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février 16, 2025

Vers une société sans État

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Ouvrage de David Friedman (1971), traduit en français sous le titre Vers une société sans Etat (1992), son titre original est The Machinery of Freedom.
 
 



 
 
Ce livre milite pour une privatisation de toutes les fonctions gouvernementales, à l'aide de nombreux exemples, et explore ainsi les conséquences de la pensée libertarienne, telles que l'histoire de l'Islande, et explique les raisons personnelles de l'auteur visant à défendre la pensée libertarienne. Friedman reconnaît que ce livre lui a été inspiré par le roman Révolte sur la Lune d'Heinlein, qui décrit une société où toutes les fonctions gouvernementales sont privées.
Des chapitres portent sur la privatisation de la loi et de la police, et sur la fourniture de biens publics (tels que la défense nationale ou les routes) en société libertarienne. L'approche de Friedman est typiquement anarcho-capitaliste.
 
Alors que la plupart des libertariens adoptent un point de vue déontologique en termes de droit naturel, Friedman est utilitariste et s'attache à montrer les conséquences bénéfiques de l'anarcho-capitalisme pour tout le monde, y compris les pauvres. Sa vision du passage à une société anarcho-capitaliste est pragmatique et graduelle : par exemple, il préconise les bons scolaires (education vouchers) comme un prélude à la privatisation du système éducatif, et la décentralisation de la police comme une étape vers une défense totalement privée.
Des chapitres sont accessibles en lecture sur le site de David Friedman.
 
 

 
 
La loi de Friedman
Dans cet ouvrage, Friedman énonce une loi selon laquelle tout ce que fait le gouvernement coûte au moins deux fois plus cher que ce que coûterait l'équivalent dans le privé. Il illustre cette loi par plusieurs exemples, tels que le service des Postes. Voir aussi loi de Savas.
Extrait : Police, justice et lois fournis par le marché
(traduction Dilbert à partir de Police, Courts, and Laws - on the market - copyright 1973 et 1978 David Friedman, 1989 Open Court Publishing Company)
Comment, sans gouvernement, pourrions-nous régler les conflits actuellement réglés dans les tribunaux ? Comment pourrions-nous alors nous protéger contre les criminels ?
 
Considérons d'abord le cas le plus facile, la résolution des conflits impliquant des contrats entre des sociétés bien établies. Une grande partie de tels litiges est maintenant réglée, non pas par des tribunaux d'État mais par l'arbitrage privé (comme décrit au chapitre 18). Quand elles élaborent un contrat, les sociétés indiquent la procédure d'arbitrage pour n'importe quel conflit pouvant surgir. Ainsi elles évitent les dépenses et les délais de la justice.
 
L'arbitre n'a aucune force de police. Sa fonction est de rendre des décisions, pas de les faire respecter. Actuellement, les décisions arbitrées sont habituellement exécutoires, mais c'est un développement récent ; historiquement, l'exécution venait du désir d'une entreprise de maintenir sa réputation. Si on refuse le jugement d'un arbitre, il est difficile de persuader quelqu'un de signer un contrat qui indique un arbitrage ; personne ne veut jouer au jeu de « pile tu gagnes, face je perds ».
 
Les arrangements d'arbitrage sont déjà répandus. Tant que les tribunaux continueront à se détériorer, l'arbitrage continuera à se développer. Mais il prévoit seulement la résolution de conflits sur des contrats préexistants. L'arbitrage par lui-même ne fournit aucune solution pour la personne dont la voiture est détériorée par un conducteur négligent, encore moins pour la victime d'un vol ; dans les deux cas, le plaignant et le défendeur (defendant), ayant des intérêts différents et aucun accord préalable, sont peu susceptibles de trouver un arbitre qui leur convienne mutuellement. En effet, le défendeur n'a aucune raison d'accepter un arbitrage quel qu'il soit ; il a tout à y perdre - ce qui nous amène au problème d'empêcher la coercition.
 
La protection contre la coercition est un bien économique. Elle est actuellement vendue dans une variété de formes - gardiennage, serrures, alarmes. Pendant que l'efficacité de la police étatique diminue, le marché fournit des produits de remplacement pour la police, comme pour les tribunaux.
Supposez qu'un jour il n'y ait plus aucune police étatique, mais des agences privées de protection. Ces agences vendent un service qui consiste à protéger leurs clients contre le crime. Peut-être vont-elles jusqu'à offrir une garantie de résultats en assurant leurs clients contre des pertes résultant d'actes criminels ?
Comment de telles agences de protection pourraient-elles vous protéger ? Ce serait sur la base d'une décision économique, selon les coûts et l'efficacité des différentes solutions possibles. À une extrémité, elles pourraient se limiter à la défense passive, installant des serrures et des alarmes sophistiquées. Ou bien elles ne prendraient aucune mesure préventive mais feraient de grands efforts pour retrouver les criminels coupables de délits contre leurs clients. Elles pourraient maintenir des patrouilles ou les voitures en faction, comme la police étatique actuelle, ou elles pourraient se reposer sur des substituts électroniques. De toute façon, elles vendraient un service à leurs clients et auraient une incitation véritable à fournir une qualité de service aussi élevée que possible, au coût le plus bas. Il est raisonnable de supposer que la qualité de service serait plus élevée et le coût plus bas qu'avec le système étatique actuel.
Inévitablement, des conflits surgiraient entre les agences de protection. Comment pourraient-ils être résolus ?
 
Je reviens chez moi un soir et je m'aperçois que mon téléviseur a disparu. J'appelle immédiatement mon agence de protection, Tannahelp Inc., pour signaler le vol. Elle envoie un agent qui vérifie la caméra automatique que Tannahelp, en tant qu'élément de son service, a installée dans mon séjour et découvre la photo de Joe Bock passant la porte avec mon téléviseur. L'agent de Tannahelp contacte Joe, l'informe que Tannahelp a des raisons de le croire en possession de mon téléviseur, et suggère qu'il le rende, avec dix dollars supplémentaires pour le temps et l'effort que Tannahelp a consacrés à le localiser. Joe répond qu'il n'a jamais vu mon téléviseur de sa vie et dit à l'agent de Tannahelp d'aller au diable.
L'agent lui indique que jusqu'à ce que Tannahelp soit convaincu qu'il y a eu une erreur, il doit procéder sur la présomption que le téléviseur est ma propriété. Six employés de Tannahelp viendront donc chez Joe demain matin pour récupérer l'objet. Joe répond qu'il a également une agence de protection, Dawn Defense, et que son contrat leur impose de le protéger si six crétins essayent de pénétrer par effraction dans sa maison et de voler son téléviseur.
 
À ce stade, il semblerait que nous sommes partis pour une aimable petite guerre entre Tannahelp et Dawn Defense. C'est précisément une telle possibilité qui a conduit quelques libertariens non anarchistes, notamment Ayn Rand, à rejeter la possibilité d'agences de protection en concurrence sur un marché libre.
Mais les guerres sont très chères, et Tannahelp et Dawn Defense sont deux sociétés à la recherche de profits, davantage intéressées à économiser de l'argent qu'à jouer les bravaches. Je pense que la suite de l'histoire sera moins violente que ce que Rand a pu supposer.
 
L'agent de Tannahelp appelle son correspondant chez Dawn Defense. « Nous avons un problème. … » ; après avoir expliqué la situation, il précise que si Tannahelp envoie six hommes et Dawn Defense huit, il y aura combat. Quelqu'un pourrait même être blessé. Quel que soit le gagnant, au bout du compte le conflit coûtera cher des deux côtés, qui pourraient même devoir augmenter les salaires de leurs employés pour compenser le risque. Alors, les deux sociétés seront forcées d'augmenter leurs prix. S'ils le font, Murbard Ltd, une nouvelle société commercialement agressive qui essaie de s'établir dans le secteur, baissera ses tarifs et leur volera de la clientèle. Il doit y avoir une meilleure solution.
 
L'homme de Tannahelp présente l'arbitrage comme la meilleure solution possible. Ils porteront le conflit au sujet de mon téléviseur à une société locale d'arbitrage honorablement connue. Si l'arbitre décide que Joe est innocent, Tannahelp accepte de payer à Joe et à Dawn Defense une indemnité pour compenser le dérangement. S'il est estimé coupable, Dawn Defense acceptera le verdict ; puisque le téléviseur n'est pas à Joe, ils n'ont aucune obligation de le protéger quand les hommes de Tannahelp viendront pour le reprendre.
 
Ce que j'ai décrit ici était un arrangement très improvisé. Dans la pratique, une fois que les établissements anarcho-capitalistes seront bien établis, les agences de protection prévoiront de telles difficultés et arrangeront des contrats à l'avance, avant que les conflits spécifiques se soient produits, en indiquant l'arbitre qui les règlera.
Dans une telle société anarchiste, qui ferait les lois ? Sur quelle base l'arbitre privé déciderait-il quels actes sont criminels et comment ils devraient être punis ? La réponse est que des systèmes juridiques seraient produits dans le commerce sur le marché libre, exactement comme des livres et des soutiens-gorge sont produits aujourd'hui. Il pourrait y avoir concurrence parmi différentes marques juridiques, juste comme il y a concurrence entre différentes marques de voitures.





