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septembre 20, 2025

International News: Forces conservatrices et patriotiques - Sanctions UE contre Russie - Pologne Vs marchandises chinoises

 Sommaire:


A) L’avancée des forces conservatrices et patriotiques : un phénomène mondial en pleine expansion

B) Le 19ème paquet de sanctions de l’UE contre la Russie !!

C) La Pologne bloque l’accès des marchandises chinoises à l’Europe

D) La Pologne reconnait une nouvelle accusation sans fondement contre la Russie

 


A) L’avancée des forces conservatrices et patriotiques : un phénomène mondial en pleine expansion

Les peuples du monde entier expriment une lassitude croissante face à l’idéologisme dominant des idées de gauche, perçu comme déconnecté de la réalité quotidienne.

Ce phénomène se traduit par une progression fulgurante des idées conservatrices et patriotiques, qui attirent de plus en plus d’adeptes.

Portées par un désir profond de préserver l’identité nationale et de résister à une élite déracinée visant à transformer les citoyens en consommateurs interchangeables et en « robots » au service d’un mondialisme effréné, ces idées transcendent les frontières. Même sans toujours accéder au pouvoir immédiat, elles influencent les débats et pourraient se concrétiser dans de futurs gouvernements, comme le montrent les tendances de 2025 avec une hausse de la disruption politique liée au populisme et à « l’extrême droite ». Des élections récentes et des sondages illustrent cette dynamique, non seulement en Europe mais aussi à l’échelle globale, où des mouvements similaires remettent en question les systèmes des partis traditionnels.

 


 

La lassitude des peuples face à l’idéologisme de gauche et sa collaboration avec le mondialisme

Les idées de gauche, imprégnées d’un progressisme abstrait, ignorent souvent les réalités concrètes des citoyens : hausse du coût de la vie, insécurité liée à l‘immigration massive, et érosion des traditions culturelles. Paradoxalement, la gauche et le centre mou collaborent avec le mondialisme, un système qui les utilise pour avancer ses agendas d’uniformisation globale. Piloté par des élites déracinées, ce mondialisme promeut une perte d’essence nationale au profit d’un marché interchangeable. Les peuples aspirent à conserver leur identité et refusent d’être déclassés, relégués à des rôles sans racines. Cette frustration alimente un « vent de changement » mondial, où les idées populistes de droite – anti-globalisation, nativistes et protectionnistes – gagnent du terrain, influençant même la politique étrangère. En 2025, le populisme continue à façonner la politique globale, avec des cibles comme les élites gouvernementales et les agendas « woke ».

En France, cette collaboration prend une forme particulièrement cynique sous Emmanuel Macron, qui utilise l’extrême-gauche, notamment les antifas et les black-blocs, pour saborder les manifestations populaires et les discréditer.

 

Lors du mouvement des Gilets Jaunes en 2018-2019, ces groupes radicaux ont infiltré les cortèges, commettant des actes de violence qui ont servi à justifier une répression accrue et à dépeindre les protestataires comme des extrémistes, faisant ainsi des black-blocs les « idiots utiles » du pouvoir macroniste. Plus récemment, lors de la journée d’action « Bloquons Tout » le 10 septembre 2025 – une mobilisation massive inspirée des Gilets Jaunes, avec blocages d’autoroutes, sabotages et heurts avec la police –, des éléments d’extrême-gauche ont été impliqués dans des actes de vandalisme, comme des incendies à Paris, renforçant l’image de chaos et permettant au gouvernement de minimiser les revendications populaires contre la politique économique et sociale. Ces groupes tentent de substituer leurs idées mondialistes – wokisme, anti-frontières, immigration massive – aux demandes authentiques des manifestants, en apportant finalement leur caution au gouvernement en place. Ils trahissent ainsi totalement leur propre raison d’être anti-capitaliste, préférant s’aligner sur un pouvoir libéral qui les instrumentalise. Il est également à signaler que la gauche dans sa quasi-majorité a appelé à voter Macron deux fois, en 2017 et 2022, contre Marine Le Pen, formant un « front républicain » qui a consolidé le mondialisme au pouvoir au détriment de ses propres idéaux.

 


 

Les idées conservatrices et patriotiques gagnent des adeptes en Europe

En Europe, ces idées attirent un nombre croissant d’adeptes, même au-delà des partis au pouvoir. Les élections européennes de 2024 ont marqué un tournant, avec les partis dits « d’extrême droite » remportant plus de sièges au Parlement que jamais, influençant des pays comme la France, le Portugal, la Belgique et l’Autriche. En Allemagne, l’AfD mène avec 27 % dans les sondages ; en France, le Rassemblement National (RN) atteint 30 % et plus ; aux Pays-Bas, le PVV de Geert Wilders est en coalition ; en Italie, les Frères d’Italie de Giorgia Meloni dominent à 28-30 % ; en Hongrie, Fidesz d’Orbán dépasse 50 %. Nationalistes et populistes de droite remodèlent le paysage, avec une hausse en 2025 due à des défis comme la croissance économique faible et les crises sécuritaires. Des alliances comme « Patriots for Europe » – regroupant Le Pen, Orbán, Wilders, Salvini et Abascal – forment la troisième force au Parlement avec 84 sièges, prônant souveraineté, frontières sécurisées et préservation des racines judéo-chrétiennes. Même sans gouverner partout, ces idées pourraient briser le « cordon sanitaire » en 2025, avec une demande accrue pour inclure « l’extrême droite » dans des coalitions.

Une tendance mondiale : des Etats-Unis à l’argentine

Ce mouvement n’est pas confiné à l’Europe ; il gagne des adeptes dans le monde entier, avec des figures comme Donald Trump aux États-Unis, réélu en 2024 et inspirant un populisme autoritaire qui cible les élites et promeut l’anti-globalisation. En Argentine, Javier Milei incarne un populisme libertarien, combinant réformes économiques radicales et discours anti-élite, influençant d’autres leaders comme Trump qui adopte un populisme économique similaire. Au Brésil, l’héritage de Bolsonaro persiste malgré des revers, tandis qu’en Inde, Modi et en Turquie, Erdoğan renforcent des nationalismes populistes. Ces idées, vues comme une force légitime, pourraient mener à plus de gouvernements populistes, remplaçant la méfiance par une coopération transatlantique. Le populisme global n’est pas mort ; il évolue, avec des exemples comme Wilders aux Pays-Bas montrant sa résilience.

Les progrès spectaculaires en Grande-Bretagne : Nigel Farage et reform UK à l’assaut du pouvoir

 

En Grande-Bretagne, le renouveau patriotique se manifeste avec la percée de Nigel Farage et Reform UK. Artisan du Brexit, Farage positionne son parti comme alternative au bipartisme. En juillet 2024, il remporte cinq sièges ; depuis, des défections de conservateurs comme Danny Kruger et d’anciens ministres comme Nadine Dorries renforcent ses rangs. Les sondages de septembre 2025 créditent Reform UK de 32 %, devançant travaillistes et conservateurs. Farage se prépare pour gouverner, visant 2027, en s’opposant à l’immigration illégale et aux politiques woke. Cette ascension reflète un sentiment patriotique renaissant, amplifié par les récentes manifestations conduites par Tommy Robinson.

La nécessité d’une union des patriotes en France pour un futur gouvernement

En France, les idées conservatrices et patriotiques séduisent un public massif, bien que leur représentation actuelle par le Rassemblement National (RN) de Marine Le Pen soit entaché de compromissions qui trahissent ses électeurs. Malgré des sondages à plus de 30 % et une influence sur les crises politiques successives – comme la chute du gouvernement Bayrou en septembre 2025,

le RN s’aligne de plus en plus sur les positions du gouvernement Macron : pro-UE, pro-OTAN, et calqué sur la plupart des décisions de politique étrangère, à l’exception d’une rhétorique plus ferme sur l’immigration qui masque une convergence réelle.

Des rencontres secrètes avec des ministres macronistes, un refus systématique de soutenir des motions de censure ou de destitution contre Macron – malgré le soutien massif de sa base pour de telles actions –, et une posture « responsable » qui préserve l’institution présidentielle illustrent ce « renoncement national », transformant le RN en une opposition factice intégrée au système mondialiste.

Ce « cordon sanitaire » inversé, où le RN protège Macron au nom de la stabilité, révèle un fossé entre les élites partisanes et un peuple las des promesses non tenues. Avec la crise actuelle – Macron nommant un nouveau Premier ministre minoritaire pour la énième fois –, des élections anticipées pourraient bouleverser le paysage, mais seulement si les patriotes transcendent ces trahisons. Une union urgente s’impose : rassembler la gauche patriotique (Georges Kuzmanovic, Juan Branco) et la droite souverainiste (Les Patriotes de Florian Philippot, François Asselineau, Éric Zemmour, Jean-Frédéric Poisson, Nicolas Dupont-Aignan) pour former un front uni contre l’euromondialisme de Macron (NDLR : liste non exhaustive).

