L'Université Liberté, vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.
La définition du dictionnaire est plus probante que l'analyse finale de l'encyclopédie. Allez savoir qui a interprété ce récit historique-politique ? Ne nous étonnons pas de lire comme analyser au sein de nos enseignements ces termes déjà galvaudés. Ne vous étonnez pas d'en lire comme entendre leurs inepties respectives de la part de nos "Enfants"... Restons "Tolérant" la "Pensée unique" s"estompera avec le temps...mais cela semble bien loin, les siècles passent et "l'Evolution" vers l'"Individu", la "Liberté" , ce chemin est long, une question de "Responsabilité" ou de "Révolution" ?
Définition au sein du dictionnaire Larousse:
- Doctrine économique qui privilégie l'individu et sa liberté ainsi que le libre jeu des actions individuelles conduisant à l'intérêt général.
- Doctrine politique visant à limiter les pouvoirs de l'État au regard des libertés individuelles.
- Attitude de compréhension qui pousse à la tolérance : Faire preuve de libéralisme dans ses opinions.
- Dans la religion protestante, équivalent du modernisme catholique.
Attitude de compréhension qui pousse à la tolérance
- Synonyme :
- tolérance
- Contraires :
- fanatisme
- intolérance
- sectarisme
André Gide (Paris 1869-Paris 1951)
Nous entrons dans une époque où le libéralisme va devenir la plus suspecte et la plus impraticable des vertus.
Journal , Gallimard
Sur l'encyclopedie:
1. Les débuts de l'histoire du concept
Le mot « libéralisme » est né au début du xixe siècle, après, comme il arrive souvent, que l'idée qu'il contient, la revendication de liberté,
a été portée elle-même sur le devant de la scène historique. En effet,
demander, exiger la liberté politique, idéologique, culturelle s'est
introduit dans la conscience politique des élites françaises dès le xviiie siècle,
dans une société qu'on dirait aujourd'hui « bloquée », divisée en
« états », c'est-à-dire en classes institutionnelles (→ clergé, noblesse, tiers état),
et où les libertés au sens moderne n'existaient réellement qu'à l'état
larvaire : liberté de penser, de circuler, de publier, de créer, etc.
Elles n'avaient aucune existence juridique.
Sous l'Ancien Régime,
il existait une religion d'État, des classes sociales figées
héréditaires, des barrières pour tout ce qui pourrait aller et venir
dans le royaume (douanes, impôts, passeports, etc.) ; néanmoins les
choses commencent à bouger avec la fin du règne de Louis XIV.
La liberté de l'individu, sa capacité de décider de son avenir, qui
constituaient autant de questions qu'il était jusqu'alors impossible
voire impensable de soulever officiellement, deviennent des thèmes de
réflexion.
Cependant, depuis la Renaissance et la Réforme, un
courant idéologique souterrain prépare une conception nouvelle de la vie
sociale. Machiavel, dans le Prince, Hobbes (1588-1679) dans le Léviathan, chacun à sa manière, ont attaqué la perspective de saint Thomas d'Aquin selon laquelle l'homme était fait pour vivre dans une société de droit divin (rappelons que la Somme théologique tient que tout pouvoir est d'essence divine et que la société civile ne peut être que théocratique).
Pour Hobbes et Machiavel, Dieu n'a rien à faire ni dans le lien social
entre les hommes ni dans la société. L'homme est fondamentalement
mauvais ; il faut le prendre comme tel (pragmatisme, dirait-on
aujourd'hui) et donc bâtir une société où sa méchanceté est la donnée de
base, par une répression visible et sans hypocrisie, et où le
« prince », loin de chercher à opprimer ses sujets, règne en fonction de
leur harmonie possible et pour leur bien.
Le point de départ sera méthodologiquement le même pour les philosophes du xviiie siècle :
existent d'abord les données de fait, dont la liste, établie dans un
esprit pragmatique, dépend de chaque auteur. Certains partent de la
notion de « nature ». Ainsi les « économistes », que la tradition
appellera les « physiocrates » (du grec phusis, nature), pensent que la société doit être organisée selon la nature, un ordre « naturel qui renferme les lois constitutives et fondamentales de toutes sociétés », selon les termes de l'un d'eux, Dupont de Nemours.
