L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre.
Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.
Sommaire:
A) La Cour des comptes épingle le dérapage budgétaire de l'Etat - Marc Lomazzi - Le Parisien
B) Les recettes fiscales - Note d’analyse de
l’exécution budgétaire 2014 - Cour des Comptes
C) Impôt de Wikiberal
D) Les taux bas ont en partie masqué le dérapage budgétaire de la France en 2014 - AGEFI
E) Après la crise, l’effondrement : comment en sortir ? - Patrick de Casanove - président du Cercle Bastiat.
F) Déficit : les dérapages de l'État épinglés par la Cour des comptes - Boursorama avec AFP
G) Déficit budgétaire, différents posts de blogueurs sur Contrepoints
H) L'inquiétude demeure à la Cour des Comptes - Alexandre C. - L'incisif
A) La Cour des comptes épingle le dérapage budgétaire de l'Etat
La Cour des comptes estime que la France n'a pas respecté
ses engagements en matière de déficit budgétaire. Elle met en cause la
sincérité de ses prévisions de recettes fiscales.
Thomas Samson
L'Etat vient de se faire taper sur les doigts comme n'importe quel
mauvais élève. Motif :
Dans son rapport sur le budget de l'Etat en 2014,
rendu ce mercredi, la Cour des comptes reproche à la France de n'avoir pas tenu ses engagements.
En cause, des «recettes fiscales surestimées» et
des dépenses «trop souvent sous-calibrées» qui n'ont pas permis à
l'Etat de tenir les engagements pris, en particulier, auprès de la
Commission de Bruxelles.
Dérapage budgétaire
Au final en 2014, le déficit de l'Etat s'élève à 85,56 milliards
d'euros, soit 3,9% du PIB au lieu des 3,6% espérés. Il dépasse le
produit net de l'impôt sur le revenu acquitté par les Français, d'où une
nouvelle augmentation de la dette à 1528 milliards l'an passé. Ce
dérapage budgétaire s'explique par des recettes fiscales en baisse de 6
milliards, pour la première fois depuis 2009, et des dépenses en hausse
alors qu'une stabilisation était prévue. Conséquence : «la réduction du
déficit budgétaire de l'Etat, amorcée depuis 2010, a été interrompue en
2014».
Pénalisé par une croissance et une inflation
plus faibles qu'attendues, le budget 2014 a été bâti sur des prévisions
macro-économiques «optimistes» que l'Etat a tardé à corriger. Les
auteurs du rapport de la Cour épinglent à nouveau le gouvernement qui «s'est abstenu d'ajuster plus fortement les dépenses, ce qui aurait permis de contenir le dérapage budgétaire».
La sincérité des prévisions de recettes fiscales mise en cause
Une erreur initiale aggravée donc par des recettes
recettes gonflées. En réalité, elles ont été plus faibles qu'annoncées à
cause notamment de l'entrée en vigueur du crédit d'impôt en faveur de
la compétitivité des entreprises (CICE) qui a coûté 6,5 milliards en
2014. Sur ce point, la Cour des comptes sort les griffes. «L'ampleur de
l'écart entre prévision et exécution soulève, comme en 2013, bien qu'à
un degré moindre , la question de la qualité et de la sincérité des
évaluations de recettes fiscales.»
Seule bon point distribué par la Cour, «les dépenses du budget général
sont inférieures de 6,34 milliards d'euros aux dotations de la loi de
finances initiale». Conformément aux promesses, par rapport à 2013, «les
dépenses du budget général ont été stabilisées». Malgré tout, la Cour
dénonce des «sous-budgétisations persistantes», en particulier, dans le
secteur militaire et des opérations extérieures, voire des
«irrégularités» comme le manque de transparence des opérations liés au
capital d'Airbus ou de PSA.
Pour 2015, la Cour prévient déjà que des «risques pèsent sur les
recettes fiscales avec notamment une incertitude sur la montée en charge
du CICE et les modalités de financement du Pacte de responsabilité et
de solidarité». De même, la Cour des comptes tire la sonnette d'alarme
sur des dépenses sous-évaluées en 2015 dans la défense et l'enseignement
scolaire tandis que «l'abandon de l'écotaxe poids lourds pose la
question du financement des investissements en matière de transport».
Les recettes fiscales en 2014 en Milliards d'euros
B) Les recettes fiscales - Note d’analyse de
l’exécution budgétaire 2014
Les recettes fiscales, nettes des remboursements et dégrèvements,
constituent, avec les recettes non fiscales et les fonds de concours,
l’ensemble des recettes de l’Etat. En 2014, les recettes de l’Etat ont atteint
291,9 Md€, dont 274,3 Md€ pour les recettes fiscales nettes, 13,9 Md€
pour les recettes non fiscales et 3,7 Md€ pour les recettes de fonds de
concours.
Les recettes fiscales nettes se calculent par différence entre les
recettes fiscales brutes et les remboursements et dégrèvements. En 2014,
le montant des recettes fiscales brutes a été de 370,4 Md€ et celui des
remboursements et dégrèvements de 96,1 Md€. Cette note analyse la
prévision et l’exécution des recettes fiscales nettes : d’une part, elles ont
plus de sens du point de vue économique que les recettes brutes et,
d’autre part, les remboursements et dégrèvements font l’objet d’une note
d’analyse spécifique.
Avec un montant de 274,3 Md€ en 2014, les recettes fiscales nettes
ont diminué de 9,7 Md€ par rapport à 2013. L’évolution spontanée (à
législation constante) des recettes fiscales a été très légèrement négative
et n’explique qu’une baisse de 0,3 Md€. L’écart par rapport à 2013 est
essentiellement la conséquence de nombreuses mesures qui ont eu pour
effet de minorer le rendement des recettes fiscales en 2014 (dont l’entrée
en vigueur du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) (partie I).
Le rendement des recettes fiscales en 2014 est également très
inférieur (de 10,0 Md€) à la prévision retenue dans la loi de finances
initiale. D’une part, le taux de croissance spontanée prévu en LFI était
trop optimiste. D’autre part, le montant des recettes en 2013 (la base de la
prévision) et le rendement des mesures nouvelles inscrites dans la LFI
pour 2014 ont été inférieurs à ce qui était attendu. Ces impacts négatifs
n’ont été que partiellement compensés par un moindre coût des mesures
antérieures à la LFI pour 2014 (partie II).
L’analyse par impôt (partie III) détaille ces différents effets pour
chacun d’eux.
Tout le détail sera ici avec les graphes: Cour des comptes
Synthèse
Les recettes fiscales nettes de l’Etat ont représenté 274,3 Md€ en
2014, soit 9,7 Md€ de moins qu’en 2013. Il s’agit de la première année de
baisse des recettes fiscales depuis 2009.
