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septembre 26, 2016

Économie - Fiscalité - Mensonge d'État

Ce site n'est plus sur FB, alors n'hésitez pas à le diffuser au sein de différents groupes, comme sur vos propres murs respectifs. D'avance merci. L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses. 

Librement vôtre - Faisons ensemble la liberté, la Liberté fera le reste. 




Sommaire:

A) L'économie mondiale 2017 - CEPII -  http://www.cepii.fr/

B) L’injustice fiscale Ou l’abus de bien commun - Nicolas Lecaussin - IREF

C) L'Élysée brise l'embargo de l'Insee et fait de la désinformation économique - 





A) L'économie mondiale 2017
 
Introduction
l’été 2016, l’économie mondiale hésite encore entre stagnation et transition vers un nouveau modèle toujours difficile à cerner. La montée des tensions qui en résulte est analysée par Sébastien Jean dans le chapitre i. Tensions dans le domaine politique avec la montée des populismes, tensions aussi dans la construction européenne avec la crise des réfugiés et le Brexit, tensions économiques et financières avec les doutes suscités par les politiques monétaires ultra-accommodantes qui n’ont pas réussi à raviver la croissance, mais pourraient avoir nourri des bulles de prix d’actifs et des prises de risque excessives. Tensions, en n, dans la gouvernance mondiale avec les difficultés d’adaptation à un monde multipolaire qui réclame de revoir les schémas qui prévalaient jusque-là. 

La brève histoire des mondialisations, que nous relatent Michel Fouquin, Jules Hugot et Sébastien Jean dans le chapitre ii, fait ressortir un risque de fragmentation du système commercial mondial. La stagnation des interdépendances commerciales depuis l’éclatement de la crise financière avive, de manière paradoxale, les controverses autour de la mondialisation : les gains liés à l’intensification du commerce s’épuisant, les conflits de répartition et de légitimité qui y sont associés prennent le dessus. À l’inverse, dans le domaine financier, l’analyse de Michel

Aglietta et Virginie Coudert, présentée dans le chapitre iii, nous enseigne que c’est l’intensification des interdépendances qui pose problème : à la politique monétaire américaine qui doit désormais composer avec les évolutions qui se produisent dans le reste du monde et, plus largement, au système monétaire international qui, confronté à un multilatéralisme rampant, souffre d’un défaut de coordination. Or, que ce soit dans le domaine commercial ou dans le domaine financier, ce défaut pourrait conduire à un retour des souverainetés nationales aux dépens des mondialisations. 

La coordination n’a toutefois pas été inexistante au niveau financier. Depuis la crise de 2008, des efforts importants ont été déployés par plusieurs instances internationales pour tenter de réformer le secteur bancaire. C’est à une analyse de ces réformes que nous convie Jézabel Couppey-Soubeyran dans le chapitre iv. Le message qu’elle livre n’est cependant guère encourageant. Le secteur bancaire et financier demeure vulnérable. Certes, des mesures ont été prises, mais les efforts soutenus des banques pour tenter d’en limiter le contenu et la portée entretiennent une défiance citoyenne qui pourrait déboucher sur des revendications bien plus radicales que les réformes engagées jusque-là. 

Étienne Espagne, dans le chapitre v consacré à la COP21, apporte une note d’optimisme à cet ouvrage : si, comme le prévoit l’Accord de Paris signé en décembre 2015, la finance était mise au service du changement climatique, c’est à un jeu gagnant-gagnant que l’on aboutirait. Pour y parvenir, il faudra toutefois réussir à saisir les opportunités que la gestion du risque climatique présente pour les secteurs de la finance et de l’assurance tout en cernant la dimension systémique du risque climatique. Cela nécessitera de trouver le meilleur arbitrage possible entre gestion privée et gestion collective de ce risque. Dans le chapitre vi, qui présente un état des lieux des migrations internationales et de leurs conséquences économiques, Anthony Edo nous ramène dans le champ des tensions qui traversent la construction européenne : la gestion de la crise des réfugiés est venue rappeler l’incapacité de l’Union à se coordonner. Le chapitre vii met quant à lui l’accent sur les tensions internes qui affectent le Brésil. Pour Cristina Terra, les politiques économiques inappropriées du gouvernement de Dilma Roussef sont à l’origine de la crise brésilienne. Les compléments statistiques présentés en n d’ouvrage ont été rassemblés par Alix de Saint Vaulry.

Isabelle Bensidoun et Jézabel Couppey-Soubeyran* * Isabelle Bensidoun, économiste au CEPII, et Jézabel Couppey-Soubeyran, maître de conférences à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et conseillère éditoriale au CEPII, ont assuré la conception et la coordination de cet ouvrage.

Vue d’ensemble : la montée des tensions
En dépit d’une légère accélération par rapport à l’année précédente, la croissance mondiale reste décevante à l’été 2016. Bientôt dix ans après le début de la crise économique et financière mondiale, un retour aux tendances antérieures semble de plus en plus improbable. La médiocrité de la croissance ne doit pas être acceptée comme une nouvelle norme, avait mis en garde le Fonds monétaire international (FMI) au printemps 2015. Pour autant, il reste difficile de déterminer quelles pourraient être les nouvelles références d’une économie mondiale traversée par des tensions croissantes et multiformes. Non seulement la croissance n’a plus retrouvé son niveau d’avant crise dans beaucoup de pays, mais les déséquilibres massifs accumulés dans les années 2000 ne se sont guère résorbés, quand ils ne se sont pas accrus. Sur les marchés du pétrole et des matières premières, l’abondance de l’offre s’est combinée avec l’atonie de la demande pour entraîner une importante chute des cours, déstabilisante pour beaucoup de pays producteurs et moins profitable qu’attendue pour les pays consommateurs. Dans un contexte de faiblesse persistante de l’inflation, les autorités monétaires de plusieurs économies avancées ont réagi en abaissant certains taux d’intérêt directeurs au-dessous de zéro, suscitant de nombreuses interrogations sur les causes profondes du mal, sur l’efficacité de ce remède et sur ses possibles effets secondaires. Le niveau et la tendance de l’endettement laissent craindre pour la stabilité financière. Enfin, les tensions géopolitiques s’exacerbent dans différentes zones. Le vote britannique en faveur du Brexit n’a fait qu’ajouter à ce climat d’incertitude, illustrant la nervosité des marchés et posant des questions profondes sur l’évolution du projet européen.  [...] 

Sébastien Jean est Directeur du CEPII.


Une brève histoire des mondialisations commerciales
Le terme « mondialisation » est couramment utilisé pour caractériser l’interdépendance croissante des économies. Si certains ont pu y voir l’avènement d’un « monde sans frontières », l’intensification des relations économiques internationales évolue en réalité selon des modalités complexes et une tendance qui n’est ni linéaire ni irrévocable. En dépit du caractère spectaculaire des évolutions récentes, le phénomène n’est d’ailleurs pas sans précédent puisque le XIXe siècle a lui aussi connu une période de mondialisation. Pour beaucoup de pays, le niveau d’intégration commerciale de la fin du XIXe siècle n’a été dépassé que très récemment. Entre-temps, en effet, les relations économiques internationales s’étaient massivement détériorées pendant l’entre-deux-guerres.
 
L’interdépendance économique internationale est le résultat de l’intensification du commerce de biens, mais aussi des flux financiers, migratoires ou informationnels. Ce chapitre se concentre sur la dimension commerciale. Il brosse le tableau de ces différentes périodes, avant de s’interroger sur leurs similitudes et spécificités, et sur les enseignements qu’il est possible d’en tirer. [...]

Michel Fouquin - Jules Hugot - Sébastien Jean


Interrogations sur le système dollar
Après le cataclysme de 2008, la globalisation financière a décollé des évolutions économiques réelles : alors que le PIB mondial et le volume du commerce international ont sensiblement ralenti, les flux de capitaux internationaux ont été gonflés par la surabondance de liquidités mises à disposition du système financier globalisé. Cette discordance n’est pas sans conséquences. Le recyclage des liquidités en dollars a provoqué une montée de l’endettement au niveau mondial, tandis que le ralentissement de la croissance s’est traduit par des surcapacités de production qui ont détérioré les bilans dans les pays émergents. Les reflux de capitaux des pays émergents vers les pays avancés ont provoqué des dynamiques déséquilibrantes sur les marchés des actions et des devises.
 
L’intensification des interdépendances financières crée un dilemme pour la politique monétaire américaine, fondée jusqu’alors sur l’indépendance de ses objectifs vis-à-vis des évolutions dans le reste du monde. Cette situation nouvelle pose le problème de l’absence de coordination au sein du système monétaire international.
 
C’est aux répercussions des excès de la globalisation financière sur le système monétaire international et aux dilemmes qu’elles posent aux banques centrales que ce chapitre est consacré. [...]

