octobre 15, 2014

Guy Millière et le libéralisme, le libertarianisme...

L'Université Libérale, vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.

J’ai, dans un article récent consacré à Ron Paul, parlé de pathologie libertarienne. 
 
Ce terme m’a valu de nombreuses réactions. Certains ont poussé la cuistrerie jusqu’à vouloir me donner des leçons de libéralisme. Cela fait plus de trente ans que je me situe et que je travaille dans la mouvance libérale en France. J’ai une profonde estime pour l’ensemble de ceux qui ont travaillé dans la même mouvance. Je n’ai, pour ce qui me concerne, parmi eux aucun ennemi. J’y compte beaucoup de gens qui sont des amis très chers. Je ne dresserai pas une liste pour être certain de n’oublier personne. Le seul homme politique auprès de qui je me suis impliqué en France s’appelle Alain Madelin, et je le tiens toujours en très haute considération. J’ai traduit ou fait publier en France quelques uns des livres majeurs de la pensée libérale, et je n’ai aucune leçon à recevoir de gens qui étaient à l’école maternelle quand je lisais déjà les œuvres complètes de Friedrich Hayek, de Ludwig von Mises ou de Frédéric Bastiat.
 
Tout en considérant les libertariens comme des gens appartenant à la mouvance libérale, je n’ai, pour autant, jamais pu m’empêcher de discerner dans leur pensée une dimension utopique qui a toujours suscité chez moi des réserves : une utopie est la description d’une société idéale, sans défaut, qui, dans la réalité, n’existe pas et ne peut pas exister. Elle est une construction intellectuelle logique, cohérente, qui peut dès lors exister en soi, dans l’esprit de ses adeptes ou qui, pour les utopies totalitaires, peut être imprimée de force sur un groupe humain, mais elle ne peut prendre consistance. Les sociétés humaines sont plus complexes que les utopies. On ne peut prétendre construire une utopie, qui plus est, dans un monde complexe et dangereux : on doit prendre en compte la complexité et la dangerosité du monde. 
 
Ce qui me mène à parler de mouvance libérale et non d’idéologie, comme cela se fait ici ou là, tient précisément à ce que le libéralisme, à mes yeux, n’est pas une idéologie, c’est à dire un ensemble d’idées censées avoir réponse à tout, et constituant un système clos, mais un ensemble ouvert d’idées, de principes : en tant qu’ensemble ouvert, il ne peut à mes yeux se limiter à une approche économique, et a, indissociablement, fondamentalement, une dimension juridique.
 
Le libéralisme, dès lors, est pour moi l’ensemble des discours défendant le droit des êtres humains et la société fondée sur le droit qui a été définie pour la première fois par John Locke dans Two Treatises on Government. 
 
La société de droit (rule of Law ou règle du droit) repose sur l’idée d’un contrat passé entre ceux qui en deviennent membres, et qui découle du « double contrat défini antécédemment par Grotius dans De republica emendanda et De iure belli ac pacis : le gouvernement est le gardien du droit. Tant qu’il est gardien du droit, il est légitime, lorsqu’il cesse d’être gardien du droit et excède la définition de son rôle, il perd sa légitimité, et devient tyrannique.
 
Dans le cadre du droit, s’insèrent et vivent la liberté d’entreprendre, l’économie de marché, la liberté de passer contrat, la liberté de parole, de pensée, de croyance, de connaissance. Adam Smith était juriste de formation, philosophe de l’éthique et a formulé le contenu de l’ouvrage fondateur qu’est An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations (1776), dix sept ans après avoir publié The Theory of Moral Sentiments (1759).
 
Le droit des êtres humains, dans la philosophie de Locke, s’inscrit dans la tradition du droit naturel, qui va de Thomas d’Aquin à Hugo Grotius, Samuel von Pufendorf, en passant par Gabriel Vázquez de Belmonte. Le principal penseur du droit naturel au vingtième siècle a été Leo Strauss.
 
Une société de droit ne peut rester une société de droit que si elle se donne les moyens de se défendre, et la défense fait partie intégrante du rôle de gardien du droit, car, sans défense, le droit peut se trouver vite écrasé.
 
 
 
Dans un monde où l’économie est planétarisée, et où les menaces le sont aussi (je parlais plus haut de complexité), la défense implique de veiller à la liberté des échanges internationaux, qu’ils soient immatériels ou matériels, et cela concerne dès lors les voies de circulation aériennes et maritimes.
 