La diminution des recettes fiscales par rapport à 2013 est
essentiellement la conséquence de nombreuses mesures ayant un impact
globalement négatif de -9,35 Md€ sur le rendement des recettes fiscales,
notamment de mesures antérieures à la loi de finances initiale pour 2014
(-9,09 Md€). A ce titre, l’entrée en vigueur du crédit d’impôt pour la
compétitivité et l’emploi a pesé pour 6,4 Md€ sur les recettes fiscales.
S’est également ajoutée en cours d’année une réduction d’impôt sur le
revenu au profit des ménages modestes pour un montant de 1,3 Md€.
L’évolution spontanée (à législation constante) des recettes fiscales
a été négative mais faiblement, de -0,35 Md€ (après -4,6 Md€ en 2013).
C’est la troisième année consécutive d’évolution spontanée négative des
recettes fiscales. Si la faiblesse de la croissance économique peut en
partie expliquer cette situation, l’évolution spontanée de -1,7 % des
recettes fiscales en 2013, exceptionnellement faible, reste à ce jour
inexpliquée.
La LFI pour 2014 prévoyait un rendement des recettes fiscales de
284,4 Md€. Cette prévision reposait sur une hypothèse de croissance
spontanée de 3,0%. La prévision intégrait l’impact des mesures
antérieures à la LFI, soit un coût de 14,79 Md€, en raison notamment de
l’entrée en vigueur du crédit d’impôt sur la compétitivité et l’emploi
(9,4 Md€) et de la hausse du coût des contentieux communautaires
(+1,7Md€). La LFI 2014 comportait elle-même plusieurs mesures
nouvelles, avec un rendement positif de 4,85Md€. Elle intégrait
également des mesures de périmètre qui réduisaient les recettes fiscales
de 1,82 Md€.
En exécution, le rendement des recettes fiscales a été sensiblement
inférieur à la prévision de la LFI 2014 (-10,0 Md€). A l’exécution 2013
en retrait de 3,5 Md€ s’est ajoutée une moins-value significative sur
l’évolution spontanée, de 9,0 Md€, conséquence d’une hypothèse initiale
très optimiste. Ces pertes ont été en partie compensées par des plus-
values sur l’impact des mesures antérieures (+5,7 Md€), avec notamment
un moindre coût du CICE (+3,4 Md€) et une moindre progression du coût
des contentieux communautaires (+1,1 Md€). Les mesures nouvelles ont
eu un rendement un peu inférieur à la prévision initiale, de 3,2 Md€, en partie dû à la réduction d’impôt sur le revenu votée dans la loi de finances
rectificative du mois d’août 2014, dont le coût a été de 1,3 Md€. Enfin, le
renforcement de la lutte contre la fraude fiscale a eu un rendement
supérieur à la prévision de la LFI, mais pour un gain limité à 0,3 Md€. Ce
gain n’a pas compensé le coût de 1,3 Md€ de la réduction d’impôt sur le
revenu votée dans la LFR1 2014.
Le constat d’une évolution spontanée en exécution inférieure à la
prévision retenue en LFI 2014 n’est pas surprenant. L’hypothèse d’une
élasticité de 1,3 retenue dans la LFI était très optimiste1. La Cour l’avait
souligné dans son analyse du rapport public annuel de février 2014.
Compte tenu de la croissance économique supposée dans la LFI 2014
(0,9 % en volume), il aurait été plus prudent de retenir une hypothèse
d’élasticité inférieure à sa moyenne de long terme, c’est-à-dire inférieure
à 1.
Un écart significatif est apparu entre l’évolution des recettes
fiscales et la trajectoire prévue par la loi de programmation des finances
publiques pour les années 2012-2017. En 2014, les recettes fiscales sont
inférieures de 35 Md€ à cette trajectoire.
En 2013, un prélèvement sur l’impôt sur le revenu avait été opéré
pour assurer le financement aux régimes de sécurité sociale des
prélèvements sociaux émis dans le cadre de l’exit-tax. Ce prélèvement
s’est reproduit en 2014, pour un montant inférieur à celui de 2013
(210 M€ au lieu de 450 M€). Ce prélèvement ne devrait toutefois plus se
produire à compter de 2015, le versement aux organismes de sécurité
sociale étant désormais limité aux sommes recouvrées par l’Etat.
1 Une partie de l’écart s’explique également par le taux de croissance du PIB en
valeur, de 0,8 % au lieu de 2,3 % en LFI. La réduction de 9,0 Md€ de l’évolution peut
ainsi s’expliquer pour environ la moitié par la moindre croissance économique et pour
l’autre moitié par la moindre valeur de l’élasticité.
Les recommandations de la Cour
Le suivi des recommandations formulées au titre de la gestion
2013
La Cour avait formulé quatre recommandations au titre de 2013.
Deux ne sont pas mises œuvre, deux le sont partiellement. Toutes ces
recommandations sont donc reconduites en 2014.
Les recommandations formulées au titre de la gestion 2014
1. Publier dans les documents budgétaires des informations
détaillées (évolution spontanée, mesures nouvelles, mesures de périmètre
et de transfert...) sur le champ des recettes fiscales nettes des seuls
remboursements et dégrèvements d’impôts d’Etat (recommandation
reconduite).
2. Dans la prévision et l’analyse de l’exécution des recettes
fiscales, ne faire apparaître en mesures nouvelles que les mesures se
rattachant aux dispositions législatives contenues dans les lois de
finances (recommandation reconduite).
3. Etablir et rendre public un document de référence précisant les
méthodes et le processus de prévision des recettes pour les principaux
impôts (recommandation reconduite).
4. Réaliser et publier, dans l’annexe Voies et moyens du projet de
loi de finances, des analyses approfondies des écarts entre prévision et
exécution de recettes fiscales (recommandation reconduite).
La Cour rappelle une autre recommandation relative aux recettes
fiscales, formulée dans l’analyse de l’exécution budgétaire de la mission
Remboursements et dégrèvements :
Modifier la présentation du tableau d’équilibre des ressources et
des dépenses dans les lois de finances en déduisant des recettes fiscales
brutes de l’Etat les seuls remboursements et dégrèvements relatifs à des
impôts d’Etat pour la détermination des recettes fiscales nettes.
Les recommandations de la Cour
A - Le suivi des recommandations formulées au titre de
la gestion 2013
La Cour avait formulé quatre recommandations au titre de 2013.
Deux n’ont pas été mises œuvre, deux le sont partiellement. Toutes ces
recommandations sont donc reconduites en 2014.
1. Publier dans les documents budgétaires des informations
détaillées (évolution spontanée, mesures nouvelles, mesures de périmètre
et de transfert...) sur le champ des recettes fiscales nettes des seuls
remboursements et dégrèvements d’impôts d’Etat.
De telles informations ont été fournies à la Cour dans le cadre de
cette instruction, mais elles ne sont pas disponibles dans les documents
publics.
2. Dans la prévision et l’analyse de l’exécution des recettes
fiscales, ne faire apparaître en mesures nouvelles que les mesures se
rattachant aux dispositions législatives contenues dans les lois de
finances.