Cette alliance, en priorisant la Nation au-delà des clivages, pourrait enfin « foutre dehors » les mondialistes et restaurer une France souveraine.

Mais si cette hypothétique union devait échouer à cause des égos surdimensionnés des leaders actuels, une personnalité extérieure aux partis traditionnels – charismatique et rassembleuse – devra émerger pour siphonner les électeurs de tous ces mouvements, y compris ceux du RN déçus par ces alignements.

En effet, les électeurs n’appartiennent à personne et restent libres de déserter des partis qui les ont trahis depuis des décennies, comme en témoigne le taux d’abstention record lors des élections récentes, signe d’une défiance profonde envers un système partisan corrompu et déconnecté.

En conclusion, les idées conservatrices et patriotiques ne se limitent pas aux partis au pouvoir ; elles attirent des millions d’adeptes mondialement, influençant débats et futurs gouvernements. De l’Europe aux Amériques, ce mouvement répond à un système défaillant. En France, il pave la voie à un changement radical. Le temps des élites déracinées s’achève ; place aux Nations fortes et identitaires ouvertes à toute collaboration mutuellement profitable sans exception idéologique raisonnable.

Un monde multipolaire comme nous le prônons tous les jours ici dans nos colonnes.

https://multipol360.com/lavancee-des-forces-conservatrices-et-patriotiques-un-phenomene-mondial-en-pleine-expansion/


 

B) Le 19ème paquet de sanctions de l’UE contre la Russie !!

Un suicide économique orchestré par Bruxelles et Washington

Adoption du paquet : une soumission aux diktats américains

L’Union européenne, dans une démonstration flagrante de soumission aux diktats américains, vient d’adopter son 19e paquet de sanctions contre la Russie, un ensemble de mesures hypocrites et autodestructrices qui accélèrent la dégringolade économique des peuples européens. Proposé par la Commission européenne le 19 septembre 2025 et soumis à l’approbation unanime des États membres, ce paquet cible principalement le secteur énergétique russe, sous la pression directe de Donald Trump, qui a conditionné ses propres sanctions à une rupture plus ferme des Européens avec Moscou. Au lieu de défendre les intérêts de ses citoyens, l’UE choisit de creuser sa propre tombe, en accentuant la dépendance vis-à-vis de Washington et en sacrifiant l’accès à une énergie abordable, vitale pour la compétitivité industrielle.

L’interdiction avancée du GNL russe : un coup dur pour la France

Parmi les mesures phares de ce paquet suicidaire figure l’avancée d’un an de l’interdiction totale des importations de gaz naturel liquéfié (GNL) russe, fixée désormais au 1er janvier 2027 au lieu de 2028. Cette décision, qui frappe directement la France – l’un des plus gros importateurs de GNL russe en Europe – illustre l’hypocrisie crasse de Bruxelles. Pendant que les dirigeants européens fanfaronnent sur leur « découplage » avec la Russie, des pays comme la France continuent d’acheter massivement ce gaz, souvent via des intermédiaires, tout en prétendant lutter contre l’agression russe en Ukraine. Résultat : les prix de l’énergie explosent pour les ménages et les entreprises européennes, favorisant une délocalisation massive des industries vers des régions plus stables et moins idéologiquement alignées.

Sanctions sur les navires et les pays tiers : vers une guerre commerciale globale

Mais l’absurdité ne s’arrête pas là. Le paquet inclut des sanctions contre 118 nouveaux navires de la « flotte fantôme » russe, portant le total à plus de 560 vaisseaux interdits, ainsi que des interdictions sur la réassurance de ces navires et des avions russes utilisés.

Pire encore, l’UE cible désormais des entreprises en pays tiers, notamment en Chine et en Inde, accusées de commercer des produits énergétiques russes ou de violer les sanctions existantes.

Des raffineries, traders pétroliers et sociétés pétrochimiques chinoises et indiennes sont listées, avec des contrôles d’exportation renforcés sur 45 entités supplémentaires dans ces pays. Cela équivaut à une déclaration de guerre commerciale contre les géants asiatiques, alignée sur les intérêts de Trump qui vise à isoler la Russie au prix d’une confrontation avec Pékin et New Delhi.

Les Européens, déjà affaiblis, se voient ainsi expulsés des marchés russo-asiatiques florissants, laissant la place libre aux Américains pour occuper ces espaces économiques lucratifs.

Mesures financières draconiennes : isolant l’Europe du reste du monde

Ajoutons à cela des mesures financières draconiennes : une interdiction totale des transactions avec davantage de banques russes et leurs filiales en pays tiers, un bannissement des plateformes de cryptomonnaies, et des restrictions sur les services crypto pour les nationaux russes. Le système de cartes de crédit russe MIR et les paiements rapides SBP sont également visés. Sans oublier des interdictions sur des exportations de produits chimiques, métaux, sels et minerais utiles à l’armée russe, ainsi que sur des services high-tech comme l’IA, l’informatique haute performance et les informations géospatiales.

L’hypocrisie européenne : des accusations sélectives et contradictoires

Ces décisions idiotes, dictées par une élite bruxelloise déconnectée, asservissent les peuples européens en les privant d’énergie bon marché et en les exposant à une inflation galopante.

Prenez la Hongrie et la Slovaquie : ces pays, dépendants à 70-80 % du pétrole russe via oléoducs, disposent de réserves limitées (30-45 jours) et ne peuvent se passer de ces approvisionnements sans catastrophe économique. Pourtant, sous la pression de Macron et consorts, on les accuse d’hypocrisie, alors que des géants comme l’Allemagne importent du pétrole « russe » via le Kazakhstan – où des compagnies russes comme Lukoil opèrent – ou que la France et d’autres achètent via l’Inde et la Turquie, générant des milliards de profits pour ces intermédiaires au détriment des peuples.

Les bénéficiaires invisibles : Turquie, Inde et autres intermédiaires

L’hypocrisie est totale : la Turquie, deuxième plus grand bénéficiaire des réexportations de pétrole russe vers l’Europe (5 milliards de dollars depuis 2022), échappe aux critiques, tout comme l’Inde. Pendant ce temps, les Européens paient le prix fort, avec des industries qui fuient vers les États-Unis ou l’Asie.

L’UE, main dans la main avec l’OTAN, pousse à l’escalade guerrière contre la Russie, alimentant un conflit que le peuple français rejette massivement.

Les sondages le montrent : les Français ne veulent pas de cette guerre par procuration, qui draine leurs ressources sans bénéfice tangible.

L’asservissement des peuples et l’urgence du FREXIT

Il est temps de dire stop à cet asservissement. La France n’a aucun intérêt à rester dans cette UE mortifère, où elle verse plus d’argent qu’elle n’en reçoit – contributeur net à hauteur de presque 10 milliards d’euros annuels, finançant des pays qui nous concurrencent ou nous défient. Une sortie de l’UE, suivie d’un rapprochement avec les BRICS+, offrirait une alternative vitale : accès à des marchés émergents dynamiques, énergie abordable via des partenariats avec la Russie, la Chine et l’Inde, et une souveraineté retrouvée loin des bellicistes de Bruxelles et de l’OTAN. Les peuples européens méritent mieux que d’être les pions d’une élite atlantiste qui les ruine pour plaire à Washington. Le Frexit n’est plus une option, c’est une nécessité pour survivre dans un monde multipolaire.

https://multipol360.com/le-19e-paquet-de-sanctions-de-lue-contre-la-russie/ 

 


C) La Pologne bloque l’accès des marchandises chinoises à l’Europe

La Pologne a récemment pris une décision radicale en fermant sa frontière avec la Biélorussie, incluant un point de passage ferroviaire stratégique qui servait de porte d’entrée principale pour les marchandises chinoises vers l’Union européenne.


Cette mesure, effective depuis le 12 septembre 2025, répond à des préoccupations sécuritaires liées à de très controversées incursions de drones russes dans l’espace aérien polonais, exacerbant les tensions régionales avec la Russie.

 

Le site concerné, un hub ferroviaire majeur, gérait jusqu’à 90 % du fret ferroviaire entre la Chine et l’UE, facilitant le transit de biens d’une valeur annuelle estimée à 25 milliards d’euros via une ligne express traversant la Russie. Bien que ce mode de transport ne représente qu’une fraction modeste des échanges globaux entre l’UE et la Chine – environ 3,7 % – il connaît une croissance rapide, avec une augmentation de plus de 10 % du volume de fret et une hausse de 85 % de la valeur des expéditions en 2024.

