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décembre 14, 2014

Stéphane Geyres t-il la Liberté par principe naturel ?

L'Université Liberté, vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.


La société libre



La société actuelle

Mon objectif aujourd’hui est de vous parler de la société libre, d’une société où tout repose d’abord sur la liberté de tous et de chacun. On verra que c’est quelque chose de très simple, la liberté est toujours simple, mais il semble que beaucoup aient besoin de l’entendre, de la voir expliquée pour mieux en matérialiser les concepts. Je vais donc tenter l’exercice.

On pourrait aborder le sujet directement, mais on pourrait perdre je pense beaucoup des motivations et des principes qui nous importent. Je propose donc plutôt de commencer par une rapide analyse de la société actuelle, forcément très partielle sinon partiale, mais destinée à la fois à ouvrir les yeux sur notre esclavage et à marteler les principes qui viennent fonder la liberté. Comme certains principes de la société moderne sont coriaces, je passerai ensuite un peu de temps à dénoncer l’illusion démocratique moderne, ce qui risque d’en choquer plus d’un. Nous pourrons alors parler de la société libre, mais pas juste en affirmant de vagues concepts arbitraires, non. On essaiera plutôt de montrer que l’espace idéal pour la liberté, ses fondamentaux juridiques, nous conduisent à certaines certitudes inéluctables quant à son organisation. La liberté ce n'est pas le chaos. Enfin, et pour préparer un éventuel débat, je propose de poser quelques réflexions relatives au chemin à suivre pour nous voir un jour vivre en Libertalie.

Comme point de départ de ma critique de la société actuelle, je prendrai une tarte à la crème socio-politique, à savoir le chômage. On peut difficilement faire plus lancinant comme sujet dans l’actualité de ces quarante dernières années. C’est bien sûr en premier lieu un sujet économique. Mais dont la solution est connue depuis la nuit des temps à l’échelle de la science économique : le chômage est un effet d’un coût du travail maintenu arbitrairement plus élevé que le libre marché le déciderait, ce qui conduit à une réticence des acteurs économiques à embaucher des ressources rendues insuffisamment productives. Voilà toute l’histoire sous l’angle théorique. Toutes les expériences en la matière, telle thatchérienne, ont confirmé ce que la logique et le bon sens indiquent.

Ce qui est intéressant avec le chômage, c’est le simple fait qu’il existe et qu’il perdure. Car si la solution est connue et est si simple, comment se peut-il que le problème ait pu apparaître et surtout ne soit pas encore réglé ? Certains avanceront que la théorie économique n’est pas si tranchée, que cette analyse simple est en fait simpliste et que le chômage est un phénomène en réalité bien plus complexe économiquement. Et ils avanceront d’autres théories, le plus souvent interventionnistes car dans tous les cas il ne peut y avoir que deux points de vue, soit pour le laissez-faire, soit interventionniste. Mais s’ils ont raison, comment expliquent-ils que le chômage n’existe que concomitamment à ces mêmes théories interventionnistes ? Et comment expliquent-ils leurs quarante ans d’échec ?

En fait, ce débat sur la théorie économique est un rideau de fumée. Les politiciens sont tout sauf des idiots et si jamais ils ne se sont réellement attaqués au chômage jusqu’à vraiment en faire un concept du passé, c’est qu’ils n’y ont aucun intérêt politique. Oh bien sûr, le chômage est en tête des programmes politiques de tous bords depuis des décennies. Mais il n’est jamais au mieux que raboté, étouffé, calmé. Jamais supprimé. Jamais vous n’entendez dire que le SMIC est une cause profonde du chômage et qu’il est donc désormais supprimé, puisque la lutte contre le chômage le justifie. Je pense qu’il y a à cela deux explications en rapport avec notre liberté.

La première touche la théorie économique. On l’a vu, si ces théories sont nombreuses, elles ne peuvent être que de deux types : interventionnistes ou pas. Or comment imaginer que le politicien, dont l’existence même, la survie repose sur la croyance qu’il peut agir sur notre bonheur, que ce politicien adopte un discours ou une théorie qui reposerait sur l’idée que toute intervention politique dans l’économie ne peut être que néfaste ou nuisible ? On comprend aisément pourquoi toutes ces théories fleurissent et prospèrent : parce qu’elles ne servent qu’à une chose : entretenir la croyance envers le pouvoir politique et en sa capacité à nous garantir notre bien-être.

Mais je crains que la raison principale au chômage soit bien pire, bien plus sordide. Le chômeur est en état de dépendance. Pas tous certes et heureusement. Mais le chômeur de longue durée est forcément dans cette configuration, sinon il s’en sortirait tout seul. Il a besoin de ses allocations, de l’aide de Pôle Emploi et de tous les avantages sociaux afférents à ce statut. Il devient dès lors un client politique, un manant qui vit de l’aumône sociale. Un esclave moderne donc. Et un esclave mendiant, en plus. Ces clients-là sont précieux pour le pouvoir, à une époque de fort abstentionnisme, ils forment un réservoir de votants hautement appréciable de nos vampires élus.

Un autre thème très proche dans le dogme socialiste, un thème de la famille de la justice sociale, et lui aussi lancinant et rampant depuis des décennies dans les abysses de déficits dignes de trous noirs, c’est bien sûr celui de la soi-disant sécurité sociale. Evidemment, la Sécu est un autre de ces emblèmes de notre social-démocratie qui repose sur une conception marxiste de la société. Le célèbre Laurent C. qui sur Contrepoints raconte son épopée obstinée et courageuse face à l’institution le dit très bien, le credo de la Sécu n’est rien de moins que : « chacun reçoit en fonction de ses besoins et paie en fonction de ses moyens ».

Pourquoi cela n’est pas libéral ? Justement parce qu’il y a dans ce principe un déséquilibre dans les flux qui est profondément immoral. Le moteur humain que constitue l’envie, qui par ailleurs est la source de nos initiatives et de toute l’histoire du progrès, fait que chacun a des besoins infinis. Et la vie consiste justement à chacun les arbitrer selon ses propres moyens, ce que l’économiste appelle « agir ». Rompre le lien de responsabilité individuelle entre besoins et moyens, comme veut le faire la Sécu pour nous protéger par sa bienveillance collective de façade, c’est démonter l’agir humain, c’est contester la vie de chacun au profit d’une collectivité qui décide à notre place mais jamais à notre profit à tous et surtout à chacun.

Mais ce que l’expérience de Laurent C. nous apprend est pire que ces considérations d’ordre économique. Tout le projet de Laurent repose sur sa certitude de réussir à quitter la Sécu parce que son monopole est aboli et même reconnu illégal par l’Europe depuis de nombreuses années. Pourtant le cancer bureaucratique français résiste, chaque pince du crabe tente de le retenir au sein des filets du monstre. Chacune des institutions de la Sécu nie notre liberté de choix d’assurance santé. Pourquoi donc ?

On peut imaginer trois raisons essentielles, forcément relativement irrationnelles, puisque la rationalité n’a plus lieu d’être dans cette histoire. En premier lieu, l’immense déficit joue. Bien évidemment, ceux qui cherchent à fuir ne sont pas ceux qui profitent du système, ce sont donc les cotisants qui veulent quitter le Titanic. Mais si l’information se transmet, si de plus en plus de cotisants quittent le navire, qui va payer pour les autres ? Comment le déficit peut-il faire autrement que plonger ? On retrouve ensuite les deux arguments évoqués pour le chômage, sans surprise. Reconnaître la fausseté du principe de base de la redistribution sociale, fût-elle relative à la santé, ce serait reconnaître la nocivité de l’interventionnisme redistributif étatique. Et bien sûr le clientélisme électoral venant des bénéficiaires joue de même à plein.

