L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre.
Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.
Sommaire:
A) - La France a perdu sa place de cinquième puissance économique mondiale - Le Figaro du 6 janvier 2015
B) - Pékin revêt les habits de la superpuissance - Le Monde du 6 janvier 2015 par Harols Thibault
C) - Poutine et le syndrome de la forteresse assiégée - Les Echos du 7 janvier 2015 par Yves Bourdillon
D) - Retour de la crise grecque : La France risque plus de 40 milliards - Le Point du 6 janvier 2015 par Marc Vignaud
E) - L’union économique eurasienne affaiblit la Russie - Rzeczpospolita (Pologne) du 7 janvier 2015
F) - Le porte-avions Charles de Gaulle envoyé pour lutter contre Daesh ? - La Tribune du 7 janvier 2015
G) - L’ONU impuissante face aux conflits - El Watan du 7 janvier 2015 par RI
H) - Berlin se prépare à une sortie de la Grèce de la zone euro - La Tribune du 7 janvier 2015
A) - La France a perdu sa place de cinquième puissance économique mondiale
Notre pays a été dépassé en 2014 par le Royaume-Uni, dont le PIB est supérieur au nôtre.
Voilà une bien triste nouvelle pour François Hollande et l'orgueil national: «La France, c'est
un grand pays ; elle est la cinquième puissance économique du monde», avait affirmé le
président de la République le soir de la Saint-Sylvestre lors de ses vœux aux Français. Le
propos se voulait roboratif, «un message de confiance et de volonté», avait-il lui-même
annoncé. Hélas, trois fois hélas, au moment même où le chef de l'État rappelait ce fameux
classement - une habitude bien ancrée de sa part -, il n'était déjà plus valable. Certes, la France
était effectivement «la cinquième puissance économique du monde» encore en 2013. Son PIB
(produit intérieur brut), la richesse créée annuellement, la seule mesure de la
puissance
économique, arrivait au 5e rang, derrière les États-Unis, la Chine, le Japon, l'Allemagne et
devant le Royaume-Uni. Or celui-ci nous devance désormais: en 2014, le PIB britannique
aura dépassé de 98 milliards d'euros celui de la France (2232 milliards d'euros pour le premier
et 2134 milliards pour le second). Ces chiffres figurent dans un document de la Commission
européenne consultable sur son site. À cette période de l'année, il s'agit bien sûr encore d'une
estimation. Mais contrairement aux prévisions qui peuvent se révéler fausses, cette évaluation
comptable, qui marque une différence de près de 4,5 % entre les deux pays, ne sera en aucun
cas remise en cause lors de la publication définitive des bilans 2014 dans quelques semaines.
Trois explications: la croissance, l'inflation et la force du sterling
Il s'agit en réalité d'un secret de polichinelle, et tous les économistes qui suivent ces
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questions le savaient: «Sur les quatre derniers trimestres dont on connaît les résultats - du quatrième
trimestre 2013 au troisième de 2014 -, les calculs font apparaître que le PIB français a été de
2134 milliards d'euros en France et de 2160 milliards d'euros outre-Manche», observe Jean-
Luc Proutat, économiste à BNP Paribas.
François Hollande aurait dû s'en douter, ou faire confirmer son information par ses
conseillers, avant d'entonner l'antienne «France cinquième puissance», une contre-vérité
désormais. Car le revers de fortune français intervenu l'an dernier n'a rien de mystérieux. Il est
le produit de trois éléments: une croissance économique beaucoup plus rapide pour
l'économie britannique, un rythme d'inflation également plus soutenu outre-Manche et, last
but not least, la réappréciation substantielle de la livre sterling.
Rappelons qu'en 2013 le PIB anglais était inférieur de 97 milliards d'euros au nôtre (respectivement 2017 et 2114 milliards d'euros). Or il a bénéficié d'une croissance en volume |
de 3 % en 2014, ce qui lui a permis de progresser d'une soixantaine de milliards d'euros. De
même l'inflation britannique a été de l'ordre de 1,5 %, d'où à nouveau une augmentation de 30
à 40 milliards d'euros. À quoi s'est ajoutée la revalorisation de la livre sterling, de 5,4 % vis-à-
vis de l'euro, ce qui a permis de gonfler le PIB des Anglais d'environ 126 milliards d'euros. De
son côté, la France n'a bénéficié que d'une croissance de 0,4 % et d'une inflation du même
ordre ; du coup, son PIB nominal ne s'est accru que de 20 milliards d'euros à peine, selon la
Commission européenne.