Dans un monde où il existe des régimes totalitaires, des fanatiques, des terroristes (je parlais plus haut de dangerosité), la défense implique d’endiguer ces régimes, ces fanatiques et ces terroristes, voire de les mettre hors d’état de nuire s’il est avéré qu’ils s’apprêtent à nuire. La notion de guerre juste est formulée par Thomas d’Aquin, dont l’importance pour la pensée du droit naturel est cruciale, et développée ensuite dans l’école de Salamanque, chez Francisco de Vitoria particulièrement (cf. De Jure belli Hispanorum in barbaros).
 
Prétendre se situer dans le cadre du libéralisme classique, en en excluant la défense, les implications de l’économie planétarisée, l’existence du totalitarisme, du fanatisme, du terrorisme, est recourir au mensonge ou faire preuve de méconnaissance grave. C’est procéder à un glissement vers l’utopie libertarienne. Cela doit être dit et assumé par ceux qui procèdent à ce glissement.
 
 
 
Parce qu’il est fondamentalement utopique, le libertarianisme est condamné à rester marginal. 
 
Le conservatisme, au sens anglais et américain du terme, est le complément logique du libéralisme classique. Il part de l’idée que le droit, une fois découvert, doit être respecté (cette idée est au cœur de la théorie du grand contrat exposée par Edmund Burke dans Reflections on the Revolution in France). Il ajoute l’idée qu’il existe des valeurs transcendantes qui reposent sur le droit naturel des êtres humains, et ancrent en lui la pérennité de cette transcendance. Le bien et le mal peuvent être définis depuis et par le droit naturel, et le conservatisme au sens anglais et américain du terme parle, fondamentalement, du bien et du mal, et définit des règles éthiques sur cette base. 
 
Le courant néo-conservateur, si souvent caricaturé par des gens qui n’ont, visiblement, aucune connaissance sur le sujet, se situe dans la continuité du conservatisme au sens anglais et américain du terme. 
 
Il énonce (voir les écrits d’Irving Kristol, particulièrement Neoconservatism: The Autobiography of an Idea, de Norman Podhoretz – The present and future danger- et de Michael Novak – Universal Hunger for Liberty- sur le sujet) que les règles éthiques définies par le conservatisme doivent servir de base à la politique intérieure d’un gouvernement et à sa politique étrangère, ce qui peut impliquer des guerres justes. Une guerre juste peut impliquer un changement de régime. Selon la philosophie du droit naturel, un régime totalitaire, ou un régime autoritaire, n’a aucune légitimité.
 
Reproduction autorisée, et même vivement encouragée, avec la mention suivante et impérativement le lien html ci dessous : 

© Guy Millière pour www.Dreuz.info
 
 

12 commentaires:

Paul Lutique a dit…

Pourquoi diffuser le contenu d'un prêtre néoconservateur bushiste et sioniste qui justifie l'injustifiable ?
Mais bon, je l'admets j'suis un libertarien utopique qui ignore qu'il existe des dictatures dans le monde, qui comprend pas comment l'interventionnisme guerrier des USA ( en dehors de l'aspect éthique) a été si efficace pour instaurer la sainte démocraSSie.
Laisser des gens comme ça rester affilié au libéralisme et le critiquer en mode bisounours " chacun ses idées le libéralisme est ouvert à divers interprétation " je vous le dis clairement, c'est se tirer une balle dans le pied, mais bon Mosieur a lu Hayek Mises et Bastiat, il ne peut pas être notre ennemi hein, pis déjà qu'on est pas beaucoup, autant l'accepter. Beaucoup d'antifas ont lu Marx et Proudhon aussi, mais comme disait Reagan ( bah ouais faut d'adapter, je cite un conservateur ça doit faire plaisir), ils ne les ont pas comprit.

Stéphane Geyres a dit…

Beurk.
Droit de Reponse a Guy Milliere
Il y a quelques jours, dans le Cercle des Libéraux, sévissait Guy Millière (GM) qui ne trouvait rien de mieux à faire que se ridiculiser à propos des libertariens.
Je réponds juste après à cet article court où une fois de plus un libéral incohérent crache sur des idées qui sont pourtant celles-là mêmes qu’il prétend porter, mais dont tout laisse à penser qu’il ne les maîtrise pas, ou plus.

