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janvier 01, 2017

Lettre aux socialistes de Gustave de Molinari 1848

Ce site n'est plus sur FB, alors n'hésitez pas à le diffuser au sein de différents groupes, comme sur vos propres murs respectifs. D'avance merci. L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses. 

Librement vôtre - Faisons ensemble la liberté, la Liberté fera le reste. 



Lettre aux socialistes
(1848)

Nous sommes adversaires, et cependant le but que nous poursuivons les uns et les autres est le même. Quel est notre idéal à tous, économistes ou socialistes? N’est-ce pas une société où la production de tous les biens nécessaires à l’entretien et à l’embellissement de l’existence humaine sera la plus abondante, et où la répartition de ces mêmes biens entre ceux qui les auront créés par leur travail sera la plus juste? Notre idéal à tous, sans distinctions d’écoles, ne se résume-t-il pas en ces deux mots: abondance et justice

Tel est, nul d’entre vous ne le niera, notre but commun. Seulement nous allons à ce but par des voies différentes; vous y marchez par le défilé obscur et jusqu’à cette heure inexploré de l’organisation du travail, nous y marchons par la route spacieuse et bien connue de la liberté. Chacun de nous essaye d’entraîner sur ses traces la société qui hésite et tâtonne, cherchant à l’horizon, mais en vain, la colonne de lumière qui guida jadis vers la Terre promise les esclaves des Pharaons. 

Pourquoi refusez-vous de suivre avec nous la voie de la liberté? Parce que, dites-vous, cette liberté tant préconisée est funeste aux travailleurs; parce qu’elle n’a produit jusqu’à ce jour que l’oppression du faible par le fort; parce qu’elle a enfanté les crises désastreuses où des millions d’hommes ont laissé les uns leur fortune, les autres leur vie; parce que la liberté sans frein, sans règle, sans limite, c’est l’anarchie! 

Voilà, n’est-il pas vrai, pourquoi vous repoussez la liberté; voilà pourquoi vous demandez l’organisation du travail? 

Eh bien, si nous vous prouvions, avec une suffisante clarté, que tous les maux que vous attribuez à la liberté, ou, pour me servir d’une expression absolument équivalente, à la libre concurrence, a pour origine, non pas la liberté, mais l’absence de la liberté, mais le monopole, mais la servitude; si nous vous prouvions encore qu’une société parfaitement libre, une société débarrassée de toute restriction, de toute entrave, ce qui ne s’est vu à aucune époque, se trouverait exempte de la plupart des misères du régime actuel; si nous vous prouvions que l’organisation d’une semblable société serait la plus juste, la meilleure, la plus favorable au développement de la production et à l’égalité de la répartition des richesses; si nous prouvions cela, dis-je que feriez-vous? Continueriez-vous à proscrire la liberté du travail et à invectiver l’économie politique, ou bien vous rallieriez-vous franchement à notre drapeau, et emploieriez-vous tout le précieux trésor de forces intellectuelles et morales que la nature vous a départies à faire triompher notre cause désormais commune, la cause de la liberté? 

Ah! j’en jurerais, vous n’hésiteriez pas un instant. Si vous aviez la certitude que vous vous êtes mépris sur la cause véritable des maux qui affligent la société et sur les moyens d’y remédier; si vous aviez la certitude que la vérité est de notre côté et non du vôtre, aucune attache de vanité, d’ambition ou d’esprit de système ne serait assez forte pour vous retenir sur les rivages de l’erreur: vos âmes seraient attristées, sans doute; vous diriez à regret un dernier adieu aux rêves qui ont nourri, enchanté et égaré vos imaginations; mais enfin vous les abandonneriez, ces chimères aimées, vous surmonteriez vos répugnances, et vous viendrez à nous. Eh! mon Dieu, nous en ferions autant de notre côté, si vous réussissiez à introduire dans nos faibles intelligences un rayon de cette lumière qui convertit saint Paul; si vous nous démontriez, clair comme le jour, que la vérité est dans le socialisme et non dans l’économie politique. Nous ne tenons à notre système qu’autant que nous le croyons juste et vrai; nous brûlerions demain, sans aucune révolte intérieure, ce que nous avons adoré, et nous adorerions ce que nous avons brûlé, s’il nous était prouvé que que nos dieux, Smith, Turgot, Quesnay, et J.-B. Say ne sont que de misérables idoles de bois. 

