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octobre 14, 2014

La "Panarchie" par Alain GENESTINE

L'Université Libérale, vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.

Ce texte fait partie d'un livre Libres ! qui est le résultat d'un effort collectif de 100 auteurs.

Dans sa contribution, Alain Genestine introduit le concept de la Panarchie à ceux qui n'ont encore entendu parler de ce méthode de tolérance et de choix libre et volontaire, par tous et partout, en ce qui concerne l'organisation sociale.
Une idée simple pour résoudre des problèmes qui apparaissent très complexes (la vie en commun) mais qui redeviennent simples une fois que nous appliquons les recettes de la liberté et des choix volontaires.

Note de: Gian Piero de Bellis





 Imaginez une vision qui englobe des systèmes politiques traités formellement, dans lequel chacun d’entre nous serait libre de choix politique, c’est-à-dire, celui d’opter pour son principe d’organisation sociale. La politique décidée par chacun de nous. L’individu redeviendrait un individu responsable, ce qu’il devrait être par nature.


Ce métasystème pourrait être apparenté à une forme néo-politique de « coaching », où chacun s’affilie en toute liberté au sein d’une gouvernance de son libre-choix, voire de sa propre conception s’il y a lieu, et où les différentes règles du droit international s’appliqueraient aux rapports entre les individus desquels ils dépendraient.

Cette vision, ou théorie, existe, elle est appelée : « la Panarchie ». Voici quelques références sur l’historique du terme et son évolution : [1] [2] [3] [4] [5] [6].
« La Panarchie est une méthodologie sociale basée sur le principe du volontarisme et la pratique de la tolérance. » (Gian Piero de Bellis)
La panarchie ?
 
L’avenir de l’humanité sans aucun doute : vous n’êtes pas satisfait de votre gouvernement choisi ? Un meilleur existe ? Vous en changez, c’est très simple. Tout comme le libéralisme, la panarchie n’est pas une idéologie comme peuvent l’être le communisme ou le socialisme. Il est aisé de le comprendre tant cette théorie implique d’accepter toutes les formes d’idéologies existantes dans la mesure, comme cité plus haut, où celles-ci sont librement choisies, consenties par ceux qui y adhèrent.

La panarchie et non le « panarchisme ». 

En effet, la panarchie n’est en rien une conception politique. Retirons de notre esprit les corollaires pour favoriser l’extra-territorialisme, le multi-gouvernementalisme, voire des lois personnelles. Nous changeons radicalement d’ère, cette vision sera en sorte la fin du politique et l’émergence pratique : universaliste (cohérente, acceptable partout et pour tous en toute situation) ; personnaliste (l’ère des individus et non des masses, alliés en respect) ; volontariste, outre la famille, il n’est pas exclu d’appartenir à un groupe, une communauté, dans le respect et la liberté de choix.

Tout dogmatisme et vision approximative de cette théorie serait sujette à un écueil. Il est inconcevable d’écrire sur la panarchie sans mentionner l’anarchie, car les deux théories ont en commun le libre-choix. Précision, parlant d’anarchie, il est opportun d’en connaître les deux axes de la contestation de la domination.

Il s’agit en premier lieu d’entendre le strict anarchisme politique qui dissocie société et gouvernement, et non le second représentant le socialisme utopique qui conçoit la possibilité d’une vie humaine hors de la cité, de sources stoïciennes cyniques pour faire de l’État de nature un État pleinement social. Le premier axe prône l’individu, la responsabilité, et surtout la propriété.

En pratique, l’anarchisme comme doctrine débute toujours par se concevoir comme critique d’une société présente dans laquelle s’exerce une domination : il a devant lui ce dont il prône l’abolition. Un impératif pratique interpelle alors en permanence l’élaboration même de la théorie critique. De ce fait il n’est pas aisé d’évoquer de véritables expériences anarchistes, car il est toujours probable assurément de distinguer des éléments de domination qui les invalideront aux yeux d’une critique plus radicale. Les concrétisations politiques de l’anarchisme sont ainsi autant d’occasions de vérifier sa diversité.
Comme le fond de la doctrine anarchiste consiste à dissocier la société de la hiérarchie, en général, l’anarchie implique logiquement la notion de libre-choix. Et en effet, la panarchie insiste fortement sur cet aspect, ce qui engendre la possibilité de cohabitation, c’est-à-dire la liberté de communautés librement constituées, et ainsi de vivre comme elles l’entendent, du moment où elles n’imposent à quiconque leurs choix.

Les libéraux recherchent par tous moyens à endiguer cette omniprésence et cette continuelle expansion de l’État, surtout en ces périodes de crise. Le principe de la panarchie pourrait assurément contribuer, étape par étape, à composer avec les différents desseins des États. Un exemple, la coexistentialité, où le monde sera uni autour d’un même pouvoir territorial, non plus divisé en plusieurs pays, mais seulement en une douzaine de sociétés en concurrence. Une vision qui donnerait aux individus l’assurance d’être protégés de tous les maux actuels (corruption, incompétences, démagogies de gouvernements qui se succèdent à eux-mêmes).