 Michel Aglietta - Virginie Coudert

 
Les réformes bancaires ont-elles été poussées trop loin ?
« Le secteur financier a exercé un lobbying intense pour préserver sa structure et faire barrage aux changements nécessaires. » « Les grandes banques sont l’équivalent de réacteurs nucléaires. » Ces mots n’ont pas été prononcés par les militants de Nuit debout sur la place de la République à Paris, mais par le nouveau président de la Fed de Minneapolis, Neel Kashkari, en février 2016. S’ils concernent d’abord le secteur bancaire américain, ils valent aussi pour les banques européennes et a fortiori françaises. Bien sûr, des réformes ont eu lieu, impulsées par les travaux du G20, les accords du comité de Bâle, les standards du Conseil de stabilité financière et divers rapports, comme le rapport Vickers au Royaume-Uni. Des lois en ont résulté, d’envergure nationale (Dodd-Franck aux États-Unis, loi de réforme bancaire au Royaume-Uni, loi de séparation et de régulation des activités bancaires en France, etc.) ou d’envergure européenne (directives CRD IV, révision de la directive sur les systèmes de garantie des dépôts, directive sur le redressement et la résolution des crises bancaires, etc.).
 
Aucune n’a profondément transformé le secteur bancaire et financier. Elles exigent des banques un peu plus de fonds propres et de liquidité. Elles tentent de responsabiliser leurs créanciers obligataires et de réduire le risque systémique en confiant aux banques centrales la mission de superviser les banques d’importance. Mais est-ce assez pour remettre au service de l’économie réelle un secteur bancaire hypertrophié et dominé dans chaque pays par quelques mastodontes dont le bilan pèse pour chacun à peu près l’équivalent du PIB de leur pays, et dont 10 % seulement de l’actif contribue au financement des entreprises ? Poser la question, c’est déjà y répondre.
 
Et, pourtant, en mai 2016, Jonathan Hill, le commissaire européen aux services financiers, parlait déjà de « faire le point », « vérifier si nous pourrions atteindre les mêmes objectifs de régulation d’une façon plus favorable à la croissance », en clair de faire une pause, voire mettre un terme aux réformes bancaires européennes, du moins à celles visant à renforcer la stabilité du secteur. Le temps est-il venu de refermer la parenthèse des réformes bancaires que la crise enclenchée en 2007-2008 avait (entre)ouverte ? Sont-elles la cause d’une distribution du crédit et d’un investissement atones, un frein à la reprise ? Ce chapitre propose de faire un point sur les réformes engagées, de montrer qu’elles n’ont pas toutes le caractère contraignant que les représentants des banques leur prêtent, que beaucoup d’entre elles ne sont encore que partiellement engagées et pas toujours à la hauteur de l’ambition affichée et que, à revenir en arrière sur ces petits pas, le risque est grand de fragiliser davantage l’Europe. [...]

Jézabel Couppey-Soubeyran


Après la COP21, comment climatiser la finance ?
L’accroissement des inégalités de revenu et de patrimoine occupe une place grandissante dans le débat public, dont l’intensité a redoublé avec la publication de l’ouvrage Le Capital au XXIe siècle de Thomas Piketty [2013]. Dans un rapport de mai 2015, l’OCDE attirait aussi l’attention sur les niveaux record d’inégalités dans la plupart des pays de l’OCDE ainsi que dans les pays émergents. « Nous avons atteint un point critique. Les inégalités dans les pays de l’OCDE n’ont jamais été aussi élevées depuis que nous les mesurons », a déclaré son secrétaire général, Angel Gurria, lors du lancement du rapport.
 
De façon plus inattendue, des voix se sont élevées pour attribuer à ces inégalités croissantes une responsabilité dans le surendettement des ménages modestes et pauvres ayant conduit à la crise financière de 2007-2008. Dans son ouvrage Fault Lines [2010], Raghuram Rajan soutient ainsi que la progression des inégalités de revenu aux États-Unis a contraint les ménages à revenus faibles et moyens à accroître leur endettement afin de maintenir leurs niveaux de consommation, compensant l’impact de la baisse de leur revenu relatif sur la croissance du PIB. Till Van Treeck [2014] a présenté une somme substantielle d’arguments qui corroborent cette thèse pour les États-Unis sur la période 1980-2010.
 
Empiriquement, la causalité directe entre la montée des inégalités et celle de l’endettement susceptible de dégénérer en crises financières reste encore difficile à établir, tant chacun des deux phénomènes met en jeu un grand nombre de facteurs concurrents et entremêlés. Il est en outre tout à fait possible que l’augmentation parallèle des inégalités et de la taille de la sphère financière soit le produit d’un facteur commun, tel que la déréglementation croissante des économies depuis le début des années 1980. Il est donc nécessaire de commencer par rappeler les éléments du débat en présence, en détaillant tour à tour l’étendue et les caractéristiques, d’abord de l’expansion de la sphère financière, puis de la montée des inégalités. D’autant que les deux phénomènes ont longtemps été appréhendés sans chercher à établir de lien entre eux. Ces liens potentiels mobilisent depuis peu l’attention des économistes. [...]

Etienne Espagne


Migrations et mouvements de réfugiés : état des lieux et conséquences économiques
Les mouvements de population actuels à travers le monde et l’Europe marqueront l’histoire des migrations internationales. À l’échelle mondiale, les guerres et les persécutions n’ont jamais provoqué, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, autant de déplacements de personnes au sein des pays ou en dehors. Les conflits qui sévissent en Syrie, en Irak, en Libye, en Afghanistan, au Yémen, ou encore en Somalie et au Soudan poussent les populations au départ. La plupart se relocalisent au sein de leur pays d’origine ou dans un pays limitrophe, mais une partie de ces déplacements forcés se dirige vers l’Europe, où plus d’un million de personnes se sont réfugiées au cours de l’année 2015. Au-delà de l’ampleur du phénomène migratoire, l’histoire questionnera aussi les modalités d’action engagées par les pays européens pour y répondre. Face au défi de l’accueil des réfugiés, les pays de l’Union européenne (UE) peinent toujours à s’accorder sur une politique commune ambitieuse.
 
Le contexte migratoire actuel et les difficultés de coordination entre pays européens suscitent de nombreuses interrogations tant sur l’ampleur des migrations internationales et les choix de localisation des réfugiés, que sur les conditions d’accueil des pays de l’UE et leur politique en matière d’asile. Les questions relatives aux mouvements de réfugiés se sont aussi étendues à la sphère économique, comme l’illustre une vive et récente controverse concernant les effets de l’immigration et des réfugiés sur les conditions d’emploi dans les pays d’accueil. Avant d’y revenir plus longuement, ce chapitre décrit les mouvements de personnes et de réfugiés dans le monde, puis analyse la situation spécifique de l’UE face à l’accueil de ces derniers. [...]

Anthony Edo


La crise made in Brazil
Le Brésil, l’un des pays les plus inégalitaires au monde, a connu, pendant vingt ans de dictature militaire (1964-1985), des taux de croissance très élevés sans que les inégalités se réduisent. Ses dirigeants avaient coutume de dire qu’il fallait laisser grossir le gâteau pour mieux le partager plus tard. Mais ce « plus tard » était sans cesse repoussé. En 2002, Luiz Inácio Lula da Silva, un ancien ouvrier métallo pugnace, remporte l’élection présidentielle. Lors de sa première interview présidentielle, il déclare : « L’espoir a vaincu la peur », le peuple a voté « sans avoir peur d’être heureux ». Lula fait naître alors un immense espoir, surtout chez les plus démunis. Ses électeurs attendent de lui qu’il lutte contre la pauvreté, réduise les inégalités et que le gouvernement soit enfin intègre : en somme, que le peuple ne soit plus volé. Lorsque, au terme de son second mandat en 2010, Lula quitte le pouvoir, avec une cote de popularité qui dépasse les 85 %, il laisse un pays moins inégalitaire et moins pauvre. Selon le secrétariat des Affaires stratégiques (Secretaria de Assuntos Estratégicos), 19,3 millions de personnes sont sorties de la pauvreté entre 2004 et 2010 tandis que la classe moyenne s’est élargie à 32 millions de nouveaux venus avec un revenu mensuel supérieur à 330 euros.
 
Six ans plus tard, le pays est plongé dans une profonde récession économique qui met en péril les acquis sociaux. Dilma Rousseff, qui a succédé à Lula, est suspendue de ses fonctions présidentielles au terme d’un procès en destitution, tandis que Lula lui-même est sous la menace d’un mandat d’arrêt pour corruption. Que s’est-il passé ? D’aucuns prétendent que, lasse de devoir partager les salons d’aéroport avec la nouvelle classe moyenne, l’élite brésilienne aurait décidé de prendre les choses en main. Elle aurait orchestré un coup d’État pour revenir à l’ordre ancien, avec des politiques moins sociales et plus favorables aux entreprises. Si l’on ne saurait exclure la préférence d’une partie de l’ancienne élite pour des aéroports moins encombrés, les conflits de classes ne nous semblent pas être le principal facteur de la crise économique et politique qui secoue le pays. La récession actuelle ne tient pas non plus à l’accroissement des dépenses sociales, ni aux chocs externes (baisse du prix des matières premières, politique monétaire américaine…) qui ont également affecté d’autres pays émergents sans les plonger dans une crise aussi profonde que celle du Brésil, mais à des politiques économiques inappropriées : l’objectif de stabilité macroéconomique a été abandonné ; la priorité a été donnée à la croissance et d’importants transferts de ressources ont été effectués au profit d’une clientèle ciblée d’entrepreneurs dans le but de renforcer la compétitivité industrielle, mais au prix de distorsions profondes dans l’appareil productif. [...]