Le Royaume-Uni historiquement devant la France
Ces chiffres sont connus de tous. On s'étonne queLaurence Boone, la conseillère
économique de l'Élysée, observatrice avisée de l'économie britannique, n'ait pas attiré
l'attention de son patron. De leur côté, nos amis anglais se sont abstenus pour le moment de
faire sonner tambours et trompettes après leur victoire sur les «froggies» (les Français
mangeurs de grenouilles). Il y a quelques semaines, David Cameron, le premier ministre, se
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battait bec et ongles avec Bruxelles pour ne pas payer le surcroît de la contribution
britannique au budget européen, laquelle résulte mécaniquement des bonnes performances de
son pays. Le Royaume-Uni surclasse à nouveau économiquement la France, ce qui n'avait
cessé d'être le cas depuis le XVIIIe siècle et jusqu'en 1973. Seule la politique industrielle très
ambitieuse de la présidence de Georges Pompidou avait alors mis fin à cette suprématie, la
France passant pour la première fois de l'Histoire en tête. Sur les dix dernières années, le
match a été très serré, lié au taux de change de l'euro et du sterling. Mais pour le millésime
2014, il n'y a pas photo comme diraient les commentateurs sportifs. Honneur au vainqueur.
B) - Pékin revêt les habits de la superpuissance
Des panneaux publicitaires d’aéroport aux palissades de chantier, les nouvelles affiches de
propagande ont fleuri ces deux dernières années pour être aujourd’hui visibles à presque tous
les coins de rue de Chine. Elles vendent le « rêve chinois », cher au secrétaire du Parti
communiste, Xi Jinping. « Le rêve chinois, mon rêve », lit-on sur le panneau le plus répandu,
représentant une petite fille en porcelaine ancienne. Un rêve de prospérité pour le peuple et de
puissance pour l’État-parti, dont M. Xi, qui en est le chef depuis novembre 2012, a précisé les
implications sur la scène internationale à la fin du mois de novembre 2014, à Pékin, à
l’occasion de la conférence centrale de travail sur les affaires étrangères, la plus haute réunion
du parti unique sur le dossier diplomatique. Pour le président chinois, la République populaire
doit conduire une«diplomatie de grand pays aux caractéristiques chinoises». Par la
première partie de cette formule, Xi Jinping, dont la confiance personnelle est confortée par sa
popularité auprès de ses concitoyens, s’écarte sensiblement de la doctrine prescrite au
tournant des années 1990 par Deng Xiaoping pour la phase d’émergence de la
Chine : « Cacher ses talents, attendre son heure » (taoguang yanghui). Si la deuxième partie,
les « caractéristiques chinoises », raccorde encore ce nouveau concept à la modestie et à la
sobriété qu’impose l’émergence pacifique, elle évoque également les responsabilités
auxquelles la puissance asiatique – première puissance démographique, premier exportateur
et, un jour prochain, première économie mondiale – juge désormais pouvoir prétendre. Pour le
sinologue Jean-Pierre Cabestan, de l’université baptiste de Hongkong, « c’est une politique de
grande puissance, d’égal à égal avec les États-Unis, mais avec une volonté nette de ne pas les
défier frontalement ».
« Se mobiliser pour atteindre des réalisations concrètes »
La Chine a fait le constat des avantages passés mais aussi des limites atteintes aujourd’hui de sa politique de profil bas, deux décennies après son adoption par Deng, le père des réformes. Elle n’a pas empêché les États-Unis de multiplier les efforts pour contenir son ascension, car Pékin est convaincu que le « pivot asiatique » lancé par Barack Obama après 2010 est avant tout une politique d’endiguement de la Chine qui ne dit pas son nom. Elle n’a pas davantage permis de sécuriser les îlots de mer de Chine sur lesquels la République populaire s’oppose au Japon, aux Philippines ou encore au Vietnam, et elle n’a pas plus dissuadé certains hommes politiques japonais, dont le premier ministre, Shinzo Abe, de se rendre au sanctuaire de Yasukuni, où sont notamment honorés des criminels de guerre. De sorte qu’ont émergé, dans les cercles universitaires et diplomatiques, une nouvelle notion alternative et un concept bien plus volontariste : « Se mobiliser pour atteindre des réalisations concrètes » (fenfayouwei). Couplé au charisme naturel dont fait preuve Xi Jinping, en opposition à la froideur de son prédécesseur, Hu Jintao, et à sa capacité à asseoir son pouvoir au sein de l’appareil chinois, ce basculement donne l’image d’une Chine bien plus confiante.
