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janvier 20, 2018

Stéphane Geyres: Y a-t-il des obligations chez les libertariens ?

Ce site n'est plus sur FB (blacklisté sans motif), alors n'hésitez pas à le diffuser au sein de différents groupes ( notamment ou j'en étais l'administrateur), comme sur vos propres murs respectifs. 
D'avance merci. 

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...

Merci de vos lectures, et de vos analyses. Librement vôtre - Faisons ensemble la liberté, la Liberté fera le reste. 

Al,

PS:  N'hésitez pas à m'envoyer vos articles (voir être administrateur du site) afin d'être lu par environ 3000 lecteurs jour sur l'Université Liberté (genestine.alain@orange.fr). Il est dommageable d'effectuer des recherches comme des CC. Merci





Sommaire

A) Y a-t-il des obligations chez les libertariens ? - Stéphane Geyres - Contrepoints

B) Divers articles et bio de cet auteur


A) Y a-t-il des obligations chez les libertariens ?

Les libertariens et même les anarcho-capitalistes ne sont pas contre toute obligation. Lesquelles sont acceptables selon eux ? Une perspective propriétariste.

Obligation, interdiction ou pas, tout n’est apparemment pas toujours clair pour ceux qui critiquent ou tentent d’assimiler la logique libertarienne en matière d’autorité, d’interdit et d’autorisation. Il me semble que c’est souvent dû à une compréhension imparfaite de l’organisation et du mode de gouvernance au sein d’une société libérale ou libertarienne. Je vais donc tenter de l’éclaircir ici.

La société libre pour les libertariens

La société libre, ou Libertalie, repose sur la propriété privée du sol, exclusivement et partout. Il n’existe donc pas d’espace public, nulle part. L’intérêt de couvrir l’ensemble de la Planète par la propriété privée n’est pas tant de vouloir éradiquer les espaces publics que d’assurer que des règles claires de droit et de gouvernance existent et soient définies partout. Car la propriété privée d’un territoire, ce n’est pas tant un capital immobilier – même si cela reste vrai – que l’attribution d’un responsable précis et unique du droit à un territoire précis. J’ai bien dit le droit : le propriétaire fait le droit.

Comme le propriétaire fait le droit – la notion de propriétaire est large, cela peut-être un individu, tel un monarque, un collectif restreint (une entreprise, une oligarchie) ou une copropriété où chacun détient une part variable de la propriété – c’est le propriétaire qui décide du régime politique en vigueur en ce lieu, et selon un processus de décision convenu. On peut donc imaginer une mosaïque quasi infinie de territoires aux régimes et aux règles aussi variés que l’homme pourra la créer.

Second principe de la Libertalie, l’individu est libre de contracter ou de s’associer avec qui bon lui semble et voudra bien s’associer avec lui. Ainsi par exemple, si je souhaite m’installer quelque part, il y a deux situations de base : soit je suis propriétaire d’un sol et c’est réglé, soit je ne le suis pas ; et dans ce second cas, il suffit que je trouve une propriété qui voudra bien m’héberger, ou m’accepter au sein de sa copropriété, ou encore me louer un espace ou logement. Ou toute variante. Dans tous les cas, je passerai un libre contrat avec l’entité propriétaire – individu ou non – pour me loger.

Tout au long de sa vie, chacun de nous peut évoluer sur ces territoires en fonction de ses goûts, priorités ou fortunes. On peut ainsi naître en un endroit, une fois majeur y rester (ou pas) en signant un contrat avec le territoire local, puis déménager vers un autre territoire et y signer un autre contrat, et ainsi de suite selon les aléas de la vie et aussi selon l’évolution des territoires eux-mêmes.

Les obligations librement consenties

Pour revenir à l’obligation, ou pas, on comprend qu’il faut aborder la question en deux temps. Le premier consiste au choix du territoire où l’on s’installe. Ce choix est a priori parfaitement libre, on peut aller où on le souhaite, pourvu que l’on y soit accepté. De la même manière, ce choix est réversible par annulation ou fin du contrat, pour quitter le territoire. Il n’y a donc aucune forme d’obligation qu’un « État » impose au citoyen, puisque le citoyen peut choisir son « État » librement.

Ensuite, comme l’installation passe par un contrat, clairement celui-ci pourra prévoir dans ses annexes tout un tas de clauses qui correspondent aux règles et au régime en vigueur au sein du « pays » choisi, comme lorsqu’on achète un appartement en copropriété et que cela nous engage à respecter le règlement intérieur ; mais aussi à participer à sa révision lorsque cela a du sens. Il y a donc obligation, et obligation forte, mais c’est une obligation volontaire, non imposée par la force.

La question de l’obligation change alors notablement. Si on a librement choisi de s’installer au sein d’une communauté végan – pure hypothèse à la mode – il est évident qu’il nous est alors obligatoire d’en respecter les règles, et donc interdit de mettre viandes et gibiers à nos menus. Ou encore, si l’on a opté pour un « pays » explicitement francophone, il faudra y respecter l’usage exclusif du français.

On voit donc que la société libre ne supprime jamais totalement les obligations que nous pouvons connaître dans l’environnement étatique actuel. Vivre ensemble, c’est s’obliger au respect de règles convenues. Mais justement, la grande différence entre la Libertalie et un État monopole de la force, c’est que tout repose sur notre choix individuel explicite, comme un véritable contrat social. Il est à tout moment possible de rompre notre contrat et de quitter les lieux, sans contrainte donc.




B) Divers articles et bio de cet auteur


EXPRESSION: La Main Invisible/Stéphane GEYRES et le livre Libres !! 

Stéphane GEYRES et le libertarianisme 

 

 




octobre 14, 2014

Manifeste de l'Institut Hayek et sa critique virulente...

L'Université Libérale, vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.


Manifeste de l'Institut Hayek

Pourquoi en Europe les libéraux se sentent-ils toujours tenus de justifier leurs convictions ? 
Pourquoi n'osent-ils se déclarer tels que devant des intimes et avec force circonlocutions et nuances ? 



Il y a là quelque chose d'assez absurde. On adresse au libéralisme une série de reproches totalement infondés alors que les sympathisants de mouvements de gauche n'éprouvent jamais le moindre remords à se revendiquer d'idées et de valeurs qui ont activement contribué à la ruine et à la désolation de larges parties du monde au cours du siècle dernier.

Plusieurs mouvements anti-mondialistes ou alter-mondialistes font à peine mystère des motivations misonéistes, anti-humanistes voire anti-démocratiques qui les animent. Pourquoi jouissent-ils d'un tel capital de sympathie ?

Une première explication tient au fait que, contrairement à ces doctrines, le libéralisme ne promet pas la rédemption de l'humanité et la félicité absolue. Ce n'est pas une utopie exaltante qui prend l'homme par la main pour le conduire à la terre promise. Non, le libéralisme est une théorie responsabilisante basée sur une idée simple : la confiance en l'homme. Elle respecte trop ce dernier que pour lui indiquer des buts à suivre. Elle préfère mettre ce dernier face à lui-même plutôt que de lui désigner des coupables à ses infortunes.

Deuxièmement, le libéralisme en Europe n'est pas très militant alors même que les mouvements de gauche sont animés par des individus vibrionnants qui jouissent dans les médias d'une audience formidable. Résultat ? L'espace des revendications et l'avant-scène des débats intellectuels sont toujours confisqués par des personnalités hostiles au capitalisme. Cela se traduit dans les populations par la diffusion massive d'idées au mieux invérifiées et invérifiables (quand il s'agit du climat ou du nucléaire) au pire involontairement ou sciemment fausses (quand il s'agit des "méfaits" du commerce international).

Mais l'une des causes les plus importantes des faux procès intentés au libéralisme tient au fait que cette doctrine est, aussi surprenant que cela puisse paraître, extrêmement méconnue, à commencer par les libéraux eux-mêmes (y compris les membres des partis qui se revendiquent du libéralisme), ce qui a pour effet de fragiliser considérablement la force argumentative des discours des responsables politiques. Beaucoup n'appréhendent le contenu des valeurs libérales qu'au travers des représentations désobligeantes de la rhétorique des adversaires de la liberté. Notons que cette dernière est d'une efficacité redoutable. On peut juger de son succès lorsqu'on réalise que, pour la grande majorité des Européens, le libéralisme se réduit à ce qu'en énonce la vulgate (la main invisible, la loi du plus fort, l'impitoyable concurrence, la performance à tout prix, etc.).

Le libéralisme cohérent est toujours présenté comme une sorte d'extrémisme, une position intransigeante voire inhumaine. Il sera qualifié d'"ultra" alors que personne n'aurait l'idée saugrenue de parler " d'"ultrasocialisme". Les libéraux honteux, dans leur volonté de paraître mesurés, nuancés, modérés, intelligents, se définissent certes comme des libéraux en matière économique mais - s'empressent-ils de préciser - "sociaux" ou progressistes dans les autres domaines. Le concept de "libéralisme social " est une absurdité sans nom. Dans cette optique, le libéralisme n'est plus considéré comme une doctrine auto-suffisante. Elle doit toujours être bâtardisée, mâtinée de préoccupations sociales comme si le libéralisme n'avait que mépris pour les faibles. Il est considéré au mieux comme amoral et au pire comme immoral. Toujours dans cette vison des choses, il importe de tempérer le "capitalisme sauvage" par des mesures protectrices.

En réalité, la notion de "capitalisme sauvage" est une contradiction dans les termes. Le capitalisme ne peut exister sans des règles qui l'encadrent et lui permettent de se développer. La "main invisible", le célèbre concept d'Adam Smith, tant moqué par une multitude d'intellectuels qui n'ont jamais lu une ligne de cet auteur, présuppose toute une armature normative et institutionnelle pour exercer son action bénéfique, armature qui est elle-même le fruit de multiples adaptations délicates en évolution constante. Fort d'une longue tradition de penseurs de premier ordre, le libéralisme est une théorie tant morale, juridique, politique qu'économique.

Le mouvement néo-libéral actuel et la philosophie politique qui l'accompagne occupe une place importante dans le cursus universitaire de tout étudiant américain. Il sont superbement ignorés en Europe. Le libéral européen est tout à la fois incapable de se référer tant à l'héritage qu'aux débats actuels de la doctrine dont il se revendique.