Cristina Terra

Base de données sur l’économie mondiale Alix de Saint Vaulry

Voir le rapport global avec le CEPII




B) L’injustice fiscale Ou l’abus de bien commun

Un nouvel ouvrage de Jean-Philippe DELSOL sort cette semaine en librairie, publié chez Desclée de Brouwer, sous le titre L’injustice fiscale ou l’abus de bien commun.

Dans ce livre Jean-Philippe Delsol explore les sources du droit pour comprendre les causes de l’injustice fiscale et les excès de l’Etat-providence afin de mieux les combattre. Alors qu’à l’origine le droit est un art laissé entre les mains des juristes, les prudents romains, pour déterminer ce qui doit être rendu à chacun, ce fut un progrès que l’impôt ne relève plus de la violence mais du droit. Malheureusement, le droit lui-même sera bien vite dénaturé et la fiscalité avec lui.

Ce livre passionnant mêle le droit, l’histoire, l’économie et la philosophie pour raconter comment le droit s’est abandonné à la loi, sous l’influence des nominalistes, pour perdre sa référence à la nature humaine qui lui fixait d’utiles limites. Ensuite, le Pouvoir s’est emparé de l’impôt pour étendre son pouvoir aux lieu et place de celui des citoyens. Il a voulu se substituer aux églises et à la religion pour dire et faire le bien. Là où la vieille règle d’or exigeait à juste titre qu’aucun ne fasse à autrui ce qu’il ne voudrait pas qu’autrui lui fasse, l’Etat a emprunté aux préceptes évangéliques pour demander à chacun de faire aux autres ce qu’il voudrait qu’on lui fasse. De négative, défensive et protectrice des droits de chacun, la loi est devenue positive et intrusive, transposant dans le domaine public ce qui ne relève que de la morale personnelle. La justice a perdu sa balance avec laquelle elle mesurait à chacun ce qui lui revenait et elle est devenue l’objet de la volonté hasardeuse du législateur.

Une démocratie populiste a fait le reste en répondant aux demandes insensées des uns et des autres pour faire croître l’Etat au détriment de citoyens infantilisés et déresponsabilisés qu’il incitait en même temps à lui demander toujours plus. Il a voulu tout entreprendre plutôt que de déléguer, régir les hommes plutôt que de leur faire confiance. L’Etat a accaparé la vie civile, sacralisé la notion de bien public. Et désormais, l’Etat omnipotent devient impotent en même temps qu’il asphyxie les citoyens d’impôts excessifs et souvent iniques.

Pour déterminer ce qui semble devoir être juste ou injuste et ce qui pourrait être une justice fiscale, il faut revenir à l’origine du droit et à son évolution. Ce long détour permet de percevoir qu’il ne peut y avoir de justice, y compris fiscale, que là où l’homme est respecté dans ce qu’il est et dans ce qu’il possède. La liberté a apporté plus au monde qu’elle ne lui a enlevé. Et la justice peut se mesurer à l’aune de la liberté réelle laissée à chacun d’atteindre ses fins, de s’accomplir en les accomplissant. Le seul rôle de la collectivité pourrait être en fin de compte de favoriser l’autonomie de chacun dans le respect de celle des autres. La justice fiscale trouverait là un critère utile et équitable de sa mesure.

C’est donc au fond un message d’espoir que nous laisse cet ouvrage de réflexion utile, voire nécessaire pour mener demain les réformes qu’exige notre pays. Car il ne suffit pas de dénoncer des faits et des situations, ni même de proposer des réformes nouvelles, comme l’IREF a vocation à le faire, si ces analyses et ces réformes ne sont pas fondées sur le roc d’une pensée rationnelle. C’est l’objectif de cet ouvrage d’y contribuer. A lire avec intérêt autant qu’avec plaisir.

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C) L'Élysée brise l'embargo de l'Insee et fait de la désinformation économique

L'Élysée a défloré avec deux jours d'avance la note trimestrielle de conjoncture de l'Insee, mettant en valeur des signes de reprise qui n'existent pas vraiment. Une façon fort critiquable d'orienter les jugements.

L'Élysée en flagrant délit de manipulation des esprits. Mercredi matin la radio Europe 1 bat le tambour et claironne que la note trimestrielle de l'Insee, attendue le lendemain jeudi à 18 heures, affiche des signes encourageants. L'information émane, nous dit-on, de la Présidence de la République qui a reçu le précieux document avec quelques jours d'avance, tout comme Bercy. C'est un scoop, bonnes gens. Le printemps est là.

Invité de la station ce même matin, et prié de confirmer, Emmanuel Macron relaie le message d'optimisme, sur le fond sinon dans la forme. Il a certes en mains la note de l'Institut national de la statistique et des études économiques, mais il se garde bien de la citer explicitement: le «wunderkind», le petit génie de Bercy ne veut pas laisser penser qu'il enfreint un embargo. Il a des principes. A l'Assemblée nationale des députés recommandent aux journalistes de regarder la note de l'Insee «qui est bonne» susurrent-ils . Même s'ils ne l'ont pas lue, ils reprennent le message de la radio périphérique. La rumeur vole comme une brise printanière. Il y a du soleil dans le ciel de mars et dans les têtes. 

Les journalistes qui assistent jeudi matin à l'Insee à la conférence de presse traditionnelle , elle aussi sous embargo, sont appâtés . Certes on préfère généralement parler des trains en retard que de ceux qui arrivent à l'heure. Mais quand les nouvelles sont dans l'ensemble toutes grises, annoncer un peu de bleu entre les nuages est gage d'originalité pour les papiers.

Hélas il faut déchanter: la note de conjoncture de l'Insee de mars 2016 reprend les mêmes chiffres que celle de décembre 2015, à savoir une croissance du PIB de 1,1% en 2015, et une prévision de 0,4% pour le premier et pour le deuxième trimestre 2016. Rien de nouveau sous le soleil.

Pas de réel changement non plus dans les commentaires de nos conjoncturistes publics. «L'économie française serait pénalisée par les conséquences des attentats fin 2015 mais reprendrait de l'élan début 2016», écrivaient-ils peu avant Noël dernier. «L'économie française accélérerait légèrement, en dépit de la conjoncture mondiale morose» disent-ils aujourd'hui, toujours avec ce conditionnel horripilant pour le commun des mortels mais dont les conjoncturistes raffolent. On est dans la nuance impalpable. «On pèse des œufs de mouche dans des balances de toile d'araignée», disait Voltaire. 

Mais le pli est pris. Sauf à apparaître comme des rabat-joie malveillants, les plumitifs en charge de la chose économique préféreront décrire le verre à moitié plein. L'Élysée a gagné son pari, le la est donné: la tonalité des commentateurs sera en majeur plutôt qu'en mineur.
Interrogés sur leur embargo qui a volé en éclat par la grâce présidentielle, les conjoncturistes de l'Insee ne peuvent que rappeler les règles déontologiques qui s'appliquent aux journalistes. Sans s'appesantir, et on les comprend: ils n'ont pas à commenter les pratiques des pouvoirs publics français, qui de gouvernement en gouvernement, ne résistent pas à la tentation d'instrumentaliser à leur convenance les informations émanant de l'Insee. 

En mai dernier, par exemple, Bercy avait brisé l'embargo sur le «bon chiffre» de croissance du PIB du premier trimestre 2015 de façon à valoriser au mieux l'information (un taux de 0,6% révisé ultérieurement à 0,7%) .

Ces méthodes, qui ne se retrouvent nulle part chez nos voisins européens, et moins encore aux États-Unis, sont d'un autre âge et peu dignes. Elles font peser un doute permanent sur l'indépendance de l'Insee, qui est pourtant garantie statutairement par les réglementations européennes: les statistiques doivent être établies et communiquées de façon irréprochable au sein de l'Union européenne. Sinon cela revient à institutionnaliser le mensonge dans le dialogue des États européens entre eux. Mais qui s'en soucie à Paris?






septembre 15, 2016

Question "d'éducation" enfin d'instruction !! France meilleure école du monde ?

Ce site n'est plus sur FB, alors n'hésitez pas à le diffuser au sein de différents groupes, comme sur vos propres murs respectifs. D'avance merci. L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses. 

Librement vôtre - Faisons ensemble la liberté, la Liberté fera le reste. 


Sommaire:

A) Prix de thèse - Cour des Comptes

B) Etude comparative des performances des systèmes éducatifs en Europe. La France est 12e sur 31 pays - IREF

C) «Les 88 milliards de la honte de l’Education nationale en France !!! » - Charles SANNAT

D) Un rapport de la Cour des comptes épingle l'Éducation nationale (rappel de 2013)

Dossier éducation: "Novlangue"; logique de repentance; Quizz; Jargons; Pédagogisme...






A) Prix de thèse - Cour des Comptes
 
Afin de contribuer à la connaissance et à l’innovation en matière de finances publiques et de gestion publique, la Cour des comptes souhaite soutenir la recherche dans ces domaines.

