rapport à 2012 (elles s’établissaient à 83,41 milliards de dollars en 2013), tandis que ses
importations totales étaient de 49,58 milliards, soit 1,02% de plus qu’en 2012 [4]. La part des
pays hors CEI (donc hors Union douanière) dans les importations du Kazakhstan s’accroit
pendant cette période puisqu’elle est de 58,1% en janvier-août 2014 (contre 53,3% pour la
même période de 2013) et celle de ses exportations est de 88,6% (contre 87% pour la même
période de 2013). De plus, les principaux partenaires économiques du Kazakhstan sont la
Chine et l’UE et leurs parts dans les échanges du Kazakhstan augmentent. Elles sont
respectivement 14,6% et 45,7% de ses échanges commerciaux sur la période janvier-août
2014, contre 17,2% et 40,5% pour la même période de 2013. Ces chiffres peuvent par
conséquent soulever la question du bien-fondé de la promotion d’une intégration douanière et
économique du Kazakhstan avec la Biélorussie et la Russie, puisqu’il commerce davantage
avec des pays tiers. Le Kazakhstan avec la Biélorussie ne comptent que pour 0,5% des IDE
réalisés en Russie. Du reste, les données relatives aux investissements directs étrangers (IDE)
renforcent la pertinence de cette question. Moscou et Minsk ne représentent que 5% des IDE
réalisés au Kazakhstan. Les principaux investisseurs dans ce pays étaient en 2012 les Pays-
Bas, la Chine, le Canada et le France. Réciproquement, le Kazakhstan avec la Biélorussie ne
comptent que pour 0,5% des IDE réalisés en Russie. Ce qui abonde dans le sens du politicien
et journaliste kazakh Amirjan Kosanov qui souhaite voir son pays coopérer plutôt avec des
pays pouvant opérer des transferts de technologie vers son pays, par crainte de voir son pays
touché par une économie russe en piteux état.
Les bénéfices attendus de l’adhésion du Kazakhstan à l’Union eurasiatique
Comme le soulignent B. Slaski et E. Dreyfus dans leur article « Quelle Union eurasiatique ? »,
l’Union douanière devait accorder au Kazakhstan un « accès facilité et sans taxes aux
oléoducs et aux gazoducs russes et biélorusses menant vers l’Europe occidentale » ainsi
qu’une meilleure protection face aux produits chinois depuis 2010. Mais, sur ce dernier point,
les données de l’Agence pour les statistiques du Kazakhstan n’indiquent pas une telle
évolution, puisque les importations chinoises au Kazakhstan croissaient en valeurs absolues et
en pourcentage des importations totales du Kazakhstan. Ces importations chinoises
atteignaient 7,444 milliards de dollars en 2012 (soit 16,1% des importations totales du
Kazakhstan), puis 8,364 milliards de dollars en 2013 (soit 17,1% des importations totales du
Kazakhstan) et 5,441 milliards de dollars pour les neuf premiers mois de l’année 2014 (avec
une part de 18% dans les importations totales du Kazakhstan). L’Union eurasiatique, quant à
elle, devrait permettre aux produits kazakhstanais d’accéder plus facilement aux
infrastructures russes et européennes et ce, peut-être, grâce à la facilitation des transports
Asie-Europe par voies terrestres, alors qu’ils se font, pour l’heure, plutôt par voie maritime.
Mais, la signature par les chemins de fer russes et chinois à la mi-octobre 2014 d’un
mémorandum pour le projet de construction de lignes à grande vitesse entre Moscou et Pékin,
pourrait modifier un peu la donne. Par ailleurs, ce rapprochement économique avec la Russie
qui est le 156ème membre de l’Organisation Mondiale du Commerce depuis le 22 août 2012,
pourrait simplifier l’entrée du Kazakhstan à l’OMC, de l’avis cette dernière et de celui de la
Russie. De plus, les banques centrales des trois pays se sont mises d’accord pour échanger des
informations et un travail d’harmonisation fiscale serait en cours entre les trois pays, où la
TVA est de 18% en Russie et de 12% au Kazakhstan (de 20% en Biélorussie). Ce qui marque
un premier point de dissymétrie entre les trois partenaires. Des acteurs économiques ainsi que
la population kazakhstanaise avaient anticipé un renforcement des taxes douanières et donc
une augmentation générale des prix, suite à l’entrée de leur pays dans l’Union douanière. En
théorie, les consommateurs kazakhstanais pouvaient aussi compter sur une augmentation de la
concurrence entre produits de consommation. Dans les faits, force est de constater que l’inflation est à la baisse depuis 2011. De l’ordre de 7% en 2011, elle atteint 6% en 2012,
4,8% en 2013, année où elle était la plus faible depuis 15 ans. En revanche, elle pourrait
remonter pour atteindre les 6,9% fin 2014 [5]. D’autres bénéficiaires d’une intégration
eurasiatique plus poussée pourraient être des Kazakhs de régions frontalières entre la Russie
et le Kazakhstan. Des initiatives, apparemment locales, se font jour notamment dans la région
de Saratov (en Russie) qui compte environ 3% de Kazakhs. Elle a vu naître le centre
d’information « Evrazia-Povolje » (« Eurasie-région de la Volga »), dirigée par une
historienne russe, en septembre pour promouvoir la coopération transfrontalière entre la
Russie et le Kazakhstan. Au niveau national, cette intégration se manifeste par le forum
annuel de coopération régionale, auquel participent les deux chefs d’État. Le dernier en date
s’est tenu en septembre 2014, dans la ville pétrolière d’Atyrau, sur le bord de la mer
Caspienne, au Kazakhstan. Ce forum annuel, qui est le onzième du nom (Moscou et Astana
n’ont donc pas attendu la mise en place de l’Union douanière en 2007 pour l’instaurer) et
consacré au domaine pétrolier, a présenté un projet de création d’un pôle d’innovation gazo-chimique sur la base du complexe d’Orenbourg (en Russie) ainsi qu’un projet de centre de
formation d’ingénieurs pour le secteur des hydrocarbures. Ces exemples de développement de
l’intégration et de la coopération eurasiatique ne doivent pas masquer de remarquables
dissymétries structurelles et de diverses natures entre les deux voisins. Les plus
immédiatement repérables sont celles qui ont trait à leurs superficies, démographies et
produits intérieurs bruts, difficilement comparables. La superficie du Kazakhstan (2,7 millions
km2) représente 13,5% de celle de l’Union douanière (soit environ 20 millions de km2), sa
population compte pour 10,4% de celle de l’Union et son PIB - pour 9,3% de celui de l’Union
en 2013. En raison de ces dissymétries relevées entre le Kazakhstan et la Russie, des
consensus entre la Russie et le Kazakhstan paraissent difficilement réalisables, ce qui alimente
encore la méfiance de Kazakhstanais vis-à-vis de la participation de leur pays à une telle
organisation. Et les cercles économiques kazakhs n’ont, du reste, pas caché leur réticence
envers le projet d’Union eurasiatique. Quant à l’ensemble de la population kazakhstanaise, au
vu de son soutien à l’Union douanière (48% en faveur de l’Union douanière, contre 55% en
Russie, en 2011 [5]), on peut supposer qu’elle n’est pas plus enthousiaste vis-à-vis de l’Union
eurasiatique. Les besoins en matière d’intégration sont par conséquent divergents entre les
deux pays, ce qui explique un décalage d’agendas des priorités entre les partenaires de la
future Union eurasiatique. Pour la Russie, l’intérêt des processus d’intégration se mesure sur
le long terme, tandis qu’au Kazakhstan, un plus court terme domine.