Nous sommes donc les uns et les autres dégagés de tout esprit de système, en prenant ce mot dans son acceptation étroite; notre vue se porte dans une sphère plus haute, nos pensées suivent un vol plus généreux: le vrai, le juste, l’utile, voilà quels sont nos guides immortels dans les cercles obscurs de la science; l’humanité, voilà quelle est notre Béatrix adorée! [Note: Allusion à Beatrice Portinari, la guide de Dante dans son exploration du paradis.]

Cela étant bien entendu entre nous, je pose nettement le question qui nous sépare.
Vous prétendez que la société souffre par la liberté, nous prétendons qu’elle souffre par la servitude.

Vous concluez qu’il faut supprimer la liberté et la remplacer par l’organisation du travail; nous concluons qu’il faut supprimer la servitude et la remplacer purement et simplement par la liberté.

Précisons d’abord les faits. De quelle époque date la liberté du travail? Elle a été, pour la première fois, proclamée par Turgot dans un édit immortel et sanctionnée plus tard par l’Assemblée constituante.

Je dirai plus loin comment elle a été de nouveau entravée, enchaînée, cette liberté sainte; pour le moment je me borne à constater qu’elle est née seulement à la fin du dix-huitième siècle. 

Maintenant, quelle a été, je vous le demande, la condition des masses laborieuses jusqu’à la fin du dix-huitième siècle? Les travailleurs étaient-ils plus heureux avant cette époque qu’ils ne l’ont été depuis?

S’ils étaient plus heureux, oh! alors, j’en conviendrai avec vous, la liberté a été pour le monde un présent funeste, et vous avez raison de réclamer une organisation du travail modelée sur celle de l’ancienne Égypte ou de l’Europe du Moyen Âge. 

Mais si, au contraire, la condition de la masse du peuple est aujourd’hui supérieure à ce qu’elle était avant '89, ne serez-vous pas, de bonne foi, obligés d’avouer que la liberté du travail a été un bienfait pour l’humanité? 

Parcourons ensemble rapidement l’histoire du passé, l’histoire de ces trente siècles de servitude qui ont précédé l’avènement de la liberté du travail, et voyons quel spectacle s’offrira à nos regards.

Est-ce bien le spectacle de l’aisance et de l’égalité universelles? Plût à Dieu! mais non. C’est, au contraire, le tableau d’une misère plus intense et d’une inégalité plus profonde que celles qui affligent aujourd’hui notre vue. Et à mesure que nous nous enfonçons plus avant dans le passé, à mesure que nous nous éloignons davantage du jour où la liberté a enfin lui sur le monde, ce tableau de la misère et de l’inégalité sociales nous apparaît plus sombre et plus hideux. 

Si nous remontons jusque dans l’Inde et en Égypte, qu’apercevrons-nous? deux castes puissantes, la caste des prêtres et celle des guerriers, qui oppriment et exploitent sans merci la foule des misérables! Au faîte de ces sociétés primitives, formées de couches superposées comme des blocs de granit, nous trouverons des sages, vêtus de pourpre, qui discutent sur l’essence de la divinité ou sur le cours des astres, et des guerriers qui s’enivrent de parfums au fond de leurs harems; tandis qu'au-dessous végètent des parias couverts d’ignominie ou des esclaves qui pétrissent de leurs sueurs et de leurs larmes l’informe et gigantesque édifice des pyramides. Le mal, dans ces sociétés primitives, était-il, nous vous le demandons, dans la liberté ou dans la servitude? 

