l’envahissement de l’égalitarisme à toutes les sphères de la société. (Bruno Bertez, 13 février 2014)
  • L'égalitarisme doctrinaire s'efforce vainement de contraindre la nature biologique et sociale. Il ne parvient pas à l'égalité mais à la tyrannie. (Raymond Aron[3])
  • Le principe de l'institution des castes, si complètement incompris des Occidentaux, n'est pas autre chose que la différence de nature qui existe entre les individus humains, et qui établit parmi eux une hiérarchie dont la méconnaissance ne peut amener que le désordre et la confusion. C'est précisément cette méconnaissance qui est impliquée dans la théorie « égalitaire » si chère au monde moderne, théorie qui est contraire à tous les faits les mieux établis, et qui est même démentie par la simple observation courante, puisque l'égalité n'existe nulle part ailleurs. (René Guénon - Autorité spirituelle et pouvoir temporel)
  • L’égalitarisme est une passion triste, insatiable, acharnée. La volonté de puissance qu’elle nourrit ne se contente pas de fictions, même juridiques. Elle veut régner sans partage sur une réalité dépouillée jusqu’à l’os de toute trace de diversité verticale ou horizontale. (Marc Fumaroli[4])
  • La vision égalitaire du monde qu’a la gauche n’est pas seulement incompatible avec le libertarianisme, cependant. Elle est tellement déconnectée de la réalité qu’on doit se demander comment quiconque peut la prendre au sérieux. L’homme de la rue ne croit certainement pas à l’égalité de tous les hommes. Le simple bon sens et des préjugés solides s’y opposent. Et je suis d’autant plus confiant qu’aucun des partisans réels de la doctrine égalitaire ne croit vraiment, au fond de lui, ce qu’il proclame. Pourtant, comment, alors, la vision gauchiste du monde a-t-elle pu devenir l’idéologie dominante de notre époque ? Pour un libertarien, au moins, la réponse devrait être évidente : la doctrine égalitaire a atteint ce statut non pas parce qu’elle est vraie, mais parce qu’elle fournit la couverture intellectuelle parfaite pour la poussée vers un contrôle social totalitaire par une élite dirigeante. (Hans-Hermann Hoppe, Bien comprendre le libertarianisme, 2017)

Informations complémentaires

Notes et références


Égalité

L'égalité est un terme portant sur plusieurs sens. Soit elle désigne une relation entre personnes, soit la relation entre les personnes et des objets, des biens ou des richesses, soit encore une comparaison entre qualités, facultés ou moyens relevant des caractéristiques propres à chaque individu en rapport à d'autres. Il s'agit, en outre, d'une condition, d'une position ou un état d'équivalence, en équilibre ou en concordance selon un certain rapport. Le principe d'égalité désigne le fait que personne n'est au-dessus de la loi et qu'elle est égale pour tous, cela implique que l'idée d'égalité soit liée à l'idée de justice

Définition

L'égalité du point de vue du libéralisme est l'affirmation que tous les individus sont égaux en droit (principe d’isonomie). Le droit dont il est question ici est le droit naturel, et non l'ensemble des « faux droits » octroyés par l'État, qui précisément favorisent les uns aux dépens des autres, et donc accroissent les inégalités. Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits (article premier de la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen de 1789). Pour un libéral, toute distinction fondée sur la naissance (Ancien régime, société de castes, société raciste), le présumé « intérêt général » (collectivisme), l'intérêt de quelques-uns (oligarchie), ou la « tyrannie de la majorité » (démocratie) aboutit à l'injustice et au mépris des droits de l'individu. On obtient donc une définition négative de l'égalité : chaque individu a un droit égal à ne pas être agressé dans sa liberté ni dans sa propriété.

La définition de l'égalité rejoint celle de la justice : rendre à chacun ce qui lui est dû (suum cuique tribuere, selon le vieux principe du droit romain). C'est ce qui distingue l'égalité de l'égalitarisme : l'égalité tient compte de la nature de chacun, c'est aussi un « droit à la différence » et un respect de l'autre, alors que l'égalitarisme tend à nier toute différence (physique, intellectuelle, économique). Comme Friedrich Hayek l'a bien expliqué :

Alors que l'égalité des droits dans un gouvernement limité est possible en même temps qu'elle est la condition de la liberté individuelle, la revendication d'une égalité matérielle des situations ne peut être satisfaite que par un système politique à pouvoirs totalitaires.