Cette recommandation avait été justifiée au titre de 2013 par la
comptabilisation en mesures d’une recette exceptionnelle issue d’un
contentieux, pour 2,2 Md€. En 2014, le contrecoup négatif de cette
mesure est à nouveau comptabilisé dans les mesures, en prévision et en
exécution. Un contentieux, non prévu dans la loi de finances initiale pour
2014, figure également dans les mesures nouvelles concernant l’IS en
exécution (coût de 0,4 Md€). Par ailleurs, la variation du coût des deux
contentieux communautaires (précompte mobilier et OPCVM étrangers)
est aussi enregistrée dans les mesures antérieures.
3. Etablir et rendre public un document de référence précisant les
méthodes et le processus de prévision des recettes pour les principaux
impôts.
Des informations ont été publiées, dans le tome 1 de l’annexe
Voies et moyens du PLF 2015, sur les méthodes de prévision pour l’impôt
sur le revenu, l’impôt sur les sociétés, la TICPE et la TVA. Cette
recommandation est donc mise en œuvre partiellement. Les présentations
pourraient être davantage détaillées, de préférence dans un document
spécifique.
4. Réaliser et publier, dans l’annexe Voies et moyens du projet de
loi de finances, des analyses approfondies des écarts entre prévision et
exécution de recettes fiscales.
Dans le tome 1 du Rapport, économique social et financier annexé
au PLF 2015, une analyse de l’écart entre la prévision et l’exécution de
l’impôt sur le revenu en 2013 (moins-value de 4,7 Md€) est présentée. La
recommandation est donc très partiellement mise en œuvre. Les analyses
devraient être étendues à d’autres impôts et examiner rétrospectivement
l’évolution spontanée des recettes particulièrement faible sur la période
2012-2014.
B - Les recommandations formulées au titre de la
gestion 2014
Les quatre recommandations de l’année 2013 sont reconduites.
1. Publier dans les documents budgétaires des informations
détaillées (évolution spontanée, mesures nouvelles, mesures de périmètre
et de transfert...) sur le champ des recettes fiscales nettes des seuls
remboursements et dégrèvements d’impôts d’Etat (recommandation
reconduite).
2. Dans la prévision et l’analyse de l’exécution des recettes
fiscales, ne faire apparaître en mesures nouvelles que les mesures se
rattachant aux dispositions législatives contenues dans les lois de
finances (recommandation reconduite).
3. Etablir et rendre public un document de référence précisant les
méthodes et le processus de prévision des recettes pour les principaux
impôts (recommandation reconduite).
4. Réaliser et publier, dans l’annexe Voies et moyens du projet de
loi de finances, des analyses approfondies des écarts entre prévision et
exécution de recettes fiscales (recommandation reconduite).
La Cour rappelle une autre recommandation relative aux recettes
fiscales, formulée dans l’analyse de l’exécution budgétaire de la mission
Remboursements et dégrèvements :
Modifier la présentation du tableau d’équilibre des ressources et
des dépenses dans les lois de finances en déduisant des recettes fiscales
brutes de l’Etat les seuls remboursements et dégrèvements relatifs à des
impôts d’Etat pour la détermination des recettes fiscales nettes.
Source:
Cour des comptes
C) Impôt de Wikiberal
L'impôt est un prélèvement autoritaire et sans contrepartie directe en vue de couvrir les charges publiques (celles de l'État ou d'une collectivité publique).
L'Impôt strictement encadré (position libérale)
Qu'est-ce que la justice fiscale ?
Adam Smith établit quatre règles fiscales immuables dans son Essai sur la richesse des nations (1776), conditions minimales pour ne pas tomber dans l’arbitraire fiscal :
- égalité : chaque sujet contribue en proportion de ses facultés, c’est-à-dire en proportion de son revenu ;
- certitude : la portion d’impôt que chaque individu est tenu de
payer doit être certaine, et non arbitraire (quand et comment
s'effectue le paiement, pour quelle quantité) ;
- commodité : tout impôt doit être perçu à l’époque et selon le mode qui convient le mieux au contribuable ;
- économie : tout impôt doit être conçu de manière qu’il fasse
sortir des mains du peuple le moins d’argent possible au-delà de ce qui
entre dans le Trésor d'État.
Taxation et représentation
Un des principes libéraux concernant la fiscalité est "pas de
taxation sans représentation" : celui qui subit la fiscalité a le droit
de prendre part aux affaires publiques (au moins indirectement, par la démocratie représentative). C'est la Révolution américaine qui a consacré ce principe déjà énoncé dans le Bill of Rights anglais, les colons américains s'insurgeant contre de nouvelles taxes lors de la Boston Tea Party.
Contre la progressivité de l'impôt
Les libéraux non libertariens sont en général en faveur d'un impôt proportionnel (du type flat tax),
qui laisse intacts les rapports entre les différents revenus nets. En
revanche, ils sont opposés à l'impôt progressif, qu'ils jugent
confiscatoire et illégitime. La taxation est considérée comme une charge
pour couvrir les frais de la production des services offerts par
l'État. Au demeurant, l'impôt progressif avait été préconisé par Marx
et Engels comme une des premières mesures brutales que devrait prendre
le gouvernement révolutionnaire en vue de centraliser les décisions
économiques et de renverser in fine la « société capitaliste ».
Dans L'Action humaine, Ludwig von Mises
explicite admirablement l'une des raisons de l'opposition libérale à la
progressivité de l'impôt, en montrant qu'elle ferme l'accès à la
constitution de nouvelles fortunes et profite en fait aux fortunes
établies :
« Mais aujourd'hui, les impôts absorbent la plus grande part des profits « excessifs » du nouveau venu. Il ne peut accumuler du capital ;
il ne peut étendre sa propre affaire ; il ne deviendra jamais une
grande affaire et le rival des situations établies. Les firmes anciennes
n'ont pas à redouter sa concurrence,
elles sont abritées par le percepteur. Elles peuvent sans danger rester
dans la routine, se moquer des désirs du public et refuser le
changement. Il est vrai que le percepteur les empêche, elles aussi,
d'accumuler du capital neuf. Mais le plus important pour elles est que
le dangereux nouveau venu ne puisse pas accumuler de capitaux. Elles
sont virtuellement privilégiées par le régime fiscal. En ce sens, la fiscalité progressive entrave le progrès économique et favorise la rigidité sociale. Alors que dans l'économie de marché
non entravée la possession d'un capital est une source d'obligation
forçant le possesseur à servir les consommateurs, les méthodes modernes
de fiscalité la transforment en privilège. »
— Ludwig von Mises, L'Action humaine, 1949
Pour Friedrich Hayek, la progressivité est "une invitation à la discrimination et le prétexte à un pur arbitraire" (The Constitution of Liberty,
1960). Hayek donnait une autre conséquence provoquée par l'instauration
de l'impôt progressif : la déspécialisation. Quelqu'un sachant qu'il
sera beaucoup plus imposé en travaillant plus sera désincité à fournir
des efforts supplémentaires et préfèrera donc occuper autrement ses
heures qu'il aurait normalement consacrées à son labeur. Il optera pour
des loisirs ou pour des travaux qu'il exécutera lui-même, évitant ainsi
de devoir payer un homme du métier qu'il aurait dû rétribuer normalement
avec le salaire récompensant ses propres heures de travail spécialisé.
