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Messieurs les
Ministres.
Mesdames, messieurs les
élus.
Messieurs les officiers
généraux.
Officiers, sous-officiers,
officiers mariniers, soldats, quartiers-maitres et marins.
Mesdames,
messieurs.
Je suis déjà venu sur ce
magnifique porte-avions pour commémorer le débarquement de Provence. J’avais
décidé de vous retrouver à l’occasion des vœux aux armées. Mais il se trouve que
j’interviens devant vous dans un moment exceptionnel, une épreuve que traverse
notre pays.
Nous avons été victimes d’une
attaque terroriste sur notre propre sol. 17 personnes ont été tuées par les
terroristes.
Des journalistes, parce qu’ils
étaient journalistes. Des policiers, parce qu’ils étaient policiers. Des Juifs,
parce qu’ils étaient juifs.
Je rends une fois encore
hommage à ces victimes et j’exprime ma compassion à l’égard des proches pour
leur dignité.
Face à l’épreuve qu’a connue
notre pays le peuple français a su réagir ; il a répondu par une solidarité, une
fraternité, une unité qui font la fierté de toute notre nation et l’admiration
du monde entier. Je tiens également à saluer le comportement exemplaire des
forces de gendarmerie et de police qui ont, avec courage, avec bravoure, avec
professionnalisme, neutralisé les terroristes et qui assurent quotidiennement la
sécurité de nos concitoyens.
Ces forces de gendarmerie et
de police vont être renforcées, sont déjà renforcées par les armées. C’est une
opération intérieure d’une ampleur inégalée et considérable. Le plan VIGIPIRATE
a été porté à un niveau jamais atteint. 10.000 militaires sont déployés sur
l’ensemble du territoire national pour en protéger les points les plus sensibles
: les écoles, les lieux de culte, synagogues, mosquées, églises ou
temples.
Le rythme du déploiement est
lui-même exceptionnel, inédit. En à peine trois jours le dispositif est passé de
1000, c’était son niveau lundi lorsque j’ai pris la décision, jusqu’à 10.500, ce
sera le niveau des effectifs ce soir. Jamais dans notre histoire récente il n’y
a eu un tel déploiement avec une telle rapidité.
La Défense nationale montre
ainsi qu’elle remplit parfaitement l’un des objectifs qui a été fixé dans le
Livre blanc et qui consiste à protéger notre territoire.
La capacité de notre armée lui
permet donc d’assurer dans un délai rapide - quelques jours - cette mission de
protection de nos compatriotes sans que l’armée ne se confonde avec la police et
la gendarmerie. Mais la coopération doit être parfaite, elle l’est. Et c’est
bien ce que je constate puisque nos forces civiles et militaires font preuve
d’une réactivité et d’une complémentarité en tout point remarquables. Je tenais,
aujourd’hui même, à vous en féliciter.
Nous devons répondre à des
attaques venues de l’intérieur, celles qui se sont produites pendant ces trois
jours terribles, mercredi jeudi et vendredi – attaques de l’intérieur qui
peuvent être commanditées de plus loin puisqu’elles sont revendiquées par des
organisations terroristes que l’on connait bien.
Mais dans le même temps nous
devons aussi conjurer les menaces venant de l’extérieur, et elles sont
nombreuses. C’est le sens des choix que j’ai faits au nom de la France pour
réagir immédiatement à la percée des terroristes au Mali. C’était le 11 janvier
2013. Mais c’est aussi le choix que j’ai fait pour participer à la coalition
destinée à frapper Daesh en Irak. C’est une décision que j’ai prise l’été
dernier.
En même temps que nous pouvons
être présents, soit sur le plan terrestre – c’est le cas dans le cadre de
l’opération Barkhane -, soit sur le plan aérien - ce que nous faisons en Irak -,
nous devons aussi soutenir de la meilleure des façons ceux qui se battent en
première ligne contre les djihadistes. C’est la raison pour laquelle nous avons
livré des équipements militaires aux Kurdes d’Irak et que nous aidons les forces
de l’opposition en Syrie qui se battent contre l’Etat
islamique.
Je continue néanmoins de
regretter, je le dis devant vous, que la communauté internationale n’ait pas agi
en temps voulu pour faire cesser les massacres en Syrie et empêcher les
extrémistes de gagner plus de terrain encore.
