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Mise en perspective du ralentissement de la croissance
économique chinoise
LES TURBULENCES des marchés boursiers chinois, une litanie d’indices d’activité mal
orientés, l’annonce d’une croissance réelle de 6.9 % au cours de l’été et les hésitations de la
politique économique, dont témoignent le changement du fixing du RMB accompagné d’une
dévaluation surprise mal expliquée par les autorités, sont autant de signaux des difficultés de
la Chine, au-delà des intentions affichées par ses dirigeants, à concevoir et à mettre en œuvre
les nouvelles réformes nécessaires à l’émergence d’un nouveau régime de croissance. La
période prolongée de croissance soutenue de la Chine entre la fin des années 1990 et le début
des années 2010 ne devrait pas occulter le fait que l’économie a connu dans le passé des
fluctuations marquées, scandées par les vagues de réformes successives mises en œuvre par le
pouvoir. Les réformes « à la chinoise » sont centrées sur la recherche d’un point d’équilibre
mouvant dans les rapports entre le Parti et la société, entre le contrôle social et la croissance,
entre la réglementation et le marché, entre la règle de droit et l’arbitraire politico-
administratif. Dans le passé, les réformes ont exercé des effets stimulants sur la croissance
mais ceux-ci se sont épuisés progressivement en butant sur les distorsions et les
dysfonctionnements inhérents à leur incomplétude.
L’essor de l’économie chinoise depuis la fin de la période maoïste a été scandé par les
vagues de réformes successives mises en œuvre par le pouvoir
Entre 1978 et 2014, l’économie chinoise a cru, en monnaie constante, au rythme de
9.8 % l’an. La population est passée de 943,5 millions de personnes à 1,364 milliards ; le
pays s’est urbanisé : la population rurale a reculé de 82 % du total à 45 %, près d’un quart de
la population urbaine vit dans des agglomérations comptant plus d’un million d’habitants ; il
s’est industrialisé - la part de l’emploi industriel a progressé de 18 % en 1981 à près de 30 %
en 2011 ; et il a récemment commencé à se tertiariser – la part des services dans l’emploi total
dépasse 35 % en 2011 contre 13 % en 1981. Le pays s’est massivement enrichi : le Pib en
volume a été multiplié par 28 et le poids de l’économie chinoise, mesurée en USD courants
(respectivement en PPA courante), est passé de moins de 2.5 % (2.3 %) du Pib mondial à près
de 13.5 % (près de 17 %) et de 3 % du PIB américain (en parité de pouvoir d’achat) à 25 %.
Le revenu par habitant a progressé de 8.7 % par an en moyenne depuis 1977, soit une
multiplication par 15. En USD courants (resp., en PPA courante), il représente désormais
14 % (24 %) du revenu par tête américain et 17 % (32 %) du revenu français. Le niveau de vie
moyen en Chine est égal à celui de la Corée du sud vers 1990. Les plus riches des Chinois ont
un revenu comparable à celui des plus riches Américains, si les plus pauvres des Chinois ont
des revenus alignés sur ceux des Indiens les plus pauvres [1].
La croissance chinoise n’a pas été exempte de fluctuations : la succession des réformes a
imprimé des cycles propres et marqués à l’économie, reflets de ruptures de la
tendance [2] plus que d’oscillations conjoncturelles autour d’une tendance.
Les premières réformes, impulsées sous la direction de Deng Xiaoping, ont libéré la
paysannerie du carcan de la propriété collective. Elles ont libéré la majorité des prix (à
l’exception des prix de l’énergie et des taux d’intérêt), élargi les domaines ouverts à
l’entreprise privée, stimulant les initiatives des élites locales et favorisant les investissements
étrangers et les apports technologiques, redessiné les frontières entre les entreprises publiques
et les entreprises privées, redéfini les relations entre les entreprises publiques et les pouvoirs
publics centraux ou locaux, de même que le partage des tâches et des ressources entre Pékin et
les autorités locales, provinces, districts, villes, etc. Progressives et jusqu’ici orientées dans
un sens libéral, les réformes ultérieures, à partir des années 1990, ont été menées de manière
prudente (et souvent testées à petite échelle avant d’être généralisées). Elles ont organisé un retrait de l’Etat central et des collectivités locales des industries « aval », une large libération
des prix, la restructuration oligopolistique des grandes entreprises publiques repliées sur
« l’amont » industriel accompagnés d’une réorganisation budgétaire centralisant les
ressources fiscales, de la création en 1994 d’une banque centrale dotée de la responsabilité de
la politique monétaire (mais pas indépendante), de la privatisation des droits d’usage sur le sol
urbain en 1998, de l’ouverture aux capitaux et aux techniques étrangers et de l’ouverture de
l’industrie à la concurrence internationale avec l’entrée dans l’OMC.