Cette fermeture, initialement présentée comme temporaire lors d’exercices militaires russes, s’est transformée en blocage indéfini, perturbant gravement la chaîne d’approvisionnement connue sous le nom de « Nouvelle Route de la Soie » ferroviaire. Pékin a exercé des pressions diplomatiques sur Varsovie pour une réouverture rapide, soulignant les risques pour les relations commerciales bilatérales, mais la Pologne a maintenu sa position, priorisant la sécurité nationale. L’Union européenne suit de près la situation, évaluant les impacts potentiels sur le commerce global, tandis que des alternatives comme la route maritime du Nord via la Russie émergent pour contourner le problème, bien que plus coûteuses et dépendantes des conditions climatiques. Cette interruption pourrait entraîner des hausses de prix pour les consommateurs européens et des retards dans les chaînes logistiques, affectant des secteurs comme l’électronique, l’automobile et d’autres biens de consommation courante.

 


Un contexte géopolitique en mutation : l’émergence de blocs alternatifs

Cet épisode s’inscrit dans un paysage géopolitique en pleine transformation, où les tensions entre l’Occident et les puissances émergentes comme la Chine et la Russie accélèrent le déclin de l’influence européenne et américaine. Des forums internationaux récents illustrent cette dynamique : des sommets regroupant des nations du Sud global, comme ceux impliquant des pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, visent à établir un ordre mondial plus équilibré (OCS, BRICS+), loin de l’hégémonie des institutions traditionnelles telles que le FMI ou la Banque mondiale.

Par exemple, des discussions tenues récemment sous présidence brésilienne ont mis l’accent sur la dédollarisation, favorisant les échanges en monnaies locales pour réduire la dépendance au dollar américain. Ces initiatives, portées par un groupe élargi (BRICS+) incluant le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud, ainsi que de nouveaux membres comme l’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran, les Émirats arabes unis et l’Indonésie, représentent près de la moitié de la population mondiale et 40 % du PIB global. Les agendas incluent la réforme du commerce international pour contrer le protectionnisme occidental, la gouvernance de l’intelligence artificielle, et des projets de développement durable, tout en renforçant la coopération avec des partenaires d’Amérique latine et d’Asie du Sud-Est. Malgré des divergences internes, ces efforts consolident une coopération Sud-Sud, avec des outils comme une banque de développement pour financer des infrastructures et une plateforme de paiements unifiée.

 

 

Un autre sommet (OCS), tenu fin août 2025 à Tianjin en Chine, a souligné la quête d’une stabilité eurasienne face à un Occident perçu en déclin économique et sociétal. Réunissant des leaders de la Chine, de la Russie, de l’Inde et d’autres États asiatiques, ce forum a promu une coopération en matière de sécurité, d’intelligence artificielle et d’extraction de ressources critiques, avec des propositions de financement massif pour des projets régionaux. Le commerce au sein de ce bloc a bondi de 25 % en 2023, atteignant des centaines de milliards de dollars, contrastant avec une croissance mondiale occidentale freinée à 2,3 % pour 2025, marquée par un ralentissement du PIB américain, une inflation persistante en Europe, une hausse du chômage et une érosion des valeurs traditionnelles.

Ces évolutions signalent un basculement vers un monde multipolaire, où les sanctions unilatérales et les doubles standards occidentaux sont contestés, favorisant des accords régionaux et une attractivité accrue pour les investissements directs étrangers.

La France face à un choix crucial : quitter l’UE pour sauvegarder son avenir

Dans ce contexte, la France se trouve à un carrefour stratégique. L’Union européenne, par ses alignements rigides sur des intérêts atlantistes et ses politiques qui exacerbent les tensions commerciales – comme cette fermeture polonaise qui pénalise l’ensemble du bloc – semble œuvrer à sa propre perte et à celle des peuples qui la composent. En persistant dans une dépendance vis-à-vis de Washington et en ignorant les opportunités offertes par les nouveaux pôles de puissance, l’UE risque l’isolement économique et géopolitique, aggravant les crises internes comme l’inflation, le chômage et la désindustrialisation.

Pour la France, il est impératif de se repositionner en souveraineté : quitter l’UE pour nouer des partenariats équilibrés avec les blocs émergents, préservant ainsi son identité, son économie et son influence globale. Une telle démarche permettrait de s’affranchir d’une structure bureaucratique qui, au lieu de protéger, expose ses membres à des conflits extérieurs et à une concurrence déloyale, favorisant un avenir où les nations reprennent le contrôle de leur destin.

https://multipol360.com/la-pologne-bloque-lacces-des-marchandises-chinoises-a-leurope/


 

D) La Pologne reconnait une nouvelle accusation sans fondement contre la Russie

Dans un contexte de tensions géopolitiques persistantes en Europe de l’Est, un incident survenu en Pologne a récemment fait les gros titres, révélant une fois de plus les pièges des accusations hâtives. Le 18 septembre 2025, le journal allemand Berliner Zeitung a rapporté que les autorités polonaises avaient officiellement admis que le missile qui avait endommagé une maison dans la région de Lublin provenait d’un de leurs propres avions de chasse F-16, et non d’une attaque russe comme initialement supposé.

Cet aveu met en lumière non seulement un dysfonctionnement technique, mais aussi la propension récurrente à pointer du doigt la Russie pour tous les maux, une pratique qui alimente les narratifs de propagande et complique les relations internationales.

 


Rappel des faits

L’incident remonte à la nuit du 9 au 10 septembre 2025, lorsque 19 drones russes non armés auraient pénétré l’espace aérien polonais, dont 15 ont atterri sans cible précise, sans causer de blessés, provoquant une réponse immédiate des forces armées polonaises. Des avions F-16 ont été déployés pour intercepter ces engins, considérés comme une provocation de Moscou dans le cadre du conflit en Ukraine. Lors de cette opération, un missile air-air AIM-120 AMRAAM a été lancé contre l’un des drones, mais un défaut de guidage l’a empêché d’atteindre sa cible. Au lieu de cela, le projectile a atterri sur le toit d’une maison dans le village de Wyryki-Wola, près de la frontière biélorusse, causant des dommages matériels sans faire de victimes.

 


 

Initialement, les autorités polonaises ont attribué les dégâts à un drone russe abattu. Cependant, des enquêtes ultérieures, rapportées par des médias comme Rzeczpospolita, ont révélé la vérité : il s’agissait bien d’un missile polonais défectueux qui n’avait pas explosé à l’impact.

Tomasz Siemoniak, coordinateur des services de renseignement polonais, a confirmé lors d’une déclaration que « tout indique que c’était une roquette tirée par notre avion lors de la défense de la Pologne », tout en précisant que des investigations étaient encore en cours pour une confirmation définitive.

Le Premier ministre Donald Tusk a, de son côté, maintenu que la responsabilité ultime incombait à la Russie pour avoir initié l’incursion de drones, qualifiant l’événement de « provocation ».

L’armée polonaise a promis une compensation pour les dommages causés à la résidence, et le président polonais a exigé des explications détaillées sur cet incident embarrassant. Cet épisode n’est pas isolé ; il rappelle un incident similaire en novembre 2022, où un missile ukrainien avait atterri en Pologne, initialement imputé à la Russie avant que les faits ne soient démentis.

 


 

La sempiternelle facilité d’accuser la Russie

Cet événement illustre une tendance bien ancrée dans les discours médiatiques et politiques occidentaux : la facilité à accuser la Russie de tous les maux de la terre. Dans un climat de guerre froide renouvelée, où les tensions avec Moscou sont exacerbées par le conflit en Ukraine, les narratifs anti-russes prolifèrent souvent sans vérification approfondie. Des médias et des responsables politiques sautent rapidement aux conclusions, alimentant une rhétorique belliqueuse qui peut escalader les conflits inutile

En fin de compte, cet incident rappelle l’importance d’une enquête rigoureuse avant toute accusation publique. Alors que la Pologne renforce ses défenses aériennes – y compris avec des systèmes Patriot et des F-16 – Macron saute sur l’occasion et déploie trois Rafales de type « médiatique » face aux menaces russes persistantes…

 


 

N’oublions pas ce que disait un grand-maître de la propagande allemande abjecte : “un mensonge répété mille fois se transforme en vérité”, Joseph Goebbels.

https://multipol360.com/la-pologne-reconnait-une-accusation-russe-sans-fondement/

mai 02, 2021

Crise identitaire ! Identitarisme !

