L'Université Libérale, vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.
Après l'analyse de certains aspects
économiques majeurs de la pensée de Friedrich Hayek, Emmanuel Martin
propose ici un rapide tour d'horizon des aspects
institutionnels de la pensée de l'auteur autrichien. Le
constructivisme économique étudié dans le dernier podcast est parallèle à
un constructivisme de type juridique qui considère que l'on peut
"créer" le droit, légiférer, pour atteindre certains buts sociaux.
Cette mésinterprétation du droit peut avoir des conséquences. en
revenant sur la distinction entre les ordre créés et
autogénérés d'une part, et les règles particulières et les règles
générales d'une autre part, Hayek tente de démontrer les dangers des
mélanges institutionnels douteux.
On voit donc que l’œuvre d’Hayek est traversé par ce souci de ne pas
céder aux sirènes de ce qu’il a appelé la présomption fatale c’est à
dire cette volonté de construire la société de manière
centralisée, par le biais de mesures qui remettraient en cause
l’Etat de droit, la liberté et l’autonomie des hommes et qui conduisent
trop souvent au chaos social. Au delà de l’inefficacité
inhérente à ce type de procédure – pour des raisons liées à la
connaissance dispersée et parcellaire des hommes dans une société –
c’est aussi la valeur même de la liberté qui est mise en péril.
» cliquez ici pour lire sur le sujet le blog de damien (Nicomaque)
Retrouvez aussi cette retranscription sur Catallaxia.net
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http://www.contrepoints.org/2010/10/27/5205-lanalyse-economique-de-hayek |
Pour comparaison une étude de Hugon:
Ecole Thématique: » les méthodes de l'analyse institutionnelle
la réalité complexe et évolutive des
sociétés oblige à dépasser le clivage entre anthropologie holiste et
l'économie individualiste, institutionnalisme rationnel et
historique. On ne peut pas retenir la tradition anthropologique
postulant le primat du fait social irréductible à des phénomènes
individuels et la non pertinence de l'homo oeconomicus pour des
sociétés "primitives "ou sous développées. On ne peut non plus
supposer d''analyser les comportements indépendamment des structures
sociales en postulant l'universalité des mobiles
(utilitarisme), des modes opératoires (rationalité substantielle) et
de la coordination marchande.
Les acteurs sont situés. Ils agissent dans un univers risqué ou incertain. Ils privilégient dès lors dans les sociétés sous développées le court terme du marché et les investissements intergénérationnels de l'appartenance à des réseaux sociaux. Il y a à la fois combinaison de stratégies très individualistes et de stratégies communautaires. Le poids du quotidien conduit à une très forte préférence pour le présent et l'immédiateté dans un contexte où dominent l'instabilité, la faible espérance de vie, l'insécurité, la précarité. Mais ces logiques se situent également dans l'horizon du long terme des appartenances communautaires et des stratégies intergénérationnellees. le calcul utilitilitariste et individualiste au sein de communautés d'adhésion se combine chez chaque acteur avec des normes imposées par des communautés d'appartenance. L'idéal type de l'homo oeconomicus est tout aussi inadéquat que celui de l'homo anthropologicus (Hugon 1993 ).
Les arrangements institutionnels qui répondent à une fonction de réduction des coûts de transaction et des incertitudes. doivent être différenciés des structures ou configurations institutionnelles qui ont une épaisseur sociétale et qui sont insérés dans des histoires longues et répondent à des contextes spécifiques. Il importe d'analyser leurs interdépendances et non de raisonner « caeteris paribus » par une approche individuelle « bottom up » ou holiste « top down ».
Les transitions institutionnelles sont plurielles et permettent d'opposer les processus évolutifs des processus involutifs. Les configurations institutionnelles diffèrent radicalement entre les pays émergents, les pays pauvres pris dans des trappes à pauvreté et les Etats faillis ou en conflits connaissant des processus involutifs. Mais en même temps, la très grande différenciation de ce que l'on appelait il y a peu le Tiers Monde, la périphérie ou le Sud réduit fortement l'altérité voire l'exotisme d'un monde sous-développé radicalement différent. Symétriquement, la montée de l'exclusion, de la pauvreté, de la marginalité ou de l'informel au "Nord", rapproche des questionnements de l'économie du développement. Le poids de l'ethnicité, du culturel, du religieux, des rapports sociaux domestiques est essentiel pour comprendre les sociétés industrialisées, ou capitalistes. Les soit disant spécificités ou blocages culturels au développement n'apparaissent que dans des conditions déterminées. L'émergence de l'innovation au sein de représentations symboliques différentes est un problème universel qui a trouvé des réponses dans des cultures différentes.