L'émergence d'une force authentiquement libérale doit passer par une révolution des esprits. F.A. Hayek affirmait que notre langage est empoisonné : le simple fait d'adosser le mot "social" à des notions aussi fondamentales que la politique, la justice, l'économie, le libéralisme conduit instantanément à vider ces dernières de toute substance, les renvoyant à une sorte de magma grisâtre et insignifiant. Il faut cesser de s'exprimer (et donc de penser) avec le vocabulaire et les concepts de l'adversaire. Pour lutter à armes égales contre le "prêt-à-penser" et le moralisme ambiant de la gauche bien-pensante, il est impératif que les libéraux opèrent un travail sur eux-mêmes. Cela doit passer par une redécouverte de cette riche tradition trop souvent ignorée. Il ne s'agit pas d'exhumer certaines valeurs poussiéreuses et brandir ces dernières telles quelles. La fidélité à une tradition faillit à sa tâche lorsqu'elle se contente de répéter cette dernière de manière mortifère. Etre fidèle, c'est prolonger cette tradition et la faire évoluer.

Le progressisme, l'originalité voire l'humour sont les instruments dont usent avec succès les mouvements de la gauche. Il n'y a aucune raison qu'ils en conservent le monopole. Il importe de faire preuve d'audace et de présenter certaines idées foncièrement novatrices - tant dans leur contenu que dans leur forme - de manière à répondre aux grandes questions du moment. Il importe de réceptionner les problèmes dans un cadre d'analyse authentiquement libéral et de proposer des solutions appropriées (sans craindre de bousculer allégrement les tabous de la pensée unique).



C'est là la vocation de l'Institut Hayek.

L'Institut Hayek est un think tank, c'est-à-dire un centre d'études regroupant différents universitaires et dont le dessein est d'influer significativement sur la vie sociale, politique et économique. Il publicise les opinions et analyses de ses membres principalement par voie de presse et au travers de diverses activités (colloques, pétitions, mobilisations, etc.).

Face aux idéologies socialiste, écologiste, altermondialiste ou tout autre mouvement politique, philosophique ou religieux attentatoire aux libertés, l'Institut Hayek cultive en priorité les valeurs authentiques du libéralisme. Il entend également défendre les idéaux démocratiques, les structures de l'Etat de droit, les valeurs de l'atlantisme et celles du progrès dans tous les domaines. Il appuie par principe toute initiative qui entend défendre ces valeurs menacées et propager ces idéaux partout dans le monde.

Dans une optique interdisciplinaire et fidèle en cela à la pensée de F.A. Hayek, l'Institut Hayek milite tout à la fois pour la mondialisation des échanges, la réforme de l'ONU, la création de capacités militaires européennes dignes de ce nom et intégrées à l'OTAN, la lutte active contre les dictatures, le développement de l'énergie nucléaire, l'abandon progressif de la politique agricole commune, la privatisation progressive de l'enseignement universitaire, le maintien et le développement du lien transatlantique, le développement des OGM, etc.

C'est une malédiction de la droite libérale en Europe que de se montrer intellectuellement paresseuse. Faute d'une certaine curiosité et d'une robustesse dans la réflexion, elle est contrainte - lorsqu'elle est amenée à se prononcer sur les problèmes chaque jour plus complexes de notre monde - de se rattacher à la configuration théorique mise en place par des intellectuels de gauche. Les dossiers environnementaux, géostratégiques, technoscientifiques, mondialistes sont vus quasi-exclusivement au travers du filtre interprétatif de la gauche académique.

Le contraste est saisissant lorsqu'on examine le nombre important d'analyses fouillées et argumentées émanant de la droite libérale dans l'univers anglo-saxon. Nos homologues d'outre-Atlantique ont compris qu'il importait de se documenter soigneusement sur toutes ces questions, raison pour laquelle il existe tant de think tanks chez eux.

Au sein des ONG et autres officines de la gauche, il règne une unanimité dogmatique à propos d'une multitude de points qui ne sont plus questionnés et critiqués en tant que tels. L'Institut Hayek veut déconstruire ces évidences et réinstaurer un débat authentique au sein de la classe politique.

L'Institut Hayek entend initier une dynamique. Par la constitution d'un réseau d'intellectuels universitaires appartenant tant au monde francophone qu'anglophone, par la lutte contre la désinformation, la diffusion d'idées neuves, l'affirmation de thèses fortes et argumentées, la rédaction de rapports, la publicisation de propositions concrètes, il se veut à l'avant-garde d'un vaste mouvement libéral de reconquête intellectuelle en Europe.


Bruxelles, le 27 août 2003 

 Une critique au hasard de la toile.....: Il est mignon le gars!!
son site cliquez le lien.

       
Voici une des inepties que l’on peut lire en ce moment…
             Un peux long, mais ça vaut vraiment la peine…
 
                      Manifeste de l'Institut Hayek
 
 Pourquoi en Europe les libéraux se sentent-ils toujours tenus de justifier leurs convictions ? Pourquoi n’osent-ils se déclarer tels que devant des intimes et avec force circonlocutions et nuances ? Il y a là quelque chose d’assez absurde. On adresse au libéralisme une série de reproches totalement infondés (Ben tu devrais lire les journaux et faire un petit tour du coté de l’ANPE) alors que les sympathisants de mouvements de gauche n’éprouvent jamais le moindre remords à se revendiquer d’idées et de valeurs qui ont activement contribué à la ruine et à la désolation de larges parties du monde au cours du siècle dernier.(Contrairement au libéralisme qui lui (c’est bien connu) à contribuer au maintient du pouvoir d’achat, et lutté efficacement contre le chômage et la précarité…Et je parle pas des délocalisations…)
Plusieurs mouvements anti-mondialistes ou alter-mondialistes font à peine mystère des motivations misonéistes, anti-humanistes voire anti-démocratiques qui les animent. ( Là c’est carrément du délire)
Pourquoi jouissent-ils d’un tel capital de sympathie ?
(Au royaume des sourds les aveugles sont roi)


Une première explication tient au fait que, contrairement à ces doctrines, le libéralisme ne promet pas la rédemption de l’humanité et la félicité absolue. (On avait remarqué) Ce n’est pas une utopie exaltante qui prend l’homme par la main pour le conduire à la terre promise. Non, le libéralisme est une théorie responsabilisante basée sur une idée simple : la confiance en l’homme. (Et direction l’ANPE) Elle respecte trop ce dernier que pour lui indiquer des buts à suivre. Elle préfère mettre ce dernier face à lui-même (Au chômage ou à la rue) plutôt que de lui désigner des coupables à ses infortunes.
Deuxièmement, le libéralisme en Europe n’est pas très militant alors même que les mouvements de gauche sont animés par des individus vibrionnants qui jouissent dans les médias d’une audience formidable. (Pas autant que Sarko) Résultat ? L’espace des revendications et l’avant-scène des débats intellectuels sont toujours confisqués par des personnalités hostiles au capitalisme. Cela se traduit dans les populations par la diffusion massive d’idées au mieux invérifiées et invérifiables (quand il s’agit du climat ou du nucléaire) au pire involontairement ou sciemment fausses (quand il s’agit des "méfaits" du commerce international). (C’est clair, il ne lit pas les journaux)


Mais l’une des causes les plus importantes des faux procès intentés au libéralisme (Elle m’a trop fait rire celle là) tient au fait que cette doctrine est, aussi surprenant que cela puisse paraître, extrêmement méconnue, à commencer par les libéraux eux-mêmes (y compris les membres des partis qui se revendiquent du libéralisme), ce qui a pour effet de fragiliser considérablement la force argumentative des discours des responsables politiques. Beaucoup n’appréhendent le contenu des valeurs libérales qu’au travers des représentations désobligeantes de la rhétorique des adversaires de la liberté. (Les vilains) Notons que cette dernière est d’une efficacité redoutable. On peut juger de son succès lorsqu’on réalise que, pour la grande majorité des Européens, le libéralisme se réduit à ce qu’en énonce la vulgate (la main invisible, la loi du plus fort, l’impitoyable concurrence, la performance à tout prix, etc.). (Ben, il suffit de constater)

Le libéralisme cohérent est toujours présenté comme une sorte d’extrémisme, une position intransigeante voire inhumaine. Il sera qualifié d’"ultra" alors que personne n’aurait l’idée saugrenue de parler " d’"ultrasocialisme". (Encore faudrait il que le socialisme existe vraiment) Les libéraux honteux, dans leur volonté de paraître mesurés, nuancés, modérés, intelligents, se définissent certes comme des libéraux en matière économique mais - s’empressent-ils de préciser - "sociaux" ou progressistes dans les autres domaines. (Je n’avais pas remarqué) Le concept de "libéralisme social " est une absurdité sans nom. (Alors la je suis bien d’accord) Dans cette optique, le libéralisme n’est plus considéré comme une doctrine auto-suffisante. Elle doit toujours être bâtardisée, mâtinée de préoccupations sociales comme si le libéralisme n’avait que mépris pour les faibles. (Ben non c’est sûr, tous ces gens que l’on met à la rue, tous ces SDF, c’est pour leur bonheur) Il est considéré au mieux comme amoral et au pire comme immoral. (Mais non ! Mais non !)  Toujours dans cette vison des choses, il importe de tempérer le "capitalisme sauvage" par des mesures protectrices. (Ben oui ! C’est pas bien de jeter les gens à la rue.)  (Il faut quand même être gonflé pour écrire ça.)

En réalité, la notion de "capitalisme sauvage" est une contradiction dans les termes. Le capitalisme ne peut exister sans des règles qui l’encadrent et lui permettent de se développer.(A condition de les faire respecter.)
 La "main invisible", le célèbre concept d’Adam Smith, tant moqué par une multitude d’intellectuels qui n’ont jamais lu une ligne de cet auteur, présuppose toute une armature normative et institutionnelle pour exercer son action bénéfique, armature qui est elle-même le fruit de multiples adaptations délicates en évolution constante. Fort d’une longue tradition de penseurs de premier ordre, le libéralisme est une théorie tant morale, juridique, politique qu’économique.
(Et dont on peut vérifier les résultats tous les jours)
Le mouvement néo-libéral actuel et la philosophie politique qui l’accompagne occupe une place importante dans le cursus universitaire de tout étudiant américain. (Ah ! Merde !) Ils sont superbement ignorés en Europe. (Ça prouve qu’on est moins con.) Le libéral européen est tout à la fois incapable de se référer tant à l’héritage qu’aux débats actuels de la doctrine dont il se revendique. (Faut pas oublier que l’on a la droite la plus con du monde.)