Ce site n'est plus sur FB (blacklisté sans motif), alors n'hésitez pas à le diffuser au sein de différents groupes ( notamment ou j'en étais l'administrateur), comme sur vos propres murs respectifs. D'avance merci. L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...

Merci de vos lectures, et de vos analyses. Librement vôtre - Faisons ensemble la liberté, la Liberté fera le reste. N'omettez de lire par ailleurs un journal libéral complet tel que Contrepoints: https://www.contrepoints.org/ 

Al, 

 

PS: N'hésitez pas à m'envoyer vos articles (voir être administrateur du site) afin d'être lu par environ 3000 lecteurs jour sur l'Université Liberté (genestine.alain@orange.fr). Il est dommageable d'effectuer des recherches comme des CC. 

Merci

 


 

SOMMAIRE:

- A) «Les identitaristes ont fait voler en éclat le récit commun de l’humanité» avec Perrine Simon-       Nahum  de

- B) La Dérive identitariste avec Jean Bernabé;  de Jean Derive Paris, L’Harmattan, 2016, 201 p

- C)  « L'identitarisme condamne ses fidèles à une aliénation perpétuelle »de Laurent Dubreuil. Propos recueillis par Source Le Point

 


  A) «Les identitaristes ont fait voler en éclat le récit commun de l’humanité» avec Perrine Simon-       Nahum

Dans «  Les Déraisons modernes  », la philosophe Perrine Simon-Nahum s’élève contre les nouveaux mythes qui retirent à l’homme sa capacité à s’inscrire dans l’Histoire. Collapsologie, «  guerre des identités  », théories décoloniales enferment bien davantage qu’elles ne libèrent, analyse-t-elle, appelant ses concitoyens et, plus largement les démocraties, à «  se faire confiance  ».

«  Nous avons cessé de nous faire confiance  », regrettez-vous, en dénonçant une pseudo «  vision vertueuse du monde  », porteuse en fait d’«  un puissant nihilisme  ». Est-ce une dimension essentielle de l’époque actuelle ?

Essentielle car cette confiance est ce qui permet à l’individu de relier la vision qu’il a de lui-même, de ses relations aux autres, à ce que le monde peut lui apporter et à ce qu’il peut, lui, apporter en retour au monde. Plus largement, nos démocraties souffrent de ce manque de confiance, car elles ont cessé de reposer sur le partage d’éléments objectifs.

Autre idée-force de votre livre : l’importance de «  l’individu historique  ».

Nous sommes arrivés aujourd’hui, dans le domaine de la pensée, à l’épuisement des philosophies qui remettaient en cause l’idée de «  sujet  ». Il ne s’agit évidemment pas de revenir à l’idée d’un individu «  maître de la nature  » mais de considérer l’homme du point de vue de sa condition historique, comme à la fois héritier et acteur de sa propre histoire. Seul cela nous permettra de sortir de la mélancolie de notre époque, du sentiment que nous sommes les héritiers d’un monde qui a failli, face aux victimes de toutes sortes ou lors des massacres qui ont ponctué le XXe siècle.

Cette «  guerre des identités  », importée des Etats-Unis, a-t-elle gagné en France ?

Elle tend aujourd’hui à se diffuser aussi bien dans les médias que sur les bancs de l’université ou dans l’opinion. Son pouvoir de séduction est grand dans la mesure où d’une part, elle offre une vision du monde simpliste et d’autre part, elle s’impose à travers la violence des discours.

«  L’idée même selon laquelle on appartient à une identité, à un groupe est une idée réactionnaire dans la mesure où elle interdit le fait d’en sortir, voire de la subvertir de l’intérieur. Quand cette identité est érigée contre d’autres, elle devient xénophobe ou raciste  »

Ne participe-t-elle pas, au contraire, à la confrontation des idées ?

Je ne pense pas et ce, pour deux raisons. D’une part, parce qu’elle entretient une désorientation des individus qu’elle considère uniquement comme des victimes. C’est le cas des thèses décoloniales, des théories du genre ou du «  queer  » qui, à l’origine, se voulaient émancipatrices et sont aujourd’hui liberticides car elles enferment les gens dans une identité. En sortir revient à leurs yeux à trahir sa communauté d’origine. D’autre part, parce que les formes qu’elle emploie sont des formes violentes, guerrières qui dressent les gens les uns contre les autres.

Vous citez les propos de Houria Bouteldja, porte-parole des Indigènes de la République, («  J’appartiens à ma famille, à mon clan, à mon quartier, à ma race…  ») et les rapprochez de ceux du Front national. Une illustration, selon vous, de «  la jonction inattendue entre les récits fondamentalistes et réactionnaires  » ?

L’idée même selon laquelle on appartient à une identité, à un groupe est une idée réactionnaire dans la mesure où elle interdit le fait d’en sortir, voire de la subvertir de l’intérieur. Quand cette identité est érigée contre d’autres, elle devient xénophobe ou raciste, comme dans le cas du racisme anti-blanc d’Houria Bouteldja.

Vous vous élevez contre les «  théories collapsologiques  ». Mais comment les jeunes générations ne seraient-elles pas sensibles au discours de Greta Thunberg demandant à leurs aînés de rendre des comptes sur l’état de la planète ?

Est-ce une analyse juste ? Pourquoi toujours être dans l’accusation ? On n’en finit pas de remonter la chaîne des responsabilités sans savoir d’ailleurs qui exactement incriminer. Pourquoi ne pas célébrer dans le même temps les progrès que nous accomplissons comme la découverte de vaccins anti-Covid en moins d’une année ? Chaque génération doit prendre sa part dans le monde à sa mesure. Aux jeunes de s’engager dans le sens qui leur paraîtra positif. Accuser les autres est une position facile. Elle évite de faire soi-même des choix.

«  Que sont les relations humaines, sinon des relations où chacun se frotte aux autres pour le meilleur et pour le pire ? Les relations, nous le savons, ne vont jamais dans un sens. Nous aimons, nous nous séparons. Nous naissons, nous mourons. C’est le sens même de la vie​  »

Plus généralement, le politologue Jérôme Fourquet jugeait récemment dans l’Opinion que l’incompréhension entre les générations, phénomène connu, est accentuée aujourd’hui par le fait que les plus jeunes sont totalement sortis du «  référentiel judéo-chrétien  ». Une analyse que vous partagez ?

Les référentiels changent en fonction des générations. Mais là où son analyse se vérifie, c’est qu’en nous excluant de l’histoire comme elles le font depuis trente ans, les pensées effondristes ou les identitaristes ont fait voler en éclat le récit commun de l’humanité, celui qui permet à la fois de se reconnaître des héritages mais aussi de les critiquer et d’ouvrir sur un autre avenir.

Les attentats puis la Covid ont, dites-vous, développé la culture américaine du «  safety system  ». A défaut d’être à l’abri nulle part, il faudrait pouvoir se préserver de toute agression psychologique dans la vie quotidienne…

Cette tendance s’est radicalisée avec la culture «  woke  » où les individus sont mis dans des «  bulles  », en situation de quasi-isolement afin de ne pas se sentir «  agressés  ». C’est le comble des dérives identitaires. Que sont les relations humaines, sinon des relations où chacun se frotte aux autres pour le meilleur et pour le pire ? Les relations, nous le savons, ne vont jamais dans un sens. Nous aimons, nous nous séparons. Nous naissons, nous mourons. C’est le sens même de la vie.

Doit-on organiser un hommage aux victimes de la Covid ?

Il faudra du temps pour prendre la mesure de l’événement. Et si l’on décide de commémorer, que faudra-t-il commémorer ? Sous quel prétexte ? La dette d’une société qui n’aura pas su préserver ses citoyens d’une mort possible ? Cette commémoration sera-t-elle une forme de repentance, celle de gouvernements qui n’auront pas su prévoir la pandémie ? Mieux vaut en tirer des leçons pour l’avenir et comprendre l’importance qu’il y a à anticiper et, pour cela, à investir dans la matière grise, la recherche. Evitons le culte d’une mémoire mortifère, même si les morts ne doivent pas être oubliés.

«  Je comprends la colère de la communauté juive dans l’affaire Sarah Halimi mais elle s’exerce à mauvais escient (..). On confond justice, politique et opinion.  »

L’histoire, son enseignement, est au centre de controverses aujourd’hui. Faut-il revenir au «  roman national  » ? Au contraire, « d’une certaine manière déconstruire notre propre histoire », comme l’a dit récemment Emmanuel Macron à la chaîne américaine CBS ?