Il n’existe aujourd’hui dans un monde à la fois un et pluriel que des situations ambigues, que des pratiques contradictoires et des référents pluriels. Les relations sociales ne peuvent être analysées que dans une relation dialectique d’extériorité et d’intériorité. Le monde se traduit par des asymétries spatiales et des dynamiques inégalitaires croissantes qui interdisent de penser l’uniformisation. Une approche institutionnaliste incorporant l’histoire doit étudier les conflits, les luttes, les contre pouvoirs et voir comment, dans un contexte donné, il y a pluralité des institutions et domination de certaines. La question du développement est celle du sens que les hommes donennt aux histoires qu'ils subissent ou qu'ils construisent.
Ordre spontané
De Wikiberal
Par ordre spontané
on désigne un ordre qui émerge spontanément dans un ensemble comme
résultat des comportements individuels de ses éléments, sans être imposé
par des facteurs extérieurs aux éléments de cet ensemble. Ce terme est
employé en biologie, sociologie ou économie.
Si le concept avait déjà été présenti par plusieurs penseurs tels que Zhuangzi au IIIe siècle avant J.C., Mandeville au XVIIIe siècle avec sa Fable des abeilles, suivi par les philosophes des Lumières écossaises, David Hume, Adam Ferguson et Adam Smith (avec l'image souvent caricaturée de la « main invisible ») puis Frédéric Bastiat avec ses Harmonies économiques au début du XIXe siècle, c'est avec Friedrich Hayek qu'il trouve son exposé le plus complet.
Central dans son œuvre, ce concept décrit l'ordre émergeant « de
l'action des hommes, non de leurs desseins ». Au contraire de l'ordre
organisé ou fabriqué (taxis), produit intégralement de manière
intentionnelle, l'ordre spontané (kosmos) découle d'une adaptation des
individus à certaines règles de conduite sans qu'ils en soient
nécessairement conscients. Contrairement à une lecture hâtive que l'on
fait parfois de Hayek, il ne s'oppose pas à une conception rationaliste
des sociétés en vertu d'un quelconque scepticisme sclérosant ou
confinant au traditionalisme borné, mais oppose une rationalité
arrogante, celle qu'incarne le « constructivisme » de l'ingénieur-Roi (planificateur omniscient et tout-puissant, partisan de la « tabula rasa »), à un rationalisme tempéré où le facteur-temps permettant la sélection par la concurrence
et l'adaptation des organisations ou des règles les plus efficaces et
les plus opérationnelles, permet l'élaboration de facto d'un ordre
« mûri » donc stable et capable d'intégrer les nouveautés de tout ordre
jusqu'au rétablissement d'un certain état d'équilibre.
Dans l'organisation il faut pouvoir connaître tous les facteurs
multiples et variés, souvent non quantifiables donc résistant à toute
prise scientifique, et débordant largement les capacités d'un cerveau
humain (cf. L'ordre sensoriel),
alors que dans la seconde les méta-règles qui président à
l'établissement de cet ordre peuvent être simplement senties ou acquises
par empirisme, le jeu des sanctions/récompenses équivalant à celui de
la procédure de découverte sur un marché, ainsi des règles de politesse
et de bienséance qui permettent l'ordre social quotidien, par exemple.
Il faut distinguer également l'ordre spontané et les règles sur
lequel cet ordre repose, qui peuvent être ou non elles-mêmes d'origine
spontanée.
De plus, ce type d'ordre peut atteindre n'importe quel degré de
complexité, bien que les hommes qui s'y soumettent soient incapables
d'en saisir toutes les ramifications et relations. Via la division du
savoir et du travail,
chacun s'attachant à exceller dans le ou les quelques domaines où il
s'est spécialisé, profite néanmoins, tout en poursuivant ses propres
objectifs et sans que ne soit nécessité une morale du dévouement que même la plus farouche propagande (stakhanovisme)
n'a pu atteindre, d'une collaboration avec tous les autres individus.
Alors que le modèle de l'organisation politique ne peut être que celui
de l'armée ou de l'usine, la Société ouverte (ou Grande société) allie
dans un même principe efficacité, liberté formelle (Rule of Law), et une liberté réelle incomparable avec l'esclavage généralisé des sociétés bureaucratiques que deviennent, à leur corps défendant, tous les modèles « constructivistes ».