Plus ancien, et resté sans réponse de ma part jusqu’ici, est cet autre article de GM : « La Pensée Libérale de Guy Millière», qui délire selon la même veine. Devant sa mauvaise foi désormais réitérée – car dans le cas du traducteur d’Hayek, je ne saurais supposer ni la bêtise ni l’ignorance – je vais également y répondre un peu plus bas. Bonne lecture.

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Stéphane Geyres a dit…

Dans l’article le plus récent, le Cercle interrogeait GM sur le mariage « pour tous » ainsi : « Après le vote sur le projet de loi sur le mariage des personnes de meme sexe, serions-nous entrain de vivre un libéralisme sociétal? » (fautes d’origine)

Et GM de répondre : « Je ne vois strictement pas ce que le libéralisme pourrait venir faire là dedans. Ou plus exactement, je vois ce que les idées libertariennes peuvent venir faire là dedans, mais pas les idées libérales. »
Pardon ? Agression caractérisée et gratuite si je ne me trompe. Non seulement il ne répond pas à la question, mais il en profite pour piétiner des idées qui, on va le voir, sont hors de cause et lui auraient permis de répondre.

Je rappelle que les idées libertariennes sont très simples et « pures ». Deux manières de les caractériser : le principe de non-agression universel et le principe de l’absolue égalité de tous devant le droit naturel – ses deux principes se dérivant l’un de l’autre. Et voilà ! C’est tout ! Qu’on m’explique en quoi on pourrait faire plus libéral – sans faire libertaire, bien sûr.

Sachez Monsieur Millière que votre agression cache une forfaiture, une tartufferie, car il n’y a pas d’autre libéralisme que celui des libertariens. Se revendiquer de Hayek comme vous le faites pour ensuite tordre sa pensée ne fait pas vraiment de vous son porte-parole, mais plutôt son porte-malheur. (Nous l’allons montrer tout à l’heure.)

L’auteur continue et tente de donner de la substance à sa pique : « Les libertariens posent comme principe directeur la liberté de l’individu et sa souveraineté sur lui-même. Ils en font dériver la liberté de passer contrat. Le mariage étant un contrat, il leur est possible de concevoir le mariage homosexuel comme un contrat passé librement entre deux individus : cela dit, les libertariens étant hostiles à l’Etat, l’idée d’un contrat entériné par l’Etat serait contraire à la conception libertarienne du monde. » En effet, je ne peux que confirmer. Bravo. Voyons où serait alors le problème.

« Pour des libéraux au sens hayekien du terme, il importe de prendre en compte des dimensions plus vastes et plus profondes. » Oh vraiment ? Et profondes en quoi donc s’il vous plait ? Je rappelle que le seul, j’insiste, le seul principe fondant la Liberté, c’est celui du respect du droit naturel. Henri Lepage l’a superbement résumé par sa définition de celle-ci : « La Liberté, c’est faire ce qu’on veut avec ce qu’on a ». Définition qui – outre la volonté et donc le libre-arbitre – repose sur la seule propriété individuelle, donc le droit naturel. Et vous voudriez qu’il y ait des « dimensions plus profondes » ? Que nenni.

Stéphane Geyres a dit…

Ce que vous ne semblez pas voir, c’est que toute autre « dimension » est hors de la définition justement pour lui permettre de contribuer à la Liberté. Intégrer toute autre « profondeur » serait en réalité une source de réduction de la Liberté.

Vous tentez de nous expliquer ces dimensions profondes. Sans surprise, il s’agit de la morale, concept qui en effet dépasse l’individu : « Dans « La présomption fatale », Hayek parle du fait que « la morale a été déterminée par des processus qui ne nous sont pas compréhensibles » et «l’illusion rationaliste selon laquelle l’homme, en faisant usage de son intelligence », pourrait inventer une morale. »

Ainsi donc, la morale aurait été oubliée, ou mal comprise par les libertariens qui, myopes, ne jurent que par le droit. C’est là la preuve de votre incompréhension, je le crains. Je répète l’idée précédente : si la morale est volontairement hors du champs de la définition de la Liberté, c’est justement pour que chacun puisse se positionner à sa guise envers la morale.