Considérons le monde romain. Que trouvons-nous au sein de cette société, pourtant la plus riche et la plus puissante de l’antiquité? D’un côté, un patriciat composé d’un très-petit nombre d’hommes enrichis des dépouilles de l’univers. La vie de ces hommes, vous la connaissez, c’est une succession de luttes sanglantes et d’orgies immondes! À côté de cette caste toute-puissante qui se repaissait de la substance de tout un monde, comme on voyait les bandes de vautours se repaître des cadavres des vaincus de Marius, à côté de cette caste gorgée, repue, que voyons-nous? la foule besogneuse des prolétaires et la foule immonde des esclaves! Vous parlez des misères de notre classe ouvrière; eh! mon Dieu, si douloureuses, si pitoyables qu’elles soient, ces misères, vous ne sauriez les comparer à celles des prolétaires romains. Au moins, notre classe ouvrière travaille, elle ne mendie pas! On ne voit point le peuple de nos sombres faubourgs aller faire queue à la porte des splendides hôtels de notre aristocratie financière pour mendier la sportule! On ne le voit point se jeter comme un chien affamé sur les miettes que les riches secouent de leurs table d’une main dédaigneuse et ennuyée! On ne le voit pas, non plus, faire des émeutes quotidiennes pour obtenir des distributions gratuites de vivres. Non! l’ouvrier de nos jours mène certes une pauvre vie; mais, cette vie, il la gagne, il peut la gagner. Le prolétaire romain ne pouvait pas gagner la sienne. Les riches patriciens avaient accaparés toutes les industries et toutes les terres qu’ils faisaient exploiter par leurs esclaves. Victimes de cette inégale concurrence, les prolétaires n’avaient de choix qu’entre la mendicité, l’exil ou la mort. Ils mendiaient. Et pourtant, le sort de ces prolétaires avilis était mille fois préférables encore à celui des esclaves. Le prolétaire, au moins, était un homme; l’esclave, lui, n’était qu’une variété de la bête de somme, une chose! L’esclave ne possédait rien, pas même un nom. Certes, ils sont dignes de commisération, ces pauvres ouvriers de nos campagnes qui passent leur vie courbés sur la terre, sans obtenir le plus souvent en échange de leur rude labeur autre chose qu’un morceau de pain noir se nourrir, une toile grossière pour se vêtir, une hutte de boue détrempée pour se loger; mais, si pénible que soit leur existence, combien des esclaves romains la leur auraient enviée! Souvenez-vous des récits de Pline et de Columelle. Il y avait au sein des campagnes riantes de l’Italie, d’intervalle en intervalle, de sombres et infectes demeures que l’on nommait des ergastules. C’étaient les prisons ou pour mieux dire les écuries des esclaves. Le matin, ils en sortaient par bandes, enchaînés le plus souvent; ils se disséminaient dans la campagne, conduits par des contre-maîtres armés du fouet, et chaque sillon était arrosé à la fois de leur sueur et de leur sang. Le soir, on les ramenait à l’ergastule, où on les attachait comme de vils animaux auprès de leurs mangeoires. Pour eux point de famille, une promiscuité immonde! point de Dieu, une fatalité inexorable qui les déclassait de l’humanité, en ne leur laissant pas même l’espérance d’une autre vie! Telle était, vous le savez, la situation des masses laborieuses dans l’antiquité. Pourtant le monde n’était point soumis alors à la loi du laissez-faire! 

