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FREDERIC BASTIAT
1801-1850
La modernité de Bastiat
Les tout derniers développements de
la science économique se trouvent entières dans l’œuvre de Bastiat : il
a été précurseur de l’école du « public
choice » (Buchanan), de l’analyse des institutions (Hayek), de la
théorie des droits de propriété (Alchian, Demsetz). Il a surtout compris
la vraie nature de l’économie, qui est mutualité
et harmonie. Si on y ajoute que sa verve de Landais, son art du
pamphlet et son humour rendent sa lecture facile et passionnante, on
comprend que l’on a affaire à un génie de tous les temps.
Entre autres, Bastiat avait imaginé la création par l’Etat de la
Sécurité Sociale et pronostiqué son explosion un siècle et demi avant
qu’elle n’existât.
La nature de l’économie : service et harmonie
Bien que Jean Baptiste Say ait déjà
eu l’intelligence d’observer que les produits échangés ne sont pas
seulement des biens matériels, mais aussi des services
immatériels (qui représentent 70 % de nos dépenses aujourd’hui),
Bastiat a eu le mérite d’aller plus loin et de comprendre que derrière
les produits il y a les satisfactions qu’ils apportent.
Satisfactions personnelles : les choix sont subjectifs. La valeur
vient donc de l’adéquation du produit au service recherché. Mais chacun
d’entre nous, pour satisfaire ses propres besoins,
doit chercher à satisfaire les besoins des autres. La vie économique
est donc échange mutuel : nous dépendons doublement des autres : ils
concourent à nous satisfaire, mais nous devons
aussi les satisfaire. La vie économique n’est donc ni conflit ni
affrontement, mais complémentarité et harmonie. Voilà pourquoi il ne
saurait y avoir de « crise », seulement des
« Harmonies ».
Les enrayeurs : obstacles à l’échange
L’échange est perturbé par des
interventions incessantes de l’Etat. Les pouvoirs publics, leur
réglementation, leurs impôts empêchent la libre rencontre des
services rendus. C’est en particulier ce qui se passe dans le
« commerce extérieur ». Les Etats ont une tendance naturelle au
protectionnisme parce qu’ils sont fascinés par la
« balance », qui n’a aucun sens, car les mouvements d’entrées et de
sorties de marchandises ne disent rien des satisfactions apportées grâce
au commerce. Le chemin de fer diminue le
prix du transport Paris Bruxelles, mais un bon droit de douane sur
les choux fait que le consommateur parisien les paiera le même prix, il
ne servait à rien d’inventer le chemin de fer. Comme son
ami et inspirateur Richard Cobden, Bastiat sera un militant infatigable du libre échange. La signature du traité de commerce franco-anglais sera un grand succès pour
ses thèses…et pour les consommateurs.
Les corporations et l’Etat
Si les enrayeurs ont le pouvoir de
perturber les échanges, ils le font sous la pression des corporations.
Les producteurs se liguent pour fausser la concurrence,
mais ils ont besoin de l’arme de l’Etat pour y réussir durablement.
Les « marchands de chandelle » démontrent aux députés qu’il faut fermer
toutes les ouvertures par lesquelles le
soleil pénètre dans la maison : il en va de « l’intérêt général ».
L’Etat est donc soumis à la pression permanente de ses clientèles, car
les hommes politiques cherchent avant tout
leur élection. Ils promettent tout et son contraire, ils prennent
aux uns pour donner aux autres : « L’Etat est cette grande fiction
sociale à travers laquelle tout le monde croit vivre
aux dépens des autres ». Bastiat a compris l’alliance naturelle
entre producteurs et politiques, au détriment des consommateurs.
L’Etat et le déclin du droit
Le pouvoir de l’Etat vient de sa
production de lois. L’idée d’un législateur tout-puissant, chère à
Rousseau, révolte Bastiat. Car les lois se multiplient, et
s’écartent de plus en plus du vrai droit, celui qui respecte la
nature de l’homme. Par nature l’homme « naît propriétaire » : ce qui
fait sa dignité et ce qui le motive dans ses
initiatives, c’est le sentiment d’exprimer sa créativité, de signer
sa vie de son œuvre. La propriété est ce qui rattache l’être humain à
ses actes, c’est la traduction de la liberté et de la
responsabilité personnelles.
Bastiat décrit avec un
réalisme (parfois même un cynisme) extraordinaire les débordements de la
puissance publique. Les gouvernements ignorent jusqu’à
l’existence d’un droit naturel. Or la plupart des législations sont
contraires au droit. Lui-même député des Landes, il s’attirera les
foudres de la droite comme de la gauche en dénonçant les
abus de droit de la classe politique, et la destruction progressive
des droits de propriété individuelle.
Source Aleps