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novembre 05, 2025

Vincent BENARD: Crise des retraites publiques aux USA: une bombe à retardement, et les leçons pour la France

Crise des retraites publiques aux USA: une bombe à retardement, et les leçons pour la France

La crise ancienne et profonde mais relativement peu médiatisée des fonds de pensions des fonctionnaires américains nous montre que lorsque les outils du capitalisme sont capturés par les politiciens pour servir l'intérêt des fonctionnaires, et transformés en capitalisme de connivence, des catastrophes sont à prévoir.
 

  Le système de retraites aux USA, présentation simplifiée 
  
Aux USA, on le sait peu chez nous, le premier pilier des retraites ressemble au notre. C'est un pilier par répartition, comme chez nous. Appelé "social security" (en abrégé, SSA, A pour Administration), il est financé par une taxe sur le salaire ("payroll tax") de 6,2% pour le salarié et 6,2% pour l'employeur. Ce système autorise des taux de remplacements moyens de l'ordre de 38% pour les salariés médians, plus élevé si la retraite est tardive, moins si elle est précoce. Dans ce pays que l'on nous dépeint couramment comme un enfer social, la formule de calcul du taux de remplacement est en fait plus élevée pour les salaires les plus bas: pour un salarié à 50% du salaire médian le taux de remplacement moyen sera de l'ordre de 55 à 60%, mais pour un salarié au double, il sera inférieur à 30%. Environ 94% des américains sont couverts par la social security. Un peu plus loin dans l'article, vous serez surpris de découvrir qui ne l'est pas. 
 
Par conséquent, plus les américains gagnent un salaire élevé et plus ils sont incités à investir une part supplémentaire de leur revenu dans un fonds de pension. Chaque salarié peut ouvrir un compte dans un fond de pension géré par l'employeur, compte qui peut le suivre lorsqu'il change d'entreprise. Il peut également ouvrir un compte retraite personnel (IRA) dont nous ne parlerons pas ici pour garder cet article dans des proportions raisonnables. Les comptes employeurs sont intéressants car ceux-ci, souvent, par convention, complètent les apports du salarié par un abondement équivalent.
 
Environ 50% des salariés du privé (48 à 55% selon les sources), aux USA, cotisent effectivement soit à un fond de pension d'entreprise, dont le plus connu est nommé poétiquement "401 (k)", du nom de la ligne de la déduction fiscale sur la feuille d'impôts, soit à un IRA, soit aux 2. Si un salarié quitte son entreprise pour une autre, il peut transférer son 401 (k), ou à tout moment, notamment s'il devient indépendant, il peut le transférer sur un IRA. La participation à ces plans est nettement plus élevée dans les grandes entreprises que dans les petites, qui ne proposent pas toutes un 401 (k). Il existe d'autres type de fonds employeur que le 401 (k), avec d'autres acronymes tout aussi administratifs, mais le 401 (k) est le plus usité. 
 
Bref, aux USA, la retraite de base est par répartition comme chez nous, mais compléter cette retraite par une cotisation à des fonds de pension est une pratique courante. 
 
Cas des salariés du secteur public, fédéraux ou locaux  
 
La situation est différente dans le secteur public US. Certaines collectivités ont choisi d'adhérer à la Social Security, mais certaines ont la liberté de ne pas le faire, et de diriger l'intégralité des cotisations vers des fonds de pension d'employeurs publics. ≈75% des salariés de la fonction publique locale sont couverts par la Social Security, mais ≈25% ne le sont pas et dépendent intégralement de leur fonds de pension. Eh oui, les 6% d'américains non couverts par la SSA sont principalement des fonctionnaires de certaines collectivités locales.
En complément, entre 90 et 95% (chiffre différent selon sources) des employés publics couverts par la social security cotisent également pour le fonds de pension de leur employeur. Le cas des employés fédéraux est plus complexe (il dépend de leur date d'entrée dans la fonction publique fédérale), sachez seulement qu'ils ont tous un pilier "social security" et un pilier "fonds de pension" sur lequel je reviendrai.
 
Les fonds de pension publics, aux USA, une puissance économique majeure 
  L'encours des fonds de pension du privé atteint environ 12 000 milliards de dollars pour environ 100 millions de bénéficiaires, soit une moyenne de 120 000 $ par compte. 
 
Celui des fonds de pension publics des états fédérés atteint 6 500 milliards (source) pour "seulement" 20 millions de bénéficiaires, soit un peu plus de 300 000 $ par compte. Les fonctionnaires US semblent donc particulièrement chouchoutés par leurs employeurs. 
 
 

 

La Californie est le premier état de l'Union en matière de fonds de pension publics. Les deux plus connus sont CalPERS (California Public employees Retirement System), qui fédère les comptes épargne retraite des fonctionnaires de 2800 collectivités de l'état, et CalSTRS, dédié aux enseignants. Mais les grandes villes (LA, SF, San Diego, etc...) ont également leurs fonds de pension. Ces fonds californiens représentent ≈1200 milliards sous gestion, soit 20% des actifs des fonds de pension publics des USA. Le plus important, Calpers, en représente presque la moitié. 
 
Pourquoi s'intéresser plus particulièrement à la Californie, au delà de son poids démographique ? Et bien c'est l'état où la plus grande proportion de salariés du public ne sont pas couverts par la social security: 64% des collectivités adhérentes de Calpers, la quasi totalité des adhérents CalStrs, et 40 % des adhérents de fonds des grandes villes. Autant dire que leur retraite dépend grandement de la bonne santé, de la bonne gestion de leur fond de pensions. Et c'est là que le bât blesse. 
 
