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octobre 31, 2025

Alexis de Tocqueville, voyageur et acteur des révolutions libérales.

 

Abbatiale de Saint-Maixent-l’Ecole, Deux-Sèvres.

Photographie : T. Guinhut.

 

 

Alexis de Tocqueville,

voyageur et acteur des révolutions libérales.

Par Françoise Mélonio, Michel Onfray

& Raymond Boudon.

 

 

Françoise Mélonio : Tocqueville, Gallimard, 2025, 624 p, 27 €.

 

Alexis de Tocqueville : De la Démocratie en Amérique, Œuvres II,

La Pléiade, Gallimard, 2001, 1232 p, 68,50 €.

 

Alexis de Tocqueville : Quinze jours au désert, Le Passager clandestin, 2011, 112 p, 16 €.

 

Michel Onfray : Tocqueville et les Apaches, Autrement, 2017, 208 p, 18 €.

 

Raymond Boudon : Tocqueville aujourd’hui, Odile Jacob, 2005 304 p, 29,90 €.

 

 

L’on croit connaître Tocqueville si l’on a dit qu’il est l’auteur de De la démocratie en Amérique, dans laquelle il fait l’éloge de la constitution et de la libre entreprise des Etats-Unis. Tout en s’interrogeant sur la passion démocratique de l’égalité qui peut conduire, via la tyrannie de la majorité et l’état tutélaire, à l’acceptation de la servitude. Mais qui est cet homme, comment est-il devenu le penseur et l’acteur des révolutions libérales que nous connaissons trop peu, par quelles enquêtes et voyages ? Opportunément, Françoise Mélonio nous livre une roborative biographie, quand, quoique l’on puisse trouver ce texte en Pléiade, un éditeur qui se veut « clandestin », ose mettre en avant les Quinze jours au désert américains de notre cher Tocqueville. Aussi verra-t-on comment, au milieu du XIX° siècle,  il considère avec une empathie diverses les Indiens américains, les noirs et les Algériens, ce qui suscite l’ire de Michel Onfray. Reste à considérer, à l’aide Raymond Boudon, l’héritage trop oublié d’un Tocqueville libéral que la France d’aujourd’hui méconnait absurdement.

Les biographies de Tocqueville ne manquent pas ni ne sont sans mérites, telles celles de Brigitte Krulic[1] ou d’Olivier Zunz[2]. Mais elles pâlissent devant l’apparition de celle de Françoise Mélonio, opus tout autant soigneusement documenté, foisonnant, qu’agréable à lire, tout entier en faveur de cet « éducateur de la démocratie ».

Lorsque l’on nait en 1805 dans une famille d’aristocrates normands, l’on a forcément derrière soi « un héritage d’échafaud », mais aussi, après 1815, lors de la Restauration, un père, Hervé, plusieurs fois préfet. Très vite, le jeune homme devient déiste, et au conservatisme de l’aristocratie légitimiste il préfère les valeurs issues des Lumières. Une fois acquis son diplôme de Droit, en 1826, il entame un grand tour en Italie, de Naples à la Sicile, où il est frappé par « le despotisme politique et social ». Nommé juge à Versailles, il se fait en ce milieu un ami de toute la vie : Gustave de Beaumont. Navré par l’étroit conservatisme de Charles X, puis la révolution de 1830, il accepte le régime de Louis-Philippe, tout en restant attaché au concept d’une monarchie parlementaire plus libérale.

 

C’est alors qu’il part, en 1831, avec son ami, en Amérique, sous couvert d’y étudier le système pénitentiaire, dont le taux de récidive et le coût sont plus faibles qu’en France.  Ce qui donnera lieu à une publication en 1833. Mais il s’agit surtout de savoir pourquoi « une vaste république est praticable ici, impraticable là ». Il découvre une démocratie égalitaire unique au monde, mue par la nécessité de faire de l’argent, « critère plus souple que la naissance », et traversée par des courants réformateurs « en faveur de l’abolition de l’esclavage, de l’humanisation des prisons, du droit des femmes et du développement de l’instruction publique ». Il explore les forêts lointaines, le Canada français, Boston, le Mississipi. Le voilà choqué par la pauvreté brutale, minée par l’alcool, des Indiens, par la déportation des tribus, par la ségrégation à l’encontre des Noirs.