Des essais plus détaillés pourraient être fournis, afin de mesurer que la panarchie est la solution aux frictions nationalistes… Cependant comment ce méta-système pourrait-il apparaître au sein de nos sociétés, alors que nous sommes contraints aux États-providences, au keynésianisme ambiant ?
  • Premièrement il suffit déjà d’en connaître le concept, et ainsi le diffuser. L’avenir décidera pour lui, quand enfin assez de personnes voudront bien l’envisager, le comprendre. Ce qui est important, actuellement, c’est d’exprimer cette idée en syntonie avec les sentiments et les besoins de notre temps pour se préparer à sa réalisation. Dans l’état actuel de nos sociétés sclérosées, ce principe est futuriste.
  • Secondement, nous venons de franchir un nouveau siècle que j’appellerais le millénaire du savoir et de la connaissance, celui d’un développement fantastique dont la culture, l’esprit du « laissez faire, laissez passer » devrait nous conduire à terme à la panarchie.
Imaginez, aucune interdiction matérielle, l’homogénéité et l’hétérogénéité selon les désirs de chacun, le cosmo-politeia, la variété en tout genre, ce que je nomme le précepte de Diversité. Imaginez, aucune interdiction personnelle, pas de source conflictuelle d’aucune sorte, ni ainsi endurer quelque pouvoir externe, forcément corrompu, le précepte intitulé de la Cohérence.

Imaginez, aucune interdiction politique, où chacun est libre de son expérience d’organisation sociale et riche de projets en tout genre, de l’originalité par les êtres dans tous les domaines de la vie, ce précepte que je dis Individualité. Rien n’est utopie quand la libre tolérance est nommée Liberté. Voici quelques exemples [7] de certains auteurs tant économistes, philosophes, sur cette théorie : « La Panarchie ».
Et voici mon seing : « Faisons ensemble la Liberté, la Liberté fera le reste. »
 
Alain GENESTINE
 

 

Références
[1] France Patric (Franciscus Patricius)
http://plato.stanford.edu/entries/patrizi/#1
http://www.istrianet.org/istria/illustri/patrizi/schiffler.htm
[2] Paul Emile de Puydt, Panarchie
http://www.panarchy.org/depuydt/1860.fr.html
[3] Gustave de Molinari, De la production de la sécurité
http://www.panarchy.org/molinari/securite.html
[4] Gustave de Molinari, Les Soirées de la Rue Saint-Lazare (Onzième Soirée)
http://www.panarchy.org/molinari/11.html
[5] Max Nettlau, Panarchie. Une idée oubliée de 1860
http://www.panarchy.org/nettlau/1909.fr.html
[6] Gustave de Molinari, Les Soirées de la Rue Saint-Lazare (Septième Soirée)
http://www.panarchy.org/molinari/7.html
[7] Panarchie - Panarchy - Panarchia - Panarquia
http://www.panarchy.org/indexes/panarchy.html
 

 
Info
Cet article sur la Panarchie fait partie d'une série de textes rédigés par 100 auteurs cordonnées par Ulrich Génisson et Stéphane Geyres. Cela récite la présentation:
« Libres ! » voilà ce qu’ont déclaré les 100 auteurs regroupés autour de cet ouvrage dans un même élan de Liberté, faisant fi de leurs origines diverses, leurs formations ou leurs parcours de vie – Des universitaires, des artisans, des ouvriers, des médecins, des avocats, des étudiants unis par cette Liberté chérie. La Liberté, voilà la réponse trouvée à la crise que traverse notre société. Déclin du système de santé, d’éducation et de retraite, incertitudes face à l’avenir, l’immigration, l’environnement, misère qui guette de plus en plus l’individu... Autant de problèmes auxquels chaque auteur s’attelle avec encore et toujours la même réponse: La Liberté. Qu’est-ce que la Liberté, où en sont les limites, comment peut-elle nous permettre de vivre mieux ? C’est justement ce que les auteurs sollicités dans cet ouvrage, texte après texte, ont tenté d’expliquer le plus simplement possible dans 100 sujets.
Pour plus d'information se référer à:
Le site web
http://lamaininvisible.org
La page Facebook
https://www.facebook.com/lamaininvisible
L’extrait libre du livre
http://lamaininvisible.org/1611926583/

 

Panarchie

De Wikiberal:
La panarchie est une théorie politique prônant la coexistence de tous les systèmes politiques, où chacun s'affilie librement au gouvernement de son choix (ou ne s'affilie à aucun gouvernement), et où les règles du droit international s'appliquent aux rapports entre individus dépendant de gouvernements différents. Le terme a été inventé en 1860 par le belge Paul Émile de Puydt, mais d'après Gian Piero de Bellis on trouve déjà le mot « panarchie » chez un philosophe cosmopolite France Patric (Franciscus Patricius, 1529-1597) dans son traité « Nova de universis philosophia » (« Nouvelle Philosophie à propos des Univers ») publié en 1591.
Les panarchistes affirment que la panarchie est anti-politique, puisque tous les pouvoirs politiques (impôts obligatoires, règlements imposés, autorité gouvernementale et administrative) disparaissent pour laisser place aux seuls rapports volontaires entre les hommes. La panarchie a beaucoup en commun avec plusieurs formes d'anarchisme.
On emploie aussi le terme de « Panarchisme », pour faire référence à :

« L’ensemble des connaissances et des pensées en rapport avec des théories et des pratiques liées au volontarisme non-territorial et aux communautés autonomes (Panarchies), considérées comme les alternatives appropriées pour promouvoir la paix, la liberté, la propriété et les réformes, au lieu d'installer ou continuer avec des communautés coercitives, exclusives, uniformes, territorialistes, plus ou moins centralisées, et se disant idéales et se présentant comme les meilleures pour tous, qu'ils soient d'accord ou non. »
    — John Zube, L’Évangile de la Panarchie, 1986