Pour l'expliquer, intéressons nous au cas de CalPers. 
 
Calpers, un fond de pension géant... et structurellement déficitaire 
 
Le fonds de pension des fonctionnaires de l'état californien, CalPers, est de loin le premier fonds de pension d'administration locale aux US avec $550 milliards d'encours sous gestion. Ce fonds est régulièrement mis sous la lumière des médias pour ses problèmes de gestion. Ainsi, par exemple, il vient d'annoncer qu'une de ses branches consacrée aux investissements "écoresponsables" avait perdu 71% de sa valeur. Certes, l'encours total de ce fonds vert n'était que de 500 millions, et l'information pourrait passer relativement inaperçue.
 
 
Ce n'est d'ailleurs pas l'essentiel de l'article qui expose ces pertes. Celui ci nous apprend (ou nous rappelle, car l'information n'est pas nouvelle) que le fonds CalPers, officiellement, est sous financé à hauteur de 21%. Cela veut dire que l'encours sous gestion, selon les comptes officiels de l'état californien, ne couvre que 79% des pensions de retraite promises aux bénéficiaires. Et surtout, l'article nous apprend que sauf évolution législative, ce sont les contribuables californiens qui devront éponger le déficit, officiellement estimé à 180 milliards de dollars... 
 
 A ce stade, vous vous posez sûrement une question parfaitement légitime, si vous suivez le débat "retraite par répartition vs retraite par capitalisation":
"Les libéraux passent leur temps à nous dire que la répartition est structurellement non finançable et qu'il faut passer à la capitalisation. Mais vous nous donnez un exemple de fonds de pension structurellement déficitaire. N'est-ce pas la preuve que les libéraux ont tort ?"
Il est exact que même de nombreux libéraux n'ont qu'une idée assez approximative du fonctionnement des différents types de retraite, et se focalisent uniquement sur l'aspect certes important du mode de redistribution (par répartition ou par capitalisation), oubliant le second volet tout aussi essentiel, à savoir le mode de détermination de la retraite. En gros, tant en répartition qu'en capitalisation, il existe deux sortes de modalités: les retraites à "cotisations définies" ou à "prestations définies". 
 
"Cotisations définies" ou "prestations définies", le nœud du problème
 
Dans le premier cas, on définit une fois pour toute le niveau des cotisations, et le gestionnaire de la retraite fait pour le mieux pour servir les retraites en fonction de l'argent qui rentre, qu'il ait été capitalisé ou pas (c'est le cas du premier pilier des retraites par répartition et à points en Suède). Aucun niveau de retraite n'est garanti, mais sauf cataclysme financier géopolitique d'ampleur inconnue, le système est a priori impossible à mettre en faillite, puisqu'aucune promesse ferme ne lui est attachée. 
 
Dans le second cas, le législateur, ou le fonds de pension, définit une formule de calcul de la retraite et s'engage à reverser "à partir de tel âge, X% de tel salaire". 
 
 Le problème est que ces promesses sur des durées longues ne valent en général guère mieux que le papier sur lequel les prévisions de recettes futures ont été faites. Ainsi, nos retraites par réparation bien françaises sont structurellement en faillite car les projections démographiques sur lesquelles elles ont été établies (ratio actifs/retraités) se révèlent exagérément optimistes. 
 
 La "social security", pilier de base des retraites US, est un système de retraite à prestations définies et par répartition: malgré l'existence d'un petit fond de réserve couvrant trois années de paiement, les sommes encaissées auprès des salariés actifs sont directement reversées aux pensionnaires, exactement comme chez nous. Et les projections montrent qu'à partir de 2034, il sera incapable de tenir ses engagements en matière de calcul des retraites servies, ne pouvant tenir que 81% de ses engagements (source). Il faudra donc au plus tard à cette date le réformer: soit augmenter les cotisations, soit réduire les pensions versées, soit augmenter l'âge de départ. Exactement comme chez nous. La démographie est impitoyable. 
 
Mais quid des fonds de pensions du secteur public et du secteur privé ? La situation y est elle aussi mauvaise ? Est elle la même dans les deux types de fonds ? 
 
Prestations définies + racket du contribuable = cocktail explosif 
 
Quasiment tous les fonds de pension pour les agents de la fonction publique locale US sont à prestations définies. Autrement dit, les cotisants se voient promettre une formule de calcul intangible à leur entrée dans la fonction publique locale. Et un grand nombre ces fonds, comme Calpers, ont un grave problème de sous-financement. 
 
Dans l'exemple de Calpers, ce n'est pas la démographie qui est en cause, mais les prévisions de rendement financier à long terme des capitaux accumulés qui se sont révélées fausses. Ainsi, en 1999, un gouverneur démocrate, Gray Davis, dont la campagne avait été massivement financée par les syndicats de fonctionnaires californiens, a non moins massivement augmenté les retraites de nombreux agents publics, et a abaissé l'âge de perception, jusqu'à 55 ans pour certaines catégories. 
 
A l'époque, Davis a justifié ses largesses en arguant d'une prévision de croissance des fonds en gestion de 8.25% annuellement. Ceux ci atteignaient 159 Mds en 1999 et devaient, selon un scénario prétendument conservateur, atteindre 613 Mds en 2016. Mais à cette date, ceux ci ne valaient que 295Mds, les 8.25% de croissance annuelle attendue ont en fait été réduits de plus de moitié (3.7%). La barre des 600 milliards n'est toujours pas franchie en 2025... 
 