Un fait divers récent me servira à illustrer l’écart de liberté que nous subissons entre l’argument théorique de la solidarité et sa manifestation spontanée et réelle. Une « Mamie Loto » a pendant des années organisé des lotos entre clubs de personnes âgées, pour notamment collecter des fonds pour des œuvres caritatives diverses, dont notre cher Téléthon. Voilà donc une bien brave femme. Mais il lui est hélas sorti de la tête, à elle et à ses collègues manifestement, que nous sommes en France. Or en France, les jeux d’argent sont un monopole d’état. Pourtant, je ne sais pas chez vous, mais chez moi il en fleurit un peu partout. On est donc loin du monopole.

Où est donc le hic ? C’est que le monopole, ça permet des arrangements. Tant que vous créez une association qui collecte les gains et surtout qui paye un impôt colossal dessus, le monstre froid ferme les yeux, il se contente de la seule chose qui compte vraiment, le fric. Mais notre Mamie a cru pouvoir passer au-dessus de cela sous prétexte sincère d’action de solidarité. Ne sommes-nous pas en Socialie ? Pour sûr, tous ces braves socialistes approuveront son action. Or, pour bien rappeler ses règles et son pouvoir, le monstre a préféré mettre une nonagénaire aux fers plutôt que de fermer les yeux et prendre le risque d’une dangereuse jurisprudence. Vive le fisc.

Ces aspects sociaux sont assez bien connus des libéraux comme étant des domaines où notre liberté est bafouée, même si tous ne mesurent pas toujours jusqu’à quel point. Mais il y a bien d’autres domaines de la vie courante où c’est le cas, je dirais même que rares sont les domaines où ce n’est pas le cas. Ainsi la circulation routière. Une des caractéristiques d’une société libre, c’est sa diversité, reflet de la diversité humaine. On nous bassine de nos jours pour imposer la diversité sociale, mais à y bien regarder, cela n’est qu’un oxymore de plus, la diversité étant une réalité et non un produit de lex, dura lex. Or sur les routes, que constate-t-on ? Un seul code de la route pour tous. Il y a des rapides ou des lents ? Un seul code. Il y a des voitures sûres ou des épaves ? Un seul code. Il y a des urgences et des vacances ?  Un seul code.

Déjà, à bien y réfléchir, on pourrait se demander pourquoi le code ne se limite pas juste à la règle de la conduite à droite et à celle de la priorité à droite ou à gauche aux ronds-points. Cela suffit pourtant et cela a été le seul jeu de règles pendant des siècles. On m’opposera l’augmentation du trafic, celle de la vitesse et tout ce qui va dans le sens d’un plus grand risque sur la route. Mais une telle réflexion commet deux erreurs d’analyse. La première manque de réalisme. S’il y a tant d’accidents, c’est en grande partie de la faute de la conception du réseau routier, bien plus que des chauffards supposés.

Vous ne me croyez pas ? Regardez les autoroutes. Je ne suis pas spécialement favorable à ces voies, mais force est de constater qu’elles sont bien plus sûres. Pourquoi ? Parce la conduite y est bien plus homogène, et cela par conception. Imaginez qu’il y ait des routes pour vacanciers sans besoin de vitesse et des routes pour commerciaux pressés sans limite de vitesse. Vous croyez que cette dernière serait plus dangereuse ?  Seconde erreur, le manque de confiance. Le socialiste n’a pas confiance en son prochain et va chercher auprès de l’état et de ses règles la réponse à la peur qu’il a de l’autre. Le libéral sait que l’autre n’a en général rien contre lui et ne cherche pas particulièrement à le tuer et n’a recours à la justice que pour sanctionner les rares malveillants. Pourquoi en irait-il autrement sur la route ?
Regardez les gendarmes qui nous guettent de leurs radars. Que disent-ils ? Ils cherchent à forcer les contrevenants à rentrer dans le rang, ce qui est bien l’indice d’une volonté tout sauf réaliste et diversifiée. On ne s’intéresse pas au conducteur dangereux, mais au conducteur qui ne se conduit pas comme on l’exige, puis on l’éconduit, sans chercher plus loin. Belle preuve de la contradiction socialiste.

Avec le code de la route unificateur, tout le monde en fait se trouve incapable de rouler selon ses propres capacités et se trouve en situation plus dangereuse non pas dans l’absolu, mais par rapport à ceux qui partagent la route avec lui et qui ne le devraient pas. Alors on nous explique que la vitesse doit être réduite, toujours plus bas, sans que les raisons profondes soient touchées du doigt et donc les résultats sont à la hauteur. Regardez les routes des pays exotiques, la conclusion vient d’elle-même.

Le domaine de l’énergie est un autre sanctuaire de notre liberté bafouée. Je n’irai pas sur le terrain béatement écologiste, car je pense que les écologistes se trompent le plus souvent dans leur analyse marxiste des problèmes. Considérons les barrages hydroélectriques, Sirvens a fait les manchettes récemment. Personne n’est dans le sujet, hélas. Car tout cela n’est que l’expression d’un total manquement aux règles les plus basiques de respect des droits de propriété privée. Si la propriété avait été respectée, rien de tout ce micmac ne se serait produit. Voyons pourquoi.

Imaginez une vallée quelconque, où la géologie et la configuration pourraient permettre d’envisager un barrage de production électrique rentable. De deux choses l’une : soit une entreprise se constitue pour mener un tel projet à bien, soit personne n’arrive à réunir les capitaux et dans ce cas la question est réglée : personne ne croit en ce projet, donc il ne se fera pas. Ce premier point est important. L’état n’a pas plus que quiconque la capacité à savoir si un projet vaut le coup – et le coût – ou pas. L’état n’a donc pas la légitimité à nous imposer ses projets, fussent-ils pour un intérêt général immatériel. Électrifier la France n’est pas une raison valable pour exproprier des vallées entières. La seule manière de concrétiser la pertinence d’un projet c’est de s’y jeter à l’eau – si on peut dire pour un barrage – pour espérer en tirer profit. Donc un barrage ne peut être espéré – j’insiste sur espéré – utile que si des capitaux privés suffisants le financent, avec bien sûr l’espoir de revenus supérieurs en retour.

Mais ce n’est pas suffisant pour que le barrage voie le jour. Il faut de plus que l’entreprise ainsi créée achète les terrains qui seront noyés. Elle est pour cela obligée de convaincre chaque propriétaire. Et si un seul refuse, le projet tombe… à l’eau. On voit déjà ici combien il est facile de faire de grands projets pour l’état. Il ne s’embarrasse pas de telles considérations. Il exproprie les récalcitrants et voilà tout, au moins, en bons pragmatiques, on avance. Mais on marche sans aucun scrupule sur le citoyen et de ce fait on investit dans des projets – pardon, on dilapide des sommes – qui ne respectent pas l’intérêt de toutes les parties prenantes.

A ce stade, notre entreprise a obtenu les terrains, dispose des fonds pour construire la retenue et s’apprête à noyer la vallée. Mais ce n’est pourtant pas tout à fait fini. Car si vous habitiez en aval, que feriez-vous probablement ? Vous ne manqueriez pas de rencontrer les responsables du projet pour leur exprimer deux risques que le barrage fera peser sur vos biens. Si vous êtes agriculteur, ou pisciculteur, ou tanneur, vous avez besoin de l’eau qui passe chez vous. Et tout habitant a de plus besoin d’être rassuré quant au caractère improbable ou du moins assuré d’une rupture de la retenue et donc d’une inondation dévastatrice. Ces sujets ne sont tout simplement pas traités dans notre pays. Dans un pays de liberté, il serait impensable que l’entreprise du barrage n’établisse pas un contrat avec l’aval pour régler ces questions.

