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octobre 18, 2014

Qui a peur du libéralisme ?

L'Université Libérale, vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.

Le combat antilibéral, dont plusieurs mouvements altermondialistes se sont fait une image de marque, est une impasse. Prétendre que la pensée libérale est la cause unique du désordre économique et du désarroi social, prétendre aussi que le seul espoir d'un monde juste passe par la lutte acharnée contre le libéralisme, c'est se tromper d'adversaire, ignorer le terrain où le combat doit se livrer et quelles sont les seules armes encore efficaces. L'ennemi n'est pas le libéralisme, mais une forme redoutable de capitalisme, prédatrice et lourde d'instabilité. Le terrain n'est plus un monde calfeutré, où chaque Etat est libre de choisir son style d'économie, mais un monde ouvert où les choix des uns sont aussitôt sanctionnés par les autres.

Les armes les plus crédibles sont des modes de régulation et des pratiques de gouvernance qui ont été élaborées au sein de la tradition libérale. C'est du libéralisme que sont issues les formes pathologiques de l'ultralibéralisme d'aujourd'hui. Mais c'est du libéralisme aussi que viennent les meilleurs outils pour les combattre. Les idées libérales sont donc à la fois l'une des sources du problème et sa solution.

La pensée libérale a pris corps au XVIIe siècle autour de l'idée qu'il existe une sphère sociale, ou société, distincte de l'Etat et de l'Eglise, sphère en laquelle les activités humaines sont autonomes et libres. Le libéralisme s'est ensuite incarné dans un ensemble de thèses liées à la nature de l'ordre politique, à la séparation des pouvoirs, à la défense de la tolérance religieuse, des libertés fondamentales de la personne et à la promotion de la règle de droit, thèses qui lui ont donné son visage familier. Le combat pour les libertés inclut bien sûr la liberté économique: liberté d'entreprendre, de commercer, de contracter. En ce sens, le libéralisme économique ne saurait être dissocié du libéralisme politique et culturel.

 
Le libéralisme exprime d'abord une conception de l'homme et de la société. On peut ne pas la partager et se dire pour cette raison antilibéral. C'est le cas des courants conservateurs, qui dénoncent comme illusoires la liberté humaine et les prétentions des sociétés humaines à se régler elles-mêmes sans référence à une réalité transcendante. C'est le cas aussi du communisme politique qui considère que l'exercice des libertés économiques n'engendre que chaos et servitude, lorsqu'il est réglé par les contrats au lieu d'être régi par l'Etat. C'est le cas bien sûr de l'extrême droite qui associe le paternalisme corporatiste et l'exaltation de l'identité nationale à une rhétorique de rédemption sociale qui appelle au ressaisissement collectif.

Mais c'est le cas surtout de l'extrême gauche actuelle qui, avec son leitmotiv antilibéral, attise les derniers feux des utopies sociales. Elle donne voix à la nostalgie d'un Etat protecteur et interventionniste, d'un pouvoir gouvernemental souverainiste, et d'une démocratie de revendications, tout cela désigné de manière forfaitaire par l'euphémisme «retour du politique». Elle prône une transformation sociale radicale, méconnaît la divergence des intérêts, méprise la recherche des réformes progressives, et assoit son autorité en prétendant parler au nom d'un mouvement social légitime à ses yeux dans sa seule fraction vociférante et radicale.

Parmi toutes ces formes d'antilibéralisme, rares sont celles, surtout à gauche, qui seraient prêtes à expliciter les raisons de leur critique. Leur popularité dans l'opinion en serait vite mise à mal. Car derrière leur haine du libéralisme, qu'elle soit d'extrême droite ou d'extrême gauche, il y a un mépris d'ensemble à l'égard de l'individu moderne et une sourde méfiance devant la capacité des hommes à trouver par eux-mêmes, en tâtonnant, des normes d'existence collective. La passion antilibérale exalte des formes effervescentes et protestataires de démocratie, sans souci pour la nécessité d'éclairer les esprits et de pondérer les jugements. Elle amalgame à dessein les principes du marché et de la concurrence aux abus, monopoles et fraudes des formes pathologiques du capitalisme.

Dans cette réduction systématique au pire, l'Europe «libérale», c'est-à-dire l'Europe de l'ouverture et des normes, devient cette forme même de mondialisation que le modèle européen est censé combattre.

 
L'un des enjeux politiques majeurs pour la tradition libérale est de savoir comment régler l'exercice collectif des libertés, surtout économiques. Il suffit de considérer l'horreur de la misère ouvrière au début de la révolution industrielle, ou la dureté de la vie économique d'aujourd'hui, pour constater que le jeu des libertés crée souvent instabilité, corruption et drames sociaux. C'est depuis Adam Smith au moins que dans le camp libéral on critique le laisser-faire.

L'ouverture des marchés et l'allégement des contraintes qui pèsent sur la production des richesses sont des recommandations de la pensée libérale, mais pour un libéralisme cohérent, «durable» si l'on peut dire, elles doivent aller de pair avec un souci réel de l'équilibre social et du développement. Pour sauvegarder la liberté de tous, il peut être requis de limiter les libertés présentes, et il est nécessaire de garantir à chacun les moyens d'une liberté effective. Les conséquences concrètes de ces engagements sont une lutte acharnée contre la corruption et les abus de pouvoir, la volonté de garantir des moyens et atouts permettant l'exercice des libertés individuelles, l'exigence d'une formation dispensée à chacun tout au long de la vie, une aide active à la recherche d'emplois, et surtout un accès égal pour tous aux moyens d'émancipation personnelle que sont une éducation de qualité, un logement correct, des transports sûrs et des conditions d'existence décentes.

Par ailleurs, le constat de la diversité irréductible des opinions et des intérêts et la recherche de compromis orientés vers des finalités communes sont au cœur de la pensée libérale. Les organisations multilatérales, malgré leur manque de démocratie, assurent en gros cette fonction. Elles permettent aussi de faire valoir le droit et les raisons contre la force et l'abus (l'organe juridictionnel de l'OMC a ainsi plusieurs fois condamné les pays, dont les Etats-Unis, qui avaient contrevenu aux règles consenties par ses membres). C'est beaucoup, même si cela ne suffit pas. L'échec de l'OMC à Cancun a ainsi révélé, outre une inefficacité de structure, ce qui est une évidence pour un libéral: qu'il n'y a pas de négociation si les deux camps ne sont pas prêts à faire des concessions.