Quelles sont les notions issues de l'ordre naturel
qui assurent le bien-être des sociétés ? Ce sont la propriété, la
liberté et l'autorité. La première, la propriété, est fondamentale :
elle est personnelle, immobilière et foncière. La liberté, déjà supposée
par la propriété, implique que l'individu est le meilleur juge pour
savoir ce qui lui convient. Chaque homme doit pouvoir obtenir « la plus
grande augmentation possible de jouissance par la plus grande diminution
possible de dépenses », selon les termes d'un autre physiocrate, François Quesnay.
Quant à la troisième, l'autorité, les physiocrates n'ont guère
d'originalité : le souverain est un homme unique, un souverain absolu,
et sa mission est de créer et de faire respecter les lois. Le cri de
ralliement des physiocrates, dans la France issue de la pratique
colbertiste, faite de règlements et de droits de toutes sortes sur un
territoire constitué d'une mosaïque de coutumes et de droits
particuliers, est le mot célèbre : « Laissez faire, laissez passer ! ».
On sait que la Révolution réalisera d'abord toute son œuvre révolutionnaire au nom de la liberté : et d'abord par le moyen de l'égalité politique pour accéder à la liberté
politique, en supprimant les « ordres », les privilèges, puis en
mettant l'accent sur la liberté et la propriété davantage que sur
l'égalité dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Cependant, elle ne rendra pas possibles toutes les libertés, notamment celles, pour les classes défavorisées, de s'organiser.
Sur le plan intellectuel, il faut attendre la fin de la Révolution et du premier Empire pour que naisse le mot libéralisme, sous la plume de Maine de Biran qui le définit en 1818 comme une doctrine favorable au développement des libertés.
Nous sommes donc avec la Révolution passés à un pluriel : les libertés. Il y a à cette époque partout en Europe une aspiration à la liberté politique, différente selon les pays, mais qui n'est jamais loin de la liberté économique : en Espagne, les libéraux
veulent, dans la Constitution qu'ils rédigent à Cadix en 1812, tout en
résistant à l'occupation française, lutter contre l'absolutisme de leur
monarchie ; en Angleterre, en 1832, face au parti conservateur, le parti
whig devient le parti libéral, préconisant le libre-échange en matière de commerce extérieur et la démocratie par le suffrage universel qui n'existait dans aucun pays d'Europe à cette époque-là.
Dès le milieu du xixe siècle,
l'aspiration à une certaine émancipation par rapport aux
traditionalismes s'étend à tous les domaines : il y a par exemple des
protestants libéraux, des catholiques libéraux (par exemple le catholicisme libéral de 1830, avec La Mennais, Lacordaire,
est en lutte contre la tradition monarchique et gallicane du
catholicisme de l'Église romaine – et l'histoire du catholicisme libéral
va animer la vie des catholiques français jusqu'à l'encyclique de 1892,
dans laquelle le pape accepte l'idée de république, mais sans toutefois
condamner toute monarchie.
Ainsi, le concept de libéralisme est hissé dans le premier tiers du xixe siècle
au rang de porte-drapeau pour tous les mouvements antipasséistes et
anticonservateurs ; généreux, large, mobilisateur, il est devenu aussi
un concept flou et un fourre-tout idéologique. Pour y voir clair, on est
obligé de distinguer constamment, malgré leur histoire commune, les
deux domaines où le libéralisme est revendiqué comme doctrine, le
politique et l'économique ; mais il faut toujours partir de l'un pour
aller à l'autre et en repartir pour retourner au premier.
2. Les fondements économiques du libéralisme politique
On admet aujourd'hui que le libéralisme politique se confond avec la
démocratie : la disparition des démocraties populaires en Europe oblige
à cette simplification, même si tous les régimes dits « démocratiques »
ne sont pas – loin s'en faut – des régimes libéraux.
Le libéralisme politique est d'abord un système philosophique qui a pour base historique l'individualisme social, dont une application s'est retrouvée dans la loi Le Chapelier de 1791, qui abolit les corporations des métiers qui s'étaient créées sous l'Ancien Régime au nom de la liberté individuelle, et par opposition à l'intérêt social de la coalition d'intérêt économique que représentera le syndicalisme à la fin du xixe siècle.