Ainsi, l’affaire Sirvens n’existerait pas. Pas de projet inutile. Pas de contestation légitime laissée sans résolution. Notez que je dis bien « contestation légitime ». Les Verts et autres râleurs ne sont pas tous porteurs de contestation légitime, du moins aucun de ceux qui n’est pas propriétaire des terres touchées. Dans un état de droit, personne ne peut faire agir ledit état contre ce que je décide chez moi tant que cela ne touche pas sa propre propriété. Notons pour finir que cette histoire pourrait être déclinée de la même manière pour ce qui touche au nucléaire, aux gaz de schiste, aux autoroutes et bien d’autres grands projets dits d’intérêt public mais présentant des risques majeurs.

J’avais imaginé conclure cette première partie par une liste indicative des professions qui sont soit contraintes soit dont l’existence même est l’expression de la contrainte. Mais la liste est si longue que je préfère faire l’inverse en vous invitant à tenter de trouver une seule profession qui serait vraiment libre dans ce pays. Pour ma part, je n’ai été capable d’en trouver qu’une seule : artiste. Et encore, parce que ce terme est suffisamment flou pour pouvoir être …. librement interprété….
 

L’illusion démocratique moderne

Je poursuis le post précédent sur la société libre pour aborder cette fois l’illusion démocratique moderne, comme second éclairage, plus institutionnel, sur l’absence de liberté fondamentale alors même que les institutions sont supposées la garantir. Nous allons voir qu’il en relève de tout l’inverse : ce sont les institutions qui sont la cause profonde de notre esclavage, et la liberté ne sera réelle qu’une fois qu’elles auront disparu.

Prenons divers angles de vue sur nos institutions, soit des structures, soit des principes, soit des concepts supposés essentiels. Je commencerai pour matérialiser une première difficulté, par le concept de nation, central à tant de nos textes. C’est un sujet où je me suis déjà longuement exprimé (Contrepoints, Libres !, ce blog) et je serai donc court, renvoyant si besoin à ces articles.

La nation, cela n’existe pas, du moins pas d’une manière qui permette d’en faire l’objet juridique que tant de nos textes supposent. Un objet juridique peut être actif ou passif. Passif, il peut être un crime ou un délit par exemple, ou une peine : ce sont des concepts qui n’agissent pas. Actif, tel le criminel bien sûr, ou l’assassin, mais pas la victime, qui subit, il est donc acteur et c’est parce qu’il est acteur qu’il peut être responsable et donc innocent ou coupable. Mais la nation est-elle un acteur ? Un homme, un individu peut être un acteur, donc « objet juridique ».

Mais la nation n’agit pas en tant que telle, seuls ses membres agissent. Et peut-on agir en son nom ?Elle n’agit pas parce qu’avant tout elle n’est pas définie. Et si elle n’est définie, comment agir en son nom ?

Car qu’est-ce que la nation ?  L’ensemble des Français en vie ? Soit, mais il y a des Français qui ont acquis la nationalité sans jamais vivre en France. Voire certains qui la renie. Alors, l’ensemble des Français de France ? Mais alors quid ce ceux qui vivent et votent à l’étranger ? Ceux qui se sentent Français ou qui y aspirent ? Pas pour moi donc. Ou enfin ceux qui soutiennent l’action du gouvernement ? Mais dans ce cas, beaucoup de libéraux – par exemple – ont peu de chance de faire partie de cette nation-là.

Bref on le voit, aucune définition ne convient à définir ce concept très vague. Du moins, les définitions ne permettent pas de caractériser la nation comme un acteur clair et responsable. Dès lors, toutes les décisions prises au nom de la nation tombent, vides de sens. Et la nation ne peut pas être ce au nom de quoi la république ou les politiques ou les bureaucrates agissent et prennent des décisions.

Indépendamment de ce concept vague qu’elle doit pourtant servir, les théoriciens de la démocratie nous avancent que la séparation des pouvoirs est un de ses piliers, un des piliers qui seuls peuvent assurer cet équilibre nécessaire entre état et citoyens. Ainsi, le législatif, le judiciaire et l’exécutif, pouvoirs à la fois nécessaires et séparés, indépendants, seraient la clé de notre contrôle sur Léviathan. Mais j’aimerais qu’on me cite un seul des grands pays démocratiques où cette alchimie fonctionne comme la théorie le prévoit.

Juste un indice, pour montrer les limites et mettre sur la voie : au fameux G20, machin informel où les grands pays sont censés se retrouver, avez-vous déjà vu par exemple la France représentée par le président de la République accompagné du président de l’Assemblée nationale et de celui du Conseil constitutionnel ? Non bien sûr. C’est assez facile à expliquer, en prenant le cas de la France, mais la même analyse peut être faite pour les Etats-Unis et tous les autres.

En fait ces trois pouvoirs peuvent être séparés intellectuellement sur le papier lorsqu’une constitution est établie, mais ils ne peuvent pas demeurer indépendants, de par leur nature même. Le problème commence avec le pouvoir législatif. A partir du moment où on imagine qu’il y a besoin de lois nouvelles, des lois nouvelles voient le jour. Y compris des lois qui concernent les autres pouvoirs. Et c’est ainsi qu’on voit peu à peu fleurir des textes qui érodent l’équilibre constitutionnel. Par exemple et parmi bien d’autres en France, la loi de 1955 instituant le concept d’état d’urgence.

Ce concept, par exemple, est totalement anticonstitutionnel. Il n’empêche, il a été validé et il permet de rompre la séparation lors de circonstances volontairement mal définies. Pourquoi ? Parce que le Conseil constitutionnel n’a pas intérêt à invalider ce concept. Son budget ne vient pas de ses propres impôts, mais de ceux collectés par le pouvoir exécutif, pour un montant voté par le législatif. Qui tient donc les rênes ? Celui qui tient l’argent des impôts. Voilà la faille.

On assiste donc à une érosion lente mais réelle de la constitutionnalité en faveur du pouvoir exécutif grâce au législatif et toujours au détriment du judiciaire. Ce dernier est sevré de budgets et donc de moyens, pour ne jamais être un risque pour les deux autres. Le législatif est à la botte de l’exécutif qui tient la bourse et lui donne ses ordres. Le législatif perdure pour faire croire à un semblant de séparation et légitimise ainsi les abus de l’exécutif.

C’est ainsi que notre régime est devenu super-présidentiel, mais guère plus que celui d’Obama ou que celui de toutes les autres démocraties. Au point que plus personne ne songe à rétablir la séparation des pouvoirs. Plus personne n’en parle, même. On a oublié ce concept. Et donc in fine, les élus et bureaucrates font en gros ce qu’ils veulent, sur notre dos, tout en se drapant de grands principes.

Plus profondément, la conception même de ces trois pouvoirs n’a rien de libéral. Pour un libéral, les fonctions régaliennes sont fondamentales, puisqu’elles correspondent au pouvoir judiciaire, celui qui est lié au respect du droit. Mais pourquoi aurions-nous besoin de nouvelles lois, voire même de lois tout court ? Nous disposons du droit de propriété et des libres contrats, pas besoin de plus. Et surtout, ce pouvoir n’a pas à être délégué, nous devons chacun le conserver pour être libres de contracter. De même, un pouvoir exécutif, pourquoi faire, puisqu’il y a déjà la police au sein du judiciaire et aucune loi à exécuter ?

Un autre grand pilier, dit-on, de la démocratie et donc de notre liberté serait formé par la constitution. Notons au passage que c’est elle qui établit les fameux trois pouvoirs et les conditions de leur séparation. On sent déjà comme un malaise. Mais ce n’est rien encore. Car quelle est l’idée centrale d’une constitution ? Un texte juridique fondateur, référence ultime de toute loi et toute justice pour un pays. Mais il y a au moins trois problèmes en chaque constitution de ce monde.