C’est en deux parties que parut cet essai devenu classique du libéralisme et de la sociologie : De la Démocratie en Amérique, en 1835 puis 1840. Au-delà de la mission qui l’envoya observer le système pénitentiaire américain, Tocqueville élargit sa réflexion et prit de la hauteur pour offrir une pensée politique d’une étendue considérable. La première partie est essentiellement une analyse de la confédération, quand la seconde est plus critique, non sans proposer des comparaisons avec les modes de vie et les législations de l’ancienne Europe. Mue par la passion de la liberté, avertie des vexations imposées par l’Etat, depuis l’indépendance gagnée de haute lutte sur l’impérialisme anglais, les Etats-Unis d’Amérique usent du libéralisme politique et économique au service du progrès humain, à condition de ne pas souffrir avec excès de la différence entre le riche et le pauvre. L’égalité des conditions, civile et juridique, est un gage de démocratie, ce en quoi Tocqueville est fidèle à Benjamin Constant. Voilà la perspective proposée à l’Europe et à la France.

Mais cette passion de l’égalité, peut devenir dangereuse pour les libertés des citoyens, encourageant le conformisme et menaçant les différences et réussites individuelles. L’empire de la majorité fait mieux que les bûchers pour détruire les livres subversifs, « elle a ôté jusqu’à la pensée d’en publier ». Ce qui est une préfiguration des concepts d’autocensure et de l’intimidation par la masse.

Bientôt, Tocqueville en arriva au concept de « despotisme démocratique », étant donné l’emprise de la tyrannie de la majorité : « Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire (…) Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire (…) il rend moins utile et plus rare l’emploi du libre-arbitre (…) le souverain étend ses bras sur la société tout entière ; il en couvre la surface d’un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule, il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige ; il force rarement d’agir, mais il s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse ; il ne détruit point, il empêche de naître ; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète (…) un pouvoir unique, tutélaire, tout puissant, mais élu par les citoyens[3] ».

 

Françoise Mélonio n’a pas tort de penser que notre philosophe et sociologue tire de l’Amérique, «  une vision exagérément irénique », du moins par contraste avec la France de son temps. Cependant l’on a compris que la démocratie recèle en son sein de dangereuses espérances…

Moins célèbre est L’Ancien régime et la révolution. Livre d’historien, certes, mais aussi d’analyse politique, qui « traque l’origine du penchant des Français pour les Bonaparte », soit pour les hommes providentiels, voire les tyrans…

Pour revenir à la savante biographie de Françoise Mélonio, grâce à elle l’on sait tout ou presque sur la famille de notre cher Alexis de Tocqueville, ses deux frères, moins brillants, sa carrière judiciaire déçue, son travail de parlementaire. Mais aussi sur sa maîtresse Marie, qu’il finira par épouser, alors que sa fidélité lui permettra de veiller – avec l’ami Beaumont – sur ses manuscrits et leur publication, après la mort précoce de notre sociologue et philosophe politique, en avril 1859, soit à l’âge encore tendre de 54 ans.

Et loin de n’être qu’une biographique narrative, il s’agit là d’une biographie intellectuelle et conceptuelle. C’est « éclairer, à travers un parcours individuel, l’Histoire politique et intellectuelle du XIX° siècle et celle, en amont, de la Révolution », mais plus encore permettre au libéralisme économique et politique de se voir justifiés par l’acuité de l’observation et de la pensée. Tocqueville ne fut romantique que dans sa passion des libertés et des grands espaces américains, mais plus exactement un héritier des Lumières, tant la liberté individuelle et de la presse devait être pour lui le pilier de la démocratie libérale.

Glissons vers des versants méconnus parmi l’œuvre de ce chantre du libéralisme.  Par exemple grâce aux éditions Le Passager clandestin de nous ouvrir des yeux curieux. Car ces Quinze jours au désert sont un précieux journal de voyage dans les profondeurs du Michigan, en 1831. L’auteur parcourt une nature qui le stupéfie par sa vide immensité, en une perspective digne du sublime romantique, où les colons font preuve d’une force physique et morale extraordinaire en vue d’y construire un pays neuf « qui marche à l’acquisition des richesses ». Mais admirant ces villages qui deviennent des villes, déplorant l’abattage des arbres, il est « en quête des sauvages et du désert ». Qui eût cru qu’un tel penseur allait faire preuve de tant d’empathie envers les Indiens, ce « peuple antique, le premier et légitime maître du continent », qu’il allait s’alarmer du comportement des blancs, de leur « égoïsme froid et implacable lorsqu’il s’agit des indigènes » ? Sa première rencontre est pourtant décevante : « Aux vices qu’ils tenaient de nous se mêlait quelque chose de barbare et d’incivilisé qui les rendait cent fois plus repoussants encore ». L’eau de vie qui dévaste leur santé permet aux nouveaux Américains de se déculpabiliser, bien qu’ils la leur vendent… Enfin, il est touché par leur « charme réel », leur fierté, leur bonté, leur attachement à la vie dans la nature, leur « indépendance barbare ». Sans céder au mythe du bon sauvage, Tocqueville, sociologue perspicace, est un humaniste attentif à la condition humaine, y compris des femmes des colons, des métis, ainsi qu’à la variété des religions chrétiennes qui n’empêchent malheureusement pas « le sort final réservé aux races sauvages », soit les massacres, l’exil vers de pauvres pâturages, des réserves arides…