Dans une telle société il pourrait y avoir beaucoup de tribunaux et même beaucoup de systèmes légaux. Chaque paire d'agences de protection convient à l'avance quel tribunal elle invoquera en cas de conflit. Ainsi, les lois en vertu desquelles sera traité un cas particulier seront déterminées implicitement par l'accord anticipé entre les agences de protection des clients concernés. En principe, il pourrait y avoir un tribunal différent et un système de lois différent pour chaque paire d'agences de protection. Dans la pratique, beaucoup d'agences trouveront probablement commode de traiter avec les mêmes tribunaux, et beaucoup de tribunaux pourraient trouver commode d'adopter des législations identiques ou presque identiques, afin de simplifier les affaires avec leurs clients.
Avant de qualifier d'injuste ou de chaotique une société dans laquelle différentes personnes sont régies par différentes lois, rappelez-vous que dans notre société la loi en vertu de laquelle vous êtes jugés dépend du pays, de l'État, et même de la ville dans laquelle vous vous trouvez. Dans le cadre des arrangements que je décris, elle dépend de votre agence de protection et de l'agence de la personne que vous accusez ou qui vous accuse.
 
Dans une société anarcho-capitaliste, la loi est un produit du marché. Un tribunal vit de la facturation des services d'arbitrage qu'il rend. Son succès dépendra de la réputation qu'il obtiendra du point de vue de l'honnêteté, de la fiabilité, de la promptitude et de l'attrait auprès des clients potentiels de l'ensemble des lois qu'il applique. Les clients immédiats sont les agences de protection. Mais une agence de protection elle-même vend un produit à ses clients. Dans ce produit entrera le ou les systèmes juridiques des tribunaux dont elle est cliente, et sous lesquels ses clients seront par conséquent jugés. Chaque agence de protection essayera d'entrer en affaires avec les tribunaux dont le système juridique plaira le plus à ses clients.
 
Considérez, par exemple, la question de la peine capitale. Certains pourraient estimer que le risque d'être eux-mêmes condamnés, à tort ou à raison, et exécutés pour un crime, serait supérieur à tous les avantages de la peine capitale. Ils préféreraient, dans la mesure du possible, faire affaire avec des agences de protection elles-mêmes en affaire avec des tribunaux n'appliquant pas la peine capitale. D'autres citoyens pourraient estimer qu'ils seraient mieux protégés de meurtriers potentiels si on savait que leur assassin potentiel finirait sur la chaise électrique. Ils pourraient considérer cette sécurité comme plus importante que le risque de finir eux-mêmes sur la chaise électrique ou d'être responsables de la mort d'un innocent accusé de meurtre. Ils feraient affaire, si possible, avec des agences liées à des tribunaux appliquant la peine capitale.
 
Si une position ou l'autre est prédominante, il est payant pour toutes les agences de protection d'utiliser les tribunaux de l'une ou de l'autre sorte. Si certaines personnes pensent dans un sens et d'autres dans un autre sens, et si leurs convictions sont assez fortes pour affecter leur choix d'une agence de protection, il est payant pour quelques agences de garantir, autant que possible, de n'utiliser que des tribunaux qui n'adoptent pas la peine capitale. Elles peuvent alors attirer des clients qui sont contre la peine capitale. D'autres agences feront le raisonnement inverse.
 
Les conflits entre deux agences anti-peine capitale, naturellement, iront devant une cour anti-peine capitale ; les conflits entre deux agences en faveur de la peine capitale iront devant une cour en faveur de la peine capitale. 
Que se produirait-il lors d'un conflit entre une agence anti-peine capitale et une agence en faveur de la peine capitale ? 
Évidemment il est impossible que si je vous tue le cas aille devant un tribunal, mais que si vous êtes tué par moi il aille devant un autre. Nous ne pouvons pas tous les deux obtenir exactement la loi qui nous arrange.
 
Nos préférences se reflètent dans les prétentions de nos agences respectives. Si les adversaires de la peine capitale sont plus déterminés que les partisans, les agences seront d'accord pour n'appliquer aucune peine capitale ; les agences qui veulent la peine capitale obtiendront autre chose en contrepartie. Peut-être conviendra-t-on qu'elles ne payeront pas les coûts du procès ou qu'on ira dans leur sens sur un autre point contesté.
 
On peut imaginer un processus de négociation idéalisé, pour ce conflit et pour tout autre. Deux agences négocient le fait de reconnaître un tribunal pro- ou anti-peine capitale. L'agence favorable calcule qu'adhérer à un tribunal en faveur de la peine capitale lui apporte un chiffre d'affaires de 20 000 dollars par an ; c'est la somme additionnelle qu'elle peut obtenir en échange de ses services s'ils incluent une garantie de peine capitale en cas de conflits avec l'autre agence. De la même façon, l'agence anti-peine capitale calcule un chiffre correspondant de 40 000 dollars. Elle offre à l'agence pro peine de mort 30 000 dollars par an en échange de l'acceptation d'un tribunal anti-peine capitale. L'agence pro accepte. Maintenant, l'agence anti-peine capitale peut relever ses tarifs suffisamment pour engranger 35 000 dollars supplémentaires. Ses clients sont satisfaits, puisque la garantie de n'avoir pas de peine capitale vaut plus que cela. L'agence est satisfaite, elle obtient 5000 dollars de bénéfice supplémentaire par année. L'agence pro peine capitale baisse ses tarifs d'un montant qui représente 25 000 dollars par an. Ceci lui permet de garder ses clients et d'obtenir même davantage, puisque l'économie est plus que suffisante pour compenser le fait qu'ils ne puissent obtenir le tribunal de leur choix. Elle gagne donc aussi 5000 dollars par an sur cette transaction. Comme dans tout bon commerce, chacun y gagne.
Si vous trouvez cela un peu confus, cela peut valoir la peine d'y revenir à nouveau ; le principe de base d'une telle négociation deviendra important plus loin quand je discuterai quelle sorte de loi une société anarcho-capitaliste est susceptible d'avoir.
 
S'il advient que les clients des deux agences sont aussi acharnés les uns que les autres, peut-être deux tribunaux seront choisis, un de chaque sorte, et les procès assignés aléatoirement entre eux. De toute façon, la préférence juridique du client, son avis quant au type de loi auquel il entend se soumettre, aura été un facteur important pour déterminer le type de loi qui le régit. Cela ne peut complètement contribuer à le déterminer, puisque accusé et accusateur doivent avoir la même loi.
 
Dans le cas de la peine capitale, les deux positions sont directement opposées. Une autre possibilité est que certains clients veuillent des lois spécifiques, adaptées à des circonstances spéciales. Les habitants de zones désertiques pourraient vouloir un système juridique qui définit très précisément des droits de propriété pour l'eau. Ceux qui vivent ailleurs trouveraient un tel traitement de la question au mieux superflu. Au pire, ce pourrait être une source de procès ennuyeux. Ainsi, les personnes vivant dans le désert pourraient adhérer à une agence de protection qui aurait comme politique d'aller toujours devant un tribunal pourvu d'une loi sur l'eau bien développée. D'autres agences agréeraient l'utilisation de ce tribunal dans les conflits avec cette agence, mais emploieraient d'autres tribunaux entre elles.
 
Les différences entre les tribunaux seraient probablement plus subtiles. Les gens constateraient que les décisions d'un tribunal sont plus promptes ou plus prévisibles que celles des autres, ou que les clients d'une agence de protection sont mieux protégés que ceux des autres. Les agences de protection, essayant d'établir leur propre réputation, rechercheraient les « meilleurs » tribunaux.
 
Plusieurs objections peuvent être formulées contre un tel marché libre de la justice. La première est que les tribunaux rendraient la justice en étant favorable à celui qui paie le plus. Ce serait suicidaire car sans une réputation d'honnêteté, ils n'auraient aucun client - à la différence de nos tribunaux actuels.
Une autre objection est que c'est aux tribunaux et à la législation de découvrir les lois, pas de les créer ; il ne peut pas y avoir en concurrence deux lois de la pesanteur, aussi pourquoi devrait-il y avoir en concurrence deux lois sur la propriété ? Mais il peut y avoir deux théories en concurrence au sujet de la loi de la pesanteur ou de la définition des droits de propriété. La découverte est une activité aussi productive que la création. S'il est évident de déterminer une législation correcte, ou quelles règles sociales découlent de la nature de l'homme, alors tous les tribunaux s'entendront, de même que tous les architectes s'accordent quant aux lois de la physique. Si ce n'est pas évident, le marché engendrera la recherche destinée à découvrir des législations correctes.
 

 
 
Une autre objection est que dans une société avec beaucoup de systèmes juridiques on ne s'y retrouverait plus. Si cela se révèle être un problème sérieux, les tribunaux auront une incitation économique à adopter une législation uniforme, exactement comme les papeteries ont une incitation à produire du papier aux tailles normalisées. Une nouvelle législation sera présentée seulement quand l'innovateur croira que ses avantages sont supérieurs à ceux de l'uniformité.
 
L'objection la plus sérieuse à la législation de libre marché est que le plaignant et le défendeur peuvent ne pas se mettre d'accord sur un tribunal commun. Évidemment, un meurtrier préférera un juge clément. Si le tribunal était choisi réellement par les parties après que le crime s'est produit, cela pourrait constituer une difficulté insurmontable. Dans le cadre des arrangements que j'ai décrits, le tribunal est choisi à l'avance par les agences de protection. On aurait du mal à trouver à un instant donné un nombre de meurtriers suffisant pour faire vivre leur propre agence de protection, une qui serait affiliée à des tribunaux qui ne considéreraient pas le meurtre comme un crime. Et même si c’était le cas, aucune autre agence n'accepterait de tels tribunaux. L'agence des meurtriers accepterait un tribunal raisonnable ou bien serait engagée dans une guerre désespérée contre le reste de la société.
 