Pour ce faire, un prix de thèse sera remis par son Premier président en 2017. Ce prix est destiné à récompenser les auteur-e-s de thèse qui, quelle que soit leur filière académique, contribuent à la meilleure compréhension de la gestion et des finances publiques, au renouvellement de l’approche théorique et au développement de propositions innovantes et opérationnelles. Le prix, d’un montant de 5 000 €, et, le cas échéant, un prix spécial d’un montant de 2 000 €, seront remis sur la base des délibérations d’un jury associant magistrat-e-s et universitaires de haut niveau. Les docteur-e-s souhaitant concourir doivent soumettre leur thèse pour le 31 mars 2017. La remise des prix aura lieu en juin 2017, au palais Cambon.

Lire le règlement



B) Etude comparative des performances des systèmes éducatifs en Europe. La France est 12e sur 31 pays.

L’IREF a comparé les résultats des systèmes éducatifs dans 31 pays européens en fonction des : dépenses publiques et privées, résultats des élèves, taille des classes, salaires des enseignants, etc…
Les conclusions sont claires : une dépense publique élevée dans le domaine de l’éducation n’implique pas de meilleurs résultats, bien au contraire. Dans le classement de l’IREF, la France se classe à la 12ème place sur 31 pays malgré des dépenses publiques largement plus élevées que les autres pays.
L’IREF compare la situation de la France, tant au niveau des ressources que des résultats de son système éducatif, avec quelques autres pays européens, notamment les trois pays qui sont en tête de notre classement global, à savoir la Belgique, les Pays-Bas et la Suisse. Nous mettons en particulier en évidence les variables pour lesquelles la France fait moins bien, et qui expliquent en partie sa note moyenne dans notre classement global.

 
Points à retenir concernant les résultats des systèmes éducatifs européens (tous les chiffres que nous mentionnons sont extraits de notre base de données, constituée à partir de données publiques et accessibles en ligne) :

- Les scores moyens obtenus aux tests Pisa effectué par l’OCDE (il s’agit de la moyenne des scores en lecture, mathématiques, et connaissances scientifiques) sont de 499,67 en France, contre 518,67 aux Pays-Bas, 518,33 en Suisse, et de 509,67 en Belgique. Ceci induit que les connaissances sont mieux acquises par ces élèves qu’en France, dont la moyenne baisse de façon continue ;
- Les écoles belges, néerlandaises et suisses ont globalement moins d’élèves en difficulté, en particulier pour l’apprentissage de la lecture. En France, 18,9 % des élèves de 15 ans rencontrent de grosses difficultés à la lecture, contre 13,7 % en Suisse, 14 % aux Pays-Bas et 16,1 % en Belgique. L’étude Pisa met également en évidence les grandes inégalités qui existent entre les élèves qui réussissent et ceux qui sont en échec scolaire. Ces inégalités résultent de façon importante à l’appartenance ou non à une catégorie socio-professionnelle défavorisée. Ce particularisme français est beaucoup moins marqué dans les autres pays, où l’approche de l’apprentissage semble beaucoup plus inclusive ;
- L’intégration au marché du travail se fait très tôt en Belgique, aux Pays-Bas et en Suisse, qui connaissent un taux de chômage chez les jeunes de 18 – 24 ans très inférieur à celui de la France. Il approche les 24 % en 2012, soit un taux de 11,3 points supplémentaires à la moyenne des taux de chômage dans les trois autres pays, évalué à 12,6 % (en revanche, il s’agit d’une simple moyenne arithmétique, celle-ci n’est pas pondérée par la taille du marché du travail) ;
- Enfin, la part des diplômés de l’enseignement supérieur est plus importante dans les trois pays du trio de tête. Cet écart est de près de 3,5 points entre la France (27,8 %) et la Belgique (31,3 %) ;

Points à retenir concernant les ressources des systèmes éducatifs européens, les horaires des élèves et le temps de travail des enseignants :
- En termes de volume de dépense pour l’éducation par habitant en parité pouvoir d’achat, le budget de la France se classe à la 11ème place sur 31 pays avec 1638 € dépensé par habitant, contre 2 585 € au Luxembourg, pays le plus dépensier ;
- En termes de dépense par élève (tous niveaux confondus, y compris l’enseignement supérieur), la France se classe 21ème rang, avec 6 764 € dépensés. C’est un peu plus que la Belgique, qui dépense 6 456 € par élève, mais bien moins que le Luxembourg (au 1er rang avec 14 370 € par élève) ou l’Allemagne (au 5ème rang avec une dépense s’élevant à 8 190 € pour chaque élève). Cependant, en termes de dépense globale par habitant, l’Allemagne consacre 1 336 € par habitant et se classe à la 19ème place. Il faut donc s’attacher à la façon dont ces ressources sont allouées, car de nombreux pays font mieux avec autant, voire moins ;
- Les élèves suisses, belges ou néerlandais (le trio de tête de notre Index) passent plus de temps sur les bancs de l’école, 17,4 ans pour les premiers, 19,6 pour les belges et 19,1 ans pour les néerlandais, contre 16,5 années pour les français ;
- Les salaires des professeurs (collèges et lycées) sont également bien supérieurs au salaire moyen par habitant de leur pays respectif. Les professeurs français gagnent à peine plus que le salaire moyen et ce, même après 15 années d’expérience. Or, l’OCDE a montré que la rémunération des professeurs était un facteur clé dans la réussite des élèves ;
- Alors que les professeurs sont mieux payés dans les trois pays de tête (Belgique, Pays-Bas, Suisse), la rémunération des professeurs suisses et néerlandais représente respectivement 62 % et 59 % de la dépense totale dans l’éducation, contre 69 % en France, et 79 % en Belgique. Elle est seulement de 58 % en Allemagne, alors que les professeurs du secondaire gagnent près de deux fois le salaire moyen !
- Les deux points précédents sur la rémunération sont à mettre en relation avec le temps de travail. L’organisation est différente selon les pays. Si tous ont un socle commun d’enseignement d’environ 18 heures pour le collège et le lycée, certains pays imposent une présence aux professeurs, qui doivent accomplir certaines tâches liées aux activités extra-scolaires. Globalement, le temps de travail est de 40 heures en Europe, contre 35 en France, conformément à la législation en vigueur, voire 32 au Royaume-Uni d’après les bases Eurydice. En Suède, où la liberté des établissements est plus importante, ce temps de travail est même directement négocier avec l’école et les syndicats.

Classement des pays selon leurs Ressources et Résultats dans l’éducation
Focus sur 2012


Déterminer l’efficacité de la dépense publique

Si dépense n’est pas l’équivalent de qualité, il est alors possible d’améliorer l’efficacité du service rendu tout en maintenant à la fois un niveau de qualité au moins identique, et de réduire dans le même le niveau de la dépense publique à un niveau plus soutenable. Trois difficultés doivent être levées avant de répondre à ces interrogations :

Donner une définition précise de l’efficacité d’un service public. Ce dernier, par essence, n’a pas de prix de marché et n’est que rarement soumis à la concurrence. Ainsi, les économistes depuis les années 1970 ont réfléchi à des méthodes d’évaluation[1]. Depuis, il apparait qu’une bonne mesure peut ressortir d’une comparaison entre les ressources utilisées et les résultats observés d’un service public. Cette analyse s’inspire de l’ingénierie, où l’efficacité d’une mécanique est déterminée par la comparaison des ressources qu’elle consomme aux résultats qui en découlent. Par exemple, un moteur qui a besoin de moins d’énergie pour fonctionner, avec des résultats identiques, sera défini comme plus efficace[2]. Cependant, il faut d’abord noter que cette efficacité est toute relative. C’est la comparaison des systèmes entre eux qui permet de la mesurer et ne préjuge donc pas de l’efficacité intrinsèque d’un système institutionnel. Par ailleurs, mesurer l’efficacité des services de l’Etat est une tâche bien plus complexe que celle très mécanique et facilement observable d’un moteur. En fait, pour que les services publics soient réellement comparables entre eux, il faudrait qu’ils soient mis en concurrence sur un marché, car seul un système de prix en situation de concurrence est à même de rendre compte des coûts, des investissements nécessaires et des résultats qu’on peut attendre d’un produit. Or, ces informations sont sous-jacentes à un système de prix[3], ce qui n’existe pas dans les services publics. Ceci rend la comparaison plus difficile à interpréter ;
Les services financés par l’impôt diffèrent d’un pays à l’autre. Les uns préfèreront investir dans des programmes éducatifs, les autres dans des domaines sociaux. Aujourd’hui une classification précise de la dépense publique par secteur existe et permet de prendre en compte ces différences. Cependant, l’écart entre les objectifs des politiques publiques d’un pays à l’autre introduit automatiquement un biais dans la comparaison, car l’orientation de ces politiques va influencer les budgets à la hausse ou à la baisse, en fonction des préférences collectives (exprimées par exemple au cours d’une élection). Si collectivement, un pays fait le choix d’une faible dépense dans la santé, nous devons alors nous efforcer à prendre en compte la dépense « privée », c’est-à-dire celle des ménages, dans notre évaluation lorsque celle-ci est disponible et suffisamment significative. Cette approche permet de mieux prendre en compte les choix collectifs.
>  Dans ce contexte, les choix budgétaires sont importants car ils affectent le fonctionnement et le mode de financement du service public. Par exemple, si un pays décide de peu financer son système public d’éducation, ce dernier sera, en tout état de cause, payé directement par les ménages et il sera donc moins utile d’apprécier la qualité de l’intervention publique dans ce domaine. Cela étant, l’Europe se caractérise par une intervention publique très étendue et il est donc possible de comparer ces pays entre eux.

