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août 09, 2017

Une France en échec, sans courage, 200% Étatique, 0% Libre !!

Ce site n'est plus sur FB (blacklisté sans motif), alors n'hésitez pas à le diffuser au sein de différents groupes ( notamment ou j'en étais l'administrateur), comme sur vos propres murs respectifs. 
D'avance merci. 

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...

Merci de vos lectures, et de vos analyses. 
Librement vôtre - Faisons ensemble la liberté, la Liberté fera le reste. 
Al,




Sommaire:

A) "Le logiciel France est en mode échec!" - Xavier Guilhou - XAG consulting

B) " La chute du mur de Bruxelles "- Xavier Guilhou - XAG consulting

C) L’enfant sans père - Jacques Garello - ALEPS




  




A) "Le logiciel France est en mode échec!"

Dans un contexte global de redéfinition des leaderships à grande échelle, et aussi à très grande vitesse, la France se singularise par une crise de régime, une crise institutionnelle et une crise sociétale majeure sur fond de récession économique et de montée historique du chômage. Nous avons l’impression de renouer avec les années 1935-39 où le même type de gouvernance s’est employé à ruiner la IIIème République, à affaiblir le pays en divisant les opinions, à réduire ses capacités de défense tout en donnant l’illusion, derrière sa ligne Maginot, d’avoir l’armée la plus redoutée d’Europe.... Nous connaissons la suite et il règne la même impression très désagréable de fuite en avant et d’incompétence que celles qui nous ont amenés à cette « étrange défaite » en 1940. Au-delà ce constat et cette intuition, il règne un climat malsain et délétère de fractalisation de la société qui devient très dangereux. Cela peut nous mener sur des cinétiques violentes sur le plan sociétal, dont seuls les français ont le secret. 

Depuis plusieurs années, et de façon plus flagrante avec le changement de majorité, pour satisfaire une politique sans stratégie mais dominée par des réseaux, des apparatchiks, des lobbies, similaires à ceux des « bouilleurs de crues »1, la France s’est enfoncée dans un processus de désacralisation du pouvoir, de décribilisation de la République et de déni de démocratie. La « normalité » du Président de la République, le niveau de corruption, voire de mensonge d’Etat qui règne au plus haut niveau de l’exécutif, les multiples scandales administratifs, judiciaires et financiers, la présomption de mensonge permanent et de manipulation des opinion, tous ces éléments à charge accumulés depuis des années, jamais traités sur le fond, mal gérés sur la forme, contribuent à dégrader cette relation Etat- nation qui est en France historiquement très fragile et toujours très sensible depuis Richelieu.



1 Voir l’excellente synthèse faite par Jean Garrigues, historien, spécialiste d’histoire politique, qui enseigne à l’université d’Orléans, dans La France de la Ve République 1958-2008 (Armand Colin, 2008) au chapitre « groupes de pression »
http://www.adels.org/territoires/PDFArticlesDuMois/Territoires520ArticleHorsDossier.pdf
  
Ce lien est en train d’éclater une fois de plus. La défiance envers les élites est désormais considérable avec un pouvoir qui ne rassemble plus que 25% de support dans l’opinion2... 62% des français consultés considèrent que le Président actuellement en place est « incompétent »3... Avec de tels niveaux d’alertes, n’importe quel conseil d’administration d’entreprise aurait déjà changé l’exécutif pour ne pas subir une faillite annoncée ! La perte de confiance dans tous les niveaux de gouvernance est l’élément dimensionnant de la crise française. Les niveaux de colère et de déception qui commencent à s’exprimer massivement, et avec une multiplicité de modes d’action sur le terrain, révèlent un niveau historique de rejet des dirigeants du pays, qu’ils soient politiques ou économiques, par une très grande partie de la population. 

Certes, l’encadrement supérieur des administrations et des entreprises n’est pas très sensible à cette rupture sociétale et il n’est pas certain que ces élites comprennent ce qui se passe réellement dans le pays. Depuis trente ans, cette couche très marginale, mais aussi très parisienne, s’est éloignée du destin de la France qu’elle amalgame à celui de la mondialisation. Elle est bercée par la financiarisation de l’économie et est devenue au fil du temps autiste du fait de son niveau de confort et d’enrichissement, non pas par le travail, mais par le fruit de multiples spéculations mobilières et immobilières. Elle a perdu progressivement le sens des réalités et est devenue indifférente à la dégradation globale de la situation sociale et économique. Pire, elle est soumise et résignée à un mode de pensée qu’elle ne maîtrise pas. 

Pour le reste de la population, notamment pour le milieu et le bas des classes moyennes, la situation est inverse. Ces catégories ont cru pendant longtemps aux sirènes de l’ascenseur social, au mythe de l’enrichissement facile grâce à l’endettement et aux stratégies d’effet de levier portées par le monde bancaire et financier, à l’illusion d’une société de loisirs et de consumérisme... Mais depuis quelques années, ces populations sont confrontées aux effets pervers des délocalisations, de la désindustrialisation, du chômage de masse, de la perte de pouvoir d’achat4, de l’endettement, des hausses d’impôt et beaucoup plus grave à l’absence d’avenir, surtout pour leurs enfants. Ces classes moyennes commencent à comprendre depuis quelques temps que la crise de modèle dans laquelle l’Occident est entrée depuis 2006/2008 est durable, mais particulièrement impitoyable pour les faibles, et beaucoup trop indulgente pour les incompétents. La défiance actuelle est assise sur un sentiment profond d’iniquité et d’injustice. 

2 http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/04/21/hollande-perd-six-points-de-popularite-record-des-mecontents_3163593_823448.html
3 http://fr.reuters.com/article/topNews/idFRPAE93A08720130411
4http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/03/27/une-baisse-historique-du-pouvoir-d-achat_3148535_823448.html 


La situation française dans le paysage international est singulière mais surtout très dangereuse5. Certes, le pouvoir peut faire des pirouettes de communication pour donner l’impression qu’il maîtrise la situation avec une guerre de raid contre 300 djhadistes dans le désert pour détourner le focus médiatique et éviter de prendre en compte la population qui descend dans la rue par centaines de milliers... C’est un biais classique en politique, mais qui n’a fait qu’enkyster les problèmes de fond sur le plan sociétal et ce quelles que soient la nécessité et la légitimité de cette opération militaire sur le fond... Stigmatiser la menace extérieure, avec une instrumentalisation très facile de la germanophobie qui monte dans tous les pays latins, est là aussi un peu facile et léger, surtout quand on connait l’état actuel des finances publiques, de la balance commerciale et le niveau d’endettement du pays... Ouvrir sans discernement nos frontières à certains investisseurs chinois, indiens, qataris pour renflouer tant bien que mal les caisses de l’Etat, ou faire reprendre des passifs pourris de banques ou d’entreprises condamnées par trente ans de perte de compétitivité est là aussi pour le moins suicidaire à terme pour notre souveraineté... 

Actuellement, le pouvoir n’est plus respecté et respectable tant pour la population française que pour l’extérieur. Son mépris du débat, les multiples dénis de démocratie, les trop nombreuses affaires de corruption, l’impunité des courtisans et, surtout, la récurrence permanente du mensonge font qu’il est devenu irrecevable à l’intérieur du pays et méprisé à l’extérieur. Tout ceci est explosif, car les français, qui sont très schizophréniques sur le plan électoral, sont éruptifs quand il y a désacralisation du pouvoir, trahison des clercs, et iniquité de traitement. Les français vont aux urnes en votant la plupart du temps « contre », car ils savent qu’il n’y a pas dans ce pays de véritable contrat social, qu’il n’y a pas de fiabilité fiscale et qu’il n’y a pas de parole politique. Le référendum dans cette pratique infantile de la démocratie est toujours l’occasion de dire « non » à la question posée ! Et comme le suffrage universel est toujours biaisé, il arrive un moment où la situation devient insupportable, surtout lorsque les lobbies gouvernent, que le gouvernement se réunit mais ne décide plus et que le chef de l’Etat n’incarne plus une vision collective. Dans ce cas de figure, le français redevient un « animal politique » redoutable ! Si dans le monde entier on ne retient de l’histoire de France que ses épisodes révolutionnaires, pas toujours très heureux, ce n’est pas fortuit. Beaucoup aujourd’hui dans le monde observent la « cocote minute » française avec une certaine inquiétude tant cette alchimie du peuple et de son souverain est imprévisible...pour le meilleur, mais aussi pour le pire !

5 Cf. Le livre que j’ai écrit juste avant la crise en février 2007, Quand la France réagira..., Chez Eyrolles. 

Tous les symptômes que j’ai évoqués dans l’ouvrage apparaissent désormais au grand jour et ne font que s’amplifier: Cf. Le symptôme « argentin » avec la dette du pays qui sera de 100% du PIB fin 2013, le symptôme « yougoslave » avec la fractalisation de la relation Etat-nation, et le symptôme « libanais » avec la multiplication des zones de non droit ainsi que la radicalisation des questions communautaires et identitaires (cf. la situation à Marseille ou dans nos banlieues parisiennes). La conjugaison des trois est très dangereuse, surtout dans un contexte d’implosion politique et sociétale.

Pourquoi la situation française est-elle aussi dangereuse ? A priori, pour beaucoup nous ne représentons plus grand-chose sur le plan international. Démographiquement, nous sommes devenus un tout petit pays. Certes, économiquement, nous demeurons la 5ème puissance mondiale et avec l’Allemagne nous constituons un verrou incontournable, mais à la seule condition que le mariage de raison tienne. Par ailleurs, stratégiquement nous sommes toujours membre du conseil de sécurité de l’ONU, bien que puissance moyenne sur le plan militaire, mais encore dotée de l’arme nucléaire et de capacités de projections aéromaritimes non négligeables. Pour toutes ces raisons, même si nous sommes devenus marginaux en termes de taille, nous constituons en revanche un risque systémique majeur en cas de défaillance de notre gouvernance. 
 
Le premier risque est celui du krach interne avec une instabilité politique issue d’une multiplicité de pics de colère ingérables et insoutenables. Les évènements en cours depuis plusieurs mois, avec des millions de français dans la rue sur des questions majeures de sociétés, ne peuvent plus être considérés comme nuls et non advenus comme le font certains chroniqueurs ou politiciens. Le déni et le mépris qui sont pratiqués par le pouvoir actuellement ne constituent pas une bonne stratégie. La spirale actuelle peut nous emmener très rapidement, si elle n’est pas contenue et pilotée, dans un chaos politique durable, brutal et ingérable avec des scénarios que même les italiens ne connaissent pas ...