Or l'individualisme a une longue histoire doctrinale. Le premier, John Locke, dans les Deux Traités sur le gouvernement
(1690), avait opposé l'état de nature, où les individus se laissent
aller à la violence, et le lien social, auquel les individus consentent librement
à se livrer, cela dans leur intérêt, pour mieux s'opposer à
l'arbitraire d'un monarque. Il est ainsi le premier à faire du
libéralisme une doctrine de la représentation nationale des citoyens
(avec la notion de majorité) et une doctrine de l'équilibre des pouvoirs
(législatif, exécutif et judiciaire). Ainsi le principe de la liberté
est fondé sur la notion de l'individu, dont toutes les institutions
doivent viser à conserver l'intégrité. Locke est véritablement le
premier penseur du libéralisme politique. Mais il faut bien
comprendre que, dans cette perspective, l'individu est fonction de ce
qu'il possède, ses biens matériels comme ses capacités personnelles,
intellectuelles et morales. Il règle donc ses rapports avec autrui selon
un mode d'échange de tout ce qu'il possède : c'est un rapport de
« propriétaire avec d'autres propriétaires » qui constitue la base du
rapport social.
Cette vision va régler les fondements d'une conception qui mettra deux siècles à s'instaurer, la démocratie parlementaire.
C'est parce que l'État démocratiquement constitué devra respecter
l'individualisme qu'il pourra répondre à son objectif. Or, comment se
situe dans la société l'individu, dont le ressort essentiel est le désir
de « subsister », c'est-à-dire en définitive de s'enrichir pour vivre ?
Un autre penseur anglais, Adam Smith, va fonder ce qu'on appelle depuis l'« économie politique » dans un ouvrage classique, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations
(1776). Qu'est-ce que l'enrichissement ? C'est, dit-il, l'accroissement
de la productivité du travail : chacun se spécialise dans cette
perspective. Mais la situation est forcément inégalitaire : il y a
toujours d'un côté ceux qui disposent de plus de moyens de production
(les propriétaires fonciers principalement, à l'époque de Smith), et il y
a, de l'autre côté, ceux qui en disposent moins : s'esquisse alors le
système qui consiste à échanger du travail contre du salaire. La société
capitaliste est donc une société où existe le salariat. C'est d'ailleurs le salaire qui va fixer l'enrichissement et le prix des objets fabriqués.
Un autre théoricien anglais, Jeremy Bentham (1748-1832), fonde à l'aube du capitalisme la véritable doctrine de l'individualisme libéral. Il reprend le concept d'utilité
comme ce qui fait le bonheur de l'individu, et pour cela établit une
« arithmétique du plaisir » qui fonde la recherche du bonheur du plus
grand nombre d'hommes. Son principe est que « les individus intéressés
sont les meilleurs juges de l'emploi le plus avantageux des capitaux ».
Il ajoute que, en fonction des différentes actions possibles que chacun
mène pour arriver à son plaisir personnel, doit être adjointe une
échelle de punitions proportionnelle aux délits qui pourraient se
produire à cette occasion. Mais on peut objecter simplement que la
recherche du « plaisir » risque finalement de se retourner contre
l'individu même, si les sanctions supposent aussi une libre acceptation.
Il faut donc au mieux définir les rapports entre l'utile et
l'individuel.
Or, qu'est-ce que l'individualisme sinon la satisfaction de ce qui est utile à l'individu ? C'est un autre penseur anglais, John Stuart Mill, qui définit l'utilitarisme
en termes particulièrement originaux : l'individu recherche non pas ce
qui lui est utile égoïstement, mais ce que les autres acceptent comme
utile à tous. Il écrit en effet : « Le bonheur que les utilitaristes ont
adopté comme critérium de la moralité de la conduite n'est pas le
bonheur personnel, mais celui de tous les intéressés. » Sa conception (Principes d'économie politique,
1848) s'oppose à celles des socialistes qui sont hostiles à la
compétition comme facteur de progrès économique. Par exemple, il refuse
l'impôt progressif, car la liberté individuelle doit l'emporter sur tout
le reste : ce qui a été gagné honnêtement a été bien gagné, parce qu'il l'a été par les lois de la libre
concurrence. Les classes défavorisées ne doivent pas être assistées
– ce serait jouer contre leur intérêt bien compris ; l'amélioration de
leurs conditions se fera par la diffusion de la culture, de l'éducation,
et, en attendant, par leur association, décidée par elles, en
groupements d'intérêts communs. La compétition individuelle doit pouvoir
finalement être accessible également à tous, aux pauvres comme
aux riches, pour remplir l'idéal de justice propre à tout être humain et
rendre cette compétition accessible également à tous est l'objectif conforme à l'idéal moral de toute l'humanité.