Améliorer l’efficacité de la dépense publique

A ce titre, de nombreux indices et données ont été utilisés pour comparer la qualité du service public entre les différents pays européens. Le QoG Institute[4] en fait d’ailleurs une recension annuelle. Nous en avons rassemblé quelques-uns pour étudier l’effet de la dépense sur la qualité du service public, en particulier dans l’éducation.
Tous les trois ans, l’OCDE publie les résultats de son enquête PISA (Programme for International Student Assessment, soit un Programme pour une évaluation internationale des élèves), visant à mesurer les performances du système éducatif pour environ 70 économies. Des élèves de 15 ans se livrent à une évaluation de leurs compétences dans trois domaines : la lecture, les mathématiques et les sciences. Toujours dans le cadre de cette étude, sont également renseignés par les chefs d’établissements et les élèvent l’origine sociale de ces derniers, leurs retour d’expériences sur leurs méthodes d’apprentissage, et plus généralement sur l’environnement et le système éducatifs.
S’il existe des critiques sur ces méthodes d’évaluation, les résultats ne font globalement plus polémique et sont dans leur ensemble bien acceptés, car ce test donne actuellement la meilleure représentation possible des connaissances acquises au cours de la scolarité. Nous avons d’abord comparé ces résultats PISA avec la part de la dépense publique par habitant et en parité pouvoir d’achat dévolue à l’éducation. D’un point de vue purement technique, on dira que la relation entre la dépense et les scores PISA n’est pas linéaire. En réalité, il apparaît que la dépense publique par habitant n’est pas déterminante, en tout cas au-delà d’un certain niveau, de la bonne réussite des élèves dans le secondaire.

Dépense publique par habitant dans l’éducation et scores PISA
Période 2010 - 2012  GRAPHIQUE 2.

Source : OCDE, Eurostat, Calculs de l’IREF


Note : Les pays étudiés sont les 28 pays de l’Union européenne plus la Norvège, l’Islande et la Suisse. Cette liste vaut pour tous les graphiques suivants.
Par ailleurs, nous avons choisi de ne pas représenter les pays sur les graphiques regroupant, comme celui-ci, plusieurs années. D’une part pour des raisons de lisibilité évidentes. D’autre part parce que ce n’est pas le but de genre de graphiques de comparer les pays les uns aux autres. Le lecteur se réfèrera le cas échéant aux autres graphiques de l’étude. Il s’agit avant tout de déterminer une tendance grâce à la masse de données accumulée.

D’après nos calculs pour l’année 2012 (GRAPHIQUE 3.), une dépense supérieure à 1 885 € par habitant, soit l’équivalent du budget de la Finlande, n’aurait plus d’influence sur les résultats PISA. Dans le graphique ci-dessous, c’est le moment où la courbe devient « plate ». A titre de comparaison, la France dépense 1 638 € par habitant. Dans ce contexte, la France aurait donc encore une marge de manœuvre budgétaire pour améliorer la qualité de ses services d’éducation. Néanmoins, nous tenons à retenir l’attention du lecteur sur ce point, car il s’agit d’une extrapolation à partir des données de l’année 2012. Ce que nous avons voulu mettre ici en évidence, c’est qu’à un certain niveau de dépense, la qualité des services d’éducation ne semble pas s’améliorer. Sur la question des montants, il s’agit de donner un ordre d’idée qui devrait être confronté à d’autres calculs sur la longue période afin d’affiner ces résultats.


Focus sur 2012  - GRAPHIQUE 3.

Source : OCDE, Eurostat, Calculs de l’IREF


A partir du graphique ci-dessus, on remarque que la relation, entre le volume de dépense dans l’éducation par habitant en parité pouvoir d’achat et les scores de l’enquête PISA menée tous les trois ans dans 70 pays par l’OCED dans les classes du secondaire, n’est pas linéaire. Autrement dit, ce n’est pas le niveau de dépense qui détermine le niveau de qualité du système éducatif. Par exemple, la Belgique, qui dépense autant que la France (environ 1 600 €/an/hab.) obtient de meilleurs résultats dans les classements PISA. De même, la Finlande fait bien mieux que le Luxembourg avec un budget par habitant inférieur à celui du Grand-Duché.
Cependant, la seule dépense est une variable insuffisante pour expliquer les performances d’un système éducatif. Dans ce premier modèle, la dépense n’explique qu’une partie des divergences entre les pays en termes de réussite aux tests PISA. Il est clair que de nombreux critères doivent être pris en compte pour évaluer les résultats dans leur ensemble. L’un des critères les plus souvent utilisés est la dépense par élève. Il en ressort que plus un pays dépenserait, meilleurs seraient ses performances (GRAPHIQUE 4.). Cependant, cette première analyse est à prendre avec beaucoup de précautions.

Dépense publique par élève et scores PISA - Focus sur 2012


GRAPHIQUE 4. - Source : OCDE, Eurostat, Calculs de l’IREF



En effet, lorsqu’on affine la comparaison entre des pays où la dépense est relativement plus comparable, cela permet de corriger « l’effet de rattrapage », où un euro de dépense supplémentaire peut avoir un effet important sur les résultats PISA, un phénomène particulièrement important dans les pays d’Europe de l’Est. Dans les pays d’Europe du Nord et de l’Ouest, la relation entre la dépense par élève et les résultats dans le secondaire est beaucoup moins évidente. Au contraire, il semblerait qu’un euro supplémentaire n’entrainerait pas d’amélioration des résultats au sens de PISA.

Dépense par élève et scores PISAdans les pays d’Europe de l’Ouest et du Nord

Focus sur 2012 - GRAPHIQUE 5.  Source : OCDE, Eurostat, Calculs de l’IREF



On retrouve une relation inverse lorsqu’on compare entre eux les pays d’Europe de l’Est et du Sud ; une augmentation des budgets dans l’éducation pourrait améliorer les résultats PISA. A noter que Chypre et la Pologne font figure d’exception, puisque leurs résultats sont décorrélés de la dépense par élève. Lorsqu’on fait un zoom sur des pays plus homogènes, on retrouve la même conclusion que précédemment : la dépense n’explique qu’en partie l’efficacité d’un système. Et un euro supplémentaire de dépense a plus d’effet sur les pays de l’Europe de l’Est et du Sud que les autres.

Dépense par élève et scores PISAdans les pays d’Europe de l’Est et du Sud

Focus sur 2012 - GRAPHIQUE 6. Source : OCDE, Eurostat, Calculs de l’IREF


En réalité, c’est avant tout la taille des classes[5] (à savoir le nombre de professeur par élève) et les salaires des professeurs qui expliquent de hauts scores dans les examens PISA.

Taille des classes et scores PISA

Période 2010 - 2012 - GRAPHIQUE 7. Taille des classes : ratio entre le nombre d’élèves et le nombre d’enseignants - Source : OCDE, Eurostat, UNESCO, Calculs de l’IREF



Focus sur 2012 - GRAPHIQUE 8. Taille des classes : ratio entre le nombre d’élèves et le nombre d’enseignants - Source : OCDE, Eurostat, UNESCO, Calculs de l’IREF


Nous avons également comparé le salaire des enseignants du secondaire aux résultats PISA. Il apparaît que des enseignants mieux payés améliorent sensiblement les scores des étudiants. Ce qui est assez logique, et qui est également mis en avant par l’OCDE ; des professeurs bien rémunérés ont une motivation supérieure aux autres. Le GRAPHIQUE 9. Rend compte du salaire des enseignants dans le premier cycle d’enseignement secondaire (le collège) après 15 ans d’expérience par rapport au PIB moyen par habitant. La France se situe dans la moyenne basse des pays de l’Europe du Nord et de l’Ouest.

 

Salaire moyen des enseignants dans le premier cycle de l’enseignement secondaire après 15 ans d’expérience et scores PISA

Focus sur 2012 - GRAPHIQUE 9a. Source : Eurostat, Calculs de l’IREF


En ce qui concerne le milieu universitaire, on retrouve la même relation que dans notre GRAPHIQUE 2. entre le volume de dépense et le nombre de diplômés en pourcentage de la population active, comme le montrent les deux graphiques suivants. L’investissement dans l’éducation supérieure par la dépense trouve ses limites au-delà d’un certain montant.