Ainsi, ce que le collectivisme ou la social-démocratie entendent par « égalité » sociale, est une « justice » distributive, l'égalité économique, l'égalitarisme, sous divers prétextes (partage des fruits du travail, solidarité, cohésion sociale, etc.). L'idéal visé plus ou moins avoué est celui de l'égalité économique parfaite, selon le principe communiste apparemment généreux de « à chacun selon ses besoins », principe qui, outre son caractère immoral et coercitif, fait totalement fi de la réalité de la vie humaine, qui est celle d'un monde de rareté, dans lequel seuls le travail, l'épargne, l'investissement, l'action, peuvent créer des biens.

Égalité des chances

https://universite-liberte.blogspot.com/2025/11/legalite-des-chances-par-hans-hermann.html

L'égalité des chances, expression typiquement française (même si elle rappelle l'equal opportunity anglo-saxonne), est pernicieuse. Désigne-t-elle l'égalité en droit, exigence libérale, ou bien un droit à bénéficier des bienfaits de l'État-providence redistributeur ? Dans cette dernière acception, on tend à développer l'assistanat et à récuser la liberté et la responsabilité des individus :

De fil en aiguille, on est finalement venu à l'égalité des conditions, à l'égalité des résultats, quelles que soient les actions individuelles, quels que soient les mérites ou les vices de chacun. La chance porte un nom nouveau : l'État-providence. L'égalité des chances, c'est l'égalité devant les bienfaits de la société. Dans cette logique, l'échec n'est pas admissible, l'inégalité est scandaleuse. Aujourd'hui l'égalité des chances est une forme d'envie (avoir tout ce qu'ont les autres), une forme d'incurie (avoir tout sans rien devoir à personne, faire n'importe quoi), une forme de folie vengeresse (« les ratés ne vous rateront pas », disait Céline). (Jacques Garello)

La plupart des libéraux rejettent la notion d'égalité des chances, car elle est intrusive et coercitive. Certains libéraux de gauche, tels John Rawls, soutiennent cependant que « personne ne mérite ses capacités naturelles supérieures ni un point de départ plus favorable dans la société » et voient comme injuste la répartition inégale des talents. Les structures d'une société juste devraient faire en sorte d'atténuer au maximum les différences. Ainsi, Rawls ajoute au principe d'égale liberté pour tous (« chaque personne doit avoir un droit égal à la plus grande liberté fondamentale avec une liberté semblable pour tous ») un second principe ainsi défini :

Les inégalités sociales et économiques doivent être arrangées de telle sorte qu'elles soient :
- liées à des emplois et à des postes, accessibles à tous, dans des conditions d'égalité impartiale des chances (principe d'égalité des chances) ;
- pour le plus grand profit des plus désavantagés (principe de différence).

Pour la plupart des libéraux (tel Nozick qui critique les conceptions de Rawls) le droit à l'égalité des chances n'en est pas un, puisqu'il doit respecter le droit de propriété avant de s'appliquer. Le « principe de différence » de Rawls permet de justifier les mesures les plus coercitives : revenu maximum (Rawls affirme qu'il y a « un gain maximum autorisé pour les plus favorisés »), redistribution par l'impôt (possible théoriquement jusqu’à ce qu’elle ait tellement d’effets désincitatifs que les plus favorisés produiraient beaucoup moins, et ce aux dépens des individus les plus désavantagés), etc. Bien que Rawls se défende d'être utilitariste, sa théorie a un défaut majeur, qui est l’hypothèse de comparabilité des préférences individuelles. L'idée que la répartition inégale des talents puisse être injuste et doive être corrigée mène directement à l'égalitarisme et au totalitarisme.

Erreur courante : égalité et égalitarisme

La critique la plus courante, venant le plus souvent de la gauche (encore qu'elle existe aussi à droite), est que le libéralisme aurait une notion restrictive de l'égalité : en effet, il n'envisage que l'égalité en droit et non l'égalité matérielle. Les inégalités économiques que l'on peut constater entre les individus ne le touchent pas : loin de les condamner, il les conforterait. Il mènerait donc au conservatisme le plus rétrograde.