De plus, Hayek fait un sort à la croyance selon laquelle l'impôt
progressif serait bénéfique aux pauvres. Il invoque trois arguments à
l'appui de sa thèse :
- Les recettes obtenues par l'imposition des tranches élevées des
revenus sont plutôt négligeables en comparaison des autres sources
fiscales. Elles pourraient tout aussi bien être obtenues en instituant
une légère hausse de la proportionnalité.
- Les vrais bénéficiaires de l'impôt progressif sont les classes moyennes, et non les indigents.
- Par sa propagande laissant croire aux classes moyennes que l'essentiel de la charge fiscale reposait sur les plus fortunés, l'État
a réussi à rendre plus tolérable aux contribuables l'augmentation
générale de la fiscalité en légitimant ainsi le sentiment d'envie.
Pour Pascal Salin (L'arbitraire fiscal), l'impôt proportionnel ne représente rien d'autre qu'un cas de discrimination sociale,
et la progressivité renforce encore ce caractère arbitraire et
inégalitaire. Les arguments avancés pour justifier la progressivité de
l'impôt sont généralement les suivants :
- égalisation des sacrifices ("il est normal de demander plus à ceux qui ont plus") ;
- l'État doit assumer une fonction de "redistribution" et de "solidarité" des "riches" envers les "moins riches".
Le premier argument invoque la loi de l'utilité marginale
décroissante, mal comprise et appliquée avec une vision mécaniciste de
la société, car l'utilité
est un jugement de valeur personnel et il est impossible de comparer
l'utilité entre individus différents ; de plus on ne peut parler de
"sacrifices", car il n'y a pas de consentement. Le second argument impose une solidarité
obligatoire, sans valeur morale ; il n'y a par ailleurs aucune preuve
qu'il y ait une redistribution effective vers ceux qui ont réellement
besoin d'être aidés.
Maurice Allais, quant à lui, souligne le côté rétrograde de l'impôt progressif :
« L'impôt progressif sur le revenu pénalise les plus
capables et favorise indûment les moins capables en les affranchissant
de l'impôt. Il constitue un obstacle à la promotion sociale. C'est un
impôt conservateur
et réactionnaire qui protège la fortune acquise et compromet la
constitution de patrimoines pour tous ceux qui ne disposent d'autres
ressources que celles de leur travail. »
— Maurice Allais, Le Figaro du 23 novembre 1975
L'impôt, c'est le vol (position libertarienne)
Impôt et libéralisme
L’impôt n’est pas conforme au principe du libéralisme car il constitue une atteinte à la propriété privée et à la liberté individuelle (comme son nom l'indique, l'impôt est « imposé »[1]). Le prélèvement de l'impôt est fondé par la coercition. La propriété privée concerne à la fois ce qu’un individu possède à un instant donné, et les revenus qu’il retire de son travail ou des biens qu’il possède. Ainsi, l’impôt sur le revenu est une atteinte à la propriété de l’individu sur le fruit de son travail ; l’impôt sur les dividendes est une atteinte à la propriété sur les revenus de ce qu’il possède ; l’impôt sur la fortune est une atteinte à la propriété des biens eux-mêmes :
« L'impôt est contraire au principe de base [du
libertarisme] parce qu'il implique une agression contre les citoyens non
agressifs qui refusent de le payer. Que le gouvernement offre des biens
et services en échange de l'argent des impôts n'y change absolument
rien. Le point important est que le soi-disant "échange" (impôt contre
services publics) est coercitif : l'individu n'est pas libre de le
refuser. Qu'une majorité de citoyens soient d'accord pour la coercition
fiscale n'y change rien non plus. L'initiation de l'agression, même
supportée par la majorité des gens, est illégitime. »
— Walter Block, Defending the Undefendable
Alors que beaucoup de personnes estiment que les impôts sont justifiés, soit parce qu'ils réaliseraient une redistribution plus « juste » des revenus (mais on se demande au nom de quel principe d'égalité,
puisque le taux de prélèvement est toujours fixé arbitrairement), soit
parce qu'ils seraient la contrepartie de services rendus par l'État (éducation, sécurité, voirie, etc.) selon la théorie des biens publics, les libertariens estiment qu'il s'agit d'une extorsion. L'individu ne paye pas en fait des services à un juste prix, il est transformé en payeur aveugle au nom d'un principe collectiviste :
fiscalement, il n'y a pas d'affectation des ressources aux dépenses (le
butin volé est partagé arbitrairement), et toutes les cours de justice
précisent bien que l’impôt est dû « sans contrepartie ». Il n'y a plus
pour le citoyen que le choix entre être un esclave (auquel on vole le fruit de son travail) ou un receleur (s'il est bénéficiaire net de l'argent volé).
En résumé, l'impôt est toujours immoral pour les raisons suivantes :
- absence de consentement : il faudrait que celui qui paie l’impôt y consente librement, et ait la possibilité de refuser ;
- absence d'affectation : l'impôt devrait être affecté à des
dépenses approuvées par celui qui le paie, qui pourrait de plus en
vérifier l'affectation (alors qu'en pratique le contribuable ne peut
contester le montant de ses impôts en invoquant son désaccord avec
l’affectation de tout ou partie des deniers publics)
- absence d'efficacité : il faudrait que les biens ou les
services fournis par l'impôt ne puissent être fournis à de meilleures
conditions par le secteur privé, ce que les monopoles publics empêchent ;
- absence de rétribution : l'impôt devrait être considéré comme
un prêt volontaire fait par le contribuable à l'État, il conviendrait
donc de le rétribuer par un intérêt conforme aux lois du marché.
Les discussions entre économistes quant à savoir si tel type d'impôt,
direct ou indirect, proportionnel ou progressif, serait plus juste que
tel autre type d'impôt, sont donc totalement absurdes.
Illusion fiscale
L'illusion fiscale empêche le citoyen de remettre en question la
pertinence de l'impôt qui est levé par le pouvoir et l'emploi qui en est
fait.