Ces institutions, modifiées dans leur composition et leur fonctionnement, pourraient aussi servir de moyens pour promouvoir peu à peu l'idée d'une redistribution mondiale. La mise en place du récent accord relatif à l'accès aux médicaments génériques pour les pays pauvres, l'aménagement de l'abandon progressif des subventions agricoles et la définition de normes de développement qui devraient accompagner l'ouverture des marchés sont de leur ressort. Ces tentatives sont encore modestes, mais elles montrent que l'exigence de solidarité peut être prise en compte dans un cadre libéral.


Se déprendre de la bien-pensance antilibérale si répandue aujourd'hui est la condition première pour ouvrir les immenses chantiers de réflexion qui sont au croisement d'un engagement libéral et d'une forte préoccupation sociale. Comment donner à chacun les atouts concrets qui lui permettent de se sentir sujet de son existence et de former un projet de vie? Comment faire pour que les conditions d'existence des plus démunis ne soient pas ressenties par eux comme une damnation sociale? Comment inscrire en amont même de la production de réelles orientations sociales? Comment libérer le travail de son caractère asservissant, l'affranchir des formes de pénibilité qui brisent l'individu, et restaurer dans chaque activité initiative et responsabilisation? Comment promouvoir une société civile consciente d'elle-même et capable de se critiquer? Comment réformer l'Etat et la société pour atteindre des objectifs communs en diffusant ressources d'action et garanties?
 
Ces questions sont au cœur des renouvellements politiques d'aujourd'hui. Elles sont rendues pressantes par les récentes mutations sociales et économiques. 


Elles sont en phase avec la manière dont les individus modernes se représentent leurs modes de vie et leurs actions. Les partis réformistes, de droite ou de gauche, qui les poseraient gagneraient sans doute en initiative intellectuelle et en crédibilité. 

Monique Canto-Sperber

 En philosophie politique, je défends le libéralisme tempéré contre le consensus anti-libéral qui règne en France aujourd’hui. Cette posture m’a valu de nombreuses critiques. Considérer la pensée libérale comme synonyme non plus de défense des libertés personnelles mais de dérégulation et de mondialisation sauvages, et donc comme cause unique du désordre social et économique contemporain, c’est se tromper d’ennemi. L’ennemi réel est bien plutôt le capitalisme dans ses formes les plus prédatrices.

 

Monique Canto-Sperber

De Wikiberal
 
Monique Canto-Sperber, née le 14 mai 1954, est une philosophe française. Elle s'intéresse à la philosophie antique (Platon notamment), à l’histoire des idées morales et à la philosophie morale et politique contemporaine. Elle a publié de nombreux ouvrages traduits en plusieurs langues.
Depuis 2005, elle dirige l’École normale supérieure.
 Ses travaux de philosophie grecque (consacrés à la théorie éthique et à la théorie de la connaissance) ont été accompagnés par plusieurs traductions commentées de Platon (Gorgias, Ion, Euthydème, Ménon) et ont fait l’objet de plusieurs ouvrages. Elle a participé au renouveau de la philosophie morale en France, avec la création en 1993 de la collection « Philosophie morale » (bientôt suivie de « Questions d’éthique », en 2000) aux Presses Universitaires de France. Elle a publié plusieurs ouvrages dans ce domaine. Elle a aussi travaillé sur l’éthique des relations internationales et consacré deux livres à cette question. Elle a contribué avec plusieurs ouvrages à l’étude historique et conceptuelle du libéralisme à gauche. La plupart de ses livres sont traduits dans plusieurs langues.
Monique Canto-Sperber développe une analyse du libéralisme visant à lui redonner une légitimité dans le cadre de la pensée politique socialiste[1]. Pour cette raison, les libéraux critiquent sa réduction du libéralisme à un liberalism anglo-saxon qui n'est pas autre chose que la social-démocratie ou le "social-libéralisme" :
On garde et récupère le mot [de libéralisme], mais en le vidant de son contenu classique et le rendant synonyme de socialisme de (semi) marché. À cette aune frelatée, Hayek, Mises et M. Friedman deviennent d’horribles « ultra-libéraux », tandis que les faux « vrais » libéraux sont J. Rawls, Strauss-Kahn ou Hilary Clinton. Cherchez l’erreur ! (Alain Laurent[2]
 
 

Université de tous les savoirs

Questions sur la démocratie - M. Canto-Sperber, JF Copé, P. Ndiaye, G. Fraisse, C. Tasca

 

"laissez faire, laissez passer", son auteur, précurseur du libéralisme

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Vincent de Gournay

1712 - 1759, économiste français, précurseur des physiocrates, ([PDF]Les physiocrates) et d'Adam Smith. Un riche négociant, il était au service du gouvernement, comme intendant du commerce de 1751 à 1758. Il a traduit et annoté l'œuvre principale de Josiah Child (voir sous l'enfant, Sir John et a réuni autour de lui un groupe d'hommes intéressés à réformer l'économie de la France et à l'abolition des restrictions commerciales. Sa phrase favorite était "laissez faire, laissez passer», et il est généralement reconnu comme son auteur. Contrairement aux physiocrates, il considérait l'industrie et le commerce ainsi que l'agriculture d'être des sources importantes de richesse.


L'œuvre économique de Vincent de Gournay, demeurée longtemps méconnue, peut être considérée comme un projet libéral de croissance équilibrée, dont l'objectif est l'utilité générale. Le concept de "Balance des hommes" est un élément fondamental de ce système: le solde migratoire positif des mouvements de travailleurs est un critère de sa prospérité, d'où la nécessité d'instaurer la liberté du travail et de l'entreprise, et de favoriser l'individualisme et l'intérêt privé. Le travail, qui n'est plus une peine mais un accomplissement, est créateur de richesses. V. de Gournay en déduit une véritable politique de répartition (bons prix, salaires d'aisance, taux de l'intérêt peu élevé): la consommation populaire est le moteur de la croissance. L'équilibre du circuit repose sur une distribution équitable des revenus ("Balance des richesses") et réclame le maintien de la paix en Europe ("Balance des pouvoirs"). V. de Gournay avec ses "élèves" Morellet et Forbonnais, se rattache donc à un courant de pensée, le "libéralisme égalitaire", dont Boisguilbert avait posé les fondaments dès la fin du XVIIe siècle, et qui aboutit à une vision anthropologique de l'humanité.
Vincent de Gournay (1712-1759) et la "Balance des hommes", by Simone Meyssonnier © 1990
  


Commerce, population et société autour de Vincent de Gournay (1748-1758)

La genèse d'un vocabulaire des sciences sociales en France

Institut National d Etudes Démographiques, 133 Bvd Davout, 75020 Paris, Salle Sauvy