« Se mobiliser pour atteindre des réalisations concrètes »
La Chine a fait le constat des avantages passés mais aussi des limites atteintes aujourd’hui de sa politique de profil bas, deux décennies après son adoption par Deng, le père des réformes. Elle n’a pas empêché les États-Unis de multiplier les efforts pour contenir son ascension, car Pékin est convaincu que le « pivot asiatique » lancé par Barack Obama après 2010 est avant tout une politique d’endiguement de la Chine qui ne dit pas son nom. Elle n’a pas davantage permis de sécuriser les îlots de mer de Chine sur lesquels la République populaire s’oppose au Japon, aux Philippines ou encore au Vietnam, et elle n’a pas plus dissuadé certains hommes politiques japonais, dont le premier ministre, Shinzo Abe, de se rendre au sanctuaire de Yasukuni, où sont notamment honorés des criminels de guerre. De sorte qu’ont émergé, dans les cercles universitaires et diplomatiques, une nouvelle notion alternative et un concept bien plus volontariste : « Se mobiliser pour atteindre des réalisations concrètes » (fenfayouwei). Couplé au charisme naturel dont fait preuve Xi Jinping, en opposition à la froideur de son prédécesseur, Hu Jintao, et à sa capacité à asseoir son pouvoir au sein de l’appareil chinois, ce basculement donne l’image d’une Chine bien plus confiante.
Pékin promeut ainsi ses
nouvelles « routes de la soie », l’une, maritime, reliant l’Afrique et l’Europe via l’Asie du
Sud-est, l’autre, continentale, connectant le pays à l’Asie centrale, à la Russie et à leurs
sources d’énergies via l’instable région du Xinjiang. Il n’hésite pas non plus à proposer aux
pays d’Asie-Pacifique une Banque asiatique d’investissement en infrastructures, directement
concurrente de la Banque asiatique de développement, dont la Chine juge qu’elle est
influencée par Washington et Tokyo. « Ils savent faire, c’est le côté coopératif par la
projection d’influence économique », juge M. Cabestan. Quitte à forcer la main à certains
États, comme l’Australie, la Corée du Sud ou l’Indonésie, partagés entre proximité stratégique
avec les États-Unis et coopération économique avec la Chine. En parallèle, constate M.
Cabestan, la Chine se lance dans une défense beaucoup plus acharnée que par le passé de ses
intérêts vitaux. Elle fonctionne lorsqu’il s’agit de convaincre le reste du monde de ne plus
recevoir le dalaï-lama, qui peine désormais même à obtenir une audience papale, car elle
pourrait mettre en péril les difficiles efforts de conciliation entre le Vatican et la Chine
communiste. Mais elle donne également une image d’agressivité lorsque Pékin renvoie à leur
colonialisme historique les parlementaires britanniques souhaitant se rendre à Hongkong en
soutien aux manifestants exigeant le suffrage universel. Et elle expose directement la
République populaire au risque militaire lorsque le pétrolier Cnooc établit une plate-forme
pétrolière dans les eaux revendiquées par le Vietnam, au cours du printemps 2014. Côté
chinois, on est bien conscient que la politique de«lutte pour les réalisations
concrètes » comporte davantage de risques que la posture précédente. « Pas celui d’une
guerre avec les États-Unis, mais d’une confrontation militaire avec certains voisins,
notamment le Japon », juge dans une analyse Yan Xuetong, le doyen de l’Institut de relations
internationales modernes de la prestigieuse université Tsinghua, à Pékin. Plus généralement,
la Chine s’expose au risque d’être perçue comme une puissance agressive. Risque renforcé
par la perception à l’étranger de son système : progrès économiques impressionnants mais
absence de démocratie, pollution, justice défaillante, inégalités sociales. Le professeur Yan
prescrit donc des percées très délicates, pour éviter d’être perçu comme l’agresseur, ce qui
renforcerait ainsi le soutien aux puissances concurrentes. Pour Shen Dingli, professeur de
relations internationales à l’université de Fudan, connu pour ses positions plus agressives, la
Chine a certes davantage confiance en elle que par le passé mais elle est encore loin d’être
dotée d’une confiance comparable à celle des États-Unis. Elle est perçue comme moins
agressive que la Russie, que la Chine laisse monter au front contre les puissances
occidentales. Mais cette position de recul n’a pour l’heure présenté que des gains limités dans
le périmètre asiatique, juge M. Shen : « Cette diplomatie n’est pas efficace, car elle n’est
toujours pas dissuasive. » En interne, certains voudraient voir la Chine de Xi Jinping
s’imposer davantage, à l’heure où elle est effectivement devenue une grande puissance
économique.