De nombreux fonds de pension privés ont connu ce même problème de sous-financement à la fin du siècle dernier ou au début du présent millénaire. Généralement gérés par l'entreprise des salariés cotisants, comme PanAm ou GM, ces fonds avaient, pour acheter la paix sociale, promis des niveaux de pensions fondés sur des espoir de rendements cumulés irréalistes. Dans certains cas comme celui de la PanAm, la faillite de ces fonds a mis en faillite l'entreprise mère. Dans de nombreux autres cas comme GM, une transformation des fonds de "prestation définie" à "cotisation définie" a été négociée, parfois à la suite de grèves très dures, et les fonds des salariés ont été transférés sur des comptes individuels de type 401 (k). Aujourd'hui aux USA, plus de 90% des fonds de pension privés sont à "cotisations définies". 
 
Des problèmes similaires ont affecté des entreprises européennes y compris récemment. Ainsi par exemple, lorsque Air France a racheté KLM, il a fallu convertir le fonds de pension à prestations définies de l'avionneur néerlandais, condamné à être déficitaire à court terme, en fond à cotisations définies, après une grève des pilotes et des personnels au sol en 2016 (cf cet ancien article de votre serviteur). La conversion a été menée de façon progressive et a été achevée en 2021. 
 

 
 Gouvernance par le marché ou par les politiciens : des résultats diamétralement opposés 
 
  Ainsi donc, sous la pression du risque de faillite, de nombreux fonds de pension du secteur privé, autrefois mal gérés, ont été contraints de se convertir à des principes de gestion sains. Mais presque rien de tout cela ne s'est produit dans le secteur public américain. 
 
 Je dis presque, parce que dans le cas de la fonction publique fédérale, Ronald Reagan, qui avait compris le problème, a réussi, à la suite d'un compromis politiquement durement négocié, à créer un fonds de pension à cotisations définies, le TSP, remplaçant en grande partie l'ancien fond à prestation définies pour les fonctionnaires embauchés après 1987. Le TSP gère aujourd'hui plus de 1000 milliards d'actifs et est structurellement non-submersible puisque sans engagement de prestation. Seuls les vieux fonctionnaires et les retraités actuels de l'état fédéral (s'ils ont été embauchés avant 1987) ont encore un fonds de pension à prestation définies. Lequel, évidemment, est également structurellement déficitaire, mais là, c'est logique, puisque le système n'a pas de nouveaux entrants, et a priori, le déficit est correctement provisionné, puisque démographiquement parfaitement connu, et en réduction graduelle. (Oui, je sais, la retraite aux USA, avec ses milliers de cas particuliers, c'est un gros bordel)
 
Mais les cas de conversion similaires vers les cotisations définies sont rares dans la fonction publique locale. Les fonds à prestations définies y sont l'ultra majorité, et leur santé financière inquiète. 
 
Car le cas de CalPers est très loin d'être isolé ! Sous la pression des syndicats, souvent avec le soutien du parti démocrate, c'est une grande partie des fonctionnaires américains qui se sont opposés à une transformation de leurs fonds. Et pour cause: dans la plupart des cas, les lois des états concernés prévoient qu'en cas de déficit du fonds, le contribuable local devra éponger les dettes ! Pour ce faire, les états ou localités concernées se contenteront d'augmenter le taux de l'équivalent US de nos "cotisations patronales", ce qui, évidemment, ne sera possible qu'en augmentant les impôts ou la dette. 
 
 20 millions de bénéficiaires (retraités actuels ou futurs) sont couverts par des fonds de fonctionnaires locaux à prestations définies, et le déficit cumulé de ces fonds, selon leurs propres déclarations financière, atteint 1600 milliards de dollars. Mais des chercheurs de l'université de Stanford, Rauh et Giesecke, après avoir analysé les performances de 90% des fonds publics du pays entre 2014 et 2022, affirment que ces estimations sont encore bien trop optimistes. En effet, tant l'évaluation des retraites futures (évolution de l'espérance de vie, et de la base de calcul promise aux retraités futurs) que les risques de dépréciation de leurs actifs sont, selon eux, notoirement sous estimés, et le sous financement réel serait plus proche de 5 000 milliards, soit plus de 50% de sous financement, et 17% du PIB ! Comme le dit un des auteurs de l'étude, "C'est une incohérence majeure: des engagements sans risques sont couverts par des actifs risqués". 

 
La gestion des investissements par ces fonds pose de nombreuses questions. Rauh et Giesecke indiquent que pour faire face au manque de fonds pour servir leurs retraites, les gestionnaires des fonds sont tentés de se tourner vers des actifs de plus en plus risqués. Facile, quand au final, c'est le contribuable qui assure les risques !  
 

 
Des promesses soutenues par les contribuables... Lesquels n'ont aucun droit de regard !
 
Revenons à l'exemple de Calpers. Dès 2013, les analystes notaient que la gestion des investissements du fonds était entachée d'incompétence dans l'évaluation des risques, de corruption, et que de nombreux choix d'investissement basés sur des critères politiques ou des effets de mode, notamment vers des valeurs "écoresponsables", posaient question quant à leurs retours futurs. La perte récente de leur fond vert mentionnée au début de cet article, même si elle parait anecdotique (400 millions sur 550 milliards d'encours), est symptomatique de ces constats.
 