Tout d’abord, si le principe d’une constitution est si limpide, si l’articulation des trois pouvoirs est si claire, comment expliquer qu’il n’y a pas deux pays disposant de la même constitution, de près ou de loin ? La DDHC, par exemple, est bien conçue pour être universelle ; pourquoi les constitutions ne le peuvent-elles pas ? La constitution américaine est à la fois la plus ancienne, la plus stable et à bien des égards la mieux construite de toutes. Pourquoi donc aucun autre pays ne l’a-t-il adoptée ?

Ensuite, on a vu que la constitution établit les conditions des trois pouvoirs et de leur séparation. Mais sans jamais donner à chacun les moyens de son indépendance réelle, car cela serait auto-contradictoire : le pouvoir judiciaire n’est plus judiciaire lorsqu’il collecte les impôts nécessaires à son fonctionnement en toute indépendance. On voit là la contradiction fondamentale du concept même de séparation des pouvoirs.

L’autre argument classique contre une constitution est bien sûr celui du contrat social. Si la constitution doit être la racine ultime de tout édifice juridique juste et moral, indépendamment de sa teneur, se pose la question de l’établissement de sa légitimité. En France et aux Etats-Unis, elle provient d’une révolution, menée par un groupe et non par l’ensemble de la population, qui a ensuite établi, pour ne pas dire imposé, un texte comme nouvelle référence. Pas tout à fait démocratique tout ça. On pourrait s’attendre au moins à ce que chaque citoyen l’ait contresignée, mais rien de cela dans l’histoire.

De la même façon, on pourrait s’attendre à ce que la marque formelle, à 18 ans, de la majorité du jeune citoyen soit précisément son acceptation de la constitution par sa signature. Sinon, comme aujourd’hui, ne peut-on pas considérer la constitution comme nous étant imposée comme à des esclaves ? Si la constitution se concevait comme un contrat de copropriété, tout irait bien, car sa légitimité viendrait de celle de notre propriété et de notre signature personnelle. Mais aucune constitution n’est jamais rien de tel.

Enfin, la plus grande tarte à la crème politique moderne est sans doute constituée par la croyance dans la démocratie représentative – et d’ailleurs les Suisses ne s’y laissent pas prendre si facilement, avec leur démocratie directe. La première erreur vient bien sûr des trois pouvoirs. A partir du moment où on comprend que ni le législatif ni l’exécutif ne sont des pouvoirs compatibles avec notre liberté, on comprend que voter pour confier à des bonimenteurs lesdits pouvoirs ne peut qu’être une source de problèmes. La liberté, cela ne se délègue pas et donc le pouvoir politique non plus.

Pire, le vote en lui-même est une absurdité, du moins le vote électif. C’est en effet une injure à la logique libérale du libre-échange. Je vote, donc je me déplace, je fais l’effort de donner mon blanc-seing, pour en échange accepter de me faire arbitrairement dépouillé d’un montant déterminé par celui qui bénéficie de mon vote et dudit montant ?! Dans un monde normal, on établirait un contrat, comme pour un représentant commercial par exemple. Je te délègue certains pouvoirs, mais en échange tu acceptes de me rendre – disons – 50% de tes gains en mon nom, ou toute chose selon ce type de logique.

Alors bien sûr, la place est bonne et le clientélisme foisonne. Il ne faut pas s’étonner que tant de politocards investissent dans le business de la politique et que ceux qui y réussissent ne le quittent plus. Grassement payé à promettre sans jamais ne devoir tenir ses promesses, payé un montant qu’on choisit soi-même et sans devoir produire quoi que ce soit, quiconque a peu de moralité est forcément tenté par un tel appât.

Il reste étonnant de voir combien de gens trouvent un tel scandale politiquement normal ou même idéal. Cela en dit beaucoup sur le degré d’endoctrinement que les générations de politiques ont su nous inculquer au cours des dernières décennies.
 

Bases de la société libre

Dans cette troisième partie, maintenant qu’on a mieux vu de nombreux points faibles de la société moderne actuelle, je tente de présenter la société libre, du moins dans la démarche sinon dans son impossible exhaustivité.

La liberté est multiforme et de ce fait, beaucoup contestent l’idée voulant qu’on puisse décrire ou caractériser la société libre. Ce serait du constructivisme, selon eux. Je comprends l’argument, ou du moins la vigilance, mais le fait est que toute société n’est pas libre et qu’on peut reconnaître une société qui ne l’est pas – on l’a vu – donc on peut aussi imaginer et reconnaître une société qui le serait. C’est certes une question de méthode et de rigueur, mais au bout du compte, on peut exprimer sinon une société libre dans ses moindres détails, du moins les fondamentaux de toute société libre.

Le point de départ doit être tiré des seules certitudes dont on dispose. Or la liberté repose sur le principe de non-agression et le droit naturel, ce qui revient au même. Autrement dit, chacun est propriétaire de soi et des fruits de son travail. La propriété privée est donc le socle de la société libre. Elle est le seul. Et cela suffit pour notre exercice. Première conséquence, il n’y a rien d’autre que de la propriété privée dans notre future société. Seconde conséquence, l’intégralité de notre planète est découpée en espaces sous propriété privée.

On comprend une première erreur de beaucoup de gens. La libre circulation ne va pas de soi, elle n’a rien d’intrinsèquement libéral. En effet, se déplacer hors de chez soi ne peut se faire sans traverser la propriété d’autrui, lequel n’est pas obligé de nous y autoriser. Bien sûr, il est vital de pouvoir se déplacer un minimum et c’est bien pour cela que nous avons tous toujours connu des chemins, routes ou vieux sentiers. Mais il demeure, se déplacer demeure une tolérance et reste potentiellement soumis au refus du propriétaire du chemin ou d’un tronçon.

Ceci est un avantage et non un inconvénient. Parce que c’est ce qui permet de faire des déplacements et des moyens de déplacement un véritable marché libre. Parce que la propriété privée permet de librement offrir des services de route, de voie, de voyage qui permettront au gens et aux marchandises de vivre une liberté de circulation bien plus riche qu’en régime de propriété collective comme actuellement.

L’immigration n’est donc pas non plus un droit purement libéral, tout au contraire. Aller ailleurs, se déplacer, suppose une tolérance ou une autorisation explicite. Je ne peux pas aller en Suisse si je le décide, il faut que j’y sois autorisé par les Suisses concernés par mon voyage. Mais ce n’est pas différent du simple fait qu’on s’attend à ce que personne n’entre chez soi, en sa maison, sans y être invité ou disposer d’un motif légitime.

Une fois ces bases posées, il faut s’intéresser aux besoins de protection. En effet, les maisons isolées seront vulnérables aux bandits de grand chemin, qui sont source de chaos. C’est ainsi que les villages et bourgs et villes viennent à se former, pour mettre en commun les moyens de se défendre, mais aussi parce que la proximité favorise le commerce. Rien n’empêche d’autres modèles, cependant. La maison isolée reste possible, bien évidemment. Mais il lui faudra développer d’autres stratégies de protection.

Et c’est ainsi qu’on a vu dans l’histoire des châteaux ou de micro-villages s’accrocher à des pitons rocheux ou s’enfoncer dans des vallées étroites. On comprend que ce qui est le plus proche dans notre histoire de la société libre, ce sont les anciennes villes franches, les micro-états, dont San Marin ou Monaco sont quelques vestiges. Dans tous les cas, défense, police et justice sont organisées au niveau de chaque bourgade, selon les règles dont la population s’est dotée.

Le noyau de la société libre est donc posé. Mais il y a de nombreuses variantes, bien sûr. Dans certains cas, il n’y a qu’un unique propriétaire foncier, qui loue ses terres. On a affaire à un monarque. Ailleurs, la propriété est également unique, mais le propriétaire est la société de tous les copropriétaires du village. Ou le modèle fait de multiples propriétaires mais associés pour la défense et la gestion du village. Tous les modèles reposent sur l’auto-gestion de la communauté.