L’inventeur de la panarchie, Paul Emile de Puydt, présente la panarchie comme une forme de tolérance politique, succédant à la tolérance religieuse aujourd'hui presque partout admise dans le monde.
Une objection courante est que la panarchie existe déjà aujourd'hui d'une certaine façon : si l'on n'est pas satisfait d'une politique, on peut toujours quitter le pays et s'installer ailleurs. Mais la panarchie préconise l’a-territorialisme intégral (plutôt que l’extra-territorialisme qui est admis actuellement par le droit positif en diplomatie), c'est-à-dire "la fin du monopole de tout pouvoir territorial et de toute prétention à ce pouvoir, partout et pour tous" (selon Gian Piero de Bellis). La gouvernance n'est plus liée à un territoire donné, plusieurs gouvernements peuvent régir un même territoire, ce qui n'empêche pas des confédérations ou des alliances pour des questions territoriales qui relèvent des fonctions régaliennes, comme la défense.

Citations

  • « La panarchie est une méthodologie sociale basée sur le principe du volontarisme et la pratique de la tolérance. »
        — Gian Piero de Bellis
  • « La fin du territorialisme, c’est-à-dire la fin du monopole territorial de l’État souverain, est ce que les sympathisants de la Panarchie demandent. »
        — Gustave de Molinari
  • « Ce méta-système pourrait être apparenté à une forme néo-politique de « coaching », où chacun s‘affilie en toute liberté au sein d‘une gouvernance de son libre-choix, voire de sa propre conception s‘il y a lieu, et où les différentes règles du droit international s‘appliqueraient aux rapports entre les individus desquels ils dépendraient. »
        — Alain Genestine, La Panarchie, Libres ! 100 idées, 100 auteurs

Liens externes

octobre 13, 2014

Thierry FALISSARD: Wikibéral; Libres!; Mais « Faut-il avoir peur de la Liberté ? »

L'Université Libérale, vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.

L'Avant-propos par Thierry Falissard

Le libéralisme est-il une menace planétaire au même titre que le seraient le réchauffement climatique, le terrorisme islamiste ou la prolifération nucléaire ? Est-il dépourvu de toute éthique au point d’abandonner chacun d’entre nous au jeu aveugle des forces du marché ?
Ne laisse-t-il pas chaque personne livrée à elle-même en détruisant tout lien collectif ?
Faut-il intervenir vigoureusement pour en limiter les dérives ?



La sagesse populaire dit que « la peur n’évite pas le danger », aussi il serait utile d’analyser ce « danger », en allant jusqu’à sa racine. C’est ce que ce com-pendium tente de faire, à partir d’un exposé concis du « noyau dur » du libéralisme et des conséquences qui en résultent. Le lecteur jugera de lui-même si cette peur, en définitive, est réellement justifiée.

Car il est facile de mettre en accusation le libéralisme en lançant une contre-vérité, un slogan aguicheur, qui fera appel aux sentiments plus qu’à la raison. Il faut cependant du temps et une méthodologie adaptée pour répondre, en développant un raisonnement qui se tienne, à un discours réducteur qui voit le libéralisme là où il n’est pas, ou le refuse là où il apporterait la solution.

Ce parcours offrira une vue très synthétique de la pensée libérale dans plu-sieurs de ses aspects, y compris (et surtout) les plus contestés. L’auteur cherche à illustrer que la préoccupation du libéralisme est avant tout d’ordre éthique, et non seulement économique comme beaucoup le pensent. Il espère que le lecteur en appréciera le caractère essentiel, en même temps que l’aspect révolutionnaire, souvent méconnu.

 
 
L'institut COPPET n'est pas en reste pour présenter ce libre;

Ce livre de 70 pages présente le libéralisme en 21 questions (extraits à lire plus bas) :
 
1 – Y a-t-il une pensée unique libérale ?
2 – De quelle liberté parlons-nous ?
3 – L’éthique est-elle soluble dans le libéralisme?
4 – Quels sont mes droits ?
5 – Pourquoi tant de haine envers l’État ?
6 – Sommes-nous tous propriétaires ?
7 – La démocratie est-elle libérale ?
8 – Et le collectif, qu’en faites-vous ?
9 – Peut-on faire le bonheur des gens malgré eux ?
10 – Peut-on tout dire librement ?
11 – Pourquoi cette obsession économique ?
12 – Pourquoi les monopoles c’est mal ?
13 – Le capitalisme est-il libéral ?
14 – Faut-il tout privatiser ?
15 – Et l’argent, où le trouvez-vous ?
16 – Y a-t-il une propriété intellectuelle ?
17 – Et la question sociale ?
18 – Que faites-vous pour les plus faibles ?
19 – Comment concilier écologie et libéralisme ?
20 – Comment peut-on être antilibéral ?
21 – Pour finir, faut-il avoir peur du libéralisme ?
 