L’émergence d’une force authentiquement libérale doit passer par une révolution des esprits. F.A. Hayek affirmait que notre langage est empoisonné (C’est le moins que l’on puisse dire) le simple fait d’adosser le mot "social" à des notions aussi fondamentales que la politique, la justice, l’économie, le libéralisme conduit instantanément à vider ces dernières de toute substance, les renvoyant à une sorte de magma grisâtre et insignifiant. Il faut cesser de s’exprimer (et donc de penser) avec le vocabulaire et les concepts de l'adversaire. Pour lutter à armes égales contre le "prêt-à-penser" et le moralisme ambiant de la gauche bien-pensante, il est impératif que les libéraux opèrent un travail sur eux-mêmes. Cela doit passer par une redécouverte de cette riche tradition trop souvent ignorée.(La fameuse tradition du chacun pour soi et que les autres crèvent) Il ne s’agit pas d'exhumer certaines valeurs poussiéreuses et brandir ces dernières telles quelles. La fidélité à une tradition faillit à sa tâche lorsqu’elle se contente de répéter cette dernière de manière mortifère. Etre fidèle, c’est prolonger cette tradition et la faire évoluer. (La faire évoluer sous entend de s’en mettre davantage dans les poches…ça va de soit)

Le progressisme, l’originalité voire l’humour sont les instruments dont usent avec succès les mouvements de la gauche. Il n’y a aucune raison qu’ils en conservent le monopole. Il importe de faire preuve d’audace et de présenter certaines idées foncièrement novatrices (Là mon bonhomme tu as du pain sur la planche…) - tant dans leur contenu que dans leur forme - de manière à répondre aux grandes questions du moment. Il importe de réceptionner les problèmes dans un cadre d’analyse authentiquement libéral et de proposer des solutions appropriées (sans craindre de bousculer allégrement les tabous de la pensée unique).

C’est là la vocation de l’Institut Hayek. (La vocation de vous la mettre encore plus profond)


L’Institut Hayek est un think tank, c’est-à-dire un centre d’études regroupant différents universitaires et dont le dessein est d’influer significativement sur la vie sociale, politique et économique. Il publicise les opinions et analyses de ses membres principalement par voie de presse et au travers de diverses activités (colloques, pétitions, mobilisations, etc.).

Face aux idéologies socialiste, écologiste, altermondialiste ou tout autre mouvement politique, philosophique ou religieux  
( La religion qui vous a bien servi pour domestiquer le peuple.) attentatoire aux libertés, l’Institut Hayek cultive en priorité les valeurs authentiques du libéralisme. (Tu parles de valeurs…) Il entend également défendre les idéaux démocratiques, les structures de l’Etat de droit, les valeurs de l’atlantisme et celles du progrès dans tous les domaines. (Surtout pour vous le progrès) Il appuie par principe toute initiative qui entend défendre ces valeurs menacées et propager ces idéaux partout dans le monde. (C’est bien ça ! La dictature libérale)
 
Dans une optique interdisciplinaire et fidèle en cela à la pensée de F.A. Hayek, l’Institut Hayek milite tout à la fois pour la mondialisation des échanges,
(Seulement entre riches ! Faut pas déconner non plus) la réforme de l’ONU, la création de capacités militaires européennes dignes de ce nom et intégrées à l'OTAN, la lutte active contre les dictatures, le développement de l’énergie nucléaire, l’abandon progressif de la politique agricole commune, la privatisation progressive de l’enseignement universitaire, (Ouai ! L’école que pour les riches ! Chic ! Chic !) le maintien et le développement du lien transatlantique, le développement des OGM, (Le poison pour tous) etc.

C’est une malédiction de la droite libérale en Europe que de se montrer intellectuellement paresseuse. (C’est le moins que l’on puisse dire)
Faute d’une certaine curiosité et d’une robustesse dans la réflexion, elle est contrainte - lorsqu’elle est amenée à se prononcer sur les problèmes chaque jour plus complexes de notre monde - de se rattacher à la configuration théorique mise en place par des intellectuels de gauche. Les dossiers environnementaux, géostratégiques, technoscientifiques, mondialistes sont vus quasi-exclusivement au travers du filtre interprétatif de la gauche académique.

Le contraste est saisissant lorsqu’on examine le nombre important d’analyses fouillées et argumentées émanant de la droite libérale dans l’univers anglo-saxon. Nos homologues d’outre-Atlantique ont compris qu’il importait de se documenter soigneusement sur toutes ces questions, raison pour laquelle il existe tant de think tanks chez eux.

Au sein des ONG et autres officines de la gauche, il règne une unanimité dogmatique à propos d’une multitude de points qui ne sont plus questionnés et critiqués en tant que tels. L’Institut Hayek veut déconstruire ces évidences (J’aime bien le terme.)
et réinstaurer un débat authentique au sein de la classe politique.

L’Institut Hayek entend initier une dynamique. Par la constitution d’un réseau (Ou d’une secte) d’intellectuels universitaires appartenant tant au monde francophone qu’anglophone, par la lutte contre la désinformation, (Commencez déjà par vos journaux ! Il ne manque pas d’air celui là !) la diffusion d’idées neuves, (Là je crois que tu vas avoir du mal mon bonhomme !) l’affirmation de thèses fortes et argumentées, la rédaction de rapports, la publicisation de propositions concrètes, (Dirigées essentiellement contre le peuple…ça va de soit.) il se veut à l’avant-garde d’un vaste mouvement libéral de reconquête intellectuelle en Europe. (
Et ben il a du boulot l’institut Harnaque…Euh !...Hayek)
Voici le lien de ce texte: http://www.fahayek.org/index.php
Si non, dans le genre Hayek moi je préfère ceci J : http://www.imdb.com/name/nm0000161/photogallery

octobre 13, 2014

Thierry FALISSARD: Wikibéral; Libres!; Mais « Faut-il avoir peur de la Liberté ? »

L'Université Libérale, vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.

L'Avant-propos par Thierry Falissard

Le libéralisme est-il une menace planétaire au même titre que le seraient le réchauffement climatique, le terrorisme islamiste ou la prolifération nucléaire ? Est-il dépourvu de toute éthique au point d’abandonner chacun d’entre nous au jeu aveugle des forces du marché ?
Ne laisse-t-il pas chaque personne livrée à elle-même en détruisant tout lien collectif ?
Faut-il intervenir vigoureusement pour en limiter les dérives ?



La sagesse populaire dit que « la peur n’évite pas le danger », aussi il serait utile d’analyser ce « danger », en allant jusqu’à sa racine. C’est ce que ce com-pendium tente de faire, à partir d’un exposé concis du « noyau dur » du libéralisme et des conséquences qui en résultent. Le lecteur jugera de lui-même si cette peur, en définitive, est réellement justifiée.

Car il est facile de mettre en accusation le libéralisme en lançant une contre-vérité, un slogan aguicheur, qui fera appel aux sentiments plus qu’à la raison. Il faut cependant du temps et une méthodologie adaptée pour répondre, en développant un raisonnement qui se tienne, à un discours réducteur qui voit le libéralisme là où il n’est pas, ou le refuse là où il apporterait la solution.

Ce parcours offrira une vue très synthétique de la pensée libérale dans plu-sieurs de ses aspects, y compris (et surtout) les plus contestés. L’auteur cherche à illustrer que la préoccupation du libéralisme est avant tout d’ordre éthique, et non seulement économique comme beaucoup le pensent. Il espère que le lecteur en appréciera le caractère essentiel, en même temps que l’aspect révolutionnaire, souvent méconnu.

 
 
L'institut COPPET n'est pas en reste pour présenter ce libre;

Ce livre de 70 pages présente le libéralisme en 21 questions (extraits à lire plus bas) :
 
1 – Y a-t-il une pensée unique libérale ?
2 – De quelle liberté parlons-nous ?
3 – L’éthique est-elle soluble dans le libéralisme?
4 – Quels sont mes droits ?
5 – Pourquoi tant de haine envers l’État ?
6 – Sommes-nous tous propriétaires ?
7 – La démocratie est-elle libérale ?
8 – Et le collectif, qu’en faites-vous ?
9 – Peut-on faire le bonheur des gens malgré eux ?
10 – Peut-on tout dire librement ?
11 – Pourquoi cette obsession économique ?
12 – Pourquoi les monopoles c’est mal ?
13 – Le capitalisme est-il libéral ?
14 – Faut-il tout privatiser ?
15 – Et l’argent, où le trouvez-vous ?
16 – Y a-t-il une propriété intellectuelle ?
17 – Et la question sociale ?
18 – Que faites-vous pour les plus faibles ?
19 – Comment concilier écologie et libéralisme ?
20 – Comment peut-on être antilibéral ?
21 – Pour finir, faut-il avoir peur du libéralisme ?
 