 Le deuxième risque est celui d’un divorce avec l’Allemagne, d’un éclatement brutal de l’Euro et de la fin de l’Union européenne. Personne n’y croit alors que ce scénario n’a jamais été aussi flagrant et imminent. Les conséquences en termes d’ondes de choc et d’impacts stratégiques au niveau mondial sont pour le moment inimaginables. Elles seront supérieures à une crise au Proche-Orient car elles remettront en cause le peu qui reste des architectures de sécurité internationale issue de Yalta et révèleront surtout les fragilités monétaires et financières du traitement de la crise au niveau international depuis 2008. Dans les faits, personne n’a intérêt à un tel krach, mais l’inconcevable n’est pas impensable...  

Le troisième risque est collatéral au sein du monde latin et, du fait de toutes nos relations politiques, démographiques et économiques, avec le monde arabo-africain. Là aussi, nous ne pouvons pas imaginer ce que pourraient être les conséquences d’une implosion de notre gouvernance interne et conjointe à celle du système européen dans cette relation nord- sud qui est actuellement très instable notamment sur le plan identitaire et sécuritaire. 

Par ailleurs, sur le plan géopolitique, nous entrons dans un calendrier très tendu avec les élections iraniennes en juin et allemandes en septembre. Ces deux rendez-vous vont conditionner la stabilité des plaques régionales moyen-orientales et européennes. Pour leur part, les rivages de la Méditerranée sont actuellement au cœur des crises les plus délicates que nous ayons à gérer au niveau mondial. Au nord, les logiques fratricides entre peuples latins et peuples du Saint-empire romain germanique reprennent toute leur place. Cela se traduit par un exil fiscal pour ceux qui veulent se protéger des implosions de système mais aussi par la fuite des cerveaux et des jeunes qui veulent trouver un avenir. A court terme, c’est aussi le signal de la déliquescence du rêve européen et le compte à rebours de l’éclatement de la zone euro. Au sud, derrière les printemps arabes, les logiques frontales entre les différentes voies de l’Islam s’affirment désormais de façon explicite, reléguant les constructions Etat-nation ou les épisodes nationalistes aux rebus de l’histoire. Cela se traduit par un exil politique pour des millions de personnes qui fuient la montée d’un islamisme qui ne masque plus sa radicalisation. A l’est, la zone du Proche et Moyen-Orient s’enfonce dans de multiples guerres civiles qui consacrent définitivement la déconstruction du tracé des frontières issues des accords Sykes-Picot, ainsi que l’échec des gesticulations occidentales. La fragmentation en cours des souverainetés syriennes et irakiennes, l’instrumentalisation et les menaces qui pèsent sur les minorités chrétiennes d’Orient comme sur les kurdes, les risques d’instabilité du royaume de Jordanie et les surenchères des monarchies de la péninsule arabique face aux pressions chiites, avec en toile de fond un désengagement discret mais de plus en pesant des américains au profit du Pacifique, sont des signaux annonciateurs de profonds changements de paradigmes dans les équilibres mondiaux. Au milieu de tout ce maelstrom de crises très hétérogènes, nous avons avec Chypre, le Liban et Israël de véritables laboratoires des nouveaux rapports de force qui s’installent durablement entre les uns et les autres sur ces rivages turbulents. 
 
Les implosions de société qui sont en cours vont dominer durablement cet espace régional avec des risques financiers, sociaux et identitaires qui ne pourront pas être résolus par de simples opérations de communication politique ou par des bricolages populistes. Tout ceci pose la question fondamentale de l’avenir de la démocratie pour nos vieux pays européens, de la robustesse de notre Vème république, surtout quand les institutions sont dénaturées par une forme de despotisme technocratique et quand le politique au sens noble du terme s’est dissout dans le cirque médiatique. Cela pose aussi la question de notre place à terme dans le concert des nations lorsque sur le Pacifique nord, loin de nos rivages méditerranéens, s’expriment d’autres grands jeux qui structurent ce XXIème siècle avec des acteurs qui se moquent de nos tribulations excentriques d’enfants gâtés du bout du monde... Il suffit d’observer ce qui se passe en mer de Chine, au Japon avec l’arrivée de Shinzo Abe qui rallume les tensions nationalistes, entre les deux Corées, dans les pays de l’ASEAN qui sont devenus la première zone de libre échange au monde pour comprendre que notre sort ne dépend plus que de nous-mêmes. Nous ne bénéficions plus de parapluies stratégiques pour nous protéger et nous accompagner et nous ne pouvons plus cacher nos défaillances de gouvernance avec Internet qui charrie instantanément sur tous les écrans du monde la moindre faute, le moindre mensonge. 

La crise que nous devons affronter n’est pas uniquement technique avec la question de la transition énergétique et l’émergence d’une nouvelle révolution industrielle, elle n’est pas seulement financière et économique avec la question du règlement des dettes et de la relation de la croissance. Pour la France, elle est devenue civilisationnelle ! Elle nous interpelle sur nos valeurs, nos croyances, nos principes de vie, sur ce que nous voulons ou ne voulons pas devenir. Tout ceci suppose d’avoir quelque part une volonté ! Certes, là où il y a une volonté il y a un chemin ! Mais c’est bien parce qu’il n’y a plus de volonté mais un abandon de pouvoir et une cruelle absence de vision que nous avons l’impression aujourd’hui d’être englués dans une sorte d’impasse historique. Camus écrivait à ce propos « la société politique contemporaine est une machine à désespérer les hommes ». Et Julien Green dans son journal d’affirmer « Il faut sauver l'espérance. C'est le grand problème de ce siècle ! ». Là est la question majeure de la crise française et c’est là que se trouve la racine de cette « erreur 404 »6 qui est signifiée par cette photo emblématique de ce jeune français avec son masque larmoyant des « anonymous ». C’est cette erreur de protocole qui met aujourd’hui notre logiciel Etat-nation en mode échec ! Il n’y a plus de véritables responsables à l’adresse requise ...
Nous croyons qu’il suffit de jouer avec la boîte à outils bureaucratique pour avoir un peu d’espoir de croissance... Nous croyons qu’avec un peu d’inflation ou d’austérité nous allons remédier aux auto- blocages actuels... Mais cette boîte à outils des techniciens ou experts, voire imposteurs, de la macro ou de la micro économie, qui alimentent nos modes de représentations du réel, n’est plus en mesure de répondre à la crise de modèle et de sens que nous traversons! C’est sur le champ beaucoup plus profond et exigeant de l’espérance que nous retrouverons la foi dans l’avenir, mais aussi dans l’homme et dans un nouveau projet de société et de gouvernance plus équitable et juste. Face à la montée des tensions sociétales et à la mise en faillite de notre modèle de société il n’est pas interdit de méditer cette phrase d’Euripide : « L'homme de cœur est celui qui se fie jusqu'au bout à l'espérance. Désespérer, c'est lâcheté !» Cette citation est particulièrement d’actualité, elle nous interpelle sur notre courage et sur notre sens réel de la liberté et de la démocratie.

Xavier Guilhou






B) " La chute du mur de Bruxelles "


« Messieurs les Anglais, tirez les premiers ! » La première salve a mis à terre les premières lignes de l'article 50 du traité de l'UE, à la grande surprise des pays européens qui ne croyaient pas que le Royaume-Uni oserait, une fois de plus. C'est méconnaître les Britanniques dont la devise de leurs unités d'élite, les fameux SAS, est, ne l'oublions pas, « Qui ose gagne ! ». L'Union européenne vient juste de perdre l’adhésion de la 5ème place financière et de la 8ème puissance au monde1 ainsi que 15 % de son budget, anecdote de l'Histoire. En fait, nous commençons à assister avec le résultat cinglant de ce référendum à une nouvelle chute d'un mur, celui de Bruxelles ! 

Tout les chroniqueurs commentent les effets possibles, cherchent les causes, s’agitent autour du désarroi des politiciens de tous bords qui n’ont pour la plupart rien anticipé, persuadés que les Britanniques resteraient « raisonnables »... Bien entendu, tout est de la faute de David Cameron, de la trahison de ces vieux « égoïstes » qui ont voté contre ces pauvres jeunes « cosmopolites », de l’instrumentalisation de l’immigration par les partisans du « Leave » et bien entendu de ce monstre orwellien qu’est devenue la technocratie bruxelloise. Tous ces fautifs sont devenus en quelques heures les nouveaux boucs émissaires à sacrifier sur l’autel de l’Histoire afin d’exorciser cette « étrange défaite »2 des élites européennes. Ces dernières se sont bunkerisées dans une vision uniquement économique du référendum alors que la question posée est existentielle et politique. Elles étaient tout simplement « hors sujet », une fois de plus. De fait, l’état de confusion qui transparait sur les ondes au lendemain de ce séisme démocratique révèle non seulement l’état de surprise de nos décideurs mais surtout l’absence sidérale de stratégie. Pour autant, quels que soient les constats que nous pouvons faire et les développements à venir, que signifie sur le fond ce Brexit? 

De quoi s'agit-il?
En fait il n’y a rien de vraiment surprenant3. Nous ne sommes que dans la continuité de ce processus de déconstruction, auquel nous assistons passivement depuis 30 ans, de tous les protocoles qui ont permis à notre monde occidental de concentrer les facteurs de pouvoir et de puissance depuis plusieurs siècles4. Les cadres mis en place au fur et à mesure de tous nos accidents historiques : traités de Vienne, de Versailles et de Yalta sont désormais tous en logique de défaisance tant en termes d'autorité et de légitimité que de crédibilité. Derrière la chute du mur de Berlin, les peuples de l’Europe de l’Est, fortement soutenus par l’Ostpolitik d’Helmut Khôl et la « guerre des étoiles » de Ronald Reagan, ont provoqué la fin du communisme et la désintégration de l’URSS. Avec la chute du mur de Bruxelles, qui ne fait que commencer, les peuples de l’Europe de l’Ouest, sous la pression de la crise financière et des flux migratoires provoquent la fin de l’ultralibéralisme et la désintégration de l’Union européenne. Nous assistons juste à la mort des deux protocoles, déclinaisons de ces deux grandes idéologies de masse du siècle dernier que sont le capitalisme et le communisme, incarnées par les deux grands empires que furent les Etats-Unis et l’Union soviétique, dont la toute puissance s’est affirmée sur les cendres de nos guerres fratricides en Europe. De la même façon, nous assistons sur le Proche et Moyen-Orient à la fin des accords Sykes-Picot comme à ceux du pacte du Quincy, qui furent les avenants des traités de Versailles et de Yalta, avec en contrepartie le retour des empires centraux... 