Chapitre 2 : De quelle liberté parlons-nous ?
Il ne s’agit pas du concept métaphysique de liberté, décliné en liberté intérieure, libre arbitre[1], émancipation par rapport aux lois de la nature, voire salut individuel, etc. Il s’agit du concept de liberté dans les relations interindividuelles, dans nos rapports avec les autres. C’est donc quelque chose de très concret, qui, excepté les ermites qui fuient la société, nous concerne tous, et tous les jours.
Le libéralisme s’intéresse au « vivre-ensemble », pas à la meilleure façon de mener sa propre vie ; aux relations avec nos semblables, pas au rapport moral que nous entretenons avec nous-mêmes.
Chacun, soutiennent les libéraux, devrait être parfaitement libre tant qu’il ne nuit pas aux autres : la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui (comme le rappelle le bien connu article 4 de la « Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen » française de 1789).
On remarque que cette définition est toute négative : on ne dit pas ce qu’il est permis de faire, mais plutôt ce qu’il ne faut pas faire. Ce qui est positif, c’est la nuisance, qu’on cherche à éviter. Il reste donc à préciser de façon positive ce qu’on appelle « nuire à autrui ». Il peut déjà y avoir des divergences à ce stade parmi les libéraux.
Ainsi les libertariens formulent un principe de non-agression : aucun individu ni groupe d’individus n’a le droit d’agresser quelqu’un en portant atteinte à sa personne (ou à sa propriété)[2]. L’agression est l’usage de la violence (ou la menace d’employer la violence) contre quelqu’un qui ne vous a pas agressé.
Les utilitaristes libéraux, à la suite de John Stuart Mill, préfèrent un principe de non-nuisance : la seule raison légitime que puisse avoir une communauté civilisée d’user de la force contre un de ses membres, contre sa propre volonté, est d’empêcher que du mal ne soit fait à autrui[3].
Les différences qui découlent de ces deux définitions, pour subtiles qu’elles soient, n’en sont pas moins réelles. Pour un utilitariste, une obligation d’assistance à personne en danger peut être justifiée, alors que la plupart des libertariens la rejetteront, comme liberticide. La liberté du commerce est légitime a priori pour les libertariens, puisque le commerce n’est pas une agression, tant qu’il reste honnête (c’est-à-dire consiste en échanges consentis, sans tromperie sur la marchandise, quelle que soit cette dernière) ; pour les utilitaristes, elle est justifiée parce qu’elle accroît le bien-être général, malgré ses possibles nuisances (certains commerçants peuvent souffrir de la concurrence des autres, des prix élevés peuvent nuire aux clients).
Pour un libéral, la liberté positive, contrepartie de la liberté négative, est la possibilité d’agir comme on l’entend dans le respect de la liberté d’autrui. Tout dépend donc du contenu que chacun veut bien donner à cette liberté, contenu sur lequel il n’y a pas lieu de statuer, tant que la liberté d’autrui est assurée.
Car cette liberté positive n’est pas un droit absolu à quelque bien ou service que ce soit[4], éducation, emploi, assistance ou autre, car cela contraindrait d’autres personnes à fournir ces services ou à payer pour eux – en pratique par l’impôt ou la législation, autrefois par l’esclavage des uns et les privilèges des autres – sans que leur consentement soit obtenu. Cette « liberté » profiterait donc aux uns en empiétant sur la liberté des autres. Cette société de « faux droits » serait une société d’injustices plus ou moins bien déguisées.
La liberté n’est pas une émancipation complète de toute contrainte matérielle, ce qui est impossible dans le monde de rareté qui est le nôtre, où aucun gain ni aucun bien ne s’obtient sans travail (d’où le concept de propriété que nous verrons plus loin).
Cela signifie-t-il que dans une société libérale certains soient libres de s’épanouir et d’autres libres de mourir de faim ? Heureusement non (nous aborderons également cette préoccupation par la suite). Cela ne veut pas dire non plus qu’on puisse asservir une partie de la population au bénéfice d’une autre sous un prétexte de « solidarité ».
On pourrait se demander pour quelle raison fonder la vie en société sur la liberté et l’autonomie individuelle plutôt que sur d’autres valeurs, comme l’égalité matérielle, la gloire et le bien de la patrie, la préservation de la nature ou le respect de préceptes religieux ? (on aura reconnu respectivement les idéologies égalitaristes, nationalistes, écologistes et théocratiques)
Le libéralisme ne rejette aucun système de valeurs : il pose seulement comme principe premier celui de la liberté et du consentement individuel. Sans ce principe, toute société, quelles que soient ses bonnes intentions et quelles que soient les valeurs qu’elle promeuve, devient vite une tyrannie. Les exemples de telles sociétés ne manquent pas dans l’Histoire ; on ne peut pas dire qu’elles aient contribué au bonheur individuel ni enrichi l’Humanité. Toute idéologie est respectable dès lors qu’elle respecte le principe de non-agression.
Le principe libéral est avant tout un principe éthique, ce qui nous conduit à examiner les rapports entre libéralisme et éthique.

[1] Nous estimons que la notion de « libre arbitre » est métaphysique et n’est pas utile dans un exposé sur la liberté négative.
[2] Murray Rothbard, « Le manifeste libertarien » (1973).
[3] John Stuart Mill, « De la liberté » (1859).
[4] Ce que le marxisme appelle « liberté réelle », par opposition à la « liberté formelle » qui serait celle du libéralisme.
 
Du côté de la Main Invisible avec Stéphane GEYRE:

Car le collectif La Main Invisible ajoute un nouveau livre à sa collection.

Thierry Falissard, auteur de Libres !