Chapitre 2 : De quelle liberté parlons-nous ?
Il ne s’agit pas du concept métaphysique de liberté, décliné en liberté intérieure, libre arbitre[1], émancipation par rapport aux lois de la nature, voire salut individuel, etc. Il s’agit du concept de liberté dans les relations interindividuelles, dans nos rapports avec les autres. C’est donc quelque chose de très concret, qui, excepté les ermites qui fuient la société, nous concerne tous, et tous les jours.
Le libéralisme s’intéresse au « vivre-ensemble », pas à la meilleure façon de mener sa propre vie ; aux relations avec nos semblables, pas au rapport moral que nous entretenons avec nous-mêmes.
Chacun, soutiennent les libéraux, devrait être parfaitement libre tant qu’il ne nuit pas aux autres : la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui (comme le rappelle le bien connu article 4 de la « Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen » française de 1789).
On remarque que cette définition est toute négative : on ne dit pas ce qu’il est permis de faire, mais plutôt ce qu’il ne faut pas faire. Ce qui est positif, c’est la nuisance, qu’on cherche à éviter. Il reste donc à préciser de façon positive ce qu’on appelle « nuire à autrui ». Il peut déjà y avoir des divergences à ce stade parmi les libéraux.
Ainsi les libertariens formulent un principe de non-agression : aucun individu ni groupe d’individus n’a le droit d’agresser quelqu’un en portant atteinte à sa personne (ou à sa propriété)[2]. L’agression est l’usage de la violence (ou la menace d’employer la violence) contre quelqu’un qui ne vous a pas agressé.
Les utilitaristes libéraux, à la suite de John Stuart Mill, préfèrent un principe de non-nuisance : la seule raison légitime que puisse avoir une communauté civilisée d’user de la force contre un de ses membres, contre sa propre volonté, est d’empêcher que du mal ne soit fait à autrui[3].
Les différences qui découlent de ces deux définitions, pour subtiles qu’elles soient, n’en sont pas moins réelles. Pour un utilitariste, une obligation d’assistance à personne en danger peut être justifiée, alors que la plupart des libertariens la rejetteront, comme liberticide. La liberté du commerce est légitime a priori pour les libertariens, puisque le commerce n’est pas une agression, tant qu’il reste honnête (c’est-à-dire consiste en échanges consentis, sans tromperie sur la marchandise, quelle que soit cette dernière) ; pour les utilitaristes, elle est justifiée parce qu’elle accroît le bien-être général, malgré ses possibles nuisances (certains commerçants peuvent souffrir de la concurrence des autres, des prix élevés peuvent nuire aux clients).
Pour un libéral, la liberté positive, contrepartie de la liberté négative, est la possibilité d’agir comme on l’entend dans le respect de la liberté d’autrui. Tout dépend donc du contenu que chacun veut bien donner à cette liberté, contenu sur lequel il n’y a pas lieu de statuer, tant que la liberté d’autrui est assurée.
Car cette liberté positive n’est pas un droit absolu à quelque bien ou service que ce soit[4], éducation, emploi, assistance ou autre, car cela contraindrait d’autres personnes à fournir ces services ou à payer pour eux – en pratique par l’impôt ou la législation, autrefois par l’esclavage des uns et les privilèges des autres – sans que leur consentement soit obtenu. Cette « liberté » profiterait donc aux uns en empiétant sur la liberté des autres. Cette société de « faux droits » serait une société d’injustices plus ou moins bien déguisées.
La liberté n’est pas une émancipation complète de toute contrainte matérielle, ce qui est impossible dans le monde de rareté qui est le nôtre, où aucun gain ni aucun bien ne s’obtient sans travail (d’où le concept de propriété que nous verrons plus loin).
Cela signifie-t-il que dans une société libérale certains soient libres de s’épanouir et d’autres libres de mourir de faim ? Heureusement non (nous aborderons également cette préoccupation par la suite). Cela ne veut pas dire non plus qu’on puisse asservir une partie de la population au bénéfice d’une autre sous un prétexte de « solidarité ».
On pourrait se demander pour quelle raison fonder la vie en société sur la liberté et l’autonomie individuelle plutôt que sur d’autres valeurs, comme l’égalité matérielle, la gloire et le bien de la patrie, la préservation de la nature ou le respect de préceptes religieux ? (on aura reconnu respectivement les idéologies égalitaristes, nationalistes, écologistes et théocratiques)
Le libéralisme ne rejette aucun système de valeurs : il pose seulement comme principe premier celui de la liberté et du consentement individuel. Sans ce principe, toute société, quelles que soient ses bonnes intentions et quelles que soient les valeurs qu’elle promeuve, devient vite une tyrannie. Les exemples de telles sociétés ne manquent pas dans l’Histoire ; on ne peut pas dire qu’elles aient contribué au bonheur individuel ni enrichi l’Humanité. Toute idéologie est respectable dès lors qu’elle respecte le principe de non-agression.
Le principe libéral est avant tout un principe éthique, ce qui nous conduit à examiner les rapports entre libéralisme et éthique.

[1] Nous estimons que la notion de « libre arbitre » est métaphysique et n’est pas utile dans un exposé sur la liberté négative.
[2] Murray Rothbard, « Le manifeste libertarien » (1973).
[3] John Stuart Mill, « De la liberté » (1859).
[4] Ce que le marxisme appelle « liberté réelle », par opposition à la « liberté formelle » qui serait celle du libéralisme.
 
Du côté de la Main Invisible avec Stéphane GEYRE:

Car le collectif La Main Invisible ajoute un nouveau livre à sa collection.

Thierry Falissard, auteur de Libres !

Thierry, 53 ans, ingénieur des Ponts de formation, a fait toute sa carrière dans l’informatique, en se spécialisant sur les mainframes, ce qui lui vaut le titre de dinosaure (il rappelle à ce propos que les dinosaures ont dominé le monde animal pendant des dizaines de millions d’années, alors qu’en comparaison Karl Marx ne domine le monde politique français que depuis près d’un siècle et demi). Comme informaticien, il écrit beaucoup : brochures, manuels, études, logiciels, bogues, etc.
Son évolution vers le libertarisme s’est faite lentement au cours des années 90 et 2000, en approfondissant un questionnement philosophique, économique et éthique, en consultant certains sites web précurseurs (ceux de Faré, Hervé de Quengo, Hervé Duray, etc.), puis en lisant les auteurs : Pascal Salin, François Guillaumat, Bertrand Lemennicier, Hans-Hermann Hoppe, Ruwen Ogien, etc.
Après avoir été aussi un dinosaure de Wikipédia, il participe au projet Wikibéral depuis ses débuts. Il tient un blog rarement mis à jour et publie de rares articles dans Contrepoints et dans le Québécois libre. Favorable au reichmanisme non tempéré, il a longtemps participé à un blog imprécateur et frénétique : « Quitter la sécu ».
 
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Wikibéral a vocation à devenir complémentaire à Wikipédia sur un ensemble de sujets politiques, économiques ou philosophiques, souvent abordés de façon superficielle par Wikipédia. On peut le constater grâce aux moteurs de recherche qui positionnent en premier Wikibéral pour un certain nombre d'expressions, comme "démocratie totalitaire", "faux droits", "loi du plus fort", "axiome de non-agression", "capitalisme de connivence", "propriété de soi-même", "électeur médian", "marché politique", etc.  
Thierry FALISSARD
  Il est l'auteur d'un polar libertarien:  Meurtres à la banque.



D'autres livres plus techniques ici, cliquez: LOGICIEL
 
Loin d’être secondaire, limité aux talismans, pilules miracles ou autres escroqueries de bas de gamme, le marché de la stupidité est le plus vaste qui existe. En effet, personne n’est intelligent tout le temps; tout le monde, peu ou prou, même parmi les moins bêtes, a des accès de sottise, ou même, pour certains, est carrément et irrémédiablement stupide.
 
          Les causes en sont diverses. L’omniscience n’est pas une caractéristique humaine, aussi nous sommes tous ignorants, à des degrés divers. Or l’ignorance est certainement l’ingrédient principal de la bêtise (savoir, tel Socrate, que nous ne savons rien, est déjà un luxe rare). Nous sommes influençables et facilement conformistes (comme son nom l’indique, le conformisme est une solution de confort). Nous sommes crédules (être sceptique est très fatigant à la longue).

          Le marché de la stupidité humaine, comme tous les marchés, est régi par des lois simples que je vous propose de découvrir ou de redécouvrir. Les deux premières sont bien connues:
1) La loi de Barnum: ce marché est gigantesque, car le nombre de clients est potentiellement illimité (« there is a sucker born every minute » ou sa variante: « always and inevitably everyone underestimates the number of stupid individuals in circulation »). Dans l’univers, la stupidité est aussi répandue que l’hydrogène (encore dit-on que la quantité d’hydrogène, elle, a tendance à diminuer avec le temps).

2) La loi de l’équilibre général du marché de la stupidité: pour répondre aux besoins imbéciles, il y aura toujours une offre abondante disponible (« for every sucker born there's two people out there that will take their money » ou sa variante: « a fool and his money are soon parted »).
          Les troisième et quatrième lois du marché de la stupidité sont de mon cru:
3) Le marché de la stupidité humaine recoupe pour une très large part un autre marché: le marché politique (en application du premier amendement au huitième Commandement du Décalogue: « Thou shalt not steal, except by majority vote »);

4) Les symboles et les mythes sociaux sont les produits phares de ce marché (conformément à la loi d’Angleton: « Deception is a state of mind, and the mind of the State »).
          Examinons ces deux dernières lois.

Le marché de la stupidité humaine recoupe pour une très large part un autre marché: le marché politique.

          Le marché de la stupidité se caractérise par le fait que, dans l’échange volontaire auquel il participe, le client est finalement perdant, sans qu’il en soit forcément conscient (puisqu’il est stupide). Comme dans tout marché, l’art du vendeur consiste à répondre aux besoins du client et à lui vendre ce qu’il est disposé à acheter:
• quelque chose de prétendument efficace, censé régler un problème précis, ou quelque chose dont il n’a en réalité pas besoin (une machine à balayer dans les coins, un philtre d’amour, un parfum pour éloigner les fantômes, une séance de désenvoûtement, etc.);

• quelque chose qui n’existe pas (comme les beaux habits neufs de l’empereur, dans le conte bien connu, avant qu’il soit révélé que « le roi est nu »);

• des promesses (un produit ou service futur, un gain ou un avantage futur) – promesses évidemment non tenues le plus souvent, mais auxquelles le client croit fermement, ce qui le pousse à participer à ce marché.
          Les deux premiers types de produit montrent vite leurs limites, et le client, pour peu qu’il finisse par ouvrir les yeux, risque vite de se rendre compte de l’escroquerie et de l’inanité de son achat.

          En revanche, les promesses en l’air, caractéristiques d’un marché très particulier, le marché politique, fournissent une denrée inépuisable, car immatérielle, et dépendant uniquement de l’imagination de l’offreur et, en contrepartie, de la crédulité du demandeur, et de ses attentes.

          L’investissement du côté du client est faible: un vote, un soutien à un candidat. Le gain n’est pas immense (ce n’est certes pas un pari pascalien, où l’on gagne l’infini), mais, quoique repoussé dans le futur, il est très concret pour le client: ce peut être un avantage « social », une sécurité en plus, un coût moindre pour un service « public », etc. Voulez-vous des exemples? Consultez le programme électoral de votre candidat préféré (ou, au contraire, de celui ou celle que vous détestez le plus).

          Une fois la vente opérée (l’élection passée), la promesse a été vendue, et c’est tout ce qui importe pour le candidat. Il y a deux choses bien distinctes: la promesse, et l’objet de la promesse. Seule la promesse a été échangée contre le vote. Il n’y a aucune garantie que la promesse soit tenue: le politicien n’a signé aucun contrat, et la justice ne le tracassera pas quand ses mensonges seront devenus flagrants aux yeux de tous. Au contraire, il risque de passer pour un réaliste pragmatique, éloigné de toute démagogie.

          On a certes le droit de vendre du vent à celui qui aime les courants d’air. Mais les promesses politiques sont à la fois immorales et illégitimes, dans tous les cas – qu’elles ne soient pas tenues (tromperie envers l’électeur trop naïf), ou qu’elles soient tenues, ce qui s’opère alors aux dépens du « moins fort politiquement ».
 
Car la politique ne crée pas de richesse, puisqu’il ne s’agit que d’un vol institutionnalisé, le politicien qui gagne l’élection se souciant comme de sa première veste (électorale) de votre consentement à son programme.