Publié le jeudi 05 février 2004 par Anne Gentil-Beccot


La genèse d’un vocabulaire des sciences sociales en France » est de faire converger les démarches de l'histoire intellectuelle, de l'histoire des institutions et de l'histoire des sciences et des techniques autour d'un réseau d'administrateurs et d'auteurs qui ont joué un rôle important dans le renouvellement des idées politiques et économiques au milieu du XVIIIe siècle en France. Vincent de Gournay, Intendant du commerce de 1751 à 1758 apparait comme la figure centrale d'un réseau qui comprend en particulier Abeille, Clicquot de Blervache, l'abbé Coyer, Herbert, l'abbé Le Blanc, Malesherbes, l'abbé Morellet, Plumard de Dangeul, Trudaine père et fils, Turgot, Véron de Forbonnais. Il s'agit de mettre en évidence un véritable projet collectif qui a été à l'origine de débats majeurs (baisse du taux de l'intérêt, liberté du commerce, noblesse commerçante, patriotisme). En limitant le champ d’étude au cercle de Gournay et à la période de son activité maximale (1748-1758), en accordant une place importante aux questions de vocabulaire, et en réunissant des chercheurs de plusieurs pays et disciplines (histoire, économie, philosophie, sociologie, linguistique), nous souhaitons échapper aux dangers de l’anachronisme et des histoires trop strictement disciplinaires, et contribuer au renouvellement de l'histoire des sciences sociales en France.
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Turgot écrit : « M. de Gournay n’avait pas imaginé non plus que, dans un royaume où l’ordre des successions n’a été établi que par la coutume, et où l’application de la peine de mort à plusieurs crimes est encore abandonnée à la jurisprudence, le gouvernement eût daigné régler par des lois expresses la longueur et la largeur de chaque pièce d’étoffe, le nombre des fils dont elle doit être composée, et consacrer par le seau de la puissance législative quatre volumes in-quarto de ces détails importants ; et en outre des statuts sans nombre dictés par l’esprit de monopole, dont tout l’objet est de décourager l’industrie, de concentrer le commerce dans un petit nombre de mains par la multiplication des formalités et des frais, par l’assujettissement à des apprentissages et des compagnonnages de dix ans, pour des métiers qu’on peut savoir en dix jours ; par l’exclusion de ceux qui ne sont pas fils de maîtres, de ceux qui sont nés hors de certaines limites, par la défense d’employer les femmes à la fabrication  des étoffes, etc., etc. Il n’avait pas imaginé que dans un royaume soumis au même prince, toutes les villes se regarderaient mutuellement comme ennemies, s’arrogeraient le droit d’interdire le travail dans leur enceinte à des Français désignés sous le nom d’étrangers, de s’opposer à la vente et au passage libre des denrées d’une province voisine, de combattre ainsi, pour un intérêt léger, l’intérêt général de l’État, etc., etc.
Il n’était pas moins étonné de voir le gouvernement s’occuper de régler le cours de chaque denrée, proscrire un genre d’industrie pour en faire fleurir un autre, assujettir à des gênes particulières la vente de provisions les plus nécessaires à la vie, défendre de faire des magasins d’une denrée dont la récolte varie tous les ans et dont la consommation est toujours à peu près égale ; défendre la sortie d’une denrée sujette à tomber dans l’avilissement, et croire s’assurer l’abondance du blé en rendant la condition du laboureur plus incertaine et plus malheureuse que tous les autres citoyens, etc. »
« On peut même dire que peu de gens ont été aussi parfaitement libres que lui de cette espèce de vanité qui ferme l’accès aux vérités nouvelles. Il cherchait à s’instruire comme s’il n’avait rien su, et se prêtait à l’examen de toute assertion, comme s’il n’avait eu aucune opinion contraire ».
« Le monde est plein de gens qui condamnent, par exemple, les privilèges exclusifs, mais qui croient qu’il y a certaines denrées sur lesquelles ils sont nécessaires, et cette exception est ordinairement fondée sur un intérêt personnel, ou sur celui de quelques particuliers avec lesquels on est lié. C’est ainsi que la plus grande partie des hommes est naturellement portée aux principes doux de la liberté du commerce. Mais presque tous, soit par intérêt, soit par routine, soit par séduction, y mettent quelques petites modifications ou exceptions.
M. de Gournay, en se refusant à chaque exception en particulier, avait pour lui la pluralité des voix ; mais en se refusant à toutes à la fois, il élevait contre lui toutes les voix qui voulaient chacune une exception, quoiqu’elles ne se réunissent pas sur la sorte d’exception qu’elles désiraient, et il en résultait contre ses principes une fausse unanimité, et contre sa personne une imputation presque générale du titre d’homme à système ».
conclusion de Turgot : « C’est une sorte de malheur que les hommes recommandables par les vertus les plus respectables et les plus véritablement utiles soient les moins avantageusement partagés dans la distribution de la renommée. La postérité ne juge guère que les actions publiques et éclatantes, et peut-être est-elle plus sensible à leur éclat qu’à leur utilité ».



LE LAISSEZ FAIRE
Le laissez-faire est l'abréviation de "laissez faire, laissez passer», une expression française, un sens à «laisser faire, laisser passer». D'abord utilisé par les physiocrates du XVIIIe siècle comme une injonction contre l'ingérence gouvernementale dans le commerce, il est maintenant utilisé comme synonyme de l'économie de marché stricte libre.  Le laissez-faire politique économique est en contradiction directe avec la politique économique étatiste. Adam Smith a joué un rôle important dans la popularisation des théories du laissez-faire économique dans les pays anglo-saxons, mais il a critiqué un certain nombre d'aspects de ce qui est actuellement considéré comme un laissez -faire.
 
 Le laissez-faire (impératif) est distincte de laisser-faire (infinitif), qui renvoie à une attitude négligente dans l'application d'une politique, impliquant une absence de considération, ou de la pensée.

 

Le laissez-faire école de pensée est titulaire d'un capitalisme pur ou afficher marché libre, que le capitalisme est préférable de laisser à elle-même, qu'il se passera de l'inefficacité d'une manière plus délibérée et rapide que tout autre organe législatif pouvait le faire.  L'idée de base est que moins il y a d'interférences du gouvernement en fait un meilleur système.



Histoire


Le laissez-faire a été la philosophie dominante à la fin du 19ème et du début du 20ème siècle dans les pays les plus riches d'Europe et d'Amérique du Nord. Beaucoup d'historiens voient aussi cette période du laissez-faire à la mise en œuvre dans ces pays. Cependant, il y a des critiques qui affirment que ce qui était décrit comme "laissez-faire" la politique est tout simplement pro-politique de l'entreprise, comme avec d'importantes subventions pour les entreprises à produire les chemins de fer aux États-Unis ou de l'utilisation commune des tarifs par des présidents républicains. Dans ce contexte, le laisser-faire rhétorique a été utilisé pour justifier le refus de subventions similaires aux classes pauvres du travail.