Plus tard, que voyons-nous encore? Est-ce que la situation du peuple s’améliore beaucoup, à la chute du monstrueux édifice de l’empire romain? Moralement, oui, sans doute, le christianisme lui apporte des consolations sublimes; matériellement, non! Pendant tout le moyen âge, la vie du peuple, serf de la glèbe dans les campagnes, serf de la maîtrise dans les villes, n’est qu’une longue suite des angoisses. Le moyen âge est un époque de douleurs et de tristesses, et parmi les voix de ceux qui gémissent on distingue entre toutes la grande et sombre voix du peuple. Plus tard encore, après tant et de si fécondes découvertes, après que la poudre à canon a fait justice de la tyrannie des seigneurs, après que l'imprimerie a dissipé les plus épaisses ténèbres de l’ignorance, après que la boussole nous a donné un nouveau monde, est-ce que le peuple a cessé de souffrir. Sous Louis XIV, sous le règne de ce roi qui a porté si haut, dit-on, la gloire et la puissance de la France, quelle était la condition du peuple? Était-il supérieure à celle du peuple de nos jours? Tout le monde connaît le passage célèbre de la Dixme royale de Vauban, dans lequel cet illustre homme de bien caractérisait en des termes navrants l’état de la France.
“Il est certain, disait-il, que le mal est poussé à l’excès, et si l’on n’y remédie, le menu peuple tombera dans une extrémité dont il ne se relèvera jamais; les grand chemins des campagnes et les rues des villes et des bourgs étant pleins de mendiants que la faim et la nudité chassent de chez eux.
“Par toutes les recherches que j’ai pu faire depuis plusieurs années que je m’y applique, j’ai fort bien remarqué que, dans ces derniers temps, près de la dixième partie du peuple est réduite à la mendicité, et mendie effectivement; que des neufs autres parties, il y en a cinq qui ne sont pas en état de faire l’aumône à celle-ça, parce qu’eux-mêmes sont réduits, à très-peu de chose près, à cette malheureuse condition; que des quatre autres parties qui restent, trois sont fort malaisées et embarrassées de dettes et de procès, et que dans la dixième, où je mets tous les gens d’épée, de robe, ecclésiastiques et laïques, toute la noblesse haute, la noblesse distinguée, et les gens en charge militaire et civile, les bons marchands, les bourgeois rentés et les plus accommodées, on ne peut pas compter sur cent mille familles; et je ne croirais pas mentir quand je dirais qu’il n’y a pas de dix mille familles petites ou grandes qu’on puisse dire fort à leur aise. [Collection des principaux économistes, édition Guillaumin, t. Ier, p. 34]
Voilà quelle était la condition du peuple avant l’avènement de la liberté du travail.
Aussi, pendant cette longue période de souffrances, quel est le cri de la foule? Que demandaient les captifs d’Egypte, les esclaves de Spartacus, les paysans du Moyen Âge, et plus tard les ouvriers opprimés par les maîtrises et les jurands? Ils demandaient la liberté!
Ils se disaient: nos consciences, nos pensées, notre travail sont opprimés, exploités par des hommes qui se sont imposés à nous par la violence ou la ruse. Les uns nous interdisent d’aimer Dieu et de le prier autrement que selon leur formule; les autres nous obligent à étudier dans leurs livres Dieu, la nature et l’homme; ils emprisonnent notre pensée dans le cercle de fer de leurs systèmes, en nous défendant, sous peine de mort, de le briser; d’autres enfin, après que ceux-là ont enchaînés nos âmes, enchaînent nos corps. Ils nous obligent à demeurer attachés comme la plante au lieu de notre naissance, et là, ils s’emparent, en vertu de leurs privilèges, de la meilleure part des fruits de nos sueurs. Brisons ces liens qui nous meurtrissent, brisons-les au péril de nos jours; demandons pour tous la liberté de l’âme et celle du corps, revendiquons pour tous le droit naturel de croire, de penser et d’agir librement, et nos souffrances auront une terme. Nos âmes ne seront-elles pas satisfaites, si nous obtenons pour elles le libre accès du monde immatériel, la faculté de voguer sur l’océan immense et merveilleux des intelligences, sans être retenue par le câble de fer d’un système imposé? Nos besoins physiques ne seront-ils pas complètement apaisés, si le monde matériel nous est librement ouvert; si nous pouvons porter, sans entraves, notre travail et en échanger les produits sur toute la surface de cette terre féconde que la providence nous a généreusement abandonnée? Devenons libres, et nous serons heureux! 

Tel était le cri de l’humanité opprimée. Eh bien! pensez-vous donc que l’humanité se trompât quand elle le poussait, de siècle en siècle, ce long cri de détresse et d’espérance? pensez-vous qu’en poursuivant sans cesse la liberté elle courût après un vain mirage? Non! descendez dans vos âmes, et vous n’oserez l’affirmer; vous n’oserez dire, ô Brutus du socialisme, que la liberté n’est qu’un vain nom!

Vous objecterez, à la vérité, que l’humanité souffre encore! Sans doute. Mais, et je tenais à bien constater ce fait devant vous, elle souffrait avant l’avènement de la liberté dans le monde, et ses souffrances étaient alors plus âpres et plus intenses qu’elles ne le sont de nos jours. 

Vous ne pouvez donc, sans commettre un grossier anachronisme, accuser la liberté des maux des classes laborieuses avant '89; est-ce avec plus de justice que vous lui imputez ceux qui ont depuis cette époque accablé les travailleurs? C'est ce que je me réserve d'examiner dans une prochaine lettre.