Ces principes constituent véritablement la base de la conception libérale de la vie politique.
L'économie libérale comme corps
de doctrine se développe principalement à partir des penseurs anglais.
Elle est ainsi fondée sur trois principes :
– 1° la quantité de subsistances limite la quantité de population, selon T. R. Malthus ;
– 2° la quantité de capital limite l'extension de l'industrialisation (A. Smith) ;
– 3° tout produit engendre un revenu égal à sa valeur suscitant une demande équivalente, selon Jean-Baptiste Say.
Les idées libérales se répandent en France, en Angleterre, par des livres, comme ceux de J.-B. Say, de Frédéric Bastiat,
qui combat le socialisme et l'interventionnisme de l'État et recommande
la libre-concurrence, et également par des revues, dont le Journal des économistes (publié à Paris de 1871 à 1890). Ce dernier préconise l'individualisme extrême et critique la charité publique.
3. Les fondements politiques du libéralisme et les tentatives d'approfondissement
Les principes du libéralisme économique qui ont accompagné la
naissance et le développement du capitalisme peuvent être ainsi
résumés :
– 1° primauté de l'intérêt personnel ;
– 2° libre concurrence à l'intérieur d'un ensemble où les compétiteurs se reconnaissent entre eux (si donc quelqu'un d'étranger vient fausser le jeu, il faut l'en empêcher, – l'histoire fourmille de tels exemples [le Zollverein, les lois de Jules Méline, l'auteur du protectionnisme et du double tarif de 1892, le mélinisme] ; c'est le seul domaine où l'intervention de l'État est justifiée pour les libéraux de cette époque) ;
– 3° liberté d'entreprendre et d'embaucher.
Du respect de ces trois principes, les théoriciens
pensent que résultera automatiquement un équilibre entre les forces en
présence. Or précisément la réalité ne répond plus à cette attente,
depuis que l'industrialisation a jeté les paysans pauvres dans les
villes proches des mines de fer et de charbon et que le capitalisme se
répand dans le monde entier, notamment avec l'essor du colonialisme.
Vers les années 1850 naît en Europe le mouvement
socialiste, qui, pendant un siècle et demi, va tenter de constituer une
force puissante contre la théorie et la pratique du capitalisme. Or les
socialistes sont pour la plupart favorables au collectivisme,
l'abandon de la propriété privée des moyens de production et d'échange
au profit d'un État constitué et dirigé par les anciennes classes
exploitées, ouvriers et paysans. Les méthodes pour y arriver diffèrent
selon les doctrines socialistes. Si on laisse de côté les
révolutionnaires radicaux, partisans de la révolution, les autres
cherchent à modifier les pratiques en entrant dans le jeu politique. La
bataille à l'intérieur des régimes existants commence par la volonté de
réaliser des modifications politiques à l'intérieur des régimes
démocratiques nés au xixe siècle. Les
socialistes élus dans les instances politiques françaises, allemandes,
vont avoir pour objectif commun la volonté de faire intervenir l'État
dans les rapports entre les possédants et les salariés ; certains points
sont obtenus (limitation du travail des enfants, début de la protection
sociale des veuves dont les maris sont victimes des accidents du
travail, etc.).
Parallèlement, les théoriciens du libéralisme sont
obligés de constater que les faits sociologiques résistent à leur
analyse. D'abord, ils ont bien observé qu'il existe une certaine
instabilité au sein des élites possédantes. Les revenus des individus ne
restent pas forcément dans les mains de leurs héritiers familiaux, ce
que constate l'économiste Vilfredo Pareto, dans son Manuel d'économie politique
(1906). Ensuite, ils observent aussi que le régime économique connaît
des crises profondes et des soubresauts : certains pressentent que ces
crises sont cycliques (la théorie viendra plus tard, par exemple avec François Simiand).
Enfin, avec les grèves souvent violentes, le début des « coalitions
ouvrières » (renforcées par les Internationales), les mouvements sociaux
en France, en Belgique antérieurs à 1914, avec la poussée électorale
des socialistes en Belgique, en France, en Allemagne, en Italie, les
théoriciens hostiles à l'État, partisans du « laisser-faire,
laissez-passer », sont contraints de modifier leurs vues. D'ailleurs,
les politiques entament quelques lois sociales en France (Bourse du
travail), en Allemagne avec Bismarck.