Mais il ne s’agit pas de dire que la morale n’existe pas. Il ne s’agit pas de la remplacer par le droit. Ni de la rationaliser, comme vous voulez nous en accuser. Rien de cela n’est vrai. Les libertariens disent simplement : chacun a le droit – et donc aussi la responsabilité – de se comporter librement face à la morale. Mais bien évidemment, tout déviant devra assumer ses actes.

Où est le problème s’il vous plait ?

GM rappelle alors la thèse de Hayek : « Le mariage, la famille hétérosexuelle, l’éducation des enfants dans le cadre de la famille hétérosexuelle font partie de normes morales déterminées par des processus qui ne nous sont sans doute pas compréhensibles, mais qui ont assuré l’existence de la civilisation dans laquelle nous vivons. » Fort bien. Parfait.

Vous parlez fort bien de la morale, cher Guy, mais elle ne nous est pas étrangère. En Libertalie, chacun a le droit de vivre comme il l’entend, pourvu qu’il respecte le droit. Mais en complément, Hoppe, grand auteur libertarien, vous dirait que le respect du droit ne supposant pas celui de la morale, il faudrait en plus que le citoyen affronte celle-ci. Donc le boycott et tous les autres mécanismes sociaux de discrimination. Et que probablement cela suffit à conduire les déviants à se retrouver entre eux. Et grand bien leur fasse. Soyons fiers de savoir à la fois libérer et discriminer.

GM croit pouvoir conclure par : « Prétendre s’affranchir de ces normes morales et institutionnaliser cet affranchissement relève de l’ « illusion rationaliste » et constitue un glissement délétère vers la « présomption fatale » dénoncée par Hayek. »
Rien du tout. Personne ne s’affranchit de rien et personne ne glisse vers quoi que ce soit. A part vous vers la mauvaise foi.

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Stéphane Geyres a dit…

Passons au premier article, resté sans réponse. L’article étant assez long, je me limiterai aux quelques passages qui nous intéressent ici.

GM commence par se poser en expert infaillible du libéralisme. Hélas, trois fois hélas… : « Certains ont poussé la cuistrerie jusqu’à vouloir me donner des leçons de libéralisme. » En effet, c’est ce que je fais à cet instant. Et donc ? Il n’y a qu’une seule chose qui compte : Avez-vous raison, oui ou non ? Et la réponse est : non. Le reste importe peu…

« Cela fait plus de trente ans que je me situe et que je travaille dans la mouvance libérale en France. […] J’ai traduit ou fait publier en France quelques uns des livres majeurs de la pensée libérale, et je n’ai aucune leçon à recevoir de gens qui étaient à l’école maternelle quand je lisais déjà les œuvres complètes de Friedrich Hayek, de Ludwig von Mises ou de Frédéric Bastiat. » - Il semblerait que ce soit l’inverse qui soit vrai. Il n’est jamais trop tard pour évoluer dans son analyse. L’ego en politique n’a jamais servi positivement la cause de la Liberté.

« Tout en considérant les libertariens comme des gens appartenant à la mouvance libérale » - Merci, c’est trop.

« je n’ai, pour autant, jamais pu m’empêcher de discerner dans leur pensée une dimension utopique qui a toujours suscité chez moi des réserves : une utopie est la description d’une société idéale, sans défaut, qui, dans la réalité, n’existe pas et ne peut pas exister. » - Il y a pas moins de quatre erreurs dans cette vision « utopique » de la société libre et privée (SLP) que décrivent et souhaitent les libertariens :

Utopie : La véritable utopie, c’est de croire qu’il est possible de concevoir une société libre grâce à un état. C’est une auto-contradiction puisque par construction, les membres de l’état sont « plus libres » que les autres.
Sans défaut : Qui a dit que la SLP (ou Libertalie) était sans défaut ? L’homme connaît des défauts et donc toute société est acculée à les subir. Et le rôle de toute société est précisément d’en prendre acte pour les gérer au mieux. La Libertalie est par contre la société qui minimise les violations de la Liberté, c’est très différent.
N’existe pas : Le droit naturel est partout. L’ordre spontané est partout. L’économie est partout. Et partout nous vivons tous au quotidien en partie selon la Libertalie, sans nous en rendre compte. Mais en effet, jamais complètement. De là à dire que nous sommes dans la totale irréalité…
Ne peut exister : J’aimerais bien que GM me démontre cette affirmation gratuite et à l’emporte-pièce. Avant d’être construite, la Tour Eiffel elle aussi ne pouvait exister.