UN RÊVEUR

Cette lettre aux socialistes est apparu sous le titre L'Utopie de la Liberté dans le Journal des Économistes Tome XX, N° 82. – 15 juin 1848

Gustave de Molinari

Translation by Roderick T. Long




L'original en anglais:


We are adversaries, and yet the goal which we both pursue is the same. What is the common goal of economists and socialists? Is it not a society where the production of all the goods necessary to the maintenance and embellishment of life shall be as abundant as possible, and where the distribution of these same goods among those who have created them through their labour shall be as just as possible? May not our common ideal, apart from all distinction of schools, be summarised in these two words: abundance and justice?
LTS-I.2 Such, none among you can deny, is our common goal. Only we approach this goal by different paths; you proceed along the obscure and hitherto unexplored defile of the organisation of labour, while we proceed along the broad and well-known highway of liberty. Each of us is attemping to lead in train a hesitating and groping society that scans the horizon seeking, but in vain, the pillar of light that formerly guided the slaves of the Pharaohs to the Promised Land.
LTS-I.3 Why do you refuse to follow the path of liberty alongside us? Because, you say, this liberty which we so extol is fatal to the labourers; because it has thus far produced only the oppression of the weak by the strong; because it has give birth to disastrous crises in which millions of men have lost in some cases their fortunes and in other cases their lives; because liberty unbridled, unregulated, unlimited – is anarchy!
LTS-I.4 Is this not the reason that you reject liberty? is this not the reason that you demand the organisation of labour?
LTS-I.5 Well then, if we prove to you with sufficient clarity that all the evils which you attribute to liberty – or, to make use of an absolutely equivalent expression, to free competition – have their origin not in liberty but in the absence of liberty, in monopoly, in servitude; if we further prove to you that a society of perfect freedom, a society disencumbered of every restriction, of every fetter, such as has never been seen in history, would be exempted from the greatest part of the miseries of the present régime; if we prove to you that the organisation of such a society would be the best, the most just, the most favourable to advancement in the production and equality in the distribution of wealth; if we should prove all this, I ask, what would be your response? Would you continue to proscribe the freedom of labour and to inveigh against political economy, or would you, rather, rally openly to our banner, and employ all the precious fund of intellectual and moral forces with which nature has endowed you, to speed the triumph of our henceforth common cause, the cause of liberty?
LTS-I.6 Ah! I would be willing to swear that you would not hesitate a moment. If you became certain that you had been mistaken as to the true cause of the evils which afflict society and the means of remedying them; if you became certain that the truth is on our side and not on yours, no bonds of vanity, of ambition, or of stubborn partisanship would be strong enough to keep you on the shore of error: your hearts would be saddened, no doubt; you would bid with regret a last farewell to the dreams which have fed, enchanted, and misled your imaginations; but in the end you would abandon these beloved chimeras, you would overcome your repugnance, and you would come over to us. By God, we for our part would do as much, if you should succeed in introducing into our feeble intellects a ray of that light which converted St. Paul; if you should demonstrate, as clearly as the day, that the truth lies with socialism and not with political economy. We hold to our system only so far as we believe it true and just; we would burn tomorrow, with no inner rebellion, what we have adored, and we would adore what we have burned, if it were proven to us that our gods, Smith, Turgot, Quesnay, and J.-B. Say, are no more than wretched idols of wood. [Online editor’s note: classical liberal economists Adam Smith (1723-1790), Anne-Robert-Jacques Turgot (1727-1781), François Quesnay (1694-1774), and Jean-Baptiste Say (1767-1832). – RTL]
LTS-I.7 We and you, therefore, are alike free of all stubborn partisanship, taking this term in its strict sense; our view rises to a higher sphere, our thoughts follow a more generous flight: it is truth, justice, and utility that are our immortal guides through the hidden circles of science; it is humanity that is our adored Beatrice! [Online editor’s note: a reference to Dante’s guide through Paradise in the Divine Comedy. – RTL]
LTS-I.8 This being well understood between us, I pose plainly the question which separates us.
LTS-I.9 You maintain that society suffers from liberty; we maintain that it suffers from servitude.
LTS-I.10 You conclude that it is necessary to abolish liberty, and to put in its place the organisation of labour; we conclude that it is necessary to abolish servitude, and to put in its place – liberty, pure and simple.
LTS-I.11 Let us begin by specifying the facts. From what are does the freedom of labour date? It was proclaimed for the first time by Turgot in an immortal edict [Online editor’s note: in 1776, during Turgot’s tenure as finance minister. – RTL], and later sanctioned by the Constituent Assembly.
LTS-I.12 I will tell later on how this sacred freedom has been newly fettered and chained; for the moment I confine myself to noting that it was born only at the end of the eighteenth century.