Ainsi, au premier tiers du xxe siècle, alors qu'un fait politique et culturel majeur vient de se produire (la fondation de l'URSS),
la théorie libérale semble battue en brèche par une multitude
hétéroclite de faits concrets obligeant les théoriciens libéraux à des
révisions déchirantes et les hommes politiques libéraux à des
aménagements pratiques dans les législations.
4. Les modifications de la théorie libérale : vers le néolibéralisme
Les partisans du libéralisme reviennent désormais sur le rôle de
l'État. Ils commencent à définir, au début des années 1930, un nouveau
type de libéralisme, qui admet son intervention ; on parlera alors de
« néolibéralisme ». Ainsi, à l'époque, John Maynard Keynes
est considéré comme un néolibéral : il défend l'intervention de l'État
pour sauver le système économique existant, et ce contre le communisme.
Il affirme que, dans le système libéral, ce n'est pas la demande
qui s'ajuste à l'emploi, mais c'est le niveau de l'emploi qui est
impitoyablement ajusté à l'état de la demande. Or l'état de la demande
dépend du revenu de la masse des consommateurs, forcément toujours plus
grande pour que vive le système capitaliste. Il n'est dès lors pas
hostile à l'intervention de l'État et dénonce la doctrine classique du
« laisser-faire ».
Mais le terme « néolibéralisme » va très vite évoluer
vers une acception plus commune aujourd’hui, où l’intervention de
l’État dans le fonctionnement de l’économie est, au contraire, de plus
en plus critiquée. Peu avant la Seconde Guerre mondiale, se définissent
comme « néolibéraux » des économistes estimant que l’État a surtout pour
rôle d’assurer la plus grande liberté des agents économiques, et qu'il
doit avant tout à veiller au bon fonctionnement des marchés, en assurant
le maintien d’une situation de concurrence (lutte contre les
monopoles).
En 1938, un colloque regroupe autour de W. Lippmann des économistes connus comme Friedrich von Hayek, Ludwig von Mises, Jacques Rueff.
Ils remarquent que la non-intervention de l'État n'a pas empêché la
formation de monopoles : au contraire, le principe de la libre
concurrence n'a été qu'une règle conservatrice favorisant la création et
le renforcement des monopoles, la domination des économies par la
banque, entraînant dans de nombreux secteurs importants la mort de la
concurrence réelle. Après la Seconde Guerre mondiale, un groupe a été
fondé en Suisse, la Mont-Pelerin Society, qui s'efforce de
définir un cap nouveau, tout en défendant « la croyance dans les mérites
de la propriété privée et de la loi du marché ».
Fondamentalement hostiles à l'évolution vers le
collectivisme, ces économistes ont posé trois principes de ce qui a été
appelé depuis le « néolibéralisme » :
–1° priorité donnée à la recherche de l'intérêt personnel, dans un cadre légal déterminé, sous la responsabilité sanctionnée par le risque du producteur et du consommateur ;
– 2° croyance au caractère non nocif de l'inégalité des hommes, de leurs conditions sociales, économiques et culturelles, en ceci que ces inégalités développent le goût du risque, le dynamisme, l'initiative personnelle ;
– 3° enfin – grande originalité dans le cadre du « libéralisme » – intervention de l'État.
Cette intervention a pour objet de créer le cadre
légal qui permettra le fonctionnement du libre marché sans entraver le
mécanisme des prix. Elle se borne à amortir les déséquilibres trop
criants. Le néolibéralisme va devenir la panacée de la pensée de la
droite traditionnelle mais aussi celle de la gauche, respectueuse des
institutions dans lesquelles elle est régulièrement élue dans les
systèmes à alternance.
On le voit aujourd’hui, où tous les gouvernements
européens sont fortement incités à mettre en œuvre des réformes
économiques d’inspiration libérale : baisse de la dépense publique, afin
de permettre une diminution des prélèvements obligatoires ;
libéralisation du marché du travail, via l’effacement de certaines
règles protectrices des salariés ; libéralisation du marché des
services, en élargissant l’accès à certaines professions réglementées.