1 Le Royaume-Uni avec un PIB de 3 000 milliards en 2016 est classé à la 8ème position en termes de parité de pouvoir d’achat et à la 5ème position en termes de PIB nominal, soit un PIN par habitant de 47 200 $.
Cf. http://www.lemoci.com/fiche-pays/royaume-uni
2 Relire à cet effet « L’étrange défaite » de Marc Bloch
3 Cf. Edito de Xavier Guilhou – septembre 2015 « L’Europe est morte... Vive l’Europe ! » http://www.xavierguilhou.com/Clients/Guilhou/site_xavier.nsf/Libs/PDF.img/$FILE/L-Europe-est-morte.pdf
4 Cf. « Qu’est-ce qui nous arrive ? Peut-on encore choisir notre avenir ?
» Réflexions à plusieurs mains avec et sous la direction de Mac Halévy. Editions Laurence Massaro juin 2016.

L’Union européenne, qui est née de cette stratégie d’indivision mise en place par les alliés derrière les accords de Yalta pour empêcher l’Allemagne de redevenir un empire central, ne pouvait pas survivre à la chute du mur et à la réunification. Ce n’était qu’une question de temps. Les circuits financiers ont cru avec la chute du communisme que leurs stratégies avaient vaincu le « mal » à coup de dollars, de dettes et de bulles spéculatives. Persuadés qu’il n’y avait pas d’autre modèle viable et durable que le seul libéralisme économique, ils ont provoqué par leur vanité et leur cupidité la désintégration du modèle démocratique européen en moins de deux décennies. Le Brexit n’est que la résultante de la désanctuarisation de l’Occident au travers de la mondialisation, de l’ouverture des frontières et de la montée des flux migratoires, ainsi que des excès provoqués par les dérégulations et la financiarisation de nos économies. La chute de Lehmann Brothers peut être considérée, au même titre que le fut le retrait de l’armée soviétique d’Afghanistan en 1988, comme le second signal annonciateur de la mort de ces stratégies périphériques qui ont contenu l’Europe, certes dans l’opulence pendant 70 ans, mais dans une impuissance dangereuse et insoutenable face aux nouvelles réalités mondiales. 

Contrairement aux affirmations des politiques et des éditorialistes, les peuples ne sont pas idiots. Ils peuvent avoir des intuitions salvatrices. Ce n’est pas parce qu’ils ne votent pas comme le souhaiteraient les élites au pouvoir qu’ils ne doivent pas être entendus et respectés. Le risque de dénaturer, voire de neutraliser, le peu de démocratie qui demeure encore actuellement dans nos pays n’a jamais été aussi fort tant au sein des synarchies qui contrôlent les rouages de l’Union européenne que des collectifs ou partis populistes qui surfent sur l’instabilité des convulsions politiques et sociétales que nous commençons à connaître. Nous vivons juste le début de la fin du « plus jamais ça » et le retour de l’imperium allemand sur le continent européen. Pour les Anglais, cette domination qui s’exprime en grande partie au travers des réglementations et contrôles imposés par Bruxelles, est tout simplement insoutenable sur le plan existentiel et stratégique. C’est historique et génétique : le Royaume-Uni, qui a la nostalgie de l’Empire, ne peut admettre d’être le vassal de l’Allemagne, sous prétexte d’être européen. C’est bien pour cela qu’il n’a jamais souscrit à l’Euro. Angela Merkel et surtout Wolfgang Schäuble ont parfaitement compris le message. 

De fait, les Anglais préfèrent revenir aux bases du souverainisme et au vieux bilatéralisme plutôt que de se laisser enfermer dans un pseudo fédéralisme qui n’en n’est pas un. Ce n’est pas le choix des Français qui préfèrent une forme de subordination passive afin de pouvoir couvrir les chèques sans provision de leurs dirigeants qui partent toujours du principe, comme l’avait affirmé Clemenceau au moment des « réparations », que « l’Allemagne paiera ! ». Les Anglais n’ont jamais oublié que l’infantilisme politique des Français face à l’imaginaire dominant allemand a toujours mené l’Europe à la guerre. C’est pour éviter cela, pour travailler la résilience et faire émerger une nouvelle maturité politique de part et d’autre du Rhin, que le traité de l’Elysée a été conçu par les membres fondateurs de l’Union européenne. Mais c’est parce que sur le fond la substance de cette relation franco- allemande s’est progressivement vidée de sa substance que le Brexit a pris cette dimension sismique, au grand étonnement des élites européennes qui vivent dans leurs bulles technocratiques et médiatiques. Ces dernières n’ont pas perçu le décrochage des opinions et les peurs séculaires des peuples qui n’ont rien oublié des convulsions fratricides de ce vieux continent et son potentiel en termes de répliques mortifères. Pourtant tout est là pour rappeler aux peuples la fragilité de leur état entre les commémorations permanentes et les bruits de bottes à seulement deux heures de nos capitales dans les Balkans, sur la Mer noire, sur les rivages de la Méditerranée ou sur la Baltique. 

Quel jeu d’acteurs ?
Il est très plaisant d’observer les politiques déclamer avec beaucoup d’assurance « il nous faut une autre Europe », « il faut inventer une nouvelle Europe », « il faut de nouvelles institutions à l’Europe », comme si notre vieux continent était un sujet fini, homogène et stable. Tous ceux qui ont travaillé sur cet espace savent qu’il n’en n’est rien. Au contraire, c’est sûrement l’espace-temps le plus complexe à gérer sur le plan économique et le plus difficile à piloter sur le plan politique tant la diversité des cultures, des histoires, des peuples est dense et éclatée sur le terrain. De fait, les jeux d’acteurs ne peuvent être simplifiés en observant le seul fonctionnement de l’Union européenne qui ne reste qu’une vitrine virtuelle, les décisions se prenant ailleurs. Il suffit de fréquenter les couloirs de Bruxelles, notamment ceux de la Commission avec ses jeux de lobbies qui dominent en arrière plan chaque négociation, pour comprendre la réalité et la complexité des niveaux d’affrontements intergouvernementaux et surtout l’importance des stratégies nationales, voire régionales, dans ce maelstrom de 27 nations, dont les intérêts particuliers sont de plus en plus supérieurs aux intérêts généraux. Il suffit de suivre les confrontations au cours de ces derniers mois sur l’immigration et sur la non gestion de l’espace Schengen tant sur les rives de la Manche, les rivages de la Méditerranée que sur les marches des pays du groupe de Višegrad, pour avoir une illustration souvent consternante de ces réalités... L’Allemagne n’est pas la dernière à montrer l’exemple sur ces sujets avec sa stratégie unilatérale et sans concessions qui va bien au-delà la question de l’encadrement des déficits budgétaires et les politiques d’austérité tant décriés notamment par les Français... 

Dans ce jeu d’acteurs, le Royaume-Uni est maître de l’agenda et piège le vieux continent. Puisqu’il souhaite redevenir souverain, il n’a pas d’autres choix que de privilégier en premier lieu sa stabilité politique interne et de contenir les pulsions de séparatismes manifestées par l’Ecosse et l’Irlande du nord. L’UE attendra que les partis anglais aient d’abord redéfini leur mode de fonctionnement et que le pays puisse retrouver sa robustesse légendaire. Contrairement à ce que pensent les chroniqueurs, le Royaume-Uni est en position de force. L’Allemagne n’a pas d’autre choix que de patienter, la France n’a pas d’autre issue que de s’agiter, l’Italie n’a pas d’autre voie que de se préparer à une crise majeure. Ces trois pays fondateurs sont de plus contraints par leurs propres agendas électoraux avec des dirigeants qui sont en perte de crédibilité et de légitimité tant au sein de leurs majorités que vis-à-vis de leurs électeurs. Ils ne peuvent même pas bénéficier du support de leur principal allié qui est lui même engagé dans une bataille électorale peu banale pour la fin 2016 avec le duel Trump / Clinton. Ces convergences d’agendas électoraux ne peuvent que faire le jeu des Anglais ! 

En marge de ces jeux de majors, les « petits pays » peuvent surprendre à l’instar de ce qui s’est passé lors de la chute du mur de Berlin. N’oublions pas qu’au-delà la dissolution de la RDA, il y a eu la décomposition de la Tchécoslovaquie en deux pays, la sortie très rapide de la Hongrie du PAVA, puis des pays baltes, ainsi que l’implosion de l’ex Yougoslavie, le tout en quelques mois... Beaucoup pensent que cet effet domino n’est pas possible au sein de l’UE, que la comparaison n’est pas transposable à l’onde de choc du Brexit et que finalement les conséquences seront mieux contenues et maîtrisées car l’Europe est beaucoup plus puissante économiquement que ne l’était l’URSS... Pourquoi pas, les Soviétiques raisonnaient de la même façon, ils étaient persuadés que l’Armée rouge était toute puissante et que personne ne pourrait la défier sur leur espace vital. Au moment de la chute du mur, les dirigeants se sont réunis pour tenter de montrer un front uni, mais ils sont restés atones, contemplant le jeu de domino qui se déroulait sous leurs yeux impuissants. De même, ils ont vu émerger des dirigeants qui étaient inconnus. Il serait peut-être intéressant et prudent de suivre ce que vont faire des pays comme les Pays-Bas, l’Espagne toujours ingouvernable avec un risque de fractalisation régionale, et de façon peut-être inattendue, les pays du groupe de Visegrad ainsi que les pays de la Baltique qui ne partagent absolument pas les postures dominatrices des majors de cette crise. N’oublions pas par ailleurs que la Grèce reste en embuscade et qu’elle pourrait de nouveau relancer une sortie de l’Euro, voire de l’UE, du fait de l’intransigeance de ses créanciers, le passage des échéances de juin ayant été de nouveau très critique... 

Enfin, ne perdons pas de vue, au-delà les jeux internes au sein de l’UE, ce qui se joue sur la périphérie de l’Europe. Le Brexit ne peut que favoriser les postures d’affirmation des puissances centrales sur la Méditerranée orientale (Russie, Turquie, Iran), surtout avec le repositionnement américain, engagé par l’administration Obama, qui est en cours sur le Proche et Moyen orient5. Il ne peut que donner également des idées aux Asiatiques (Chine, Japon, Corée) afin de récupérer au moindre coût nos actifs ou territoires stratégiques fragilisés par les divisions. Nous pouvons leur faire confiance pour savoir utiliser les fenêtres d’opportunité générées par notre absence de stratégie, nos indécisions et notre impuissance. Il suffit de suivre les réunions qui se succèdent à Bruxelles avec désormais les 28 moins un de l’UE pour se rappeler cette phrase de Sénèque résumant ainsi l’effondrement de l’empire romain : « Le Sénat se réunissait mais ne décidait plus ». Les marchés ne s’y trompent pas avec l’équivalent de deux fois la valeur du PIB français détruit en 48h et l’intervention massive des banques centrales, d’autant que le Brexit rouvre le dossier d’une nouvelle crise bancaire mondiale avec en arrière-plan la question de l’état des dettes souveraines et des « shadow banking »6 qui pourraient s’avérer beaucoup plus critique qu’en 2008... Mais nos dirigeants n’y croient pas, à l’instar des dirigeants communistes qui ont mis du temps à comprendre que l’URSS était morte avec la chute du mur de Berlin... Il a fallu 20 ans aux Russes pour l’admettre tant les croyances étaient ancrées dans leurs cerveaux... Il est possible qu’il faudra de nouveau l’espace d’une génération pour amortir les effets de nos propres croyances qui placent les vertus du couple croissance / dette au-dessus de tous les référentiels de vie. 