LTS-I.13 Now what, I ask you, was the condition of the labouring masses up to the end of the eighteenth century? Were the workers happier before this time than they have been since?
LTS-I.14 If they were happier, oh! then I will agree with you that liberty has been a fatal gift for the world, and you are right to call for an organisation of labour modeled on that of ancient Egypt or mediæval Europe.
LTS-I.15 But if, on the contrary, the condition of the mass of people today is superior to what it was before ’89 [Online editor’s note: 1789, inter alia the first year of the Constitutent Assembly, and thus for Molinari the first year of (relative) freedom of labour. – RTL], will you not be obliged in good faith to acknowledge that the freedom of labour has been a benefit for humanity?
LTS-I.16 Let us quickly run over together the history of the past, the history of those thirty centuries of servitude which proceeded the arrival of the freedom of labour, and let us see what spectacle it offers to our view.
LTS-I.17 Is it truly the spectacle of universal ease and equality? Would God that it were! but no. It is on the contrary the tableau of a wretchedness more intense and of an inequality more profound than those which afflict our sight today. And the further back into the past we plunge, setting at ever greater distance the day when liberty finally shone forth upon the earth, the darker and more hideous this tableau of misery and social inequality appears to us.
LTS-I.18 If we go back as far as India and Egypt, what will we behold? two powerful castes, the caste of priests and that of the warriors, oppressing and exploiting without mercy the wretched multitude. At the pinnacle of these primitive societies, constructed in layers piled one above another like blocks of granite, we find the sages, garbed in purple, discussing the essence of divinity or the course of the stars, and the warriors intoxicating themselves with perfumes in the recesses of their harems; while below there vegetate the pariahs, covered in ignominy, or the slaves, moulding with their sweat and their tears the rude, gigantic edifice of the pyramids. Did the evil of these primitive societies, we ask, lie in liberty or in servitude?
LTS-I.19 Let us consider the Roman world. What do we find at the heart of this society, though it was the richest and most powerful of antiquity? On one side, a patriciate composed of a very small number of men enriched by the spoils of the universe. The life of these men, as you know, was a succession of bloody battles and foul orgies! Beside this all-powerful caste, gorging itself on the substance of an entire world as the vultures were seen to gorge themselves on the corpses of those vanquished by Marius [Online editor’s note: the Roman general Gaius Marius was said to have carried two pet vultures on his sanguinary campaigns. – RTL] – beside this engorged and satiated caste, what do we see? the impoverished multitude of proletarians and the debased multitude of slaves! You speak of the miseries of our working class; good God! as painful and pitiable as these miseries may be, you can hardly compare them with those of the Roman proletarians. At least our working class works; it does not beg! The people of our gloomy suburbs are not to be seen lining up at the gates of the splendid mansions of our moneyed aristocracy to beg alms! They are not to be seen hurling themselves like dogs upon the crumbs which the rich brush from their tables with a bored and disdainful hand! Nor yet are they to be raising daily riots to obtain free distribution of food. No! today’s worker undeniably leads a poor life; but he earns this life, he is able to earn it. The Roman proletarian was not in a position to earn his own life. The wealthy patricians had monopolised all the industries and all the soil, which they exploited by means of their slaves. Victims of this unequal competition, the proletarians’ only choice was between begging, exile, and death. They begged. And yet the lot of these degraded proletarians was still a thousand times preferable to that of the slaves. The proletarian, at least, was a man; the slave, for his part, was only one more species of beast of burden, a thing! The slave possessed nothing, not even a name. Admittedly the poor workers of our own countryside deserve our commiseration, they who pass their lives stooped to the ground, most often obtaining in exchange for their hard labour nothing better than a morsel of black bread to eat, a coarse cloth to wear, and a mud hut to sleep in; but however painful this existence, how many Roman slaves would have envied it! Recall the accounts of Pliny and Columella. [Online editor’s note: Gaius Plinius Secundus (or Pliny the Elder) and Lucius Junius Moderatus Columella, Roman writers on agriculture. – RTL] At the heart of the smiling countryside of Italy were to be found, at periodic intervals, those dark and noisome dwellings which were called ergastula. These were prisons, or to speak more accurately stables, of slaves. In the morning they filed out in bands, generally chained; they spread out across the countryside, driven by overseers armed with whips, and each furrow was watered with their sweat and their blood together. In the evening they were led back to the ergastulum, where like base animals they were tied up beside their mangers. For them no family, but a filthy promiscuity! no God, but an inexorable fate which robbed them of their humanity while leaving them not even the hope of a life to come! Such, as you know, was the condition of the labouring masses in antiquity. And yet the world had not yet been subjected to the law of laissez-faire!