Par rapport à celles réalisées dans d’autres pays de la transition, les réformes chinoises sont restées partielles
Les réformes ont profondément transformé les structures et le fonctionnement de l’économie chinoise. Elles l’ont dotée d’un secteur privé bourgeonnant, dynamique et innovant, devenu le vecteur principal de l’activité du pays et le principal agent de la modernisation[3], des gains de productivité, de la création d’emplois urbains et de l’exportation. Les réformes chinoises ont une particularité fondamentale, qui les distingue des réformes apparemment semblables mises en œuvre dans d’autres pays développés et émergents : elles visent la prospérité du pays comme un moyen pour une fin, à savoir garantir la souveraineté du Parti Communiste Chinois (PCC) sur la société en même temps que sur ses propres cadres. Vis-à-vis de la première, l’enjeu est de conjurer tout risque de révolte en tenant la population à distance du pouvoir, en lui procurant un niveau de vie et des perspectives de bien-être en croissance, gage de paix sociale et de consentement à l’hégémonie du parti, tout en l’assujettissant par tous les moyens de l’autoritarisme policier, des plus archaïques aux plus modernes. Vis-à-vis des seconds, les cadres du parti, l’enjeu est de maintenir la discipline tout en leur procurant des privilèges et des opportunités d’enrichissement personnel et familial, gage de loyauté de l’élite du parti et de l’unité de ce dernier. Le PCC a conservé de puissants moyens de contrôle de l’économie. Il maintient une présence (cf. cellules d’entreprises) et une capacité d’influence incontournables dans les entreprises chinoises, qu’elles soient publiques, privées ou multinationales, une capacité redoublée par la pratique généralisée du sponsoring (guanxi) et la corruption :
“You don’t become successful in China as a purely private entity, you need a powerful connection”, écrivait récemment The Economist, citant Kent Kedl, Directeur exécutif pour la Grande Chine et l’Asie du Nord de la firme de conseil Control Risks [4].
L’Etat conserve de vastes prérogatives réglementaires, dont l’application est rendue arbitraire par l’absence d’une justice indépendante. La réglementation des marchés de biens et services reste, selon l’Ocde, parmi les plus restrictives du monde et elle n’a été que modérément assouplie au cours des dernières années. Elle est même plus restrictive pour les entreprises chinoises, auxquelles restent inaccessibles plus de secteurs d’activité qu’aux entreprises étrangères. De manière cruciale, les prix des facteurs de production sont demeurés sous administration étatique. La terre, agricole et rurale, est propriété publique, de l’Etat s’agissant des terrains urbains et des ressources naturelles, et des collectivités, s’agissant des terrains ruraux et périurbains. Les personnes privées n’accèdent qu’à des droits d’usage de longue durée sur le sol (mais peuvent posséder les bâtiments). L’appropriation publique facilite et réduit le coût des évictions et fluidifie la réallocation des terrains. Elle est source d’abus particulièrement criants, notamment dans les zones périurbaines. La liberté de mouvement du travail est entravée par le système du Hukou, sorte de passeport intérieur, qui prive les migrants ruraux des droits et prestations des natifs. Le système a engendré une armée de réserve de migrants dans les grandes villes. Il a contribué à atténuer les pressions de l’industrialisation sur les marchés du travail urbain. La fermeture du compte de capital, même imparfaite, et le contrôle administratif des marchés financiers ont permis de canaliser l’épargne, de préserver une immense base de dépôts stable dans les banques en limitant le développement de placements financiers alternatifs, et d’établir des conditions financières favorables aux entreprises et à l’investissement : des taux d’intérêt très inférieurs à la croissance du Pib (et à la rémunération de l’épargne liquide des ménages) et un taux de change sous-évalué ont pu être maintenus sur la longue durée. Les réformes ont enfin solidement installé les entreprises publiques ( State Owned Entreprises, SOE sur les hauteurs commanding heights ) de l’économie chinoise [5]. Celles-ci, réduites en nombre, leurs effectifs élagués, leurs activités recentrées sur l’amont industriel, ont tiré profit de l’essor du secteur privé et pu capter des rentes oligopolistiques tout en continuant de jouir de privilèges : certains secteurs réputés stratégiques leur sont réservés, elles bénéficient du soutien des autorités locales et nationales en tant que « champions nationaux », elles attirent le plus gros des financements bancaires et elles composent la plus grand part de la capitalisation boursière à Shanghai et Shenzhen. La consolidation de leurs positions et le contrôle administratif des prix des facteurs de production a procuré d’énormes rentes aux entreprises publiques et à leurs dirigeants et ont permis les manipulations des gouvernements locaux en manque de ressources budgétaires.
