janvier 20, 2018

Stéphane Geyres: Y a-t-il des obligations chez les libertariens ?

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Sommaire

A) Y a-t-il des obligations chez les libertariens ? - Stéphane Geyres - Contrepoints

B) Divers articles et bio de cet auteur


A) Y a-t-il des obligations chez les libertariens ?

Les libertariens et même les anarcho-capitalistes ne sont pas contre toute obligation. Lesquelles sont acceptables selon eux ? Une perspective propriétariste.

Obligation, interdiction ou pas, tout n’est apparemment pas toujours clair pour ceux qui critiquent ou tentent d’assimiler la logique libertarienne en matière d’autorité, d’interdit et d’autorisation. Il me semble que c’est souvent dû à une compréhension imparfaite de l’organisation et du mode de gouvernance au sein d’une société libérale ou libertarienne. Je vais donc tenter de l’éclaircir ici.

La société libre pour les libertariens

La société libre, ou Libertalie, repose sur la propriété privée du sol, exclusivement et partout. Il n’existe donc pas d’espace public, nulle part. L’intérêt de couvrir l’ensemble de la Planète par la propriété privée n’est pas tant de vouloir éradiquer les espaces publics que d’assurer que des règles claires de droit et de gouvernance existent et soient définies partout. Car la propriété privée d’un territoire, ce n’est pas tant un capital immobilier – même si cela reste vrai – que l’attribution d’un responsable précis et unique du droit à un territoire précis. J’ai bien dit le droit : le propriétaire fait le droit.

Comme le propriétaire fait le droit – la notion de propriétaire est large, cela peut-être un individu, tel un monarque, un collectif restreint (une entreprise, une oligarchie) ou une copropriété où chacun détient une part variable de la propriété – c’est le propriétaire qui décide du régime politique en vigueur en ce lieu, et selon un processus de décision convenu. On peut donc imaginer une mosaïque quasi infinie de territoires aux régimes et aux règles aussi variés que l’homme pourra la créer.

Second principe de la Libertalie, l’individu est libre de contracter ou de s’associer avec qui bon lui semble et voudra bien s’associer avec lui. Ainsi par exemple, si je souhaite m’installer quelque part, il y a deux situations de base : soit je suis propriétaire d’un sol et c’est réglé, soit je ne le suis pas ; et dans ce second cas, il suffit que je trouve une propriété qui voudra bien m’héberger, ou m’accepter au sein de sa copropriété, ou encore me louer un espace ou logement. Ou toute variante. Dans tous les cas, je passerai un libre contrat avec l’entité propriétaire – individu ou non – pour me loger.

Tout au long de sa vie, chacun de nous peut évoluer sur ces territoires en fonction de ses goûts, priorités ou fortunes. On peut ainsi naître en un endroit, une fois majeur y rester (ou pas) en signant un contrat avec le territoire local, puis déménager vers un autre territoire et y signer un autre contrat, et ainsi de suite selon les aléas de la vie et aussi selon l’évolution des territoires eux-mêmes.

Les obligations librement consenties

Pour revenir à l’obligation, ou pas, on comprend qu’il faut aborder la question en deux temps. Le premier consiste au choix du territoire où l’on s’installe. Ce choix est a priori parfaitement libre, on peut aller où on le souhaite, pourvu que l’on y soit accepté. De la même manière, ce choix est réversible par annulation ou fin du contrat, pour quitter le territoire. Il n’y a donc aucune forme d’obligation qu’un « État » impose au citoyen, puisque le citoyen peut choisir son « État » librement.

Ensuite, comme l’installation passe par un contrat, clairement celui-ci pourra prévoir dans ses annexes tout un tas de clauses qui correspondent aux règles et au régime en vigueur au sein du « pays » choisi, comme lorsqu’on achète un appartement en copropriété et que cela nous engage à respecter le règlement intérieur ; mais aussi à participer à sa révision lorsque cela a du sens. Il y a donc obligation, et obligation forte, mais c’est une obligation volontaire, non imposée par la force.

La question de l’obligation change alors notablement. Si on a librement choisi de s’installer au sein d’une communauté végan – pure hypothèse à la mode – il est évident qu’il nous est alors obligatoire d’en respecter les règles, et donc interdit de mettre viandes et gibiers à nos menus. Ou encore, si l’on a opté pour un « pays » explicitement francophone, il faudra y respecter l’usage exclusif du français.

On voit donc que la société libre ne supprime jamais totalement les obligations que nous pouvons connaître dans l’environnement étatique actuel. Vivre ensemble, c’est s’obliger au respect de règles convenues. Mais justement, la grande différence entre la Libertalie et un État monopole de la force, c’est que tout repose sur notre choix individuel explicite, comme un véritable contrat social. Il est à tout moment possible de rompre notre contrat et de quitter les lieux, sans contrainte donc.




B) Divers articles et bio de cet auteur


EXPRESSION: La Main Invisible/Stéphane GEYRES et le livre Libres !! 

Stéphane GEYRES et le libertarianisme 

 

 




2 commentaires:

sgeyres a dit…

Merci Cher Alain, et Excellente Année à Toi ! Porte-toi bien !Merci pour tout ce que tu fais. Stéphane

Unknown a dit…

La base du projet jusnaturaliste n'est pas la propriété, mais la résistance à l'oppression, qui mène progressivement à la liberté via la sûreté et la propriété.
J'en conclus que le projet libertarien n'est pas un projet jusnaturaliste (et donc libéral) puisqu'il place la propriété au-dessus de la résistance à l'oppression.
Par exemple : si mon voisin propriétaire balance du gros son bien nuisible pour mon système auditif ou mon temps de sommeil, le fait qu'il soit sur sa propriété m'empêche de l'en empêcher. C'est donc une impossibilité de me défendre contre une agression avérée.
Bref, le projet libertarien est un projet totalitaire comme un autre.

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