Où sont les pièges ?
Le premier serait d’imaginer que les Anglais vont revenir sur leur décision, qu’ils rejoindront la rationalité des technocrates bruxellois et qu’ils feront plaisir à nos politiciens afin que ces derniers puissent brandir cette victoire à la Pyrrhus pour tenter de se faire réélire en 2017. Les Anglais ne sont pas aussi irrationnels qu’ils le laissent paraître au travers de leurs débats et postures extravagantes vis-à-vis des peuples de notre vieux continent. Tout choix commence par un renoncement. Il faut parfois savoir perdre pour mieux gagner. Désormais, pour retrouver un peu de souveraineté il y a un coût à payer. Jadis, il fallait passer par une guerre, aujourd’hui il faut juste savoir divorcer entre Etats au bon moment et avec un bon « disagio »7. Nous pouvons faire confiance à la perfide Albion pour savoir gérer ses intérêts. Elle l’a fait récemment à Hong Kong face à la Chine, elle devrait pouvoir le faire face à l’Allemagne. 

Le second serait de sous-estimer les effets dominos, collatéraux et la rapidité des effets en chaîne produits par cette crise. Lors de la chute du mur de Berlin tout le monde a été surpris par la pression des peuples pour aller vers plus de liberté et pour fuir le communisme. Il se peut que le mouvement engagé par le Brexit réveille de nouveau une forte aspiration vers plus de liberté et pour un rejet massif de l’enfermement orwellien imposé par les marchés et les technostructures ultralibérales de Bruxelles. Les signaux faibles sont présents dans tous les pays européens et il suffit de très peu de choses pour que des vagues de fond se révèlent. Après, personne ne peut augurer de ce qu’elles pourront produire. Dans les années 90, elles ont été canalisées par un Helmut Khôl visionnaire au travers l’Ostpolitik et par la reconstruction qui avait été anticipée. Actuellement, personne ne peut affirmer qu’il y a réellement une vision et un pilotage de la crise, du moins pour le moment, les Allemands restant toujours très secrets et prudents sur leurs stratégies moyen / long terme. 

5 Edito Xavier Guilhou : « Grèce, Ukraine, terrorisme, ils n’oseront pas » fév. 2015 http://www.xavierguilhou.com/Clients/Guilhou/site_xavier.nsf/Libs/PDF.img/$FILE/Ils%20n%20oseront%20pas.pdf
6 La finance de l'ombre ou shadow banking, finance fantôme ou encore système bancaire parallèle, désigne l'ensemble des activités et des acteurs contribuant au financement non bancaire de l'économie. http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2015/08/25/20002-20150825ARTFIG00105-shadow-banking-tout-comprendre-sur-la-finance-de-l-ombre.php
7 Disagio : terme d'origine italienne, utilisé dans le monde du trading, et désignant la différence pouvant exister entre la valeur nominale d'un bien, et sa valeur réelle.

La troisième serait de surestimer la robustesse de nos sociétés face à cette implosion du système européen. Nos gouvernances sont faibles, très faibles. Nos systèmes bancaires sont très vulnérables malgré toutes les précautions prises pour ne pas réitérer les frayeurs de 2008. Des pans entiers de notre patrimoine économique, notamment en France du fait de notre perte de compétitivité, sont « ramassés » chaque semaine par des investisseurs étrangers. Par ailleurs, les pressions sécuritaires et migratoires au sein de nos sociétés sont de plus en plus vécues comme insupportables par les populations qui ont compris que leurs espaces–temps étaient désormais totalement désanctuarisés. Le Brexit, au-delà l’éclatement de l’Union européenne, pourrait très bien générer des convulsions internes au sein de nos pays, le Royaume-Uni n’étant pas exempt de ce type de pulsions avec les séparatismes écossais et notamment irlandais, qui a alimenté encore très récemment une guerre civile très meurtrière. L’Europe a déjà connu maintes fois ce type de scénario où avant de s’affronter entre pays, les effondrements sur les champs de conviction se sont d’abord traduits par des guerres civiles dramatiques. Tous nos traités, de Westphalie à Yalta, n’ont eu de cesse d’essayer d’apaiser nos divisions et pulsions fratricides8. N’oublions pas que tous ces artifices juridiques sont très fragiles et que tous les demi-siècles ils ont été pulvérisés par les nationalismes et les totalitarismes de toute sorte chaque fois que la lâcheté l’a emporté sur la lucidité et le courage. 

Qui peut faire quoi ?
Tout le monde a bien compris que derrière les résultats du Brexit sonnait le clairon annonçant la mort du « plus jamais ça ». Angela Merkel l’a rappelé en premier dès l’annonce des résultats, consciente de la responsabilité qui pèse sur ses épaules. L’Anglais a certes ouvert la boîte de Pandore, mais qui pouvait le faire mieux que lui ? Il a dans ses gènes cette culture de l’audace et du risque qui le caractérise. Perdre ne lui fait pas peur, c’est juste une question de survie et de dignité... Le Français, malade de l’Europe, comme d’habitude va essayer de jouer toutes les combinaisons et alignements possibles, non pas pour tenter de sauver l’UE dont il se moque, mais pour sauver les élections présidentielles à venir... Il a tout à perdre et constitue indéniablement le maillon faible du dispositif. Sa seule tactique est de prendre tout le monde en otage en jouant médiatiquement la victime idéale afin d’éviter d’être le prochain sur la liste9. Dans cette perspective, plutôt que discourir sur un éventuel « Frexit », il devrait surveiller de près Wolfgang Schäuble qui ne supporte plus notre incapacité à réformer le pays.... 

Quant à l’Allemagne, elle a de nouveau toutes les cartes en main, comme lors de la chute du mur. Aujourd’hui les dirigeants allemands sont face à une nouvelle échéance stratégique avec la mise en échec de cet ultralibéralisme qui a pris les commandes du fonctionnement de notre coexistence européenne. Sauront-ils et auront-ils le temps de mettre en œuvre une stratégie d’apaisement et de reconfiguration politique des institutions et du fonctionnement européen ou seront-ils ceux qui annonceront, comme Gorbatchev et Eltsine pour le communisme, l’acte de décès du rêve européen ? Angela Merkel finira peut-être paradoxalement comme son homologue russe avec un prix Nobel de la paix tout en ayant contribué à rouvrir la boîte de Pandore des convulsions fratricides européennes. Tout repose sur ses épaules, l’Europe étant désormais plus allemande qu’européenne. Dans ce contexte, les Anglais n’ont fait que remettre à l’ordre du jour les vieilles questions de souveraineté et de gouvernance posées depuis 1870 et qui n’ont jamais été véritablement réglées sur le fond. Telle est la morale du Brexit : il ne s’agit que d’un simple retour à la case départ pour tout le monde ! Les masques tombent, l’Histoire toujours tragique frappe de nouveau à nos portes. 

Xavier Guilhou Juillet 2016 

8 Cf. Henri Kissinger. « L’Ordre du monde »,
9 Cf. édito de Xavier Guilhou « Prises d’otage...ou archaïsmes suicidaires » juin 2016 http://www.xavierguilhou.com/Clients/Guilhou/site_xavier.nsf/Libs/PDF.img/$FILE/Prises-otages-ou-archaismes-suicidaires.pdf



  • Edito
    " Brexit, Trump... vous avez dit bizarre, comme c'est étrange "

    Novembre 2016






C) L’enfant sans père 

L’enfant sans père, la famille monoparentale ou unisexuelle : Orwell est dépassé.
Manœuvres, mensonges et reniements marquent le début effectif de l’ère Macron. Ce n’est pas pour surprendre ceux qui avaient su déchiffrer la « pensée complexe » du Président. Cependant, de toutes les révolutions qu’annonce ce quinquennat la plus grave à mes yeux est celle qui prescrit non seulement la destruction de la famille mais surtout le sacrifice des enfants.

De l’Etat Providence , nous sommes en train de passer à l’Etat totalitaire. Le pouvoir politique règle désormais ce qu’il y a de plus intime, de plus personnel dans la vie de tous les Français. Par comparaison, la loi Taubira va paraître anodine, bien que son texte eût prévu des évolutions probables, comme la suppression de toute référence au « père » ou à la « mère » dans les textes législatifs.

Le Président va vraisemblablement suivre l’avis du CCNE (Comité Consultatif National d’Ethique) en faveur de l‘ouverture de la Procréation Médicalement Assistée (PMA) aux femmes célibataires et aux couples unisexuels féminins (les couples masculins devront attendre l’autorisation de la Gestion pour autrui GPA). Que les choses soient claires : ce serait l’autorisation légale de l’ « insémination artificielle avec donneur » (IAD).

La « légitimité » d’une telle disposition est double aux yeux de ses partisans : d’une part, c’est « le droit à l’enfant » qui doit être reconnu à toutes les femmes, et pas seulement à celles qui vivent (au moins quelques heures) avec un géniteur, d’autre part « l’égalité des genres » l‘exigerait : une femme n’a pas à se soumettre à un homme pour enfanter.

L’enfant est exclu des préoccupations du CCNE. Le droit à l’enfant efface le droit de l’enfant. L’avortement est déjà pour l’enfant une interdiction de vivre. Maintenant il est autorisé à voir le jour, mais il devra se passer d’un père. Car le père aurait un lourd passé juridique, hérité d’une époque révolue : celui du Code Napoléon qui allait jusqu’à lui donner le statut de chef de famille. Voilà bien longtemps que d’autres mœurs ont remis le père à sa place, et voici maintenant qu’on peut s’en passer totalement.

A l’image de Rousseau, les législateurs ont tendance à croire que leur rôle est de suivre les mœurs. Il est vrai que « morale » (mores) est un concept holiste et imprécis. Mais les règles sociales éprouvées et acceptées sont le résultat d’un ordre spontané, tandis que nos « progressistes » actuels, comme tous les faiseurs de sociétés parfaites, produisent des règles sociales à partir d’un ordre créé. Donc, la morale est décrétée par le pouvoir politique. La loi consacre la morale.