LTS-I.20 Later on, what further do we see? Is the situation of the people much improved with the fall of the monstrous edifice of the Roman Empire? Morally, yes, no doubt, insofar as Christianity affords them sublime consolations; materially, no! Throughout the Middle Ages, the life of the people, whether serfs to the soil in the countryside or serfs to the corporations in the cities, is but a long train of anguish. The Middle Ages are a period of pain and sorrow, and among the groaning voices may be distinguished throughout the great and melancholy voice of the people. Still later, after so many and such fertile discoveries, after gunpowder had brought to justice the tyranny of the feudal lords, after printing had dispelled the deepest darkness of ignorance, after the compass gave us a new world, did the people cease to suffer? Under Louis XIV – under the reign of that king who is said to have carried to such heights the glory and power of France – what was the condition of the people? Was it superior to that of the people today? Everybody knows the celebrated passage in Vauban’s Royal Tithe [Online editor’s note: French economist Sébastien Le Prestre de Vauban (1633-1707). – RTL], in which that illustrious man of good will characterised France’s situation in heart-breaking terms:
LTS-I.21 “It is certain,” he wrote, “that the evil has been pressed to the extreme, and if it is not remedied, the humble people will fall into an extremity from which they will never rise again; the highways of the countryside and the streets of the cities and towns are filled with beggars driven from their homes by hunger and nakedness.
LTS-I.22 “From all the research which I have been able to make during the several years that I have devoted myself to it, I have become very much aware that in recent times nearly one-tenth of the people is reduced to begging, and begs indeed; as for the other nine tenths, five are in no position to give them alms, since they themselves are but a short way from being in the same unhappy condition; of the four remaining tenths, three are worried and encumbered by debts and lawsuits; and in the final tenth – where I place all men of the sword and the robe, whether ecclesiastical or lay, all the high and distinguished nobility, all those with military or civil responsibility, the successful merchants, the bourgeois rentiers, and the most comfortable classes – there cannot be reckoned more than a hundred thousand families; and I do not think I would be wrong in saying that no more than ten thousand families, great or small, could be described as living in much ease1.”
LTS-I.23 Such was the condition of the people before freedom of labour arrived on the scene.
LTS-I.24 Moroever, throughout this long period of sufferings, what is the cry of the multitude? What was the demand of the captives of Egypt, the slaves of Spartacus, the peasants of the Middle Ages, and later the workers oppressed by the corporations and guilds. They demanded liberty!
LTS-I.25 They said to each other: our consciences, our thoughts, our labour are oppressed and exploited by men who have imposed themselves on us by violence or trickery. Some of them forbid us to love God and pray to him otherwise than according to their formula; others require us to study God, man, and nature according to their books, imprisoning our thoughts within the iron circle of their systems by forbidding us on pain of death to break it; still others, after these have enchained our souls, enchain our bodies. They require us to live attached like a plant to the place of our birth, and there they exercise their privileges to seize the greater part of the fruits of our labour and sweat. Let us burst asunder, even at the risk of our lives, these bonds which bruise us; let us demand, for all, both the liberty of the soul and that of the body; let us claim, for all, the natural right to believe, to think, and to act freely – and our sufferings will be at an end. Will our souls not be satisfied, once we have obtained for them free access to the immaterial realm – the ability to sail the immense and marvelous ocean of the mind, without being held back by the iron cable of an imposed system? Will our physical needs not be entirely met, once the material realm is freely open to us – once no fetters forbid us to bring our labour and exchange its products over the entire surface of this fertile earth with which providence has generously endowed us? Let us become free, and we will be happy!
LTS-I.26 Such was the cry of oppressed humanity. Well, then! do you suppose, therefore, that humanity was mistaken when it raised, from century to century, this long cry of distress and hope? do you that in their ceaseless pursuit of liberty they were running after a vain mirage? No! look into your hearts, and you will not dare to affirm it; you will not dare, you Brutuses of socialism, to say that liberty is only an empty name!
LTS-I.27 You will doubtless object that humanity still suffers! Most assuredly. But, and I insist on keeping this fact before your gaze, it suffered before the arrival of liberty upon the earth, and its sufferings then were harsher and more intense than they are today.
LTS-I.28
You cannot, therefore, without being guilty of gross anachronism, charge liberty with the ills of the labouring classes before ’89; is it with greater justice that you impute to it those which have crushed the workers since that time? The examination of that question I reserve to a future letter.