La réponse à cette objection est que l'égalité en droit a un sens, alors que l'égalité matérielle ou économique n'en a absolument aucun, à moins que tous les Hommes soient absolument identiques, interchangeables et bâtis sur le même modèle, ce qui n'est pas le cas. Dès lors que les Hommes sont différents, il est impossible de réaliser l'égalité matérielle ou économique, car les capacités de chacun, les aspirations, les besoins, sont différents. L'égalitarisme n'est pas autre chose qu'une révolte contre la nature : il est injuste qu'un autre soit plus beau, plus grand, plus jeune, plus intelligent ou plus riche que moi. Le droit à la différence est vu comme un faux droit. C'est la nature qui est jugée injuste, et la société des Hommes devrait réparer toute injustice, si besoin (et il est impossible que ce soit autrement) par la coercition et la violence. [1]

Une société égalitariste se détruirait elle-même par sa recherche pathologique du nivellement par le bas. L'expérience historique montre qu'en réalité elle réintroduit des inégalités, non pas sur la base des capacités, aspirations et mérites différents (comme c'est le cas dans la société libérale idéale) mais sur des bases politiques d'allégeance à un leader ou au parti au pouvoir, illustration de l'anomie conduisant à la loi du plus fort.

Ceux qui croient aux vertus de l'égalitarisme, plutôt que de chercher à asservir ceux qui n'y croient pas, devraient faire la preuve par l'exemple, en créant des communautés pratiquant l'égalité matérielle la plus complète (la famille n'est-elle pas une communauté de ce type ?). Comme le dit Christian Michel :

Le communisme est un bel idéal. Que les communistes s'organisent dans leurs communes et phalanstères, qu'ils affichent leur bonheur d'y vivre, et ils seront rejoints par des millions et des milliards de gens. [...] Ce qu'il faut combattre n'est pas le communisme, ni aucune autre idéologie, mais la traduction politique de cette idéologie.

Malheureusement, l'égalitarisme n'est le plus souvent pas autre chose qu'une traduction idéologique de la jalousie sociale : l'égalitariste, qu'il soit libertaire, communiste ou socialiste, veut seulement prendre aux plus riches que lui. Il n'est pas question pour lui de partager avec ceux qui sont plus pauvres que lui : c'est de la solidarité à sens unique.

Le prétendu conservatisme que le libéralisme entérinerait en ne remettant pas en cause les positions sociales, n'existe pas en réalité. Le libéralisme dénie toute légitimité à toute position sociale qui serait contraire aux droits des individus. Loin d'être conservateur, le libéralisme (plus particulièrement le libertarisme) est révolutionnaire car il entend souligner les injustices et y porter remède. Il reconnaît qu'il existe bel et bien une lutte des classes entre les dominants et les opprimés, entre ceux, étatistes, politiciens, qui violent perpétuellement le principe de non-agression en imposant l'arbitraire étatique par l'impôt et la loi, et ceux qui sont victimes de cette forme d'esclavage. Les inégalités existent bien : l'ennemi n'est pas le riche ou le capitaliste (du moins, tant qu'ils se limitent à pratiquer l'échange libre dans le respect du droit d'autrui), c'est celui qui me vole (qui prend ma propriété sans mon consentement) ou qui m'impose injustement sa volonté (qui attente à ma liberté). On retrouve l'exigence d'égalité libérale : l'obligation de respecter le droit de chacun, sa liberté et sa propriété.