Le PCC à travers l’Etat chinois, s’est donné les moyens de mettre en œuvre une planification fortement indicative et de poursuivre des objectifs réputés stratégiques
Il a continué de miser sur l’industrialisation rapide de l’économie, en donnant la priorité au développement des industries «lourdes», à forte intensité capitalistique[6]. Il a accompagné l’industrialisation par la création d’infrastructures : transports, communications, urbanisation. La priorité à l’industrialisation et aux industries lourdes a principalement favorisé les SOE mais aussi certaines entreprises privées. La stratégie du PCC a tiré parti d’un environnement international favorable qui a procuré débouchés, capitaux et apports de technologie au secteur privé, vecteur principal des progrès de productivité et de l’emploi. Les priorités du pouvoir ont doté l’économie chinoise de caractéristiques hors normes. La part de l’investissement en capital est montée de 30 % du Pib au début des années 1990 à près de 50 % du PIB aujourd’hui, un niveau plus élevé qu’avant les réformes de 1978 et inégalé dans le monde. La part des exportations dans le Pib s’est également envolée à partir de 1995, accompagnée en retrait par celle des importations, de sorte que la balance des opérations courantes avec le reste du monde est devenue structurellement excédentaire ; en contrepartie, la part de la consommation a fortement reculé sur la même période, de 50 % à la fin des années 1990 à 37 % en 2014. Les caractéristiques hors normes de l’économie chinoise ont longtemps stimulé la croissance en lui permettant de s’appuyer sur deux composantes exogènes de la demande : l’investissement, largement déterminé par la décision publique (celle de l’Etat, des collectivités locales et des SOE), et de ce fait, moins volatil que dans le reste du monde [7], économies développées comme économies émergentes ; et l’exportation, stimulée par un environnement international favorable, une demande mondiale deux ou trois fois plus dynamique que la croissance mondiale et une forte compétitivité. Les distorsions de l’économie chinoise ont été exagérées par la réaction des autorités à la crise de 2008- 2009. Pour compenser l’effondrement du commerce mondial (-10 % en volume en 2008) et la chute comparable des exportations chinoises de biens, les autorités chinoises ont réagi par un énorme plan de soutien (14 % du Pib) de relance par l’investissement (infrastructures, logements, équipements) financé par une envolée du crédit bancaire. La part de l’investissement dans le Pib a encore bondi de même que l’endettement de l’économie, la dette totale doublant en part de Pib, de 130 % du Pib en 2007 à 220 % en 2014 [8]. Les entreprises étatiques (SOE), qui ont drainé la plus grosse part des financements et largement contribué à la bouffée d’investissement, ont vu leur poids dans l’économie et la conduite de la politique macro-économique s’affirmer de nouveau. Les caractéristiques hors normes de l’économie chinoise se sont muées en freins quand les sources exogènes de demande ont fini par se dérober. Aujourd’hui, les exportations sont confrontées à la langueur, probablement structurelle, du commerce mondial, et à la perte de compétitivité des exportateurs chinois dont les coûts de production ont progressé plus vite que la montée en gamme de leurs produits. Le deuxième moteur de la demande, l’investissement, est entravé par la nécessité de résorber les capacités excessives créées au cours des dernières années dans l’industrie et le logement. Le FMI estime ainsi que la Chine a surinvesti l’équivalent de 10 % de son PIB. En outre, le surinvestissement s’est accompagné d’une mauvaise répartition du capital, de sorte que les gains d’efficience de l’économie se sont taris au cours des dernières années. La contribution