Revenir au roman national n’a pas de sens. Par ailleurs, si le président avait à l’esprit la possibilité pour les Français de se reconnaître dans un récit multiple et partageable, c’est une bonne chose. L’histoire n’est pas un récit mono causal du passé. Elle n’aboutit pas à l’expression d’une vérité unique mais elle n’est pas non plus relativiste. Comme le disait Raymond Aron, elle est plurielle et pluraliste. Tel est le but de ce qu’on a coutume d’appeler aujourd’hui « l’histoire globale » quand elle n’est pas idéologique.

Vous êtes l’auteure de «  Les Juifs et la modernité  » (Albin Michel, 2018). L’arrêt de la Cour de cassation dans l’affaire Sarah Halimi vous choque-t-il ?

Il ne me choque pas et ne doit pas le faire car comme citoyenne française et juive, et en dépit des leçons de l’histoire, je crois aux institutions. Je plaide même pour elles dans mon ouvrage. Il faut se garder en l’espèce de confondre la justice et le sentiment de justice. Je comprends la colère de la communauté juive, mais elle s’exerce à mauvais escient même si on doit bien entendu prendre en compte les sentiments de la famille de Sarah Halimi. On confond justice, politique et opinion. Si le pouvoir politique veut intervenir, c’est là qu’il doit le faire, en cessant d’euphémiser les discours, en appelant un « chat » un « chat ». Nos institutions meurent de la lâcheté des politiques qui rangent dans les tiroirs le rapport Obin (sur les atteintes à la laïcité à l’école) et désignent les immigrés comme des victimes au lieu de les intégrer dans le paysage national.

La «  Lettre des généraux  » qui appelle à une «  intervention de l’armée  » pour mettre fin au «  délitement  » du pays est approuvée par 58 % des Français (sondage Harris Interactive/LCI). Que cela vous inspire-t-il ?

Là encore, chaque institution doit rester à sa place et on ne peut que s’inquiéter, à l’horizon de la présidentielle de 2022, de voir les Français appeler de leurs vœux la venue au pouvoir d’un homme fort. Cela prouve qu’ils ont oublié l’histoire.

 

 Source: L'Opinion





B) La Dérive identitariste avec Jean Bernabé

Pour le linguiste cognitiviste qu’est Jean Bernabé, le langage n’est pas qu’un outil de communication qui sert à rendre compte d’un rapport cognitif au monde que nous aurions a priori et dont il ne serait qu’un effet actualisé. Il est, ainsi que l’ont montré par ailleurs les ethnolinguistes, le cadre transcendantal – au sens kantien du terme – à l’intérieur duquel s’inscrit nécessairement notre système cognitif façonné par sa structure même. Si bien que les dérives linguistiques sont toujours des dérives cognitives qui entretiennent entre elles un rapport dialectique, dans la mesure où l’être humain pense « tout en étant aussi “pensé” par son inconscient », selon un mécanisme de relations théorisé par Lacan sous le sigle RSI (réel/symbolique/imaginaire).

À partir de ces prémisses, l’auteur, convoquant à la fois la linguistique, la philosophie et la psychanalyse, examine l’emploi qui est fait aujourd’hui du concept d’identité dans l’usage social courant, en particulier dans les médias, pour y relever une série de glissements dommageables susceptibles de conduire aux pires dérives identitaristes (idéologie revendiquant pour les peuples et communautés une identité supposée essentielle et immuable), avec ses corrélats bien connus que sont le chauvinisme, le racisme, le communautarisme, la xénophobie qui nourrissent la plupart des conflits dans le monde.

 Le premier chapitre de l’ouvrage pose les bases théoriques de la thèse défendue par Jean Bernabé. Constatant que l’identitarisme est généralement combattu à partir d’une posture moralisatrice peu efficace (idéologie contre idéologie), l’auteur entend se situer sur un autre plan, celui d’une analyse rationnelle des concepts véhiculés par la langue. Partant d’une démarche résolument étymologique, ce qui est logique de son point de vue puisque, dans une perspective cognitiviste, l’histoire de l’évolution des concepts ne peut être retracée qu’à partir d’une source linguistique, il s’appuie sur la distinction faite par Paul Ricœur dans Soi-même comme un autre1, entre les termes latins ipse et idem pour mieux définir les contours du concept d’identité qui, dans ses usages, peut renvoyer tantôt à l’un tantôt à l’autre avec toutes les ambiguïtés découlant de cette double valeur sémantique.

Une telle distinction a conduit le philosophe à créer deux néologismes discriminants, tous deux impliqués dans le concept d’identité, celui d’ipséité et celui de mêmeté, auxquels Jean Bernabé associe respectivement les propriétés d’évolution et d’impermanence, d’une part, et d’invariance et de permanence, d’autre part. Pour lui, le noyau même du concept d’identité ressortit à celui de mêmeté. Il ne saurait par conséquent s’appliquer à des entités collectives par nature plurielles et donc diverses au sein même de l’ensemble qui en réunit les unités individuelles au nom d’un certain nombre de propriétés communes. L’histoire nous montre en outre, de façon évidente, que les cultures de ces communautés ne sont pas des essences immuables et qu’elles sont soumises à évolution. Tout au plus, pour rendre compte de ce qu’elles peuvent avoir de particulier à un instant « t » de l’histoire, peut-on parler à leur propos de spécificité, état ethnoculturel qui est quant à lui variable en fonction des aléas de l’histoire. Dans la mesure où l’analyse de Jean Bernabé accorde une importance capitale à l’étymologie, le terme n’est pas choisi au hasard puisque ce substantif, de par son origine latine, renvoie au concept d’espèce et non à celui d’individu. 

À partir de cette distinction fondamentale entre ipséité et mêmeté, Jean Bernabé explore toute une série de paires oppositionnelles qui lui sont implicitement subordonnées, telles que virtuel/actuel, abstrait/concret, matériel/immatériel, idéalisme/matérialisme, intrinsèque/extrinsèque, transcendance/immanence, absolu/relatif, essentialisation/réification (…) dont les emplois pervertis ou la confusion dans les usages qui en sont faits viennent complexifier encore les amalgames inhérents au concept d’identité.

Après ces considérations théoriques, les chapitres suivants sont surtout des chapitres d’illustration. L’auteur commence par explorer tous les domaines de la vie sociale où, faute de la clarification conceptuelle exposée dans le chapitre I, l’utilisation abusive du terme identité appliqué à des collectivités favorise une dérive « essentialiste » laissant entendre que des communautés auraient de toute éternité une identité en soi, portée par leur langue, leur religion, leur régime politique, leurs coutumes, voire leur prétendu déterminisme racial…

Puis, il se fait un plaisir de recenser et d’analyser un grand nombre d’exemples médiatiques qui, en parlant d’identité collective à propos de groupes, déterminés par leur appartenance biologique (en particulier sexuelle), géoculturelle, religieuse etc., font le lit de l’identitarisme. Ces exemples concernent non seulement ceux qui sont en toute conscience d’idéologie « identitariste », dans le sens sectaire du terme, mais aussi – et c’est peut-être là le plus intéressant – les militants anti-identitaristes qui ont une conception ouverte et plurielle d’une identité conçue comme collective. En ayant recours en toute bonne foi à ce concept d’identité collective, utilisé de façon positive comme vecteur d’enrichissement entre les peuples, en lieu et place de celui de spécificité ethnoculturelle, ils n’en accréditent pas moins, selon Jean Bernabé, une interprétation de l’identité propice à une dérive essentialiste. En toute honnêteté, l’auteur ne néglige d’ailleurs pas de faire sa propre autocritique à propos de l’ouvrage dont il est le co-auteur (avec Patrick Chamoiseau et Raphaël Confiant) : Éloge de la créolité2. Il se fait à lui-même le reproche de ne pas avoir été assez vigilant à l’époque, tombant dans le travers qu’il dénonce aujourd’hui quant à l’usage du terme « identité ».

Passant en revue les positions d’un certain nombre de journalistes, d’hommes politiques, d’écrivains et d’intellectuels, il montre qu’avec la meilleure volonté, la plupart adoptent sur cette question une position qui est loin d’être totalement clarifiée. Deux exceptions notables : le socio-anthropologue Edgar Morin3 et le philosophe Michel Serres4, à propos desquels Jean Bernabé souligne, citations à l’appui, la proximité de leurs thèses avec les siennes qu’il développe encore plus radicalement.

L’auteur étant antillais, rien d’étonnant à ce que son dernier chapitre, sous le titre « Les avatars de la domination coloniale et la formation des spécificités guadeloupéenne, guyanaise et martiniquaise », traite le sujet abordé tout au long de l’ouvrage en se focalisant sur cet ensemble géopolitique où l’histoire a rendu cette question particulièrement brûlante et complexe.