C’était notamment à la fin du
mois d’août 2013, début du mois de septembre, que la communauté internationale
aurait du déjà agir. La France était prête ; les ordres avaient été donnés ; les
dispositifs étaient en place. Une autre voie a été préférée. Nous en voyons les
résultats.
La lutte contre le terrorisme
c’est une affaire de temps. Attendre est un péril ; se précipiter est un risque.
La France fait donc les choix judicieux. Elle ne peut pas intervenir
partout.
On nous demande de le
faire.
Il y a tant de menaces, tant
de dangers, tant de terreur en Libye, au Nigéria, mais la France ne peut pas et
ne veut pas d’abord participer à une action qui n’aurait pas la caution des
Nations Unies ; elle ne veut pas non plus agir seule et de manière précipitée ou
aventureuse, car il s’agit de la vie des soldats. Donc nous agissons aussi sur
le plan politique pour que des conditions puissent être trouvées par la
communauté internationale pour régler ces conflits.
Mais là où nous intervenons,
là où nous agissons, nous devons montrer une très grande
détermination.
Cette semaine, le Charles de
Gaulle part en mission – est déjà en mission. L’appareillage de notre
porte-avions est un acte qui a du sens. C’est un engagement. Le Charles de
Gaulle c’est un instrument de force et de puissance, c’est le symbole de notre
indépendance. Il manifeste la capacité politique, militaire, diplomatique de la
France.
Aujourd’hui, la situation au
Moyen Orient justifie la présence de notre porte-avions. Grâce au Charles de
Gaulle nous disposerons d’informations précieuses, de renseignements. Nous
pourrons, si nécessaire, mener des opérations en Irak avec encore plus
d’intensité et plus d’efficacité.
Le porte-avions travaillera en
étroite liaison avec les forces de la coalition. Il nous donnera tous les moyens
d’une projection à tout moment en cas de tension supplémentaire. C’est dire
l’importance de la mission que vous effectuez.
Dans le contexte que je viens
de décrire au plan international avec l’attaque qui s’est portée sur notre
propre territoire, vous êtes d’une certaine façon en
opération.
J’ai toute confiance en vous,
dans l’équipage qui sert le Charles de Gaulle. Je connais le savoir faire des
pilotes, des mécaniciens et des marins. Vous vous inscrivez dans une longue
tradition. Notre pays en effet a toujours pensé qu’il y avait une stratégie à
mener avec l’aéronavale. Ce sont des visionnaires au cours de la Première guerre
mondiale qui en ont eu la conception. Depuis, génération après génération la
France a fait en sorte de disposer de cet outil, outil remarquable que vous
servez.
La France est l’un des rares
pays au monde capable de mettre en œuvre une force aéronavale aux compétences
complètes avec un porte-avions à catapulte.
Avec plus de 34 000 appontages
depuis sa mise en service, le Charles de Gaulle est une illustration de la
performance industrielle et technologique de notre pays au service de sa propre
défense. Mais également de la performance de tous les personnels qui servent sur
le porte-avions.
La décision que j’ai prise de
faire appareiller, avec le ministre de la Défense, le porte-avions, a le sens
que je viens de vous donner. Il nous permet d’avoir une influence sur la scène
internationale.
La mission qui commence est
donc aussi une réponse au terrorisme. Nous lui faisons la guerre et donc nous
devons y mettre les moyens militaires les plus adaptés face aux
menaces.
Notre pays, le vôtre, consacre
des ressources budgétaires importantes à l’effort de défense. Nous en voyons la
traduction encore aujourd’hui. D’abord des femmes et des hommes bien formés,
bien entrainés, bien commandés. Ensuite des outils de renseignement permettant
de relever le défi de la cyber défense, enjeu majeur, des équipements de haute
technologie, le porte-avions. Enfin, une force de dissuasion constamment
entretenue et disponible à tout moment, et l’aéronavale en est une composante
majeure.
Il y a, ce qu’on appelle, dans
la marine l’esprit d’équipage. C’est une belle expression l’esprit d’équipage.
Ca vaut pour toutes les armées mais cela vaut aussi pour une nation ou pour un
peuple. Nous sommes un équipage nous aussi ensemble.
Qu’est-ce que ça veut dire,
être un équipage ? Cela veut dire agréger des hommes et des femmes qui apportent
chacune, chacun leurs compétences, leur savoir-faire, leurs qualités, leurs
origines, leurs parcours, leur diversité.
