mars 20, 2015

L'Etat et les actions de Charlie, çà fait "coin coin"

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.




Deux mois après l'attentat qui a décimé la rédaction du journal, des querelles liées à la gestion financière de "Charlie" secouent le canard.

Deux mois après l'attentat qui a décimé Charlie Hebdo, les survivants se divisent : onze salariés demandent que tous les collaborateurs deviennent actionnaires à parts égales du journal, qui a recueilli près de 30 millions d'euros depuis la tuerie. 

"Laurent Léger (journaliste de Charlie Hebdo, NDLR) a annoncé mercredi en conférence de rédaction avoir créé un collectif pour ouvrir des négociations sur une répartition égalitaire du capital"





, a indiqué à l'AFP un des avocats du journal, représentant de la direction, qui n'a pas souhaité être nommé.

Onze collaborateurs veulent devenir actionnaires


Dans un courriel à la rédaction dont l'AFP a obtenu une copie, Laurent Léger précise que ce collectif réunit onze collaborateurs, dont l'urgentiste Patrick Pelloux et le dessinateur Luz. Ce collectif a engagé deux avocats, dont Antoine Comte, qui a notamment défendu Rue89, le Syndicat de la magistrature et Olivier Besancenot.

Charlie Hebdo est détenu actuellement à 40 % par les parents de Charb, ex-directeur de la publication tué dans l'attaque du 7 janvier, à 40 % par le dessinateur Riss, blessé à l'épaule, devenu le nouveau directeur du journal, et à 20 % par Éric Portheault, cogérant.

Juste avant l'attentat djihadiste qui a tué douze personnes de l'équipe, le journal, au bord de la faillite, ne se vendait qu'à 30 000 exemplaires. Il a depuis vu affluer les dons et les abonnements, et vendu à plus de sept millions d'exemplaires son "numéro des survivants" du 14 janvier. De nombreux collaborateurs vivent désormais sous protection policière.
"Tout cet argent fait plus de mal que de bien"


"Nous prenons acte des souhaits des salariés d'être associés à la vie du journal. Mais nous sommes encore très loin de la réflexion sur l'actionnariat"

, a commenté l'avocat du journal, expliquant que les dirigeants étaient "navrés" de cette initiative. 

"Riss est encore à l'hôpital, les parts de Charb sont gelées par (sa) succession. Tout cet argent fait plus de mal que de bien. Cela fait penser à ces enterrements où on se bat déjà en revenant du cimetière pour les bijoux de la grand-mère"

, a-t-il regretté.
"Nous devons d'abord penser à sortir un journal tous les mercredis. Il faut aussi régler des problèmes fiscaux, puisque, par exemple, les dons sont taxés à 60 %. Les dons iront aux familles des victimes. Le produit des ventes ira dans la caisse du journal. Il servira aussi à créer une fondation, notamment pour enseigner la liberté d'expression à l'école"

, a expliqué l'avocat.
"Pour le moment, on n'est pas associés aux choix. Il n'y a rien contre la direction actuelle, aucun conflit avec qui que ce soit, mais par rapport à ce qui s'est passé, les salariés veulent être davantage acteurs de l'entreprise"

, a déclaré Patrick Pelloux, joint par l'AFP. 

"À partir du moment où une entreprise est décimée, vous vous sentez complètement lié à elle. Il ne s'agit pas de se partager le gâteau. L'argent ne nous intéresse pas"

, assure-t-il. 






Vers un contrôle collectif des comptes ?


Contacté par l'AFP, Laurent Léger a seulement répondu qu'il s'agissait de "discussions internes au journal". Dans son courriel à la rédaction, il insiste sur son souhait d'un contrôle collectif des comptes.

"Cette nouvelle répartition du capital permettra de rendre compte de la manière la plus transparente qui soit de l'utilisation de l'incroyable afflux de fonds dont le journal a été destinataire. (...) Nous avons pris acte de l'engagement des actionnaires actuels de bloquer l'argent, mais plus le contrôle est large, plus les décisions de ce type sont prises collectivement et mieux c'est pour tout le monde"





, ajoute-t-il. Il réclame aussi "un audit de la situation financière".

L'initiative a provoqué jeudi un vif débat au sein de la rédaction. Dans un courriel, un des dessinateurs, qui ne fait pas partie du collectif, a reproché aux membres du collectif de "parler de son argent (de Charb, NDLR)", alors que "les asticots n'ont même pas fini de le bouffer", même si "la question de l'actionnariat devra se poser". 



"Les actions de Charb ne s'envoleront pas, si c'est ça qui vous inquiète, Riss ne partira pas avec la caisse sous son bras [...] et Éric [Portheault, NDLR] n'a pas ouvert de compte en Suisse"

, a-t-il ajouté en soulignant les sacrifices financiers consentis par ces deux derniers pour le journal ces dernières années. 

Source: Le Point

Pédophilie chez Charlie Heddo et l'Humanité



janvier 1977. Son auteur, Victoria Thérame, émargeait à Charlie Hebdo, mais aussi à l’Humanité. A cette époque, toute la gauche faisait l’apologie de la pédophilie, comme nous l’avons vu, il n’est donc nullement étonnant de trouver cette défense de pédophiles avérés dans Charlie Hebdo, canard d’extrême-gauche. On sait maintenant que “Je suis Charlie” n’était pas un slogan pour la défense de la liberté d’expression, mais pour la gauche. Valeurs actuelles est traîné en justice et condamné pour d’autres caricatures sans qu’aucun membre du gouvernement n’invoque l’esprit du 11 janvier. S’ils avaient été victimes d’un attentat islamique, personne n’aurait défilé sous le slogan “Je suis Valeurs actuelles”. Jamais.Le terrorisme intellectuel de la gauche n’a d’équivalent que le terrorisme islamique : une minorité maintient la terreur sur la majorité pour continuer une politique de destruction absolue des valeurs, de l’économie et du sens commun. Mais après plus de 200 ans, le socialisme a atteint un degré particulièrement avancé du mensonge et de la propagande, qu’il sait rendre quasiment indécelable. Or les faits sont clairs, pour qui veut bien voir la réalité en face : la gauche n’a jamais fait son aggiornamento sur l’apologie de la pédophilie, de la zoophilie, du négationnisme, de la collaboration, de l’antisémitisme, du colonialisme, et de la hiérarchie des races, comme je l’avais expliqué face à une ribambelles de gauchistes :
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Extrait de: Source et auteur

mars 19, 2015

Que c' est beau la politique avec les socialopythèques

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Les parlementaires ont adopté à l'unanimité un texte de loi prévoyant d'élargir les modalités d'indemnisation et de reclassement des élus en fin de mandat ou battus aux élections.

