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Sommaire
A) Y a-t-il des obligations chez les libertariens ? - Stéphane Geyres - Contrepoints
B) Divers articles et bio de cet auteur
A) Y a-t-il des obligations chez les libertariens ?
Les
libertariens et même les anarcho-capitalistes ne sont pas contre toute
obligation. Lesquelles sont acceptables selon eux ? Une perspective
propriétariste.
Obligation, interdiction ou pas, tout n’est apparemment pas toujours clair pour ceux qui critiquent ou tentent d’assimiler la logique libertarienne
en matière d’autorité, d’interdit et d’autorisation. Il me semble que
c’est souvent dû à une compréhension imparfaite de l’organisation et du
mode de gouvernance au sein d’une société libérale ou libertarienne. Je
vais donc tenter de l’éclaircir ici.
La société libre pour les libertariens
La société libre, ou Libertalie, repose sur la propriété privée du
sol, exclusivement et partout. Il n’existe donc pas d’espace public,
nulle part. L’intérêt de couvrir l’ensemble de la Planète par la
propriété privée n’est pas tant de vouloir éradiquer les espaces publics
que d’assurer que des règles claires de droit et de gouvernance
existent et soient définies partout. Car la propriété privée d’un
territoire, ce n’est pas tant un capital immobilier – même si cela reste
vrai – que l’attribution d’un responsable précis et unique du droit à
un territoire précis. J’ai bien dit le droit : le propriétaire fait le
droit.
Comme le propriétaire fait le droit – la notion de propriétaire est
large, cela peut-être un individu, tel un monarque, un collectif
restreint (une entreprise, une oligarchie) ou une copropriété où chacun
détient une part variable de la propriété – c’est le propriétaire qui
décide du régime politique en vigueur en ce lieu, et selon un processus
de décision convenu. On peut donc imaginer une mosaïque quasi infinie de
territoires aux régimes et aux règles aussi variés que l’homme pourra
la créer.
Second principe de la Libertalie, l’individu est libre de contracter
ou de s’associer avec qui bon lui semble et voudra bien s’associer avec
lui. Ainsi par exemple, si je souhaite m’installer quelque part, il y a
deux situations de base : soit je suis propriétaire d’un sol et c’est
réglé, soit je ne le suis pas ; et dans ce second cas, il suffit que je
trouve une propriété qui voudra bien m’héberger, ou m’accepter au sein
de sa copropriété, ou encore me louer un espace ou logement. Ou toute
variante. Dans tous les cas, je passerai un libre contrat avec l’entité
propriétaire – individu ou non – pour me loger.
Tout au long de sa vie, chacun de nous peut évoluer sur ces
territoires en fonction de ses goûts, priorités ou fortunes. On peut
ainsi naître en un endroit, une fois majeur y rester (ou pas) en signant
un contrat avec le territoire local, puis déménager vers un autre
territoire et y signer un autre contrat, et ainsi de suite selon les
aléas de la vie et aussi selon l’évolution des territoires eux-mêmes.
Les obligations librement consenties
Pour revenir à l’obligation, ou pas, on comprend qu’il faut aborder
la question en deux temps. Le premier consiste au choix du territoire où
l’on s’installe. Ce choix est a priori parfaitement libre, on peut
aller où on le souhaite, pourvu que l’on y soit accepté. De la même
manière, ce choix est réversible par annulation ou fin du contrat, pour
quitter le territoire. Il n’y a donc aucune forme d’obligation qu’un «
État » impose au citoyen, puisque le citoyen peut choisir son « État »
librement.
Ensuite, comme l’installation passe par un contrat, clairement
celui-ci pourra prévoir dans ses annexes tout un tas de clauses qui
correspondent aux règles et au régime en vigueur au sein du « pays »
choisi, comme lorsqu’on achète un appartement en copropriété et que cela
nous engage à respecter le règlement intérieur ; mais aussi à
participer à sa révision lorsque cela a du sens. Il y a donc obligation,
et obligation forte, mais c’est une obligation volontaire, non imposée
par la force.
La question de l’obligation change alors notablement. Si on a
librement choisi de s’installer au sein d’une communauté végan – pure
hypothèse à la mode – il est évident qu’il nous est alors obligatoire
d’en respecter les règles, et donc interdit de mettre viandes et gibiers
à nos menus. Ou encore, si l’on a opté pour un « pays » explicitement
francophone, il faudra y respecter l’usage exclusif du français.
On voit donc que la société libre ne supprime jamais totalement les
obligations que nous pouvons connaître dans l’environnement étatique
actuel. Vivre ensemble, c’est s’obliger au respect de règles convenues.
Mais justement, la grande différence entre la Libertalie et un État
monopole de la force, c’est que tout repose sur notre choix individuel
explicite, comme un véritable contrat social. Il est à tout moment possible de rompre notre contrat et de quitter les lieux, sans contrainte donc.
2 commentaires:
Merci Cher Alain, et Excellente Année à Toi ! Porte-toi bien !Merci pour tout ce que tu fais. Stéphane
La base du projet jusnaturaliste n'est pas la propriété, mais la résistance à l'oppression, qui mène progressivement à la liberté via la sûreté et la propriété.
J'en conclus que le projet libertarien n'est pas un projet jusnaturaliste (et donc libéral) puisqu'il place la propriété au-dessus de la résistance à l'oppression.
Par exemple : si mon voisin propriétaire balance du gros son bien nuisible pour mon système auditif ou mon temps de sommeil, le fait qu'il soit sur sa propriété m'empêche de l'en empêcher. C'est donc une impossibilité de me défendre contre une agression avérée.
Bref, le projet libertarien est un projet totalitaire comme un autre.
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