Thierry, 53 ans, ingénieur des Ponts de formation, a fait toute sa carrière dans l’informatique, en se spécialisant sur les mainframes, ce qui lui vaut le titre de dinosaure (il rappelle à ce propos que les dinosaures ont dominé le monde animal pendant des dizaines de millions d’années, alors qu’en comparaison Karl Marx ne domine le monde politique français que depuis près d’un siècle et demi). Comme informaticien, il écrit beaucoup : brochures, manuels, études, logiciels, bogues, etc.
Son évolution vers le libertarisme s’est faite lentement au cours des années 90 et 2000, en approfondissant un questionnement philosophique, économique et éthique, en consultant certains sites web précurseurs (ceux de Faré, Hervé de Quengo, Hervé Duray, etc.), puis en lisant les auteurs : Pascal Salin, François Guillaumat, Bertrand Lemennicier, Hans-Hermann Hoppe, Ruwen Ogien, etc.
Après avoir été aussi un dinosaure de Wikipédia, il participe au projet Wikibéral depuis ses débuts. Il tient un blog rarement mis à jour et publie de rares articles dans Contrepoints et dans le Québécois libre. Favorable au reichmanisme non tempéré, il a longtemps participé à un blog imprécateur et frénétique : « Quitter la sécu ».
 
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Wikibéral a vocation à devenir complémentaire à Wikipédia sur un ensemble de sujets politiques, économiques ou philosophiques, souvent abordés de façon superficielle par Wikipédia. On peut le constater grâce aux moteurs de recherche qui positionnent en premier Wikibéral pour un certain nombre d'expressions, comme "démocratie totalitaire", "faux droits", "loi du plus fort", "axiome de non-agression", "capitalisme de connivence", "propriété de soi-même", "électeur médian", "marché politique", etc.  
Thierry FALISSARD
  Il est l'auteur d'un polar libertarien:  Meurtres à la banque.



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Loin d’être secondaire, limité aux talismans, pilules miracles ou autres escroqueries de bas de gamme, le marché de la stupidité est le plus vaste qui existe. En effet, personne n’est intelligent tout le temps; tout le monde, peu ou prou, même parmi les moins bêtes, a des accès de sottise, ou même, pour certains, est carrément et irrémédiablement stupide.
 
          Les causes en sont diverses. L’omniscience n’est pas une caractéristique humaine, aussi nous sommes tous ignorants, à des degrés divers. Or l’ignorance est certainement l’ingrédient principal de la bêtise (savoir, tel Socrate, que nous ne savons rien, est déjà un luxe rare). Nous sommes influençables et facilement conformistes (comme son nom l’indique, le conformisme est une solution de confort). Nous sommes crédules (être sceptique est très fatigant à la longue).

          Le marché de la stupidité humaine, comme tous les marchés, est régi par des lois simples que je vous propose de découvrir ou de redécouvrir. Les deux premières sont bien connues:
1) La loi de Barnum: ce marché est gigantesque, car le nombre de clients est potentiellement illimité (« there is a sucker born every minute » ou sa variante: « always and inevitably everyone underestimates the number of stupid individuals in circulation »). Dans l’univers, la stupidité est aussi répandue que l’hydrogène (encore dit-on que la quantité d’hydrogène, elle, a tendance à diminuer avec le temps).

2) La loi de l’équilibre général du marché de la stupidité: pour répondre aux besoins imbéciles, il y aura toujours une offre abondante disponible (« for every sucker born there's two people out there that will take their money » ou sa variante: « a fool and his money are soon parted »).
          Les troisième et quatrième lois du marché de la stupidité sont de mon cru:
3) Le marché de la stupidité humaine recoupe pour une très large part un autre marché: le marché politique (en application du premier amendement au huitième Commandement du Décalogue: « Thou shalt not steal, except by majority vote »);

4) Les symboles et les mythes sociaux sont les produits phares de ce marché (conformément à la loi d’Angleton: « Deception is a state of mind, and the mind of the State »).
          Examinons ces deux dernières lois.

Le marché de la stupidité humaine recoupe pour une très large part un autre marché: le marché politique.

          Le marché de la stupidité se caractérise par le fait que, dans l’échange volontaire auquel il participe, le client est finalement perdant, sans qu’il en soit forcément conscient (puisqu’il est stupide). Comme dans tout marché, l’art du vendeur consiste à répondre aux besoins du client et à lui vendre ce qu’il est disposé à acheter:
• quelque chose de prétendument efficace, censé régler un problème précis, ou quelque chose dont il n’a en réalité pas besoin (une machine à balayer dans les coins, un philtre d’amour, un parfum pour éloigner les fantômes, une séance de désenvoûtement, etc.);

• quelque chose qui n’existe pas (comme les beaux habits neufs de l’empereur, dans le conte bien connu, avant qu’il soit révélé que « le roi est nu »);

• des promesses (un produit ou service futur, un gain ou un avantage futur) – promesses évidemment non tenues le plus souvent, mais auxquelles le client croit fermement, ce qui le pousse à participer à ce marché.
          Les deux premiers types de produit montrent vite leurs limites, et le client, pour peu qu’il finisse par ouvrir les yeux, risque vite de se rendre compte de l’escroquerie et de l’inanité de son achat.

          En revanche, les promesses en l’air, caractéristiques d’un marché très particulier, le marché politique, fournissent une denrée inépuisable, car immatérielle, et dépendant uniquement de l’imagination de l’offreur et, en contrepartie, de la crédulité du demandeur, et de ses attentes.

          L’investissement du côté du client est faible: un vote, un soutien à un candidat. Le gain n’est pas immense (ce n’est certes pas un pari pascalien, où l’on gagne l’infini), mais, quoique repoussé dans le futur, il est très concret pour le client: ce peut être un avantage « social », une sécurité en plus, un coût moindre pour un service « public », etc. Voulez-vous des exemples? Consultez le programme électoral de votre candidat préféré (ou, au contraire, de celui ou celle que vous détestez le plus).