Pour beaucoup, le laisser-faire sont des théories qui sont tombées en discrédit en raison de leurs refus d'autoriser les gouvernements à faire face à la gestion de l'économie pendant et après la Première Guerre mondiale, et leur prétendu défaut de prévenir la Grande Dépression. Toutefois, certains défenseurs des libertés, comme Milton Friedman soutiennent que, au moment de la Grande Dépression, une importante réglementation gouvernementale économiques ont déjà eu lieu dans la plupart des grandes économies, tout comme les ouvriers et employés dans toutes les industries se sont organisés en syndicats pour réclamer de meilleures conditions de vie, ainsi que les différents contrôles et les équilibres à la perception d'une «tyrannie du laissez-faire". Les travailleurs ont réussi à obtenir des lois du salaire minimum et un impôt progressif sur le revenu dans certains pays. Le commerce international (barrières) étaient également à l'étude des politiques (Smoot ex-Hawley Tariff aux Etats-Unis).  Ainsi, d'après les libertariens mentionnés ci-dessus, les économies qui ont souffert de la dépression, mais peut-être plus proche de laissez-faire que tout les autres modèles économiques qui aient jamais servi, encore n'a pas embrassé le capitalisme pur. Certains critiques du laissez-faire font valoir que la réalisation du capitalisme pur est impossible, par exemple, car il est difficile de faire face aux défaillances du marché sans un rôle actif d'un gouvernement.



Les nations modernes d'aujourd'hui industrialisés ne sont pas typiquement représentatifs des principes du laissez-faire, car ils impliquent généralement des quantités importantes de l'intervention de l'Etat, du gouvernement dans l'économie. Cette intervention comprend le salaire minimum, une redistribution importante à travers l'impôt et des programmes de bien-être, la propriété publique des entreprises et la réglementation de la concurrence du marché. La principale exception à cette règle est à Hong Kong, qui a officiellement un laissez-faire politique économique depuis les années 1960 et peut-être plus tôt. En outre, beaucoup suggèrent que le président Ronald Reagan des Etats-Unis et le Premier ministre Margaret Thatcher du Royaume-Uni suite à une perspective générale, du laissez-faire.


Dans le sillage de la montée de l'URSS, le laisser-faire économique suppose un avantage idéologique fort, voir par exemple, Hayek. Dans l'ère post-guerre, où la régulation par l'Etat et l'implication dans l'économie a atteint un sommet, à part non négligeable dans le cadre de la guerre froide, anti-étatiste des écoles de la pensée économique a connu une vague d'intérêt et de soutien.

La mutation du libéralisme classique vers le « social-libéralisme » Blog Criticus de Roman Bernard


Vincent de Gournay

De Wikiberal
 
Jacques Claude Marie Vincent, marquis de Gournay (Saint-Malo, 28 mai 1712 – Paris, 27 juin 1759) est un économiste français, considéré comme le premier des physiocrates.
Disposant d'une grande culture économique (il connaît notamment la pensée de Locke), il entre au service de Maurepas, ministre de la Marine en 1744. En 1751, il devient intendant du Commerce et parcourt à ce titre les provinces de France, accompagné dans ses voyages par Turgot, sur qui il eut une grande influence et par qui nous ont été transmises ses idées.
Gournay fut très lié avec avec Quesnay, le fondateur de l'école physiocratique. Cependant, ses positions diffèrent de celles des Physiocrates en ce qu'il ne place pas toute la richesse dans la terre et reconnaît que l'industrie crée une valeur réelle. Grand partisan de la liberté commerciale, il adopta la fameuse maxime « Laissez faire, laissez passer, le monde va de lui-même » dont on lui attribue généralement la paternité. Partisan de la liberté de commercer, de produire, de travailler, il s'oppose au mercantilisme et dénonce l'intervention directe de l'État dans l'économie par les subventions, mais aussi les corporations, les guildes, les privilèges exclusifs. Il inspirera directement toute la tradition du libéralisme économique français.


Laissez-faire

De Wikiberal
 
Le laissez-faire désigne la possibilité d'échanges entre acteurs économiques sans entraves de l'État (règlementations, protectionnisme, subventions...) autres que pour protéger le droit de propriété.
Le laissez-faire n'a rien à voir avec le "laisser-faire", auquel certains font allusion. Les libéraux sont conscients qu'une société ne peut exister sans règles
La maxime du "laissez faire" est apparue chez les physiocrates, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. D'abord, la maxime initiale n'a jamais été "laissez-faire" mais "laissez-nous faire" et, plus complètement, "laissez-nous faire, laissez-nous passer". Il y a une querelle historique sur cette humble supplique de commerçants pour que l'État corporatiste d'Ancien régime desserre l'étau de ses règlementations. L'origine s'en trouve chez Turgot, dans son Eloge de M. de Gournay. Il prête la maxime "laissez-nous faire" à un commerçant lyonnais du temps de Colbert, mais il semble bien que la formule soit de Gournay lui-même. "Laissez-faire, laissez passer" les grains entre les provinces. A cette époque, la France était hérissée d'octrois et de droits contre la circulation libre. L'État avait le contrôle du commerce des grains, ce qui provoquait de nombreuses famines.
L'idée, géniale, qui se cachait derrière le "laissez-nous faire", était que la liberté de circulation des grains entraînerait un enrichissement général. Qui peut dire qu'il n'en a pas été ainsi ? La société d'Ancien régime, avec 25 millions d'habitants, vivait de famine en crise de subsistances. A partir du moment où la liberté a été instaurée (la Révolution française supprime définitivement les douanes intérieures), la disette ne fut plus jamais qu'un souvenir.