Jusqu'à ce qu'il soit réellement accusé d'un crime, chacun veut des lois qui le protègent contre le crime et le laissent interagir paisiblement et productivement avec autrui. Même les criminels sont ainsi. Peu de meurtriers souhaiteraient vivre sous une législation qui leur permettrait de tuer - et aussi d’être tué.

Anarchisme libertarien : réponses à dix objections

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Anarchisme libertarien : réponses à dix objections

par Roderick T. Long

 


 

Merci à Revi N. Nair pour avoir retranscrit cette conférence de l'Université Mises de 2004. Je voudrais parler de certaines des principales objections qui ont été formulées à l'encontre de l'anarchisme libertarien et de mes tentatives pour y répondre. Mais avant de commencer à formuler des objections et d'essayer d'y répondre, il ne sert à rien d'essayer de répondre aux objections à une opinion à moins que vous n'ayez donné une raison positive de soutenir cette opinion en premier lieu. Je voudrais donc simplement dire brièvement ce que je pense être les arguments positifs en sa faveur avant de continuer à la défendre contre les objections. 

Problèmes liés au monopole forcé 

Pensez-y de cette façon. Quel mal y a-t-il à avoir un monopole sur les chaussures ? Supposons que moi et ma bande soyons les seuls légalement autorisés à fabriquer et à vendre des chaussures – ma bande et toute autre personne que j’autorise, mais personne d’autre. Quel mal y a-t-il à cela ? Eh bien, tout d’abord, d’un point de vue moral, la question est : pourquoi nous ? Qu’avons-nous de si spécial ? Maintenant, dans ce cas, parce que je me suis choisi, il est plus plausible que je doive avoir ce genre de monopole, alors peut-être que je devrais choisir un autre exemple ! Mais vous vous demandez peut-être : comment moi et ma bande pouvons-nous prétendre avoir le droit de fabriquer et de vendre quelque chose que personne d’autre n’a le droit de fabriquer et de vendre, de fournir un bien ou un service que personne d’autre n’a le droit de fournir. Au moins, pour autant que vous le sachiez, je ne suis qu’un autre mortel, un autre humain comme vous (plus ou moins). Donc, d’un point de vue moral, je n’ai pas plus le droit de le faire que quiconque.

Ensuite, bien sûr, d’un point de vue pragmatique et conséquentialiste, eh bien, tout d’abord, quel est le résultat probable du fait que moi et ma bande aurions un monopole sur les chaussures ? Eh bien, tout d’abord, il y a des problèmes d’incitation. Si je suis la seule personne qui a le droit de fabriquer et de vendre des chaussures, vous n’allez probablement pas les obtenir à très bas prix chez moi. Je peux demander autant que je veux, tant que je ne demande pas trop cher pour que vous ne puissiez pas vous les permettre du tout ou que vous décidiez que vous êtes plus heureux de ne pas avoir les chaussures. Mais tant que vous le voulez et que vous le pouvez, je vous demanderai le prix le plus élevé que je puisse obtenir de vous, car vous n’avez pas de concurrence, nulle part où aller. Vous ne devriez probablement pas non plus vous attendre à ce que les chaussures soient de très haute qualité, car, après tout, tant qu’elles sont à peine utilisables et que vous préférez toujours les porter à pieds nus, alors vous devez me les acheter. Outre le fait que les chaussures seront probablement chères et de mauvaise qualité, il y a aussi le fait que ma capacité à être la seule personne à fabriquer et à vendre des chaussures me donne un certain pouvoir sur vous. Supposons que je ne vous aime pas. Supposons que vous m’ayez offensé d’une manière ou d’une autre. Eh bien, peut-être que vous n’aurez tout simplement pas de chaussures pendant un certain temps. Il y a donc aussi des problèmes d’abus de pouvoir.  

Mais ce n’est pas seulement le problème de l’incitation, car, après tout, supposons que je sois un parfait saint et que je fabrique les meilleures chaussures possibles pour vous, que je demande le prix le plus bas possible et que je n’abuse pas de mon pouvoir. Supposons que je sois totalement digne de confiance. Je suis un prince parmi les hommes (pas au sens de Machiavel). Il reste un problème : comment puis-je savoir exactement que je fais le meilleur travail possible avec ces chaussures ? Après tout, il n’y a pas de concurrence. Je suppose que je pourrais interroger les gens pour essayer de savoir quel genre de chaussures ils semblent vouloir. Mais il existe de nombreuses façons différentes de fabriquer des chaussures. Certaines sont plus chères, d’autres moins chères. Comment puis-je le savoir, étant donné qu’il n’y a pas de marché et que je ne peux pas vraiment faire grand-chose en termes de comptabilité des profits et des pertes ? Je dois juste faire des suppositions. Donc, même si je fais de mon mieux, la quantité et la qualité que je produis ne sont peut-être pas les mieux adaptées pour satisfaire les préférences des gens, et j’ai du mal à trouver ces choses. 

Le gouvernement est un monopole forcé 

Voilà donc toutes les raisons pour lesquelles il ne faut pas avoir le monopole de la fabrication et de la vente de chaussures. A première vue, il semble que ce soient toutes de bonnes raisons pour ne pas avoir le monopole de la prestation de services de règlement des litiges, de protection des droits et de tout ce qui est impliqué dans ce que l’on pourrait appeler, au sens large, l’entreprise juridique. Tout d’abord, il y a la question morale : pourquoi un groupe de personnes obtient-il le droit d’être le seul sur un territoire donné à pouvoir offrir certains types de services juridiques ou à faire respecter certains types de règles ? Ensuite, il y a ces questions économiques : quelles seront les incitations ? Une fois de plus, il s’agit d’un monopole. Il semble probable qu’avec une clientèle captive, ils vont facturer des prix plus élevés qu’ils ne le feraient autrement et offrir une qualité inférieure. Il pourrait même y avoir des abus de pouvoir occasionnels. Et puis, même si vous parvenez à éviter tous ces problèmes et à faire entrer tous ces saints dans le gouvernement, il reste toujours le problème de savoir comment ils savent que la manière particulière dont ils fournissent des services juridiques, la combinaison particulière de services juridiques qu’ils offrent, les façons particulières dont ils le font sont vraiment les meilleures ? Ils essaient simplement de comprendre ce qui fonctionnera. Comme il n’y a pas de concurrence, ils n’ont pas beaucoup de moyens de savoir si ce qu’ils font est la chose la plus efficace qu’ils pourraient faire. L’objectif de ces considérations est donc de faire peser la charge de la preuve sur l’adversaire. C’est donc à ce stade que l’adversaire de la concurrence dans les services juridiques doit soulever des objections.

 


 

DIX OBJECTIONS À L’ANARCHISME LIBERTARIEN

(1) Le gouvernement n’est pas un monopole coercitif 

L’une des objections qui est parfois soulevée n’est pas tant une objection à l’anarchisme qu’une objection à l’argument moral en faveur de l’anarchisme : eh bien, écoutez, ce n’est pas vraiment un monopole coercitif. Ce n’est pas comme si les gens n’avaient pas consenti à cela, car dans un certain sens, les gens ont consenti au système existant – en vivant dans les frontières d’un territoire particulier, en acceptant les avantages offerts par le gouvernement, etc., ils ont, en effet, consenti. Tout comme si vous entrez dans un restaurant et que vous vous asseyez et dites : « Je prendrai un steak », vous n’avez pas à mentionner explicitement que vous acceptez de le payer ; c’est juste en quelque sorte compris. En vous asseyant au restaurant et en demandant le steak, vous acceptez de le payer. De la même manière, si vous vous installez sur le territoire d’un État donné et que vous acceptez de bénéficier de la protection de la police ou d’autres services, vous acceptez implicitement de vous conformer à ses exigences. Or, même si cet argument fonctionne, il ne règle pas la question pragmatique de savoir s’il s’agit du meilleur système possible.  

Mais je pense qu’il y a quelque chose de douteux dans cet argument. Il est certainement vrai que si je vais sur la propriété de quelqu’un d’autre, alors il semble que l’on s’attende à ce que tant que je suis sur sa propriété, je doive faire ce qu’il dit. Je dois suivre ses règles. Si je ne veux pas suivre ses règles, alors je dois partir. Alors, je vous invite chez moi, et quand vous entrez, je dis : « Vous devez porter le chapeau rigolo. » Et vous dites : « Qu’est-ce que c’est ? » Et je réponds : « Eh bien, c’est comme ça que ça fonctionne chez moi. Tout le monde doit porter le chapeau rigolo. Ce sont mes règles. » Eh bien, vous ne pouvez pas dire : « Je ne porterai pas le chapeau mais je reste quand même. » Ce sont mes règles – elles sont peut-être stupides, mais je peux le faire. Supposons maintenant que vous êtes chez vous en train de dîner, que je suis votre voisin d’à côté et que je vienne frapper à votre porte. Vous ouvrez la porte, j’entre et je dis : « Vous devez porter ce drôle de chapeau. » Et vous demandez : « Pourquoi est-ce que c’est comme ça ? » Et je réponds : « Eh bien, vous avez emménagé à côté de chez moi, n’est-ce pas ? En faisant ça, vous avez en quelque sorte accepté. » Et vous dites : « Attendez une seconde ! Quand ai-je accepté cela ? » Je pense que la personne qui avance cet argument suppose déjà que le gouvernement a une certaine compétence légitime sur ce territoire. Et ensuite, elle dit : « Eh bien, maintenant, toute personne qui se trouve sur le territoire accepte donc les règles en vigueur. » Mais elle suppose exactement ce qu’elle essaie de prouver, à savoir que cette compétence sur le territoire est légitime. Si ce n’est pas le cas, alors le gouvernement n’est qu’un groupe de personnes de plus vivant sur ce vaste territoire géographique général. Mais j’ai ma propriété, et je ne sais pas exactement quelles sont leurs dispositions, mais je suis là, dans ma propriété, et ils n’en sont pas propriétaires – du moins, ils ne m’ont pas donné d’arguments pour le prouver – et donc, le fait que je vive dans « ce pays » signifie que je vis dans une certaine région géographique sur laquelle ils ont certaines prétentions – mais la question est de savoir si ces prétentions sont légitimes. Vous ne pouvez pas supposer cela comme un moyen de le prouver.