de la productivité totale des facteurs (mesure des gains d’efficience de l’économie) à la croissance du Pib est devenue nulle et la contribution du capital explique désormais la totalité de la croissance vue du côté de l’offre. Le surinvestissement semble même avoir écarté l’économie chinoise de la frontière technologique mondiale[9]. L’économie chinoise souffre d’un net déclin de la compétitivité et de la profitabilité des entreprises. La progression du salaire nominal par tête a nettement ralenti au cours des derniers trimestres mais reste très supérieure à celle de la productivité du travail. Le niveau moyen du coût salarial par unité produite atteint désormais 60 % du niveau américain (contre moins de 40 % à la fin des années 1990). La profitabilité des entreprises industrielles chinoises est en net recul, minée par les surcapacités et la tendance fortement baissière des prix à la production, celle des SOE chutant à des niveaux pré-réforme et celle des entreprises privées (POE) stagnant depuis 2008. La Chine a cessé d’être la destination privilégiée des IDE tandis que les sorties de capitaux atteignent des niveaux inédits (plus de 500Mds USD depuis le début de l’année pour les mouvements hors IDE [10]), mordant sur les réserves de la Banque Centrale en raison des interventions de cette dernière pour soutenir la parité du RMB. Une dégradation brutale des bilans des banques sous l’effet des prêts non-performants ne peut être exclue.
Après plus de trois décennies de rattrapage, la Chine doit entrer dans une nouvelle période de modernisation
Dès 2013, le pouvoir a défini de nouvelles priorités : transition vers une économie fondée sur la consommation et montée en gamme de la production.
Toutefois, les réformes annoncées en 2013 témoignent d’une priorité maintenue en faveur de l’investissement en infrastructures, en privilégiant la poursuite de l’urbanisation, enrichie il est vrai, de considérations politiques (renforcement des droits des migrants) et écologiques (référence à l’économie « circulaire »). Les manifestations de ces nouvelles priorités tardent à se matérialiser. La croissance des ventes de détail est dépendante de celle du revenu disponible des ménages, elle-même en ralentissement à la suite de la croissance de l’économie dans son ensemble. La contribution de la consommation des ménages à la croissance est contrainte par la faiblesse de la part du revenu des ménages dans le Pib (en chute de près de 20 points entre 1990 et 2012). Le taux d’épargne demeure sur un plateau élevé alors que la part de la consommation dans le Pib demeure sur un plateau bas. La croissance de l’emploi dans les services a fortement accéléré mais la croissance de l’activité dans les services ne marque guère d’accélération au cours des dernières années. L’investissement en R&D a progressé mais, à 2 % du Pib, reste d’un tiers inférieur à celui des Etats-Unis, de deux tiers à celui du Japon, de moitié à celui de la Corée. La Chine accuse un important retard en matière de robotisation avec 0.3 robot pour 100 emplois dans le secteur
manufacturier contre 1.6 dans la zone euro, 1.7 aux Etats-Unis, 2.9 au Japon. Le niveau
moyen de l’éducation reste notablement en retrait par rapport à ces pays. Enfin, les autorités
font preuve d’ambiguïté quant à leur engagement en faveur des réformes. La réforme des
SOE est une composante prioritaire de l’agenda de modernisation. Mais les projets
excluent non seulement la privatisation pure et simple mais aussi un relâchement du
contrôle du parti et ils laissent intacts les privilèges et les positions de marché dont les
SOE profitent. Les autorités caressent l’espoir de raviver l’exportation comme moyen de
résorber les surcapacités industrielles. C’est le ressort des projets de nouvelles « routes
de la soie » [11].