Le libéralisme n'est pas le laisser faire généralisé

Si seulement il pouvait en aller ainsi ! Mais nous en sommes loin. C'est d'ailleurs une chose étrange que la maxime "laissez-faire" puisse figurer en tête du réquisitoire contre le libéralisme. Appliquée à un individu, l'idée qu'il vaut mieux le laisser faire plutôt que de le contraindre remporte le plus souvent la faveur de tous : c'est le traiter en adulte. Appliquée à une nation, laisser faire les citoyens deviendrait l'horreur. Le fait qu'il y ait là un objet de détestation en révèle plus sur ceux qui profèrent l'anathème que sur ceux qui, la première fois, ont brandi la maxime comme un cri en faveur de la liberté. Considérer que "laisser faire", cela ne serait pas bien, c'est dire à l'inverse qu'on se méfie du peuple et des êtres humains en général, qu'on ne croit qu'au contrôle, à l'embrigadement, à la surveillance, à la coercition.
Remarquons d'abord qu'associer le libéralisme à la maxime "laissez-faire" répond, en creux, à l'objection selon laquelle nous vivrions dans une société libérale. Qui peut avoir le sentiment que nous vivons dans une société économique du "laissez-faire" alors que règne le "harcèlement textuel" ?
Pour prendre l'exemple français, sur une population active de 23 millions de personnes, il y a 2,5 millions de fonctionnaires d'État et un peu plus de 5 millions d'individus qui travaillent dans le secteur public. Quel que soit leur rôle, de l'employé d'état-civil au vice-président du Conseil d'État, en passant par l'enseignant, le postier, l'infirmière d'hôpital ou le gendarme, ces cinq millions de personnes ont en commun une mission : prendre soin de nous, de notre argent, de notre éducation, de notre santé, de notre cadre de vie, de nos déplacements, en bref, qu'on le veuille ou non, contrôler nos façons d'être. Il peut y avoir du "laisser aller" dans la société, sûrement pas du "laissez-faire". 


 Laissez-faire a été pour la première fois employé par les physiocrates demandant la libre circulation des grains entre les provinces et l'abolition des corvées. Il est devenu, dans la première moitié du XIXe siècle, synonyme de marché libre en économie.

Un principe politique pour une politique économique

La politique du laissez-faire représente la mise en oeuvre dans l'économie de principes déduits de la théorie économique par l'intermédiaire de la philosophie morale.

La non agression

Comme toute politique, le laissez-faire n'implique pas une absence de normes mais au contraire une règle précise, éventuellement défendue par la force, que l'on cherche à appliquer dans tous les domaines : le respect de la propriété légitime, à son tour définie de la seule manière cohérente possible comme "les possessions qu'on n'a pas volées, c'est-à-dire prises à un autre sans son consentement". Le laissez-faire est donc proche du "capitalisme" défini par Marx (comme "le régime de la propriété privée"). Et comme la violation d'une propriété légitime est la définition même de l'agression, le respect de cette propriété légitime est équivalent au principe de non-agression. Il n'est donc qu'une mise en oeuvre universelle de la morale sociale quotidienne, celle que la plupart des gens reconaissent et respectent quand ils ne se rêvent pas en hommes de l'Etat.

Laissez-faire et libéralisme

La plupart des gens qui passent pour libéraux ou se disent tels ne sont pas laissez-fairistes. Dans une société qui bascule dans le socialisme réel, où l'on arrive à faire passer pour "ultra-libéral" quiconque s'inquiète seulement de freiner cette évolution, on peut toujours trouver moins libéral que soi, et la science politique prendra sûrement au mot ces définitions relatives voire contradictoires : les courants d'opinion sont plus intuitifs que raisonnés, les partis rassemblent des courants disparates, et la politique est l'art du possible, dans un cadre institutionnel contraignant.
Ceux qui admettent que le libéralisme, comme toute norme politique, est une définition de l'acte juste, n'en seront pas moins fondés à juger de l'authenticité de ce "libéralisme", à l'aune d'un critère objectif, de raisonnements qui prétendent l'établir ou de déductions que l'on peut en tirer. Or, il n'y a pas de définition non contradictoire du principe libéral qui ne soit pas équivalente au principe de non agression, principe dont l'application universelle aboutirait à la politique de "laissez-faire".
Sont donc laissez-fairistes tous les libéraux conséquents, se divisant essentiellement en anarcho-capitalistes qui pensent qu'on peut se passer complètement d'un Etat pour faire respecter la propriété légitime, et en minarchistes qui jugent nécessaire, ou en tous cas inévitable, quelque forme d'organisation territoriale exclusive pour la défense des Droits, en particulier contre les envahisseurs étrangers.

Ceux qui rejettent le laissez-faire

Représente au contraire le rejet du principe laissez-fairiste l'interventionnisme d'Etat, qui "reconnaît" aux hommes de l'Etat le "droit" de pratiquer ce qu'ils interdisent aux autres, c'est-à-dire de s'emparer des biens voire de la personne d'autrui contre son consentement : alors les hommes de l'Etat, au lieu de se contenter de neutraliser et de punir les voleurs et les assassins, se conduisent comme eux, violant pour divers motifs la propriété voire l'intégrité physique de parfaits innocents. Suivant l'ampleur de ses interventions, l'interventionnisme s'appellera étatisme, dirigisme, fascisme, socialisme, nazisme ou communisme. L'interventionnisme d'Etat a par exemple imposé :
  • Les monopoles : barrières douanières, réglementations, politiques "de concurrence" et salaires minimum
  • Les impôts et taxes diverses
  • Les diverses subventions et privilèges exclusifs aux lobbies et autres groupes de pression, dont les syndicats
  • Les "services publics" et autres entreprises nationalisées
  • L'entretien du chômage et des faux emplois
  • L'institution d'une hiérarchie des races et des religions (Nazisme racial)
  • La persécution contre les capitalistes et la diffamation organisée de leurs défenseurs (Nazisme, plus meurtrier que le Nazisme racial)
Les laissez-fairistes tiennent ces politiques pour des systèmes d'agression criminelle et, de ce fait, destructrice et stupide - ce pourquoi ils les appellent esclavagistes-absurdistes.

Le raisonnement laissez-fairiste

Dans l'ordre de la création

Le laissez-fairisme tient que toute violence est destructrice, définissant comme une violence le fait de disposer du bien et de la personne d'autres êtres malgré eux. Dans ces conditions, la violence ne peut servir la création que si elle s'oppose à une autre violence qui détruirait ou empêcherait cette création. L'Etat agissant par définition par la violence, les hommes de l'Etat qui neutralisent les voleurs et les assassins servent la création, ceux qui prennent aux uns, forcément pour donner à d'autres, pratiquent la destruction.

Dans l'ordre de la connaissance

Le laissez-fairisme tire les conséquences du fait qu'une personne a intérêt à s'informer à la hauteur de l'enjeu que représente pour elle l'information en question. Il en déduit que la responsabilité est une condition nécessaire et suffisante de la régulation des choix.