Un autre problème avec ces arguments de contrat social implicite est qu’il n’est pas clair en quoi consiste le contrat. Dans le cas d’une commande de nourriture dans un restaurant, tout le monde sait à peu près en quoi consiste le contrat. On pourrait donc invoquer le consentement implicite. Mais personne ne suggérerait qu’on puisse acheter une maison de la même manière. Il y a toutes ces règles et ce genre de choses. Quand il s’agit de quelque chose de compliqué, personne ne dit : « Vous avez simplement accepté en hochant la tête à un moment donné », ou quelque chose comme ça. Vous devez découvrir ce qui est réellement dans le contrat ; à quoi acceptez-vous ? Ce n’est pas clair si personne ne connaît exactement les détails du contrat. Ce n’est pas si convaincant. Bon, eh bien, la plupart des arguments dont je vais parler sont pragmatiques, ou un mélange de moral et de pragmatisme. 

 (2) Hobbes : Le gouvernement est nécessaire à la coopération 

 L’argument le plus célèbre contre l’anarchie est probablement celui de Hobbes. L’argument de Hobbes est le suivant : « eh bien, écoutez, la coopération humaine, la coopération sociale, nécessite une structure de droit en arrière-plan. La raison pour laquelle nous pouvons nous faire confiance pour coopérer est que nous savons qu’il existe des forces juridiques qui nous puniront si nous violons les droits des autres. Je sais qu’elles me puniront si je viole vos droits, mais elles vous puniront également si vous violez les miens. Je peux donc vous faire confiance parce que je n’ai pas à me fier à votre personnalité. Je dois juste me fier au fait que vous serez intimidé par la loi. Ainsi, la coopération sociale nécessite ce cadre juridique soutenu par la force de l’État. » Eh bien, Hobbes suppose plusieurs choses à la fois ici. Tout d’abord, il suppose qu’il ne peut y avoir de coopération sociale sans loi. Deuxièmement, il suppose qu’il ne peut y avoir de loi à moins qu’elle ne soit appliquée par la force physique. Et troisièmement, il suppose qu’une loi ne peut être appliquée par la force physique à moins que ce ne soit par un État monopoliste.  

Mais toutes ces hypothèses sont fausses. Il est vrai que la coopération peut émerger et émerge, peut-être pas aussi efficacement qu’elle le ferait avec la loi, mais sans loi. Dans son livre Order Without Law, Robert Ellickson parle de la façon dont les voisins parviennent à résoudre leurs conflits. Il donne de nombreux exemples de ce qui se passe si la vache d’un agriculteur erre sur le territoire d’un autre agriculteur et que les deux parties règlent le problème par le biais d’accords coutumiers mutuels, etc., sans qu’il existe de cadre juridique pour résoudre le problème. Ce n’est peut-être pas suffisant pour une économie complexe, mais cela montre certainement qu’il est possible d’avoir une certaine forme de coopération sans cadre juridique réel. Deuxièmement, il est possible d’avoir un cadre juridique qui ne soit pas soutenu par la force. Un exemple serait le Law Merchant à la fin du Moyen Âge : un système de droit commercial qui était soutenu par des menaces de boycott. Le boycott n’est pas un acte de force. Mais il y a toujours des marchands qui concluent tous ces contrats, et si vous ne respectez pas le contrat, alors le tribunal le dit à tout le monde : « cette personne n’a pas respecté le contrat ; tenez-en compte si vous voulez conclure un autre contrat avec elle. » Et troisièmement, vous pouvez avoir des systèmes juridiques formels qui utilisent la force sans être monopolistiques. Puisque Hobbes n’envisage même pas cette possibilité, il ne donne pas vraiment d’argument contre elle. Mais vous pouvez certainement en voir des exemples dans l’histoire. L’histoire de l’Islande médiévale, par exemple, où il n’y avait pas de centre unique d’application. Bien qu’il y ait eu ce que l’on pourrait peut-être appeler un gouvernement, il n’avait aucun bras exécutif du tout. Il n’y avait pas de police, pas de soldats, rien. Il y avait une sorte de système judiciaire compétitif. Mais l’application de la loi était à la discrétion de qui que ce soit. Et des systèmes ont évolué pour s’en occuper. 

(3) Locke : Trois « inconvénients » de l’anarchie 

Bon, bon, les arguments les plus intéressants viennent de Locke. Locke soutient que l’anarchie implique trois choses qu’il appelle des « inconvénients ». Et « inconvénient » a un son un peu plus lourd dans l’anglais du XVIIe siècle que dans l’anglais moderne, mais son argument en l’appelant « inconvénients », qui est toujours un peu plus faible, était que Locke pensait que la coopération sociale pouvait exister dans une certaine mesure sous l’anarchie. Il était plus optimiste que Hobbes. Il pensait que, sur la base des sympathies morales d’une part et de l’intérêt personnel d’autre part, la coopération pouvait émerger. Il pensait qu’il y avait trois problèmes. L’un d’eux, disait-il, était qu’il n’y aurait pas de corpus général de lois qui seraient généralement connues, acceptées et comprises. Les gens pourraient saisir certains principes fondamentaux de la loi de la nature. Mais leurs applications et leurs détails précis seraient toujours controversés. Même les libertariens ne sont pas d’accord. Ils peuvent être d’accord sur des choses générales, mais nous sommes toujours en train de discuter entre nous sur divers points de détail. Ainsi, même dans une société de libertariens pacifiques et coopératifs, il y aura toujours des désaccords sur les détails. Et donc, à moins qu’il n’y ait un corpus général de lois que tout le monde connaisse et qui permette à chacun de savoir ce qu’il peut faire et ce qu’il ne peut pas faire, cela ne fonctionnera pas. C’était donc le premier argument de Locke. Il doit y avoir un corpus de lois universel connu de tous, applicable à tous et que chacun connaisse à l’avance. Deuxièmement, il y a un problème de pouvoir d’application. Il pensait que sans gouvernement, on n’a pas un pouvoir suffisamment unifié pour faire respecter les lois. On a juste des individus qui font respecter les lois de leur propre chef, et ils sont tout simplement trop faibles, ils ne sont pas assez organisés, ils pourraient être envahis par une bande de bandits ou quelque chose comme ça.

Troisièmement, Locke a dit que le problème est que l’on ne peut pas faire confiance aux gens pour être juges de leur propre cause. Si deux personnes sont en désaccord et que l’une d’elles dit : « Je sais ce qu’est la loi de la nature et je vais vous l’imposer », eh bien, les gens ont tendance à être partiaux et vont trouver plus plausible l’interprétation de la loi de la nature qui favorise leur propre cause. Il pensait donc qu’on ne peut pas faire confiance aux gens pour être juges de leur propre cause ; par conséquent, ils devraient être moralement tenus de soumettre leurs différends à un arbitre. Peut-être qu’en cas d’urgence, ils peuvent toujours se défendre sur place, mais dans d’autres cas où il ne s’agit pas d’une question de légitime défense immédiate, ils doivent déléguer cette tâche à un arbitre, à une tierce partie – et c’est l’État. Locke pense donc que ce sont là trois problèmes que l’on rencontre en anarchie, et que l’on ne les rencontrerait pas sous un gouvernement ou du moins sous un gouvernement approprié. Mais je pense que c’est exactement l’inverse. Je pense que l’anarchie peut résoudre ces trois problèmes, et que l’État, de par sa nature même, ne peut pas les résoudre. Prenons d’abord le cas de l’universalité, ou de l’existence d’un corpus de lois universellement connu, que les gens peuvent connaître à l’avance et sur lequel ils peuvent compter. Maintenant, est-ce que cela peut émerger dans un système non étatique ? En fait, cela est apparu dans le droit marchand précisément parce que les États ne le fournissaient pas. L’une des choses qui a contribué à l’émergence du droit marchand est que les États européens avaient chacun des ensembles de lois différents régissant les commerçants. Ils étaient tous différents. Et un tribunal en France ne pouvait pas confirmer un contrat conclu en Angleterre en vertu des lois anglaises, et vice versa. Ainsi, la capacité des commerçants à s’engager dans le commerce international était entravée par le fait qu’il n’existait pas de système uniforme de droit commercial pour toute l’Europe. Les commerçants se sont donc réunis et ont dit : « Bon, créons-en quelques-uns de nos propres. Les tribunaux édictent des règles farfelues, toutes différentes, qui ne respectent pas les décisions des autres. Nous allons donc les ignorer et créer notre propre système. » Il s’agit donc d’un cas où l’uniformité et la prévisibilité ont été produites par le marché et non par l’État. Et vous pouvez comprendre pourquoi cela n’est pas surprenant. Il est dans l’intérêt de ceux qui fournissent un système privé de le rendre uniforme et prévisible si c’est ce dont les clients ont besoin.