C’est un numéro d’équilibriste que doit mener M. Xi, car, sur la scène internationale, la montée en puissance actuelle est déjà source d’inquiétudes, exprimées de plus en plus ouvertement en Asie et dans le Pacifique. Pour Yu Xintian, présidente de l’Institut d’études internationales de Shanghaï, la Chine n’est pas encore bonne pour ce qui est de vendre aux autres sa propre destinée. « La diplomatie publique, la diplomatie du cœur, reste un grand défi pour nous », dit Mme Yu. Xi Jinping est conscient des interrogations suscitées, des pays bordant la mer de Chine directement exposés aux prétentions territoriales chinoises aux contrées africaines où Pékin échange ses services contre du pétrole, en passant par les investissements chinois en Europe et, bien sûr, par Washington. Devant le Parlement australien, l’homme fort de Pékin comparait la Chine au « grand type dans la foule » dont« Le monde est assez grand pour nous tous »
les autres se demandent comment il va bouger et agir, avant d’assurer : « Le monde est assez
grand pour nous tous. »
C) - Poutine et le syndrome de la forteresse assiégée
Sur le plan économique comme sur le plan diplomatique, le président russe paie au prix fort
son aventure ukrainienne, mais dispose encore d'un soutien appréciable dans son pays. Et n'a
pas définitivement rompu le dialogue avec les Occidentaux. Vladimir Poutine n'est pas un «
maître des échecs dupant l'Occident », mais quelqu'un se trouvant, suite à son aventure
ukrainienne, « confronté à la chute de sa devise, une crise financière majeure et une
contraction économique gigantesque ».
Ces propos de Barack Obama, peu avant Noël,
relèvent bien sûr de la guerre de l'information à laquelle se livrent Washington et Moscou.
Mais ils ne sont pas totalement dénués de fondements. Car la Russie paie d'une sacrée gueule
de bois le gain géostratégique de la Crimée - présenté comme « inestimable sur le plan
civilisationnel ». Et aborde 2015 en bien mauvaise posture. C'est vrai sur le plan économique,
avec une devise qui a dévissé de 44 % depuis un an face au dollar, dont encore 7 % lundi. Une
chute due, certes, à l'effondrement des cours du pétrole, fournisseur du tiers des recettes en
devises du pays, qui a enfoncé le plancher de 50 dollars le baril (à peine 10 dollars de plus que
le coût d'extraction en Sibérie, selon la firme Energy Aspec), contre encore 115 dollars l'été
dernier. Mais les sanctions occidentales décidées en représailles aux actions russes de
déstabilisation en Ukraine orientale jouent un rôle encore plus dévastateur, puisque le rouble a
chuté davantage que les devises des autres exportateurs d'or noir. Les Russes se sont donc
appauvris en produits importés, qui représentent la moitié de ce que les citadins consomment.