Social-démocratie
La social-démocratie, tendant vers le socialisme,
a tendance à admettre l'idée que l'État a par principe un droit de
propriété sur tout ce que possède le citoyen. On parlera par exemple de
« cadeau fiscal » lorsqu'il s'agit de baisser tel ou tel impôt. Derrière
le mot « cadeau fiscal »
il y a l'idée que la totalité des revenus du citoyen appartient en
réalité à l'État : l'individu est apparemment censé être content que
l'État lui laisse généreusement de quoi vivre, alors qu'avec la taxation
il s'agit bien d'une réduction autoritaire et arbitraire de sa
propriété en faveur de l'État ! L'État, qui est une cleptocratie,
s'ingénie à forger des expressions pour brouiller les idées de ses
sujets (un non-vol serait un « cadeau ») et ainsi éviter d'être mis en
cause.
Les impôts sont une continuation, avec certaines transformations purement formelles, de l'esclavage : c'est le tribut exigé par quiconque exerce le pouvoir
sur les autres. Un esclave, au sens moderne, est celui qui remet la
totalité de sa production à son "maitre-propriétaire". Le citoyen
contemporain verse la moitié de sa production à l'État, il est donc un
semi-esclave de l'État.
L'alternative à l'impôt
Il est évident que certaines fonctions de l’État sont utiles et qu'on
ne peut les supprimer, la question est de savoir s'il est nécessaire de
les financer par la coercition
fiscale et s'il est nécessaire que ce soit la fonction publique (ou le
parapublic) qui les prenne en charge. Les solutions libertariennes sont
les suivantes :
- privatisation du maximum d'activités étatiques (par exemple il n'y a aucune raison que l'enseignement, la santé, le réseau routier, la télévision et la radio, la banque, etc. soient pris en charge par l’État) ;
- les secteurs peu justifiés économiquement (par exemple la culture, le sport, l'assistanat...) seraient pris en charge sur une base volontaire soit par le marché,
soit par le milieu associatif (associations culturelles, sportives,
caritatives...), soit disparaîtraient d'eux-mêmes (faisant ainsi la
preuve de leur inutilité) ;
- cessation de toute subvention aux associations, aux entreprises, aux syndicats, aux partis, aux églises, etc.
- concernant les fonctions régaliennes (défense, police, justice), il n'y a pas d'unanimité ; Ayn Rand suggère un impôt volontaire, ce qui est jugé en général illusoire. Dans tous les cas, doivent être respectés :
- le principe de neutralité de l'impôt : l’État doit laisser jouer les mécanismes du marché et rester en dehors de l'activité économique ;
- le principe de l'égalité devant l'impôt : impôt égal à capacité contributive égale ;
- des règles stables dans le temps [2].
Il a existé historiquement plusieurs cas d'États dépourvus de tout
impôt et gérés comme des entreprises, comme l'État bernois jusqu'à la
fin du XVIIIe siècle, qui était « un État-entrepreneur domanial »[3] :
- Berne était la plus grande république au nord des Alpes,
s’étendant des portes de Genève aux portes de Zurich. Ses ressources
financières étaient la propriété foncière, les émoluments des offices,
les contributions aux routes et le commerce du sel et du blé. En plus,
au XVIIIe siècle, les placements à l’étranger fournissaient un septième
du budget. (Beat Kappeler, La fin de l’État idéal, Le Temps, 2 juillet 2011)
Courbe de Laffer
La courbe de Laffer montre qu'au-delà d'un certain seuil, plus la
pression fiscale augmente, plus les recettes fiscales diminuent, en
raison de l'effet désincitatif sur l'offre de travail (trop d'impôt tue l'impôt).
Synthèse
Dans une perspective libérale classique, un état minimal
conduit nécessairement à un impôt minimal, qui n'entrave pas le
développement économique (le taux d'imposition est plus proche de 0% que
de 100%). En revanche, dans une social-démocratie,
l'histoire montre qu'il n'y a pas de limite au taux d'imposition, si ce
n'est la désincitation que traduit la courbe de Laffer.
Tel que le conçoivent les libertariens, l'axiome de non-agression aboutit à rejeter le principe même de l'impôt. Les partisans du contrat social, libéraux ou non, arguent que l'impôt fait partie d'un contrat libre passé entre le gouvernement et la population : quiconque n'est pas d'accord peut toujours se libérer du contrat en quittant le pays. En réponse à cette objection, certains libertariens (tendance anarcho-capitaliste) soulignent le caractère fictif du contrat social, qui n'est qu'une justification de l'agression étatique. D'autres (tendance minarchiste) comptent davantage sur la concurrence fiscale entre pays pour « limiter » cette agression.
Il est intéressant d’observer que les origines des droits de l'homme sont liées à la résistance à l'impôt : la Grande Charte (Magna Carta, 1215), la Déclaration d'Indépendance des États-Unis (4 juillet 1776) et la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen (20 Août 1789) ont leurs origines respectives dans la résistance fiscale, sans compter le plus ancien symbole de la liberté connu, le Ama-gi. Max Stirner l'explique ainsi :
«La propriété fut l'étincelle qui mit le feu à la Révolution. Le gouvernement
avait besoin d'argent. Il devait dès lors, pour être logique, montrer
qu'il était absolu, et par conséquent maître de toute propriété, en
reprenant possession de son argent, dont les sujets avaient la
jouissance, mais non la propriété. Au lieu de cela, il convoqua des
états généraux, pour se faire accorder l'argent nécessaire. En n'osant
pas être conséquent jusqu'au bout, on détruisit l'illusion du pouvoir
absolu : le gouvernement qui doit se faire « accorder » quelque chose ne
saurait plus passer pour absolu. Les sujets s'aperçurent que les
véritables propriétaires étaient eux, et que c'était leur argent qu'on
exigeait d'eux. »
— Max Stirner, L’unique et sa propriété
Bibliographie
- 1993.
- 1996.
- 1999. Charles Adams. Those Dirty Rotten Taxes: The Tax Revolts that Built America. New York : Touchstone Books.
Notes et références
- ↑ Sur l'étymologie révélatrice de ce terme, voir Étymologie de l'impôt, de Thierry Afschrift.
- ↑ "On
Friedrich Hayek and taxation: rationality, rules, and majority rule",
Michael W. Spicer, National Tax Journal, Vol. 48, no. 1, (March, 1995)
- ↑ Stefan Altorder-Ong, Staatsbildung ohne Steuern, éd. Hier und Jetzt, 2011
Voir aussi
Organisations militantes
Liens externes
En anglais :
D) Les taux bas ont en partie masqué le dérapage budgétaire de la France en 2014 - AGEFI
La
réduction du déficit budgétaire de la France, constatée depuis
plusieurs années, a été interrompue, s'inquiète la Cour des comptes dans
son rapport sur le budget français en 2014. Publié le 27 mai, ce
rapport chiffre le déficit à 85,56 milliards d'euros, en hausse de 10,69
milliards par rapport à 2013. Le dépassement du déficit s'élève à près
de 3 milliards d'euros par rapport à celui fixé en loi de finances
initiale (LFI), précise la Cour des comptes.