Une telle conception est à mes yeux aux antipodes et de l’éthique, et de la liberté.
L’éthique ne peut se réduire à la pratique sociale, il y a des mœurs barbares (comme jadis le sacrifice des enfants pour le culte de Baal, comme aujourd’hui l’excision des filles). L’éthique n’est pas l’attribut d’une société, elle est le fruit d’une recherche personnelle : recherche du bien, tout comme l’esthétique est recherche du beau. C’est un attribut réservé à l’être humain, et qui le distingue de tout autre être du règne animal. En revanche, il est au-delà de la raison humaine de définir avec précision une éthique commune : ce serait une « présomption fatale ». Le principe thomiste de l‘inconnaissance (négativité), suggère que le progrès fait son chemin par le jeu des essais et erreurs, c’est un guide plus sûr que les projets politiques. Les comités Théodule (au demeurant nommés par décrets), et les lois scélérates (qui prétendent inventer l’homme nouveau) n’ont aucune réussite à leur palmarès; elles ont conduit au contraire à la ruine et à l’asservissement. Malheureusement aujourd’hui l’orgueil humain est à l’œuvre : le progrès technique rend possible ce qui  était naguère impensable. Donc le techniquement possible devient moralement souhaitable. Le clonage, le transhumanisme sont à nos portes. Mais qui maîtriserait ce « progrès », quel sort attendrait les conservateurs hostiles à ce que nous offrirait la science ?

Le respect de l’être humain devrait nous interdire ce chemin liberticide. Car la liberté ne peut s’assortir d’une coercition, fût-elle « éthique», contraignant les individus au bien tel que défini et imposé par le pouvoir politique. Dans toutes les conceptions libérales de l’Etat et contrairement à ce que pensent certains opportunistes, on n’a jamais considéré l’éthique comme partie du domaine régalien. L’éthique n’est pas affaire régalienne. L’anthropologie libérale est celle d’un être humain en recherche d’épanouissement personnel, doté d’une raison insuffisante pour accéder à la perfection, mais de nature à corriger ses erreurs : celles qui diminuent son humanité et le rabaissent à des pulsions animales. Comme le professent nombre de libéraux, je ne crois pas que la liberté soit un principe absolu. La liberté est un chemin, non une fin. Elle nous est donnée pour aller vers ce qu’il y a de plus humain dans notre nature, vers ce qui nous rend plus digne. La liberté est ordonnée à la dignité. Je n’ai pas ici le loisir d’opposer Hayek et Saint Thomas d’Aquin, mais je crois que l’évolution des règles sociales suit une trajectoire implicite orientée par le droit naturel.

Aucun droit positif ne saurait survivre à l’ignorance de la nature humaine et à l’oubli de la dignité, au respect de la vie et à la beauté de l’amour des enfants.

Jacques Garello
 ALEPS


septembre 11, 2016

Politiquement correct, quand bien même les masques tombent (Sarkozy/Lefebvre - Delsol-Garello...)

Ce site n'est plus sur FB, alors n'hésitez pas à le diffuser au sein de différents groupes, comme sur vos propres murs respectifs. D'avance merci. 

 L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses. 

Librement vôtre - Faisons ensemble la liberté, la Liberté fera le reste. 




Sommaire:

A) Europe et migrations - Chantal DELSOL - son blog

B) Primaire à droite : Frédéric Lefebvre tente un dernier coup de poker - Par

C) Sarkozy : mais pourquoi ment-il autant ? - Par Cédric Mathiot - Libération

D) Frédéric Lefebvre, de l’ombre à la lumière - La Saga des Audacieux

E) Le coup du modèle social - Jean-Francis Pecresse  - Les Échos

F) Livre : Le vote libéral par Jacques Garello - IREF




A) Europe et migrations

Les grandes migrations et l’avenir de l’Europe

1

La question de l’immigration se pose à nous Européens, de façon tragique. Autrement dit, comme un dilemme cornélien, un conflit aigu entre la politique et la morale. Conflit insoluble au sens où il n’y a pas de « solution » qui le dissoudrait. Il faut assumer l’exigence de la politique et l’exigence de la morale, et cependant prendre des décisions, qui nécessairement tranchent sur le vif.
La politique dit : le gouvernant doit protéger la société qu’il a en garde, et cela signifie protéger un monde culturel, celui dont les citoyens ont fait leur patrie. Même si on manque à la morale en laissant dehors des réfugiés.
La morale dit : une société, surtout si elle est riche et prospère, n’a pas le droit de laisser dehors des humains errants, jetés d’ailleurs et réclamant asile. Même si cela aboutira à une remise en cause de l’identité culturelle de celui qui accueille.
L’une et l’autre ont raison. Elles aboutissent ensemble à une contradiction. Et cependant le gouvernant doit prendre des décisions. Il ne peut être ni seulement un politique, ni seulement un être moral.
Cicéron, cité plus tard par Saint Augustin, avait écrit là-dessus un texte d’une grande force. Un homme est mortel, dit-il, mais une société est immortelle. Un individu peut choisir de tout sacrifier à la morale, son existence et sa vie : il peut choisir de mourir pour le bien. Mais une société n’en a pas le droit. Car elle est pour ainsi dire responsable de l’immortalité. Elle doit assurer la durée du monde culturel dont elle a la charge (il faut ajouter que cette question de la durée comme finalité dernière de la société a été la différence entre Athènes et Rome, plus tard a séparé Machiavel de toute la tradition héllèno-chrétienne antérieure, plus tard encore, avec Hitler a consacré Machiavel et l’a en même temps mis au ban : depuis le nazisme, qui au nom de la durée a été capable d’utiliser des moyens ignobles, nous n’avons plus envie de considérer que la durée de la société est un but en soi).

On a tout vu ces derniers temps. Ceux qui avancent les raisons politiques sans s’intéresser à la morale : fermons les frontières et laissons-les dehors. Ceux qui avancent les raisons morales au détriment de la politique la plus sommaire : ouvrons les vannes et laissons entrer tout le monde. Les premiers sont prêts à perdre leur conscience morale pour sauver leur culture. Les seconds sont prêts à effacer leur culture pour sauver la morale.
On voit aussi (surtout) toutes sortes de manigances intellectuelles et verbales.
Par exemple le déni qui consiste à prétendre que les humains sont interchangeables, parce qu’au fond il n’existe pas d’identités culturelles, seulement une culture universelle – ce qui permet en l’occurrence de réconcilier la morale et la politique, au prix d’un aveuglement.
Encore plus sidérant, le déni de réalité qui prétend que l’islam est une religion démocratique, ou bien que les femmes « n’ont qu’à se tenir à distance d’un bras » dit la bourgmestre de Cologne Henriette Reker.
Autrement dit, les arguments sont : ce n’est pas vrai que l’immigration massive serait un problème (l’islam est compatible avec nos sociétés), ou bien ce n’est pas grave (parce que notre culture est coupable de tant de crimes qu’elle ne vaut pas d’être protégée).
La volonté de réaliser la morale, sans s’inquiéter de la politique :
-      répond à la croyance idéologique, d’essence totalitaire, selon laquelle la politique n’est autre que la réalisation d’une morale. Que la politique devrait disparaître.
-      répond à une dévalorisation du monde culturel occidental, dont il ne vaudrait plus vraiment la peine que la politique le défende. Répond à l’affolement devant le désastre moral du XX° siècle. La décision de Merkel n’est-elle pas suicidaire ?
-      répond à un refus de la diversité culturelle et de l’identité culturelle, et à un culte de l’indifférenciation. Volonté post-moderne de réaliser tout de suite l’universel, la communion des cultures – de réaliser Babel.
Je rappelle que nous nous sommes déjà trouvés il y a un siècle devant une situation vécue comme danger culturel ou comme mort prochaine de soi (le progrès de la médecine d’une part, l’Etat providence de l’autre laissaient craindre des foules d’individus dits « dégénérés »). Darwin (La descendance de l’homme I p.145) décrit le combat de la morale et de la nécessité et dit : la morale doit gagner. Et cela avec regret. Il expose une sorte de caprice déraisonnable de la morale que « nous devons subir sans nous plaindre » parce que l’instinct de sympathie est « la plus noble partie de notre nature ». Hitler répond à Darwin en disant : tant pis pour la morale. Nous ne voulons plus qu’il nous arrive de prendre une telle décision.
S’ajoute une raison plus historique, à laquelle pour ma part j’attache beaucoup d’importance : la responsabilité des pays colonisateurs et de ceux qui ont fait venir de nombreux immigrés ces dernières années pour des raisons économiques. La France sous Pompidou a fait venir une foule de travailleurs bon marché (c’était un choix : la Suisse a préféré payer plus cher ses éboueurs suisses), et certains disent qu’on a eu tort de décréter le regroupement familial, ce que je trouve inacceptable. Quand on a colonisé et utilisé des peuples qui désormais parlent français, on est responsable d’eux.
Il est donc clair que nous ne pourrons pas éviter un afflux massif d’immigrés.


2

Vous me posez la question : à la lumière de l’enracinement de Simone Weil, comment peuvent vivre des peuples sans racines ? Comment percevoir la situation des migrants d’aujourd’hui ?
Il faut préciser que l’Enracinement de Simone Weil concerne l’anthropologie philosophique, ou la compréhension de l’homme en tant qu’homme. Par exemple : l’homme a besoin de liberté, d’égalité ; il a besoin de faire des efforts etc. Il ne s’agit pas de l’anthropologie culturelle, au sens où l’on dirait : l’homme occidental a besoin de démocratie, d’autonomie etc
A l’égard de l’anthropologie philosophique, les migrants ne sont pas déracinés. Mais ils sont déracinés de leur culture. Et c’est aussi une vraie question. Comment faire vivre dans une même patrie des groupes humains aussi différents ? Où sera désormais le bien commun ? La réponse la plus simple consiste à laisser les groupes se séparer et vivre séparément – c’est le communautarisme ou multiculturalisme : le bien commun devient l’addition des biens des groupes divers ; cela signifie que chaque groupe culturel recrée sa patrie à l’intérieur de la grande patrie, et c’est probablement source de luttes civiles à long terme. La deuxième réponse est celle de la neutralité : l’identité culturelle en général est biffée, niée, à l’exception du seul folklore ; pour éviter le communautarisme et garantir la paix sociale, on se donne un bien commun neutre et matérialiste. L’avantage est d’éviter les luttes internes : car si on se bat pour des croyances, on ne se bat pas pour des intérêts ; il suffit donc d’effacer les croyances et de ne valoriser que les intérêts. L’inconvénient est alors que l’on prive la société de sens : les biens matériels ne donnent pas sens à la vie. C’est le choix français.