Nous ne partagerons pas forcément les convictions de Tocqueville sur la colonisation de l’Algérie. Pourtant il ne faut en rien oublier que la prise d’Alger, en 1830, fut orchestrée pour mettre fin aux pirateries, pillages et réductions en esclavage par les navires barbaresques venus de ce même port. Ainsi cessèrent enfin ces violences séculaires. Est-ce à dire qu’il fallait compléter la chose par la colonisation de l’Algérie ? Une expédition guerrière coûteuse mobilise des effectifs militaires importants et des moyens financiers considérables. Parmi les personnalités politiques, certaines exigent le retrait des troupes françaises, d’autres préconisent une occupation limitée, d’autres enfin sont en faveur de l’extension de la domination et de la colonisation.

Rappelons-nous à cet égard que Jacques Marseille[4], pensant d’abord établir les bénéfices de la colonisation en faveur de la France, finit par s’apercevoir qu’au contraire, en exportant hommes, matériaux, capitaux et subventions, l’affaire fut largement déficitaire… L’on se doute que, malgré le travail scrupuleusement documenté de l’historien, une cohorte de bien-pensants gauchisants le vilipende à l’envi.

Pour revenir à notre Tocqueville, alors qu’il était déjà nanti d’une abondante documentation, il est nommé membre d’une commission extraordinaire attachée à l’Algérie. En 1841, puis 1846, son enquête soucieuse lui permet de découvrir villes, villages, de faire connaissance avec la population indigène, et d’abord « l’état social et politique des populations musulmanes et orientales : la polygamie, la séquestration des femmes, l’absence de toute vie publique, un gouvernement tyrannique et ombrageux[5] ». Découvrant également les acteurs français, et sans guère hésiter, Tocqueville approuve la colonisation, y compris avec le recours de tribunaux d’exception qui relèvent du droit de la guerre.


Le prolixe et bavard Michel Onfray, familier une fois de plus de l’emporte-pièce, n’hésite pas à déboulonner la tocquevillienne mémoire, usant du réquisitoire à l’envi. Tocqueville et les Apaches, sous-titré « Indiens, nègres, ouvriers, Arabes et autres hors-la-loi », permet de dévoiler un penseur de la démocratie et de la liberté qui justifie le massacre des Indiens d’Amérique, l’apartheid entre Noirs et Blancs, la violence coloniale en Algérie, le coup de feu contre les ouvriers quarante-huitards. Pour Michel Onfray, « si l’on est blanc, catholique, Européen, propriétaire, Tocqueville est le penseur ad hoc », trois qualificatifs fort exagérément dépréciatifs.

Tocqueville désapprouve moins « la grande plaie » de l’esclavage par empathie humaniste que pour cause d’une rentabilité économique bien moins efficace que la liberté et le salariat. Mais Michel Onfray omet de faire allusion à des pages plus clémentes, plaidant la cause des Noirs du Nord des Etats-Unis : « Ainsi le Nègre est libre, mais il ne peut partager ni les droits, ni les travaux, ni les douleurs, ni même le tombeau de celui dont il a été déclaré l’égal[6] ».

Il est, pour Michel Onfray, celui qui justifie et légitime « ce que l’on nomme aujourd’hui ethnocide ou crime de guerre », en particulier dans le cas de l’Algérie. En effet Tocqueville ne se lasse pas de démonter « que le droit de la guerre nous autorise à ravager le pays » que « des voyages meurtriers [lui] paraissent quelquefois indispensables[7] ». Certes Michel Onfray n’a pas tort de dénoncer un « manuel de guerre coloniale », mais c’est négliger la dangerosité de l’islam et des conquêtes arabes, quoiqu’il écrivit un volume brouillon pas toujours cohérent, néanmoins passablement informé, peu amène envers son objet d’étude, intitulé Penser l’islam[8].