Les entreprises endettées en devises sont, elles, étranglées, avec le spectre de faillites en
cascade, qui a obligé le Kremlin à recapitaliser d'urgence les banques
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Gazprombank et TV,
numéro deux et trois du secteur, fin décembre. Pour donner une idée de la débâcle actuelle, la
capitalisation boursière de Moscou est inférieure de moitié, aujourd'hui, à celle d'un groupe
comme Apple. Et ce n'est pas fini, puisque le PIB pourrait encore se contracter de 4 à 5 %
cette année, selon l'ancien ministre des Finances, Alexeï Koudrine. La Russie est également
isolée sur le plan diplomatique. L'annexion de la Crimée par Moscou a été reconnue
seulement par Cuba, le Nicaragua, la Syrie et le Venezuela. Même s'ils n'ont pas joint leur
voix aux Occidentaux, des voisins habituellement alliés de la Russie, comme la Biélorussie,
l'Arménie ou le Kazakhstan, ont fait part de leur embarras devant cette atteinte à l'intégrité
territoriale de Kiev. Le trafic, via la Biélorussie, des produits agroalimentaires européens
boycottés sur ordre du Kremlin a provoqué des bisbilles entre Moscou et Minsk, illustrées par
une brève reprise des contrôles à la frontière commune, alors qu'ils sont en union douanière !
Moscou et ses thuriféraires prétendent que c'est en fait l'Occident qui est isolé dans l'affaire
ukrainienne, la Russie bénéficiant de l'appui de la partie émergente du monde, Chine et Inde
en tête. Pékin a d'ailleurs annoncé mi-décembre qu'il pourrait soutenir le rouble, via un accord
de « swap » de devises. Mais cette annonce n'a pas empêché le rouble de poursuivre sa chute.
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Quant à la menace russe de s'allier à la Chine, elle comporte une grande part de bluff.
Moscou, à la Sibérie orientale sous-peuplée, a-t-il vraiment intérêt à se jeter dans les bras d'un
pays neuf fois plus gros que lui sur le plan démographique et cinq fois sur le plan économique
? Pékin peut en profiter pour acheter du gaz russe à ses conditions, comme il semble l'avoir
fait dans un contrat récent, sans pour autant renoncer à sa position de principal partenaire
économique des Etats-Unis. La Chine n'a pas non plus opposé son veto à un projet de
résolution des Occidentaux condamnant la Russie à l'ONU sur la Crimée... Cet isolement
international de Moscou ne doit pas laisser croire pour autant que Poutine est acculé. Selon un
sondage récent, sa cote de confiance n'a perdu que 3 points depuis la chute spectaculaire du
rouble de décembre et dépasse encore un stratosphérique 80 %. Les sanctions suscitent
généralement un effet de « ralliement autour du drapeau », surtout dans un pays comme la
Russie, à la résilience hors du commun et où, historiquement, les
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périodes de vaches maigres sont plus fréquentes que les périodes de prospérité. Loin des Moscovites qui doivent se passer
de parmesan et de voyages à l'étranger, la réaction dans les campagnes est empreinte du
fatalisme habituel. Et son isolement ne perturbe peut-être pas tant que ça un Poutine dont la
devise semble être parfois le « oderint, dum metuant » (qu'ils me haïssent, pourvu qu'ils me
craignent) de l'empereur Caligula. En outre, les Occidentaux s'avèrent ambivalents sur des
sanctions néfastes pour certains de leurs exportateurs. Contrairement au récit martelé par le
Kremlin d'une Russie assiégée par les fascistes et que Washington veut mettre à genoux, les
Occidentaux craignent par-dessus tout la déstabilisation d'une puissance nucléaire. « Ce ne
serait pas l'intérêt de l'Allemagne et de l'Europe », a expliqué ce week-end Sigmar Gabriel, le
vice-chancelier allemand, pour qui les sanctions visent seulement à pousser la Russie à «
revenir à la table des négociations ». Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, n'avait pas
dit autre chose à Noël et François Hollande a déclaré lundi qu'il était impatient de lever les
sanctions dès lors que la Russie ferait « des progrès » dans son attitude vis-à-vis de l'Ukraine.
L'éventuel sommet du 15 janvier à Astana entre le président français, ses homologues russe et
ukrainien et la chancelière allemande pourrait être l'occasion de mesurer ces progrès. Une
certaine accalmie est observée depuis quelques semaines sur le front ukrainien, où Moscou
pourrait se satisfaire d'un conflit gelé rappelant à Kiev jusqu'où ne pas aller trop à l'ouest.