Après avoir fixé le cap de l’économie mondiale, pour les entreprises et les investisseurs des pays développés comme émergents, la Chine pour l’heure, intrigue, voire inquiète. Son poids dans l’économie mondiale incite à recycler de vieilles antiennes sur l’éternuement de l’une et les coups de froid des autres. La majorité des prévisionnistes exclut un scénario de récession en Chine, en considérant que les autorités disposent de marges de manœuvre pour assouplir la politique monétaire (y compris, pour certain, une dépréciation du RMB) et la politique budgétaire. Mais, la plupart exclut également l’hypothèse d’un « trou d’air », suivi par une vive reprise, considérant que la Chine n’a pas les moyens d’un plan de relance aussi massif qu’en 2008-2009 ou doutant de l’efficacité de la réédition d’une telle politique. La majorité des économistes retient l’hypothèse d’un ralentissement prolongé sur les prochains trimestres, suivi d’une reprise modérée voire médiocre, en raison de la résorption des déséquilibres économiques et financiers accumulés. En conséquence, la plupart des économistes écarte un scénario de récession mondiale provoquée par la Chine. Il reste que le ralentissement chinois pèse déjà sur la croissance des producteurs de produits de base qui sont privés des gains de termes de l’échange qui ont fortement contribué à leur prospérité au cours des 10 ou 15 dernières années. De ce fait, aggravé par la baisse des prix industriels en Chine, le ralentissement a contribué à la forte désinflation, confinant à une déflation, qui inquiète les Banques centrales des pays développés. Le risque ne peut être exclu qu’un ralentissement prolongé de l’économie chinoise ne renforce les forces déflationnistes déjà présentes dans l’économie mondiale.
Après avoir fixé le cap de l’économie mondiale, pour les entreprises et les investisseurs des pays développés comme émergents, la Chine pour l’heure, intrigue, voire inquiète. Son poids dans l’économie mondiale incite à recycler de vieilles antiennes sur l’éternuement de l’une et les coups de froid des autres. La majorité des prévisionnistes exclut un scénario de récession en Chine, en considérant que les autorités disposent de marges de manœuvre pour assouplir la politique monétaire (y compris, pour certain, une dépréciation du RMB) et la politique budgétaire. Mais, la plupart exclut également l’hypothèse d’un « trou d’air », suivi par une vive reprise, considérant que la Chine n’a pas les moyens d’un plan de relance aussi massif qu’en 2008-2009 ou doutant de l’efficacité de la réédition d’une telle politique. La majorité des économistes retient l’hypothèse d’un ralentissement prolongé sur les prochains trimestres, suivi d’une reprise modérée voire médiocre, en raison de la résorption des déséquilibres économiques et financiers accumulés. En conséquence, la plupart des économistes écarte un scénario de récession mondiale provoquée par la Chine. Il reste que le ralentissement chinois pèse déjà sur la croissance des producteurs de produits de base qui sont privés des gains de termes de l’échange qui ont fortement contribué à leur prospérité au cours des 10 ou 15 dernières années. De ce fait, aggravé par la baisse des prix industriels en Chine, le ralentissement a contribué à la forte désinflation, confinant à une déflation, qui inquiète les Banques centrales des pays développés. Le risque ne peut être exclu qu’un ralentissement prolongé de l’économie chinoise ne renforce les forces déflationnistes déjà présentes dans l’économie mondiale.
Patrick Allard - Consultant auprès d’une institution française.
[1] Voir: Branko Milanovic, Trends in global income inequality and their political
implications, LIS Center, Graduate School City University of New York, automne 2014.
[2] En appliquant des tests économétriques, Summers et Pritchett trouvent trois ruptures de
tendance de la croissance chinoise sur la période allant de 1950 à 2010 : 1968, 1977, 1991. Ils
soulignent, fait rarement constaté, que la croissance chinoise a exhibé 3 accélérations
successives, jusqu’à 2010. Voir Lant Prichett et Lawrence Summers (« Asiaphoria Meets
Regression to the Mean », NBER Working Paper n°.20573, octobre 2014.
[3] Voir Nicholas Lardy, Markets over Mao : The Rise of Private Business in China, 2014.
Selon une étude « contrefactuelle » récente, les réformes ont procuré un décuplement de la
productivité totale des facteurs (TFP) dans le secteur privé non agricole alors que la TFP est
demeurée sur son trend pré-réformes dans les entreprises étatiques. Voir Anton Cheremukhin,
Mikhail Golosov, Sergei Guriev, and Aleh Tsyvinski, “The Economy of People’s Republic of
China from 1953”, NBER Working Paper, n°21397, juillet 2015, graphique 8, p. 54.
[4] Li Ka Shing lui-même, soupçonné de transférer une partie de sa fortune hors de Chine
continentale, s’est fait récemment rappeler publiquement et sans ménagement qui l’a fait roi :
Source, journal ou site Internet : diploweb
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