          Une fois la vente opérée (l’élection passée), la promesse a été vendue, et c’est tout ce qui importe pour le candidat. Il y a deux choses bien distinctes: la promesse, et l’objet de la promesse. Seule la promesse a été échangée contre le vote. Il n’y a aucune garantie que la promesse soit tenue: le politicien n’a signé aucun contrat, et la justice ne le tracassera pas quand ses mensonges seront devenus flagrants aux yeux de tous. Au contraire, il risque de passer pour un réaliste pragmatique, éloigné de toute démagogie.

          On a certes le droit de vendre du vent à celui qui aime les courants d’air. Mais les promesses politiques sont à la fois immorales et illégitimes, dans tous les cas – qu’elles ne soient pas tenues (tromperie envers l’électeur trop naïf), ou qu’elles soient tenues, ce qui s’opère alors aux dépens du « moins fort politiquement ».
 
Car la politique ne crée pas de richesse, puisqu’il ne s’agit que d’un vol institutionnalisé, le politicien qui gagne l’élection se souciant comme de sa première veste (électorale) de votre consentement à son programme.

Les symboles et les mythes sociaux sont les produits phares du marché de la bêtise.

          La capacité à accepter les promesses politiques finit par s’émousser, et le citoyen a de plus en plus conscience que le marché politique est un marché de dupes. Conformément à la théorie de la subjectivité de la valeur, il pourrait bien finir par ne plus accorder de crédit aux promesses, et se retirer de ce marché où il n’a rien à gagner, le coût d’opportunité du vote devenant prohibitif.

          Mais le politicien est normalement plus malin que son client-électeur-contribuable, puisque tout son art consiste à vivre à ses dépens sans que ce dernier se rebiffe. Il ne va pas seulement blâmer ce client qui le fuit, ce mauvais citoyen qui ne participe pas à la vie de la Cité, qui s’abstient, ou qui vote n’importe comment. Il va chercher toujours plus à s’attirer ses bonnes grâces en se faisant psychologue, pour sonder son âme et en déceler les craintes, les aspirations, et la phénoménale capacité à s’illusionner.

          Le citoyen a un besoin illimité de protection. Chaque jour, il risque de perdre son emploi, d’être agressé dans la rue, de tomber malade, de s’appauvrir et de ne plus pouvoir conserver son train de vie, etc. Il faut donc lui vendre des talismans protecteurs, et au besoin lui faire peur pour qu’il les achète.

          Pour répondre au besoin illimité de protection, le politicien va jouer les apprentis sorciers et proposer des « mesures » qui se révèleront toujours pires que le mal auquel elles sont censées remédier. Voyons quelques exemples typiques.

          On proposera d’instaurer un salaire minimum pour éviter d’avoir des travailleurs pauvres – ce faisant, on créera une nouvelle barrière à l’emploi qui exclura ceux dont le travail valait moins. Le SMIC devient ainsi un symbole de progrès qui ne protège en réalité personne.

          On durcira à coup de réglementation les conditions de licenciement pour « éviter les abus » des employeurs (le chômage ne participe-t-il pas de l’horreur économique capitaliste?) – ce faisant, on dissuadera les patrons d’embaucher, mais peu importe, on crée ainsi un nouveau symbole appelé « Code du Travail » censé nous protéger, alors que le résultat est bien de nous précariser davantage.

          On proposera une assurance santé obligatoire qui n’a d’assurance que le nom (en l’absence de prime liée au risque, de contrat, de garantie) et qui détourne plus de 20% du salaire complet: c’est la symbolique « Sécu » à laquelle le citoyen est tellement attaché, tel le chien à sa chaîne. Une chaîne héritée du communisme français, qui remonte à 1945, mais qui est solide, car les gouvernements (non communistes) n’ont eu de cesse de la renforcer au fil des ans, bien qu’elle contrevienne autant à la législation européenne qu’au droit de l’homme à disposer librement des fruits de son travail.

          Tous ces symboles contribuent à édifier un mythe, celui de la « protection sociale », du « modèle social », qui n’a d’efficacité que symbolique, car tous ces services (ou du moins ceux qui sont vraiment utiles) pourraient être rendus à moindre coût et meilleure qualité par le marché privé, ce que les intéressés ignorent souvent, aveuglés par l’illusion sociale « solidaire ».

          Mais la charge symbolique est si forte, que le client abusé reste prêt à payer très cher pour cette « protection », ce qui est tout bénéfice pour les profiteurs de la « République Fromagère ». Celui qui viendrait à contester ces mythes serait au sens propre un iconoclaste antisocial, un monstre d’inhumanité, bref, un libéral! Il préfère vivre sous la clarté du soleil plutôt qu’à l’ombre tutélaire, mais pernicieuse et délétère, de l’État redistributeur. Le soir venu, il parcourt les villes avec sa lanterne, à la recherche d’un homme qui ne croirait plus aux mythes étatiques, mais en vain: les assistés lui montrent les bienfaits de la solidarité forcée, tandis que les ponctionnés complaisants fustigent son « égoïsme » individualiste.

          Le citoyen a aussi un besoin illimité de se projeter dans l’avenir, d’espérer en la prospérité, de croire en son bonheur ou en celui de ses enfants, etc. Il ne compte pas sur lui-même pour avancer et réussir dans la vie, cela serait sans doute au-delà de ses forces. Il faut donc lui vendre du rêve, et c’est une autre des tâches du politicien. Se limiter à subvenir à son besoin de protection par ces symboles « sociaux » inefficaces mais tellement envoûtants serait faire montre de matérialisme mesquin, alors qu’il y a tant à gagner à vendre du rêve, du bonheur futur, le paradis sur terre… On lui proposera alors du Grand Dessein, du Vivre Ensemble, de l’Avenir Radieux ou Durable, ou bien l’Europe Sociale, le Pacte Républicain, un Autre Monde (qui est « possible », ou qui est « en marche », au choix), une France qui gagne… bref, toutes les lubies pré-totalitaires qui ont fait leurs preuves au XXe siècle.