La nouvelle semble tomber à point nommé, quelques jours avant les élections départementales du 22 mars. Alors que Jean-Christophe Cambadélis estime que les socialistes pourraient se trouver éliminés dès le premier tour dans au moins 500 cantons, beaucoup de conseillers généraux sortants pourraient se retrouver au chômage technique. Pour parer aux difficultés de reclassement qui s'annoncent à l'avenir, les parlementaires viennent d'adopter à l'unanimité la loi sur le statut de l'élu. Elle prévoit notamment de doubler la durée d'indemnisation des élus après la fin de leur mandat.


«Un maire battu aux élections n'a pas le droit à Pôle emploi***. Il s'agit que les élus n'aient pas moins de moyens que le reste de la population parce que ça peut freiner les ambitions de ceux qui voudraient s'engager», explique au Scan le député PS Philippe Doucet, rapporteur du texte. Actuellement, un élu en fin de mandat perçoit une indemnité dite de fin de mandat pendant six mois après avoir quitté son poste. Le texte prévoit de doubler cette durée. Ainsi que l'ouverture de droits à la formation. Les élus déchus pourront enfin transformer leur expérience en diplômes via le système de validation des acquis, une mesure qui vise à faciliter le reclassement en entreprise.


Une loi décorrélée des départementales


La loi sur le statut des élus n'a pas pour seul objectif d'atténuer le choc des défaites électorales, mais surtout de diversifier le profil des élus, en facilitant l'engagement des salariés du secteur privé et des femmes notamment. Actuellement, l'immense majorité des élus est constituée de retraités ou est issue de la fonction publique. «On ne trouve que 8% d'élus issus de professions libérales et 2% de gens ‘normaux'», fait valoir le député. Le texte prévoit d'obliger une entreprise privée à réintégrer l'élu à la fin de son mandat, y compris dans les communes de 10.000 habitants et plus.


La date du vote de cette loi n'a rien à voir avec les élections départementales assure Philippe Doucet, et la loi ne devrait pas bénéficier aux battus de dimanche. «Le loi entrera en vigueur au 1er janvier 2016. On voulait initialement qu'elle s'applique aux municipales de 2014 mais le calendrier parlementaire n' a permis de voter le texte que maintenant», précise-t-il. 




La question du reclassement des élus battus s'est en effet déjà posée cruellement au lendemain des élections municipales de mars 2014. Selon le JDD, près de 3000 collaborateurs socialistes se sont par exemple retrouvés sans activité au lendemain de la défaite. Un problème qui pourrait se trouver décuplé pour les socialistes à l'occasion des élections départementales et régionales qui s'annoncent difficiles pour la gauche. Il demeurera également un autre problème de reclassement non couvert par le texte: celui des collaborateurs non élus des politiques.

Par
Une loi pour renforcer l'indemnisation des élus battus dans les urnes




INFORMATIONS SECTEUR SUD-OUEST:

Les 22 et 29 mars prochains, à l'exception de Paris et de Lyon, tous les électeurs sont appelés à renouveler les actuels conseillers généraux par un homme et une femme, dans 2.054 cantons. Quel seront les salaires des 4.108 nouveaux conseillers départementaux et comment sont calculées leurs rémunérations ?

Les indemnités maximales des conseillers départementaux, comme celle des conseillers régionaux et municipaux, sont calculées selon le nombre d'habitants du territoire sur lequel ils sont élus, en l'occurrence le département, et sont soumises au vote de la collectivité territoriale qui les minore parfois. Elles varient donc d'un département à l'autre.

Pour l'élu de base, elles dépendent également de son appartenance à la majorité politique de l'Assemblée départementale qui lui permet d'obtenir une vice-présidence, ou d'appartenir à la commission permanente. Seul le patron du Conseil départemental perçoit de l'Etat une indemnité maximale identique dans tous les départements, quelle que soit leur démographie. Le salaire des conseillers départementaux varie donc aussi d'un élu à l'autre. Et ce, d'autant que les indemnités liées au mandat départemental  peuvent être cumulées avec celles d'autres mandats politique et le salaire d'un premier travail. A cet égard, les présidents et les vice-présidents des conseils départementaux ont la faculté de cesser leur activité professionnelle pour exercer leur mandat, mais ils n'y sont pas obligés.

Enfin, il faut préciser que tout ne tombe pas forcément dans l'escarcelle de l'élu. Dans les partis politiques de gauche notamment (PC, PS et Les Verts), les élus ont toujours reversé une part très importante de leur salaire à leur parti.

Le barème des indemnités maximales


  • 1. Conseiller général de base : de 1.520,59 euros à 2 927,13 euros bruts par mois

>>Département de moins de 250.000 habitants : 1.520,59 euros bruts par mois et 1.672,65 euros bruts par mois s'il est membre de la commission permanente. Dans la région : le Gers est concerné (188.893 habitants, 2011).

>>Département de 250.000 à 500.000 habitants : 1.900,73 euros bruts par mois et 2.090,80 euros bruts par mois s'il est membre de la commission permanente. Dans la région:  le Lot-et-Garonne (332.119 habitants en 2012) ; la Charente (353.657 habitants en 2012) ; les Landes (392.884 habitants en 2012) ; la Dordogne (416.384 habitants en 2012).


>>Département de 500.000 à 1 million d'habitants : 2.280,88 euros bruts par mois et 2.508,97 euros bruts par mois s'il est membre de la commission permanente. Dans la région : la Charente-Maritime  (628.733 habitants en 2012) ; les Pyrénées-Atlantiques (660.871 habitants en 2012).


>>Département de 1 à 1,25 million d'habitants : 2.470,95 euros bruts par mois et 2.718,05 euros bruts par mois s'il est membre de la commission permanente.


>>Département de 1,2 5 millions d'habitants et plus: 2.661,03 euros bruts par mois et 2 927,13 euros bruts par mois s'il est membre de la commission permanente. Dans la région, le seul département concerné est la Gironde (1.483.712 habitants en 2012).
  • 2. Vice-président de conseil général : de 2.128 euros à 3.725 euros bruts par mois

>>Départements de moins de 250.000 habitants : 2.128,83 euros bruts par mois. Dans la région: Gers.

>>Départements de 250.000 à 500.000 habitants : 2 661,02 euros bruts par mois. Dans la région:   Lot-et-Garonne, Charente, Landes et Dordogne.
>> Départements de 500.000 à 1 million d'habitants : 3 193,23 euros bruts par mois. Dans la région: Charente-Maritime et Pyrénées-Atlantiques. 

>>Départements de 1 à 1,25 million d'habitants : 3.459,33 euros bruts par mois.

>>Départements de plus de 1,25 million d'habitants : 3.725,44 euros bruts par  mois. Dans la région : Gironde.

  • 3. Président de conseil départemental : 5.512,13 euros bruts par mois

Tous les présidents des conseils départementaux perçoivent une indemnité maximale de 5.512,13 euros bruts par mois, quelle que soit la taille du département. Soit 66.145,56 euros bruts par an. Avantages liés à la fonction : dans certains départements, ils bénéficient d'un logement de fonction et dans la plupart d'entre eux, d'une voiture de fonction.