Dans sa conclusion, Jean Bernabé propose logiquement, compte tenu de ses analyses précédentes, de remplacer l’expression « identité des peuples », qui fait aujourd’hui florès mais dont il a démontré l’ambiguïté dangereuse, par celles, à ses yeux plus adéquates, de « spécificité ethnoculturelle » ou de « singularité des peuples ». Cette modification linguistique, pour ne pas rester une question de mots sans incidence sociopolitique, devra s’appuyer sur une conscience historique qui, des pérégrinations de l’Homo sapiens aux migrations contemporaines consécutives aux impérialismes et néocolonialismes de tout poil, questionne en permanence ces spécificités et met en lumière la relativité, à l’inverse exact d’une catégorie essentielle. L’auteur avance l’hypothèse que cette illusion de l’essentialité identitaire des peuples, entraînant une confusion entre « identité », qualité propre à un individu, et « spécificité », propriété des groupes humains, remonterait probablement à une époque où, la mondialisation des échanges étant moins répandue et moins rapide qu’aujourd’hui, une relative autarcie des sociétés rendait leur évolution peu perceptible. Ce n’est évidemment plus le cas de nos jours où la confrontation brutale de cultures très différentes favorise la méfiance de l’Autre et les replis communautaires. L’éducation doit jouer un rôle capital pour combattre ce phénomène, non pas seulement au nom d’une posture moralisatrice, mais par un cheminement « vers une meilleure compréhension du Réel, de l’Imaginaire et du Symbolique [la trilogie lacanienne], registres constituant l’ontologie au niveau de la vie quotidienne des peuples » (p. 173).

L’ouvrage est précédé d’une préface de Jean-Rémi Lapaire, professeur de linguistique cognitive à l’Université Bordeaux-Montaigne, qui montre la pertinence d’une approche de la question sous l’angle de la linguistique cognitive. Il est également enrichi de trois textes en appendice qui font chacun écho aux réflexions de Jean Bernabé. Dans les deux premiers, Robert Saé et Maurice Laouchez, tous deux membres du collectif Kolétetkolézépol, examinent la portée des thèses avancées à la lumière du combat pour l’émancipation des peuples colonisés, notamment dans le monde caraïbe. Jean-Luc Bonniol, anthropologue et historien, professeur émérite de l’Université d’Aix-Marseille, signe le troisième, dans lequel il propose quelques réflexions pour éclairer la naissance de l’illusion essentialiste associée au terme d’identité, concomitante de sa récente fortune dans le langage politique. Cette analyse est particulièrement intéressante car elle ne se contente pas de valider les propositions de l’auteur de l’ouvrage, elle les complète par une réflexion personnelle, nourrie de celle d’autres anthropologues et sociologues, sur la polysémie du terme « identité » envisagée sous un angle relativement peu développé par Jean Bernabé.

Au terme de la lecture de cet ouvrage, se posent deux questions, celle de la cohérence de la démarche et celle de son efficacité sociale dans la mesure où il se veut militant.

Pour ce qui est du premier point, on ne peut que constater la cohérence interne de la démonstration à partir du moment où l’on accepte les prémisses du raisonnement : si l’on admet avec l’auteur que le terme identité formé sur le mot latin idem auquel il doit sa morphologie, relève de la catégorie ontologique de l’« essentiel » et désigne une propriété immuable de l’individu qui demeure quels que soient les changements que son histoire peut lui faire subir (la mêmeté de Ricœur), il est certain que son usage ne peut effectivement s’appliquer qu’à des entités individuelles et est à bannir pour ce qui est des groupes aux individualités diverses, soumis aux aléas de l’histoire et à propos desquels l’idée de conscience collective n’est qu’une métaphore. Parler à leur propos d’identité collective est un abus de langage conduisant aux dérives essentialistes de l’identitarisme.

Un tel positionnement fait toutefois bon marché des différents emplois du mot idem en latin. Celui-ci ne sert pas seulement en effet à désigner la permanence de telle ou telle propriété d’une entité individuelle sur un axe diachronique où l’idée de similitude ne porte que sur une succession d’instants « identiques » les uns aux autres. Il s’emploie aussi au premier chef pour exprimer la similitude d’une entité par rapport à une autre. En ce sens, en reconnaissant différents objets comme « identiques », il renvoie à la notion d’homologie qui fonctionne bien en anthropologie en créant des typologies modales de civilisation5, ou en ayant parfois recours à la notion d’universaux de culture. Il est peut-être dommage que, dans un ouvrage dont l’objectif affiché est de traiter d’anthropologie culturelle et politique, cette voie sémantique de l’homologie véhiculée par le terme idem et son corrélat identique n’ait pas été davantage explorée à propos des contacts de culture. De son côté, le concept porté par le terme latin ipse est sans doute capable de transcender davantage l’histoire de l’individu que ne le suggère l’auteur. Ne peut-on faire l’hypothèse que ce concept est capable d’exprimer une certaine permanence dans la conscience qu’on a de soi (le self anglais), ce qui ne saurait être totalement étranger au concept d’identité vécue comme un état subjectif ?

À ce propos, on peut se demander si la proposition de Jean Bernabé de remplacer l’expression « identité des peuples » par « spécificité ethnoculturelle » relève d’une équation sémantique dont le deuxième terme correspond simplement à une façon plus juste de désigner un même référent. Pour moi, l’une et l’autre expression ne renvoient pas à la même chose. L’expression « spécificité ethnoculturelle » correspond à un point de vue de l’extérieur qui recherche l’objectivité, même si l’on sait bien que cet horizon ne peut être atteint. C’est le point de vue du scientifique, sociologue, anthropologue (etc.) qui étudie une société. La notion d’« identité culturelle des peuples », pour fantasmatique qu’elle soit, correspond en revanche à un point de vue subjectif vécu de l’intérieur : peu importe qu’il coïncide ou non avec la réalité ; on sait depuis longtemps que ce que les sociologues relèvent des comportements objectifs des groupes ne correspond que rarement au stéréotype idéel que s’en font les membres qui les composent. Il n’empêche que les deux points de vue existent et ne sont pas superposables. Parler de « spécificité ethnoculturelle » pour désigner la conscience stéréotypée et commune de leur singularité en tant que groupe qu’ont une partie significative des membres d’une communauté, n’est-ce pas justement mal nommer les choses et trahir quelque peu la citation de Camus que Jean Bernabé a mise en exergue de son chapitre I : « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » ?

Si des communautés pensent avoir une identité collective faut-il, au prétexte qu’il s’agit d’une illusion dangereuse, occulter cette réalité idéelle en la bannissant du langage et en remplaçant les termes et expressions qui en rendent compte par d’autres expressions qui renvoient en fait à une autre réalité ? N’est-il pas plus salutaire d’acter le fait que ce point de vue illusoire existe et de travailler à montrer ce qu’il a de fallacieux dans sa vision essentialiste, ainsi que Jean Bernabé le fait justement très bien et utilement dans son livre, arguments linguistiques et philosophiques à l’appui. C’est pourquoi, pour ma part, plutôt que de préconiser le bannissement du mot « identité » lorsqu’il est appliqué à des groupes, je recommanderais un encadrement systématique de son emploi de la part des intellectuels et acteurs médiatiques à qui Jean Bernabé s’adresse dans son ouvrage. À eux la charge de faire comprendre, dans le sillage de Lévi-Straussque l’identité est « une sorte de foyer virtuel auquel on [peut] se référer pour expliquer certaines choses, mais qui n’a pas d’existence réelle »6 et que ce concept ne peut qu’être métaphorique lorsqu’il renvoie à des groupes.

Ces considérations n’invalident pas le principe du combat militant pour ne pas se laisser piéger par les mots et leurs dérives sémantiques entraînant des confusions cognitives. On sait qu’il s’agit d’un combat long et difficile car l’usage, surtout à notre époque de médiatisation à outrance, est souvent plus puissant que les intellectuels (linguistes, philosophes) qui entendent légiférer en la matière pour plus de cohérence. On a cependant des exemples d’actions militantes qui ont eu quelques incidences sur l’usage de certains termes, au moins dans leur emploi officiel : ainsi en va-t-il de mots comme « race » ou « schizophrène ». Cependant, la voie est étroite entre l’exigence de vérité de la démarche philosophique et les vertueuses postures du « politiquement correct ». Puisse le livre de Jean Bernabé, par la richesse et la profondeur des analyses qu’il propose, contribuer à combattre la dérive identitariste par un usage plus juste du mot « identité ».

