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Sébastien Lecornu : le nouveau lieutenant d’Emmanuel Macron
Sébastien Lecornu, le moins macroniste des macronistes S’il
est proche du président, le Premier ministre, de tendance gaulliste, ne
partage en rien sa vision du dialogue avec les oppositions et la
population.
Sébastien Lecornu, le moins macroniste des macronistes S’il
est proche du président, le Premier ministre, de tendance gaulliste, ne
partage en rien sa vision du dialogue avec les oppositions et la
population.
S’il
est proche du président, le Premier ministre, de tendance gaulliste, ne
partage en rien sa vision du dialogue avec les oppositions et la
population.
Par Saïd Mahrane
Depuis
sa nomination à Matignon, on dit de lui qu'il est un « macroniste ». Or
il n'existe pas moins macroniste que Sébastien Lecornu au sein du
gouvernement. C'est précisément ce qui explique sa survie politique.
Proche du président de la République, oui, il l'est indéniablement.
Fidèle, loyal, présent, aussi, ce qui lui vaudra, dans ce monde sans
foi, la sincère sympathie de Brigitte Macron.
Mais
penser un instant que le nouveau Premier ministre puisse adhérer à une
représentation de la société et à une manière d'exercer la politique
selon des canons macroniens, tels que nous les connaissons depuis 2017,
est une erreur.
Le conteur d'histoires face au président philosophe
Pour
le comprendre au mieux, il faut regarder du côté de Vernon, ville dont
il fut le maire, et de l'Eure, département dont il fut le président. Ce
bout de Normandie est une France à petite échelle, avec ses variétés,
ses ruptures, ses déserts, ses violences et ses inégalités. Il fallait
l'entendre, de retour à Paris, raconter les bonheurs et les galères de
la vie loin des lieux du pouvoir. Cette expérience acquise, alors qu'il
n'avait pas 30 ans, lui a conféré de solides convictions dans la manière
de préserver une cohésion, ce sans quoi rien n'est possible quand on se
dit gaulliste.
L'admirateur
de la geste gaullienne, partisan des référendums, voue également une
passion pour la politique en tant qu'elle est une aventure collective au
service d'une idée, et plus encore pour la psychologie des hommes. En
la matière, il est un redoutable portraitiste. Quand Macron est tout en
concepts philosophiques, lui déroule des événements et fait le récit,
sous forme de mises en garde, de bascules historiques nées souvent d'un
fait anodin. Un moyen comme un autre de distiller des messages sans
froisser les susceptibilités.
Les mots et la connexion
Son
aide fut précieuse au président de la République lors des grands débats
post-mobilisation des Gilets jaunes. Alimenté en notes par des
techniciens parfois aussi ignorants que lui des réalités, Macron, il le
confia, fut impressionné par le sens du « concret » de son ministre en
charge des Collectivités territoriales. Ouvert sur les thèmes sociétaux,
Sébastien Lecornu est avant tout un homme de droite, d'une droite qui
n'existe plus, morte avec Philippe Séguin et ceux qu'on appelait jadis
les gaullistes sociaux.
En
cela, il est le jumeau de Gérald Darmanin, deux survivants de cette
famille politique, échoués en macronie. Comment la définir, s'agissant
du style ? C'est simple : mettez leur en face un patron du CAC 40 ou un
syndicaliste, un général ou un piou-piou, un communiste ou un libéral,
ils trouveront aussitôt les mots et la connexion par une bonhommie, une
écoute et, toujours, cette impression chez eux qu'une solution est
possible.
Un son de cloche différent Au
ministère des Armées, beaucoup, parmi les gradés, ont été surpris lors
de sa nomination. Les mêmes, lit-on, le regrettent déjà. Mais, plus que
tout, et c'est aussi en cela qu'il n'est pas macroniste, Lecornu est un
homme qui doute. En 2017, lorsqu'il fut appelé à entrer au gouvernement,
il se demanda s'il en avait la légitimité. Puis, au gré des
remaniements, le président a noté chez lui une ambition sereine, moins
tapageuse que celle d'autres ministres faisant campagne. De même son
rapport aux médias est-il « sain » : il ne court pas les micros. S'il
n'a rien à dire, il préfère s'abstenir.
Un son de cloche différent Au
ministère des Armées, beaucoup, parmi les gradés, ont été surpris lors
de sa nomination. Les mêmes, lit-on, le regrettent déjà. Mais, plus que
tout, et c'est aussi en cela qu'il n'est pas macroniste, Lecornu est un
homme qui doute. En 2017, lorsqu'il fut appelé à entrer au gouvernement,
il se demanda s'il en avait la légitimité. Puis, au gré des
remaniements, le président a noté chez lui une ambition sereine, moins
tapageuse que celle d'autres ministres faisant campagne. De même son
rapport aux médias est-il « sain » : il ne court pas les micros. S'il
n'a rien à dire, il préfère s'abstenir.
Au
ministère des Armées, beaucoup, parmi les gradés, ont été surpris lors
de sa nomination. Les mêmes, lit-on, le regrettent déjà. Mais, plus que
tout, et c'est aussi en cela qu'il n'est pas macroniste, Lecornu est un
homme qui doute. En 2017, lorsqu'il fut appelé à entrer au gouvernement,
il se demanda s'il en avait la légitimité. Puis, au gré des
remaniements, le président a noté chez lui une ambition sereine, moins
tapageuse que celle d'autres ministres faisant campagne. De même son
rapport aux médias est-il « sain » : il ne court pas les micros. S'il
n'a rien à dire, il préfère s'abstenir.
Son
principal handicap, dans le fond, est précisément cette trop grande
loyauté vis-à-vis d'un président qui, il est vrai, lui aura accordé sa
confiance à maintes reprises. Dans l'histoire tourmentée du macronisme,
on aurait cependant dû entendre un son de cloche différent du funeste «
en même temps » et des amphigouris présidentiels. Un son de cloche qui
aurait sonné plus humain, plus en faveur des petites gens, des élus
locaux, de l'opposition, fait de simplicité, d'humilité, de réactivité,
et qui aurait été à mille lieues du mépris de forme exprimé par le
président et un entourage à son image.
Certes,
s'il avait ouvert la bouche pour exprimer un non gaullien, Lecornu
l'aurait payé, puisqu'il est connu que Macron n'aime pas les voix
dissidentes, même quand elles disent vrai. Que pourra donc faire le
Premier ministre dans le bourbier actuel ? On l'ignore. Il devra montrer
une méthode avant de dévoiler des idées. Soit un contresens. C'est à
lui, ancien ministre des Armées, de trouver la voie pour sortir les uns
et les autres de leurs tranchées, les ramener à la table des
négociations et s'accorder sur un budget. Il lui faudra, en l'espèce,
oubliant la tutelle présidentielle, être d'abord fidèle à lui-même…