Le think tank "California Policy Center" note cette année que rien n'a changé depuis. En effet, de par la loi californienne, ce fonds est exonéré de rendre des comptes aux pouvoirs législatifs et exécutifs de la Californie, mais ceux ci peuvent, nous l'avons vu, forcer ce fonds à distribuer des avantages financièrement intenables. Ainsi, le gouverneur Gray Davis n'a jamais eu à rendre de comptes quant à ses décisions de 1999. Certes, dans une interview en 2017, confortablement retraité, il avouait qu'il avait sans doute fait une erreur en adoptant sa réforme de 1999. Mais sa seule sanction fut électorale: il fut sèchement battu par Arnold Schwarzenegger en 2003. Mais ce dernier, bien que parfaitement conscient du problème, n'a pas pu réussir à obtenir de majorité lui permettant de réformer la gouvernance de Calpers durant ses 8 années à la tête du Golden State. Selon le CPC, "Calpers n'est redevable qu'envers lui même" et ment sciemment aux décideurs politiques quant à sa situation réelle pour désinciter les législateurs californiens à prendre les mesures drastiques qui, pourtant, s'imposeraient. 
 
Mais ces maux n'affectent pas que Calpers, nous l'avons vu. CalSTRS, l'autre géant public californien, fait l'objet de critiques similaires. Les fonds de pension de grands États comme l'illinois, le New Jersey, le Massachussets, liste non exhaustive, sont montrés du doigt pour leurs ratios de sous financement élevés et leur gestion peu efficace. 
 
 Le système américain de retraites est donc en proie à des difficultés, mais ces difficultés sont différentes selon le secteur d'emploi concerné. 
 
 À la base, le premier pilier, la Social Security, sera fortement déficitaire à partir de 2034 et devra, nous l'avons vu, être réformé. Quant aux fonds de pension, leur situation varie: d'un côté des fonds de pension privés qui ont dû, sous la pression de règles de marché (le risque de faillite), se réformer et adopter des principes de gestion sains, et d'un autre côté, des fonds de pension de fonctionnaires gouvernés par des politiciens qui ne rendent aucun compte de leurs erreurs, et dégagés de leur obligation de sérieux financier par l'assurance d'être renfloués par les contribuables, qui peuvent faire n'importe quoi et ne s'en privent pas. 
 
 Leçons pour la France 
 
Bien que nos retraites soient essentiellement assises sur un mécanisme de répartition et que la capitalisation y soit bien moins développée, leur situation présente bien des similitudes avec celle des fonds de pension des fonctionnaires américains: gérées selon des critères politiques, non correctement provisionnées, et qui ne pourraient être honorées qu'en accroissant la pression fiscale sur les contribuables, d'une manière ou d'une autre, l'alternative étant de rompre la promesse initiale et de réformer le système. 
 
Cette réforme est inévitable. Quelle que soit la voie choisie (répartition par points à la suédoise avec âge de départ libre et revalorisation actuarielle du point de retraite en conséquence, ou capitalisation, ou un mix des deux), il convient de retirer le système de pensions du jeu de l'irresponsabilité politique en abandonnant tout principe de prestations définies à l'avance. 
 
La seule façon de garantir l'existence des pensions de retraites à terme est d'en faire des systèmes à cotisations définies, en fixant une seule fois pour toutes le taux de cotisations acceptable prélevable sur les actifs (libre à eux d'abonder un fonds complémentaire s'ils le veulent), et surtout de ne pas promettre aux retraités de demain ce que ne pourront pas financer les contribuables d'après-demain. 
 
 Vincent Benard

 
 

 

octobre 10, 2025

Oubliez la politique - L’attraction du vide: Jacques ATTALI !

Peut-on imaginer la France sans gouvernement efficace jusqu'en mai 2027, dans un monde de plus en plus dangereux où les décisions vitales pour l'avenir du pays ne peuvent plus attendre ? 

Voilà ce qui nous attend, quel que soit le scénario. Et cela peut paraître terrifiant. Car les décisions à prendre au cours des dix-huit prochains mois sont vertigineuses. Il y en a au moins dix :

 


 

1 - Allons-nous voir les déficits et les inégalités de toutes sortes continuer à se creuser pendant encore dix-huit mois, ou agirons-nous pour les réduire ? 

2 - Laisserons-nous la récession s’installer et le chômage augmenter, ou nous donnerons-nous les moyens d’une politique de croissance durable ? 

3 - Laisserons-nous les géants américains et chinois ruiner l’industrie française et européenne en inondant nos marchés de vêtements bon marché, de produits agricoles non conformes à nos normes, de leurs applications dévastatrices de l’intelligence artificielle et de leurs véhicules électriques, ou réagirons-nous ?

4 - Laisserons-nous notre système éducatif à la dérive, ou lancerons-nous les grandes réformes nécessaires ? 

5 - Donnerons-nous la priorité aux énergies fossiles, ou maintiendrons-nous la fragile priorité des énergies durables ? 

6 - Prendrons-nous au sérieux les conflits actuels ou imminents, exigeant un renversement radical de nos doctrines militaires et de nos priorités en matière d’armement, ou continuerons-nous à commander les armements nécessaires aux guerres d’antan ? 