Comme le droit se fait donc au niveau de la communauté, puisque le droit est directement issu de la propriété privée, chaque communauté ou ville a ses règles. Ce qu’il faut bien voir, c’est que l’anarcapie, la société libre, constitue la base juridique commune. Une fois la communauté organisée et les fonctions régaliennes établies et entretenues, toutes les variantes deviennent imaginables. On peut ainsi imaginer une communauté qui choisirait librement, spontanément de fonctionner selon les principes communistes, ou qui choisirait de ne vivre qu’entre juifs ou entre musulmans. Ou toutes autres variantes. On parle parfois de panarchie, elle est rendu possible par l’anarcapie, chaque communauté constituant son propre micro gouvernement autonome et libre de tout autre forme d’état.

Je n’ai pas développé ici comment la police et la justice fonctionneraient. Il y a beaucoup de littérature sur ce sujet. Disons simplement que le cœur du système repose sur les sociétés d’assurance. Celles-ci vendent de la protection contre une prime, un abonnement. Celui-ci comporte à la fois les services de police et ceux de juges indépendants. La concurrence fait le reste, elle assure la qualité croissante des services pour des prix qui baissent. Mais au début, chaque village a sa protection. Peu à peu, les organisations les plus capables d’offrir de la protection offrent leurs services de village en village, chaque propriétaire ou chaque citoyen restant libre de contracter avec l’une ou avec l’autre.


On demande souvent comment on peut être sûr que ces sociétés d’assurance ne finissent pas par prendre le pouvoir d’une ville et de proche en proche deviennent un état coercitif. C’est oublier la libre concurrence. Un assureur qui deviendrait trop pressant serait vite pris entre le risque de ne plus toucher de primes et celui d’être mis en justice par ses concurrents au nom de ses victimes. Pour qu’un assureur dominant devienne un état coercitif, il faut plus que son simple rôle régalien : il faut que les gens aient peur. D’où ma conclusion de cette troisième partie : la liberté se mérite, que ce soit pour la gagner ou la conserver, il faut de tous le courage constant de la réclamer face à la peur.
 

Comment revenir à la liberté

Cet article complète et termine ma série en quatre parties rapides sur la société libre. Cette fois, alors qu’on a vu les défauts de la société actuelle, ceux de sa structure et qu’on a dégrossi la société libre, il s’agit d’aborder la ou les manières d’espérer la rejoindre en partant de notre social-démocratie.

Pour mettre – ou remettre – en place une Libertalie, la première idée qui vient sans doute est celle de la révolution. Notre histoire en est riche et nous continuons chaque 14 juillet d’en fêter la plus connue, malgré le nombre de têtes qu’elle vit tomber. Or un libéral qui réfléchit deux secondes comprend que cette voie n’en est pas une. Les morts sont un risque intolérable. Surtout, le principe même d’une révolution, fut-elle sans effusion de sang, consiste à tenter d’imposer sa volonté à autrui. Quelle qu’en soit la motivation, rien n’est moins libéral. Donc la révolution, out, on laissera cela au Che qui verra.

La seconde idée qui vient et que beaucoup soutiennent, c’est tout simplement de profiter de notre chère démocratie, âprement gagnée. Puisque nous pouvons voter, et donc influer sur le choix des hommes politiques, nous pouvons espérer choisir des porteurs du projet libéral qui ne manqueront pas de nous libérer. Mais si cela est possible, vu que la démocratie s’impose peu à peu dans le monde, pourquoi le monde n’est-il pas déjà plus libre – politiquement – qu’il le fut ? Par exemple, les pays les plus libres au monde sont-ils toujours des démocraties ? Et les démocraties les plus authentiques sont-elles autant de flambeaux de la liberté ? Non, deux fois. Monaco est bien plus libre que la France alors qu’il s’agit d’une principauté et les Etats-Unis ne sont plus le pays de la liberté depuis longtemps.

Cette impasse qu’est le vote démocratique est assez mal comprise pour s’y attarder – ce qui n’est pas dire que les attardés démocratiques sont mal compris. La raison de l’échec est systémique. La soi-disant démocratie française par exemple est conçue pour être indéboulonnable. Ainsi, même si nous en sommes à notre cinquième république, les constitutions successives n’ont jamais voulu ni pu remettre tout le système en cause. Les préfets remontent à Bonaparte, les sénateurs ont besoin des maires pour se faire élire et chaque institution tient les autres par les fouilles. Sans même parler de l’incohérence libérale à tenter de prendre le pouvoir, la voie démocratique est tout simplement illusoire. Il est dommage que certains partis ne le comprennent pas. On m’opposera peut-être les projets de type Free State ; j’en parle plus bas.

Par contre, ce qui frappe et fonde l’espoir selon moi libéral quand on observe les élections, c’est la part des abstentionnistes, énorme. Que nous disent les abstentionnistes ? Sûrement chacun une chose différente, mais probablement l’immense majorité se trouve-t-elle quelque part entre « ça ne sert à rien » et « je n’y crois plus ». Peu à mon sens sont vraiment dans le « je m’en fiche » car il est peu probable que l’évolution de la fiscalité, de l’insécurité et du chômage laisse grand monde de marbre. Beaucoup de libéraux, par exemple, ne votent plus parce qu’ils en ont assez de voter contre Untel et non pour la liberté.

Donc une part significative de notre population sent bien qu’elle est en fait impuissante et prise au piège, mais ne sait pas comment s’en sortir. Le premier frein à leur action, au renouveau de leur espoir et de leur exigence de liberté, c’est avant tout de se rendre compte, de savoir qu’un monde libre est possible, a existé et peut exister. Même avec toutes ses limites, si tous les abstentionnistes se réveillaient avec l’exigence de liberté, le système démocratique serait probablement assez ébranlé pour fléchir, voire se transformer en profondeur. L’enjeu fondamental de notre liberté tient donc en très grande partie au réveil intellectuel de la population. Vaste chantier, mais c’est le nôtre.

Et c’est pour cette raison que l’Institut Coppet investit le champ de la formation des jeunes. C’est pour cette raison que Les Libertariens travaillent à occuper l’espace de la communication politique. C’est pour cette raison que Contrepoints publie sans relâche. Pour diffuser nos idées, pour réveiller de plus en plus de monde à la liberté et peu à peu amener les abstentionnistes et tous les autres à exiger, voire à bâtir eux-mêmes, la liberté qu’ils avaient oubliée.

On dit souvent que la liberté viendra de la victoire des idées. Je pense que c’est une erreur. Les idées libérales ont gagné depuis longtemps, elles sont les seules à la fois cohérentes, réalistes et humanistes. Elles existent, ce sont les bonnes. Ce qu’il nous faut maintenant, c’est les faire connaître, voir de plus en plus de gens qui se rendent compte qu’elles sont l’avenir du monde, et le leur.

Internet à cet égard est clairement un outil fantastique. Il permet de nombreuses approches aboutissant à toucher directement les individus, en échappant aux systèmes censurés en place comme la presse et l’enseignement public. Mais il est plus prometteur encore. Sa structure décentralisée est en elle-même la base qui nous garantira que de plus en plus de structures sociales virtuelles et libres s’organiseront par-dessus et nous permettront de plus en plus de court-circuiter le pouvoir politique.

Parmi les pistes de liberté rendues possibles par la technologie et qui se développent à grand pas, il y a le « seasteading », l’installation en mer. Les terres étant toutes sous domination étatique, ainsi que les côtes, l’idée consiste à conquérir la haute mer, puisqu’elle n’appartient à personne. On voit ainsi des projets fleurir où des bateaux, des plateformes mobiles ou pas et autres conceptions feront les villages et villes libres de demain. Toutes ces structures porteront des organisations sociales proches de notre idéal anarcap, même si forcément on verra autant de variantes qu’il y aura de navires. C’est un des espoirs les plus concrets actuels de voir une société libre émerger.