          Il s’agit d’offrir, non plus l’espoir d’un avantage tangible, comme peuvent l’être les simulacres de protection sociale que nous avons mentionnés, mais un mythe collectif, du rêve à l’état pur, qui en appelle à la fois à l’instinct grégaire de chacun (qu’il soit nationaliste, communautaire, religieux, identitaire) et à la magie noire, à l’État comme source inépuisable de richesses et de bienfaits, infatigable pourvoyeur de lendemains qui chantent.

          Tandis que les gogos, sans se poser de questions, vivent de mythes, de symboles et d’eau fraîche, les politiciens, en calculateurs réalistes, cueillent les fruits de l’arbre de la stupidité. On peut penser que le gogo n’a que ce qu’il mérite (stupidity is painful after all). Cet état de choses serait tolérable si on permettait au restant de gens lucides d’échapper à l’esclavage politique, mais on sait qu’ils n’ont pas le choix; voter avec leurs pieds restant le dernier recours.

          Électeurs, réveillez-vous! Stupidity is no excuse for not thinking
 
Par Thierry Falissard dans

Faut-il avoir peur du libéralisme ?

Le blog


 
 

octobre 11, 2014

Qu'est-ce que la Liberté, où en sont les limites, comment peut-elle nous permettre de vivre mieux ? Libres ! ! "opus 2" est sorti, osez la Liberté.

L'Université Libérale, vous convie à lire ce nouveau message.Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.

« Libres ! », voilà ce qu’ont déclaré les 100 auteurs réunis dans cet ouvrage en un même élan de Liberté, faisant fi de leurs origines, leurs formations ou leurs parcours de vie divers – des universitaires, des artisans, des ouvriers, des médecins, des avocats, des étudiants unis par cette Liberté chérie.

Qu’est-ce que la Liberté, où en sont les limites, comment peut-elle nous permettre de vivre mieux ? Déclin du système de santé, d’éducation et de retraite, incertitudes face à l’avenir, l’immigration, l’environnement, misère qui guette chacun, de plus en plus… Et comment sera demain ? Comment faire sans plus d’État-providence ? Comment redevenir maîtres de nos vies, en fait. Autant de sujets auxquels chaque auteur s’attelle dans ce volume, le plus simplement possible .

Cet opus 2 (voir le 1er ici) reprend ces principes et développe l’action et l’avenir. Car il ne reste plus qu’à passer à l’action, la Liberté nous éclaire le chemin depuis déjà bien longtemps…