Citations

  • « Je pense que les peuples démocratiques ont un goût naturel pour la liberté ; livrés à eux-mêmes, ils la cherchent, ils l’aiment, et ils ne voient qu’avec douleur qu’on les en écarte. Mais ils ont pour l’égalité une passion ardente, insatiable, éternelle, invincible ; ils veulent l’égalité dans la liberté, et, s’ils ne peuvent l’obtenir, ils la veulent encore dans l’esclavage. Ils souffriront la pauvreté, l’asservissement, la barbarie, mais ils ne souffriront pas l’aristocratie. »
(Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique)[2]
  • « Il y a toutes les différences du monde entre traiter les gens de manière égale et tenter de les rendre égaux. La première est une condition pour une société libre alors que la seconde n'est qu'une nouvelle forme de servitude. »
(Friedrich August von Hayek, Vrai et faux individualisme)
  • « L’égalité proclamée dans la déclaration des droits de l’Homme de 1789 est une égalité de condition sociale qui rend possible une justice équitable. La loi est la même pour tous, c’est ce que ça veut dire. L'État idéologique a transformé cette égalité de droit en égalité de moyen, ce sont les clauses de moyens introduites dans la déclaration des droits de l’Homme des Constitutions de 1946 et 1958. L’égalité n’est plus seulement la promesse que la justice ne tiendra pas compte du statut social des personnes comme sous la monarchie, mais qu’elle devient aussi une égalité matérielle des conditions. C’est mettre à mort l’équité dont le premier principe est « à chacun selon ses mérites » pour produire un principe contraire, le principe égalitaire qui est « ce qui est juste, c’est ce qui est égal ».  »
(Claude Lamirand – 7 décembre 2004)
  • « La justice s’applique à la conduite des individus, pas aux conséquences économiques de leurs actions. Elle est affaire de règles, pas de résultat. Dans une société libre, c’est seulement les décisions des acteurs que nous avons le droit de juger. Si un avantage est acquis par la tromperie ou la violation d’une loi justement applicable à tous, nous le déclarons injuste. Mais si quelqu’un n’a bénéficié d’aucune entorse pour obtenir le même avantage, il n’y a aucune raison d’être critique à son égard. Lorsque tu participes à un jeu, tu ne demandes pas à l’arbitre de déclarer vainqueur le joueur le plus méritant. Il importe seulement que la partie soit jouée loyalement, que les règles soient respectées. »
(Christian Michel)
  • « L'inégalité des revenus et des fortunes est un caractère inhérent de l'économie de marché. Son élimination détruirait complètement l'économie de marché. Ceux qui réclament l'égalité ont toujours à l'esprit un accroissement de leur propre pouvoir de consommation. Personne, en adoptant le principe d'égalité comme postulat politique, ne souhaite partager son propre revenu avec ceux qui en ont moins. Lorsque le salarié américain parle d'égalité, il veut dire que les dividendes des actionnaires devraient lui être attribués. Il ne suggère pas une réduction de son propre revenu au profit des 95 % de la population mondiale qui gagnent moins que lui. »
(Ludwig von Mises, L'Action humaine)
  • « L'inégalité [véritable] consiste à s'enrichir par ses relations, à gagner sans rendre service, à extorquer sous la menace, à créer une classe privilégiée de décideurs non responsables sur leurs biens mais sur celui des autres. »
(Prégentil)
  • « À partir du moment où quelqu’un s’enrichit plus vite que vous, une inégalité surgit. Sauf à contrôler la vie de tout le monde, l’inégalité est le résultat, à un instant donné, d’un processus de développement qui est par nature dynamique. Comme la croissance repose sur la libération des énergies et des potentiels de chacun, il en découlera nécessairement des trajectoires de revenus différentes. »
(Jean-Louis Caccomo)
  • « Le libéral combat les inégalités vraiment injustes, c'est-à-dire celles qui profitent aux hommes politiques et aux fonctionnaires, et les inégalités qui résultent du vol ou de la coercition, qui sont souvent le fait de l'État, ou le fait que l'État ne fait pas son travail. Le socialiste, lui, recherche l'égalité de résultat, et c'est ainsi que dans ce pays tout est fait pour encourager celui qui ne veut rien faire, et tout est fait pour mettre des bâtons dans les roues à celui qui entreprend. C'est ainsi que l'Éducation nationale, n'ayant pas réussi à uniformiser les résultats des élèves par le haut, s'est résigné à les uniformiser par le bas. »
(Jacques de Guenin)
  • « L'égalité la plus fondamentale entre les hommes est sans doute liée au fait qu'ils sont des êtres humains, et que par nature ils ont une dignité et une vocation que ne possède aucune autre espèce. [...] Cette égalité fondamentale et personnelle prend corps avec l'égalité des droits. Ce qui sépare une société barbare d'une société civilisée, c'est que des règles sociales sont établies et respectées pour garantir les droits individuels qui permettent à l'homme de vivre dignement. »
(Jacques Garello)
  • « L’égalité est un état artificiel qui demande à être constamment entretenu d’une manière artificielle. Les Hommes ne sont pas égaux par définition. »
(Vladimir Boukovski)
  • « Les Hommes n’étant pas dotés des mêmes capacités, s’ils sont libres, ils ne seront pas égaux, et s’ils sont égaux, c’est qu’ils ne sont pas libres. »
(Alexandre Soljenitsyne)
  • « La France a toujours cru que l’égalité consistait à trancher ce qui dépasse. »
(Jean Cocteau, Discours de réception à l’Académie française, 1955)
  • « Tous les êtres de toutes les galaxies sont égaux devant la Grande Matrice, indépendamment de leur forme, du nombre de leurs écailles ou de leurs bras, et indépendamment même de l'état physique (solide, liquide ou gazeux) dans lequel il se trouve qu'ils vivent. » (humour)
(Umberto Eco)

Notes et références


  • Une expérience de pensée classique montre que l'inégalité est inhérente à la société humaine. Si on donnait strictement le même capital de départ à tous, il suffirait qu'apparaisse une personne dont les services soient appréciés par une grande partie de la population (une vedette de la chanson, un écrivain à succès, un grand sportif, etc.) pour créer une inégalité en sa faveur, très forte qui plus est, et ceci avec le consentement de la plus grande partie de la population.