Pour Hayek, c'est parce que la structure de la société moderne ne
dépendait pas d'une organisation - celle-ci étant vouée à
l'accomplissement d'un but délibéré et déterminé -, mais bien d'un ordre
spontané - composé de règles ne visant pas une fin spécifique - qu'elle
s'est complexifiée. Il en conclut: "Affirmer que nous devons
délibérément dresser le plan de la société moderne parce qu'elle est
devenue si compliquée, c'est donc soutenir un paradoxe par suite d'une
incompréhension totale de cette situation. Le fait est, bien plutôt, que
nous ne pouvons pas préserver un ordre d'une telle complexité par la
méthode consistant à diriger les membres d'une société, mais que nous
pouvons le faire seulement par voie indirecte, à savoir en faisant
respecter et en améliorant les règles qui conduisent à la formation d'un
ordre spontané." (DLL, I, p. 59) Ainsi aux socialistes arguant de la complexité en faveur d'un planisme inéluctable, Hayek et tous les membres de l'école autrichienne démontreront, avant la confirmation par les faits, l'impraticabilité du socialisme, au nom même de la complexité.
Enfin, la distinction entre ces deux ordres ne signifie pas
qu'ils sont exclusifs l'un de l'autre. Au sein d'une société régie par
l'ordre spontané, une multitude d'ordres organisés coexistent et
s'empilent sans qu'il soit possible d'en avoir une vue panoptique :
ainsi famille, armée, entreprise,
administration, règlements, codes, procédures, protocoles, etc.. De
même, les individus sont tous planistes à la modeste échelle de leurs
actions, quand les entrepreneurs ne gèrent pas leur entreprise au jour
le jour, mais une centralisation du savoir qui est valable à un niveau
relativement simple de complexité devient un goulot d'étranglement
funeste dès lors que la complexité prend de l'ampleur, ce à quoi la
polycentricité est la solution. Non pas que le fédéralisme soit l'unique
solution au problème politique, car découper la sphère du politique en
zones géographiques plus restreintes sans limiter en même temps
l'étendue de ses tâches, ne résout pas le problème.
Ce concept non-intuitif est sans doute le plus difficile à comprendre du point de vue étatiste,
qui ne peut concevoir une société sans une organisation imposée d'en
haut, ou d'un point de vue scientiste qui a besoin de percevoir en un
seul coup d'œil l'indéfinie chaîne des causes et des effets. Pourtant on
le voit à l'œuvre tous les jours : il n'y a pas d'organisation centrale
de l'alimentation ou de l'habillement, et pourtant il n'y a pas de
pénurie, une langue n'a pas (sauf en France) besoin d'une Académie
centrale pour subsister, des codes de conduite n'ont pas besoin d'être
imposés de force pour être appliqués. Au contraire, la planification
politique engendre la pénurie - un exemple ancien est celui du
« commerce des grains » en France au XVIIIe siècle, commerce pour lequel
Condorcet réclamait la liberté (« la liberté préviendra les disettes réelles »),
d'autres famines plus récentes ont eu lieu dans les régimes socialistes
- et la règlementation engendre la multiplication de textes de droit positif qui rendent un pays illisible et fastidieusement procédurier.
Certains libertariens étendent la notion d'ordre spontané à leur conception d'une société sans Etat. Les anarcho-capitalistes affirment que tous les secteurs, même les secteurs étatisés (éducation, justice, police)
peuvent être rendus à la société civile et n'ont besoin d'autre
organisation que celle que choisissent les propriétaires légitimes
(organisation évidemment appelée à évoluer sans cesse sous la pression
des clients ou de la concurrence).
Une autre interprétation
Dans un article paru en 1987, "Adam Smith Reconsidered" (Austrian Economics Newsletter, fall 1987), l'économiste Murray Rothbard
remonte à une source plus religieuse de ce concept. Il y explique que
l'idée d'« un ordre résultant de l'action des hommes, non de leurs
desseins » n'a initialement rien à voir avec un plaidoyer en faveur
d'une société de liberté.
Les représentants des « Lumières écossaises », Adam Smith et Adam Ferguson appartenaient à l'Eglise d'Ecosse - établie par le Royaume-Uni. Quand éclata la révolte jacobite de 1745
(révolte dénoncée par les presbytériens comme « papiste » et
anti-écossaise), Smith et Ferguson en appelèrent à l'écrasement de cette
rébellion. Mais, surtout, ce dernier expliqua au travers de maints
sermons que si Dieu avait voulu que ces « impies » se soulevassent,
c'était afin de sortir les presbytériens de leur langueur et galvaniser
ainsi leur foi en écrasant les rebelles. Autrement dit, l'action des
jacobites - tout en étant jugée « maléfique »- servait, selon A.
Ferguson, les desseins cachés de la Providence divine.