3

Que l’on choisisse le communautarisme ou l’apologie du neutre, en cas de migration massive la déculturation ou perte d’identité est bien réelle. Il suffit de regarder des films comme « Entre les murs ». Ou bien : l’histoire du jeune français issu de l’immigration qui dit à son professeur « je vous ai bien écouté pour avoir une bonne note, mais tout ce que vous avez dit était faux ».
Le phénomène de « dewesternisation » dont vous parlez est-il réel ?
A certains égards, non. Car confrontée à d’autres cultures, la culture européenne en général fait envie. Je ne vois pas que les femmes maghrébines arrivées en France demandent à leurs maris de continuer à les enfermer chez elles, comme j’ai pu le voir dans les foyers de transit. Toute culture extérieure à l’Europe se demande « faut-il s’occidentaliser ? », mais nous ne nous demandons pas s’il nous faut nous indianiser ou nous siniser (perdre les droits de l’homme et adopter une culture holiste comme celle que défend avec talent le singapourien Lee Kuan Yew). La question ne se pose même pas. L’Ouest a un attrait tel que la « dewesternisation » sera difficile. D’ailleurs, si l’on se précipite chez nous, c’est que nous sommes victimes de notre succès, tant sur le plan économique que politique et culturel. Beaucoup de ceux qui s’installent chez nous cherchent, tout autant que le confort économique, l’autonomie personnelle qu’ils n’auraient pas dans leur pays.
Pourtant, le phénomène de « dewesternisation » pourrait se produire de deux manières.
Cette liberté individuelle enviable qui est notre marque de fabrique et qui produit l’immigration, nous l’exagérons et n’en voyons plus les limites, si bien que nous en perdons ce que précisément Simone Weil appelle les racines. C’est ainsi que nous suscitons, par réaction contre nos excès, un anti-occidentalisme profond dans plusieurs cultures extérieures (aujourd’hui on peut citer trois cas : les pays chinois, la Russie orthodoxe, l’islam fondamentaliste). C’est ainsi que de jeunes musulmanes peuvent préférer porter le voile plutôt que de s’exposer à l’impudeur et à la pornographie dont nous prétendons être fier.
Enfin : nous sommes en train de nous laisser mourir démographiquement, et de cette manière la « dewesternisation » est automatique, sur le long terme. Dans le livre Les cent prochains siècles Raymond Ruyer avait décrit les peuples long-vivants : dotés de religions et certainement pas individualistes…

4

Il est douteux qu’on parvienne à répondre à ce dilemme tragique et cornélien par des tours de passe-passe, de la prestidigitation, de la fumée.
Que peut-on faire dans une situation pareille, affolante parce que vouée à l’échec d’un côté comme de l’autre ?
On peut déployer des capacités et des vertus surabondantes. Un individu face à une situation tragique peut aller au-delà de lui-même. Une société aussi le peut. A condition que ce ne soit pas au nom d’un angélisme fumeux, mais au nom d’une morale sincèrement ancrée dans les exigences de la vie. Car on veut bien sacrifier beaucoup, mais pas pour satisfaire des imposteurs idéologues.
Si l’on tient à défendre à la fois la politique et la morale, il faudrait faire un effort immense pour tenir tous les fils de cette situation tragique. A savoir user à la fois de la plus grande lucidité (pour la politique) et de la plus grande solidarité (pour la morale). La lucidité : accepter d’expulser vraiment les clandestins qui n’ont rien à faire ici (on ne le fait pas) ; passer un contrat d’intégration (l’apprentissage de la langue, les mœurs) à ceux qui désirent entrer ; tenir un langage de vérité à propos de l’islam (on en est très loin !). La solidarité : travailler de façon citoyenne, au niveau du village et du quartier, à l’accueil et à l’intégration. On se souvient qu’après plusieurs noyades dramatiques sur les bateaux de fortune, un grand élan de bonne volonté avait animé la planète européenne : des villages français s’organisaient pour recevoir chacun plusieurs familles de réfugiés, et les Allemands applaudissaient en foule les réfugiés débarquant des trains. Toutes ces bonnes intentions se sont enfuies, pas seulement en raison de cette émotion fugitive qui semblait en être le seul moteur, mais parce qu’elles n’étaient pas portées par une atmosphère de lucidité. C’étaient de belles intentions, issues de nos rêves moralistes et non pas ancrées dans le quotidien exigeant.
La morale est impure si elle récuse la réalité.
La bienveillance morale que l’on doit aux personnes n’a pas à passer par la complaisance. Je respecte tous les musulmans, même ceux qui me méprisent, parce que je dois la miséricorde à tous les humains ; mais je ne respecte pas l’islam, religion qui tient les femmes pour des enfants.
Nos concitoyens approuveront des entrées massives d’immigrés si on cesse de leur mentir. Si les gouvernants présentent les immigrés comme des hôtes malheureux dont l’hospitalité élémentaire réclame qu’on leur ouvre la porte, mais qui doivent respecter les règles de la maison, alors l’accueil devient possible. Si on accepte de débattre sur la part de l’islam qui peut s’intégrer chez nous, au lieu de traiter d’islamophobe quiconque évoque les différences, alors nos concitoyens ouvriront leurs bras. L’exemple du Canada est, à mon avis, exemplaire – il faut dire que le Canada est une île…
L’angélisme provoque les extrémismes. Mais la lucidité jointe à un grand sens moral, pourrait accomplir des miracles.

Chantal Delsol, Prononcé à l’Université de Varsovie, 31 mai 2016



B) Primaire à droite : Frédéric Lefebvre tente un dernier coup de poker

Invoquant une cabale menée à son encontre par Nicolas Sarkozy, le député veut se présenter à la primaire via une disposition qui permet à des partis associés de participer au scrutin sans passer par l'étape des parrainages.
Frédéric Lefebvre joue le tout pour le tout. En retrait pendant cette pré-campagne, on pensait l'ancien ministre définitivement découragé à se présenter à la primaire à droite. Il n'en est rien. Le député des Français de l'étranger s'est présenté vendredi après-midi au siège de la Haute autorité chargée d'organiser le scrutin. A l'issue d'un entretien avec Anne Levade, sa présidente, l'élu a fait une déclaration tonitruante: «J'ai reçu de nombreux parrainages. Il m'a été refusé de les enregistrer».
Une affirmation qui n'est pas confirmée par la Haute autorité. Frédéric Lefebvre, lui, jure qu'il est victime de la vindicte de Nicolas Sarkozy, l'ancien chef de l'Etat dont il a longtemps été le porte-flingue. «Dès le début de ma candidature, j'ai fait l'objet d'un traitement personnel. Le président des Républicains a cherché à me faire renoncer», s'est indigné l'ancien ministre devant les journalistes. Pour étayer son accusation il a cité sa non-investiture pour les prochaines élections législatives. «Je suis le seul député sortant à avoir subi cette marque d'infamie». Une cabale qui aurait eu des conséquences dans sa collecte des parrainages: «Les parlementaires qui m'ont parrainé ont évidemment mesuré le risque pour leur avenir politique».


«Je suis candidat»

Ainsi, il a indiqué avoir «officiellement saisi la Haute autorité le 28 juillet dernier des conséquences de ces mesures ad hominem». Faute de réponse, il a décidé vendredi de déposer sa candidature via l'article 4, paragraphe III-2 de la charte de la primaire. Celui dispose que les partis associés aux Républicains peuvent présenter un candidat selon les dispositions qu'ils souhaitent. Sans la case parrainages, donc. L'occasion pour Frédéric Lefebvre de sortir de sa poche son micro-parti, Nouveaux horizons. «Je ne suis d'ailleurs pas le seul dans ce cas de figure», souligne l'élu. Effectivement, Jean-Frédéric Poisson a eu l'autorisation de se présenter au nom du Parti chrétien-démocrate sans avoir à récolter de parrainages.
«Ma volonté est totale de ne pas céder au système. Ce 9 septembre, vous l'avez compris, je suis candidat», a conclu Frédéric Lefebvre. Toutefois, rien ne dit que la Haute autorité confirmera sa candidature. «La Haute autorité contrôle la régularité des présentations et vérifie leur conformité aux conditions arrêtées par les organes délibérants des partis et groupements politiques concourant à la primaire», peut-on lire dans le guide électoral de la primaire. Un candidat extérieur aux Républicains peut se présenter sans parrainage «à condition qu'un accord ait été préalablement conclu entre l'organe délibérant du parti ou groupement politique dont il est issu et les organes délibérants des autres partis ou groupements politiques concourant à la primaire», avait précisé la Haute autorité dans une recommandation de novembre 2015.
Ces derniers jours, plusieurs petits candidats farfelus ont tenté d'utiliser ce subterfuge pour s'inviter dans le scrutin. Pour l'instant sans succès.

Par



C) Sarkozy : mais pourquoi ment-il autant ?  

Mais pourquoi donc traquer ainsi les bobards de Nicolas Sarkozy ? Quand l’ex-président a fait son retour en politique, fin septembre, les médias se sont posé la question du traitement à lui réserver. Méfiants à l’idée de tomber dans le piège de la surmédiatisation, soucieux de ne pas contribuer au bruit qu’il sait créer autour de lui. Rue 89 a ainsi expliqué, dans un billet intéressant, avoir décidé de se forcer à rester à distance de l’animal. A Désintox, nous avons fait tout l’inverse. Pas le choix. Parce que c’est lui, parce que c’est nous. Parce que notre travail est de débusquer les bobards, parce que sa manière de faire de la politique consiste à les empiler. Parce qu’il a cassé notre bobaromètre, cet outil que nous avions mis en place en 2012 pour mesurer le nombre d’intox des candidats à l’Elysée.



Depuis six ans que Désintox existe, Nicolas Sarkozy est une mine d’intox à ciel ouvert. Un oiseau rare. Notre youkounkoun. Un objet d’étude sans nul autre pareil. Son art du story telling, ses postures de matamore sont inimitables, qui le voient systématiquement accroître ses mérites, rogner ceux des autres, grossir les chiffres ou rabioter les stats.

Nous avons donc pris un billet pour le Sarkotour, et, chaque soir de représentation depuis son interview sur France 2 fin septembre, nous sommes au premier rang. A Vélizy, à Toulouse, à Toulon, à Marseille, à Caen. Nous recensons les bobards. Onze intox à Toulon et Marseille, Neuf à Caen. Combien ce jeudi soir à Saint Etienne ? Certes, ce sont parfois les mêmes. Pourquoi continuer, alors, à chroniquer la répétition de ces intox ? Parce que la répétition, c’est le sujet, aussi.

La singularité de Nicolas Sarkozy n’est pas seulement sa capacité à fabriquer du bobard, sur l’AME, la GPA, les syndicats, la délinquance, etc. Elle réside dans sa capacité à les répéter, sans aucun scrupule, sans tenir compte (jamais) du fait que la presse a apporté la preuve du bobard de la veille. Une majorité des hommes politiques ont le mensonge honteux. Au moins un peu, sur les bords. Si ce n’est par vertu, au moins par désagrément d’être confondus. Pris en flagrant délit, ils se justifieront avec parfois des trésors de mauvaise foi s’ils y sont obligés. Mais la fois d’après, ils hésiteront à y revenir, ou se corrigeront un peu. Nicolas Sarkozy, jamais. 