La manne du cumul des mandats

La loi sur le non-cumul des mandats, votée par le Parlement le 22 janvier 2014, ne s'applique pas en 2015. Le premier projet de loi qui  n'interdit que le cumul de fonctions exécutives locales – maire ou président de conseil départemental  notamment – avec un mandat national de député ou de sénateur, n'entrera en vigueur qu'à partir de 2017.  Actuellement, 60 % des députés et sénateurs exercent au moins l'une de ces fonctions. Le second qui interdit le cumul de fonctions exécutives locales avec le mandat de représentant au Parlement européen, ne sera opérationnel  qu'à partir de 2019.

Quant au cumul de plus de deux mandats locaux exécutifs, la loi les interdit mais ne comptabilise pas les structures intercommunales et laisse la place à de multiples combinaisons. A titre d'exemple, à Bordeaux en Gironde, 13 adjoints ou simples conseillers municipaux (UMP, Modem, UDI, PS et FN) sont en lice pour les élections départementales de 2015. Certains d'entre eux sont aussi déjà conseillers régionaux et métropolitains, ce qui leur fera quatre mandats, s'ils sont élus. Un élu bordelais qui additionne une fonction de maire adjoint, de vice-président à la Métropole et de conseiller général, peut prétendre à des indemnités de l'ordre de 8.000 euros bruts par mois. Dans les communes plus petites, trois mandats de ce type sont moins rémunérateurs.

Les retraites des conseillers départementaux


Comme les élus municipaux, les élus départementaux relèvent du régime de retraite complémentaire de l'Ircantec (Institution de retraite complémentaire des agents non titulaires de l'État et des collectivités). Mais contrairement aux conseillers municipaux, qui ne sont pas tous rétribués pour leurs fonctions, les conseillers généraux perçoivent tous une indemnité pendant leur mandat. La totalité des élus des départements peuvent donc cotiser pour leur retraite. 


Les sommes obtenues correspondent à un montant de retraite "complémentaire", c'est-à-dire qu'elles s'ajoutent à d'autres pensions de retraites. Qu'il ait ou non conservé son activité professionnelle pendant son mandat, un élu local peut ainsi cumuler sa pension Ircantec avec sa retraite du régime de la fonction publique pour les élus-fonctionnaires, ou du régime général pour les élus venus du privé.



TOUT SAVOIR SUR LE STATUT DE L'ELU(E) LOCAL(E)

Télécharger le guide du statut de l'élu(e) local (e) 2015, sur le site de l'Association des maires de France (AMF) : cliquer ICI

par
S_O 

  et pendant ce temps nos danseurs de sirtaki donnent aux retraités une sacrée obole de 40€




mars 17, 2015

Islamo-fascisme ??