La France doit être un
équipage. Mais pour servir les armées, il faut qu’il y ait un engagement
militaire continu ; nous avons besoin dans ces circonstances de mobiliser tous
les concours et d’abord des militaires d’active. Car je ne vous apprends rien,
il n’y a pas d’armée sans les hommes et les femmes pour la
servir.
C’est pourquoi je suis avec le
Premier ministre et le ministre de la Défense, mais c’est ma responsabilité liée
à ma fonction de chef d’Etat et chef des armées, je suis très vigilant, dans le
contexte que je viens de décrire, quant au niveau des effectifs militaires et
donc quant aux restructurations qui sont prévues.
La situation exceptionnelle
que nous connaissons doit conduire à revenir sur le rythme de réduction des
effectifs qui avait été programmé pour les trois prochaines années dans le cadre
de la Loi de programmation militaire.
Ce rythme doit être revu et
adapté. Je demande donc au ministre de la Défense de me faire des propositions,
d’ici la fin de la semaine, en tenant compte évidemment des nécessités
budgétaires. Je tiendrai un Conseil de défense sur cette question des effectifs
mercredi et je prendrai aussitôt la décision.
Voilà pourquoi les forces que
vous constituez sont si essentielles. Voilà pourquoi dans ce moment particulier
j’ai voulu que des décisions puissent être prises pour que la France soit sûre
que sa défense est au rendez-vous et que vous vous soyez convaincus que nous
vous faisons confiance pour permettre d’être protégés et d’intervenir là où vous
êtes appelés.
Il y a les militaires
d’active, il y a aussi les réservistes. Je veux ici aussi souligner leur rôle.
Les réservistes sont appréciés du commandement. Ils offrent aux armées des
compétences et un rayonnement dont il serait hasardeux de se priver face aux
tensions du monde.
Je souhaite donc que les
dispositifs sur l’emploi des réserves soient améliorés pour permettre à tous
ceux qui ont une compétence d’apporter à nos forces tout ce qu’ils peuvent
offrir à la nation.
Ces échanges profitent à tous
; aux entreprises, dont sont issus ces réservistes ; aux armées qui sont
enrichies par cet apport ; et bien sûr aux intéressés eux-mêmes qui vivent dans
les armées une expérience inoubliable.
Servir la France c’est ce que
vous faites. Servir la France n’est pas simplement une mission qui revient aux
seuls militaires ou aux seuls fonctionnaires civils. Tout citoyen doit pouvoir
être utile à son pays, où qu’il soit, d’où qu’il vienne, quelles que soient ses
origines. Chacune, chacun peut participer à sa manière pour redresser la France,
la protéger, la rendre meilleure.
Le service civique est une
très belle idée. J’ai annoncé qu’il doit devenir universel. Il sera donc proposé
à tous les jeunes français qui en feront la demande.
Nos compatriotes ne manquent
pas de civisme. Ils en débordent même, chaque fois qu’on les sollicite. Le
vivier est immense et j’ai eu là aussi la fierté de le
constater.
Prenons l’exemple de la lutte
contre Ebola. Cette terrible maladie. Des volontaires se sont spontanément
manifestés pour soutenir l’action que nous avions engagée. Je veux féliciter
tous ceux, militaires et civils, qui s’impliquent sans compter depuis le début
de cette redoutable épidémie. Notamment en Guinée où je me suis rendu et où j’ai
pu constater que face à un fléau, l’armée, toujours l’armée, répond
présente.
Je pense notamment aux hommes
et aux femmes du service de santé. Ils mettent toute leur expertise au service
de la lutte contre ce virus. Et leur action remarquable a été saluée par
l’ensemble de la communauté internationale.
L’Afrique fait face à ce
fléau, mais l’Afrique fait face aussi à d’autres menaces, d’autres
périls.
J’ai rappelé ce qu’avait été
notre action au Mali ; elle n’est pas terminée. Il y a deux ans, nous avons pris
la décision d’intervenir pour arrêter d’abord l’offensive djihadiste, la
réduire, et faire en sorte que le Mali puisse retrouver son intégrité
territoriale. C’est fait. Mais en même temps nous devons continuer, avec les
forces des Nations Unies, avec l’armée malienne, nous devons continuer à
permettre la réconciliation, le développement du pays et surtout empêcher la
résurgence des groupes terroristes.