Une autre piste concrète qui se développe peu à peu nous vient des Free State Projects, le plus connu étant dans le New Hampshire, mais il y a aussi celui du Tessin, ou Ticino, en Suisse. Ces projets cherchent à exploiter la voie démocratique et légale pour renverser le régime en place. Ils visent des états de petite taille et déjà assez libéraux où il serait possible de prendre le pouvoir si un nombre assez grand de migrants libéraux s’y installent. C’est une idée intéressante, mais encore faut-il pouvoir s’installer dans le pays visé, sans que la population autochtone finisse par y trouver à redire. L’expérience à ce stade montre que ce n’est pas gagné. A suivre cependant.

Et fait, ces deux derniers exemples sont des cas particuliers d’une stratégie plus générale et généralisable de conquête pacifique de la liberté en ce monde : la sécession. La sécession consiste, pour un territoire et ses habitants, à déclarer leur autonomie, leur indépendance, la scission du pouvoir étatique en place. Il y a des exemples récents dans le monde, tel en Afrique du Sud, le Lesotho et le Swaziland qui sont sortis de la fédération historique. Le schéma général est donc simple. Une ville, un département, un canton, une région décide – comment, ça c’est une autre question, mais ce doit être sans violence – de constituer un territoire libre où le régime de la Libertalie régnera désormais. C’est la stratégie que les grands penseurs libéraux, spécialement Hoppe, pensent la plus adaptée à notre monde.

On oppose souvent à ce scénario qu’il serait naïf, simpliste, vu qu’il est très facile pour la France par exemple de tuer dans l’œuf et dans la violence la moindre initiative d’une malheureuse commune ou région dans ce sens. Il suffit de voir combien d’énergie est mise dans la lutte contre les indépendantistes (certes violents) basques, corses ou bretons. Mais cette remarque manque en réalité de lucidité. Car l’état socialiste s’appauvrit. La violence locale monte parce que la police n’a pas les moyens d’être partout. L’armée partie au Mali n’est pas dans les casernes. Et donc il viendra un moment, plus proche que beaucoup l’imaginent, où l’état sera incapable de faire face à une vague de sécessions locales. Imaginez Toulouse, Rennes, Lille, Strasbourg et Nice déclarer leur indépendance en même temps ou presque. Ou mieux, cinquante communes en cinquante endroits très différents. Une guérilla de la sécession. Imparable.


Ainsi, si je m’engage au quotidien dans la communication et l’explication, c’est parce que je pense qu’Internet nous permettra sous peu – quelques années peut-être – de susciter une vague de sécessions spontanées un peu partout sur le territoire, que la France ne pourra pas toutes repousser du fait de sa déliquescence, et qui même si elles échouent pour certaines, constitueront la première étape de la vraie révolution libérale et pacifique que nous espérons tous.
 

La société libre par Stéphane Geyres

et lire sur son site ci-dessous: Quatre lois de la liberté

La Liberté par Principe

 

 

 

 

 

 

novembre 29, 2014

Alain MADELIN et le "Libéralisme" en 2014/15 - Un "Libéral complet" !!

L'Université Liberté, vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.



Alors que l'UMP désigne ce weekend son nouveau président, l'ancien ministre et candidat à la présidentielle, nous a accordé un entretien fleuve, dans lequel il réaffirme ses convictions libérales

A la veille de l'élection du président de l'UMP, quel regard portez-vous aujourd'hui sur ce qui a longtemps été votre famille politique? Est-elle à la hauteur des enjeux actuels?
 
Alain MADELIN: A l'évidence, l'UMP, dans ses propositions, son programme et son action n'a pas vraiment permis de relever les défis posés à notre pays. Après l'immobilisme chiraquien post-2002, et à la faveur - ou avec l'alibi - de la crise, la droite UMP a plaidé pour le retour de l'Etat, le renforcement des frontières, la mise en oeuvre du principe de précaution, par exemple pour les gaz de schiste, augmenté les impôts et même défendu l'idée d'aligner la fiscalité du capital sur celle du travail! Sans doute l'idée la plus fumeuse pour l'économie, partiellement mise en œuvre sous Sarkozy, parachevée par les socialistes. Ce qui nous vaut aujourd'hui le double record du monde de la fiscalité du capital et de la taxation marginale du travail.

De même, l'idée du Pacte de responsabilité et du CICE était en germe dans la TVA sociale prônée par l'UMP.
Je pense que si les libéraux sont entrés dans l'UMP après 2002, le libéralisme en est sorti.
La droite libérale que vous incarnez existe-t-elle encore? Qui pourrait la représenter aujourd'hui?
Il est frappant de voir comment l'UMP, née de familles gaullistes, centristes et libérales, qui n'étaient pas de droite à l'origine, a viré à droite toute et en est même très fière: la «droite décomplexée», ça marche. Or, pour moi, se dire de droite est bien trop court: il existe une droite dirigiste, protectionniste, xénophobe, à l'opposé de ce que je pense, et aux antipodes des solutions qu'il faut proposer aujourd'hui.
Les idées libérales aujourd'hui ne sont pas incarnées politiquement. En revanche, elles irriguent de plus en plus largement le champ politique.

Nicolas Sarkozy a-t-il été un jour libéral, comme certains le lui reprochaient d'ailleurs en 2007?
Cette question me rajeunit. Du temps de mon premier compagnonnage avec Nicolas Sarkozy, celui des Etats Généraux de l'opposition - qui avaient alors très largement une tonalité libérale - les journalistes nous demandaient souvent ce qui nous différenciait lui et moi. Je répondais que j'étais libéral avant d'être de droite, tandis que lui disait qu'il était de droite avant d'être libéral. 

Le mot «libéralisme» a mauvaise presse en France. Comment l'expliquez-vous?
e conteste votre affirmation. Tous les sondages montrent que lorsqu'on met le mot «libéralisme» en compétition avec les mots socialisme, droite, capitalisme, il ressort largement en tête.
J'ajoute que lorsque l'on oublie le mot pour présenter aux français des propositions libérales en termes de liberté d'agir ou de choisir, on rallie les deux tiers et les trois quarts d'entre eux. Prenons un exemple précis: l'âge de la retraite. Faut-il l'établir à 64, 65, ou 70 ans?
C'est une mauvaise solution car le problème ne se pose pas ainsi.

La question économique est de ne pas distribuer plus d'argent qu'il n'y en a dans les caisses. La solution sociale la plus juste, c'est d'appliquer le principe «à cotisations égales, retraites égales» et de laisser en suite chacun choisir librement l'âge de sa retraite - c'est la retraite à la carte - et faciliter la constitution d'une épargne retraite complémentaire.

C'est le principe de la retraite par points, une idée qui d'ailleurs transcende aujourd'hui les clivages. Voilà un exemple de réforme libérale qui pourrait rassembler. Des idées qui hier, semblaient marginales, font souvent aujourd'hui presque consensus. Il serait dès lors dommage de ne pas profiter de cette opportunité pour transformer en profondeur notre pays.

N'avez-vous pas manqué de pédagogie, en vous enfermant dans une sémantique libérale?
On peut ne pas aimer le mot, néanmoins politiquement, philosophiquement, économiquement, il a un contenu clair, de plus en plus actuel. C'est un mot magnifique, évoqué par tous les défenseurs des droits de l'homme dans le monde dont le premier sens, selon le dictionnaire, est «généreux». Aujourd'hui d'ailleurs, qualifier un socialiste de libéral est une preuve d'évolution dans l'échelle politique! 