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Le risque d’amalgame entre l’islam et le fascisme inscrit dans le slogan politique « islamo- fascisme » et utilisé par le Premier ministre français le 16 février sur RTL, a été largement critiqué. A juste titre. « Les mots ont un sens, (...). Moi je choisis ceux que j’emploie », expliquait-t-il en 2013 à l’Obs à propos du mot islamophobie auquel il préférait l’expression « anti musulman ». On suppose donc qu’il a analysé précautionneusement cette expression avant de la mentionner dans le débat public à partir de sa position institutionnelle centrale de Premier ministre du gouvernement de la République française. L’expression trainait depuis quelques années dans les milieux néo conservateurs, Noël Mamère l‘avait revendiquée dans un article publié le 15 janvier dans Rue 89 et Alain Badiou avait parlé d’attentats fascistes à propos de Charlie Hebdo dans une tribune du Monde du 27 janvier ; le Premier ministre ne prenait donc pas trop de risques politiques en récupérant cette formule. Au contraire, en inscrivant la lutte contre le terrorisme dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, il en renforçait la légitimation politique. On peut comprendre que dans le champ politique, un slogan concis et dense serve à marquer l’opinion. La référence à la mémoire collective est toujours porteuse de sens. En contre point de l’islamo-fascisme, la référence de Manuel Valls à l’apartheid prononcée le 20 janvier lors des vœux à la presse pour décrire la situation dans les banlieues françaises avait le même objectif : donner du sens à l’action politique. Encore faut-il que ces slogans, nécessairement réducteurs, s’appuient sur des analyses solides et documentées. Ce n’est manifestement pas le cas ici ; au contraire, cette formule non seulement vitrifie toute analyse sérieuse de la situation mais aussi l’aggrave. Alain Badiou dans son article du Monde ne faisait pas le lien entre l’islam et le fascisme, il montrait d’abord que le mode opératoire des criminels était de type fasciste : choix des cibles, visibilité, implacabilité. Des historiens ont comparé l’idéologie fasciste et l’idéologie islamiste, et y ont trouvé des points de convergence troublants : culte du chef, d’un livre, militarisation de la société, propagande exaltant la violence et le courage, mystique romantique du passé. Le politologue Jean Yves Camus, spécialiste des mouvements d’extrême droite et chercheur associé à l’IRIS, montre de son côté que l’on ne retrouve pas les fondamentaux du fascisme dans l’idéologie islamiste : économie d’État, hostilité à l’économie de marché, vision de l’État, renaissance nationale sur une base ethnique (1), même si la discrimination des minorités religieuses et des femmes est centrale dans l’idéologie islamiste. L’antisémitisme commun à ces deux idéologies n’a pas les mêmes fondements. Pour les fascistes, et plus spécifiquement les Nazis, le Juif déicide, cosmopolite, capitaliste, appartenait à une race qu’il fallait éliminer. Pour Daech, Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), Boko Haram ou Al-Qaïda, Israël et le Juif, qu’il faut éliminer, sont l’Occident corrompu implanté au cœur de la terre de l’islam sur un territoire qui contrôle la troisième ville sainte de l’islam. Curieusement, la haine du Juif dans ces deux idéologies se base sur des arguments opposés : d’un côté le Juif ne peut s’intégrer à la civilisation occidentale, de l’autre il la représente. Le slogan islamo- fascisme gomme ces importantes nuances historiques. Paul Ricœur (2) montrait que le travail d’historien était justement d’aider à la construction d’une mémoire collective basée sur la vérité de l’histoire et non pas sur un récit collectif construit pour justifier le présent. En l’espèce, Manuel Valls propose le contraire, mais il n’est pas historien. On peut se demander d’ailleurs, pourquoi l’expression islamo-nazisme n’a pas été choisie, tant les images terrifiantes et les discours criminels qui nous viennent du Moyen Orient, d’Afrique du Nord ou sub-saharienne, nous font plus penser aux exactions allemandes de la Seconde guerre mondiale que la pompeuse propagande mussolinienne. Le corpus idéologique nazi était bien plus construit que celui du fascisme italien. En définitive, le slogan propose une litote politiquement correcte : le fascisme appartient encore au vocabulaire politique. Le rapprochement nazi et islam aurait surchargé contre productivement la barque sémantique. Par ailleurs, les critères caractérisant les totalitarismes du XXe siècle, proposés par Hannah Arendt (3) mériteraient d’être rapprochés de l’islamisme criminel de Daech : un mouvement totalitaire est « international dans son organisation, universel dans sa visée idéologique, planétaire dans ses aspirations politiques ». Ce dernier critère n’est pas immédiat. On pourra estimer que ces subtilités n’ont aucun poids face à la question urgente de la réaction et donc de la répression légitime contre cette barbarie contemporaine qui, jusqu’à présent, a fait plus de victimes musulmanes que non musulmanes. Peut-être, mais ce qui est dramatique dans cette expression, c’est qu’en désignant la racine du mal, l’islam, elle empêche de se demander si elle n’est pas ailleurs. En indexant ainsi l’islam, le slogan apporte sa touche à la radicalisation de ces Français qui ne connaissent ou ne se reconnaissent pas dans la mémoire collective dominante. Il porte un jugement qui annonce les actions à venir, sans avoir au préalable regardé la réalité. Quelle est cette réalité ? Sur un plan historique, les régimes totalitaires du XXe siècle ont construit leurs discours en s’appuyant sur les récits idéologiques (littéraires, historiques, politiques) disponibles à ce moment pour fonder leur vision de leur société. La vision raciale du nazisme s’est appuyée sur une lecture régressive de la culture et de l’histoire allemande. Le culte de l’autorité fasciste s’est appuyé sur une lecture biaisée de l’histoire romaine. Aujourd’hui, nous viendrait-il sérieusement à l’idée de demander aux Allemands de se justifier sur le nazisme à partir de la bible de Luther, Nietzsche, Hegel ou Frédéric de Prusse ? Oserait-on demander aux Italiens de s’expliquer sur le fascisme à partir de la Guerre des Gaules ? Aux Russes, à partir de Guerre et Paix ou du Capital (4) ? C’est pourtant ce que l’on fait avec les Musulmans en les sommant de s’expliquer sur le Coran. Le Coran est mis au même niveau que Mein Kampf. Mais Daech, AQMI, Al-Qaïda, Boko Haram se revendiquent bien de l’islam et du Coran. Le racialisme nazi, l’autoritarisme fasciste et l’antihumanisme soviétique étaient les véritables sources des visées idéologiques de ces trois régimes politiques qui avaient leurs singularités mais qui avaient en commun leur refus de la démocratie représentative et de l’État libéral. De la même manière aujourd’hui, l’une des sources de la singulière folie meurtrière et expansionniste qui nous vient du Moyen-Orient ou d’Afrique n’est pas l’islam mais la haine de ce qu’ils désignent comme l’Occident. Une autre singularité est l’utilisation efficace des nouvelles technologies de l’information que ce même Occident construit. Leur Occident est déterritorialisé, il correspond maintenant à toute forme de modernité non écrite dans le Coran ou les Hadith à partir de leur lecture littérale. L’islam, dans une lecture régressive du Coran, est le dernier récit idéologique disponible dans cette région du monde pour habiller cette haine meurtrière. Si les penseurs de l’islam ont un travail à faire, c’est celui à l’intérieur de l’islam de se demander pourquoi, comment et où, ces criminels vont chercher leurs références et ainsi de déconstruire leur discours pour les combattre par le verbe. L’autre combat à mener, encore à l’intérieur de l’islam, est celui, dans notre monde sécularisé, de développer les sources d’une spiritualité éclairée que le Coran propose (5). Ce travail interne à l’islam a largement commencé mais il est étouffé par l’idéologie wahhabite qui contrôle le pétrole et les lieux saints de l’islam. Les sources de l’antisémitisme chrétien et de l’inégalité des sexes chez Saint Paul sont connues, mais elles n’amènent plus depuis longtemps à faire peser sur nos concitoyens de confession chrétienne, la responsabilité des profanations de tombes juives ou les inégalités sociales dues au sexe. De la même manière, un observateur un peu attentif en Afrique sub-saharienne non musulmane observera le même phénomène de défiance contre l’Occident mais qui n’a pas encore pris cette dimension meurtrière : les récits idéalisés des luttes contre la colonisation et pour les indépendances, le panafricanisme, l’authenticité culturelle, la longue histoire de la traite négrière servent de support idéologique pour habiller une radicalité qui monte au sein de la jeunesse urbanisée. Pourquoi cette haine ? Paul Ricœur, dans son livre d’entretien « La critique et la conviction », estimait en 1995 (6) : « Nous avons trop tendance à n’envisager les musulmans que sous l’angle de la menace intégriste et nous oublions la menace inverse qui pèse sur eux, c’est à dire la désintégration. (...) Ils jugent nos sociétés sur la voie de la désintégration et ils refusent d’en être également victime (...) L’islamisme, c’est aussi cela : une sorte de protection, à certains égards panique, face à une menace de décomposition ». Comprendre l’autre n’est pas justifier ses actes mais tenter d’y répondre à partir de leurs logiques internes. Le repli communautaire pacifiste dans nos banlieues ou l’hubris djihadiste montrent ce désir de protection vis-à-vis de valeurs que cet Occident porte ou est supposé porter à leurs yeux : athéisme, consumérisme, anti-traditionalisme, arrogance universaliste, matérialisme, corruption morale. A la même époque que Ricœur, Bourdieu (7) écrivait à propos des penseurs réactionnaires du XIXe siècle qui ont alimenté plus tard le fascisme : « Et l’on comprend mieux la mystique révolutionnaire de la nation dans ce qu’elle a de plus antipathique pour la conviction universaliste (...) si l’on sait y voir une riposte distordue à l’agression ambiguë que représente l’impérialisme de l’universel (riposte dont l’homologue pourrait être aujourd’hui un certain intégrisme islamiste) ». Aujourd’hui, l’islamisme criminel a comme point commun avec les totalitarismes du XXe siècle le refus de la démocratie représentative et de l’État libéral. C’est bien au nom de ces principes là que nous devons riposter vigoureusement. Mais c’est surtout au nom de ces principes là que nous devons aussi nous interroger sur le type de société humaine que nous construisons. Après la barbarie nazie et face au danger soviétique, les démocraties représentatives avaient su réagir en promouvant les droits de l’homme, l’État providence et les dispositifs de solidarité nationale. Vingt ans après la fin de la guerre, la décolonisation était presque achevée. Ces fondements de nos sociétés européennes sont partout remis en cause au nom de l’efficacité économique. Un nouveau pacte colonial se dessine autour des richesses et des terres africaines. La politique israélienne de peuplement sur les territoires occupés après 1967 mine tout espoir de solution politique au Proche-Orient. Les droits de l’homme, la bonne gouvernance, la lutte contre la pauvreté sont brandis comme des oriflammes religieux sur le terrain de bataille économique et géostratégique. Ce que nous montrent Daech, Al-Qaïda et leurs épigones, c’est que la réaction face à leurs projets délirants, si elle doit être bien sûr militaire à court terme, ne doit pas nous exonérer d’être intelligent et de repenser la mise en
pratique de nos fameuses valeurs universelles pour qu’elles ne soient pas perçues comme une nouvelle « domination de l’homme, hétérosexuel, euro-américain, blanc, bourgeois au nom des exigences formelles d’un universalisme abstrait (démocratie, droits de l’homme), dissocié des conditions économiques et sociales de sa réalisation historique (...) » (8), à la nuance que la défense des droits des minorités sexuelles est un des épicentres de cette fracture au nom des droits universels. En sommant les musulmans de s’expliquer sur le Coran, comme le demandent Noël Mamère ou Patrice Pelloux qui ont déjà été mieux inspirés, en faisant grossièrement le lien entre islam et fascisme, en restant dans nos représentations auto-référencées, comme la navrante auto-célébration humaniste des Césars pour un film binaire, esthétisant et ambigu, nous renforçons cette défiance que notre arrogance transforme en haine. Hélas, il est à craindre que la force de ces arguments ne fasse pas le poids contre les arguments de force néo-conservateurs que Manuel Valls nous assène.
 