Stéphane Geyres a dit…

« Elle est une construction intellectuelle logique, cohérente, qui peut dès lors exister en soi, dans l’esprit de ses adeptes ou qui, pour les utopies totalitaires, peut être imprimée de force sur un groupe humain, mais elle ne peut prendre consistance. » - Je renouvelle ma demande : J’aimerais bien que GM me démontre cette affirmation gratuite et à l’emporte-pièce. J’aime beaucoup le « c’est cohérent donc ça ne peut exister. »

« Les sociétés humaines sont plus complexes que les utopies. On ne peut prétendre construire une utopie, qui plus est, dans un monde complexe et dangereux : on doit prendre en compte la complexité et la dangerosité du monde. » - Guy Millière montre ici les limites de sa pensée politique en commettant une cascade d’erreurs :

Les sociétés humaines sont certes complexes, c’est là l’expression même de la Liberté. Mais cela n’implique pas que les mécanismes pour les faire fonctionner doivent eux aussi être complexes. C’est même là une erreur profonde qui est à la base de la justification des pires dictatures. On le voit avec nos 69 codes dont le nombre de pages va sans cesse à la hausse. La question n’est donc pas celle de la complexité dans l’absolu, mais celle des mécanismes minima permettant de faire fonctionner la société, ce qui est très différent. Et la thèse libérale, c’est que le respect strict du droit naturel suffit. J’attends la démonstration du contraire.
On ne construit pas une utopie et il n’a jamais été le projet libertarien que de construire la Libertalie stricto sensus. En bons libéraux, notre projet politique passe par l’ordre spontané. Il s’agit que la société libre soit comprise et demandée par le peuple. A ce moment là, elle se mettra en place peu à peu et par le bas. Pas par le haut. C’est la stratégie de Ron Paul, celle du Mouvement des Libertariens et de la plupart des mouvements dans le monde.
La prise en compte de la dangerosité du monde est un des phantasmes de GM, islamophobe bien connu. Mais Ron Paul – qu’il déteste – nous montre pourtant la voie : pacifisme résistant et expliqué. La menace islamique, tout comme la menace socialiste, ne disparaîtra que face à notre exemplarité et à notre pédagogie libérale. Il faut donner envie de Liberté aux peuples, par le commerce, par la rigueur, par l’explication et par la paix.


Stéphane Geyres a dit…

« Ce qui me mène à parler de mouvance libérale et non d’idéologie, comme cela se fait ici ou là, tient précisément à ce que le libéralisme, à mes yeux, n’est pas une idéologie, c’est à dire un ensemble d’idées censées avoir réponse à tout, et constituant un système clos, mais un ensemble ouvert d’idées, de principes » - Qui a dit le contraire ? Voir ma définition tout au début, je voudrais qu’on m’explique comment on peut faire plus simple et plus ouvert.

« en tant qu’ensemble ouvert, il ne peut à mes yeux se limiter à une approche économique, et a, indissociablement, fondamentalement, une dimension juridique. » - Encore une pique pour les libertariens, mais qui fait plouf. GM croit que parce que Rothbard était économiste, l’idée libertarienne ne serait qu’économique. Mais je l’invite à lire Ethique de la Liberté pour le convaincre du contraire. Et je rappelle ma définition du libéralisme, qui n’a rien d’économique.

« Le libéralisme, dès lors, est pour moi l’ensemble des discours défendant le droit des êtres humains et la société fondée sur le droit qui a été définie pour la première fois par John Locke dans Two Treatises on Government. » - J’ai plaisir à voir qu’il dit la même chose que moi. Il est dommage qu’il ne sache en tirer toutes les conséquences.

« le gouvernement est le gardien du droit. Tant qu’il est gardien du droit, il est légitime, lorsqu’il cesse d’être gardien du droit et excède la définition de son rôle, il perd sa légitimité, et devient tyrannique. » - Non, Monsieur Millière, non.