L’exécution budgétaire a été compromise par des prévisions optimistes
en recettes et des ajustements tardifs en dépenses, critique
l'institution de la rue Cambon. Autre crainte, avec le maintien d’un déficit budgétaire élevé, la progression de la dette de l’État ne ralentit pas : "elle est passée de 1 457 milliards d'euros fin 2013 à 1 528 milliards d'euros fin 2014".
Seule consolation, "la
faiblesse des taux d’intérêts nominaux a permis de contenir la charge
budgétaire d’intérêt de la dette à 43,2 milliards d'euros, mais elle ne
garantit pas pour autant la soutenabilité de la dette à moyen terme". Le rapport indique que "sur les
7,73 milliards de crédits annulés en 2014 (hors remboursements et
dégrèvements), 3,40 milliards résultent d’une économie de constatation
sur la charge de la dette".
"Pourtant,
ajoute la Cour, les dépenses de personnel ont augmenté, passant de
119,6 milliards d'euros à 120,8 milliards d'euros en un an, comme les
dépenses d’intervention, passant de 65,7 milliards d'euros à 66,2
milliards d'euros (hors dépenses exceptionnelles), alors qu’elles
avaient diminué en 2013 ".
E) Après la crise, l’effondrement : comment en sortir ?
On nous a rebattu les oreilles sur la
responsabilité des financiers et des banquiers dans la crise financière
exonérant l’Etat de toute responsabilité. C’est « ce qu’on voit ».
Pourtant le principal coupable c’est bien lui. Par ses réglementations
il a perverti les lois du marché, et permis des choses naturellement
inconcevables sans sanction immédiate du dit marché. C’est « Ce qu’on ne voit pas ».
Les hommes politiques ont prétendu qu’il
fallait sauver les banques pour éviter le drame et que seul l’Etat
pouvait agir. Pour ce faire les Etats ont dépensé massivement de
l’argent qu’ils n’avaient pas. Ils ont ensuite affirmé relancer leur
économie par un interventionnisme délirant. C’était à celui qui
dépenserait le plus un argent qu’il n’avait toujours pas. Ils
ont eu recours à la dette et à la création monétaire. Personne ne les a
forcés, ils en étaient fiers. Cela correspond à leur mode de
fonctionnement profond : dépenser pour asseoir son pouvoir. Grâce à ces
politiques volontaristes, les politiciens ont prétendu avoir sauvé le
monde. « Sauveur du monde » ça vous donne une « posture d’Homme
d’Etat », bien utile, surtout en période électorale.
La réalité c’est que les politiciens ont
eu recours à « des politiques monétaires non conventionnelles » en un
mot la planche à billets, et à de la cavalerie : de la dette pour payer
de la dette. Endetter des Etats déjà endettés pour sauver les banques,
puis endetter des Etats moins endettés pour sauver les plus endettés. Le
projet de mutualiser la dette ne résoudra rien. Ce n’est pas de la
solidarité, c’est une fuite en avant. Comme les politiciens ne peuvent
pas endetter les Martiens la course à abyme finira par s’arrêter.
En attendant, le résultat est la
catastrophe que l’on connaît. Massivement endettés, en proie aux
déficits budgétaires, certains Etats sont passés de l’état de faillite
avérée cachée à l’état de faillite avérée évidente. Aujourd’hui le roi
est nu.
La crise a simplement été masquée
mais la nature reprend ses droits, le monde réel existe, même si les
politiciens en sont déconnectés.
Ces derniers n’ont aucune solution à
proposer malgré leurs concertations et sommets. Ils confirment qu’il ne
faut pas compter sur eux pour résoudre les problèmes qu’ils créent.
Leur analyse est mauvaise, les conclusions qu’ils en tirent sont
erronées, leurs solutions n’en sont pas. Prenons un exemple récent :
N’en déplaise à Alain Minc [1], nous ne subissons pas « un
coup de folie qui a trois racines : l’irrationalité des investisseurs,
l’inconséquence des banques, et l’inculture des agences de notation ». Ce que nous vivons, c’est la réalité qui rattrape les politiciens. Les investisseurs sont rationnels ils voient bien que la faillite est là. « Les banques ne se prêtent plus entre elles, craignant une improbable faillite ».
Mais si les banques savent qu’elles peuvent faire faillite, cela veut
dire qu’elles sont responsables et que personne ne les sauvera d’une
mauvaise gestion. Il en résulte une forte incitation à bien gérer.
« Et il est fascinant de voir avec
quelle superficialité les agences de notation jugent les pays. Pour
l’Italie elles méconnaissent (…) que 30% de l’économie souterraine ne
figure dans aucun compte, et elles n’intègrent pas la force de son
industrie. Elles oublient surtout que les pays européens peuvent
augmenter leur TVA et disposer d’un surcroît immédiat de ressources. »D’habitude
l’économie souterraine est critiquée comme vivant de la fraude,
alimentant la corruption, et réduisant les recettes de l’Etat. Les
agences de notation tiennent bien compte de l’économie souterraine
puisque sans économie souterraine bien des pays seraient dans une
situation plus dramatique encore. Si leur situation réelle leur permet
de surnager c’est que l’économie souterraine produit des fruits visibles
et les agences le constatent. Si vous voulez une bonne note, faites une
bonne politique. La force de l’industrie italienne aussi extraordinaire
soit elle, elle ne sauvera pas l’Italie dans les circonstances
actuelles. Quant à l’augmentation de la TVA, qui n’a aucune originalité,
elle ne sauvera rien. Elle ne créera aucune ressource, elle détournera
au profit de l’Etat des richesses produites par les gens et qui
sortiront du circuit du marché libre et de l’économie réelle. On est toujours dans le « ce qu’on voit » on ignore « ce qu’on ne voit pas ».
Ce n’est pas « la baisse brutale des cours des matières premières si elle se maintient, (qui) va éloigner les risques inflationnistes qui pesaient sur la Chine et les pays émergents » L’inflation
n’est pas liée à la hausse des prix, mais à l’augmentation de la masse
monétaire ne reposant sur aucune création de richesse. Nous allons peut
être « à marche forcée vers la gouvernance économique européenne ». C’est
le rêve des hommes de l’Etat mais c’est une mauvaise chose, comme le
serait une gouvernance mondiale. Bien des gouvernants, depuis des
décennies, ont suivi des politiques ineptes. Heureusement certains sont
parvenus à y échapper. Il existe des issues de secours. Une gouvernance
mondiale fermera toute issue de secours, tuera la concurrence entre
Etats, étouffera la liberté économique, fondera le totalitarisme.
Non l’urgence n’est pas « la coordination macroéconomique » mais la liberté microéconomique. « Les Chinois commencent à avoir peur. Bonne nouvelle ! »
La peur des Chinois, si tant est qu’elle existe, n’est pas une bonne
nouvelle. Dans une économie libre et prospère ce n’est pas la peur qui
guide mais la confiance. La bonne nouvelle serait la confiance. Comme
bien des personnes les Chinois, sont rationnels, ils ne sont plus
certains d’être remboursés ! D’ailleurs, l’agence chinoise de notation Dagong GlobalCredit Rating a, depuis plusieurs semaines, bien avant Standard & Poor’s, dégradé la note des USA à AA, et celle de la France à A-.