Jouer au Sarko bingo pour lister les intox avec nous
Après ses premiers meetings, le Monde et Libé, pour la énième fois, ont expliqué que, non, rien ne permet d’affirmer, comme Sarkozy le dit sans cesse, que 5% des délinquants commettent 50% de la délinquance. Que croyez vous qu’il fit ? Il le répéta. A chaque fois. Et deux fois pour le prix d’une, même, à Caen : «50% des faits de délinquance sont le fait de 5% des délinquants ! Vous m’entendez bien ? 50% des faits de délinquance sont le fait de 5% !» 
Depuis plusieurs meetings, il dégaine un autre élément de langage, consistant à dire que s’il n’a pas réussi à faire baisser le nombre de fonctionnaires en France lors du dernier quinquennat, c’est parce qu’il a supprimé 165 000 postes dans la fonction publique, mais que les «collectivités de gauche» en ont créé autant. Un mensonge parmi d’autres. Piteuse démagogie consistant à attribuer uniquement à la gauche 165 000 postes. En réalité, les collectivités ont créé environ 80 000 postes (le reste correspondant à des transferts dans le cadre de la décentralisation), et pour l’essentiel dans les communes et intercommunalités, qui ne sont pas spécifiquement de gauche. Par deux fois, Désintox a publié le tableau qui permet d’infirmer le grossier bobard. A Caen, lors de son dernier meeting, Nicolas Sarkozy a paru refréner l’intox, s’abstenant de parler des collectivités de gauche : «Pendant cinq ans où j’ai été président, nous avons supprimé 165 000 emplois dans la fonction publique. Jamais dans l’histoire de la République, un tel effort n’avait été fait. Le problème est où ? C’est que dans le même temps, les collectivités territoriales ont créé autant de postes de fonctionnaires que l’Etat en avait créés.» Mais il n’a pas pu s’empêcher d’ajouter, dans un sourire : «Je n’accuse personne… Encore que…»

Ainsi est Sarkozy. On se dit «il n’osera pas continuer à répéter ça». Mais il ose. A chaque fois. Encore et encore, à chaque meeting. Il en reste une dizaine avant l’élection de fin novembre. Nous y serons. Et nous vous invitons à vous joindre à nous, en jouant à notre jeu du Sarko bingo.

Par
Libération



D) Frédéric Lefebvre, de l’ombre à la lumière

Il était l’un des protagonistes clés de la SarkozieL’homme de l’ombre aux aguets.
Frédéric Lefebvre prend son envol outre-Atlantique à la suite de l’invalidation de l’élection de sa concurrente.
La législative partielle fut un coup de théâtre. Bousculé par la mort qui l’a frôlée, il relativise les conflits politiciens. L’élu livre son regard sur la politique. Dans son bureau empli de souvenirs. Rencontre.

Le Député d’Amérique du Nord n’a pas une mais plusieurs vies. Elles sont façonnées par un destin qu’il a, chaque fois, saisi pour avancer en s’émancipantIl affronte aujourd’hui les individualités enfermées dans des idéologies. Il se faisait l’ardent défenseur, sans concession, de Nicolas Sarkozy en quête du pouvoir suprême. Face aux socialistes, il ne lâchait, ni ne démordait


Des tournants comme autant de paragraphes de la vie 
Il s’est, par la suite, émancipé et affranchi en devenant l’un des acteurs clés de l’Hémicycle. Député des Hauts de Seine il était le spécialiste des amendement votés à l’unanimité. Déjà en recherche de consensus. Avant que son mentor ne lui confie le rôle ingrat de porte parole. Comme tout ce qu’il entreprend, il le fait à fond. Parfois en allant trop loin. Les Français le découvrent. Il est omniprésent sur toutes les chaînes de télévision et de radio. Fait son premier 20h sur France 2. Riposte à toutes les attaques contre Nicolas Sarkozy. Fourni aux réseaux sociaux quelques perles qui feront leur délice.  Et c’est alors, qu’à plusieurs reprises, il frôle la mort. Sans le savoir au départ. Le médecin qui l’a sauvé le qualifie de « miraculé« .

 Des expériences qui ne laissent, pas indemnes. Ces péripéties et ces tournants, sont autant de paragraphes décisifs qui ont marqué la vie de l’élu républicain
Face au Président du Parlement Européen insensible à ces appels à se mobiliser contre l’Etat Islamique ou devant une opposition partisane et systématique, il se lève avec fermeté. Et voici celui qu’un journaliste du Figaro surnomma « OuiOui« , au regard de sa propension à soutenir l’actuel pouvoir quand il juge que cela va dans le bon sens,  qui au nom de l’indignation, est capable de porter un Non, ferme et définitif. Au nom des citoyens qu’il représente. Quand l’idéal qui entend défendre le mérite. 

La politique emplie d’ « énergie négative » dont il a été l’un des protagonistes jadis, il la balaie dorénavant
1981. François Mitterrand est élu Président de la RépubliqueCette année-là est aussi celle de la naissance d’un duo politique qui gravira les sommets de l’Etat. Frédéric Lefebvre rencontre Nicolas Sarkozy. Amitié qui sera doublée d’une fidélité réciproque à toute épreuve. Tous deux, avancent dans une quête politique. Clivant, le conseiller ne laisse rien passer quant à l’image de Nicolas Sarkozy gravissant les marches du pouvoirLe « porte-flingue » est un pilier de la Sarkozye. Il prend des coups pour lui. Abîme son image. Ses amis de gauche, comme Julien Dray, le mettent en garde. « Ne te sacrifie pas. » Le PS va réagir durement et mettre en place une « cellule anti-Lefebvre » avant que Benoit Hamon ne le prenne comme modèle, exhortant une fois devenu ministre, ses successeurs à prendre exemple sur son alter ego. Sarkozy ne le nommera pas comme promis au Gouvernement. En tout cas pas tout de suite. 
Mais avant de se retrouver dans la lumière l’homme fut un conseiller de l’ombre reconnu pour son professionnalisme et parfois sa dureté. 
L’ouverture face au système 
Il sera successivement Attaché Parlementaire, Chef de Cabinet adjoint, Conseiller en charge des relations avec le Parlement auprès du futur Chef de l’Etat.
 S’il fut intraitable avec ceux qui mettaient en cause Nicolas Sarkozy, il fut aussi l’artisan de « l’ouverture« . L’élu a participé à théoriser cette idée qu’il avait mise en pratique pendant les années de l’ombre.  Le Conseiller parlementaire a « noué des liens d’amitié avec des personnalités de gauche ». 
Manuel Valls, Didier Migaud ou Julien Dray appréciaient ce conseiller qui acceptait au nom de son ministre, les amendements socialistes qu’il trouvait constructif. 
Devenu Ministre il pratiqua ainsi, notamment sur son texte consommation que Benoit Hamon justement acheva après l’alternance, un texte « à deux papas » comme le dit non sans humour Frederic Lefebvre, à la sortie du débat vif sur le mariage pour tous.
« J’ai travaillé avec les élus de gauche sur les textes plutôt que de suivre le petit jeu politique habituel consistant à piquer l’amendement d’un autre afin de le faire redéposer à l’identique et que ce soit votre parti politique qui en ait la paternité ». 
L’ouverture a rencontré maints obstacles. « Le système n’en voulait pas. » déplore-t-il. En revanche, Les français souhaitent, aujourd’hui, plus que jamais « qu’on fasse voler en éclats ces divisions superficielles ». 
C’est peut être cette divergence de point de vue  qui semble l’éloigner depuis des mois de son célèbre mentor, redevenu Président de sa famille politique. Â moins que ce ne soit Sarkozy qui s’éloigne. Ce dernier ne semble guère goûter cette nouvelle liberté que son ancien collaborateur embrasse avec gourmandise. 
Alors, Frédéric Lefebvre a voté la Loi Macron. « J’ai regretté que ma famille politique ne se soit pas mise dans la logique de la voter et de l’enrichir ». Concernant la récente annonce de simplification du droit du travail, «s’il y a des dispositifs dont je suis convaincu, je les voterai ». 
Devant des ténors un peu surpris , à la Baule il est très applaudi quand il appelle sa famille politique à changer de stratégie et à voter ce qui est bon pour la France.


Un coup du destin 
Ne s’enfermant pas dans un carcan, il avance. 
Parfois, c’est un coup de force du destin qu’il attrape avec vigueur. Direction l’Amérique et son imaginaire empli de possibles. S’il est investi par l’UMP pour les législatives pour la 1ère circonscription des Français établis hors de France, la victoire est remportée par sa concurrente Corinne Narassiguin. Coup de théâtre. Le Conseil Constitutionnel annule l’élection en raison du compte de campagne de la socialiste
Le voici candidat à nouveau. 
Après une campagne « positive« , sans une attaque contre l’actuel Président de la République, alors que ses amis l’enjoignaient de faire de cette élection un référendum anti-Hollande, il est élu avec plus de 53,72% des voix. Contre l’un des fils du président Giscard d’Estaing que l’on disait favori. 
Avec ces législatives partielles, l’Amérique du Nord lui ouvre les bras. Il est sur tous les fronts pour  défendre ces Français d’outre Atlantique. Carte vitale, CSG, éducation…
Aux maux de la politique « passéiste » et « fataliste », le Député d’Amérique du Nord oppose le mot « amour ». 
L’ancien Ministre qui passe près de la moitié de son temps aux Etats-Unis et au Canada, a d’ailleurs écrit dans son dernier livre, Vous êtes prioritaires, que « L’éloignement est un exhausteur d’amour. Plus on est loin de la France. Plus on l’aime. » 
Il souhaite vivement que chaque citoyen aie la possibilité de voir son propre pays de l’extérieur. « La France c’est tout autant la France de l’hexagone que celle du monde entier ». C’est pour cette raison qu’il rassemble à l’Assemblée Nationale, 300 jeunes de tous horizons, des quartiers des banlieues comme des zones rurales, autour d’un objectif « Partez à la conquête du monde« . Il mobilise des mentors chefs d’entreprises Français du Canada et des Etats-Unis. 
« J’ai tutoyé la mort »
« En partant des problèmes des gens, j’ai réuni des acteurs, j’ai apporté des solutions concrètes. » L’élu entend améliorer le quotidien. « Quand je me réveille, j’ai l’envie d’agir ». D’ailleurs, il raconte qu’il déteste  « une cause juste qui échoue, c’est un sacré moteur dans la vie ! » Une vie qu’il savoure alors qu’il a tutoyé la mort à plusieurs reprises. « J’ai fait 7 embolies pulmonaires et un infarctus pulmonaire. Cela change la vision de la vie. » S’il reconnait quil a été pris « dans le combat politique avec son lot d’énergie négative », aujourd’hui, il affirme que ce n’est plus le cas : « je ne mobilise que de l’énergie positive. Je ne veux pas rentrer dans des polémiques inutiles. Je suis totalement tourné vers l’idée que pour changer les choses, il faut penser positivement ». 
« Toi aussi Frédéric tu seras appelé » Il conte dans, Le mieux est l’ami du bien, son premier livre, cette sentence d’un prêtre rencontré alors qu’il était adolescent. La vie se poursuit et il se rappelle de la phrase prononcée par l’homme d’Eglise. L’élu croyant compare la politique, « exigeante et difficile » à un « sacerdoce ». La croyance l’anime« Lorsque l’on observe l’Histoire du monde, la plupart des systèmes d’organisation des sociétés se sont bâties autour des croyances. » Pour lui, les liens tissés entre les sphères politiques et religieuses sont une question cruciale des prochaines années. 
Cet été il vient d’écrire un petit livre sur ce sujet qu’il juge essentiel. 
Il s’est mobilisé pour les chrétiens d’Orient alors que pas une voix ne s’était encore faite entendre, en septembre 2013, sur le plateau du Grand journal de Canal + et ailleurs,  il a lancé  une pétition pour sauver les églises en France menacées de destruction.
Il lance ensuite une pétition « Pour une mobilisation européenne contre l’Etat Islamique »  avec 54 députés de droite et de gauche. Il met le Président du Parlement européen, Martin Schulz face à ses responsabilités. 
Quand il juge que le monde politique n’agit pas il fait appel aux citoyens. 