Dépense publique par habitant dans l’éducation et pourcentage de diplômés de l’université

Période 2010 - 2012 - GRAPHIQUE 9b. Source : Eurostat, Calculs de l’IREF



Focus sur 2012 - GRAPHIQUE 10. Source : Eurostat, Calculs de l’IREF


Lorsque nous comparons la part des jeunes diplômés à la dépense par élève, les résultats semblent plutôt en faveur d’une augmentation de la dépense. Cependant, cette simple analyse graphique n’est pas suffisante pour montrer qu’il existe effectivement une relation statistique entre deux variables. Une analyse économétrique révèle d’ailleurs qu’il n’existe pas de relation entre ces deux variables. Dit plus simplement, l’investissement depuis le primaire n’est donc pas nécessairement un facteur d’augmentation du niveau d’étude.

Dépense publique par élève dans l’éducation et pourcentage de diplômés de l’université

Focus sur 2012 - GRAPHIQUE 11. Source : Eurostat, Calculs de l’IREF


Si les pays de l’Europe de l’Est ont encore un avantage à investir dans leur système universitaire, il n’en va pas de même pour l’Europe de l’Ouest, où il n’est pas évident qu’une dépense supplémentaire permettrait d’augmenter le nombre de diplômés. Il faudrait peut-être revoir l’allocation des ressources plutôt que d’augmenter les budgets, qui sont de plus en plus décorrélés d’une politique de l’éducation efficace et adaptée à la réalité du marché de l’emploi.

Lorsque les jeunes diplômés doivent intégrer le marché de l’emploi, un diplôme ne lui garantit malheureusement pas nécessairement l’accès au travail. Sur le graphique suivant, nous avons comparé le taux de chômage des jeunes 18 – 25 ans et la part des diplômés dans la population active dans 31 pays[6]. Il n’y a pas de corrélation forte entre ces deux variables. Les cas de l’Allemagne et de l’Autriche sont d’ailleurs particulièrement intéressants. Le niveau d’étude y est moins élevé qu’en France, mais le chômage des jeunes y est beaucoup plus faible. Ce constat se vérifie également au niveau du taux d’emploi. Dans ces deux pays, le système d’acquisition des connaissances et la pratique très large de l’apprentissage ou des systèmes de formation qui impose de longues périodes d’immersion dans l’entreprise au cours des cursus scolaires, favorisent de haut taux d’emploi et faible taux de chômage des jeunes dans ces deux pays.

Relation entre le chômage des jeunes et la part des diplômés dans la population active

Focus sur 2012 - GRAPHIQUE 12a. Source : Eurostat, Calculs de l’IREF

 

Relation entre le taux d’emploi des jeunes et la part des diplômés dans la population active

Focus sur 2012 - GRAPHIQUE 12b. Source : Eurostat, Calculs de l’IREF



Tout comme les diplômés post-bac, la dépense par habitant ou par élève ne garantit que les jeunes qui quittent le système scolaire prématurément le fassent moins souvent lorsque cette dépense est élevée. Un haut niveau de dépense ne garantit pas que le système sache mieux retenir les élèves susceptibles de tourner le dos très tôt au système scolaire.

Dépense par habitant et part des jeunes qui quittent le système scolaire prématurément

Période 2010 - 2012 - GRAPHIQUE 13. Source : Eurostat, Calculs de l’IREF

 

Dépense par élève et part des jeunes qui quittent le système scolaire prématurément

Focus sur 2012 - GRAPHIQUE 14.  Source : Eurostat, Calculs de l’IREF


Au travers de cette étude, nous avons voulu vérifier si plus d’argent public permettait en effet d’améliorer les résultats des systèmes éducatifs, ou si d’autres facteurs sont à prendre en compte. Ces quelques graphiques mettent en évidence que le volume de dépense n’a en réalité que peu d’influence sur l’efficacité d’un système scolaire. L’administration doit donc s’attacher à rechercher les domaines où des économies sont possibles, sans affecter la qualité du service rendu. Pour juger de l’efficacité des systèmes éducatifs en Europe, nous avons retenu une analyse ressources/résultats.
En comparant les différentes ressources des systèmes éducatifs avec leurs résultats, nous pouvons établir un Indice de l’efficacité de la dépense publique pour l’éducation. En effet, les Etats n’ont pas seulement la main mise sur les budgets de l’éducation mais aussi sur d’autres variables, comme la part d’autonomie des établissements scolaires, le nombre de professeur, leur paie, etc. Par exemple, un moyen efficace pour obtenir de meilleurs résultats, et à peu de frais, serait d’augmenter l’autonomie des établissements, corrélées à l’amélioration des scores PISA. Par exemple, les pays qui ont plus d’autonomie tendent à avoir de meilleurs résultats que les autres[7]. C’est le cas en particulier des Pays-Bas, du Royaume-Uni et de la République tchèque.


Relation entre l’autonomie des établissements d’enseignement public (primaire) et la réussite scolaire (scores PISA)

Focus sur 2012 - GRAPHIQUE 15. Source : Eurostat, Calculs de l’IREF


Note : ici l’autonomie est mesurée par l’OCDE et est définie comme la capacité des écoles publiques à décider des programmes et de l’allocation des ressources financières qui lui sont dédiées. Un score de 0 signifie que l’autonomie des écoles est dans la moyenne des pays observés. Un score de positif signifie que l’autonomie accordée est supérieure à la moyenne et inférieure quand ce score est négatif.

Avec les contraintes budgétaires actuelles dans la plupart des pays de l’UE, les gouvernements n’ont pas d’autre alternative, s’ils souhaitent améliorer la qualité des services publics, que d’accroitre leur efficacité. Comme l’a montré Gonand, « une accroissement de 10 % du rendement des services publics liés à l’éducation permettrait d’augmenter le PIB de 3 à 6 % sur la longue période dans la plupart des pays de l’OCDE. »[8]
Plus généralement, les institutions jouent un rôle essentiel dans la diffusion de la connaissance et le soutien à la croissance. Il est donc important de prendre la mesure de cet apport. Notre Indice ne capture pas directement l’effet des institutions sur la qualité des services publics. En revanche, pour un service public donné, si les ressources sont plus ou moins identiques, mais les écarts entre les résultats importants, alors il est possible de conclure qu’un système est plus efficace qu’un autre, et que cette relation tient plus du rôle du système institutionnel qui sous-tend ce service public que des fonds publics alloués à ce service. Car, comme nous avons pu le constater, le volume de dépense ne joue pas de rôle direct sur la qualité d’un service public. C’est une meilleure allocation et une bonne gestion des ressources qui doivent avant tout guider la politique publique.
Chaque secteur public a besoin de ressources plus ou moins importantes pour délivrer un service public de qualité. Cependant, certains pays arrivent à de meilleurs résultats que d’autres avec des ressources identiques, voire moins importantes. Autrement dit, le niveau des ressources n’est pas automatiquement corrélé à la réussite et à la qualité d’un service public donné.
Nous avons retenu une analyse dite Inputs/Outputs pour mieux rendre compte de l’efficacité du système éducatif. Dit plus simplement, nous avons pris en compte les variables avec lesquelles un Etat peut décider ou non de faire levier dans la « production » d’un service tel que l’éducation. L’argent public n’est pas la seule ressource dont l’administration publique a le contrôle. Elle peut déterminer les programmes, la façon dont sont recrutés les professeurs, le degré d’autonomie des écoles et des universités, limiter le poids de la bureaucratie en interne, etc. Nous avons ensuite comparé ces intrants avec les résultats obtenus, i.e. les variables qui permettent d’évaluer la réussite d’un système éducatif, comme par exemple la réussite des jeunes sur le marché de l’emploi, la productivité, la qualité de la recherche académique, le niveau d’éducation, etc.
De cette comparaison, il en résulte le tableau suivant :

Classement des pays selon leurs Ressources et Résultats dans l’éducation

Focus sur 2012 - Source : OCDE, Eurostat, Calculs de l’IREF



Si nous en prenons compte l’ensemble des intrants, la Belgique se classe au premier rang, car elle obtient des résultats agrégés environ deux fois plus importants que l’Espagne. Certes, la Belgique a un budget par habitant supérieur de 500 € par habitant par rapport à celui de l’Espagne, mais cette dépense est mieux allouée que celle de ce pays. La France, quant à elle, se retrouve au 12ème rang de notre classement. Notre pays dépense autant que la Belgique, et pourtant obtient des résultats plus proches de ceux l’Espagne que de ceux de la Belgique. Cela signifie qu’elle dépense beaucoup trop par rapport aux résultats qu’elle pourrait obtenir en termes de qualité du service public rendu.