Les symboles et les mythes sociaux sont les produits phares du marché de la bêtise.

          La capacité à accepter les promesses politiques finit par s’émousser, et le citoyen a de plus en plus conscience que le marché politique est un marché de dupes. Conformément à la théorie de la subjectivité de la valeur, il pourrait bien finir par ne plus accorder de crédit aux promesses, et se retirer de ce marché où il n’a rien à gagner, le coût d’opportunité du vote devenant prohibitif.

          Mais le politicien est normalement plus malin que son client-électeur-contribuable, puisque tout son art consiste à vivre à ses dépens sans que ce dernier se rebiffe. Il ne va pas seulement blâmer ce client qui le fuit, ce mauvais citoyen qui ne participe pas à la vie de la Cité, qui s’abstient, ou qui vote n’importe comment. Il va chercher toujours plus à s’attirer ses bonnes grâces en se faisant psychologue, pour sonder son âme et en déceler les craintes, les aspirations, et la phénoménale capacité à s’illusionner.

          Le citoyen a un besoin illimité de protection. Chaque jour, il risque de perdre son emploi, d’être agressé dans la rue, de tomber malade, de s’appauvrir et de ne plus pouvoir conserver son train de vie, etc. Il faut donc lui vendre des talismans protecteurs, et au besoin lui faire peur pour qu’il les achète.

          Pour répondre au besoin illimité de protection, le politicien va jouer les apprentis sorciers et proposer des « mesures » qui se révèleront toujours pires que le mal auquel elles sont censées remédier. Voyons quelques exemples typiques.

          On proposera d’instaurer un salaire minimum pour éviter d’avoir des travailleurs pauvres – ce faisant, on créera une nouvelle barrière à l’emploi qui exclura ceux dont le travail valait moins. Le SMIC devient ainsi un symbole de progrès qui ne protège en réalité personne.

          On durcira à coup de réglementation les conditions de licenciement pour « éviter les abus » des employeurs (le chômage ne participe-t-il pas de l’horreur économique capitaliste?) – ce faisant, on dissuadera les patrons d’embaucher, mais peu importe, on crée ainsi un nouveau symbole appelé « Code du Travail » censé nous protéger, alors que le résultat est bien de nous précariser davantage.

          On proposera une assurance santé obligatoire qui n’a d’assurance que le nom (en l’absence de prime liée au risque, de contrat, de garantie) et qui détourne plus de 20% du salaire complet: c’est la symbolique « Sécu » à laquelle le citoyen est tellement attaché, tel le chien à sa chaîne. Une chaîne héritée du communisme français, qui remonte à 1945, mais qui est solide, car les gouvernements (non communistes) n’ont eu de cesse de la renforcer au fil des ans, bien qu’elle contrevienne autant à la législation européenne qu’au droit de l’homme à disposer librement des fruits de son travail.

          Tous ces symboles contribuent à édifier un mythe, celui de la « protection sociale », du « modèle social », qui n’a d’efficacité que symbolique, car tous ces services (ou du moins ceux qui sont vraiment utiles) pourraient être rendus à moindre coût et meilleure qualité par le marché privé, ce que les intéressés ignorent souvent, aveuglés par l’illusion sociale « solidaire ».

          Mais la charge symbolique est si forte, que le client abusé reste prêt à payer très cher pour cette « protection », ce qui est tout bénéfice pour les profiteurs de la « République Fromagère ». Celui qui viendrait à contester ces mythes serait au sens propre un iconoclaste antisocial, un monstre d’inhumanité, bref, un libéral! Il préfère vivre sous la clarté du soleil plutôt qu’à l’ombre tutélaire, mais pernicieuse et délétère, de l’État redistributeur. Le soir venu, il parcourt les villes avec sa lanterne, à la recherche d’un homme qui ne croirait plus aux mythes étatiques, mais en vain: les assistés lui montrent les bienfaits de la solidarité forcée, tandis que les ponctionnés complaisants fustigent son « égoïsme » individualiste.

          Le citoyen a aussi un besoin illimité de se projeter dans l’avenir, d’espérer en la prospérité, de croire en son bonheur ou en celui de ses enfants, etc. Il ne compte pas sur lui-même pour avancer et réussir dans la vie, cela serait sans doute au-delà de ses forces. Il faut donc lui vendre du rêve, et c’est une autre des tâches du politicien. Se limiter à subvenir à son besoin de protection par ces symboles « sociaux » inefficaces mais tellement envoûtants serait faire montre de matérialisme mesquin, alors qu’il y a tant à gagner à vendre du rêve, du bonheur futur, le paradis sur terre… On lui proposera alors du Grand Dessein, du Vivre Ensemble, de l’Avenir Radieux ou Durable, ou bien l’Europe Sociale, le Pacte Républicain, un Autre Monde (qui est « possible », ou qui est « en marche », au choix), une France qui gagne… bref, toutes les lubies pré-totalitaires qui ont fait leurs preuves au XXe siècle.

          Il s’agit d’offrir, non plus l’espoir d’un avantage tangible, comme peuvent l’être les simulacres de protection sociale que nous avons mentionnés, mais un mythe collectif, du rêve à l’état pur, qui en appelle à la fois à l’instinct grégaire de chacun (qu’il soit nationaliste, communautaire, religieux, identitaire) et à la magie noire, à l’État comme source inépuisable de richesses et de bienfaits, infatigable pourvoyeur de lendemains qui chantent.

          Tandis que les gogos, sans se poser de questions, vivent de mythes, de symboles et d’eau fraîche, les politiciens, en calculateurs réalistes, cueillent les fruits de l’arbre de la stupidité. On peut penser que le gogo n’a que ce qu’il mérite (stupidity is painful after all). Cet état de choses serait tolérable si on permettait au restant de gens lucides d’échapper à l’esclavage politique, mais on sait qu’ils n’ont pas le choix; voter avec leurs pieds restant le dernier recours.

          Électeurs, réveillez-vous! Stupidity is no excuse for not thinking
 
Par Thierry Falissard dans

Faut-il avoir peur du libéralisme ?

Le blog


 
 

octobre 11, 2014

Stéphane GEYRES et le libertarianisme

L'Université Libérale, vous convie à lire ce nouveau message.Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.