C’est pourtant exiger de Tocqueville qu’en dépit de son inscription dans son siècle il soit en tout parfait et conforme à quelque notion du bien absolu qu’un Onfray ne peut représenter péremptoirement, à l’instar du modeste critique qui joue sur son clavier pour produire cette lecture et cette réflexion.

Le sociologue Raymond Boudon est à juste titre beaucoup plus sensible à la pensée de notre Alexis. Dans Tocqueville aujourd’hui, il se pose les indispensables questions suivantes. « Pourquoi est-il si difficile de réformer l’État français ? Pourquoi y a-t-il beaucoup plus de fonctionnaires en France qu’en Allemagne ? Pourquoi les Américains sont-ils beaucoup plus religieux que les Anglais ou les Français ? Pourquoi le culte de l’égalité prend-il le pas sur celui de la liberté ? » Tocqueville prédisait et expliquait l’apparition du culte des droits de l’homme, l’éclatement des religions, le succès de la littérature facile, les effets pervers de l’État-providence, les résistances au libéralisme. Ce dernier avait vu juste tant les choses ont empirées en notre XXI° siècle. Aussi Raymond Boudon accuse-t-il les intellectuels et gouvernants français de ne pas lire Tocqueville, tant le marxisme et l’étatisme centralisateur obèrent la liberté et la croissance françaises.

Pauvre Tocqueville, si tu revenais parmi nous… Voulant assurer « le mirage de la justice sociale » – selon la formule de Friedrich August Hayek[9] – l’égalité économique, écrêter les riches pour donner aux pauvres assistés et autres immigrés importés par flottilles, notre Etat dévoyé, notoirement incompétent, dévore ses enfants et n’en rejette que les os, à force de se dévouer à une obèse sociale redistributive, non seulement dispendieuse, mais contreproductive, car ruineuse, tant sur le plan de la dette appauvrissante que sur le plan civilisationnel. Voici fleurir, sous nos yeux pour le moins inquiets, pour revenir à notre Tocqueville, « les périls que l’égalité fait courir à l’indépendance humaine[10] ». Reste à longuement méditer sa distinction entre la centralisation administrative, liberticide, et la centralisation politique, indispensable pour la sécurité nationale. Et combien « le résultat général de toutes ces entreprises individuelles dépasse de beaucoup ce qu’aucune administration ne pourrait entreprendre. […] Le plus grand soin d’un gouvernement devrait être d’habituer peu à peu les peuples à se passer de lui[11] ». Nous en sommes bien loin, hélas…

Thierry Guinhut

 La partie sur Quinze jours au désert fut publié

dans Le Matricule des Anges, juin 2011

Une vie d'écriture et de photographie


[1] Brigitte Krulic : Tocqueville, Folio 2016.

[2] Olivier Zunz : Tocqueville. L’homme qui comprit la démocratie, Fayard, 2022.

[3] Alexis de Tocqueville : De la Démocratie en Amérique, II, IV, VI, Œuvres II, Pléiade, 2001, p 836-838.

[4] Jacques Marseille : Empire colonial et capitalisme français, Points, 1989.   

[5] Alexis de Tocqueville : Notes du voyage en Algérie de 1841, Œuvres I, La Pléiade, 2001, p 660.

[6] Alexis de Tocqueville : De la Démocratie en Amérique, II, IV, VI, Œuvres II, Pléiade, 2001, p 398.

[7] Alexis de Tocqueville : Notes du voyage en Algérie de 1841, Œuvres I, La Pléiade, 2001, p 706.

[8] Michel Onfray : Penser l’islam, Grasset, 2016.

[9] Friedrich August Hayek : Droit, législation et liberté, II, PUF, 2013.

[10] Alexis de Tocqueville : De la Démocratie en Amérique, II, IV, VI, Œuvres II, Pléiade, 2001, p 849.

[11] Alexis de Tocqueville : Voyage en Amérique. Cahier non alphabétiques 2 et 3, Œuvres I, Pléiade, 2001, p 66

 

 

Photographie : T. Guinhut.


octobre 11, 2014

Qu'est-ce que la Liberté, où en sont les limites, comment peut-elle nous permettre de vivre mieux ? Libres ! ! "opus 2" est sorti, osez la Liberté.

L'Université Libérale, vous convie à lire ce nouveau message.Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.

« Libres ! », voilà ce qu’ont déclaré les 100 auteurs réunis dans cet ouvrage en un même élan de Liberté, faisant fi de leurs origines, leurs formations ou leurs parcours de vie divers – des universitaires, des artisans, des ouvriers, des médecins, des avocats, des étudiants unis par cette Liberté chérie.