C’est pour la même raison que vous ne trouvez pas de cartes de retrait triangulaires. Autant que je sache, aucune loi n’interdit d’avoir des cartes de retrait triangulaires, mais si quelqu’un essayait de les commercialiser, elles ne seraient pas très populaires parce qu’elles ne s’adapteraient pas aux machines existantes. Lorsque les gens ont besoin de diversité, lorsque les gens ont besoin de systèmes différents pour différentes personnes, le marché les fournit. Mais il y a des choses où l’uniformité est meilleure. Votre carte de retrait a plus de valeur pour vous si tout le monde utilise le même type de carte ou un type compatible avec elle, de sorte que vous pouvez tous utiliser les machines où que vous alliez ; et donc, les commerçants, s’ils veulent faire du profit, vont offrir de l’uniformité. Le marché a donc intérêt à offrir de l’uniformité d’une manière que le gouvernement ne fait pas nécessairement. En ce qui concerne la question d’avoir suffisamment de pouvoir pour s’organiser pour la défense – eh bien, il n’y a aucune raison pour que vous ne puissiez pas avoir d’organisation dans l’anarchie. L’anarchie ne signifie pas que chacun fabrique ses propres chaussures. L’alternative à ce que le gouvernement fournisse toutes les chaussures n’est pas que chaque personne fabrique ses propres chaussures. De même, l’alternative au fait que le gouvernement fournisse tous les services juridiques n’est pas que chaque personne doive être son propre gendarme indépendant. Il n’y a aucune raison pour que les gens ne puissent pas s’organiser de diverses manières. En fait, si vous craignez de ne pas avoir suffisamment de force pour résister à un agresseur, eh bien, un gouvernement monopoliste est un agresseur bien plus dangereux qu’une simple bande de bandits ou autre, car il a unifié tout ce pouvoir en un seul point de la société entière. Mais je pense que, ce qui est le plus intéressant, c’est que l’argument selon lequel il faut être juge dans sa propre affaire se retourne contre l’argument de Locke ici. Car tout d’abord, ce n’est pas un bon argument en faveur du monopole, car c’est une erreur de prétendre que tout le monde devrait soumettre ses différends à un tiers, alors qu’il devrait y avoir un tiers à qui tout le monde soumet ses différends. C’est comme prétendre que tout le monde aime au moins une émission de télévision, alors qu’il y a au moins une émission de télévision que tout le monde aime. Cela ne va pas de soi. Vous pouvez demander à tout le monde de soumettre ses litiges à des tiers sans qu’il y ait un tiers auquel chacun soumette ses litiges. Supposons que vous ayez trois personnes sur une île. A et B peuvent soumettre leurs litiges à C, et A et C peuvent soumettre leurs litiges à B, et B et C peuvent soumettre leurs litiges à A. Vous n’avez donc pas besoin d’un monopole pour incarner ce principe selon lequel les gens doivent soumettre leurs litiges à un tiers.

Mais en plus, non seulement vous n’avez pas besoin d’un gouvernement, mais un gouvernement est précisément ce qui ne satisfait pas à ce principe. Car si vous avez un différend avec le gouvernement, le gouvernement ne le soumet pas à un tiers. Si vous avez un différend avec le gouvernement, il sera réglé par un tribunal gouvernemental (si vous avez de la chance – si vous n’avez pas de chance, si vous vivez sous l’un des gouvernements les plus rudes et les plus rétifs, vous n’arriverez même pas jusqu’à un tribunal). Bien sûr, il est préférable que le gouvernement lui-même soit divisé, qu’il y ait des freins et des contrepoids, etc. C’est un peu mieux, cela se rapproche de l’existence de tiers, mais ils font toujours partie du même système ; les juges sont payés par l’argent des impôts, etc. Ce n’est donc pas comme si vous ne pouviez pas avoir des approximations meilleures ou pires de ce principe parmi différents types de gouvernements. Néanmoins, tant qu’il s’agit d’un système de monopole, par sa nature, il est dans un certain sens sans loi. Elle ne soumet jamais ses différends à un tiers. 

(4) Ayn Rand : Les agences de protection privées se battront 

L’argument le plus populaire contre l’anarchie libertaire est probablement : que se passe-t-il si (et c’est le célèbre argument d’Ayn Rand) je pense que vous avez violé mes droits et que vous pensez que non, alors j’appelle mon agence de protection et vous appelez votre agence de protection – pourquoi ne veulent-ils pas simplement se battre ? Qu’est-ce qui garantit qu’ils ne se battront pas ? À quoi, bien sûr, la réponse est : eh bien, rien ne garantit qu’ils ne se battront pas. Les êtres humains ont le libre arbitre. Ils peuvent faire toutes sortes de choses folles. Ils pourraient aller au combat. De même, George Bush pourrait décider d’appuyer sur le bouton nucléaire demain. Ils pourraient faire toutes sortes de choses.  

La question est la suivante : qu’est-ce qui est le plus susceptible de régler ses différends par la violence : un gouvernement ou une agence de protection privée ? La différence est que les agences de protection privées doivent supporter les coûts de leur propre décision d’entrer en guerre. Partir en guerre coûte cher. Si vous avez le choix entre deux agences de protection et que l’une règle ses différends par la violence la plupart du temps, et l’autre par l’arbitrage la plupart du temps, vous pourriez penser : « Je veux celle qui règle ses différends par la violence, ça a l’air vraiment cool ! » Mais ensuite, vous regardez vos primes mensuelles. Et vous vous demandez : « Dans quelle mesure êtes-vous attaché à cette mentalité viking ? » Vous êtes peut-être tellement attaché à la mentalité viking que vous êtes prêt à payer pour cela, mais cela reste plus cher. Beaucoup de clients diront : « Je veux aller chez une qui ne facture pas tout ce supplément pour la violence. » Alors que les gouvernements – tout d’abord, ils ont des clients captifs, ils ne peuvent pas aller ailleurs – mais comme ils taxent les clients de toute façon, et donc les clients n’ont pas la possibilité de changer d’agence. Et donc, les gouvernements peuvent externaliser les coûts de leur participation à la guerre beaucoup plus efficacement que les agences privées. 

(5) Robert Bidinotto : Pas d’arbitre final des conflits 

Une objection courante – c’est celle que l’on trouve, par exemple, chez Robert Bidinotto, qui est un Randien qui a écrit un certain nombre d’articles contre l’anarchie (lui et moi avons eu une sorte de débat en ligne à ce sujet) – sa principale objection à l’anarchie est que dans l’anarchie, il n’y a pas d’arbitre final dans les conflits. Sous le gouvernement, un arbitre final arrive à un moment donné et résout le conflit d’une manière ou d’une autre. Eh bien, dans un régime d’anarchie, comme il n’existe pas d’organisme unique qui ait le droit de régler les choses une fois pour toutes, il n’y a pas d’arbitre final, et donc les conflits, dans un certain sens, ne finissent jamais, ne sont jamais résolus, restent toujours ouverts.  

Alors, quelle est la réponse à cette question ? Je pense qu’il y a une ambiguïté dans le concept d’arbitre final. Par « arbitre final », on pourrait entendre l’arbitre final dans ce que j’appelle le sens platonicien. C’est-à-dire quelqu’un ou quelque chose ou une institution qui garantit absolument que le conflit est résolu pour toujours ; qui garantit absolument la résolution. Ou, au contraire, par « arbitre final », on pourrait simplement entendre une personne ou un processus ou une institution ou quelque chose qui garantit de manière plus ou moins fiable la plupart du temps que ces problèmes seront résolus. Il est vrai que dans le sens platonicien d’une garantie absolue d’un arbitre final – dans ce sens, l’anarchie n’en fournit pas. Mais aucun autre système n’en fournit non plus. Prenez une république constitutionnelle minarchiste du type de celle que favorise Bidinotto. Y a-t-il un arbitre final dans ce système, au sens de quelque chose qui garantit absolument la fin du processus de conflit pour toujours ? Eh bien, je vous poursuis en justice, ou j’ai été poursuivi, ou je suis accusé de quelque chose, peu importe – je suis dans une sorte de procès. Je perds. Je fais appel. Je fais appel à la Cour suprême. Ils vont contre moi. Je fais pression sur le Congrès pour qu’il modifie les lois en ma faveur. Ils ne le font pas. Alors j’essaie de lancer un mouvement pour un amendement constitutionnel. Cela échoue, alors j’essaie de rassembler les gens pour élire de nouveaux membres du Congrès qui voteront pour. Dans un certain sens, cela peut durer éternellement. Le conflit n’est pas terminé. Mais, en fait, la plupart du temps, la plupart des conflits juridiques finissent par se terminer. Quelqu’un trouve trop coûteux de continuer à se battre. De même, dans l’anarchie – bien sûr, rien ne garantit que le conflit ne durera pas éternellement. Il y a très peu de garanties de ce genre. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas s’attendre à ce qu’il fonctionne. 