Rothbard conclut cet exposé en se demandant si cette vision des choses ne confine pas à l'hérésie panthéiste (le Mal étant, in fine, un autre nom du Bien) :
- On peut se demander si Hayek et ses disciples contemporains resteraient aussi fervents adeptes de la doctrine des conséquences involontaires s'ils s'apercevaient qu'elle provient de l'apologétique calviniste et qu'elle est proche de la fameuse "ruse de la raison" hégélienne.
Ambiguïté de l'expression
L'expression d'« ordre spontané » (tout comme d'ailleurs celle de main invisible,
tout aussi ambiguë) pourrait faire croire à un ordre résultant d'une
intervention miraculeuse ou providentielle (et les auteurs marxistes
ne se privent pas de moquer le "providentialisme" supposé des
libéraux). Hayek proposait de la remplacer par celle de « structure
auto-organisée » ou « ordre autogénéré » (préface à la traduction
française de Droit, législation et liberté).
C'est probablement un biais cognitif très répandu qui empêche de
comprendre la nature de cet ordre spontané : la plupart des gens ne
peuvent concevoir que l'ordre puisse résulter d'une absence
d'intervention "par en-haut", d'une volonté unique qui imposerait sa
vision à elle de ce que devrait être cet "ordre".
Cependant, pour certains libéraux, l'idée d'ordre spontané a une explication religieuse. Ainsi Frédéric Bastiat écrit :
- J'ai une foi entière dans la sagesse des lois providentielles, et, par ce motif, j'ai foi dans la Liberté. (À la jeunesse française, Introduction aux Harmonies Économiques)
- 5 Citations
- 6 Bibliographie
- 7 Liens externes
Polycentricité
De WikiberalLa polycentricité ou ordre Polycentrique est un concept inauguré par Michael Polanyi dans son ouvrage La Logique de la liberté paru en 1951. Elle représente une organisation sociale où de nombreux êtres humains peuvent facilement s'adapter les uns aux autres sans l'intrusion d'une force supérieure qui mène inéluctablement au confinement des subordonnés.Dans un ordre polycentrique, chaque élément agit indépendamment des autres, à l'intérieur d'un système de règles justes et en perpétuelles évolutions, celui-ci n'étant conçu par personne en particulier. Dans ce système, les décideurs sont libres de poursuivre leurs propres intérêts sans devoir se plier aux commandements d'une minorité d'agents qui tenteraient de s'imposer, peu ou prou par la contrainte, et sclérosant les règles d'ajustement des membres de la société.Le concept de polycentricité est étroitement lié à celui de l'ordre spontané. Cependant, ce dernier a souvent une connotation orientée vers l'éthique, sans exagérer sur le mysticisme voire le romantisme d'un ajustement des membres de la société au travers de l'échange économique. L'analyse de la polycentricité s'attache davantage aux ressorts cassés et distendus de l'ajustement en regardant les fondements politiques, et parmi ceux-ci les processus démocratiques, le déterminisme géographique de la juridiction du pouvoir dont celui du pouvoir fiscal ou de la justice en remettant en cause les décisions publiques basées aveuglément sur un monopole de la fourniture des services ou des biens publics.
Ordre naturel
De Wikiberal
Le concept d'ordre naturel renvoie à la doctrine physiocratique. En effet, selon les physiocrates, il existe un ordre naturel gouverné par des lois qui lui sont propres, et qui repose sur le droit naturel. Par exemple, chaque homme a droit à ce qu'il acquiert librement par le travail et l'échange. Le rôle des économistes est de révéler ces lois de la nature. La liberté et la propriété
sont des droits naturels que le souverain doit respecter et protéger en
les consacrant dans le droit positif. Le rôle du pouvoir est de
garantir l’application du droit naturel.
Les physiocrates ne remettent pas en question la monarchie, mais veulent que le souverain, loin de se comporter en monarque absolu ou en despote
arbitraire, se soumette au droit naturel et le fasse respecter. En
revanche, pour faire respecter ce droit naturel qui s’impose à tous, il
doit user de toute son autorité. C'est le sens de l'expression
« despotisme légal » utilisée par Lemercier de la Rivière, qui s'apparente plus au concept libéral d'État minimum qu'à l'acception courante du mot despotisme. Par conséquent, ce terme n'est pas non plus à confondre avec celui de despotisme éclairé.
Plus généralement, les principaux courants jusnaturalistes,
anciens ou contemporains, se réfèrent, explicitement ou non, au concept
d'ordre naturel, et soutiennent que, plutôt qu'un souverain, ce sont
les règles interindividuelles qui doivent garantir l'application du droit naturel.