Qu’est-ce que la Liberté, où en sont les limites, comment peut-elle nous permettre de vivre mieux ? Déclin du système de santé, d’éducation et de retraite, incertitudes face à l’avenir, l’immigration, l’environnement, misère qui guette chacun, de plus en plus… Et comment sera demain ? Comment faire sans plus d’État-providence ? Comment redevenir maîtres de nos vies, en fait. Autant de sujets auxquels chaque auteur s’attelle dans ce volume, le plus simplement possible .

Cet opus 2 (voir le 1er ici) reprend ces principes et développe l’action et l’avenir. Car il ne reste plus qu’à passer à l’action, la Liberté nous éclaire le chemin depuis déjà bien longtemps…

Préface de Serge Schweitzer, Aix-Marseille Université
Jalons pour l’avenir
Préfacer un ouvrage composé de cent articles, sous forme de notices développées, est une tâche redoutable. Que le préfacier mette en exergue tel ou tel article et légitimement les autres auteurs s’interrogent sur leur déclassement. Mais à l’inverse, que le préfacier tente de résumer en une ligne chaque contribution et l’impression est de feuilleter le catalogue d’une maison de ventes par correspondance…
En outre, la présentation qui suit cette préface veut bien se risquer à cet exercice périlleux. Pour notre part, nous préférerions insister en deux temps d’une part sur les écueils à éviter pour demain, et d’autre part sur les avantages comparatifs que les libéraux doivent développer s’ils veulent demain être victorieux sur le marché des idées.
Les sept péchés capitaux
Quand on examine les deux siècles passés, nous sommes confrontés à un étonnant paradoxe : dans le meilleur des cas, les libéraux piétinent dans l’opinion publique en termes d’influence, et dans le pire des cas, ils sont marginalisés – voire rejetés – alors qu’il s’agit du courant de pensée qui, d’une part a apporté la liberté, et d’autre part a mis à jour ces bonnes institutions qui, à tout coup, font la richesse des nations.
Ce paradoxe s’explique largement par un premier péché qui est celui de la division.
Un libéral c’est une pensée. Deux, une association. Trois, une première scission. Quatre, l’anathème et l’exclusion. Bien sûr, les libéraux ne sont pas les conservateurs, les libertariens encore moins. Mais la leçon des expériences Thatcher – Reagan, c’est la réussite de l’agrégation de multiples courants, car quand même, au total et finalement, ce qui nous sépare est moins consistant que ce qui réunit l’ensemble des courants, pour qui la liberté est au sommet de la hiérarchie des préférences.
Le deuxième péché est celui de la crédulité répétée dans l’idée de l’homme providentiel.
Certes, les individus font l’histoire, mais pas autant sans doute que les idées. On vient de citer Reagan et Thatcher, mais ils n’auraient jamais pu en amont exister, et en aval agir, s’ils n’avaient pas bénéficié d’un terreau d’idées dont « Libres !! » opus 2 est un exemple stimulant qui doit montrer la voie.
Le troisième péché est que certains ont encore un relent de croyance dans le rôle tutélaire, pour certaines fonctions régaliennes, des organes étatiques et para-étatiques.
Tant que cette idée substituera, fut-ce à l’état latent dans les cerveaux, rien et jamais de durable ne pourra se faire. Qu’à tout le moins, il soit admis que même s’il faut dealer avec eux parce qu’ils ont le monopole de la violence et de la production du droit, les hommes de l’État soient qualifiés de « bandits sédentaires » (Mancur Olson).
Le quatrième péché est la paralysie de nommer le bien et le mal.
Dans l’ordre social, il s’en faut de beaucoup que tout puisse être positionné de façon à peu près neutre et consensuelle. Le bien existe : c’est l’exercice de la liberté et de la responsabilité ; le mal également : c’est la violence et la coercition qui, historiquement, est bien moins du fait des hommes que des hommes de l’État.
Le cinquième péché est celui d’imaginer être un fin stratège par le refus de se battre sous nos propres bannières.
Que les socialistes, les collectivistes, les étatistes, les protectionnistes, les réactionnaires aient besoin de se justifier, on le comprend aisément à l’issue du désastreux XXe siècle. Mais que les libéraux, qui ne se sont compromis dans aucune de ces aventures, doivent plaider coupables et passer sous les fourches caudines de la repentance, cela dépasse l’entendement. Ou plutôt, ce qui est grave, révèle et reflète que l’opération de culpabilisation a fonctionné au-delà de toute espérance de la part des ennemis du libéralisme.