1) Stéphane Geyres, vous êtes libertarien et président du « mouvement des libertariens ». Libertarien est un terme récent, remontant aux années 1970 ; et on estime la plupart du temps qu’il servirait à qualifier un libéralisme « excessif », « caricatural », « extrémiste », par opposition à ce qui serait le libéralisme « modéré » et donc « sain » et « raisonnable » d’un Hayek, d’un Aron ou d’un Rawls.
  En bref, les libertariens seraient les partisans d’un libéralisme pur et dur et à ce titre exagéré : un « ultralibéralisme ». Que répondez-vous à ce reproche d’extrémisme ?
Tout d’abord, merci cher Grégoire pour avoir pris l’initiative de cet entretien. C’est un réel plaisir de répondre à un jeune journaliste de talent qui sait voir les vraies questions. Il y a certes bien des facettes à votre question, mais elle a en effet le mérite de poser tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, sans toujours le courage de la confrontation.
Je pense que pour vous répondre au mieux, il faut revenir sur l’histoire du libéralisme dans notre pays – j’essaierai de rester concis. On peut oser ainsi simplifier avec quatre périodes qui correspondraient très grossièrement aux quatre derniers siècles. Au XVIIIe tout d’abord fleurissent les célèbres Lumières. Leur apport est avant tout sur l’aspect juridique, c’est sur leurs bases que se construira la Révolution et depuis la démocratie en France et dans le monde. Certains, comme Richard Cantillon, nous ont aussi donné de grandes avancées dans le domaine économique, mais si les Lumières brillent encore, c’est pour avoir fait avancer la Liberté dans sa dimension politique en lien avec le droit. Puis vient Jean-Baptiste Say, suivi de Frédéric Bastiat, lesquels au XIXe vont poser les fondements de la théorie économique telle que tout libéral contemporain sérieux la comprend. Le terme de « libéralisme » naît juste après Napoléon, mais Bastiat se considérait « économiste », car il semblait acquis que les idées de liberté avaient été réglées avec les Lumières. Quant à Léon Say, une génération plus tard, il se pensait « libéral », terme qui s’est peu à peu installé comme « partisan du laissez-faire économique ». Puis avec la Première guerre mondiale et la généralisation de la démocratie, comme l’explique très bien Hoppe, et malgré l’émergence de l’école autrichienne, le XXe voit la gangrène social-démocrate gagner l’Occident. Avec elle, le libéralisme perd peu à peu dans l’esprit commun sa base juridique pour devenir chez certain un simple « discours favorable à la libre entreprise ». Aux États-Unis d’après le New Deal, hélas désormais sociaux-démocrates, le « libéral » est carrément devenu synonyme « d’homme de gauche non communiste ».
C’est alors, dans les années soixante, qu’émerge aux États-Unis le terme de libertarian, repris chez nous dans les années 80 par Henri Lepage en « libertarien », et adopté par ceux qui se reconnaissent comme héritiers de ces diverses phases, mais fuient l’amalgame avec le « liberal » socialisant.
Tout cela pour rappeler que le libéralisme est bien double dans son histoire, il se revendique des Lumières sous l’angle du droit et du « laissez-faire » plus économique – et ses théories modernes. Le libéralisme contemporain est même l’aboutissement de ces divers courants, qui l’ont construit et dont il se nourrit. Il y a diverses manières de le définir formellement, plus ou moins équivalentes, j’en donnerai deux. La plus correcte consiste à l’assimiler à un ordre social où le principe de non agression serait pleinement respecté. Pour ma part, je trouve plus palpable de l’identifier à une organisation sociale où règne la stricte uniformité du droit, l’état de droit le plus strict, où aucun privilège n’existe ni ne peut exister. On note au passage que ces deux définitions n’ont rien d’économique. Mais c’est parce qu’il est en réalité impossible de dissocier ces deux aspects de la vie. J’en veux pour preuve, pour finir ces rappels théoriques, la définition de la liberté donnée dans Libres ! par Henri Lepage – encore lui : « on définit la liberté comme le droit de faire ce qu‘on désire avec ce qu‘on a (plus exactement : avec ce à quoi on a naturellement droit, ce qu‘on s‘est légitimement approprié, ou ce qui a été légitimement transmis) ». J’aime cette définition parce qu’elle est positive et parce qu’elle mêle droit (avoir) et économie (faire).
Ce rappel n’est pas je crois inutile car ce n’est pas l’image, la compréhension que bien des gens de nos jours ont du libéralisme. Pour revenir à votre question, je doute fort que les auteurs que vous évoquez se revendiqueraient du libéralisme ainsi défini – et je ne vous cache pas que selon moi, aucun n’exprimait en effet des thèses pleinement libérales. Je me demande même comment on peut oser qualifier Rawls de libéral, alors qu’il est « liberal », donc social-démocrate. Aron est probablement plus un libéral économique, alors que Hayek, qui pour beaucoup représente le summum du libéralisme moderne, n’a pas su transposer sous l’angle politique les nombreuses avancées économiques qu’on lui doit.
Beaucoup sans doute seront choqués d’une telle analyse et, vous avez raison, trouveront la position libertarienne inutilement « excessive » ou « extrême ». J’ai hélas l’habitude de ce genre de propos bien malheureux ; il faut avoir la carapace solide quand on est libertarien.
Je constate simplement, après quelques temps passés au contact de nombreux critiques, qu’on peut en distinguer trois familles principales. Je passerai vite sur ceux qui ont les idées claires sur le libéralisme, mais optent pour une position politique mesurée parce qu’ils pensent que ce serait tactiquement plus habile. La critique d’extrémiste dans ce cas n’est pas bien grave, puisqu’au moins nous sommes d’accord sur le fond. La plupart par contre n’ont tout simplement pas compris ce que la Liberté suppose, je n’ai pas peur de le dire. On trouve ainsi beaucoup de pseudo libéraux qui en sont restés à la seule vision économique, favorables au laissez-faire mais en même temps ne sachant pas voir que les fonctions régaliennes pourraient être confiées au marché libre dont ils se prévalent. Plus rarement, on peut rencontrer des relativistes pour qui le concept de liberté impliquerait celui de tolérance et donc l’impossibilité de donner au libéralisme un cadre définitif. Tous ces gens « raisonnables » ou « mesurés » ne voient pas qu’ils sont dans l’incohérence.
Pourtant, et ce sera ma réponse après ces longs préliminaires, la chose est simple. Si la liberté tient au droit, et il s’agit du droit dit naturel, minimal, la non liberté tient donc de l’inverse du droit, qui est la force, l’agression – on parle de coercition. Or quel est l’organe social qui par définition incarne la force ? L’état bien sûr. Le libéral est donc tout simplement un adversaire de l’état. Je constate que les auteurs de ces critiques ont oublié de les retourner à celui qui devrait en toute logique être leur adversaire. C’est dommage.
2) Doit-on être nécessairement un anarchiste pour se prévaloir à juste titre du libertarianisme ? Pour dire les choses autrement, le minarchisme est-il une option cohérente ou au contraire incohérente pour un libertarien ?
En effet, selon Wikiberal, « pour [les libertariens], les pouvoirs de l’état devraient être extrêmement restreints (minarchisme), ou même supprimés (anarcho-capitalisme).» D’où votre question, et bien d’autres occasions de la voir posée, beaucoup pensant que le minarchisme est non seulement possible mais souhaitable comme compromis ou étape de transition – ce qui renvoie d’ailleurs à la question précédente.
Il me semble que la réponse doit aborder deux axes pour être complète. Il y a la théorie et la situation d’aujourd’hui. Sous l’angle théorique, j’attends toujours le minarchiste qui saura expliquer comment on pourrait à la fois avoir égalité de tous devant le droit et avoir un état bureaucratique quel qu’il soit. Le simple fait d’accepter le pouvoir d’un élu ou d’un fonctionnaire va à l’encontre de ce principe, pourtant à la base même du libéralisme. Je ne fais là que reprendre un argumentaire éculé, des théoriciens comme Rothbard ayant depuis fort longtemps montré qu’il n’y a qu’une seule option libérale cohérente, celle de l’anarcho-capitalisme. Donc en effet, sous cet angle, la question ne se pose même pas.
Sous l’angle plus concret, certains pensent par exemple qu’on pourrait réduire l’état. Mais dans un article – sur mon blog – je montre que cela est vide de sens, sauf à réduire l’Etat à un tel niveau que nous serions en fait dans un système anarcap. Dit autrement, la seule minarchie possible car cohérente est une société anarcho-capitaliste.
Enfin, il y a la réalité actuelle et la question dite de la transition, c’est-à-dire comment transformer la tyrannie démocratique actuelle en une société libre ? Il est clair que cela ne peut se faire en claquant des doigts et qu’il faudra un certain temps, même bref. Dans ce cadre, beaucoup sont minarchistes en ce sens qu’ils sont favorables à une société de moindre état comme un moindre mal ou comme une étape transitoire nécessaire.
Je n’ai pas d’opposition à une telle analyse, à condition cependant de bien poser le but, de ne pas oublier que l’objectif ultime ne peut être que l’anarcapie. Car sinon, c’est peut-être faire mal au Léviathan actuel et lui rogner les ailes, mais ce n’est pas le tuer. Et Léviathan nous a montré à travers les siècles sa nature de phénix capable de renaître à tout moment.
En conclusion donc, oui, le minarchiste ne peut être qu’un anarcap pragmatique s’intéressant à la transition ou un anarcap en devenir – quand il sera devenu anti-état.
3) Vos vues en science économique rejoignent pour l’essentiel les conceptions du courant de pensée autrichien, en particulier la lignée Von Mises – Rothbard – Hoppe.
  Vous n’êtes pas sans savoir que ce courant de pensée est assez minoritaire dans les universités et que la plupart des économistes du main-stream « néoclassique » lui reprochent un certain amateurisme, et ce pour trois motifs principaux : en premier lieu, le courant autrichien, à l’exception d’auteurs plus modérés comme Hayek ou Kirzner, prônerait un retrait excessif de l’Etat de la vie économique et serait aveugle au caractère nécessaire de certaines interventions pour tempérer les dérives du marché, en particulier pour ce qui a trait à la concurrence inégale et aux asymétries d’information.
  En second lieu, le courant de pensée autrichien rejetterait à tort toute formalisation mathématique des états d’équilibre du marché, laquelle constitue selon le main-stream le seul et véritable objet de la science économique digne de ce nom.
  Enfin il commettrait l’erreur de souscrire à une méthodologie réaliste (i.e. visant à concevoir des théories qui ont pour propriété de décrire fidèlement la réalité) alors que c’est l’instrumentalisme (i.e. visant uniquement à élaborer des théories qui permettent de formuler des prédictions correctes) qui reçoit les suffrages les plus favorables de la part des économistes du main-stream.
  Que répondriez-vous à ces trois ordres de critique ?
Tout d’abord, je n’ai pas de « vues » en économie. D’une part je ne suis qu’un modeste témoin de la théorie autrichienne, je ne saurais être pris pour un expert comme un Guido Hülsmann ou un Renaud Filleule peuvent le revendiquer. Surtout, la science économique étant justement une science, on n’a pas de « vues » en économie : on sait décrire un phénomène x ou y ou on ne sait pas, il n’y a pas place à « l’opinion » ni aux « vues ».
Ceci posé, votre premier point mériterait probablement tout une thèse. J’en retiens l’aspect minoritaire, l’amateurisme, la notion de courant, le rôle de l’état, les dérives du marché dont la concurrence et l’information. Beau programme !
Il est toujours étonnant que l’aspect minoritaire ou pas puisse être un argument dans une conversation se voulant rationnelle, voire scientifique. Peu importe qu’il n’y ait même qu’un seul économiste autrichien, la seule question est de savoir si la théorie qu’il promeut est juste ou fausse. Et je dis bien « juste ou fausse », c’est-à-dire donnant une description ou une explication des phénomènes économiques conforme à ce qu’ils sont réellement. En l’occurrence, la nature axiomatique de la théorie de Menger – Von Mises – Rothbard – Hoppe en fait une forteresse de certitude scientifique. Alors les majoritaires, vous savez…
À ce titre, l’amateurisme me semble plutôt être du côté des mainstream justement. Car l’ensemble de la démarche méthodologique des keynésiens et consorts démontre un refus de réalisme, pour ne pas dire un aveuglement à la réalité sociale. Par exemple, imaginer qu’on puisse tester un modèle économique est une hérésie qui montre que ces écoles ne se rendent pas compte qu’on ne peut jamais reproduire deux fois les mêmes conditions sociales et économiques sans attenter à l’objectivité : qui a déjà vécu une situation en tire des enseignements dont il tiendra compte une fois réexposé aux mêmes conditions.
S’agissant du rôle de l’état, il me semble que l’écart avec les positions plutôt pro-étatiques du mainstream est l’illustration de leur divagation méthodologique. L’analyse de l’école autrichienne part de l’acte économique fondamental, l’échange libre entre deux humains. Toute la théorie en découle. Or cet échange, tel que nous sommes des milliards à l’effectuer spontanément chaque jour, ne doit dans l’immense majorité des cas rien à l’Etat, qui n’en est pas non plus un acteur. A contrario, le mainstream considère l’état comme présent et le pose a priori, sans plus de justification, comme un acteur, réel ou légitime, ce qui ne correspond à aucune réalité – que ceux qui se font accompagner d’un bureaucrate chaque fois qu’ils vont faire leurs courses viennent me contredire.
Quant aux dérives du marché… il me semble que ce pseudo concept, ce prétexte, exprime une incompréhension de ce qui le marché est vraiment. Comment un humain qui fait partie du marché pourrait-il établir de manière objective que ce dernier présente des défauts ou des dérives ? Si le marché a des comportements qui nous choquent, ce qui peut être le cas pour certains, cela reste pour autant toujours l’expression du libre choix de l’ensemble de l’humanité. Comment quiconque pourrait-il se poser en juge de ces choix ? La notion de dérive relève du jugement de valeur d’un homme envers l’humanité, rien de moins. Voilà bien un concept des plus présomptueux et dont on imagine vite les dérives…
Enfin, je ne pense pas qu’il y ait de courant au sein de l’école autrichienne. Il y a tout au plus divers auteurs, tel Hayek, qui à un moment ou sur certains points abandonnent ce qui la caractérise le plus à mon sens, à savoir l’individualisme méthodologique. Ce faisant, je ne crois pas qu’ils soient capables d’aboutir à des conclusions ayant une réelle valeur.
Mais passons à votre second point. Tout d’abord, en vertu de quel principe le fantasme de l’équilibre de marché devrait-il être le sésame de la science économique ? Sauf erreur, l’économie n’est pas la science de l’équilibre du marché mais celle de l’accès aux ressources dans un monde de rareté. L’équilibre ne serait donc pas un principe mais au mieux un résultat d’analyse. De plus, Ludwig Von Mises explique très clairement que l’équilibre est au mieux un outil conceptuel, mais n’a aucune réalité parce que le marché est un processus continu en perpétuel mouvement vers ses prochaines conditions de prix. Révérer l’équilibre du marché n’est donc que se complaire dans une abstraction sans aucune réalité.
Quant au recours aux mathématiques, ce ne serait pas un mal en soi, si les mathématiques, comme c’est le cas en mécanique, permettaient de décrire précisément le monde. Mais ce n’est pas le cas en économie et même, cela ne peut pas l’être. Ludwig Von Mises, encore lui, explique de manière très simple pourquoi l’économie ne peut pas être mise en algèbre. Le principe des équations en physique tient à leur capacité à mesurer, calculer, exprimer des grandeurs mesurables. On calcule des hertz ou des watts, lesquels ont une manifestation précise dans ce monde. Mais en économie par contre, rien n’est mesurable, car rien n’est ni palpable ni objectivement définissable. À commencer par la richesse qui ne se ré duit pas à la masse monétaire contrairement à ce que l’immense majorité soutient. Bref, les maths en économie, cela n’a strictement aucun sens et les mettre en avant n’est qu’une ineptie.
Enfin, votre troisième point, sur le réalisme face aux prédictions. Là encore, on est en pleine confusion. La science physique permet de prédire les futurs mouvements d’un mécanisme parce qu’elle permet de décrire exhaustivement sa dynamique et que celle-ci ne dépend que de son design. En économie par contre, le futur n’est autre que le fruit d’une infinité de décisions prises en continu, librement et indépendamment par les gens sur le marché. Pour espérer prévoir le futur, il faudrait pouvoir modéliser ce système d’une immense complexité, ce qui est et restera impossible, même avec le progrès de la force de calcul des ordinateurs de demain. Pour s’en convaincre, imaginons l’inverse. Je fais une prédiction géniale. Disons que je prévoie que le cours de LVMH prendra 5 pts par mois pendant les 6 mois à venir. Pourquoi ne pas le garder pour moi ? Je fais croire l’inverse, peu à peu j’achète un maximum d’actions de manière à profiter de ma trouvaille. Mais alors, tous les économistes devraient pouvoir faire cela et donc devenir richissimes. Or que constatons-nous ? Tout l’inverse. Les « experts » publient leurs « prédictions ». Car ils espèrent ainsi attirer les naïfs dont l’afflux fera monter des cours qui sinon resteraient atones. Autrement dit, les économistes mainstream sont incapables de prédiction. C’est d’ailleurs très bien comme ça et donc l’économie n’est pas une affaire de prédiction.