    1. Raymond Boudon indique qu'on commet souvent un contresens à propos de cette citation, car, "pour Tocqueville, la demande d’égalité porte sur les droits, non sur les conditions." (Renouveler la Démocratie, mode d'emploi)

    Sources

    • 1960, R. Carter Pittman, "Equality Versus Liberty: The Eternal Conflict", ABA Journal, Vol 46

     

    Voir aussi

    Liens externes

    B0.jpg Discussions sur le forum
    Egalité, égalité (for)





     https://www.wikiberal.org/wiki/%C3%89galit%C3%A9


    Égalité en droit

    L’égalité devant la loi ou égalité en droit est le principe selon lequel tout individu doit être traité de la même façon par la loi (principe d’isonomie). Aucun individu ou groupe d'individus ne doit donc avoir de privilèges garantis par la loi. 

    Concept

    Ce principe s'est développé dans la philosophie politique occidentale au XVIIIe siècle et fut mis en œuvre dans des systèmes de démocratie libérale en France ou aux États-Unis après les révolutions de 1787 et 1789. Ainsi, la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 proclame-t-elle dans son premier article que « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ».

    Le principe d'égalité devant la loi est un principe central du libéralisme et de la démocratie libérale. Alors que l'Ancien Régime fonctionnait sur le principe de l'inégalité en droits, les régimes issus des révolutions française et américaine prennent pour fondement l'égalité en droits[1].

    Se contentant de traiter les individus de la même façon, l'État doit les laisser libres dans leur propre « recherche du bonheur »[2].

    Égalité en droits et égalité sociale

    Il est généralement opposé par les penseurs libéraux à celui d'égalité de résultats ou d'égalitarisme.

    Pour l'économiste et philosophe autrichien Friedrich Hayek, l'égalité matérielle et l'égalité en droit sont incompatibles, car l'inégalité des conditions matérielles est une conséquence directe de l'égalité devant la loi, en raison des aptitudes différentes des individus. Il écrit ainsi : « Il y a toutes les différences du monde entre traiter les gens de manière égale et tenter de les rendre égaux. La première est une condition pour une société libre alors que la seconde n'est qu'une nouvelle forme de servitude. » [3]

    Pascal Salin revient dans Libéralisme sur cette distinction et écrit qu'« il existe en effet deux notions différentes de l'égalité, l'égalité des droits et l'égalité des résultats. La première inspirait la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 [...] mais c'est la seconde notion qui est devenue dominante [...]. La première notion est manifestement libérale et individualiste, puisqu'elle consiste à reconnaître l'égale dignité de chacun, mais à le laisser libre de développer son propre destin à partir du moment où ses droits sont déterminés et respectés. La seconde est un pur produit du constructivisme, puisqu'elle consiste à penser que l'on peut interférer avec les résultats de l'action humaine et imposer une répartition des richesses conforme au modèle décidé par les détenteurs du pouvoir, en donnant a priori à chacun des droits sur l'activité d'autrui. » [4]

    Notes et références


  • Francis-Paul Bénoit, La démocratie libérale, édition 1978, pp.24 et suivantes

  • "The pursuit of happiness" ou « recherche du bonheur » est exprimée par exemple dans la Déclaration d’indépendance des États-Unis

  • « Vrai et faux individualisme », Discours prononcé à University College Dublin, le 17 décembre 1945, [lire en ligne]

    1. Pascal Salin, Libéralisme, Odile Jacob, 2000, p.21-22

    Citations

    • Toutes les fois que l'homme réfléchit, et qu'il parvient, par la réflexion, à cette force de sacrifice qui forme sa perfectibilité, il prend l'égalité pour point de départ ; car il acquiert la conviction qu'il ne doit pas faire aux autres ce qu'il ne voudrait pas qu'on lui fît, c'est-à-dire qu'il doit traiter les autres comme ses égaux, et qu'il a le droit de ne pas souffrir des autres ce qu'ils ne voudraient pas souffrir de lui, c'est-à-dire que les autres doivent le traiter comme leur égal. (Benjamin Constant, De la perfectibilité de l'espèce humaine)

    Bibliographie

    Voir aussi

    https://www.wikiberal.org/wiki/%C3%89galit%C3%A9_en_droit

     


    En France, le 15 novembre 1793, un décret implacable de la Convention déclare que tous les Français doivent manger le « même pain ». 

    Tous les boulangers seront tenus, sous peine d'incarcération, de faire une seule sorte de pain, dit de l'égalité.

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