Notes

1 Paris, Le Seuil, 1990 (« Points Essais »).

2 Paris, Gallimard, 1993 [1988].

3 Cf. Edgar Morin, La Méthode, 5. L’humanité de l’humanité : l’identité humaine, Paris, Le Seuil, 2001.

4 Cf. Michel Serres, L’Incandescent, Paris, Le Pommier, 2003 (« Essais »).

5 Cf., par exemple, Philippe Descola, Par-delà nature et culture, Paris, Gallimard, 2005 (« Bibliothèque des sciences humaines »).

6 Cf. Claude Lévi-Strauss, ed., L’Identité. Séminaire interdisciplinaire, Paris, Grasset, 1977 : 322.

Pour citer ce document

Référence papier

Jean Derive, « Jean Bernabé, La Dérive identitariste », L’Homme, 222 | 2017, 159-162.

Référence électronique

Jean Derive, « Jean Bernabé, La Dérive identitariste », L’Homme [En ligne], 222 | 2017, mis en ligne le 01 juin 2017, consulté le 02 mai 2021. URL : http://journals.openedition.org/lhomme/30439 ; DOI : https://doi.org/10.4000/lhomme.30439 

Auteur

Jean Derive

Du même auteur

 



 

- C)  « L'identitarisme condamne ses fidèles à une aliénation perpétuelle »

Dans « La Dictature des identités », Laurent Dubreuil pointe la dérive identitariste qui s'empare des universités américaines et gagne désormais la France.

Les Métamorphoses du poète latin Ovide interdites d'enseignement car menaçant « l'espace sécurisé » de certains étudiants ? Un plat vietnamien servi dans une cantine universitaire débouchant sur une accusation d'« appropriation culturelle » ? Des remises de diplômes en marge des cérémonies officielles et destinées aux « lavandes » (lesbiennes, gays, transgenres…) ? Bienvenue dans le joyeux monde de l'identitarisme triomphant ! Avec La Dictature des identités, Laurent Dubreuil, professeur à l'université de Cornell, revient avec humour et férocité sur les multiples revendications identitaires qui débordent les limites des seuls campus américains et sont, selon lui, autant de micro-totalitarismes en devenir. Entretien.

Le Point : Vous dénoncez dans votre ouvrage la mise en place d'un « despotisme démocratisé », qui serait désormais exercé par des minorités se réclamant d'identités multiples. N'est-ce pas un terme trop fort ?

Les Métamorphoses du poète latin Ovide interdites d'enseignement car menaçant « l'espace sécurisé » de certains étudiants ? Un plat vietnamien servi dans une cantine universitaire débouchant sur une accusation d'« appropriation culturelle » ? Des remises de diplômes en marge des cérémonies officielles et destinées aux « lavandes » (lesbiennes, gays, transgenres…) ? Bienvenue dans le joyeux monde de l'identitarisme triomphant ! Avec La Dictature des identités, Laurent Dubreuil, professeur à l'université de Cornell, revient avec humour et férocité sur les multiples revendications identitaires qui débordent les limites des seuls campus américains et sont, selon lui, autant de micro-totalitarismes en devenir. Entretien.

Le Point : Vous dénoncez dans votre ouvrage la mise en place d'un « despotisme démocratisé », qui serait désormais exercé par des minorités se réclamant d'identités multiples. N'est-ce pas un terme trop fort ?

Laurent Dubreuil : Le terme de « despotisme démocratisé » est sans doute fort. Vu les circonstances actuelles, il ne l'est hélas pas trop. Je vois dans le despotisme une pratique politique organisée qui, reposant sur l'arbitraire, la violence, l'exclusion et la censure, ne saurait remettre en cause sa propre légitimité. Le despotisme est traditionnellement le fait d'un souverain ou d'un parti. L'actuelle forme identitaire, que je dénonce, « démocratise » la dictature en la mettant au niveau de tout le monde. Dans ce régime en formation, chaque identité se fonde d'elle-même, elle se connaît et se reconnaît à des traits qui lui seraient « propres », elle ne saurait être discutée, elle jouit de droits exclusifs, y compris celui de réduire au silence celles et ceux qui ne se conforment pas à sa petite dictature. Les « réseaux sociaux », avec leurs oukases, leurs manifestations de groupe et leur verbiage soliloquant, offrent l'idéale plateforme pour l'expression coordonnée de ce que Gilles Deleuze et Félix Guattari nommaient des « micro-fascismes ».

Pour vous, la logique de victimisation et la souffrance comme marque identitaire emprisonneraient ceux qui s'en réclament. Mais un mouvement comme #MeToo a surtout eu de nombreuses vertus, non ?

Partout dans l'expérience humaine se trouvent de la souffrance et des victimes. Je n'appelle pas à faire comme s'il n'était rien de négatif. Ce que je dénonce, c'est le piège de l'identité politique contemporaine, qui finit par installer chacune et chacun dans une douleur devenant l'alpha et l'oméga de son existence. À force de définir chaque identité par une victimisation sans cesse renouvelée, on ne peut plus séparer l'oppression de ce que l'on est : renoncer à la souffrance reviendrait à se trahir. Ainsi, l'identitarisme condamne ses fidèles à une aliénation perpétuelle, éventuellement agrémentée de menus moments de vengeance, et à une reconduction d'ensemble de la domination politique, sous le couvert de « rééquilibrages ».

Il n'est pas étonnant que règne l'hypocrisie.

Le mouvement #MeToo était beaucoup de choses à la fois. Une prise de parole à l'encontre des violences sexuelles a plus d'une « vertu » (pour employer votre mot). Mais une telle parole peut être proférée sans ratifier pour autant le mythe d'une identité masculine ou l'équation entre l'expérience féminine et celle du viol. On peut en outre s'interroger sur la fausse spontanéité de la parlure électronique qui passe pour le synonyme d'un mouvement sociétal. Il est quand même intéressant que le hashtag #MeToo dise, dans l'ordre : 1) l'inscription du marquage électronique (le signe dièse) en ouverture de phrase ; 2) l'expression du moi ; 3) la redéfinition de ce moi en fonction d'une donnée qui lui préexiste et qu'il répète (« moi aussi »). La juste dénonciation de la « domination masculine » prend ainsi, via Twitter, un tout autre aspect et sert à résumer la production informatique de sujets psychiques déjà configurés selon des situations jugées cruciales.

Vous soulignez l'hypocrisie de certains théoriciens, comme Judith Butler, qui, tout en défendant une identité fluide, avec laquelle on pourrait jouer, appuient également les revendications de ceux qui se réclament d'une identité naturalisée, voire racialisée. 

Si nous sommes bien face à une dictature en voie de cristallisation, il n'est pas étonnant que règne l'hypocrisie. J'ai de nombreux collègues en ce moment qui – me témoignent-ils en privé – rejoignent mes analyses. Pourtant, ils ne seraient pas vus en public en train de critiquer le moindre aspect du dogme identitaire. Quand Judith Butler signe un texte qui condamne une jeune enseignante voulant prendre la défense des « transraces », l'auteure de Trouble dans le genre est prise la main dans le sac. Butler, qui, officiellement, présentait le queer comme alternatif à la politique d'identité, ne semble guère gênée par les idées que véhicule la pétition, et qui voudrait qu'on naisse plus ou moins transgenre, que la race (voire l'affiliation religieuse) s'hérite, etc. Le problème supplémentaire, à mon sens, tient au fait que Butler n'a en réalité jamais été aussi critique de l'identité que ce qu'elle prétendait, ainsi que je le montre dans mon livre. Je sais que ce dernier propos peut surprendre en France, où le mariage et la manif dits « pour tous » ont provoqué des querelles illusoires pour ou contre la prétendue « théorie du genre » et où Judith Butler est l'héroïne du progressisme genré. Mais je renvoie à la lecture que je livre dans La Dictature des identités et j'ajoute qu'une des causes de la difficulté présente tient à tout un ensemble de faiblesses et de complicités conceptuelles dans le système d'intellectuels comme Judith Butler.

D'après votre analyse, cette montée des revendications identitaires est indissociable de la révolution numérique et du développement des réseaux sociaux.

La politique d'identité n'a pas attendu les réseaux sociaux pour advenir. À certains égards, l'identitarisme se contente de faire revenir le pire de la politique ordinaire. Mais l'enrégimentement électronique des esprits et des discours est un phénomène qui change la donne. Le capitalisme est désormais technologique, communicationnel et mondialisé. À ce titre, ce qui passe « aux États-Unis » est instantanément transféré et multiplié sur le réseau et il n'appartient, dès lors, plus à tel ou tel pays. Bien que l'identitarisme conserve ses foyers localisés (comme le campus américain), il circule à la surface du globe, il se dissémine, il essaime. Fondamentalement, ramener la vie au connu, catégoriser les personnes, réduire le champ des possibles à des choix donnés, restreindre la création sont autant de projets en phase avec le dessein de commerce et de contrôle des technologies dominant Internet. On y utilise des algorithmes assez sales et assez frustes, qui ont besoin de schématiser toute chose : l'identitarisme est parfaitement adapté à une pareille tâche.