(6) Le droit de la propriété ne peut pas émerger du marché  

Un autre argument populaire, souvent utilisé par les Randiens, est que les échanges sur le marché présupposent un contexte de droit de la propriété. Vous et moi ne pouvons pas faire d’échanges de biens contre des services, ou d’argent contre des services, ou quoi que ce soit d’autre, à moins qu’il n’existe déjà un contexte stable de droit de la propriété qui nous assure les titres de propriété que nous avons. Et comme le marché, pour fonctionner, présuppose l’existence d’un contexte de droit de la propriété, ce droit de la propriété ne peut pas lui-même être le produit du marché. Le droit de la propriété doit émerger – ils doivent vraiment penser qu’il doit émerger d’un robot infaillible ou quelque chose comme ça – mais je ne sais pas exactement de quoi il émerge, mais d’une certaine manière, il ne peut pas émerger du marché. Mais leur raisonnement est un peu comme : d’abord, il y a ce droit de la propriété, et tout est mis en place, et aucune transaction sur le marché n’a lieu – tout le monde attend juste que toute la structure juridique soit mise en place. Et puis, c’est en place – et maintenant, nous pouvons enfin commencer à échanger dans les deux sens. Il est certainement vrai qu’il ne peut pas y avoir de marchés fonctionnels sans un système juridique fonctionnel ; c’est vrai. Mais ce n’est pas comme si le système juridique était d’abord en place, puis le dernier jour, il était enfin terminé – et que les gens commençaient à commercer. Ces choses naissent ensemble. Les institutions juridiques et le commerce économique naissent ensemble au même endroit, au même moment. Le système juridique n’est pas quelque chose d’indépendant de l’activité qu’il contraint. Après tout, un système juridique n’est pas un robot, ni un dieu, ni quelque chose de séparé de nous. L’existence d’un système juridique consiste dans le fait que les gens lui obéissent. Si tout le monde ignorait le système juridique, il n’aurait aucun pouvoir. C’est donc seulement parce que les gens l’acceptent en général qu’il survit. Le système juridique dépend aussi du soutien volontaire. Je pense que beaucoup de gens – une des raisons pour lesquelles ils ont peur de l’anarchie est qu’ils pensent que sous l’autorité du gouvernement, c’est comme si une sorte de garantie leur était retirée sous l’anarchie. Qu’il existe en quelque sorte ce fondement solide sur lequel nous pouvons toujours nous appuyer et qui, sous l’anarchie, disparaît. Mais ce fondement solide n’est que le produit de l’interaction des gens avec les incitations qu’ils ont. De même, quand les anarchistes disent que les gens sous l’anarchie seraient probablement incités à faire ceci ou cela, les gens disent : « Eh bien, ce n’est pas suffisant ! Je ne veux pas seulement qu’il soit probable qu’ils soient incités à faire ceci. Je veux que le gouvernement garantisse absolument qu’ils le feront ! » Mais le gouvernement, ce sont juste des gens. Et selon la structure constitutionnelle de ce gouvernement, il est probable qu’ils feront ceci ou cela. Vous ne pouvez pas concevoir une constitution qui garantira que les gens au gouvernement se comporteront d’une manière particulière. Vous pouvez la structurer de telle manière qu’ils soient plus susceptibles de faire ceci ou cela. Et vous pouvez considérer l’anarchie comme une simple extension du système de freins et contrepoids à un niveau plus large.

Par exemple, les gens se demandent : « Qu’est-ce qui garantit que les différentes agences résoudront les problèmes d’une manière particulière ? » Eh bien, la Constitution américaine ne dit rien sur ce qui se passe si les différentes branches du gouvernement ne s’entendent pas sur la manière de résoudre les problèmes. Elle ne dit pas ce qui se passe si la Cour suprême estime qu’une chose est inconstitutionnelle mais que le Congrès pense le contraire et veut aller de l’avant et agir quand même. Il est bien connu qu’elle ne dit pas ce qui se passe en cas de conflit entre les États et le gouvernement fédéral. Le système actuel, où une fois que la Cour suprême déclare quelque chose inconstitutionnel, le Congrès et le président n’essaient plus de le faire (ou du moins pas autant), n’a pas toujours existé. Souvenez-vous que lorsque la Cour suprême a déclaré inconstitutionnelle la décision d’Andrew Jackson, lorsqu’il était président, il a simplement dit : « Eh bien, ils ont pris leur décision, qu’ils la fassent appliquer. » La Constitution ne dit pas si la façon dont Jackson a procédé était la bonne. La façon dont nous procédons aujourd’hui est celle qui a émergé de la coutume. Peut-être êtes-vous pour, peut-être êtes-vous contre – quoi qu’il en soit, cela n’a jamais été codifié dans la loi. 

 (7) Le crime organisé prendra le dessus 

Une objection est que dans l’anarchie, le crime organisé prendra le dessus. Eh bien, c’est possible. Mais est-ce probable ? Le crime organisé tire son pouvoir de sa spécialisation dans des choses illégales – des choses comme la drogue et la prostitution, etc. Pendant les années où l’alcool était interdit, le crime organisé se spécialisait dans le commerce de l’alcool. Aujourd’hui, il n’est plus aussi important dans le commerce de l’alcool. Le pouvoir du crime organisé dépend donc dans une large mesure du pouvoir du gouvernement. C’est en quelque sorte un parasite des activités du gouvernement. Les gouvernements, en interdisant certaines choses, créent des marchés noirs. Les marchés noirs sont dangereux car il faut se soucier à la fois du gouvernement et des autres personnes douteuses qui se lancent dans le marché noir. Le crime organisé se spécialise dans cela. Je pense donc que le crime organisé serait plus faible, et non plus fort, dans un système libertaire. 

(8) Les riches domineront  

Une autre crainte est que les riches règnent. Après tout, la justice ne va-t-elle pas être rendue au plus offrant dans ce cas, si l’on transforme les services juridiques en biens économiques ? C’est une objection courante. Curieusement, c’est une objection particulièrement courante chez les Randiens, qui deviennent soudainement très préoccupés par les masses pauvres et démunies. Mais dans quel système les riches sont-ils plus puissants ? Dans le système actuel ou dans l’anarchie ? Bien sûr, on a toujours un certain avantage si l’on est riche. C’est bien d’être riche. On est toujours mieux placé pour corrompre les gens si l’on est riche que si l’on ne l’est pas ; c’est vrai. Mais, dans le système actuel, le pouvoir des riches est amplifié. Supposons que je sois un riche malfaisant et que je veuille que le gouvernement fasse telle ou telle chose qui coûte un million de dollars. Dois-je soudoyer un million de dollars un bureaucrate pour y parvenir ? Non, parce que je ne lui demande pas de le faire avec son propre argent. Bien sûr, si je lui demandais de le faire avec son propre argent, je ne pourrais pas le convaincre de dépenser un million de dollars en le soudoyant moins d’un million. Il faudrait au moins un million de dollars et un centime. Mais les gens qui contrôlent l’argent des impôts qu’ils ne possèdent pas personnellement et qui ne peuvent donc pas en faire ce qu’ils veulent, le bureaucrate ne peut pas simplement empocher le million et rentrer chez lui (même si cela peut s’en rapprocher étonnamment). Tout ce que j’ai à faire, c’est de le soudoyer de quelques milliers de dollars, et il peut consacrer ce million de dollars d’argent des impôts à mon projet préféré ou autre, et ainsi le pouvoir de mon pot-de-vin est multiplié. Alors que, si vous étiez le chef d’une agence de protection privée et que j’essayais de vous convaincre de faire quelque chose qui coûte un million de dollars, je devrais vous soudoyer plus d’un million. Donc, le pouvoir des riches est en fait moindre dans ce système. Et bien sûr, tout tribunal qui aurait la réputation de discriminer les millionnaires au détriment des pauvres aurait aussi probablement la réputation de discriminer les milliardaires au détriment des millionnaires. Les millionnaires ne voudraient donc pas avoir affaire à ce genre de choses tout le temps. Ils ne voudraient y être confrontés que lorsqu’ils ont affaire à des personnes plus pauvres, pas à des personnes plus riches. Les effets sur la réputation – je ne pense pas que ce serait une pratique très populaire.

Les victimes pauvres qui ne peuvent pas se permettre de recourir à des services juridiques ou qui meurent sans héritiers (là encore, les Randiens sont très inquiets de voir des victimes mourir sans héritiers) peuvent faire ce qu’ils faisaient dans l’Islande médiévale. Vous êtes trop pauvre pour payer des services juridiques, mais si quelqu’un vous a fait du mal, vous avez droit à une indemnisation de la part de cette personne. Vous pouvez vendre cette réclamation, une partie ou la totalité de la réclamation, à quelqu’un d’autre. En fait, c’est un peu comme engager un avocat sur la base d’honoraires conditionnels. Vous pouvez vendre à quelqu’un qui est en mesure de faire valoir votre réclamation. Ou, si vous mourez sans héritiers, en un sens, l’un des biens que vous avez laissés derrière vous était votre demande d’indemnisation, et vous pouvez la conserver. 

 (9) Robert Bidinotto : Les masses exigeront de mauvaises lois 

Une autre inquiétude de Bidinotto – et c’est en quelque sorte l’opposé de l’inquiétude de voir les riches gouverner – est la suivante : « eh bien, écoutez, Mises n’a-t-il pas raison de dire que le marché est comme une grande démocratie, où il y a la souveraineté du consommateur, et où les masses obtiennent tout ce qu’elles veulent ? C’est formidable quand il s’agit de réfrigérateurs, de voitures, etc. Mais ce n’est sûrement pas une bonne chose quand il s’agit de lois. Car, après tout, les masses sont une bande d’idiots ignorants et intolérants, et si elles obtiennent simplement les lois qu’elles veulent, qui sait quelles horreurs elles vont créer. » Bien sûr, la différence entre la démocratie économique du type de Mises et la démocratie politique est la suivante : eh bien, oui, elles obtiennent tout ce qu’elles veulent, mais elles vont devoir payer pour cela. Maintenant, il est parfaitement vrai que si vous avez des gens qui sont suffisamment fanatiques pour vouloir imposer quelque chose de misérable à d’autres personnes, si vous avez un groupe suffisamment large de personnes qui sont suffisamment fanatiques à ce sujet, alors l’anarchie pourrait ne pas conduire à des résultats libertariens.  