L’exemple qui précède n’est pas
isolé. Il suffit d’écouter une radio, de regarder la télévision, de lire
un quotidien ou un magazine, tous sont sur le même ton. Cela montre que
les seules idées des politiques et de leurs conseillers, sont plus de
réglementation, mondiale de préférence, et plus de taxes et d’impôts.
C’est ce qu’ils appellent la rigueur. Ils veulent l’imposer aux gens,
les contraindre à des sacrifices, et rester en place. En vérité, ce sont
les gens qui devraient renvoyer les politiques pour les sanctionner de
les avoir menés à la ruine.
Il ne sert à rien de se tourner vers
l’Etat. L’Etat providence est mort. Les individus doivent ouvrir les
yeux, la sécurité sociale par l’Etat est un leurre. Les personnes
doivent désormais accepter d’assumer la responsabilité de leur vie.
Chacun doit retrousser ses manches. « L’homme ne peut vivre et jouir
que par une assimilation, une appropriation perpétuelle, c’est-à-dire
par une perpétuelle application de ses facultés sur les choses, ou par
le travail. De là la Propriété. » Frédéric Bastiat « La Loi ». Chacun doit redécouvrir la Souveraineté individuelle et la coopération spontanée.
La seule solution est de cesser de s’endetter et de rembourser les sommes dues.
Les crises économiques ne sont pas
inéluctables, la réglementation et l’interventionnisme des Etats en sont
la cause. Frédéric Bastiat écrit dans « Harmonies économiques, A la
jeunesse française » : « Tous les intérêts légitimes sont harmoniques.
(…) la solution pratique du problème social : s’abstenir de les
contrarier et de déplacer les intérêts. Il ne faut pas étendre
artificiellement la solidarité de manière à détruire la responsabilité ;
en d’autres termes, il faut respecter la liberté. » Il faut respecter la liberté économique et la Propriété privée.
Pour ne plus s’endetter il faut diminuer
les dépenses publiques donc privatiser et strictement cantonner l’Etat à
ses fonctions régaliennes. Privatiser ce n’est pas vendre le pays, à
d’odieux prédateurs. C’est mettre en oeuvre une formidable puissance
économique légitime. C’est le retour de la responsabilité personnelle,
de la prévoyance et de l’épargne. La propriété et la responsabilité
personnelle sont les meilleures armes contre la fraude.
Pour rembourser il faut la
prospérité donc la liberté économique. Il faut baisser les prélèvements
obligatoires, pour que les individus aient les moyens matériels de se
prendre en main, de faire des choix économiques et de destin. Ils
pourront agir en particulier lors des privatisations. Même si ce ne sont
pas des nationaux, ce n’est pas un problème. La mondialisation ouvre
aux pays en difficultés les ressources de la planète entière, à
condition de jouer la carte du libre échange. Habituellement, les
étatistes déplorent l’existence d’une économie souterraine, parfois très
importante, qui réduirait les recettes de l’Etat. « C’est ce qu’on voit ». Mais elle permet aujourd’hui au pays de survivre, parce que l’argent reste dans l’économie réelle. « C’est ce qu’on ne voit pas ». Demain,
c’est une réserve de puissance pour une économie libérée. Autre réserve
de puissance, les exilés fiscaux, qui fuient la spoliation légale et
qui protègent leur bien de la rapacité des Etats. Au lieu de leur faire
la traque il faut les amnistier. Il faut une fiscalité simple faible,
claire, proportionnelle à taux unique : la flat tax. Il faut le retour à
la confiance, la sûreté juridique des droits de propriétés à l’abri de
l’Etat spoliateur.
Privatisation, baisse des
prélèvements, flat tax, amnistie, liberté économique, droits de
propriétés sûrs et libre échange sont les clés de la sortie de crise et
de la prospérité. Ce n’est que de cette façon que les particuliers,
libres, répareront les dégâts des Etats.
Patrick de Casanove
F) Déficit : les dérapages de l'État épinglés par la Cour des comptes
Selon la Cour des comptes et son président Didier Migaud, le déficit
budgétaire de l'État a continué à se creuser de plus de 10 milliards
d'euros en 2014. La dépense publique n'a elle été maîtrisée qu'au prix
de divers expédients.
Selon un rapport de la Cour des comptes, la réduction des déficits
s'est interrompue en 2014. Les Sages de la rue Cambon critiquent
également les "opérations budgétaires contestables" de l'État pour
stabiliser ses dépenses.
La Cour des comptes a passé au peigne fin l'exécution du budget de
l'État en 2014. Elle y relève une interruption dans la réduction du
déficit de l’État amorcée en 2010, une augmentation de sa dette, des
recettes fiscales inférieures aux prévisions et une stabilisation de
dépenses de l’État. Sur le creusement du déficit, supérieur de 10,7
milliards à l'année précédente, le premier président de la Cour des
comptes, Didier Migaud, a rappelé mecredi devant la commission des
Finances de l'Assemblée nationale que "même retraité des dépenses
exceptionnelles", comme le deuxième programme d'investissements d'avenir
(PIA) - de 12 milliards d'euros -, "le déficit augmente de 5,5
milliards d'euros par rapport à 2013".
"En réalité, la croissance
et l'inflation, plus faibles que prévu, ont affecté fortement
l'exécution du budget", a reconnu Didier Migaud. "En 2014, on est parti
sur des prévisions économiques bien meilleures que ce qu'il s'est
finalement passé", a expliqué l'entourage du secrétaire d’État au
Budget, Christian Eckert. A l'époque, le budget avait été élaboré sur la
base de prévisions de croissance de 0,9% et d'inflation de 1,3%. En
réalité, la croissance moyenne sur l'année a été de 0,2% et l'inflation
n'a pas dépassé 0,5%. Pour le gouvernement et sa majorité, c'est cet
écart dans la conjoncture qui explique l'écart de plus de 10 milliards
d'euros observé entre les recettes fiscales attendues et celles
finalement enregistrées.
Concernant la dette, Didier Migaud s'est
inquiété de son augmentation de 71 milliards en 2014 par rapport à 2013
et d'"un montant inégalé d'émission de titres de dette" programmé en
2015. Il a également critiqué le caractère "anesthésiant" des taux
d'intérêt très bas qui font baisser la charge de la dette. Il a
également regretté des "opérations budgétaires contestables" qu'auraient
pratiqué Bercy pour aboutir à une stabilisation des dépenses de l’État.
Le
gouvernement, lui, fait valoir que les dépenses sont en baisse par
rapport au niveau qu'elles auraient atteint si leur tendance à la hausse
n'avait pas été enrayée. "Le PIA a été largement utilisé pour combler
les insuffisances de crédits budgétaires en contradiction avec son
objectif initial, en particulier au profit du ministère de la Défense, à
hauteur de 2 milliards d'euros", estime la Cour, qui évalue à 3,3
milliards d'euros au total cette "substitution".