Vous commettez ici l’erreur de tous les libéraux notamment minarchistes, confondre fonction régalienne et opérateur desdites fonctions. S’il faut un mécanisme de préservation et d’application du droit, les police et justice, il n’est en aucune façon obligatoire ni inéluctable qu’un gouvernement soit la seule manière de fournir ce service. Tant que vous n’aurez pas saisi cette nuance, vous ne pourrez pas pleinement comprendre la Liberté, ni les libertariens.

« Une société de droit ne peut rester une société de droit que si elle se donne les moyens de se défendre, et la défense fait partie intégrante du rôle de gardien du droit, car, sans défense, le droit peut se trouver vite écrasé. » - Qui a dit le contraire ?

Stéphane Geyres a dit…

« Dans un monde où il existe des régimes totalitaires, des fanatiques, des terroristes (je parlais plus haut de dangerosité), la défense implique d’endiguer ces régimes, ces fanatiques et ces terroristes, voire de les mettre hors d’état de nuire s’il est avéré qu’ils s’apprêtent à nuire. » - Non, Monsieur Millière, non.

Votre phrase porte en elle-même la contradiction qui permet d’éclairer votre erreur : « la défense implique d’endiguer ». Si on parle de défense, on parle d’un rôle réactif ou tout au plus préventif, mais pas d’un rôle agressif. Je rappelle que le libéralisme – voir plus haut – repose sur le principe de non-agression. Un libéral se défend, certes, mais n’agresse pas. Or vous nous parler « d’endiguer », de « mettre hors d’état de nuire » ? Il s’agit bien là d’agression si je ne m’abuse. Pire, vous suggérez cela avant toute légitime défense et sur la simple présomption, indémontrable, « qu’ils s’apprêtent à nuire » !? Et vous vous étonnez qu’ils continuent à nous haïr ?

« La notion de guerre juste est formulée par Thomas d’Aquin, dont l’importance pour la pensée du droit naturel est cruciale, et développée ensuite dans l’école de Salamanque, chez Francisco de Vitoria particulièrement (cf. De Jure belli Hispanorum in barbaros). » - Même erreur, Monsieur. Que je sache, ces auteurs étaient favorable à une guerre juste dans le seul cas d’une défense réactive, mais jamais selon le principe horrible de guerre préventive que vous mettez en avant. Grosse différence.

« Prétendre se situer dans le cadre du libéralisme classique, en en excluant la défense, les implications de l’économie planétarisée, l’existence du totalitarisme, du fanatisme, du terrorisme, est recourir au mensonge ou faire preuve de méconnaissance grave. » - Je crains que toute ma réponse soit de nature à montrer que le mensonge ou la méconnaissance sont plutôt de votre côté.


« Parce qu’il est fondamentalement utopique, le libertarianisme est condamné à rester marginal. » - Permettez-moi de sourire. Quand bien même cela serait vrai, je n’y vois guère dans ce cas de raison pour vous inquiéter et vous échauffer de la sorte. Vous devriez rester très serein. Sauf bien sûr si, au fond de vous-même, comme je le pense, vous savez bien que c’est au contraire le libertarianisme qui est l’avenir de l’humanité – et que vous courrez pour monter dans le dernier wagon…

Stéphane Geyres a dit…

http://liberteparprincipe.blogspot.fr/2013/12/droit-de-reponse-guy-milliere.html

Antoinette Jore a dit…

Et l'état fut !

Thierry Falissard a dit…

Quand les conservateurs se déguisent en libéraux... "une utopie est la description d’une société idéale, sans défaut, qui, dans la réalité, n’existe pas et ne peut pas exister" : ce n'est pas ma définition. Une utopie c'est davantage la description d'une société "meilleure".

François Guillaumat a dit…

Ce texte ne traduit aucune compréhension de ce que Rothbard et Hoppe ont apporté à la philosophie politique, et pas davantage du rôle précis que celle-ci peut et doit jouer et à propos de quoi Rothbard, justement, s'est trompé sur un point essentiel : de sorte que ce qu'il y a à reprocher à Ron Paul -- l'erreur de catégorie de la politique étrangère a priori, avec l'incompétence radicale en la matière qui s'ensuit -- lui a complètement échappé.

C'est un discours "anti-esstrémiss" comme on en a tant entendu, qui reproche son abstraction à une pensée qui ne peut qu'être abstraite, sans comprendre son rapport avec la réalité : c'est--à-dire de fait un discours anti-conceptuel.

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