C’est la raison pour laquelle,
grâce à vous, des opérations ont été récemment menées qui ont pu déjouer les
tentatives terroristes. Ainsi, en 2014, l’année dernière, 200 djihadistes dont
quelques chefs importants ont été neutralisés par nos
troupes.
Mais le cadre de notre action
a également été élargi. Il couvre maintenant le Sahel, de la Mauritanie au Tchad
pour renforcer les Etats de la région face justement à ces menaces des groupes
terroristes qui se sont souvent repliés là où nous ne pouvons pas les atteindre,
notamment en Libye.
Commandées depuis Ndjamena au
Tchad, nos troupes de l’opération Barkhane sont maintenant pleinement
opérationnelles. Au sol comme dans les airs, elles travaillent en parfaite
osmose et en étroite collaboration avec les armées des pays
amis.
Nos forces spéciales, je veux
aussi leur rendre hommage, prennent depuis les premiers jours une part
primordiale en accomplissant un travail remarquable.
Tout cet espace, nous en
voyons, aux frontières, les dangers. Je pense à ce qui se passe en Libye, au
Nigéria, avec ce groupe terroriste Boko Haram qui décime des villages, des
villes entières. Là encore nous devons faire en sorte que ce soient les pays
eux-mêmes, les pays africains, qui assurent leur propre sécurité. Nous devons
les appuyer.
Nous devons quelquefois aussi
intervenir lorsqu’il y a des risques de massacre. Et vers qui se tourne-t-on ?
Toujours vers la France. En République Centrafricaine ce fut l’opération
Sangaris qui a été lancée il y a treize mois en application d’une résolution
unanime du Conseil de sécurité.
Cette opération Sangaris a
été, si je puis dire - mais j’ai peine à le dire - un succès. Non pas parce
qu’elle n’a pas réussi – il y a eu des massacres, il y a eu des morts – mais il
y en aurait eu encore plus si nous n’avions pas été là. Nous avons pu atteindre
nos objectifs et aujourd’hui il y a le déploiement d’une force africaine qui a
maintenant laissé place à une force des Nations Unies.
J’ai donc décidé d’alléger
notre dispositif en République Centrafricaine. 2 000 soldats aujourd’hui, 1 700
au printemps, 800 à l’automne prochain.
Ce mouvement s’exécutera en
parallèle de la montée en puissance de la mission des Nations Unies qui
atteindra, elle, 12 000 hommes. Je peux dire donc qu’en Centrafrique nous avons
fait ce que nous avions dit, grâce à vous. Nous avons permis à ce pays, l’un des
plus pauvres du monde, de retrouver un début de calme et d’apaisement, même s’il
y a encore beaucoup à faire.
Je félicite les militaires qui
y ont contribué par leur sang-froid. Aussi, sur proposition du ministre de la
Défense, un contingent spécial de la Légion d’honneur et de la Médaille
militaire viendra récompenser les militaires s’étant particulièrement distingués
sur le théâtre centrafricain.
L’Afrique n’est pas le seul
continent d’intervention de nos armées. Sur l’ensemble du globe, 20 000
militaires sont en permanence déployés hors de nos frontières. Dont la moitié en
opérations extérieures.
Hier, conformément à l’article
35 de la Constitution, le parlement a autorisé à l’unanimité, à l’unanimité, la
prolongation de la mission de nos forces en Irak. Cette confiance qu’a donnée le
Parlement au Gouvernement pour agir, c’est une confiance qui vous est
adressée.
Elle permet de donner à la
France l’image d’un pays rassemblé autour de son armée pour prendre ses
responsabilités. La lutte sera longue en Irak, beaucoup pourraient considérer
que c’est un combat bien lointain par rapport à ce que nous vivons. Non, c’est
le même, parce que si nous arrivons à lutter contre le terrorisme en Irak comme
nous l’avons fait d’ailleurs en Afrique, c’est aussi pour assurer notre propre
sécurité.
En Irak, à travers l’action
que nous menons à partir des différents territoires amis, les Emirats, la
Jordanie, ou de zones maritimes proches – le porte-avions jouera son rôle –, en
Irak nous pouvons nous ajouter aux forces de la coalition dont nous sommes l’un
des principaux protagonistes et permettre grâce à l’opération Chammal d’obtenir
déjà de premiers résultats.