Annexes :

- Lecture des graphiques

Le nuage de points représente les observations empiriques entre deux variables. Chaque point représente un pays différent, ou, lorsque nous avons des observations sur plusieurs années, il peut s’agir d’un ensemble de pays observés sur plusieurs années (exemple graphique 1.)
Pour des raisons de lisibilité, nous n’avons volontairement pas indiqué tous les noms de pays sur nos graphiques, seuls quelques-uns apparaissent quand nos comparaisons portent sur une seule année. Lorsque nous avons faisons des comparaisons sur plusieurs années, nous avons fait le choix délibéré de n’indiquer aucun nom de pays, car c’est la tendance qui importe dans ce cas, plus que la position d’un pays par rapport à un autre.
La zone grisée correspond à « l’intervalle de confiance » à 95 %. Elle traduit la valeur probable des paramètres estimés. Dit autrement, c’est la fourchette de valeur qui permet de visualiser l’incertitude de la relation entre deux variables. Les résultats qui se trouvent à l’intérieur de cette fourchette sont des valeurs qui se rapprochent des résultats observés. Par opposition à cet intervalle de confiance, la probabilité qu’un point se trouve en dehors de cette zone est, dans le cas qui nous concerne, évaluée à 5 %. Il s’agit de valeurs pour lesquelles, l’estimation statistique est significativement différente des résultats observés.
En bleue, la « droite de régression » permet de déterminer la relation entre deux variables. Les écarts entre les points et la droite de régression s’expliquent par le fait que d’autres facteurs interviennent de façon plus ou moins importante dans la relation entre les deux variables observées. Cette différence correspond « au terme d’erreur », qui peut prendre une valeur positive ou négative selon sa position par rapport à la droite de régression. Lorsqu’un point se trouve au-dessus de cette droite, on dira que la variable de l’axe verticale a été sous-estimée par le modèle. Dans le cas contraire, lorsqu’un point se trouve en-dessous de cette droite, on dira que la variable de l’axe vertical a été surestimée.


Croissance et dépenses publiques - Période 2006 - 2013
  30 pays analysés : les 28 pays de l’Union européenne plus la Norvège et la Suisse.

Source : Eurostat, Calculs de l’IREF




Lecture du graphique : Le nuage de points représente les taux de croissance du PIB (axe des abscisses) et de la part des dépenses publiques par rapport au produit intérieur brut (axe des ordonnées) pour 30 pays sur la période 2006 - 2013. Chaque pays est donc représenté 8 fois. L’intérêt de ce graphique est d’illustrer la relation entre la croissance et le volume des dépenses publiques pour l’ensemble des pays européens. Dans le cas de ce graphique, l’intervalle de confiance à 95 % correspond à la valeur probable des paramètres estimés (ici la part des dépenses publiques dans le PIB associée à chacun des taux de croissance possibles). Une grande partie des observations se trouvent en dehors de cette zone, ce qui ne nous permet pas de conclure que taux de croissance et volume des dépenses publiques évoluent dans un sens toujours opposé. En revanche, il permet d’établir de façon assez claire qu’une dépense publique élevée n’implique pas une meilleure croissance, c’est même probablement le contraire.

Nous avons cherché à évaluer l’impact de la dépense publique sur les taux de croissance de 30 pays[9] entre 2006 et 2013. Si la relation apparaît être négative sur ce graphique, des travaux statistiques un peu plus poussés[10] conduisent à interpréter ces résultats avec plus de précautions. Néanmoins, de ces analyses il ressort que le niveau de dépenses publiques n’est absolument pas corrélé au taux de croissance.
D’autre part, de nombreux économistes s’inquiètent de la croissance de la dette et de sa soutenabilité à long terme, de la baisse des investissements, et de la stagnation qui découlerait d’une politique budgétaire trop expansive. Nombre d’auteurs se sont intéressés à cette relation entre croissance de la dette et soutenabilité de la dépense publique. Par exemple, des économistes du Fonds Monétaire International ont tenté de mesurer « l’espace budgétaire », « c’est-à-dire la marge de manœuvre pour des politiques de stimulation budgétaire sans risquer une spirale d’endettement insoutenable. »[11] A mesure que les déficits se creusent, les gouvernements consentent à un effort d’ajustement plus élevé, en relevant l’excédent primaire – prélèvements obligatoires moins transferts sociaux et services publics. Cependant ce relèvement de l’excédent primaire ne peut durablement augmenter et atteint historiquement un maximum de 6 % du PIB. Ghosh, Mendoza, Ostry et Qureshi estiment à environ 160 % du PIB, le volume de dette au-dessus duquel la soutenabilité économique de la France serait en danger[12]. Pour d’autres, une dette supérieure à 90 % du PIB aurait un impact négatif sur la croissance de long terme[13]. Le FMI évalue à 4,2 % points de PIB sur la période 2014 – 2020, l’ajustement des finances publiques nécessaire pour ramener un ratio Dette/PIB à 60 % à l’horizon 2030[14]. Le PIB de la France s’établissait à 2 060 Md€ environ fin 2013[15], soit un effort à consentir de 87 Md€ d’euros d’ici à 2020. Mais le FMI mise sur une croissance supérieure à 1 %. Avec les taux de croissance actuels, l’ajustement serait encore plus important. En 2013 par exemple, si la France avait voulu maintenir son niveau de dette à 92,3 % du PIB l’année suivante, il lui aurait fallu dégager un solde primaire de 0,75 % de son PIB. Or, ce dernier était négatif et s’établissait à -2 % du PIB, un écart de 58,2 Md€ lorsqu’on tient compte des taux d’intérêt et de croissance réalisés en 2013.
De son côté, la Commission européenne calcule régulièrement des indicateurs de soutenabilité de la dette, où « la somme de la dette initiale et de la valeur actualisée des dépenses futures doit être égale à la valeur actualisée des flux de revenus futurs. »[16] Cette condition est la contrainte budgétaire intertemporelle du gouvernement. Selon cette méthode, la Commission européenne estimait en 2012 que la France devrait effectuer un ajustement budgétaire de 1,6 point de PIB de façon durable pour dégager un excédent primaire et réduire sa dette[17]. Sachant que cet ajustement sera bien plus efficace si le pays tend à réduire ses dépenses et non à augmenter le poids des prélèvements obligatoires[18]. Dans tous les cas, la maîtrise des dépenses publiques est impérative tant le niveau de la dette se rapproche de ces niveaux préoccupants. Ceci est d’autant plus vrai que l’appartenance à la zone euro impose une certaine discipline budgétaire.


- Variations en points de pourcentage du PIB des dépenses publiques par secteur Cofog 2009 - 2013

Annexe I. - Source : Eurostat, Calculs de l’IREF


- Variations en points de pourcentage du PIB des dépenses publiques par secteur Cofog et niveau des dépenses publiques en 2013

Annexe I.bis - Source : Eurostat, Calculs de l’IREF

 

 

IREF avec les remerciements de l'Université Liberté


D'autres lectures de l'IREF en cliquant sur les liens ci-dessous :


Vive la précarité et l’ubérisation chez les jeunes !

Rentrée scolaire : devenir « éco-citoyen » avant de lire-écrire-compter

Le succès de la réforme scolaire au Royaume-Uni : Incursion dans une Academy School

Hors IREF:

 



C) «Les 88 milliards de la honte de l’Education nationale en France !!! »

je me suis penché sur ce sujet de l’éducation en France qui est un échec évident, un échec qui nous coûte tout de même 88 milliards d’euros par an, pour envoyer au chômage des centaines de milliers de nos jeunes sans aucune perspective.

A ces 88 milliards d’euros (le plus gros budget de notre république) vous pouvez ajouter les 30 milliards d’euros de la formation professionnelle tout aussi inutiles, inefficaces et dépensés en pure perte ou presque.

Nous obtenons donc la modique somme de 118 milliards d’euros, budget en augmentation constante année après année et dont la hausse accompagne fidèlement la hausse du chômage que notre « éducation » est sensée combattre.

Plus nous éduquons, plus nous formons des chômeurs. A partir d’un moment il va falloir se poser la bonne question et la bonne question est très simple.

Le problème de l’éducation dans notre pays, n’est pas un problème de moyen. Avec 118 milliards d’euros, nous avons largement de quoi pourvoir aux besoins de formations de l’Europe toute entière !!! Non, c’est une question de méthodologie, d’approche, de savoir-faire. En un mot, l’Education nationale est tout simplement nulle et il n’y a rien, strictement rien à garder de cette institution dont l’échec patent met en échec l’ensemble de la société.

A nos amis enseignants, ne hurlez pas. Lisez la suite.

L’Education nationale doit évidemment se réformer, mais comment ?

Comment ? C’est en réalité assez simple. Comme à chaque fois, ce n’est pas en faisant plus de « trucs qui ne fonctionnent pas qu’à l’arrivée tout marchera mieux ».
Il faut changer deux choses. La première c’est notre conception de la discipline et notre façon de susciter l’intérêt des enfants, les deux allant ensemble. La discipline est bien plus facile à faire admettre lorsque les enfants sont naturellement intéressés par ce qu’ils font. Discipline et méthodes d’enseignement sont donc intimement liées. Il s’agit-là encore une fois, de simple bon sens totalement oublié.

Il faut changer la façon d’apprendre de nos enfants et la façon dont on enseigne aux enfants alors que les sciences cognitives ont fait des progrès fantastiques. Nous savons aujourd’hui plus que jamais comment fonctionne le cerveau de nos enfants, quels sont les modes d’apprentissages.

Au moment même où nous constatons tous que le monde change, que les outils changent, que notre technologie évolue et ouvre des champs entiers de nouvelles possibilités, l’Education nationale, désespérément, ne change pas. Ha, si, excusez-moi…. une immense réforme est en gestation… et si on remplaçait tous les livres par des tablettes avec des fichiers de ces même livres ? Et pour ce faire… et si nous augmentions le budget de l’Education nationale ? Voilà les approches pitoyables auxquelles nous sommes soumis et livrés.