Une analyse
fortement contestée par les députés de la majorité au sein de la
Commission des Finances. Plusieurs d'entre-eux ont rappelé que le
pilotage du PIA était le même depuis 2010, c'est-à-dire qu'il était
confié aux opérateurs de l’État et non géré directement par l’État.
Autres "opérations budgétaires contestables" selon la Cour, la
sous-budgétisation de certaines missions comme les opérations
extérieures de défense ("opex", c'est-à-dire les interventions
militaires à l'étranger) ou de prestations comme les aides personnelles
au logement, l'hébergement d'urgence ou le RSA.
A propos des opex,
l'entourage de Christian Eckert a expliqué que la sous-budgétisation
éventuelle était "assumée". Quant aux prestations, "on est plus dans un
débat technique car ce sont des dépenses qui dépendent de la conjoncture
économique", a-t-on précisé de même source.
G) Déficit budgétaire, différents posts de blogueurs sur Contrepoints
H) L'inquiétude demeure à la Cour des Comptes
Régulièrement,
la Cour des Comptes, organisme chargé de contrôler les comptes publics
de l’Etat et des agences publiques, des entreprises publiques et de la
Sécurité Sociale (et le cas échéant de prodiguer des conseils) tire la
sonnette d’alarme sur l’état des finances de la France. Alors que le
projet de loi de règlement du budget 2014 (en d’autres termes, c’est la
loi qui soldera les dernières factures de l’année dernière) va être
présenté dans les prochains jours à l’Assemblée Nationale, de nouveaux
rapports sont venus ternir l’exercice 2014. Pour résumer, la Cour des
Comptes, par l’intermédiaire de son premier président, Didier Migaud,
interrogé par la commission des finances de l’Assemblée Nationale,
pointe du doigt un dérapage du déficit de l’état de 10.7 mds d’euros
(réparti entre une baisse des recettes fiscales de 6 milliards d’euros
et une hausse des dépenses de 4.2 milliards d’euros). Selon lui, ce
dérapage s’explique par des estimations de croissance et d’inflation
bien trop optimistes par rapport à la réalité. S’ajoutent à cela des
dépenses sous-estimées comme celles qui concernent les opérations
extérieures (l’engagement de l’armée française à l’étranger).D’autre
part, Didier Migaud s’est aussi inquiété de l’augmentation de la dette
de l’état: entre 2013 et 2014, elle a glissé de 71 milliards d’euros.
Pour l’exercice 2015, il semblerait que cela s’accélère encore
puisqu’une émission record de titres de dette est prévue. Les taux
d’intérêt particulièrement bas depuis quelques temps (même si on note
actuellement leur remontée), abaissant leur charge dans le budget de
l’état, agit comme un appel d’air en permettant d’emprunter plus. En
somme, on assiste à une fuite en avant des finances publiques.
"L'État se comporte comme les acteurs capitalistes qu’il critique à longueur de journée"
Enfin,
et c’est le point que je voulais aborder, la Cour des Comptes a noté
que l’Etat malgré la conjoncture économique difficile, continuait à
percevoir d’importants dividendes en provenance des entreprises dont il
est actionnaire. Or, cette manière de faire n’est pas conséquence: en
effet, en agissant de la sorte, l’état néglige le développement et
l’investissement indispensables pour que ces sociétés continuent à
rapporter de l’argent. En d’autres termes, l’Etat fait du court terme et
se comporte comme les acteurs capitalistes qu’il critique à longueur de
journée. Pour l’année 2014, les dividendes obtenus se sont montés à 4.1
milliards d’euros contre 3.1 prévus initialement par la loi de finances
présentée par le gouvernement. La Cour des Comptes va même plus loin en
ajoutant que plusieurs entreprises ont versé des dividendes en 2014
alors même que leurs résultats étaient déficitaires en 2013, citant
l’exemple d’Engie (ex-GDF-Suez) qui après avoir perdu 9.3 milliards
d’euros a réussi le tour de force de donner 1 milliard d’euros à l’état.
La juridiction financière souligne aussi que sur les douze plus
importantes sociétés dont l’état est actionnaire, neuf d’entre elles ont
connu des taux de distribution de résultats, supérieurs au taux moyen
des entreprises du CAC40, souvent prises pour cible pour rémunérer
beaucoup trop le capital [1].Alors que l’exemple récent d’Areva nous
montre que la gestion de l’état peut conduire à des situations
catastrophiques (pertes de 4.8 milliards d’euros pour l’exercice 2014,
auxquelles s’ajoutent entre 3000 et 4000 licenciements), on est en droit
de se demander si l’action publique (i.e. la participation de l’état
dans de grands groupes) est encore pertinente. Est-ce au contribuable de
payer pour ces erreurs de gouvernance surtout qu’il ne voit pas la
qualité des services s’améliorer pour autant (l’exemple ferroviaire est
éloquent à ce sujet) ? Reste que l’Etat par l’intermédiaire de l’APE
(l’agence qui gère les participations) ne compte pas renoncer de sitôt à
cette manne financière, même si pour cela il doit saigner à blanc
certains fleurons français. Dès lors on remarque une offensive de
l’Etat, qui vient tout juste d’augmenter sa participation dans Renault
(de 15% à 19.74%), au moment même où l’action grimpe.Mais les éminences
ministérielles ont une autre idée en tête: continuer à conserver de
l’influence dans certains groupes y compris dans ceux dont la
participation publique a baissé. C’est alors qu’entre en scène la
fameuse loi Florange, votée en 2014. En plus du volet controversé qui
demande à une entreprise de chercher un repreneur au cas où elle
voudrait fermer une succursale de plis de 1000 salariés, une deuxième
mesure, intéresse plus particulièrement l’Etat-actionnaire: celle qui
permet à un actionnaire qui détient ses titres depuis plus de deux
d’obtenir des droits de vote doublés. Etant donné le portefeuille
public, cette règle donne à l’état un immense avantage dont certains
opportunistes du gouvernement aimeraient tirer parti. Ainsi, selon une
étude récente si l’état cédait 10% d’EDF, 11.7% d’Engie et 10.7%
d’Orange, il récupérerait 16.5 milliards d’euros tout en conservant ses
droits de vote et donc son influence, l’empêchant d’être mis en minorité
[2]. Pratique, mais pas vraiment fair-play surtout si on tient compte
du conflit d’intérêt évident (l’état vote une loi qui lui profite
directement). Une raison de plus pour appeler à la fin de ces
participations.
Alexandre C.
[1] Dépêche de Reuters datée du 27 mai 2015 et disponible via ce lien.[2] Selon des données d'un article de l'hebdomadaire Challenges datant d'avril 2015 et consultables via ce lien.