Si vous vivez en Californie, vous avez suffisamment de gens qui sont absolument fanatiques de l’interdiction du tabac, ou peut-être si vous êtes en Alabama et que c’est l’homosexualité plutôt que le tabac qu’ils veulent interdire (aucun des deux ne l’interdirait, je pense) – dans ce cas, il se pourrait qu’ils soient tellement fanatiques qu’ils l’interdisent. Mais n’oubliez pas qu’ils vont devoir payer pour cela. Donc, lorsque vous recevez votre prime mensuelle, vous voyez : eh bien, voici votre service de base – vous protéger contre les agressions ; oh, et puis voici également votre service étendu, et le supplément pour cela – regarder par la fenêtre de vos voisins pour s’assurer qu’ils ne sont pas – soit à cause du tabac, soit à cause de l’homosexualité ou de quoi que ce soit qui vous inquiète. Maintenant, les gens vraiment fanatiques diront : « Oui, je vais débourser de l’argent supplémentaire pour cela. » (Bien sûr, s’ils sont aussi fanatiques, ils vont probablement aussi causer des problèmes sous la junte.) Mais s’ils ne sont pas aussi fanatiques, ils diront : « Eh bien, si tout ce que j’ai à faire est d’aller voter pour ces lois qui restreignent la liberté des autres, eh bien, j’irais, c’est assez facile d’aller voter pour cela. » Mais s’ils doivent réellement payer pour cela – « Eh bien, je ne sais pas. Peut-être que je peux me résigner à cela. » 

(10) Robert Nozick et Tyler Cowen : Les agences de protection privées deviendront un gouvernement de facto 

Bon, une dernière considération dont je veux parler. C’est une question qui a été soulevée à l’origine par Robert Nozick et qui a depuis été poussée plus loin par Tyler Cowen. Nozick a dit : Supposons que vous ayez l’anarchie. Une des trois choses se produira. Soit les agences se battront – et il donne deux scénarios différents de ce qui se passera si elles se battent. Mais j’ai déjà parlé de ce qui se passe s’ils se battent, alors je vais parler de la troisième option. Et s’ils ne se battent pas ? Ensuite, il dit que s’ils acceptent ces contrats d’arbitrage mutuel et ainsi de suite, alors fondamentalement, tout cela se transforme en un gouvernement. Et puis Tyler Cowen a poussé cet argument plus loin. Il a dit que ce qui se passe, c’est que cela se transforme en fait en un cartel, et il sera dans l’intérêt de ce cartel de se transformer en quelque sorte en un gouvernement. Et toute nouvelle agence qui apparaît, ils peuvent simplement la boycotter. 

De la même manière que vous avez intérêt à ce que votre nouvelle carte bancaire soit compatible avec les machines de tous les autres, si vous créez une nouvelle agence de protection, vous avez intérêt à faire partie de ce système de contrats et d’arbitrage, etc., qui existe déjà. Les consommateurs ne s’adresseront pas à vous s’ils découvrent que vous n’avez pas conclu d’accord sur ce qui se passera en cas de conflit avec ces autres agences. Ce cartel pourra donc exclure tout le monde. Est-ce que cela pourrait arriver ? Bien sûr. Toutes sortes de choses pourraient se produire. La moitié du pays pourrait se suicider demain. Mais est-ce probable ? Ce cartel pourrait-il abuser de son pouvoir de cette façon ? Le problème est que les cartels sont instables pour toutes les raisons habituelles. Cela ne veut pas dire qu’il est impossible qu’un cartel réussisse. Après tout, les gens ont le libre arbitre. Mais c’est peu probable, car les motivations mêmes qui vous poussent à former un cartel vous poussent aussi à le trahir, car il est toujours dans l’intérêt de quiconque de conclure des accords en dehors du cartel une fois qu’il en fait partie. Bryan Caplan fait une distinction entre les boycotts auto-exécutoires et les boycotts non auto-exécutoires. Les boycotts auto-exécutoires sont ceux où le boycott est assez stable, car il s’agit d’un boycott contre, par exemple, le fait de faire des affaires avec des personnes qui trompent leurs partenaires commerciaux. Maintenant, vous n’avez pas besoin d’avoir une résolution d’engagement moral de fer pour éviter de faire des affaires avec des personnes qui trompent leurs partenaires commerciaux. Vous avez une raison parfaitement intéressée de ne pas faire affaire avec ces personnes. Mais pensez plutôt à un engagement à ne pas faire affaire avec quelqu’un parce que vous n’aimez pas sa religion ou quelque chose de ce genre, ou parce qu’il est membre de la mauvaise agence de protection, une agence avec laquelle vos collègues vous ont dit de ne pas traiter – eh bien, le boycott pourrait fonctionner. Peut-être que suffisamment de personnes (et peut-être tout le monde) au sein du cartel sont tellement déterminées à soutenir le cartel qu’elles ne veulent tout simplement pas traiter avec la personne. Est-ce possible ? Oui. Mais, si nous supposons qu’ils ont formé le cartel pour leur propre intérêt économique, alors c’est précisément cet intérêt économique qui conduit à la déstabilisation, car il est dans leur intérêt de traiter avec la personne, tout comme il est toujours dans votre intérêt de vous engager dans des échanges mutuellement bénéfiques. 

 PÉRIODE DE QUESTIONS 

Quoi qu’il en soit, voilà quelques-unes des objections et quelques-unes de mes réponses, et je vais les aborder. 

Q1 : Ma principale préoccupation concernant l’anarchisme est la suivante : pourquoi ne peut-on pas dire que le gouvernement n’est qu’une autre division du travail ? Parce qu’il se pourrait que certaines personnes soient meilleures ou possèdent des capacités naturelles qui les rendent plus aptes à gouverner les autres. Je ne dis pas que l’anarchie ne peut pas fonctionner, mais uniquement à partir de preuves empiriques, le fait qu’aucune des régions industrialisées du monde ne soit en état d’anarchie, et qu’elles n’aient jamais été longtemps en état d’anarchie, en dit long sur la stabilité ou la viabilité des sociétés humaines complexes dans l’état actuel. Et aussi, pour revenir à ce que j’ai dit plus tôt, on peut concevoir la relation entre le dirigeant et les dirigés comme une autre division du travail courante. Certaines personnes possèdent des capacités de leadership qui leur permettent de mieux organiser les gens que d’autres. Certaines personnes n’en ont pas. 

 RL : Sur le point de la division du travail, dans la mesure où la division du travail est volontaire – si vous êtes meilleur que moi dans tel ou tel domaine, et donc vous le faites, et ensuite j’achète vos services – tant que c’est volontaire, c’est bien. Mais quand nous parlons de division du travail et que certaines personnes sont meilleures que d’autres pour gouverner – eh bien, si je consens à ce que vous me dirigiez – peut-être que je vous engage comme conseiller parce que je pense que vous êtes meilleur que moi pour prendre des décisions, alors je prends une dernière décision qui est de vous embaucher comme conseiller, et à partir de là je fais ce que vous dites – ce n’est pas du gouvernement ; vous êtes mon employé, vous êtes un employé que je suis très religieusement. Mais gouverner implique de gouverner les gens sans leur consentement. Le fait que la division du travail soit bénéfique pour toutes les personnes concernées ne semble pas s’appliquer dans les cas où un groupe force l’autre à accepter ses services. 

Et pour ce qui est de savoir pourquoi nous ne voyons aucun pays industrialisé qui connaît l’anarchie – bien sûr, nous ne voyons pas non plus de pays industrialisés qui connaissent la monarchie. Mais les pays industrialisés n’existent pas depuis si longtemps. Il fut un temps où les gens disaient que tous les pays civilisés (ou presque tous les pays civilisés) étaient des monarchies. On trouve des gens aux XVIIe et XVIIIe siècles qui disaient : regardez, tous les pays civilisés sont des monarchies ; la démocratie ne fonctionnerait jamais. Et en disant que la démocratie ne fonctionnerait jamais, ils ne voulaient pas seulement dire qu’elle aurait divers effets négatifs à long terme ; ils pensaient simplement qu’elle s’effondrerait complètement dans le chaos en quelques mois. Quoi que vous puissiez penser de la démocratie, elle était plus viable que ce qu’ils avaient prévu. Elle pourrait durer plus longtemps, en tout cas, que ce qu’ils avaient prévu. Les choses sont donc en constante évolution. Il fut un temps où il n’y avait que des monarchies. Aujourd’hui, ce sont toutes des démocraties semi-oligarchiques. La nuit ne fait que commencer. 

Q2 : Roderick, nous apprécions tous le travail formidable que vous faites ici à l’Institut Mises, mais Ludwig von Mises n’était pas un anarchiste. Je me demandais donc si vous pouviez nous en dire plus sur votre institut et l’Institut Molinari. 

RL : Mises n’était pas vraiment un misésien ! [rires] Eh bien, j’ai mon propre groupe de réflexion. Il est un peu plus petit que celui-ci. Je ne sais pas s’il a une taille physique. Il est composé de plus d’une personne. Le conseil d’administration est composé de trois personnes. Donc, c’est trois personnes plus un site Web. Un jour, il dominera la Terre – de manière anarchique. Pour l’instant, ce qu’il fait principalement, c’est publier divers classiques libertaires et anarchistes sur son site Web. Il existe une ramification de celui-ci – la Société Molinari, qui est composée des mêmes trois personnes plus une de plus. Dans la mesure où, comme l’a dit Hayek, les faits sociaux consistent en l’attitude des gens à leur égard, plus les gens pensent qu’ils existent, plus ils existent. Tout cela existe un peu plus parce que nous nous sommes affiliés à l’American Philosophical Association. La Molinari Society organise une session lors des réunions de l’American Philosophical Association en décembre. Il s’agira donc en fait d’un événement Molinari en décembre impliquant les trois personnes plus une autre. Voilà donc le grand et glorieux progrès. Sa mission est de renverser le gouvernement. Nous avons demandé au gouvernement un statut d’exonération fiscale. (Nous verrons à quel point ils sont stupides ! Nous avons formulé la description un peu différemment lorsque nous avons envoyé les formulaires.) 