Le groupe Daesh, groupe
terroriste qui occupe une partie du territoire irakien, est en reflux ; mais il
y aura à poursuivre ce travail aussi longtemps que nécessaire. L’objectif c’est
de restaurer la souveraineté irakienne sur l’ensemble du
territoire.
Mais je n’oublie pas aussi
toutes les autres missions que nos forces réalisent à l’étranger pour préserver
nos intérêts, protéger nos ressortissants, lutter contre le narcotrafic, contre
la piraterie. Voilà toutes les missions que nos armées remplissent : protéger
notre territoire, agir pour la paix, défendre nos intérêts, assurer
l’indépendance de la France, respecter les engagements auprès de nos alliés ;
voilà tout ce que vous faites.
Pour mener à bien toutes ces
missions, j’y reviens, il faut des ressources et des moyens : c’est la loi de
programmation militaire. Je me suis engagé à la respecter pour le chiffre qui a
été affiché, 31,4 milliards, et ce chiffre-là est
sanctuarisé.
Ce n’est pas simplement qu’un
chiffre, c’est ce qui permet de faire fonctionner nos armées et de les équiper,
c’est un ensemble de crédits budgétaires et de ressources exceptionnelles. Ces
crédits-là, ces ressources-là seront strictement maintenues pour que nous
puissions atteindre tous les objectifs que j’ai fixés pour nos armées. C’est
ainsi que tous les projets qui sont prévus par la loi de programmation militaire
en 2015 pourront se concrétiser. Je pense à la commande des 12 avions
ravitailleurs MRTT pour l’armée de l’air, au lancement du grand programme
Scorpion pour l’armée de terre, à la rénovation de 11 ATL2 et à la commande de
bâtiments de soutien et d’assistance hauturiers pour la marine ainsi que d’une
centaine de véhicules pour les forces spéciales ; tout sera exécuté comme il est
prévu.
Quant au nouveau dispositif de
financement qui s’ajoute aux crédits militaires je veux qu’il puisse être mis en
œuvre dès cette année. Je parle des sociétés de projets. Elles permettront
d‘acquérir du matériel dans des conditions plus souples, plus fluides
aboutissant à une mise en service rapide des moyens dont les forces ont
besoin.
D’ailleurs l’efficacité
opérationnelle de nos matériels militaires, c’est à la fois un atout pour notre
défense mais c’est également un atout pour notre
industrie.
Parce que c’est un cercle
vertueux : si nous produisons de bons matériels, de bons équipements pour nos
armées, ceux dont vous vous servez, nous pouvons à ce moment-là aussi les
exporter vers des pays que nous choisissons et qui nous choisissent et ainsi
conforter les emplois de notre industrie de défense. En faisant en sorte que
notre industrie de défense soit l’une des plus performantes, nous favorisons
aussi l’exportation de biens productifs, de matériels pour l’industrie civile et
la France peut ainsi aussi renforcer son économie.
Je sais que depuis plusieurs
années et malgré l’effort budgétaire qui est consacré, il y a des réformes qui
vous sont demandées et qui parfois nécessitent bien des ajustements, bien des
modifications, bien des changements d’habitudes. Mais ça ne vaut pas que pour
les armées, ça vaut partout dans la société ; mais pour les armées c’est vrai
que cela crée aussi une sensibilité particulière.
Je veux donc ici dire que sur
ces équipements, sur ces réformes, les équipements seront préservés et les
réformes seront faites. Mais il faut tirer aussi quelques conclusions : il y a
eu des échecs, je pense au système Louvois dont les dernières cicatrices ne sont
pas encore fermées et je salue l’action du ministre pour trouver des solutions.
Le processus de remplacement du logiciel défectueux est en cours et il devra
rentrer en première phase opérationnelle dès l’an prochain pour être ensuite
généralisé.
Je ne peux pas accepter que
nos militaires puissent connaitre le moindre retard, la moindre erreur dans leur
rémunération, c’est-à-dire dans leur solde. Il y a trop de demandes qui vous
sont faites pour qu’il puisse y avoir la moindre négligence là-dessus. Et s’il y
a eu des erreurs qui ont été commises dans le passé elles doivent être
corrigées.
Je veux aussi parler de la
condition militaire. Je suis attentif avec le ministre à ce qu’elle puisse être
améliorée dans le cadre du Haut comité d’évaluation. Il y a des réunions qui se
tiennent du Conseil supérieur de la fonction militaire et je suis toujours
attentif à ses conclusions.