Les points à retenir
Lourdement affectée par l'effondrement des prix du pétrole et les sanctions occidentales, la
Russie a vu sa devise chuter de 44 % depuis un an face au dollar. Par ailleurs, en dépit de ses
rodomontades, Vladimir Poutine ne peut se prévaloir d'un réel soutien de la Chine ou de ses
traditionnels alliés régionaux. Le calme est cependant revenu en Ukraine. Et le président
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russe peut espérer une amélioration des relations avec les Occidentaux, qui n'ont aucun intérêt à
voir sombrer la Russie dans le chaos.
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D) - Retour de la crise grecque : La France risque plus de 40 milliards
En position de gagner les législatives, Syriza réclame une annulation d'une partie de la
dette grecque désormais essentiellement détenue par les Européens.
Le cas grec revient sur le devant de la scène. La perspective d'une victoire aux élections
législatives du parti de gauche radicale Syriza relance les spéculations sur le maintien du
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pays dans la zone euro. Si son leader, Alexis Tsipras, ne souhaite plus revenir à la drachme, il
réclame tout de même l'annulation d'une partie de la dette grecque accompagnée d'un
relâchement des mesures d'austérité exigées en contrepartie par la troïka (FMI, Banque
centrale européenne, Commission). Un deal apparemment inacceptable pour la chancelière
allemande Angela Merkel alors que la dette grecque est détenue à 72 % par les pays de la
zone euro et le FMI depuis l'annulation de la moitié de la dette privée du pays en 2012.
D'autant que le reste de la dette publique, échangeable sur les marchés, a été achetée à hauteur
de 40 % par la Banque centrale européenne (BCE) ! Selon des propos rapportés par
l'hebdomadaire Der Spiegel, le gouvernement allemand pourrait donc bien assumer une sortie
de la Grèce de la zone euro si la population ne parvient plus à supporter la cure de rigueur qui
lui a été imposée. Dans les deux cas, annulation de dette ou sortie de la zone euro, ce sont les
contribuables européens qui devront régler la facture. Dans le second scénario, un défaut de la
Grèce paraît en effet fort probable. Or, depuis le premier plan d'assistance lancé en 2010, les
autres États membres ont déjà prêté plus de 194 milliards d'euros à Athènes à des conditions
sans cesse plus généreuses : le taux d'intérêt moyen sur la dette détenue par les créanciers
publics est désormais inférieur à 2 %, selon l'agence de notation Standard & Poor's.
Une facture qui pourrait atteindre 42 milliards d'euros pour la France
Deuxième économie de la zone euro, la France est particulièrement exposée à la Grèce. Dans
le cadre du premier plan d'aide, elle a déboursé 11,38 milliards des 52,9 milliards prêtés par
les Européens sous la forme de prêts bilatéraux, rappelle Éric Dor, directeur des études
économiques à l'IESEG School of Management. Soit plus de 21 % contre près de 29 % pour
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l'Allemagne (15,1 milliards). De l'argent que les deux pays ont eux-mêmes emprunté sur les
marchés, ce qui a aggravé leur taux d'endettement.
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À ces 11,38 milliards de facture potentielle, il faut ajouter la part française dans le deuxième
plan d'aide à la Grèce destiné à faciliter la restructuration de la dette détenue par les
investisseurs privés, à recapitaliser les banques grecques en difficulté et à continuer à financer
le pays. Cette contribution passe par des garanties apportées sur les emprunts du Fonds
européen de stabilité financière (FESF). Cette institution de sauvetage provisoire de la zone
euro a déjà prêté 141,8 milliards à la Grèce sur plus de 30 ans avec une période de 10 ans sans
versement d'intérêts. Le montant des engagements hexagonaux se monte à 31 milliards
d'euros. L'Allemagne, elle, est exposée à hauteur de 41,3 milliards. Au total, si la Grèce faisait
défaut sur la totalité de sa dette européenne - ce qui reste toutefois assez improbable -, la
facture pour la France pourrait ainsi atteindre 42 milliards, soit l'équivalent du coût du pacte
de responsabilité de François Hollande d'ici à 2017 !