4) Sous quelles circonstances et pour quels motifs avez-vous finalement rejoint les rangs de la pensée libertarienne ainsi que du courant autrichien en science économique ?
  Ceci s’est-il fait du jour au lendemain ? Avez-vous eu au contraire une transition lente, subreptice, pas à pas, vers le libéralisme et l’école autrichienne ?
Je suis un autodidacte de l’économie. Travaillant parmi des financiers, je décidai il y a sept ou huit ans de me mettre à l’économie. Me voilà donc fouillant le web à la recherche des bases. Bien sûr, je suis très vite tombé sur des équations dans tous les sens. Les maths ne me font pas peur, je suis titulaire d’une licence de mathématiques. Mais la simple idée d’être mis en équation me semblait fumeuse : comment pouvait-on mettre mon libre choix en équation, fusse de manière probabiliste ? Je continuai donc à chercher dans l’espoir d’une approche qui serait plus convaincante, lorsque je finis par découvrir le Mises Institute et la mine d’or que constitue son site web.
J’avalai alors Human Action, Man Economy and State et For a New Liberty, et depuis de nombreux autres ouvrages. Dès que j’eus lu Rothbard, les pièces du puzzle se mirent en place, très vite : c’est tellement simple et évident dès qu’on a compris la différence entre état et régalien. C’est tellement simple que je ne comprends pas qu’on puisse le critiquer.
Mais pour vous répondre, une fois que j’eus découvert les auteurs libertariens, je basculai très vite – je devais sans doute être prêt à le faire, il ne me manquait qu’une pichenette.
5) Tous les libertariens ne sont pas partisans de l’école autrichienne. Un auteur cent pour cent libertarien (et anarchiste) tel que Bryan Caplan est explicitement hostile au courant de pensée autrichien et se réclame du main-stream néoclassique.
  Selon vous que gagne-t-on à être un libertarien rallié aux idées autrichiennes ? Quel est le manque à gagner pour un libertarien qui se prévaut du courant néoclassique ?
On peut être libertarien et non autrichien, c’est certainement possible, tant qu’on rejette toute intervention étatique et l’état lui-même. Cela dit, j’avoue ne pas savoir en détails pourquoi Bryan Caplan est « hostile » aux idées autrichiennes, mais je ne comprends pas comment cela est possible. Car la théorie autrichienne donne les outils les plus précis pour comprendre les mécanismes économiques et même sociaux. Quant au manque à gagner, il me semble que le plus important tient à sa compatibilité avec le jusnaturalisme anarcho-capitaliste.
Autrement dit, l’EAE supposant la préférence temporelle de chacun, elle ne repose sur aucune fonction d’utilité, contrairement aux autres écoles. Ce qui est en droite ligne avec le principe libertarien voulant que rien ne puisse justifier – et surtout, aucune « utilité » collective – des formes de coercition telles que taxes, impôts ou règlements.
6) Votre regroupement politique, « le mouvement des libertariens », affiche pour slogan : « Les libertariens ne veulent pas prendre le pouvoir mais vous le rendre ».
  En démocratie, nous sommes accoutumés à penser que c’est via le vote électoral – et ce faisant via une participation indirecte à la confection des lois – que le pouvoir est rendu aux gens. Votre slogan, si je vous comprends bien, cherche à faire comprendre l’inanité d’une telle vision des choses ?
En effet. Si la démocratie nous « rendait » le pouvoir, les bureaucrates n’auraient par exemple aucun moyen de nous forcer à payer l’impôt. Ce simple exemple montre bien que le pouvoir ne nous est pas rendu – au contraire, la démocratie est un arbre qui cache la forêt, un cache sexe de notre soumission à l’abus de pouvoir institutionnalisé.
Bien des pseudos libéraux croient que la démocratie est compatible avec notre liberté et qu’il suffirait de réduire le périmètre de l’interventionnisme pour atteindre un point d’équilibre, une forme de minarchie idéale. Comme le livre remarquable de Frank Karsten le développe – Dépasser la démocratie – la démocratie n’est en réalité qu’une forme sophistiquée de tyrannie, injustifiable donc.
7) Un reproche fréquent qu’on adresse aux libertariens consiste à affirmer qu’une société où la liberté prévaut sur toute autre valeur serait tout simplement « indécente » car cette prédominance de la liberté empêcherait qu’on puisse sanctionner certains comportements pourtant réprouvés par le sens moral de tout un chacun.
  Par exemple une société libertarienne, dit-on, autorise un patron à verser à ses employés un salaire très faible, couvrant à peine la subsistance des salariés. Elle autorise que certaines personnes vendent leurs charmes moyennant une certaine somme d’argent. Elle autorise qu’on profère toutes sortes d’insultes racistes. Elle autorise qu’on consomme ou qu’on vende de la drogue. En bref elle autorise toutes sortes de comportements envers soi-même ou envers autrui qui vont à l’encontre d’un sens moral qui serait, dit-on, universellement partagé par les individus.
  Les tenants de cette vision de chose aiment surenchérir : « les libertariens ne donnent au fond aucun sens à la notion de communauté ; ils prônent un individualisme forcené qui soustrait les êtres humains à toute coercition exercée par un socle commun de valeurs élémentaires. »
  Quelle serait votre réponse à ce discours qui a le vent en poupe ?
Je ne vois pas bien ni où la liberté prévaudrait sur toute autre valeur, ni pourquoi toute autre valeur devrait prévaloir sur la liberté. Votre question aborde les sujets de morale et de communauté fondée sur des valeurs morales. Et vous avez raison, beaucoup portent de telles critiques, mais ils ne démontrent là que leur incompréhension de la société libre.
Car en matière de morale, la liberté est très paradoxale et bien plus subtile que ces naïfs savent le voir. Au premier niveau, en effet, la morale ne peut être un motif de sanction. Plus exactement, la question n’est pas tant celle de la sanction que de savoir qui serait en position de sanctionner qui. En effet, pourquoi serait-il interdit de vendre de la drogue ? Et par qui ? Qui serait donc légitime à imposer aux autres de telles préférences ? Personne bien évidemment et donc la seule société juste à cet égard ne peut être qu’une société où il n’y a aucun pouvoir imposant ses vues aux autres, catholiques, juifs, gays ou autres.
On a bien vendu des cigarettes ou de l’alcool pendant des générations. Insulter quelqu’un n’est souvent qu’une notion très relative de la liberté d’expression – pour moi, être traité de socialiste serait une insulte mais je suppose que son auteur serait insulté si en retour je le traitais de libéral. Quant au sexe, ce n’est jamais qu’un service comme un autre, qui n’a aucune raison intrinsèque de ne pas être reconnu comme tel.
Non en effet, le libéral ne peut concevoir que de tels actes soient a priori interdits par voie législative, car la révulsion morale ou autre qu’ils peuvent provoquer ne relève pas de l’agression manifeste d’autrui ni de l’atteinte à la propriété individuelle – au contraire.
Pourtant, et c’est là le point le plus important, la société libre sait très bien héberger la morale en son sein, chose que ces critiques ne savent pas voir. Voyons comment.
Tout d’abord, dans une société libre, il n’y a pas absence ni de loi ni de morale. Mais ce n’est pas l’état ni un quelconque lobby tel celui des catholiques qui fait cette loi et cette morale, toute l’idée de liberté est là. Tu ne n’imposeras pas tes préceptes. Non, loi et morale sont dites par le propriétaire des lieux. Et c’est logique : lorsqu’on visite ses amis, on se conforme à leurs habitudes ou exigences : mettre des patins ou parler leur langue. Et bien de même, si ces amis n’aiment ni la drogue, ni les Arabes et surtout pas l’anglais, il n’y a rien à leur reprocher, il s’agit de le respecter – ou de choisir de les perdre comme amis.
Mais quand je dis « propriétaire des lieux », c’est au sens large. Ainsi, si la Communauté des Fans de Chantal Goya achète un terrain et y installe un lieu dédié à l’artiste, rien ne les empêchera d’y exiger par exemple le port d’une tenue rappelant le lapin. Et rien n’empêchera les anciens fans de rejoindre cette communauté et d’en adopter, voire d’en influencer les pratiques et exigences. De même sur tous les sujets. En faisant ainsi, chacun peut vivre selon ses exigences, sa morale, sa culture, etc. sans pour autant imposer à autrui non consentant ses propres exigences qui sont sans plus de fondement que d’autres.
Mais il y a mieux. Car bien évidemment, au sein de chacune de telles communautés, les exigences de morale, même si chacune différente de la voisine, battront leur plein. On y sera bien plus moralisateur que nous pouvons l’être aujourd’hui, au sein d’une société magma où il est impossible d’espérer la morale appliquée car personne me peut l’exiger.
On voit donc ainsi qu’en matière de communautés, c’est au contraire la société libre qui offre le meilleur équilibre entre tous les courants imaginables et cela sans conflit aucun. Il n’y a dans mon esprit aucun doute, la vison libertarienne de la société est sans égale en matière d’humanisme et je ne connais pas de problème social qu’elle ne règle avec justice.
8) On reproche également aux libertariens de prôner une forme subreptice d’eugénisme.
  Le démantèlement de l’Etat Providence, avance-t-on, aurait pour effet de condamner les plus fragiles et les plus démunis à dépendre de la charité d’autrui, très hypothétique. Les paralysés, les handicapés mentaux, les vieillards victimes d’Alzheimer, les enfants abandonnés à la naissance, ne pouvant plus compter sur le filet de sauvetage garanti par l’Etat Providence, leur sort dépend, in fine, de la bonne volonté des membres de la société.
  Et la conclusion suivante de tomber : « Que se passe-t-il pour tous ceux qui ne trouvent personne pour les prendre en charge ? Eh bien une société libertarienne les laisse crever. Que seuls les plus forts et les plus chanceux survivent, tel est le credo des libertariens ! »
  Que penser, selon vous, de tels propos formulés pour désarçonner les libertariens ?
Qu’ils sont ridicules et incohérents. Un soupçon de recul et de réflexion de la part de leurs auteurs devrait leur permettre de s’en rendre compte. Mais quelques pistes pour les mettre sur la voie. Tout d’abord, n’oublions pas que l’état Providence est un Léviathan de formation très récente et qu’avant lui, il n’y a ne serait-ce qu’un ou deux siècles, la société, sans être parfaite, fonctionnait et avait déjà trouvé les solutions libérales. Mais j’y viens.
La première erreur de ce genre de critique porte sur le fantasme d’une société parfaite. Les libertariens n’ont jamais clamé que la société sera parfaite, premièrement parce que cela ne peut pas exister – que quelqu’un me définisse la perfection sociale – et surtout parce que ce n’est pas l’objet de la vision libérale, laquelle ne vise qu’à permettre à chacun de vivre libre de poursuivre et si possible trouver son bonheur. Objectif bien plus modeste donc.
Ensuite, il faut vraiment avoir une vision négative de l’homme pour croire que dans notre fonctionnement normal, nous laisserions nos faibles de côté. Notez que j’emploie le conditionnel. C’est parce que je considère que c’est au contraire la société actuelle, hélas social-démocrate pour ne pas dire proto-communiste, qui engendre les comportements que ces critiques redoutent. Et dès  lors, ils les transposent comme angoisses sur la société libre, alors qu’en réalité ces phénomènes n’y existent pas et sont au contraire le produit de la socialisation démocratique contemporaine, où la solidarité a remplacé le bon sens.
Typique de ce type de raisonnement, on parle de la société comme si elle était un acteur, comme une  personne, comme ce fameux filet de sécurité, alors que la société n’est qu’un groupement d’individus sans autre substance et que seuls ses membres, vous et moi, y ont la capacité d’agir et de décider. Il n’y a pas de société, il n’y a que des personnes. Ce sont elles qui décident ou non de venir en aide aux plus faibles et comment. Aucune « société » n’en a la capacité. De plus, la société n’a pas à nous « prendre en charge ».
L’autre paradoxe de cette manière irréaliste de penser consiste à croire, à décréter que l’Etat pourrait ce que la charité ne pourrait pas. Or dans les deux cas, on parle d’individus dont on n’a aucune raison valable de supposer qu’ils seraient malveillants. Pourquoi les gens qui ne seraient pas capables de charité seraient-ils capables de solidarité ? Ce ne sont pas les mêmes ? Ah, oui bien sûr. Mes amis et mes proches sont incapables de m’aider alors que le fonctionnaire pour qui je ne suis rien me garantit une aide meilleure et plus rapide ? On voit combien ce genre de vision de la société ne repose sur rien de solide et, pire, repose même sur la négation de la spontanéité du véritable souci social que nous portons tous.
Et où on voit le rôle de la famille dans ces questions. Et des diverses structures spontanées. Dans une société libre, j’appartiens à une ou plusieurs associations, clubs, communautés en plus de ma famille. Ces gens me connaissent et m’apprécient à divers titres, à divers égards. Et comme pour la plupart, comme l’immense majorité des gens normaux, ils ne sont pas des sauvages, c’est sur eux que je pourrai compter en cas de souci. Bien sûr, j’aurai souscrit une ou plusieurs assurances pour les gros coups durs, mais ce sont mes amis et mes proches qui viendront emplir mes vieux jours ou me soutenir pendant quelque période difficile. Tout simplement. Pourquoi est-il si difficile d’imaginer ce qui se passe pourtant déjà depuis des millénaires ? Le socialisme a-t-il déjà vidé les cerveaux à ce point ?
9) Selon Ludwig Von Mises c’est sur la disposition des êtres humains à se comporter de façon rationnelle que repose in fine l’espoir de voir émerger un jour une société régie par la pure liberté.
  Dans les termes de Von Mises : « Le libéralisme (ou libertarianisme dirait-on aujourd’hui) est rationaliste. Il affirme qu’il est possible de convaincre l’immense majorité que la coopération pacifique dans le cadre de la société sert les intérêts bien compris des individus, mieux que la bagarre permanente et la désintégration sociale. Il a pleine confiance en la raison humaine. Peut-être que cet optimisme n’est pas fondé, et que les libéraux se sont trompés. Mais, en ce cas, il n’y a pas d’espoir ouvert dans l’avenir pour l’humanité. » Ludwig Von Mises, Action Humaine chap. VIII
  Dans quelle mesure ces quelques lignes de Von Mises recueillent-elles votre assentiment ?
C’est tout simplement ce qui motive mon action militante et même professionnelle chaque jour. Je me base sur ma propre expérience, tout simplement. En quelques mois, par curiosité et par souci de cohérence, par intuition critique, je suis passé d’un vague libéral-conservateur mal informé et quelque peu « emmoutonné », à un libéral lucide, informé, acerbe et radical, non pas par aigreur, mais par simple logique et conviction.
Je suis donc en effet absolument convaincu non seulement que le libéralisme, le vrai, pas celui qu’on pourrait échanger contre deux barils d’Ariel, constitue le seul système à la fois lucide et adapté à ce qu’est l’homme, mais aussi que ses idées sont si simples et même intuitives que tout le monde devrait pouvoir les comprendre et les adopter, ceci pour in fine voir l’ensemble de notre espèce atteindre enfin les stades ultimes de civilisation.
Il suffit juste – vaste programme néanmoins – de lever le « voile d’ignorance » mis consciencieusement par les hommes de pouvoir devant les yeux de nos concitoyens. Voilà mon sujet et voilà la seule motivation politique qui en vaille la peine, à mes yeux.
10) Cher Stéphane Geyres, notre entretien touche à sa fin. Aimeriez-vous ajouter quelques mots ?
Merci pour cet échange cher Grégoire, vos questions sont toujours très bien vues et donnent écho à des questionnements véritablement problématiques.
Il y a en effet un commentaire que je souhaite faire, qui dépasse vos questions mais qui s’adresse aux critiques du libéralisme radical que vous exprimez plus haut. Je m’étonne très souvent de leur manque de réflexion et surtout de leur négativité. Beaucoup pour ne pas dire tous, face à des idées nouvelles, qui en effet peuvent dérouter au début, optent pour ce que j’appellerai l’option inhumaine. C’est-à-dire que selon eux, les bons ne peuvent être que de leur côté, du côté de ceux qui, parce que soi-disant portant attention aux autres via le social, seraient les seuls qui feraient preuve d’humanité.
Il semble ne pas leur venir à l’idée qu’un homme ou une femme se déclarant libéral, et ce faisant ne donnant pas plus que ça de signe de folie furieuse, puisse être un humaniste sincère et apporter des idées pertinentes. C’est vraiment très dommage, car je pense que c’est chez les libéraux que se cachent les individus les plus authentiquement humains que porte cette Terre.
Cher Stéphane Geyres, merci pour tout ; ce fut un honneur ainsi qu’un plaisir.
Stéphane GEYRES et le libertarianisme