7 - En l'absence d'une voix française, allons-nous laisser la logique du marché continuer à faire des ravages en Europe, notamment dans l'agriculture et les télécommunications, ou allons-nous nous diriger vers une Europe industrielle en construisant des géants continentaux ? 

8 - Allons-nous rester les bras croisés face à la prise de contrôle progressive des instances européennes par nos partenaires allemands, ou allons-nous faire entendre une voix française forte et respectée ? 

9 - Allons-nous laisser la laïcité continuer à être remise en question, ou allons-nous assurer une protection crédible aux enseignants, qui sont en première ligne de cette défense ? 

10 - Allons-nous laisser le racisme gangrener nos universités et nos rues, et creuser le fossé entre les différentes communautés, ou oserons-nous adopter une politique d'intégration ambitieuse ?

 


 

Quoi que nous fassions, au cours des dix-huit prochains mois, de nouvelles décisions seront prises sur ces questions. Tant que la France se trouvera dans une position institutionnelle très fragile, quel que soit le scénario envisagé : 

1 - Nous maintiendrions ce Parlement, avec plusieurs gouvernements très faibles, à la recherche du plus petit dénominateur commun d'une majorité improbable. 

2 - Après une dissolution, un autre Parlement également divisé conduirait également à des gouvernements très faibles.

3 - Après une dissolution, une nouvelle majorité parlementaire émergerait, probablement composée de l'extrême droite et de quelques alliés. Après la démission du président, un nouveau président serait élu dans les mois à venir. Dans les quatre scénarios, l'État serait très affaibli : dans les deux premiers scénarios, celui d'un parlement sans majorité absolue, l'État serait, et est déjà, très largement paralysé, incapable de faire les choix difficiles exigés par les questions précédentes. Dans le troisième scénario, celui de la cohabitation, l'État serait également paralysé : le président, s'accrochant obstinément à ses prérogatives, bloquerait la volonté de la nouvelle majorité de mettre en œuvre une politique européenne et militaire différente, qui, à notre connaissance, serait hostile à l'alliance allemande et favorable à une alliance russe. Il ne serait cependant pas en mesure d'imposer la sienne, la politique européenne étant désormais entièrement imbriquée dans la politique intérieure. De plus, dans chacun de ces trois scénarios, pendant dix-huit mois, tous les partis ne penseraient qu'à préparer l'élection présidentielle de mai 2027 ; Ils feraient tout ce qui est en leur pouvoir, au pouvoir comme dans l'opposition, pour ne proposer ni prendre aucune décision susceptible de heurter la sensibilité, ni entreprendre les réformes nécessaires, après tant d'années de laxisme et de narcissisme, se contentant de flatter l'opinion publique en colère. 

Et ne pensons pas que nous pourrons nous rattraper après mai 2027 : les choix importants auront été faits par d'autres et imposés à la France.

 


 

Dans le quatrième scénario, où le Président serait bientôt contraint à la démission, son successeur se trouverait immédiatement sur un siège éjectable, car on pourrait penser qu'il pourrait lui aussi être éjecté à la moindre tempête. Sa voix ne serait pas plus audible à l'étranger que celle d'un Premier ministre soumis à la tyrannie des urnes, et l'institution présidentielle serait définitivement discréditée. 

Dans ces quatre scénarios, les seuls possibles, l'État sortirait de ce mandat présidentiel terriblement affaibli. Nos adversaires et partenaires profiteraient de notre faiblesse pour faire avancer leurs causes. On ne peut pas leur en vouloir : en politique, il n'y a jamais de trêve ; on tire sur les ambulances. Et la France est un homme blessé. 

Ainsi, puisqu'aucun des quatre scénarios n'est le bon, on ne peut qu'espérer que les entreprises, les syndicats, les enseignants, les hauts fonctionnaires, les personnels de santé, les régions, les élus locaux et les militants associatifs apprennent enfin, pour la première fois dans l'histoire de France, à ne pas tout attendre de l'État. Ni d'une classe politique en perdition, qui pourrait peut-être, pour la première fois depuis quarante ans, consacrer les dix-huit prochains mois à réfléchir à une vision à long terme pour le pays et, le moment venu, proposer des programmes complets et sérieux pour les prochaines élections. Conformément à la tradition et à l'histoire françaises, ces programmes devraient reposer sur l'opposition d'une gauche et d'une droite démocratiques. On peut rêver. 

https://www.attali.com/en/geopolitics/forget-politics/ 

                                           Image : L’Appel du Vide de Gretchen Andrew, 2018.
 

L’attraction du vide.

Il est des moments, dans la vie publique comme dans la vie privée, où les peuples et les individus se laissent glisser vers l’abîme. Non pas parce qu’ils l’ont voulu, mais parce qu’ils ont cessé de vouloir autre chose ; par lassitude, par résignation, par ce mélange d’impuissance et de fascination qu’éprouve celui qui, appuyé sur une balustrade, est pris de vertige et ne voit plus d’autre issue que de se laisser glisser ; comme si le vide, parce qu’il tend les bras, devenait plus rassurant que l’effort pour y résister. C’est ce vertige du vide, cette étrange complaisance avec la fatalité, qui semble aujourd’hui gouverner tant de nos comportements collectifs. Et trop souvent, aussi, nos comportements les plus intimes.