Des risques indirects
À tout cela, il faudrait encore ajouter les pertes des banques nationales de la zone euro
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("eurosystème"). Au 31 décembre 2013, celles-ci possédaient encore 22,7 milliards de dette
grecque. "Selon les estimations, ce montant serait encore d'une vingtaine de milliards en
2014", explique Éric Dor. En raison de sa part dans le capital de la BCE, la Banque de France
est ainsi exposée à hauteur de quelque 2,6 milliards, a calculé l'économiste. La Grèce était
enfin endettée vis-à-vis de l'Eurosystème à hauteur de 41,7 milliards d'euros en novembre
2014 dans le cadre du système de paiement interbancaire Target 2. En cas de sortie de la zone
euro, la Banque de Grèce resterait endettée de ce montant vis-à-vis de la BCE sans pouvoir le
convertir en nouvelle drachme. Il y a alors fort à parier qu'elle ne pourra pas honorer cet
engagement. La perte pour la BCE serait donc répartie sur les banques nationales restant dans
la zone euro, dont 8,5 milliards pour la Banque de France. À leur tour, les banques nationales
devraient alors théoriquement être recapitalisées par leurs États respectifs. À tout le moins,
elles seraient contraintes de réduire les dividendes qu'elles leur versent habituellement grâce
aux gains réalisés sur les opérations de politique monétaire.
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Un secteur bancaire moins exposé
En revanche, les banques françaises privées ont considérablement réduit leur exposition au
secteur public grec, tout comme les banques allemandes. Leur engagement s'est effondré
depuis 2010 de plus de 14 milliards de dollars, à 120 millions, a calculé Éric Dor.
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Ce désengagement est similaire sur le secteur privé grec. Les banques françaises ne sont plus
exposées qu'à hauteur de 1,646 milliard, une somme à laquelle il faut tout de même ajouter
471 millions de dollars d'expositions vis-à-vis des banques grecques.
C'est peut-être un des éléments qui explique pourquoi le gouvernement allemand se dit prêt à
assumer une sortie de la Grèce de la zone euro, plutôt que de devoir lui accorder une nouvelle
remise de dette sans pouvoir s'assurer que l'État poursuivra les réformes nécessaires pour
vivre avec la monnaie unique.
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E) - L’union économique eurasienne affaiblit la Russie
La Pologne et les Etats-Unis n'ont rien à craindre de l'Union économique eurasienne (UEE),
estime le quotidien conservateur Rzeczpospolita. En effet, celle-ci est avant tout un facteur de
coût pour la Russie : "Cette union a pour unique objectif de maintenir les transferts financiers
entre la Russie et les autres Etats [Kazakhstan, Biélorussie, Kirghizstan et Arménie]. Ces
capitaux sont à la base du fonctionnement des économies de ces pays. Mais ils ne resteront les
vassaux du Kremlin que tant qu'ils en tireront quelque intérêt financier - pas une minute de
plus. D'autres organisations postsoviétiques n'ont pas posé problème à la Pologne et aux Etats-
Unis. Citons notamment la CEI (Communauté d'Etats indépendants), l'Union de la Russie et
de la Biélorussie ou encore l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC). ... Aucune
de ces organisations n'a réussi à renforcer la Russie - au contraire, elles ont affaibli Moscou,
parce qu'elles prévoient des aides économiques et financières qui bénéficient aux partenaires
faibles de ces alliances."
F) - Le porte-avions Charles de Gaulle envoyé pour lutter contre Daesh ?
Le Charles de Gaulle et sa trentaine d'appareils, notamment des chasseurs-bombardiers
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Rafale, qui sont basés pour une partie aux Émirats arabes unis et pour l'autre en
Jordanie, et des Super Etendards, devraient se positionner dans le Golfe persique. ( Le
départ du groupe aéronaval devrait être officiellement annoncé lors des vœux annuels aux
armées que le président François Hollande doit présenter le 14 janvier, selon le site Internet
"Mer et marine". Le groupe viendrait en assistance dans la campagne de bombardements
aériens contre les forces jihadistes de l'État islamique (Daesh). Un départ imminent ? Le
porte-avions français Charles de Gaulle et son groupe naval se prépareraient à partir pour la
région du Golfe, où ils devraient être engagés dans les combats contre Daesh (État islamique),
selon les informations du site Internet spécialisé Mer et marine. Aucune confirmation n'a pu
être obtenue dans l'immédiat auprès de l'Elysée, de l'état-major des Armées ou du service de
communication de la Marine (Sirpa-Marine).