Q3 : J’allais appuyer votre argument concernant l’objection de Rand selon laquelle les transactions sur le marché nécessitent une certaine base juridique. Le fait qu’il existe des marchés noirs contredit cette affirmation. Si vous êtes un trafiquant de cocaïne et que vous vous faites arnaquer par votre intermédiaire, vous ne pouvez certainement pas aller devant un tribunal et dire « Allez l’arrêter, il ne m’a pas donné la cocaïne qu’il était censé me donner »…

 RL : Je suis sûr que quelqu’un a essayé… 

Q3 : …Maintenant, bien sûr, cela peut très facilement conduire à la violence, mais n’oubliez pas qu’il y a des gens qui essaient activement de vous arrêter, non seulement qu’ils ne vous laissent pas arbitrer, mais qu’ils vous empêchent activement de le faire. 

 RL : David Friedman avance l’argument selon lequel l’une des principales fonctions de la mafia est de servir en quelque sorte de système judiciaire pour les criminels. Ce n’est pas tout, mais la Mafia s’intéresse aux activités criminelles qui se déroulent sur son territoire, car elle veut sa part, mais elle ne veut pas non plus que des gangs se tirent dessus sur son territoire. Si vous avez un conflit, que vous avez conclu un accord criminel avec quelqu’un et qu’il vous a trompé, et que cela s’est produit dans la juridiction d’un groupe mafieux particulier, ils s’y intéresseront tant que vous lui versez votre part. S’ils ne coopèrent pas, la Mafia agira comme un tribunal et une police. Ce sont en quelque sorte des flics pour les criminels. 

Q4 : Qu’est-ce qui empêchera les sociétés de protection de devenir un racket de protection ? 

 RL : Eh bien, d’autres sociétés de protection. Si elles y parviennent, alors elles deviennent un gouvernement. Mais pendant la période où il essaie de le faire, il n’est pas encore devenu un gouvernement, donc nous supposons qu’il existe encore d’autres agences, et il est dans l’intérêt de ces autres agences de s’assurer que cela n’arrive pas. Est-ce que cela pourrait devenir un racket de protection ? En principe, les agences de protection pourraient-elles évoluer vers un gouvernement ? Certaines le pourraient. Je pense que c’est probablement le cas historiquement. Mais la question est : est-ce un résultat probable ou inévitable ? Je ne le pense pas, car il existe un système de freins et contrepoids. Les freins et contrepoids peuvent échouer dans l’anarchie, tout comme ils peuvent échouer dans le cadre des constitutions. Mais il existe un système de freins et contrepoids qui consiste en la possibilité de faire appel à d’autres agences de protection ou de créer une autre agence de protection avant que cette chose n’ait eu la chance d’acquérir ce genre de pouvoir. 

Q5 : Qui explique le mieux l’origine de l’État ? 

RL : Il existe une théorie populaire du XIXe siècle sur l’origine de l’État, que l’on retrouve sous différentes formes. On la trouve chez Herbert Spencer, chez Oppenheimer, et chez certains libéraux français comme Comte et Dunoyer, et chez Molinari, qui n’était pas vraiment français, mais belge (« Je ne suis pas un Français, je suis un Belge ! »). Cette théorie – ils en ont eu différentes versions, mais elles sont toutes assez similaires – était qu’un groupe en conquiert un autre. Souvent, la théorie était qu’une sorte de groupe de chasseurs-maraudeurs conquiert un groupe d’agriculteurs. Dans la version de Molinari, ce qui se passe est le suivant : d’abord, ils vont tuer des gens et s’emparent de leurs biens. Puis, petit à petit, ils se rendent compte qu’il vaut mieux peut-être attendre et ne pas les tuer parce que nous voulons qu’ils cultivent davantage la prochaine fois que nous reviendrons. Alors, au lieu de ça, on viendra et on prendra leurs affaires sans les tuer, puis ils cultiveront encore plus et l’année prochaine on reviendra. Et puis ils se disent, eh bien, si on prend toutes leurs affaires, alors ils n’auront pas assez de semences pour les cultiver, ou ils n’auront aucune raison de les cultiver – ils s’enfuiront ou quelque chose comme ça – donc on ne prendra pas tout. Et finalement, ils se disent : on n’a pas besoin de partir et de revenir sans cesse. On peut simplement s’installer. Et puis petit à petit, au fil du temps, on obtient une classe dirigeante et une classe dirigée. Au début, la classe dirigeante et la classe dirigée peuvent être ethniquement différentes parce qu’elles étaient des tribus différentes. Mais même si, au fil du temps, les tribus se marient entre elles et qu’il n’y a plus de différence dans leurs compositions, elles ont toujours la même structure, celle d’un groupe dirigeant et celle d’un groupe dirigé. C’était donc une théorie populaire sur l’origine de l’État, ou du moins sur l’origine de nombreux États. Je pense qu’une autre origine que l’on peut voir dans certains États ou entités apparentées est celle de situations similaires, mais dans les cas où ils réussissent à repousser les envahisseurs. Un groupe local au sein du groupe envahi dit : nous allons nous spécialiser dans la défense – nous allons nous spécialiser dans la défense du reste d’entre vous contre ces envahisseurs. Et ils y parviennent. Si vous regardez l’histoire de l’Angleterre, je pense que c’est ce qui se passe avec la monarchie anglaise. Avant la conquête normande, les premiers monarques anglais étaient des chefs de guerre dont la tâche principale était la défense nationale. Ils avaient très peu à faire à l’intérieur du pays. Ils étaient principalement dirigés contre les envahisseurs étrangers. Mais c’était un monopole. (Maintenant, la question est de savoir comment ils ont obtenu ce monopole. Je n’en suis pas si sûr.) Mais une fois qu’ils l’ont obtenu, ils ont progressivement commencé à s’impliquer de plus en plus dans le contrôle intérieur également. 

Q6 : Hector, l’histoire de Murray sur Hector ? Elle ressemble beaucoup à cette histoire et elle est sur le Web, et c’est une histoire magnifique. 

 RL : De quelle histoire sur Hector s’agit-il ? 

Q6 : La première, pourquoi devons-nous partir, restons-y… 

RL : Oh, oui. 

Q6 : Murray a fait un très bon travail là-dessus, et je le recommande. 

RL : Dans quoi ça se trouve ? 

Q6 : C’est sur LewRockwell.com. 

RL : C’est l’un des articles de Rothbard qui s’y trouvent ? D’accord. 

Q6 : Je voulais étayer votre thèse de plusieurs manières. Un autre argument en faveur de l’anarchie est que si vous êtes vraiment en faveur du gouvernement, vous devez être en faveur du gouvernement mondial, car en ce moment, il y a l’anarchie entre les gouvernements, et nous ne pouvons pas avoir cela si vous voulez un gouvernement. Très peu de gens sont en faveur d’un gouvernement mondial, et c’est incompatible avec la thèse contre l’anarchie. 

 RL : Il faut qu’il y ait un arbitre final. 

 Q6 : Un autre argument en faveur de cette idée est la question des négociations. Les fuseaux horaires et l’écartement standard des voies ferrées ont été déterminés par des négociations entre les compagnies ferroviaires. 

 RL : Et Internet. Certains aspects sont légaux, mais d’autres sont simplement coutumiers. 

 Q6 : Un autre argument en faveur de cette idée est la question du cartel. À une époque, la National Basketball Association comptait huit équipes et ne permettait à personne d’y participer, alors ils ont créé l’ABA (l’American Basketball Association, avec le ballon rouge-blanc-bleu). Donc si vous aviez un cartel qui ne laissait pas entrer d’autres personnes, ils pouvaient en créer un autre. 

RL : Que leur est-il arrivé ? 

Q6 : Ils ont fini par fusionner. Aujourd’hui, il y a une trentaine d’équipes dans la NBA. Et si ce n’est pas assez, une autre ligue peut encore voir le jour. 

RL : Le point crucial est que dans la définition autrichienne de la concurrence, ce n’est pas le nombre d’entreprises concurrentes qui compte, mais la libre entrée. Tant qu’il est possible d’en créer un autre, cela peut avoir le même effet que de le faire réellement. 

Q6 : En plus de la dissolution d’un cartel, d’autres cartels peuvent entrer en concurrence avec le premier cartel. 

RL : La XFL a-t-elle eu un effet positif ? [rires] 

 Q6 : Je voulais poser une question. Dans votre réponse à la première question, où vous avez dit que vous le nommiez comme guide, cela signifie-t-il que vous êtes de mon côté ? 

 RL : Non. 

 Q6 : — sur l’aliénabilité ? 

RL : Non, non. C’est pourquoi j’ai dit qu’il était l’employé plutôt que le propriétaire. Je crois aux droits inaliénables. 

Q6 : C’est un employé, mais vous ne pouvez pas le licencier… 

 RL : Non, je peux le licencier. C'est mon conseiller, je le suivrai toujours, mais je n'ai pas renoncé à mon droit de le licencier. 

 Le meilleur de Roderick T. Long 

Anarchisme libertarien

Par Roderick T. Long 19 août 2004 

https://www.lewrockwell.com/2004/08/roderick-t-long/libertarian-anarchism/ 

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