L'irresponsabilité institutionnelle détruit l'information

Or, l'interventionnisme, en permettant à certains d'imposer aux autres de subir à leur place les conséquences de leurs choix - c'est-à-dire en instituant l'irresponsabilité - fait en sorte que ni les décideurs ni ceux qui subissent les décisions n'ont plus intérêt à s'informer de leurs conséquences à la hauteur de l'enjeu qui est en cause : cette irresponsabilité institutionnelle inhérente à l'interventionnisme d'Etat engendre l'incompétence et l'aveuglement chez ses agents aussi bien que chez ses victimes.
Le laissez-fairisme appelle donc à une restauration de la régulation sociale par la responsabilité, en abolissant l'intervention, par définition irresponsable, des hommes de l'Etat : il ne faut pas laisser les gens faire n'importe quoi.

L'économiste n'est pas dupe de l'illusion fiscale

L'intervention de l'Etat, en séparant le décideur des conséquences de ses décisions, engendre une illusion systématique quant à leurs effets, illusion systématique que les théoriciens des choix publics ont appelée illusion fiscale ou illusion politique et qui protège largement l'interventionnisme d'une appréhension correcte de ses effets destructeurs, ainsi que du caractère illusoire des avantages qu'on croit en tirer.
C'est le métier de l'économiste que de n'être pas dupe de cette illusion, et de décrire malgré elle les effets réels des politiques et des institutions, leurs redistributions effectives, l'impossibilité d'en profiter et leurs inéluctables destructions, par opposition aux effets que leur prête, à tort, le profane.

La théorie économique du laissez-faire

La théorie économique du laissez-faire tient que tous les avantages que l'on prête à l'interventionnisme d'Etat sont illusoires, que celui-ci ne profite réellement à personne et nuit au contraire à tout le monde, et prétend l'avoir démontré.

Les "défaillances du marché" sont des sophismes cachés derrière des formulations mathématiques

Le discours interventionniste dominant, qui invoque l'"optimum de Pareto" à l'encontre du laissez-faire, méconnaît les raisons pour lequelles ce critère est nécessaire et applicable : à savoir qu'un jugement de valeur est un acte de la pensée, de sorte qu'il ne se prête à aucune mesure ni comparaison entre les personnes, et qu'on ne peut le connaître qu'en le déduisant des actes volontairement accomplis que l'on peut observer. Il s'ensuit que toute personne agissant librement maximise son utilité, et qu'un régime politique où chacun est libre de disposer de ses biens maximise l'utilité sociale.
Les gloses sur l'utilité des gens qui n'agissent pas, notamment sur les "effets externes" qui ne sont pas en fait des violations observables du Droit, n'ont rien que d'arbitraire, dans la mesure où on ne peut jamais rien constater de ce dont elles parlent : ce n'est pas un hasard si la fameuse Ritournelle, le Quatrain des externalités, biens publics, monopoles naturels et rendements croissants ne fournit aucune norme objective pour dire quand les hommes de l'Etat devraient intervenir ni surtout s'arrêter - et c'est bien pour ça qu'on s'en sert : le seul critère objectif de la production étant l'action volontaire dans un cadre de Droit, les ersatz mathématico-statistiques qu'on voudrait faire passer à sa place font penser à un congrès de mathématiciens qui se réunirait pour savoir combien font 2 + 2, étant donné que tout le monde a interdiction formelle de mentionner le nombre "4". D'ailleurs, l'empirisme le plus radical opposé à la preuve logique ne conduit-il pas à affirmer que "les règles de l'arithmétique n'appartiennent pas à la science parce qu'elles sont irréfutables" ?
Quant à l'intervention de l'Etat, si elle fait des bénéficiaires - on va voir dans quelles limites - elle fait aussi nécessairement des victimes, et on ne peut pas comparer les variations d'utilité des uns et des autres - c'est justement pour en tenir compte qu'existe le critère de Pareto : il est donc en toutes circonstances contradictoire d'invoquer l'optimum de Pareto à l'appui d'une quelconque intervention de l'Etat.
Le détour par la théorie de l'"équilibre général", surtout décrite en termes mathématiques, n'a donc pour effet que d'habituer ses adeptes à traiter les jugements de valeur comme s'ils étaient ce qu'ils ne sont pas - des choses, mesurables, et donc
  • à perdre de vue les raisons pour lesquelles on a accepté le critère de Pareto,
  • à traiter le Droit de propriété à la fois comme s'il existait - il le faut bien pour spécifier les modèles - et comme s'il n'existait pas - en prétendant justifier des politiques qui le méconnaissent.
Une conséquence de ce traitement de la propriété digne d'Alice au pays des merveilles est que, comme on va le voir, ces modèles prétendument "généraux" sont systématiquement incomplets : s'ils l'étaient réellement, généraux, et intégraient enfin la redistribution politique dans leurs analyses d'équilibre "général", ils devraient conclure que celle-ci est automatiquement et totalement destructrice de tout ce dont elle s'empare.

La redistribution politique est aléatoire

La théorie économique générale démontre que la redistribution politique réelle va généralement dans un sens totalement différent de ce que prétend le discours public : les lois de l'incidence réelle et de la protection effective montrent au contraire que les véritables victimes des impositions sont ceux qui dépendent le plus de l'activité taxée, et que les véritables récipiendaires de la redistribution sont ceux qui possèdent le facteur de production le plus spécifique à l'activité subventionnée : c'est pourquoi les prétendues "cotisations sociales patronales" sont en réalité payée par les salariés, et les subventions à l'agriculture se retrouvent dans la poche des propriétaires fonciers et jamais dans celle des travailleurs agricoles.
Cette même théorie économique générale démontre aussi - c'est même le point de départ de la théorie financière - que toute occasion de profit est immédiatement exploitée jusqu'à sa disparition : il s'ensuit qu'il ne peut jamais y avoir de profit certain. Elle en déduit que, toutes choses égales par ailleurs, la redistribution politique n'appauvrit ou enrichit les possesseurs de la chose taxée ou subventionnée que s'ils la détenaient au moment où celle-ci est devenue certaine. Ceux qui viennent longtemps après n'en profitent pas ni n'en souffrent, la chose étant à terme compensée par des variations de prix.
Les avantages et les charge réels de la redistribution politique sont donc aléatoires - ils dépendent des rapports de forces politiques comme des conditions du marché.