Le sixième péché capital est le refus de la Doctrine en tant que genre et catégorie intellectuelle.
Certains, y inclus chez les libéraux, croient habiles et de bonne politique de se parer du vêtement du pragmatisme et de l’empirisme. Ce vêtement ne fait que cacher chez ces soi-disant habiles, la lâcheté du refus de choisir.
Le septième et dernier péché est le refus de l’engagement et d’aller au combat intellectuel et de confronter nos idées à celles des autres.
Le scepticisme, le relativisme et la tentation du découragement guettent puisque le constat suivant peut être fait : « ce que nous faisons ils le défont, ce qu’ils font nous n’avons pas le droit de le défaire ». Mais la vertu d’espérance est justement de ne point se décourager, de se relever et d’accepter le challenge de la concurrence des idées, d’autant plus que sur ce terrain, nous n’avons guère à craindre.
Les sept vertus de l’homme libre
Les libéraux peuvent légitimement revendiquer comme première vertu la fierté des choix accomplis. Comme dans la chanson, « ils n’ont rien à regretter ». Si une seule famille intellectuelle et spirituelle a refusé tout au long du XXe siècle de s’associer de près ou de loin à aucun régime totalitaire, ni à aucun régime autoritaire, c’est bien le libéralisme. Les libéraux ont du reste été partout chassés, pourchassés, persécutés, que ce soit sous le communisme, le national-socialisme, le fascisme, le franquisme… Cela ne devrait pas étonner : tous ces régimes ont en commun d’idolâtrer l’État et ses hommes.
Du point précédent se déduit la deuxième vertu que nous devons développer : c’est la foi dans le combat pour la société libre. Être informé, être formé, cent fois sur le métier remettre l’ouvrage, telle est la tâche souvent ingrate, parfois peu exaltante, rarement récompensée. Mais c’est de l’individu dont il s’agit, et du choix, binaire, il n’y en a pas d’autre : sa liberté ou son asservissement.
La troisième vertu est cruciale : est libéral celui qui reconnaît le rôle de la science, de l’expertise, de l’intelligence, comme seule justification d’un éventuel leadership. Car il faut bien au final que l’entrepreneur, le chirurgien, ou le pilote de ligne prennent la décision.
Est libéral celui qui croit dans toutes les situations à l’exercice de la raison sans se laisser subvertir par la pression des émotions.
La quatrième vertu est de réitérer sans cesse et toujours notre espérance dans le fait que l’action des individus porte ses fruits et que la liberté est féconde.
La cinquième vertu est de croire profondément qu’une action qui n’est pas adossée à une doctrine, des valeurs, une colonne vertébrale est au mieux une action réussie, au pire un éclat éphémère, un coup d’épée dans l’eau.
La sixième vertu est dans le courage de la liberté, la revendication de la prise de responsabilité, l’adhésion pleine et entière à la splendeur de la vérité. Cette dernière existe : une chose ne peut pas simultanément être vraie et fausse. Choisir c’est évincer. Prenons l’option toujours de la vérité car, même si à court terme elle peut nous desservir, comme l’a remarquablement démontré Raymond Boudon, les individus préfèrent en moyenne, à moyen et long terme, toujours la vérité au mensonge.
La dernière vertu est celle de la prudence au sens philosophique du terme, à savoir la sagesse de l’humilité. Les êtres humains ne sont pas des cobayes. L’ordre social n’est pas un objet d’expérimentation. C’est l’absence de sagesse qui a amené toutes les révolutions dans d’effroyables aventures, car on le sait, l’enfer est pavé de bonnes intentions.
Cette préface serait bien incomplète, et même injuste, si elle ne rendait pas hommage aux deux promoteurs de « Libres !! » opus 2. Il sont des entrepreneurs de libertés, des innovateurs. C’est avec une foi de celle qui soulève les montagnes, une ardeur exemplaire, un dévouement total et une science incontestable qu’ils ont mené à bien le projet fou de faire cohabiter cent auteurs qui sont autant d’individus avec leurs forces, leurs intelligences, mais aussi leurs susceptibilités et leurs ego.
Qu’ils soient chaleureusement remerciés pour avoir posé une pierre qui sera – l’avenir le montrera – un rocher, dans tous les cas, un jalon pour l’avenir.
Serge Schweitzer, Aix-Marseille Université
https://www.facebook.com/lamaininvisible/info
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