(1)Interview, Le Point, 16 février 2015
(2) Paul Ricœur. La mémoire, l’histoire, l’oubli. Editions du Seuil, collection Essais. Paris, 2000.
(3) Hannah Arendt,
Le Système totalitaire, Le Seuil (collection « Points / Essais », no 307), 2005
(4) D’ailleurs écrit par un Allemand : Karl Marx.
(5) Lire à ce sujet le bel article d’Abdennour Bidar, philosophe musulman, normalien qui enseigne à
Montréal, publié en novembre 2014 : http://blog.oratoiredulouvre.fr/2014/10/tres-profonde-lettre- ouverte-au-monde-musulman-du-philosophe-musulman-abdennour-bidar/
(6) Paul Ricœur, La critique et la conviction, Calman Lévy, 1995, collection Pluriel, librairie Arthème Fayard, 2013, p. 202. Ce livre est la meilleure entrée dans la pensée de Paul Ricœur.
(7) Pierre Bourdieu, Les méditations pascaliennes, Editions du Seuil, 1997, p. 113.
(8) Pierre Bourdieu,
Les méditations pascaliennes
, Edition du Seuil 1997, p. 105.


GEOPOLITIQUE DE LA CULTURE : l’islamo-fascisme : une grave erreur d’analyse et de jugement
Source, journal ou site Internet : IRIS
Date : 16 mars 2015
Auteur : Christophe Courtin

mars 16, 2015

Connaissez-vous le libéralisme "intégral" de Beigbeder et le libertarianisme de Masse ?

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Sommaire:

A) Le libéralisme intégral veut-il la fin de toute communauté humaine ? par Charles Beigbeder

B)  CINQ ATTITUDES LIBERTARIENNES ESSENTIELLES - QL - par Martin Masse





A) Le libéralisme intégral veut-il la fin de toute communauté humaine ?
 
On aurait tort de regrouper sous l’étiquette  « libérale » tous ceux qui défendent la liberté d’entreprendre contre l’omniprésence de l’État dans la vie économique et la multiplication des règles en tout genre. Beaucoup de ceux qui souhaitent libérer l’économie française de sa tutelle étatique ne sont pas, loin s’en faut, les adeptes d’un libéralisme politique absolu où l’État est réduit à une instance de promotion des désirs individuels de chacun. Ils assignent, au contraire, à l’État la mission de perpétuer la France et de garantir le bien commun de la nation.

Seule une minorité de « libéraux » prétend limiter le rôle de l’État à la satisfaction des désirs individuels. Parmi eux, le jeune philosophe Gaspard Koenig, président du think thank Génération libre, qui, dans sa chronique du 16 décembre publiée pour L’Opinion, défend une vision du droit qui se rattache directement à l’individualisme libéral, dans le droit fil des théories du contrat social de Hobbes, Locke et Rousseau.

Il affirme en effet que « c’est en se mettant au service de l’individu et de sa liberté de choix, et non en fantasmant un projet de société holiste, que l’État se trouve dans son rôle légitime », le holisme consistant justement à appréhender la société dans son ensemble, indépendamment de la simple addition de chaque individu.

De même que l’intérêt général n’est pas la somme des intérêts particuliers, il est dangereux de mettre la société au seul service de « l’individu et de sa liberté de choix », sans référence à un projet de société qui dépasse les contingences de chacun. Affirmer que la société n’existe que pour satisfaire les désirs individuels de chacun revient en effet à tuer tout esprit public, limiter tout sens du bien commun et affaiblir tout projet national.

D’abord, une telle idéologie part du principe que la finalité des hommes n’existe qu’au niveau qu’individuel, la société n’étant qu’un moyen de permettre un épanouissement relevant avant tout de la sphère privée, dans la droite ligne de Benjamin Constant pour qui « notre liberté à nous doit se composer de la jouissance paisible de l’indépendance privée ». Or, l’homme n’a-t-il qu’une finalité individuelle ? N’est-il pas aussi et avant tout un être social ? Notre liberté ne consiste-t-elle donc pas à désirer communier avec nos semblables autour d’un esprit public ? En réduisant le rôle de l’Etat à un gendarme, gardien des intérêts privés de chacun, Gaspard Koenig montre qu’il n’assigne à l’homme qu’une finalité individuelle, la sociabilité n’étant chez lui qu’une fonction accidentelle de l’homme et non sa nature ontologique.

Par ailleurs, soumettre toute règle sociale au désir individuel et passager de chacun, c’est oublier l’inscription de l’homme dans le temps et son enracinement dans une histoire qui l’a façonné et dont il est pétri, même quand il souhaite s’en affranchir. Ce long travail du temps a forgé des institutions et des mentalités qu’un caprice individuel ne peut balayer au moindre prétexte. De même qu’une nation n’est pas composée uniquement des vivants mais qu’elle s’étend aussi à tous les morts (« La terre et les morts » selon Maurice Barrès), il est illusoire de vouloir gouverner en se fondant sur les seuls désirs fugitifs d’une majorité de circonstance, sans tenir compte du poids de l’histoire dans la constitution de notre propre identité. Cela n’exclut nullement une évolution du droit ; cela signifie simplement que l’Etat ne doit pas se situer uniquement sur le registre de l’instantanéité d’une décision et de l’immédiateté du temps présent, sans se soucier des bouleversements que cela peut impliquer. L’Etat est aussi le gardien d’une mémoire collective, il ne gère pas que des intérêts particuliers.