Diriez-vous que d'une certaine manière François Hollande mène une politique libérale?
La croissance, c'est à la fois la compétitivité des entreprises et celle de l'Etat. De façon assez surprenante, vous avez une sorte de consensus mou entre la gauche, la droite, le centre et le patronat, sur l'idée selon laquelle le problème de compétitivité serait essentiellement dû au coût du travail trop élevé. On prône alors une politique qui a sa cohérence économique, la déflation salariale. Puisque je ne peux pas dévaluer ma monnaie, je pratique une sorte de dévaluation intérieure, en baissant les coûts de production, à commencer par le coût du travail, et en demandant aux salariés de payer une partie du coût de leur travail comme consommateur ou comme contribuable. C'est la politique initiée au précédent quinquennat avec la TVA sociale et poursuivie aujourd'hui avec le CICE et le Pacte de responsabilité. Je ne cesse de dire que cette politique est inepte et inefficace. La désillusion, qu'on commence à voir pointer, s'annonce grande. 

Les coupes salariales et l'austérité combinées forment une politique qui ne peut qu'échouer, et beaucoup la remettent en cause. Lorsque vous arrosez l'ensemble des entreprises avec un pacte de responsabilité de 50 milliards, les entreprises applaudissent ce qu'elles voient comme une reprise des impôts supplémentaires qu'on leur a fait payer. Dans les faits, on arrose le sable: la Poste ou la grande distribution sortent gagnants, alors que le problème de la compétitivité est celui de l'investissement dans les entreprises innovantes. 50 milliards paraît énorme, mais représente à l'arrivée 2% maximum du coût d'un produit industriel soumis à la compétition international, c'est-à-dire moins qu'une variation de quelques jours de l'euro, moins que l'impact de la facture du pétrole. Imaginer qu'on va bouleverser la compétitivité avec cette mesure est absurde.

Il faut changer de cap économique. S'il est vrai qu'on a distribué plus de salaires qu'il n'y a eu de gain de productivité au cours des 15 dernières années - il faut bien constater que cette augmentation est de la seule responsabilité du patronat. La question n'est pas aujourd'hui de diminuer les salaires au niveau des gains de productivité, mais d'augmenter les gains de productivité pour rejoindre le niveau des salaires. 

Cette politique de baisse du coût du travail et de coupes dans les dépenses publiques, apparait comme une purge, et je ne veux pas laisser penser qu'il s'agit d'une politique libérale. Il y a peut-être des socio-patronaux dans le gouvernement, mais sûrement pas de socio-libéraux!

Alors que faut-il faire?
S'il n'est pas dans le pouvoir de l'Etat de fabriquer la croissance, il est en son pouvoir de la libérer. Les deux ingrédients de la croissance sont le travail et le capital. Or, nous avons -répétons-le - les records mondiaux de taxation du capital et du travail. Ceci ne passe pas par le chômage et le recul du pouvoir d'achat.

Nous avons donc d'urgence besoin d'une fiscalité normale, qui s'aligne au moins sur la fiscalité des pays nordiques, qui ont, comme nous, un fort taux de dépenses sociales.

Nous avons également le patronat le plus assisté au monde. La facture de l'assistance au patronat et à l'économie va dépasser 150M€. En échange de cette somme, je pourrais supprimer l'impôt sur le revenu, sur les sociétés et les charges sociales patronales. C'est vous dire l'énormité de cette facture. Certes, on ne peut tout supprimer, mais il existe des marges de manœuvre. Je propose d'échanger ce trop plein de subventions contre des baisses d'impôts et des libertés supplémentaires!
Nous avons besoin aussi de reconstruire un vrai marché du travail, avec un droit du travail moins rigide et plus moderne.

La formation professionnelle devrait être également une grande cause de mobilisation nationale au-delà des clivages partisans. Plutôt que de faire des emplois d'avenir, qui sont bien chiches en terme d'avenir, mieux vaudrait mobiliser l'ensemble des entreprises au service d'une action d'urgence et en utilisant tous les nouveaux moyens de l'éducation numérique.

Ajoutons que nous avons besoin d'une large ouverture à la concurrence d'activités fermées, y compris les activités publiques. 

L'outil de la compétitivité de l'Etat n'est pas la hache budgétaire mais la restructuration et la délégation de gestion pour réinventer l'Etat.

On connaît mal vos positions sur les questions de société ... Les qualifieriez-vous également de libérales? 

En fait, et c'est ce qui angoisse Zemmour, c'est qu'il sait bien au fond de lui-même que nous ne subissons pas une simple crise dont il serait facile de sortir en restaurant l'ordre ancien. Nous vivons une profonde mutation.

Un changement de civilisation avec le passage de la société industrielle à la société mondiale de la connaissance. Une mutation de la notion de souveraineté, le grand passage de la souveraineté de l'Etat à la souveraineté de l'individu.

La réinvention des Etats est aujourd'hui guidée par le principe de subsidiarité, admirablement résumé par Abraham Lincoln «Tout ce que les citoyens sont capables de faire, il faut leur laisser faire».

Et on sent aujourd'hui chez nos concitoyens une revendication spontanée de reprise en main de leurs affaires malmenées par l'Etat, une sorte de nouveau «laissez-nous faire» sous-jacent à beaucoup de colères des français. Les politiques doivent comprendre que le «faites moi confiance» ou l'anaphore égocentrique du «Moi président de la République» ne sont plus supportables. Je rêve d'un président qui dirait: «Je vous fais confiance», et qui ajouterait «je ne suis pas là pour faire, mais pour permettre de faire». Ceci dépasse la gauche et la droite. Il existe d'ailleurs à gauche un héritage génétique libéral autour de l'idée de «l'émancipation» des individus et j'accepte volontiers la devise des sociaux- démocrates «la liberté autant que possible, l'Etat autant que nécessaire».

Le triomphe de Zemmour ne signifie-t-il pas la défaites de vos idées?
Quand le bateau menace de couler, c'est le moment où l'on attend beaucoup de la protection du capitaine. Dans l'état de désarroi qui est le nôtre, et lorsque le capitaine parait dépassé, on désigne des boucs émissaires, comme les riches, la finance, les immigrés, l'Europe, l'Euro… On se réfugie dans un certain conservatisme social. 

Je sais bien qu'à côté du niveau de vie économique, il existe aussi un niveau de vie du cœur, fait d'un certain nombre de valeurs, d'un héritage culturel, de règles de vie commune, et que ce niveau de vie là baisse aussi. Je ne mésestime pas ces problèmes même si je pense que la crispation identitaire n'est pas la solution.

Prenez l'exemple du mariage pour tous. J'avais critiqué le pacs devant le notaire à l'époque, en disant qu'il n'allait pas assez loin et qu'il fallait faire l'union civile devant le maire. Personne, hélas, ne m'a suivi alors à droite. Ainsi, les couples homosexuels se seraient de fait «mariés» à la mairie, et l'on n'aurait pas donné aux nombreux français qui sont attachés au mot «mariage» comme une sorte «appellation hétérosexuelle contrôlée» le sentiment d'être dépossédés.

Les analyses de Zemmour sont souvent très fines, mais ses conclusions, le rétablissement de l'autorité et de la virilité perdues, me paraissent d'un autre âge.

L'économie libre que vous prônez ne soulève-t-elle pas une question morale? Que faites-vous des ouvriers et des mineurs exploités dans des pays en voie de développement?
Il y a effectivement une question morale: faut-il interdire aux plus pauvres de s'enrichir? Les plus pauvres profitent incontestablement de libertés économiques et du libre-échange. La vraie question me parait être celle de la baisse du moral des français, de la perte de confiance dans l'avenir. Regardons aujourd'hui l'avenir avec confiance.
Deux moteurs de croissance sont aujourd'hui allumés à l'échelle de la planète. Le moteur de l'innovation et de la création destruction. Les progrès à venir dépassent l'imagination. Le moteur de la mondialisation et de l'enrichissement par l'échange.
7% de croissance signifie que vous doublez votre niveau de vie tous les dix ans, tandis que 0,5% de croissance le doublent tous les 150 ans. Le problème, c'est que les français ont aujourd'hui la sensation de subir une grande panne. Ceci exacerbe les tensions sociales et les politiques sont tentées, faute de résultats, de s'affirmer par des discours démagogiques.
Je considère aujourd'hui la situation sociale comme très grave: la pauvreté et le précariat gagnent du terrain, le chômage progresse, le pouvoir d'achat réel recule, les fins de mois sont de plus en plus difficiles, et même souvent dramatiques pour beaucoup trop de nos compatriotes. Une partie de France décroche, que ce soit dans nos cités ou au fond de nos campagnes.