Évidemment, aucune tablette transformera un cancre pré-délinquant en nouveau Molière. Prétendre l’inverse est une aberration intellectuelle dont seul l’étouffant culculgnangnantisme politiquement correct de l’Education nationale est capable.

Ils sont jaunes, noirs, marrons ou tout blancs, ils sont en zone sensible, à la maternelle et leurs résultats sont époustouflants !

Pourquoi cet intertitre sur les « couleurs » et les « origines » de nos élèves ? Parce qu’évidemment l’Education nationale, l’école, c’est le lieu du creuset républicain dont tout le monde parle. Tous les enfants passent par l’école, sont formés par l’école. Sauf que l’école et l’Education nationale confondent le fait de former et d’endoctriner ce qui est très différent aussi bien dans les objectifs que dans les méthodes utilisées.

Et que constate-t-on ? Que la part de l’acquis et de l’éducation sont évidemment prépondérants.

Collectivement soit nous nous préparons des générations futures qui seront des chances pour notre pays ou au contraire de futurs gros problèmes.

Or ce qui fait la différence entre chance ou problème ce n’est pas la couleur, c’est l’éducation dont le rôle est prépondérant.

Si nous voulons regarder le futur de notre pays avec espoir alors nous devons nous occuper de nos enfants. S’occuper de nos enfants ce n’est pas plus de moyens. C’est faire entièrement autrement car ce que nous faisons actuellement est un terrible échec. Terrible.

Je vous propose donc de découvrir le travail de cette jeune institutrice en classe de maternelle, enfin de cette ex-instit puisqu’elle a démissionné de l’Education nationale ce que l’on comprend évidemment.

Elle s’appelle Céline Alvarez, formée en linguistique, elle décide de rentrer dans le système éducatif national afin de faire bouger les lignes de l’intérieur. Elle passe le concours de professeur des écoles en 2009 et débute en 2011 une expérimentation pionnière au sein de l’Education nationale.

L’objectif ? Proposer un nouvel environnement pour l’école maternelle, scientifiquement fondé et validé, permettant de solliciter de façon optimale les mécanismes d’apprentissages et d’épanouissement de l’être humain. Pour cela, elle reprend les travaux du Dr Montessori, qu’elle enrichit et adapte à la lumière des sciences cognitives et de la linguistique.

Elle ne le fera pas à Neuilly sur Seine, mais à Gennevilliers dans un école classée en ZEP et plan violence.

Vous trouverez ci-dessous la vidéo de l’une de ces interventions. Je ne vous dis pas que SA méthode est LA solution, en revanche, il est évident qu’une immense réflexion sur les méthodes et la refonte de tous les enseignements est une nécessité absolue. Ne pas le faire c’est préparer nos malheurs collectifs de demain, et cette réflexion, ne doit pas être laissée aux grands malades qui dirigent les programmes dans l’Education nationale et dont l’action nous mène dans le mur depuis des décennies. Le problème n’est pas tant les enseignants dans chaque agence… que les types du « siège » qui ont perdu tout sens des réalités !!!

Pourquoi vous parler de cela en cette rentrée ? D’abord parce que l’éducation vous coûte tout de même 118 milliards d’euros ce qui est juste monstrueusement énorme pour un truc qui ne marche pas du tout, mais surtout parce que cela illustre à merveille le principe de complexité de notre société condamnée à l’effondrement parce que ces grandes institutions sont devenues tout simplement incapables d’absorber le moindre changement, la moindre innovation ce qui rend toute évolution totalement vaine et impossible. Or, un organisme qui n’évolue pas est condamné au dépérissement et à la mort. Je voulais donc vous soumettre ces éléments de réflexions pour cette nouvelle année 2016. Vous montrer que si d’un côté nous avons de réelles « raisons d’espérer », la réalité c’est que l’impossibilité de les mettre en œuvre nous donne toutes les raisons de ne pas espérer et de redouter le pire.

Je disais aux enseignants, ne hurlez pas tout de suite, lisez… pour ceux qui ont tenu jusque-là, je voulais vous dire que la raison d’espérer, c’était vous. Pas le système justement mais celles et ceux qui en bas, sur le terrain, font la vie. La vraie (pas celle d’Auchan). Ces instits qui dans leurs classes font ce qu’ils peuvent pour faire au mieux dans un environnement contraignant. Néanmoins, si individuellement les gens se comportent plutôt très bien (regardez la chaîne de secours et de solidarité lors des attentats) le système, lui, est défaillant et broie ceux qui pensent, innovent ou réfléchissent autrement ou en dehors.

Ce que vous devez retenir, c’est que les solutions existent… mais nous les évitons avec constance.

En attendant mes chers amis, préparez-vous, il est déjà trop tard !

Charles SANNAT  - blog Insolentiae
est diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information (secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Économique d'AuCoffre.com en 2011. Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.
Pour ceux qui pensent que les chiffres sont faux… c’est ici





D) Un rapport de la Cour des comptes épingle l'Éducation nationale (rappel de 2013)

Selon un rapport de la Cour des comptes les défaillances de l'Éducation nationale ne relèvent pas d'un manque de moyens budgétaires mais d'une mauvaise organisation et d'une mauvaise gestion de ses professeurs.

Et si les difficultés de l’Éducation nationale ne relevaient en fait pas de soucis budgétaires mais humains ? C’est ce qu’écrit noir sur blanc la Cour des comptes dans un rapport intitulé "Gérer les enseignants autrement".

Selon elle, en effet, la baisse des résultats des élèves et la crise de vocation des enseignants sont davantage à mettre sur le compte d'une mauvaise gestion des professeurs que d'un manque de moyens. La Cour prône donc une "réforme d'ensemble" pour enrayer les "multiples dysfonctionnements" de l’Éducation nationale. En clair : ce n’est pas le nombre d’enseignants en France qui pose problème, mais la manière dont ils sont utilisés.
"Le problème n'est pas celui du nombre d'enseignants ou d'une insuffisance des moyens" budgétaires : […] la création prévue de 60 000 postes en cinq ans "[est] vaine si elle se [fait] à règles de gestion inchangées", juge encore la Cour.
Pis, pour Didier Migaud, son premier président, ne pas changer ces règles, c’est participer à la "dégradation des performances du système scolaire". La France est au 18e rang (sur 34) des pays membres de l'OCDE pour la performance de ses élèves. L'impact de leur origine sociale sur leurs résultats est d’ailleurs deux fois plus important que dans les pays qui réussissent le mieux.
Le système scolaire actuel "ne parvient pas davantage à répondre aux attentes des enseignants", a ajouté Didier Migaud lors d'une conférence de presse, rappelant que "la France connaît un profond malaise enseignant et une inquiétante crise d'attractivité du métier".

La Cour a donc énuméré toute une série de recommandations pour "redéfinir" le métier d'enseignant, de la revalorisation salariale en passant par les règles de mutation des professeurs.

Revalorisation salariale
Dans le détail, elle préconise ainsi de "mieux valoriser" les enseignants recrutés à Bac+5. "Cela passe par la formation, le déroulement des carrières, les conditions de travail et la rémunération", a continué le premier président de la Cour. Selon l'Insee, sur les traitements perçus en 2009, "la rémunération nette annuelle des enseignants est inférieure de 35 % à celle d'un cadre non enseignant de la fonction publique". Selon l'OCDE, les salaires des profs français sont inférieurs à ceux de leurs homologues des pays de l'organisation en début et en milieu de carrière, et baissent depuis 1995.

Il faut aussi revoir les règles d'affectation des professeurs qui reposent sur l'application mécanique d'un barème de points attribués en fonction de différents critères (ancienneté, situation familiale...). Didier Migaud rappelle que la première affectation de deux tiers des enseignants se fait sur des postes de remplacement ou des postes difficiles pour lesquels, au contraire, "une solide expérience pédagogique et un recrutement sur profil seraient bien plus efficaces".

Enfin, la Cour des comptes recommande de mettre en place un "forfait annuel" intégrant les heures de cours à l'ensemble des activités des enseignants (travail en équipe pédagogique, accompagnement personnalisé des élèves...). "La répartition de ce temps de service doit pouvoir être modulée en fonction du type de poste occupé et des besoins locaux des élèves", précise Didier Migaud.

Reste à savoir si ces recommandations resteront ou non lettre morte. Car le ministre de l’Éducation, Vincent Peillon, a indiqué, dans un communiqué annexé au rapport, ne pas partager le constat sur la mauvaise utilisation des moyens existants.

"L'amélioration de la gestion des ressources humaines est indispensable, elle n'est pas pour autant suffisante à elle seule pour améliorer d'un point de vue pédagogique notre système éducatif et des créations de postes sont aujourd'hui nécessaires pour accomplir des missions que nous souhaitons réaffirmer", écrit ainsi Vincent Peillon.

Le ministre de l'Éducation nationale a annoncé en décembre l'ouverture d'une grande réflexion sur l'évolution du métier d'enseignant au second semestre de 2013.
 




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