À l’échelle planétaire, nous savons depuis longtemps où conduit notre course effrénée : vers l’effondrement écologique. Nous en connaissons les causes, nous en connaissons les remèdes ; et pourtant, nous ne faisons presque rien. Nous continuons à brûler, à polluer, à détruire, comme si l’humanité tout entière était hypnotisée par le spectacle de sa propre disparition, fascinée par la beauté morbide de l’incendie qui commence.

À l’échelle européenne, le même vertige s’installe. Nous voyons les empires se comporter avec nous comme si nous n’étions plus pour eux qu’une proie. Nous voyons se figer la machine bruxelloise, engluée dans sa propre lourdeur. Nous voyons les équilibres politiques continentaux se dissoudre dans des compromis minimalistes, sans cesse remis en cause par des extrêmes qui, patiemment, tissent leurs toiles et aspirent vers eux les colères et les peurs des peuples.

A l’échelle française, le même vertige s’annonce, plus visible encore, tout aussi cruel. Comme si nous avions collectivement admis que l’extrême droite n’aurait plus comme adversaire que l’extrême gauche, et serait bientôt au pouvoir. Comme si, par ailleurs, nous avions accepté l’infériorisation de certaines femmes dans certaines communautés, où des hommes se considèrent eux-mêmes comme infériorisés par le reste de la société ; et  comme si nous nous résignions à ce que de jeunes juifs ne puissent plus aller à l’université sans être agressés et que des artistes juifs ne peuvent plus se produire dans des salles françaises.

Le spectacle politique ne fait rien pour nous détourner de ce vertige : l’extrême gauche, antisémite par calcul, obsédée par le rejet de tout ce qui est succès et réussite, préfère effrayer que rassembler ; les partis de gouvernement, qui, il n’y a pas si longtemps encore, portaient des projets et des idées, se sont « autopulvérisés » en une poussière d’egos ; avec des leaders plus nombreux que leurs militants, des ambitions plus vastes que leurs visions. Les débats parlementaires, trop souvent dérisoires et hurlants, révèlent une classe politique à bout de souffle, incapable d’imaginer une voie pour maîtriser la dette autrement que par des impôts insupportables.

Tout cela ne fait que préparer à l’arrivée au pouvoir d’une extrême droite, suivie par une crise financière majeure, elle-même suivie d’un plan de rigueur extrême, qui frappera en priorité, comme toujours, ceux qui travaillent et qui croient encore à la promesse républicaine. Déjà, nombre d’entre eux, riches ou non, songent à partir ; et quand, dans un pays, les élites du travail songent à l’exil, c’est que ce pays a déjà commencé, dans son inconscient, à renoncer à maîtriser son avenir.

Les médias, souvent sans en avoir conscience, amplifient cette attraction du vide ; ils donnent plus souvent la parole à ceux qui exposent les souffrances et les catastrophes qu’à ceux qui expliquent comment les prévenir ; ils glorifient la plainte et la victimisation, invisibilisent le travail, le mérite et le succès. Le malheur devient un  spectacle, la misère un facteur d’audience. Chaque soir, les écrans dressent le portrait d’une France fracturée, épuisée, apeurée, amère, qui se regarde vieillir dans le miroir déformant de ses propres renoncements. Une France effrayée par les immigrants clandestins, assiégée pas ses doutes, incapable de défendre sa laïcité, repliée sur une identité qu’elle ne connaît plus, parce qu’on a cessé de la lui enseigner.

Faut-il s’y résigner ? Non. L’attraction du vide n’est pas une fatalité.

Il faudrait d’abord ne plus regarder vers le gouffre, mais vers le haut ; cesser de confondre la marge et la norme, donner plus d’audience à ceux qui construisent qu’à ceux qui détruisent ; admirer la grandeur, la beauté du travail bien fait, la noblesse du service public, la fierté de l’artisan et du chercheur, la valeur du professeur, du soignant, de l’ingénieur, de l’inventeur, du paysan ; montrer leurs visages trop souvent invisibles. Il faudrait aussi écouter tous les jeunes, souvent venus de quartiers délaissés, qui créent, entreprennent, s’intègrent, rêvent d’un futur durable, harmonieux et rassemblé. Il faudrait redonner leur place aux bonnes nouvelles : aux découvertes scientifiques qui émerveillent, aux inventions qui allègent la peine, et aux progrès sociaux ; ils annoncent tous que la douleur peut reculer, que la misère n’est pas éternelle, que le climat peut être régulé, que l’agriculture peut devenir régénérative, que l’alimentation peut devenir saine, que les villages ne sont pas condamnés à se vider de leurs habitants, que la barbarie, même la plus atroce, n’est pas irréversible.

Tant qu’on continuera, à glorifier la plainte, à moquer la réussite, à mépriser l’effort, à nier les succès, le vide gagnera du terrain.

L’espérance n’est pas naïveté : elle est d’abord une méthode de survie. La politique n’est pas qu’un art du pouvoir : elle est, d’abord, un art du récit. Les peuples avancent non par la peur du gouffre, mais par la promesse du sommet.

Il faut alors, d’urgence, réécrire une histoire commune où chaque citoyen trouvera sa part de lumière ; une histoire qui ne dise pas ce que nous sommes résignés à perdre, mais ce que nous pouvons gagner. Cette histoire ne naîtra pas d’un homme providentiel, mais d’une nation éveillée. Il n’est pas trop tard.

https://www.attali.com/societe/lattraction-du-vide/ 


 

septembre 06, 2025

Enseignement et dérives !

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La formation idéologique ne plairait t-elle plus ? 
Plus une vocation ? 
Serait-ce devenu un danger ?
 