La Loi de la destruction totale

Cependant, la théorie économique doit aussi reconnaître que pour obtenir la redistribution en question, de même que pour tenter de l'empêcher, on aura aussi dû faire des efforts et consentir des dépenses. Et c'est de ce fait-là que la théorie économique du laissez-faire entend, pour sa part, déduire que l'intervention de l'Etat détruit toute la production dont elle s'empare, soit au moment où elle s'empare du bien produit en rompant le lien entre la propriété usurpée et le projet que celle-ci devait servir, soit au cours des efforts faits par les puissants pour s'emparer de ce butin.
En appliquant à la redistribution politique le raisonnement général sur l' équilibre, fondé sur le fait qu'il n'y a jamais de profit certain, on démontre que pour recevoir les distributions de l'interventionnisme public, il faut en tendance consacrer à les obtenir des ressources équivalentes à ce qu'on en attend, dépense qui est entièrement perdue pour toute production réelle. Il s'ensuit que l'intervention de l'état détruit en tendance une richesse équivalente à toute richesse dont elle s'empare. En outre, elle le ferait automatiquement et certainement dans les conditions de "certitude" de l'"équilibre général", et ses adeptes s'en seraient rendus compte depuis longtemps s'ils n'omettaient pas depuis le début d'y intégrer la redistribution politique.

Le Cercle vicieux de l'interventionnisme

En outre, comme l'a démontré Ludwig von Mises, comme l'intervention de l'Etat crée un précédent dans la destruction du Droit, n'atteint pratiquement jamais ses objectifs affichés, et cause des dégâts dont le mécontentement se nourrit, elle engendre des pressions pour des interventions ultérieures aussi longtemps que subsiste l'illusion quant à ses effets réels : c'est le Cercle vicieux de l'interventionnisme décrit par Mises ou Loi des Calamités selon la formule de Michel de Poncins, qui doit conduire à terme à l'abolition de tout Droit (le "socialisme réel") et à la destruction de toute richesse si on continue à ne pas tenir compte de ses véritables conséquences.

Le Multiplicateur des Calamités

Il s'ensuit que, même si une intervention particulière de l'Etat ne détruit la richesse dont elle s'empare que dans un rapport de 1 à 1, on doit aussi tenir compte des destructions à venir, causées par les interventions futures que la première aura engendrées. On appellera Multiplicateur des Calamités le rapport, supérieur à 1, entre les richesses dont s'empare une intervention particulière des hommes de l'Etat, et celles que cette intervention spécifique aura finalement détruites, compte tenu des interventions supplémentaires qu'elle aura par la suite inspirées.

Le laissez-fairiste tient pour criminelle l'intervention de l'Etat dans l'économie

Enfin, dans l'ordre de la morale, conformément aux règles du droit naturel, le laissez-fairiste tient que personne n'a le Droit de voler personne, en qu'en conséquence quiconque dispose du bien d'autrui sans son consentement est un criminel - ce que font, et ce que sont, les hommes de l'Etat qui se livrent à l'interventionnisme "économique". C'est généralement au terme de l'analyse qu'il conclut que cet interventionnisme est criminel, après avoir successivement constaté qu'il n'a pas, puis qu'il ne peut pas avoir les effets qu'on en attend, qu'il ne peut rien produire, puis qu'il est intrinsèquement destructeur.

Histoire

C’est, dit-on, un marchand, François Legendre (ou Le Gendre), qui, le premier, à Colbert qui lui demandait comment le gouvernement du roi pouvait aider le commerce, aurait répondu : " Laissez-nous faire". Que l'expression "laissez-faire" soit passée du français en anglais montre que le laissez-faire est une tradition intellectuelle française, à la différence du libéralisme anglo-saxon et notamment britannique, qui s'appuyait sur les démonstrations factuelles d'Adam Smith et de Ricardo pour démontrer que les monopoles, notamment protectionnistes, détruisent la production sans profiter réellement à leurs bénéficiaires prétendus. Le laissez-faire érigé en principe heurtant les intérêts à court terme de puissants exploiteurs, la démonstration anglo-saxonne a eu plus de succès, aidée par une tradition politique plus favorable au commerce, avec pour inconvénient une certaine tendance à rationaliser les compromis, accentuée par les assauts contre la preuve philosophique menés au XIX° siècle à la suite de Kant et de Hume.
La conséquence en est que nombre d'auteurs passant pour "libéraux" se sont mis, dès la fin du XIX° siècle, à déterrer les vieux sophismes de l'interventionnisme et à en inventer de nouveaux, notamment au départ pour rationaliser a posteriori les politiques dites "de concurrence" imposées à partir de 1890, dont il faudra attendre Murray Rothbard pour démontrer en 1962 qu'elle sont contradictoires, tant en théorie économique qu'en philosophie politique.
L'idéologie du laissez-faire a été dominante de la fin du XIXe siècle jusqu'au début du XXe, dans les pays riches d'Europe et d'Amérique du Nord. Elle a été progressivement mise en cause par des hommes politiques contraints d'avoir l'air de "faire quelque chose" pour des clientèles électorales, et discréditée par l'interprétation qu'ils ont donnée au Krach de 1929 et à la Grande Dépression comme attribuables à la liberté d'entreprendre, et non aux décisions irresponsables et aveugles des banquiers centraux et autres hommes de l'Etat.
Or, les économies qui ont subi la Grande Dépression n'étaient pas gouvernées par le laissez-faire. Dès avant la Première Guerre mondiale, et a fortiori pendant sa durée, les Etats lui avaient déjà porté des atteintes majeures, en multipliant des monopoles, impositions et interdictions d'échanger : politiques d'inflation, attribution aux syndicalistes de privilèges exorbitants du droit commun, subventions au chômage, notamment en Grande-Bretagne, salaires minimum et même persécution des "riches" avec l'impôt progressif sur le revenu.