UNE ANNONCE ATTENDUE LE 14 JANVIER
Selon Mer et marine, généralement bien informé sur les affaires maritimes, le départ du
groupe aéronaval devrait être officiellement annoncé lors des vœux annuels aux armées que le
président François Hollande doit présenter le 14 janvier, à bord du navire au large de Toulon
(sud), son port d'attache. Pour cette cérémonie, il est prévu que le porte-avions appareille de
Toulon la veille, le 13 janvier. Selon des sources concordantes proches du dossier, la mission
du bâtiment et des navires qui l'accompagnent, dont un sous-marin d'attaque, devrait durer
jusqu'à la mi-mai.
BOMBARDEMENTS AERIENS
Toujours selon le site Internet, le Charles de Gaulle et sa trentaine d'appareils, notamment |
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des chasseurs-bombardiers Rafale, qui sont basés pour une partie aux Émirats Arabes Unis et pour
l'autre en Jordanie, et des Super Etendards, devraient se positionner dans le Golfe persique. Ils
prendraient alors part à la campagne de bombardements aériens menée par une coalition
internationale dirigée par les États-Unis contre les forces jihadistes du groupe Daesh La
France, qui participe à cette campagne uniquement sur le théâtre irakien, dispose dans la
région pour l'instant, dans le cadre de l'opération Chammal déclenchée le 19 septembre, de
neuf avions Rafale, d'un avion de ravitaillement C135, d'un avion de détection et de contrôle
aéroporté E-3F Awacs et d'un avion de patrouille maritime Atlantique 2.
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H) - Berlin se prépare à une sortie de la Grèce de la zone euro
Selon le Bild, les experts gouvernementaux s'inquiètent notamment de l'éventualité d'un
effondrement du système bancaire grec dans le cas d'une sortie de la Grèce de la zone
euro.
D'après le Bild, l'Allemagne échafauderait plusieurs scénarios en cas de victoire du parti de
gauche Syriza, connu pour ses positions anti-austérité, lors des élections législatives
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anticipées du 25 janvier. L'Allemagne se prépare à la possibilité d'une sortie de la Grèce de la
zone euro, en prenant notamment en compte un éventuel mouvement de retrait massif des
dépôts bancaires, rapporte mercredi 7 janvier le quotidien national Bild, citant des sources
gouvernementales. D'après le journal, Berlin échafauderait plusieurs scénarios en cas de
victoire du parti de gauche Syriza, connu pour ses positions anti-austérité, lors des élections
législatives anticipées du 25 janvier.
EFFONDREMENT DU SYSTEME BANCAIRE
Selon Bild, les experts gouvernementaux s'inquiètent notamment de l'éventualité d'un
effondrement du système bancaire grec dans le cas d'une sortie de la Grèce de la zone euro.
L'Union européenne devrait alors intervenir avec un plan de sauvetage représentant des
milliards d'euros, poursuit le journal. Citant également des sources gouvernementales, Der
Spiegel a écrit samedi 3 janvier que Berlin jugeait que la zone euro était aujourd'hui en
mesure de faire face à une sortie de la Grèce si celle-ci devait s'avérer nécessaire. Dans la
foulée de l'article du magazine, le vice-chancelier allemand, le social-démocrate Sigmar
Gabriel, a dit que le gouvernement allemand souhaitait le maintien de la Grèce dans la zone
euro, ajoutant que Berlin n'avait pas établi de plan pour anticiper le cas contraire.
REVENIR SUR LES MESURES D'AUSTERITE
Le chef de file de Syriza, Alexis Tsipras, souhaite revenir sur les mesures d'austérité de ces
dernières années et effacer une partie de la dette grecque s'il arrive au pouvoir à la faveur des
élections du 25 janvier, pour lesquelles les sondages donnent son parti en tête des intentions
de vote devant la Nouvelle démocratie (ND, droite) du Premier ministre Antonis Samaras.
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Les inquiétudes concernant la Grèce sont en partie responsables du net repli subi par les
principales Bourses mondiales depuis le début de l'année.
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