Entretien avec Stéphane Geyres. Par Grégoire Canlorbe

Soumis par sur 4 juin 2014
Stéphane GEYRES et le libertarianisme
Le Mouvement des Libertariens sera candidat à Villeneuve-sur-Lot (47) en juin, représenté par Stéphane Geyres. Partout dans le monde, les libertariens ambitionnent, pour tous, un monde de liberté, perdue depuis longtemps. Un monde dans lequel tous les individus libres sont responsables d'eux-mêmes. Un monde où personne n'est forcé de sacrifier ses valeurs au bénéfice de quelques privilégiés, tout en plaçant la charité naturelle de l'être humain au cœur de la vie sociale. Un monde de bon sens et de confiance. La bureaucratie et l'état-providence ne sont pas le remède mais la cause de la misère et du pessimisme qui gangrènent ce pays depuis des décennies. Nous avons pris l'initiative de créer le Mouvement des Libertariens pour venir surprendre le jeu politicien. Ouvertement. Nous allons montrer que les autres candidats ne sont pas à la hauteur des enjeux, aucun. Qu'ils ne disent pas la vérité, qu'ils ne comprennent pas la crise et ses causes, que leurs solutions n'en sont pas. Tous collectivistes, ils ne pensent qu'à s'engraisser honteusement par un faux capitalisme, celui de la connivence. Cahuzac n'est pas un cas isolé ! Nous serons heureux de vous rencontrer à Villeneuve-sur-Lot durant cette campagne, et nous sommes disponibles à tout instant pour développer avec vous nos idées. Ni à droite, ni à gauche, ni au centre. Les Libertariens ne veulent pas prendre le pouvoir, mais le rendre à chacun.
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