Préface de Serge Schweitzer, Aix-Marseille Université
Jalons pour l’avenir
Préfacer un ouvrage composé de cent articles, sous forme de notices développées, est une tâche redoutable. Que le préfacier mette en exergue tel ou tel article et légitimement les autres auteurs s’interrogent sur leur déclassement. Mais à l’inverse, que le préfacier tente de résumer en une ligne chaque contribution et l’impression est de feuilleter le catalogue d’une maison de ventes par correspondance…
En outre, la présentation qui suit cette préface veut bien se risquer à cet exercice périlleux. Pour notre part, nous préférerions insister en deux temps d’une part sur les écueils à éviter pour demain, et d’autre part sur les avantages comparatifs que les libéraux doivent développer s’ils veulent demain être victorieux sur le marché des idées.
Les sept péchés capitaux
Quand on examine les deux siècles passés, nous sommes confrontés à un étonnant paradoxe : dans le meilleur des cas, les libéraux piétinent dans l’opinion publique en termes d’influence, et dans le pire des cas, ils sont marginalisés – voire rejetés – alors qu’il s’agit du courant de pensée qui, d’une part a apporté la liberté, et d’autre part a mis à jour ces bonnes institutions qui, à tout coup, font la richesse des nations.
Ce paradoxe s’explique largement par un premier péché qui est celui de la division.
Un libéral c’est une pensée. Deux, une association. Trois, une première scission. Quatre, l’anathème et l’exclusion. Bien sûr, les libéraux ne sont pas les conservateurs, les libertariens encore moins. Mais la leçon des expériences Thatcher – Reagan, c’est la réussite de l’agrégation de multiples courants, car quand même, au total et finalement, ce qui nous sépare est moins consistant que ce qui réunit l’ensemble des courants, pour qui la liberté est au sommet de la hiérarchie des préférences.
Le deuxième péché est celui de la crédulité répétée dans l’idée de l’homme providentiel.
Certes, les individus font l’histoire, mais pas autant sans doute que les idées. On vient de citer Reagan et Thatcher, mais ils n’auraient jamais pu en amont exister, et en aval agir, s’ils n’avaient pas bénéficié d’un terreau d’idées dont « Libres !! » opus 2 est un exemple stimulant qui doit montrer la voie.
Le troisième péché est que certains ont encore un relent de croyance dans le rôle tutélaire, pour certaines fonctions régaliennes, des organes étatiques et para-étatiques.
Tant que cette idée substituera, fut-ce à l’état latent dans les cerveaux, rien et jamais de durable ne pourra se faire. Qu’à tout le moins, il soit admis que même s’il faut dealer avec eux parce qu’ils ont le monopole de la violence et de la production du droit, les hommes de l’État soient qualifiés de « bandits sédentaires » (Mancur Olson).
Le quatrième péché est la paralysie de nommer le bien et le mal.
Dans l’ordre social, il s’en faut de beaucoup que tout puisse être positionné de façon à peu près neutre et consensuelle. Le bien existe : c’est l’exercice de la liberté et de la responsabilité ; le mal également : c’est la violence et la coercition qui, historiquement, est bien moins du fait des hommes que des hommes de l’État.
Le cinquième péché est celui d’imaginer être un fin stratège par le refus de se battre sous nos propres bannières.
Que les socialistes, les collectivistes, les étatistes, les protectionnistes, les réactionnaires aient besoin de se justifier, on le comprend aisément à l’issue du désastreux XXe siècle. Mais que les libéraux, qui ne se sont compromis dans aucune de ces aventures, doivent plaider coupables et passer sous les fourches caudines de la repentance, cela dépasse l’entendement. Ou plutôt, ce qui est grave, révèle et reflète que l’opération de culpabilisation a fonctionné au-delà de toute espérance de la part des ennemis du libéralisme.
Le sixième péché capital est le refus de la Doctrine en tant que genre et catégorie intellectuelle.
Certains, y inclus chez les libéraux, croient habiles et de bonne politique de se parer du vêtement du pragmatisme et de l’empirisme. Ce vêtement ne fait que cacher chez ces soi-disant habiles, la lâcheté du refus de choisir.
Le septième et dernier péché est le refus de l’engagement et d’aller au combat intellectuel et de confronter nos idées à celles des autres.
Le scepticisme, le relativisme et la tentation du découragement guettent puisque le constat suivant peut être fait : « ce que nous faisons ils le défont, ce qu’ils font nous n’avons pas le droit de le défaire ». Mais la vertu d’espérance est justement de ne point se décourager, de se relever et d’accepter le challenge de la concurrence des idées, d’autant plus que sur ce terrain, nous n’avons guère à craindre.
Les sept vertus de l’homme libre
Les libéraux peuvent légitimement revendiquer comme première vertu la fierté des choix accomplis. Comme dans la chanson, « ils n’ont rien à regretter ». Si une seule famille intellectuelle et spirituelle a refusé tout au long du XXe siècle de s’associer de près ou de loin à aucun régime totalitaire, ni à aucun régime autoritaire, c’est bien le libéralisme. Les libéraux ont du reste été partout chassés, pourchassés, persécutés, que ce soit sous le communisme, le national-socialisme, le fascisme, le franquisme… Cela ne devrait pas étonner : tous ces régimes ont en commun d’idolâtrer l’État et ses hommes.
Du point précédent se déduit la deuxième vertu que nous devons développer : c’est la foi dans le combat pour la société libre. Être informé, être formé, cent fois sur le métier remettre l’ouvrage, telle est la tâche souvent ingrate, parfois peu exaltante, rarement récompensée. Mais c’est de l’individu dont il s’agit, et du choix, binaire, il n’y en a pas d’autre : sa liberté ou son asservissement.
La troisième vertu est cruciale : est libéral celui qui reconnaît le rôle de la science, de l’expertise, de l’intelligence, comme seule justification d’un éventuel leadership. Car il faut bien au final que l’entrepreneur, le chirurgien, ou le pilote de ligne prennent la décision.
Est libéral celui qui croit dans toutes les situations à l’exercice de la raison sans se laisser subvertir par la pression des émotions.
La quatrième vertu est de réitérer sans cesse et toujours notre espérance dans le fait que l’action des individus porte ses fruits et que la liberté est féconde.
La cinquième vertu est de croire profondément qu’une action qui n’est pas adossée à une doctrine, des valeurs, une colonne vertébrale est au mieux une action réussie, au pire un éclat éphémère, un coup d’épée dans l’eau.
La sixième vertu est dans le courage de la liberté, la revendication de la prise de responsabilité, l’adhésion pleine et entière à la splendeur de la vérité. Cette dernière existe : une chose ne peut pas simultanément être vraie et fausse. Choisir c’est évincer. Prenons l’option toujours de la vérité car, même si à court terme elle peut nous desservir, comme l’a remarquablement démontré Raymond Boudon, les individus préfèrent en moyenne, à moyen et long terme, toujours la vérité au mensonge.
La dernière vertu est celle de la prudence au sens philosophique du terme, à savoir la sagesse de l’humilité. Les êtres humains ne sont pas des cobayes. L’ordre social n’est pas un objet d’expérimentation. C’est l’absence de sagesse qui a amené toutes les révolutions dans d’effroyables aventures, car on le sait, l’enfer est pavé de bonnes intentions.
Cette préface serait bien incomplète, et même injuste, si elle ne rendait pas hommage aux deux promoteurs de « Libres !! » opus 2. Il sont des entrepreneurs de libertés, des innovateurs. C’est avec une foi de celle qui soulève les montagnes, une ardeur exemplaire, un dévouement total et une science incontestable qu’ils ont mené à bien le projet fou de faire cohabiter cent auteurs qui sont autant d’individus avec leurs forces, leurs intelligences, mais aussi leurs susceptibilités et leurs ego.
Qu’ils soient chaleureusement remerciés pour avoir posé une pierre qui sera – l’avenir le montrera – un rocher, dans tous les cas, un jalon pour l’avenir.
Serge Schweitzer, Aix-Marseille Université
https://www.facebook.com/lamaininvisible/info
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