 

Pénurie de professeurs à la rentrée 2025 : un naufrage éducatif annoncé
La crise des vocations : 2 500 postes non pourvus
La rentrée scolaire 2025 s’annonce sous de sombres auspices pour l’Éducation nationale française. Selon les dernières données officielles, l’équivalent de 2.500 postes de professeurs restent non pourvus, https://www.franceinfo.fr/.../ma-fille-m-a-dit-que-c... principalement dans l’enseignement secondaire. Cette situation, confirmée par la ministre de l’Éducation Élisabeth Borne, met en lumière une crise profonde des vocations, avec des concours qui ne font plus le plein de candidats. Des matières comme les lettres classiques, l’allemand ou les sciences industrielles sont particulièrement touchées, laissant des classes entières sans enseignants stables. Des parents, comme cette mère des Mureaux dans les Yvelines, rapportent des anecdotes poignantes : « Ma fille m’a dit que c’était une remplaçante, mais qu’elle ne serait plus là dans une semaine, que ce serait une autre. » Ce turn-over incessant prive les élèves, surtout dans les zones d’éducation prioritaire (REP+), d’une continuité pédagogique essentielle, avec des classes parfois redistribuées ou laissées sans maître pendant des semaines.
 
Cette rentrée 2025 a été encore plus chaotique dans certains départements, comme les Bouches-du-Rhône et le Var, où elle a été reportée https://www.lemonde.fr/.../rentree-scolaire-reportee-d... d’une journée en raison d’intempéries annoncées, avec une vigilance orange pour pluies et orages, entraînant des précipitations pouvant atteindre 100 à 150 millimètres par heure et des risques d’inondations. La décision du préfet, prise le 31 août malgré un ciel clair à ce moment, a affecté près de 700.000 élèves, fermant écoles, collèges, lycées, crèches et même certains sites universitaires, tout en stoppant les transports scolaires. Finalement, la rentrée a eu lieu le 2 septembre, mais avec 123 écoles impactées dans les Bouches-du-Rhône (dont deux fermées), des ruissellements près de Cassis et La Ciotat, des coupures d’électricité touchant plus de 700 foyers dans le Var, des inondations et même un accident mortel dû à une chaussée glissante.
 
Cette mesure révèle la lâcheté des autorités, qui paniquent au moindre orage et reportent une rentrée nationale pour des prévisions météo, même si les impacts réels ont été limités. La France n’assume plus rien, baissant les bras face à un épisode cévenol banal, aggravant le sentiment d’instabilité pour parents et enseignants déjà fragilisés par la pénurie.
 

 
Le constat accablant : démographie en chute et instabilité politique
Cette pénurie n’est pas un accident isolé, mais le symptôme d’un système en plein effondrement, comme l’analysent des experts tels que Jean-Paul Brighelli, ancien enseignant et auteur de La Fabrique du crétin, https://www.fnac.com/.../Jean-Paul-Brighelli-La-fabrique... et Michel Valadier, directeur général de la Fondation pour l’école. https://www.fondationpourlecole.org/ Dans une table ronde récente, ils dressent un constat accablant : https://www.youtube.com/watch?v=Fb4iTy7ui9Y l’école française subit une accélération de la chute démographique, avec 92.000 élèves en moins cette année et une projection de 800.000 en cinq ans. Cela entraîne des fermetures de classes massives – 5.000 dans le public – et d’écoles entières, particulièrement dans les zones rurales, où les protestations des parents se multiplient.
Mais au-delà du quantitatif, c’est le qualitatif qui alarme : une instabilité politique chronique, avec six ministres en deux ans, empêche toute réforme de fond.
 
Les conditions de travail infernales : un recrutement politisé et démagogique
Les conditions de travail des professeurs sont au cœur de cette crise. Brighelli et Valadier pointent du doigt un recrutement hyper politisé, imprégné d’une idéologie de gauche qui privilégie la démagogie au détriment de l’autorité et de la transmission des savoirs. « Tant que l’on ne définit pas l’école comme le lieu de la transmission des savoirs, on ne progressera pas », martèle Brighelli. Selon lui, les programmes sont idéologiquement bornés, imposant des théories comme celle du genre sous prétexte d’accueil et d’inclusion, transformant l’instruction en un terrain de fantasmes politiques. Les professeurs, formés dans des structures pédagogistes comme les INSPE (ex-IUFM), sont démunis : ils apprennent plus le « savoir-être » que le savoir pur, délaissant la grammaire, l’orthographe ou l’histoire factuelle. Résultat ? Un manque criant d’autorité, où les élèves contestent ouvertement les enseignants, et une hiérarchie qui, à l’image de cette idéologie, ne les soutient pas. « L’enfant est roi », résume Brighelli, évoquant des cas où les parents sont infantilisés et les professeurs livrés à eux-mêmes face à des dérives comme l’idéologisation des cours d’histoire, qui culpabilisent les élèves sur le colonialisme ou le « privilège blanc » sans contextualisation chronologique.
 