Enfin, si l’Etat n’est qu’une institution destinée à arbitrer les désirs individuels de chacun, rien n’interdit que soient légalisées des pratiques que la morale commune ou que le simple bon sens réprouvent. C’est ainsi que Gaspard Koenig plaide en faveur de l’assouvissement des désirs les plus fous, pourvu qu’ils soient libres et ne lèsent personne, par exemple la gestation pour autrui,« une pratique qui ne nuit à personne, repose sur le libre consentement d’individus majeurs, et reste dissociée des questions de filiation » (sic).

Sans entrer dans la contestation de ses allégations (la GPA ne nuit-elle vraiment à personne ? Est-elle réellement dissociée des questions de filiation ?), il est fondamental de comprendre les dangers d’une telle vision du droit qui se rattache directement à l’article 4 de la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen selon lequel « la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui », sans autre forme de régulation que ce soit. Si les frontières de la liberté sont aussi vastes, alors, le droit peut tout autoriser tant qu’on ne porte pas préjudice à autrui.

Mais ce seul critère est-il suffisant ? Le droit ne peut-il être défini que négativement, ses seules limites se situant dans les dommages potentiels de son application à autrui ? Le restreindre ainsi, c’est construire une société a minima, fondée non plus sur un héritage commun et un idéal partagé mais sur une ligne de front séparant deux ennemis potentiels. Cela revient à considérer que les hommes n’ayant d’aspirations qu’individuelles, le droit n’existe que pour trouver un modus vivendi entre des individus aux intérêts potentiellement antagonistes, animés chacun par un hubris démesuré que vient encadrer une législation qui ne fait que fixer des balises extérieures à l’action des hommes. La définition de l’Etat-gendarme en somme.

Prôner une telle vision du droit, c’est partir implicitement d’un constat d’échec, c’est avoir renoncé à toute forme de communion supérieure entre les hommes, c’est organiser juridiquement la société en partant du principe que chacun ne cherche que son seul intérêt, sans aucun idéal transcendant. Certes, le droit n’est pas la morale mais il est plus vaste qu’un simple fil barbelé entre les hommes. Pour Celse (IIème siècle ap. JC), le droit est ce qui est bon et équitable (« jus est ars boni et aequi »), pour saint Thomas d’Aquin (XIIIème siècle), il est ce qui est juste (« jus est id quod justum est »). Il est toujours la recherche d’une certaine perfection. Ce n’est que lorsque la société est complètement délitée qu’il se limite au tracé des frontières.

Au final, adopter une telle définition du droit, c’est rêver d’une société où chacun se contente d’habiter chez soi, sans communion réelle avec ses semblables, sans racines et sans histoire. Une société qui procède du contrat librement conclu par les citoyens, librement révocable à chaque instant, où chacun est interchangeable. La société de l’individu-roi, où tout désir peut trouver une forme de consécration juridique. Le contraire d’une société enracinée.

par
Source:  Le libéralisme intégral veut-il la fin de toute communauté humaine ?



B)  CINQ ATTITUDES LIBERTARIENNES ESSENTIELLES

  Le libertarianisme n'est pas qu'une théorie économique. C'est aussi une philosophie de l'évolution humaine, une éthique des rapports entre les individus et une attitude générale devant la vie. C'est aussi une « psychologie » différente de celles qui caractérisent les socialistes, les conservateurs, les réactionnaires et les collectivistes de tout acabit. 
  
          On peut devenir libertarien pour des motifs purement logiques, parce qu'on a compris la validité des préceptes économiques de libre marché ou l'importance cruciale de la liberté individuelle dans le développement de la civilisation. Mais ces explications rationnelles, aussi convaincantes soient-elles, n'ont souvent aucun effet sur certains individus parce que ceux-ci ont une attitude générale face à la vie, face à leur propre personne et aux autres, qui en bloque l'appréciation rationnelle. À l'inverse, de nombreux lecteurs du QL nous ont témoigné avoir découvert qu'ils étaient libertariens en nous lisant, même s'ils ne connaissaient rien jusque-là de la philosophie libertarienne, parce qu'ils trouvaient simplement que cela correspondait à leur personnalité ou à leur manière d'appréhender les choses de façon intuitive.  
  
          Pour ceux et celles que les multiples courants d'idées laissent confus et qui ne sont pas certains d'avoir des atomes crochus avec la pensée libertarienne, ou pour ceux qui demeurent indécis et voudraient s'assurer qu'ils en ont bien, voici cinq attitudes essentielles à la psychologie libertarienne. Si vous vous reconnaissez dans chacune d'elle, bravo, il y a de forte chance que vous soyez un libertarien ou une libertarienne dans l'âme; si vous les trouvez idiotes, fausses ou non pertinentes, pas de chance, vous pataugez encore dans les marécages idéologiques où l'humanité s'est embourbée depuis des millénaires; si toutefois vous les trouvez intéressantes mais que vous êtes forcé d'admettre que vous tendez souvent vers le contraire à cause de vieux réflexes ou des pressions de votre entourage, ne désespérez pas! En ce début d'année, c'est le temps de prendre de bonnes résolutions, et ces attitudes méritent d'être cultivées par tous: non seulement parce qu'elles sont adaptées à l'esprit libertarien, mais plus simplement à cause de leur valeur universelle comme source de bonheur et d'équilibre psychologique. 
  
          Les voici donc, sans ordre particulier, et bien sûr sans aucune prétention à offrir une liste exhaustive:   

1- assumer ses choix et cesser de rejeter la responsabilité de ses actions sur les autres
  
         On pourrait difficilement trouver une attitude psychologique plus représentative de l'esprit individualiste libertarien que celle-ci. Les libertariens croient fermement qu'au-delà des influences du milieu et des déterminismes de tout genre, les individus sont ultimement responsables des choix qu'ils font et de la situation dans laquelle ils se trouvent. Ils doivent en assumer les conséquences, bonnes ou mauvaises, sans se plaindre ni en rejeter la faute sur les autres. Bref, la liberté individuelle ne peut pas être dissociée de la responsabilité individuelle.  
  
         Au contraire, ceux qui, dans leur vie personnelle, ont toujours tendance à se sentir victime, à justifier leurs problèmes en invoquant une situation spéciale, à chercher des boucs émissaires, à se fabriquer des excuses, à rejeter la faute sur « le système », sont des étatistes en puissance et des candidats idéaux pour un Prix béquille. Comme les multiples pleurnichards et losers qui peuplent notre société, cette attitude les conduit naturellement à chercher des responsables ailleurs pour expliquer leurs propres échecs et à demander des compensations, des rectifications, des reconnaissances de leur situation particulière, de l'aide et des privilèges spéciaux. Nul doute que c'est d'abord et avant tout à l'État, ce sauveur universel responsable de tout – puisque les individus ne sont, de ce point de vue, responsables de presque rien – qu'il reviendra de rectifier les choses et de s'occuper d'eux.  