Tous ces drames humains au quotidien ne sont pas le fruit d'un excès de libéralisme ou d'une insuffisance de dépenses publiques!

J'ai le sentiment de vivre une sorte de «perestroïka française». Souvenez-vous, dans les pays de l'Est, vers la fin du communisme. On y faisait ce diagnostic «la base ne veut plus, le sommet ne peut plus». La perestroïka, c'était la tentative de la nomenklatura de faire un certain nombre de réformes censées prolonger le système et le préserver d'une remise en cause plus profonde. Je pense qu'aujourd'hui l'urgence sociale, l'impératif de la croissance et l'exigence de mutation de l'économie et de l'Etat exigent un sursaut libéral.

Alain Madelin : l'UMP, le libéralisme et moi

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Alain Madelin

De Wikiberal
 
Alain Madelin est un homme politique français, né le 26 mars 1946 à Paris (XIIe arrondissement).
Fils de Gaétan Madelin, ouvrier spécialisé de Renault et d'Aline, femme de ménage, il passe son enfance à Belleville, à Paris.
Choqué par les accords d'Évian, il s'engage dès ses 16 ans pour la cause nationaliste et devient famillier des bagarres avec les militants d'extrême gauche. En 1963 il est à la Fédération des Etudiants Nationalistes où il est responsable de l'action militante, il sera blessé à l'entrée du lycée Turgot dans une bagarre entre lycéens communistes et membres de la FEN. En 1964, alors qu'il étudie le droit à Assas, il est l'un des fondateurs du mouvement Occident, mouvement étudiant d'extrême droite, avec Gérard Longuet et Patrick Devedjian. Revenant sur cette époque, il déclare qu'il s'agit d'un
«anticommunisme militant, extrême et passionné, qui a accompagné une bonne partie de ma vie d'étudiant. Et comme à ce moment-là, la France de l'anticommunisme était marginalisée, nous avons été systématiquement confinés à l'extrême droite. En face, ils étaient pour Mao et Pol Pot, pour les Gardes rouges et pour les Khmers rouges. Je ne regrette pas de ne pas avoir choisi ce camp-là. »
Le 12 janvier 1967, Occident opère une action commando contre des militants d'extrême gauche qui distribuent des tracts à la faculté de Rouen. Le commando, dont fait partie Madelin, laisse sur le carreau, cinq blessés, dont un grave, crâne fracturé et même percé d'un coup de clé à molette. Ironie du sort, ce blessé grave n'est autre qu'un futur journaliste du Monde : Serge Bolloch.
Les militants d'Occident affrontent les manifestants de mai 68 ; à l'issue de la crise le groupuscule est dissous.
À l'automne 1968, Alain Madelin retourne à la faculté de droit d'Assas, et adhère aux Républicains indépendants de Valéry Giscard d'Estaing. Il obtient une licence de droit. L'avocat prête serment en 1971, mais ne coupe pas vraiment les ponts. Il travaille dans différents instituts et organismes patronaux, notamment avec Georges Albertini, un ex-lieutenant du collaborationniste Marcel Déat, qui fut un des derniers ministres du maréchal Pétain.
Il intègre l'état-major de Valéry Giscard d'Estaing, qui est élu président en 1974. (idem en 1981)
En 1978, Alain Madelin est élu député d'Ille-et-Vilaine et devient vice-président du Conseil régional de Bretagne ; il fait sensation en arrivant sans cravate dans l'hémicycle.
Lorsque la droite gagne les élections législatives en 1986 et que débute la première cohabitation, Jacques Chirac le nomme ministre de l'Industrie, des Postes et Télécommunications et du Tourisme. Le scénario se répète lorsque la droite gagne les élections législatives en 1993 et qu'Édouard Balladur, premier ministre de la seconde cohabitation, nomme Alain Madelin ministre des Entreprises et du Développement économique.
Son passage laisse deux traces notables : d'une part les contrats de retraite dit « Madelin », permettant aux non-salariés de se constituer une retraite par capitalisation ; d'autre part une simplification des démarches de création d'entreprise, avec la mise au point du statut d'entreprise unipersonnel (EURL et EARL).
En 1995, Alain Madelin est élu maire de Redon.
Lorsque l'UDF se range derrière Édouard Balladur à l'élection présidentielle de 1995, il choisit de soutenir Jacques Chirac. Élu, ce dernier le nomme ministre de l'Économie et des Finances mais ses positions le mènent à la démission au bout de trois mois et il est remplacé par Jean Arthuis. Lors de son passage au ministère il ne fait pas montre d'un libéralisme excessif : il approuve une hausse importante des impôts ; il signe avec d'autres ministres la "loi anti-Reichman", destinée à empêcher les gens de s’assurer librement en-dehors de la sécurité sociale (loi jamais été appliquée en l'état, et rapidement remaniée, puisque contraire aux dispositions communautaires).
À la victoire de la gauche en 1997, il prend la tête du Parti républicain. À l'été 1997, il renomme ce parti en Démocratie Libérale.
Il se présente à l'élection présidentielle de 2002, mais ne parvient pas à atteindre le seuil de 5% des voix qui lui permettrait de se faire rembourser ses frais de campagne : financièrement acculé, il rejoint avec son parti l'UMP en 2002.
Avec Henri Lepage, il a fondé dans les années 90 le (futur cyber) Institut Euro 92, qui constitue depuis lors une réserve inestimable d'articles portant sur des sujets aussi variés que la monnaie, l'environnement, la santé, ou encore l'histoire des idées libérales.
Il a continué à prendre part à la vie intellectuelle française avec les cercles libéraux.
Il est aujourd'hui avocat au barreau de Paris, divorcé, et a trois enfants.
Depuis novembre 2007, il préside le Fonds mondial de solidarité numérique créé en 2005 sous l'égide du Président sénégalais Abdoulaye Wade.

Fonctions et carrière politique

Mandats électifs

  • Député d'Ille-et-Vilaine (1978-1986, 1988-1993 et depuis 1995).
  • Parlementaire européen (1989, 1999-2002).
  • Conseiller régional de Bretagne (1992-1998).
  • Conseiller général du canton de Redon (Ille-et-Vilaine, 1994-1995).
  • Maire de Redon (Ille-et-Vilaine, 1995-2001).

Responsabilités exercées

  • Ministre de l'industrie, des postes et télécommunications et du tourisme (1986-1988).
  • Vice-président de l'Union pour la Démocratie française, UDF (1991-1996).
  • Ministre des entreprises et du développement économique, chargé des petites et moyennes entreprises et du commerce et de l'artisanat (1993-1995).
  • Ministre de l'économie et des finances dans le gouvernement Juppé (18 mai-26 août 1995).
  • Président de Démocratie libérale (1997-2002).

Sanction disciplinaire

  • 02/02/1984 Infraction : « Injures ou menace envers le Président de la République française » (Article 73 du Règlement de l'Assemblée nationale) Peine: « Censure simple » (privation pendant un mois de l'indemnité parlementaire). Contexte : pendant le débat portant sur la loi visant le groupe Hersant, François d'Aubert, Alain Madelin et Jacques Toubon avaient mis en cause l'honneur du Président François Mitterrand en rappelant les relations que le chef de l'État avait entretenues, au sein d'une revue féminine intitulée Votre Beauté, avec d'anciens responsables du CSAR (i. e. la Cagoule).
 

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