Trigger warnings (« avertissements »), safe space (« espace sécurisé »), cultural appropriation (« appropriation culturelle »)… Cette novlangue au service de l'identitarisme accrédite-t-elle la montée d'un despotisme d'un genre nouveau ?

La novlangue a, en effet, son côté 1984. On pourrait également citer la modification de l'allemand sous le nazisme, que le philologue Victor Klemperer avait étudiée sous l'appellation de Lingua Tertii Imperii. L'origine de nombreux termes comme safe space, micro-agression, trigger warning est à puiser dans un dialecte de l'anglais (le « globish ») qui situe assez Internet comme le lieu de provenance de la phraséologie nouvelle. Avec ces termes qui prolifèrent, on a peut-être moins affaire à un langage qu'à un codage, qu'à un cryptage : au lien de faire sens, le lexique devient une série de mots d'ordre, de commandements en vue de la production de tel ou tel comportement. Je parle dans mon livre de « sociodrones » pour toutes ces pratiques automatiques de dénonciations, d'éloges, de prohibitions en régime identitaire. La novlangue en question serait en ce sens un index d'attitudes et de discours tout faits.

Rejoindriez-vous l'analyse de votre collègue de l'université de Columbia Mark Lilla qui a reproché à cet identitarisme de fragmenter les luttes et de renoncer à des revendications communes, ce qui aurait notamment facilité la victoire de Donald Trump face aux démocrates ?

La critique de l'identitarisme comme obstacle à la « convergence des luttes » est une idée ancienne, et toujours valide. Dans le tract de 1977, qui, semble-t-il, est le plus ancien emploi écrit de l'expression identity politics, les militantes afro-américaines du groupe Combahee River mettent déjà en garde contre le risque d'une méprise et le virage vers ce qu'elles nomment le « séparatisme ». En d'autres termes, dès le début de la politique d'identité, y compris parmi les personnes qui promouvaient cette position, le péril d'une fragmentation était repéré. Dans les années 1990, lors du deuxième essor américain de la politique d'identité, la critique est formulée de nouveau, cette fois de manière extraordinairement développée. Ce débat, à l'intérieur de la gauche et de l'extrême gauche, est une raison pour laquelle on assistera à un net reflux de l'identitarisme aux États-Unis un peu avant les années 2000.

La victoire « idéologique » de Trump résulte aussi du triomphe d'une logique identitaire.

Les autres causes du ressac sont, à la même époque, l'attaque (généralement de droite) contre le « politiquement correct » et aussi cette tendance, proprement américaine, à aller si loin dans une pratique collective destructrice qu'un sentiment d'erreur s'impose. Il suffit de songer ici aux procès de Salem au XVIIe siècle, aux excès du maccarthysme, à la quasi-unanimité pour la seconde guerre en Irak, etc., qui, tous, seront ensuite reniés par la majorité, naguère enthousiaste. Cette dernière tendance sociale est l'une des rares sources d'espoir pour un avenir non identitaire, d'ailleurs. Pour en revenir à l'argumentation de Mark Lilla, elle est donc assez « habituelle ». Seulement, regardez combien elle est désormais isolée : la gauche américaine a largement abandonné la critique de l'identitarisme. En parallèle – et c'est l'une des nouveautés de la configuration présente –, la droite, à commencer par Trump, a soudain embrassé le verbiage des identités navrées. L'homme blanc hétéro, nous dit-on, est une minorité (ce qui, numériquement, est vrai), une victime, qui a des caractères inchangeables, etc. L'action politique est alors reconfigurée au nom de ces attributs, qu'un mur doit « protéger » dare-dare. La victoire « idéologique » de Trump ne résulte donc pas seulement de la « fragmentation des luttes », mais aussi, voire d'abord, du triomphe d'une logique identitaire d'un bout à l'autre de l'échiquier politique.

Vous montrez que les premières victimes de l'identitarisme sont les œuvres d'art. La récente tentative de censure des Suppliantes d'Eschyle à la Sorbonne par des organisations accusant la mise en scène de « racialisme » est-elle la preuve que cet identitarisme a déjà atteint la France ?

Les œuvres d'art sont surtout la cible ultime de l'identitarisme qui, s'il veut tuer en nous toute possibilité de penser et sentir autrement, doit s'empresser d'empêcher l'événement vital que peuvent être un film, un tableau, une sculpture, un poème. Comme je l'ai dit avec insistance, dans mon livre et dans cet entretien même, le milieu idoine de l'identitarisme est électronique et connecté. Il ne saurait donc faire de doute que la dictature dont je parle est à même de déferler partout. Eh oui, la France ne dispose d'aucune immunité contre ces idées. Par ailleurs, l'éloge de « l'identité nationale » dans la politique hexagonale est tout autant identitaire que la volonté d'empêcher les représentations des Suppliantes à cause du crime de blackface...

Là-dessus, la triste ironie de la situation du théâtre de la Sorbonne est que le metteur en scène n'aurait probablement pas été inquiété si, comme tant d'autres avant lui, il avait « blanchi » la pièce d'Eschyle en oubliant que les héroïnes sont décrites comme ayant la peau sombre et l'air « barbare ». La censure agitée au nom de la protection de l'identité noire devient une sorte d'incitation à faire comme si « les Grecs » avaient été sans relation avec les civilisations africaines. Drôle d'antiracisme.

Quels arguments opposer à cet identitarisme qui s'appuie souvent sur des expériences incontestables de violence subie ou de discrimination de tout ordre (racial, sexuel…) ?

La « discrimination de tout ordre » est en effet incontestable. Mais, aux États-Unis où l'identitarisme se porte à merveille, on assiste plutôt en ce moment à certaines régressions évidentes (avec les violences policières à l'encontre les personnes de couleur, par exemple). En réalité, l'identitarisme n'est pas la suite naturelle ou logique de la lutte contre la ségrégation raciale, du féminisme, de l'anticolonialisme, etc. Ce qui se passe est, au contraire, un maintien des discriminations usuelles (voire un renforcement par réaction) qui s'ajoute à l'arrivée de pratiques despotiques identitaires. Assurément, la mise en place contemporaine de l'identitarisme aboutit à une restriction des libertés pour chacune et chacun, un statu quo ou une aggravation des inégalités pour la plupart, et, certes, quelques prébendes pour quelques-uns. Le premier argument à opposer est donc que, si la promotion politique de l'identité a une visée émancipatrice, ce but est manqué. Ensuite, quand un tort est dénoncé, la solution ne saurait jamais être un renversement de la structure d'oppression, mais un refus radical de la situation de domination elle-même. Le corps social en son entier ne gagne rien à ce que soient inversées les injustices (même si d'aucuns préfèrent être « du côté du manche »). Enfin, si nous prétendons vivre en démocratie, le pouvoir ne saurait être morcelé entre divers sous-groupes – quels qu'ils soient – mais doit appartenir au peuple, qui, lui, n'est  pas une identité, mais une entité politique, nécessairement changeante.

Vous enseignez dans une prestigieuse université américaine. Ceux qui se sont élevés contre l'identitarisme dans ce milieu ont souvent été l'objet de violentes attaques, ou ont pu voir leur carrière compromise. Ne craignez-vous pas les conséquences de la parution d'un tel ouvrage ?

Pour l'instant, je suis sans doute relativement à l'abri parce que l'ouvrage n'est disponible qu'en français : en général, le souci identitaire des différences ne va pas jusqu'à la connaissance d'autres langues que l'anglais. En 2017, la publication dans la Los Angeles Review of Books d'un article qui préfigurait ma thèse n'a toutefois pas suscité de réaction bien nette. On va donc dire qu'au mieux ce que je raconte est négligeable puisque sans aucune importance. Au pire, évidemment, on peut s'attendre à des attaques : que je sois empêché d'enseigner par des manifestations devant, ou dans, ma salle de cours ; que je sois relégué symboliquement ; que je n'aie plus d'augmentation de salaire ; que je sois dénoncé publiquement, et ainsi de suite. Nous verrons. Si la crainte (même justifiée) de la censure et de la condamnation fait taire d'avance, la partie est perdue. Je ne me résous pas à ce lâche attentisme.

Laurent Dubreuil, « La Dictature des identités » (Gallimard), 128 pages, 14,50 euros

Source Le Point

 

 

 

 

 





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