Pour de Nouveaux Horizons
« On vit dans un pays découragé, sans route tracée pour les jeunes». Il déplore que trop dpolitiques de tous bords « portent une parole sans vision, empêchant les citoyens de se projeter dans l’avenir ».
 Les temporalités politiques, économiques, sociales ne sont pas les mêmes. « Nos principes démocratiques font qu’une loi qui va être essentielle, urgente pour solutionner des questions criantes sur le terrain va mettre beaucoup de temps à être adoptée à l’image de celle sur le gaspillage alimentaire. » Les obstacles comme celui de la constitutionnalité pour des raisons de procédure auraient pu être évités comme il l’avait expliqué dans l’hémicycle.
Ses propos sur la jurisprudence de « l’entonnoir » jugés « anxiogènes » par le rapporteur du texte  s’avèrent prophétiques. Le conseil Constitutionnel censurera sur ce motif.
Il a d’ailleurs déposé dès cette décision, avec Jean-Pierre Decoolune nouvelle proposition de loi visant à lutter contre le gaspillage alimentaire traduisant la belle initiative d’Arash Derambarsh. « Entre le moment où vous découvrez un problème que vous devez régler et celui où vous allez effectivement pouvoir appliquer la solution, il se passe des mois et des mois alors que la situation est criante et demande une réponse immédiate » explique le Député. 
L’ancien Ministre évoque ses années au gouvernement : « Je faisais, au moins trois fois par semaine, des déplacements du réel. Dans des usines, chez des commerçants ou dans des PME. A chaque fois, je ramenais des problèmes concrets à régler. Je n’attendais pas que les hauts fonctionnaires me fassent des propositions de réformes. » Le voilà qui souhaite inventer « des outils permettant à des citoyens de prendre la parole et de participer à la décision. On peut bâtir de nouveaux outils pour la gouvernance ! » Le fondateur du think-tank « Nouveaux Horizons » entend travailler avec « les acteurs ». Lorsqu’il décide de s’investir sur un sujet, « au lieu de déposer tout de suite une proposition de loi, j’essaie d’associer les acteurs à sa rédaction ». C’est le sens des premières assises parlementaires qu’il organise au lendemain de l’interdiction d’UberPop et qui auront lieu le 8 octobre sur « L’économie du partage » où se bousculent les entrepreneurs et les économistes de renom. 
Il multiplie les idées innovantes et généreuses, en faveur des animaux ou  comme sa proposition de camps de réfugiés hors Schengen, reprise par tous à droite comme à gauche, à l’image de son « Chiche » qui fit couler beaucoup d’encre.
Dans la gouvernance moderne, il faut un changement de paradigme. « Inventons la démocratie digitale« , plaide  l’initiateur de la pléiade des modernistes qui regroupe des élus de toutes tendances qui veulent s’affranchir des postures idéologiques. 
Frédéric Lefebvre mobilise son énergie pour une politique moderne, pour une politique de rassemblement où « espoir », « croire » et « agir » trois mots qui lui tiennent à cœur, prendront enfin sens dans la société. 

  - La Saga des Audacieux



E) Le coup du modèle social
 
Faut-il avoir si peu compris l'origine du décrochage français, faut-il si peu saisir le monde qui nous entoure - et nous dépasse -, faut-il si peu comprendre les conséquences de la révolution numérique pour se poser encore en « garant du modèle social français » ? Déjà plus candidat que président, François Hollande a choisi son camp lorsqu'il a dénoncé jeudi cette droite réformatrice coupable à ses yeux de vouloir « démanteler » ce produit de notre génie dépensier -  « Comme s'il était trop lourd... », a-t-il cru bon d'ajouter - : ce camp, c'est celui de l'immobilisme. 
 
 
 
Comme autrefois François Mitterrand et Jacques Chirac, deux de ses prédécesseurs eux aussi en quête d'un deuxième mandat, le chef de l'Etat sortant nous refait le vieux coup du modèle social menacé. Indéniablement populaire, cette promesse d'une extension continue du domaine de la protection sociale repose sur un profond déni de réalité. Car quand François Hollande se targue d'avoir à la fois « sauvegardé » les retraites du privé, créé de nouveaux droits comme la compensation de la pénibilité au travail, et laissé des comptes sociaux « quasiment à l'équilibre », il laisse de côté l'essentiel. D'abord parce que cette fameuse « sauvegarde » des retraites, formule qui ne veut au demeurant rien dire, ne doit rien à des réformes mais tout à des hausses de cotisations sur les actifs. Elle laisse intacte la « bombe » à retardement du financement des pensions des fonctionnaires. 
 
 
 
Enfin, si le déficit du régime général pourrait passer sous les 5 milliards d'euros, ce qui n'est tout de même pas une paille, celui de l'assurance-chômage sera encore pratiquement du même ordre. Or, passée totalement sous silence hier, la montagne de dettes accumulée par l'Unédic signe l'insoutenabilité de ce modèle défendu comme un totem par François Hollande, lui qui laissera aux entrepreneurs ce boulet qu'est le compte de pénibilité. En choisissant de s'afficher en conservateur de gauche, le chef de l'Etat prend le risque de brouiller une nouvelle fois les pistes sur ses convictions, lui qui a pourtant porté au printemps une loi de réforme du marché du travail perçue comme sociale-libérale. Il laisse surtout à son nouveau rival à gauche, Emmanuel Macron, le terrain de la modernisation de notre système social. 
 
 
 
Quand lui paraît figé dans la continuité du passé, son ancien ministre de l'Economie peut développer le constat que « le modèle social de l'après-guerre ne marche plus ». Vieille gauche contre gauche moderne ? Comme le montre notre sondage Elabe pour « Les Echos » et Radio Classique, l'impression qu'ont deux tiers des contribuables de payer toujours plus d'impôts en cette fin de quinquennat vient chaque jour rappeler le coût de ce modèle social qui, s'il profite à tous, repose, pour son financement, sur une base qui ne cesse de se réduire... 
 

Jean-Francis Pecresse 
Les Échos



F) Livre : Le vote libéral

Existe-t-il un vote libéral en France ? Hélas, pas encore… Le vote libéral est aujourd’hui « impossible et stérile », écrit avec lucidité le professeur Jacques Garello dans son dernier essai, publié aux Editions Libréchange. « Impossible », car il n’y a pas vraiment d’offre politique libérale de la part d’une classe politique biberonnée à l’argent public et qui a tout intérêt à faire vivre l’Etat providence et « stérile » car la seule fois où la France a eu un candidat libéral – Alain Madelin en 2002 – les électeurs n’ont pas vraiment cru en lui à cause d’une campagne électorale très ambigüe.




Même les autres types de votes ne sont plus aussi visibles qu’auparavant. Le vote ouvrier a basculé de la gauche vers le Front national… Comme le vote paysan, de la droite vers l’extrême droite. Et avec la baisse du nombre d’agriculteurs, son importance est déclinante. Mais les agriculteurs peuvent bloquer les routes, mieux vaut les avoir de son côté… Le vote protestant est beaucoup moins unanime qu’auparavant, tout comme le vote catholique. On peut rajouter le vote des fonctionnaires et des agents publics qui représentent en France une force électorale impressionnante. Si l’on compte tout le monde (contractuels, etc…), on dépasse 6 millions de voix. Jusqu’à aujourd’hui, leur vote a été largement (surtout chez les enseignants) en faveur du candidat socialiste mais on remarque un basculement vers le candidat frontiste, surtout chez les policiers et les militaires. Néanmoins, le vote des fonctionnaires et des agents publics est majoritairement orienté à gauche. C’est le vote d’une caste qui souhaite garder ses privilèges. Ce n’est pas un hasard si la France est le seul pays à ne pas avoir fait une vraie réforme de l’Etat et de sa fonction publique…


Alors, où trouver des électeurs libéraux ? Chez les abstentionnistes et les déçus de l’offre politique bien entendu. Mais l’électeur libéral est un peu partout, il faut le convaincre. Et le professeur Garello donne les arguments imparables d’un vote en faveur de la liberté. On n’a jamais essayé le libéralisme en France et il est temps de comprendre qu’il s’agit d’une philosophie et pas seulement d’un système économique L’idée de liberté est valable partout dans le monde et tous les peuples aspirent à plus de liberté et il n’y a pas de raison que les Français n’en fassent pas partie. L’auteur a raison d’écrire que la conjoncture électorale est favorable au vote libéral. Les partis traditionnels sont contestés, partout dans le monde on a fait des réformes libérales et ceux qui les ont faites ont été réélus… Plusieurs candidats à la primaire de droite, dont Hervé Mariton, font des propositions libérales inspirées des travaux réalisés par les organisations de la société civile. C’est bien elle qui aura le dernier mot dans la transition libérale…



Clair, précis, pédagogique, l’essai de Jacques Garello devrait être lu non seulement par ceux qui ne savent pas comment voter mais aussi par ceux qui veulent être élus. A noter à a fin de l’ouvrage deux contributions de Patrick Simon et de Jean-Philippe Delsol qui complètent parfaitement les propos du professeur Garello.

Le vote libéral, par Jacques Garello, bientôt disponible aux éditions Libréchange.
  
Jacques Garello 
IREF


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