 
 
La déresponsabilisation des parents et l’idéologie envahissante
Valadier renchérit : les parents, déresponsabilisés, voient leurs enfants rentrer à la maison pour leur faire la morale sur le tri sélectif ou d’autres sujets triviaux appris à l’école, tandis que les fondamentaux – lire, écrire, compter – passent au second plan.
Cette démagogie crée un cercle vicieux : les enseignants ne savent pas se faire respecter, car leur formation les oriente vers l’acceptation et l’amitié plutôt que l’instruction stricte. « Il faut que l’école soit à l’écart du monde », cite Brighelli en référence à Jean Zay, ministre du Front Populaire, pour insister sur le besoin d’interdire aux maîtres d’importer leurs biais idéologiques, comme ces professeurs agitant des drapeaux palestiniens au lycée. La hiérarchie, complice de cette politisation, abandonne les enseignants face à des classes ingérables, où l’ambiance de travail est dramatique et la baisse de niveau drastique.
 
L’effondrement historique : des réformes destructrices
Dans une conversation explosive https://www.youtube.com/watch?app=desktop&v=ra9nv8umSbk avec Brighelli, l’effondrement est encore plus détaillé. Il remonte aux années 1970, avec le collège unique et le regroupement familial, qui ont abaissé les standards pour intégrer des populations immigrées sans adapter le système. « On a préféré les compétences aux savoirs », regrette-t-il, critiquant des réformes comme le protocole de Lisbonne (2000) https://www.europarl.europa.eu/summits/lis1_fr.htm qui ont massifié l’enseignement au prix d’une médiocrité généralisée. Les professeurs, issus d’une formation défaillante, peinent à transmettre : « Les nouveaux arrivants disent ‘va voir Brighelli, il sait lui' ». Pire, l’islamisme et le wokisme infiltrent les classes, avec des enseignants craignant pour leur sécurité physique – quatre agressions par jour en moyenne. Brighelli dénonce une laïcité mal comprise, ouverte aux délires religieux, où les certitudes familiales ou communautaires supplantent le doute scientifique et philosophique.
Ce scandale emblématique illustre tragiquement le manque de soutien de la hiérarchie : Samuel Paty, https://www.franceinfo.fr/.../samuel-paty-l-enseignant... professeur d’histoire-géographie décapité en 2020 pour avoir montré des caricatures lors d’un cours sur la liberté d’expression, n’a pas été protégé malgré des menaces claires.
Au lieu de le défendre fermement, l’académie a envoyé un inspecteur pour lui rappeler les règles de neutralité et de laïcité, tandis que la principale lui a suggéré de s’excuser si son approche avait été « maladroite », sans que l’État ne porte plainte pour diffamation.
Des députés comme Patrick Hetzel https://www.franceinfo.fr/.../samuel-paty-l-enseignant... critiquent cette passivité, soulignant une lâcheté idéologique qui abandonne les enseignants face à l’islamisme radical, préférant l’apaisement à une protection concrète et constante.
 


Les conséquences dramatiques : évitement et perte d’élitisme
Les conséquences sont dévastatrices : un phénomène d’évitement massif vers le privé, où 400 nouvelles classes ouvrent tandis que le public en ferme des milliers. Les parents qui le peuvent fuient un système où l’élitisme républicain – dégager une élite par le mérite – est remplacé par une égalité factice, réservant des places dans les grandes écoles à des élèves sous-préparés. « Ce sont des élèves qui ont besoin d’une stabilité pour reprendre pied dans leur scolarité », note un syndicaliste, mais avec 2.500 postes vacants, cette stabilité est un mirage. Brighelli appelle à redonner le pouvoir aux chefs d’établissement pour recruter et adapter les programmes, en respectant le réel plutôt que l’idéologie.
Vers une réforme urgente : sortir du naufrage
La pénurie de professeurs pour 2025 n’est que la pointe de l’iceberg d’un naufrage idéologique et structurel. Tant que le recrutement restera politisé à gauche, privilégiant la démagogie et l’enfant-roi au détriment de l’autorité et des savoirs, l’école française continuera sa chute. Des réformes radicales s’imposent : recentrer sur l’instruction, renforcer l’autorité des professeurs et soutenir une hiérarchie ferme. Sinon, comme le prédit Brighelli, « nous sommes tout en bas, et on va y rester ».
 
Info - Drame !!
« Faire la lumière sur ce drame ». Élisabeth Borne saisit l’Inspection générale après le suicide d’une enseignante dans le Cantal le jour de la rentrée. L’enseignante de 42 ans avait retrouvé des tags visant son orientation sexuelle et une lettre anonyme contenant des menaces de mort.
"Une directrice d’école s’est donné la mort aujourd’hui.
Pendant des mois, elle a été harcelée par un corbeau parce qu’elle était lesbienne et mariée à une femme.
Le corbeau taguait l’établissement dans lequel elle travaillait d’injures homophobes et de messages d’incitation au suicide, tels que : « Va crever, sale gouine ».
Elle a déposé plainte à cinq reprises. Elle avait déjà tenté de mettre fin à ses jours.
L’institution et la mairie ne l’ont pas véritablement soutenue.
Sa plainte a été classée sans suite.
Ce 1er septembre, jour de rentrée scolaire, alors qu’elle était en arrêt de travail depuis un an, elle a appelé le 3114 avant de se suicider.
Paix à son âme.
 
Il faut agir pour que cela n’arrive plus jamais. Que jamais une victime de harcèlement, de quelque nature que ce soit, ne puisse se sentir abandonnée. Que jamais la justice ne classe une affaire de harcèlement tant que celui-ci ne s’est pas arrêté et que tout n’a pas été fait pour que l’auteur soit identifié et qu’il ne puisse plus recommencer.
Il faut protéger les victimes."
Ilan Gabet
 

 

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