Il se trouve que la Cour
européenne des droits de l’homme a demandé à la France de revoir son dispositif
relatif au droit d’association des militaires, c’est-à-dire à vos droits. Et
après avoir mené une série de consultations j’ai décidé de suivre les
propositions qui m’étaient faites par le conseiller d’Etat, Bernard PÊCHEUR, et
de prendre les dispositions qui devront être traduites par la loi. Il y aura
donc la préservation des droits et des devoirs des militaires et en même temps
les prérogatives du commandement seront sauvegardées. Une loi viendra bientôt
intégrer au code de la défense cette avancée sur la représentation des
personnels.
Il y a aussi tout l’effort qui
est fait pour le monde combattant – le secrétaire d’Etat est là. Les droits des
anciens combattants doivent être consolidés : ils le seront. Des critères
d’attribution de la carte du combattant seront élargis avec ce qu’on appelle la
carte opérations extérieures à partir du 1er octobre prochain. Je suis aussi
attentif au soutien des blessés, des conjoints, des grands invalides de guerre
et là encore des dispositions seront prises pour améliorer leur
situation.
Je veux aussi insister sur la
réparation qui est due aux Harkis, sur la meilleure prise en charge, aussi, d’un
certain nombre de situations familiales. Cela fait partie, là encore, du devoir
de la Nation à l’égard des anciens combattants.
Je veux terminer sur une
réflexion qui nous engage tous. Nous sommes attachés, nous, la France, à des
valeurs : des valeurs de liberté, de démocratie, de pluralisme, de dignité,
d’égalité de la femme et de l’homme. C’est pourquoi nous portons un idéal
partout dans le monde. C’est pourquoi nous voulons vivre ensemble, avec ces
valeurs de la République. C’est aussi pourquoi vous menez un certain nombre
d’opérations.
C’est votre mission. Vous
agissez au nom des valeurs de la République et lorsque ces valeurs sont
atteintes, sont froissées, sont mises en cause par des terroristes, alors il
faut savoir se défendre. C’est le rôle des policiers, des gendarmes, des
magistrats ; c’est le rôle aussi des armées lorsque la menace vient de
l’extérieur.
Une grande nation, c’est une
nation qui a des institutions solides. L’Armée fait partie de ces institutions
et l’Armée est au service de la République. Elle participe donc de l’unité
nationale. Les Français savent qu’ils peuvent compter sur elle pour assurer
notre indépendance, notre défense ; ils sont convaincus que pour promouvoir
l’idéal que nous portons tous, la force peut être un ultime recours, même si la
force du droit doit chaque fois être recherchée.
Face au jihadistes, aux
fondamentalistes, aux terroristes, la France doit agir. Agir pour elle-même,
agir pour le monde, agir pour porter assistance aux pays qui font appel à nous,
dans le cadre du droit international et avec un mandat des Nations
unies.
Dans le formidable mouvement
citoyen qui s’est levé dimanche, notre peuple a voulu exprimer une conviction,
une force, un attachement. A la liberté d’expression, à la démocratie, à la
liberté tout court et à la laïcité. Les Français ont dit très clairement que
pour que notre pays vive en paix, vive en démocratie, vive en liberté, il
fallait des journalistes pour parler, pour écrire ; il fallait des dessinateurs
pour dessiner ; il fallait des policiers et des gendarmes pour les protéger ; il
fallait des militaires pour les défendre. Tous unis pour défendre les valeurs de
la République.
C’est parce que nous sommes
dans ce moment-là et c’est parce que nous sommes convaincus que les valeurs que
nous portons pour notre pays sont essentielles – pour nous, pour l’Europe, pour
le monde – que nous devons nous rassembler, nous réunir autour de ce qui fait
notre identité, de ce qui fait notre singularité, notre indépendance. Et il n’y
a pas d’indépendance, il n’y a pas de liberté, il n’y a pas de démocratie qui ne
doivent être protégées par une armée. C’est la raison pour laquelle je vous
exprime ici, dans cette circonstance, dans ce moment où il y a tant d’émotion,
où il y a tant d’espoir aussi, et tant de volonté de surmonter les peurs, je
vous exprime, ici, toute la reconnaissance de la Nation, toute ma confiance pour
les missions dont vous avez la charge.
Vive la République, et vive la
France.