Depuis la guerre froide

Les réglementations étatiques n'ont cessé de croître depuis, la "démocratie" majoritaire, ou soi-disant telle, remplaçant progressivement l'état de Droit. Ce qui a changé, c'est que les rationalisations de l'interventionnisme ont toutes été démontrées absurdes dès le début des années 1960, grâce à la remise en oeuvre de la preuve philosophique, tant en économie, avec l'école autrichienne et qu'en philosophe politique, avec les libertariens, tandis que l'Ecole de Chicago fournissait, comme autant de "preuves", les illustrations empiriques des destructions nécessairement causées par l'interventionnisme d'état. Les ouvrages de Ayn Rand - notamment son roman Atlas Shrugged, ont joué, pour ouvrir les yeux sur les ravages et l'immoralité de l'interventionnisme d'état, le même rôle que L'Archipel du Goulag pour l'inhumanité du socialisme réel.
Le socialisme étant une disqualification de la justice naturelle au nom de la méthode expérimentale invoquée comme uniquement et universellement valide - contre la philosophie morale et notamment politique, toute réhabilitation de la preuve philosophique en sciences sociales s'expose naturellement de sa part à la qualification d'"idéologie". Les premiers "idéologues" étant les économistes libéraux du début du XIX siècle, Say, Cabanis, Destutt de Tracy, et appelés tels par l'analphabète économique Napoléon Bonaparte, les laissez-fairistes contemporains peuvent assumer cette qualification : étant donné que les questions normatives relèvent de la seule preuve philosophique, il est plus honnête d'en accepter les conséquences, et d'apprendre à pratiquer les disciplines intellectuelles adéquates, plutôt que d'invoquer la science expérimentale en faisant semblant d'avoir oublié que celle-ci ne peut rien prouver en la matière.
Hong Kong a été le premier État à mettre en place (depuis au moins le début des années 60) à cette époque une politique économique inspirée par le laissez-faire. D'autres gouvernements, occidentaux, s'en sont aussi inspirés, mais pas dans la même mesure : pendant les années 1980, le gouvernement de Margaret Thatcher au Royaume-Uni a tenté de réduire l'emprise des monopoles, notamment syndicaux, et de privatiser les décisions. Le président des États-Unis Ronald Reagan invoquait les principes laissez-fairistes pour freiner l'accroissement des dépenses publiques et mettre en cause certains monopoles. Le Ministre des finances Roger Douglas en Nouvelle Zélande et le général Augusto Pinochet au Chili s'en sont également inspirés, avec un égal succès.
Le passage de Reagan et Thatcher au pouvoir a freiné le développement de l'interventionnisme d'état, et l'a fait reculer sur certains points, mais celui-ci continue à se développer.


Citations

Définition du laissez-faire :
Dans l'économie de marché, type d'organisation sociale axé sur le laissez-faire, il y a un domaine à l'intérieur duquel l'individu est libre de choisir entre diverses façons d'agir, sans être entravé par la menace d'être puni. Si toutefois le pouvoir fait plus que de protéger les gens contre les empiétements violents ou frauduleux de la part d'individus asociaux, il réduit le domaine où l'individu a liberté d'agir, au-delà du degré où il est limité par les lois praxéologiques. Ainsi nous pouvons définir la liberté comme l'état de choses où la faculté de choisir de l'individu n'est pas bornée par la violence du pouvoir, au-delà des frontières dans lesquelles la loi praxéologique l'enferme de toute façon. (Ludwig von Mises, L'Action humaine)
Le laissez-faire et l'esclavage :
l'abolition de l'esclavage et du servage ne pouvait être effectuée par le libre jeu du système de marché, parce que les institutions politiques avaient soustrait les domaines nobiliaires et les plantations à la souveraineté du marché. L'esclavage et le servage furent abolis par une action politique, dictée par l'esprit de l'idéologie — si décriée — du laissez-faire, laissez-passer. (Ludwig von Mises, L'Action humaine)
Le laissez-faire et le progrès :
les économistes... réfutèrent la croyance superstitieuse selon laquelle les procédés permettant d'économiser le travail provoqueraient le chômage et réduiraient tout le monde à la pauvreté et au dépérissement. Les économistes du laissez-faire ont été les pionniers des progrès techniques sans précédent au cours des deux siècles qui viennent de s'écouler... L'idéologie du laissez-faire et sa conséquence, la « révolution industrielle », firent sauter les barrières idéologiques et institutionnelles qui bloquaient le progrès vers le bien-être. Elles démolirent un ordre social où un nombre toujours croissant de personnes étaient condamnés à une détresse abjecte et sans issue. (Ludwig von Mises, L'Action humaine)
Le laissez-faire, le libre échange et la paix
Ces libéraux britanniques et leurs amis du Continent eurent assez de pénétration pour comprendre que ce qui peut sauvegarder une paix durable, ce n'est pas seulement le gouvernement du peuple par lui-même, mais le gouvernement du peuple dans le laissez-faire complet. A leurs yeux, le libre-échange, à la fois dans les affaires intérieures et dans les relations internationales, était la condition préalable nécessaire à la préservation de la paix... tandis que le laissez-faire élimine les causes de conflit international, l'ingérence des hommes de l'Etat dans l'économie et le socialisme engendrent des conflits auxquels on ne peut trouver aucune solution pacifique.(Ludwig von Mises, L'Action humaine)
L'ingénieur mathématicien Maurice Allais doit à son ignorance de la philosophie de ne pas comprendre le laissez-faire
« Comment la nouvelle doctrine du libre échangisme mondialiste a-t-elle pu s'imposer alors qu'en réalité elle n'a entraîné que désordres et misères dans le monde entier ? Il y a sans doute à cela trois raisons essentielles : un enseignement erroné dans toutes les universités du monde, une funeste confusion entre libéralisme et laissez-fairisme, la domination des multinationales américaines» [1]
Sur la prétendue opposition entre le libéralisme et le laissez-faire
Alors que le capitalisme pur, le capitalisme de laissez-faire n’a jamais existé nulle part, alors qu’on avait laissé certaines interventions (inutiles) des hommes de l’Etat diluer et saper le système américain originel — bien plus par erreur que par intention théoriquement motivée, ces interventions-là étaient des entraves mineures, et les “économies mixtes” du dix-neuvième siècle étaient essentiellement libres, et c’est cette liberté jamais vue qui a amené un progrès sans précédent pour l’humanité.
Les principes, la théorie, et la pratique effective du capitalisme reposent sur un marché libre c’est-à-dire non réglementé, comme l’histoire des deux derniers siècles l’a amplement démontré. Aucun défenseur du capitalisme ne peut se permettre de méconnaître le sens exact des termes de “laissez-faire” et d’“économie mixte”, qui indiquent clairement les deux éléments opposés qui sont en cause dans cette mixture : l’élément de liberté économique, qui est le capitalisme, et celui de l’intervention des hommes de l’Etat, qui est l’étatisme.
Une campagne insistante se poursuit depuis des années pour nous faire accepter l’idée suivant laquelle tous les Etats seraient les instruments des intérêts économiques de classe, le capitalisme n’étant pas une économie libre, mais un système d’ingérences étatiques au service de quelque classe privilégiée. Le but de cette campagne est de falsifier l’économie politique et de réécrire l’histoire pour oblitérer l’existence et la possibilité d’un pays libre et d’une économie sans intervention de l’Etat. Comme un système de propriété privée nominale gouverné par les interventions de l’Etat n’est pas du capitalisme mais du fascisme, le seul choix que cette oblitération nous laisserait est le choix entre le fascisme et le socialisme (ou le communisme) — ce que tous les étatistes du monde, de toutes les variétés, degrés et dénominations s'efforcent frénétiquement de nous faire avaler -détruire la liberté est leur objectif commun, après quoi ils comptent se battre entre eux pour le pouvoir. (Ayn Rand, "The New Fascism: rule by consensus")











 






 
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