2- voir l'aventure humaine avec optimisme  

          Les libertariens ont confiance dans l'ingéniosité et le sens de l'initiative des humains. Ils croient que si on laisse les gens libres d'agir dans leur propre intérêt pour trouver des solutions aux multiples défis et problèmes auxquels ils sont confrontés, si les bonnes mesures incitatives sont présentes, la grande majorité s'empresseront de le faire de façon dynamique, productive et souvent astucieuse. Toutes les périodes de l'histoire caractérisées par le progrès l'ont été parce que les individus étaient libres de mener à bien leurs rêves et leurs désirs sans entraves majeures. Et si l'on observe l'évolution humaine depuis la révolution agricole du Néolithique il y a 10 000 ans, on se rend compte que la seule constance est la capacité des membres de notre espèce à inventer de nouvelles choses et à faire face aux multiples obstacles que la nature et – il faut le dire aussi – la stupidité et l'ignorance d'autres hommes placent devant eux. 

          Au contraire, les réactionnaires de gauche ou de droite, les misanthropes et les pessimistes croient que plus les humains sont libres, plus ils risquent de causer du trouble et de s'enfoncer dans le chaos. Pour eux, le progrès est une menace, la stagnation est préférable et doit être imposée parce que chaque innovation risque de défaire le fragile équilibre qui a permis à la civilisation de survivre jusqu'ici. La technologie, la croissance économique, la création de nouveaux produits de consommation ou de nouvelles idées et modes culturelles, tout cela est néfaste et porteur de trouble. Pour ces pessimistes, il y a toujours une catastrophe à l'horizon, qu'il s'agisse du bogue de l'an 2000, du réchauffement de la planète, de la pollution et du surpeuplement, de l'informatisation et de la mondialisation économique, des aliments transgéniques, et quoi encore, qui mérite qu'on impose une fin à toute expérimentation et qu'on revienne à un mode de vie plus « naturel » et drastiquement simplifié, comme celui de nos ancêtres. Évidemment, il revient toujours dans cette perspective à un gouvernement fort de s'opposer au changement et de réprimer les innovateurs pour éviter ces catastrophes et imposer l'ordre idéal.  

3- refuser de s'en remettre à des abstractions collectives 
  
          Les libertariens s'intéressent d'abord à l'individu et le voient comme l'ultime réalité sociale. Pour eux, les entités collectives n'ont de sens que lorsqu'elles s'incarnent dans l'individu, et pas en elles-mêmes. Ça ne veut pas dire que la culture, l'identité nationale, le patrimoine, la langue, et autres phénomènes collectifs, ne sont pas pertinents. Ils le sont, mais seulement parce qu'ils répondent à un besoin des individus. Celui-ci est d'ailleurs toujours à la croisée de nombreuses caractéristiques collectives et ne peut être réduit à une simple pion sur un échiquier collectif unidimensionnel.  
  
          Les libertariens sont donc toujours sceptiques devant les revendications de nature collectiviste et les ramènent nécessairement aux intérêts individuels de ceux qui s'en réclament et prétendent parler au nom du groupe. Pour chaque situation, ils seront plus intéressés à voir non pas quelles seront les conséquences pour « la nation », « les femmes », « les Noirs », « les gais », « les autochtones », ou quelque autre groupe, mais bien de comprendre comment des individus qui peuvent se définir de multiples façons dans un monde pluraliste pourront faire des choix librement et sans avoir à cadrer dans un modèle collectif rigide. C'est la subjectivité de l'individu qui importe, pas son appartenance à des entités collectives abstraites. Et lorsqu'il est question de réaliser quelque chose, ils comptent d'abord sur leurs propres moyens en collaboration volontaire avec d'autres individus qui y trouvent leur compte pour y arriver, pas sur une « mobilisation » collective. 
  
          L'attitude contraire conçoit plutôt la société humaine comme essentiellement composée de groupes qui se côtoient et s'opposent, avec des individus qui n'ont de réalité que comme membres d'un groupe précis. Pour ceux qui voient les choses ainsi, la vie collective est la seule référence et ils ramènent tous les aspects de leur vie à la situation du ou des groupes qu'ils privilégient. C'est l'individu qui doit s'adapter pour correspondre à un idéal collectif, et non les caractéristiques attribuées au groupe qui doivent être relativisées pour faire place à la diversité des individus.  
  
          Ces gens carburent à la fierté collective, aux drapeaux et à la solidarité, aux victoires politiques, légales ou militaires du groupe (c'est-à-dire des organisations qui prétendent le représenter) contre l'ennemi collectif, etc. C'est l'atteinte d'une position idéale pour le groupe qui colore leur vision du monde et les motive à agir, et ils voudraient que tout le monde embarque dans leur croisade. Ils ne comprennent pas pourquoi plusieurs autour d'eux ne sont pas « conscientisées » aux mêmes problèmes sociaux, et ils considèrent ceux qui préfèrent rester à l'écart ou s'opposer à leur démarche comme des égoïstes ou des traîtres. L'État, qui incarne la « volonté nationale » et qui arbitre les relations et conflits entre les multiples groupes, est évidemment au centre des préoccupations de ces collectivistes, puisque tout converge vers lui.   

4- viser une amélioration constante à long terme plutôt qu'une perfection statique à court terme 
  
          Les libertariens conçoivent la vie comme une suite ininterrompue d'adaptations et de remises en question dans un monde en perpétuel changement. Ils ne croient pas en la possibilité d'un monde parfait et utopique, comme la société sans classe de Marx où tous seraient égaux et verraient leurs besoins et désirs comblés à jamais sans conflit. Même dans une société fondée sur des principes libertariens, il y aurait toujours des changements et des problèmes, des conflits et des catastrophes. La différence majeure est que les individus seraient mieux équipés pour y faire face et pour atteindre leurs buts dans une plus grande harmonie.  
  
          Les libertariens ont donc une attitude généralement réaliste et pragmatique et sont réconciliés avec le monde tel qu'il est, même s'ils souhaitent bien sûr eux aussi voir des changements pour le mieux. Ils ne sont pas constamment désespérés de constater que nous ne vivons pas dans un monde parfait, qu'il y a des inégalités, des problèmes sociaux, de l'ignorance, de la pauvreté, de la pollution et toutes sortes d'autres situations déplorables dans le monde. Ils croient que seul l'effort, la créativité et l'apprentissage individuels à long terme permettent de changer les choses et qu'il n'y a pas de solution magique pour tout régler. De toute façon, la vie comme processus biologique et la société comme processus d'interaction humaine sont des systèmes en perpétuel déséquilibre et en perpétuel mouvement de rééquilibrage, et il n'y a donc aucune raison de se désoler du fait que nous ne soyons pas encore parvenus à créer un monde parfait. Un tel monde serait de toute façon synonyme de stagnation et de mort.  
  
          Pour les aliénés de la vie qui sont « conscientisés » à toutes les bonnes causes et qui ressentent à chaque heure du jour le spleen de ne pas se trouver au paradis, l'imperfection du monde est au contraire une source constante de souffrance psychologique. Ceux-là ne veulent pas admettre qu'il n'y a pas de solution immédiate à tous les problèmes de l'univers. Comme on l'entend constamment dans la bouche des militants, ils trouvent que la situation est « inacceptable » et qu'il faut « intervenir sans délai ». Même s'ils prétendent se préoccuper des problématiques à long terme, ces frustrés ne visent qu'une seule chose: un bouleversement social et politique immédiat qui apportera un progrès instantané et leur enlèvera le poids de cette conscience intolérable. Mais quoi qu'il arrive, ils sont de toute façon difficilement capables de se défaire de cette attitude. Dès qu'un problème semble se régler ou devenir moins urgent, ils se dépêchent à se conscientiser et à s'impliquer dans une autre cause, question de ne pas se laisser aller à ce qu'ils croient être de « l'indifférence » devant la souffrance du monde, c'est-à-dire une attitude saine et réaliste devant le peu d'influence qu'on peut avoir sur le sort du monde et une préoccupation première pour son propre sort. Les révolutions, les utopies abstraites et farfelues qui passent par un changement radical de régime – par l'État, donc – leur paraissent bien sûr la seule solution ultime pour régler une fois pour toutes ces problèmes urgents.  

5- être tolérant et accepter la diversité 
  
          Les libertariens ne sont pas des relativistes moraux; ils considèrent que la liberté est une valeur fondamentale et, comme croyants ou partisans d'autres philosophies particulières, ils peuvent professer des principes plus ou moins stricts concernant la bonne conduite et le sens de la vie. Toutefois, ils sont unis par une attitude bien précise: leur acceptation de la diversité des opinions et des croyances et leur refus d'imposer les leurs aux autres. Pour les libertariens, tout est acceptable dans la mesure où quelqu'un ne porte pas préjudice à autrui ou à sa propriété. Les gens peuvent donc faire ce qu'ils veulent avec leur propre corps et entre eux si c'est de façon volontaire. Ils peuvent se droguer, se prostituer, ou consacrer leur vie et leur fortune à la vénération des petits hommes verts venus d'autres planètes. Personne n'a moralement le droit d'empêcher quiconque de vivre comme il l'entend s'il ne fait de tort à personne d'autre, même si la presque totalité de la population désapprouve son comportement particulier.  
  
          Certains diront que les libertariens sont pourtant intolérants envers leurs opposants idéologiques, par exemple envers les socialistes et nationalistes, et qu'ils n'acceptent donc pas les points de vue qui divergent de la philosophie libertarienne. Mais cette critique ne tient justement pas: dans une société véritablement libre, les individus pourront s'organiser comme ils le voudront, dans la mesure où ils ne tentent pas d'imposer leur mode de vie à ceux qui ne le souhaitent pas. Ainsi, les communistes pourront s'acheter un territoire, fonder une commune, se soumettre volontairement à un gouvernement local qui les taxera à 90% et qui planifiera leur vie de classe prolétarienne dans les moindres détails. Ils pourront inviter le reste du monde à venir les rejoindre dans leur paradis terrestre mais, comme on l'a vu au cours du XXe siècle, c'est généralement l'inverse qui se produit. De même, les ultranationalistes et mystiques de la langue pourront s'imposer à eux-mêmes – volontairement toujours, et sans que ça affecte ceux qui n'en veulent rien savoir – une police de la langue qui utilisera des techniques de scanning cérébral ultrasophistiquées pour déterminer s'ils rêvent en français ou dans une autre langue, avec des amendes appropriées pour les contrevenants. Chacun pourra vivre selon son propre idéal et laisser vivre son voisin selon le sien.  
  
          L'attitude des puritains, des paumés, des zélés, des militants exaltés et des croyants fondamentalistes est tout à fait à l'opposé. Ces collectivistes n'ont de répit tant qu'ils n'ont pas imposé à tous leur vision idéale du monde. Pour eux, la diversité est toujours une menace et la tolérance doit toujours s'exercer « à l'intérieur de certaines limites ». Des limites bien sûr déterminées par les autorités gouvernementales et qui réduisent inévitablement la liberté de tous ceux qui n'y cadrent pas, même s'ils ne font de tort à personne. Dans la vision du monde collectiviste, il n'y a tout simplement pas de place pour ceux qui veulent vivre différemment. 
  
          Pour les traditionalistes intolérants par exemple, le simple fait que les homosexuels existent et puissent jouir de la vie est un affront à la volonté divine qui doit être corrigé; pour les égalitaristes coupeurs de têtes qui dépassent, la simple existence de riches est une injustice flagrante, même si ces riches ont gagné leur argent de façon honnête et en rendant des services aux autres dans un marché libre; pour les nationalistes xénophobes, le fait qu'il existe des citoyens québécois qui ne parlent pas français à la maison ou sur la rue autour d'eux, ou qui se foutent de l'identité québécoise qu'ils exaltent et de la survie du français, est un affront direct à la Nation, à nos vaillants ancêtres, à eux-mêmes dans le plus profond de leur moi collectif, et ce même s'ils n'entrent jamais en contact avec ces gens sauf en constatant des données statistiques; pour les fascistes de la santé, ce ne sont plus les désagréments causés par les fumeurs aux non-fumeurs qui sont le problème, mais bien l'existence même de fumeurs: sinon, pourquoi veulent-ils interdire la fumée dans tous les bars et restaurants et empêcher les fumeurs de se retrouver entre eux sans imposer leur fumée à qui que ce soit?  
  
          Quiconque fait preuve d'une forme d'intolérance et de refus de la diversité qui s'apparente à celles-ci dans quelque domaine que ce soit n'a évidemment rien d'un libertarien et a tout d'un partisan de l'autoritarisme et la répression étatique.  
  
          Pour conclure, assumer ses choix et cesser de rejeter la responsabilité de ses actions sur les autres, voir l'aventure humaine avec optimisme, refuser de s'en remettre à des abstractions collectives, viser une amélioration constante à long terme plutôt qu'une perfection statique à court terme et être tolérant et accepter la diversité sont des attitudes psychologiques essentielles pour ceux qui souhaitent vivre l'idéal libertarien: quelqu'un qui les cultive et qui applique systématiquement ces façons de voir les choses aux situations de la vie a compris l'essentiel. Les arguments théoriques plus complexes sur le fonctionnement d'une économie de marché restent cruciaux pour les débats politiques et économiques mais n'auront jamais le même impact, pour la plupart des gens qui s'intéressent peu à ces débats, que la conviction intuitive profonde, fondée sur ces principes généraux, de vivre moralement et bien. 

par Martin Masse édito de QL




 
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