A DREAMER.
Journal des Économistes vol. 20, no. 82. – June 15th, 1848 (pp. 328-332).

[Online editor’s note: while this article was originally published anonymously, Molinari later acknowledged his authorship in his 1899 book Society of the Future, where he noted:
This appeal, which incidentally bears the imprint of the confident naïveté of youth, was, as events have shown, entirely premature. It went unheard; but one may be permitted to hope that it will yet be heard one day, and that socialism, by contributing to the economists its contingent of forces, will aid them in surmounting the resistance of those selfish and blind interests that set themselves athwart the necessary transformation of a political and economic organisation which has ceased to be adapted to societies’ present conditions of existence..]


 

mai 06, 2015

Alain Madelin news et archives

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.


Sommaire:

A) « La maîtrise de la dépense publique passe essentiellement par une redéfinition des frontières de l’État » - Dossier : Finances Publiques - Alain Madelin - Charlotte Cabaton

B) Alain Madelin : l'UMP, le libéralisme et moi -

C) Alain Madelin et tous les posts de l'Université Liberté

D) La nouvelle prime d’activité ne résout en rien l’empilement des aides sociales françaises, alors que la création d’un impôt négatif permettrait de le faire - Libre échange avec Alain Madelin

E) Alain Madelin et tous les posts de Contrepoints

F) "De quel Droit ?", conférence Alain Madelin - Par Institut Turgot

G) Alain Madelin dresse un constat de la loi éponyme vingt ans après sa création. - par AG2R La Mondiale



A) « La maîtrise de la dépense publique passe essentiellement par une redéfinition des frontières de l’État »






La France est-elle un pays difficile à réformer ? 

Alain Madelin – Non. Les réformes souffrent davantage d’un manque de méthode que d’un manque de courage chez les politiques. Les très nombreux travaux internationaux consacrés à la réforme de l’état restent encore assez largement ignorés en France. 

La Révision générale des politiques publiques (Rgpp) ne constitue-t-elle pas un premier pas dans cette direction ? 

Alain Madelin – La Rgpp est en soi une bonne approche. Hélas, l’état vient de faire un extraordinaire aveu de l’impuissance publique en se montrant incapable de financer le RSA par un quelconque redéploiement de ses ressources. 

Elle est une bonne méthode car elle pose – ou du moins devrait poser – la question essentielle du périmètre de l’état, de la légitimité de ses fonctions et de ses interventions. 

Une vraie stratégie d’économie de la dépense publique nécessite de reconfigurer les missions de l’état au sens large et donc de se poser la question pour chacune de ses actions : 

est-elle légitime, est-elle efficace, pourrait-elle être effectuée autrement ou par d’autres ?
Quelle part de ces actions échappe par nature à la concurrence et relèvent de choix collectifs effectués sur le marché politique ? 
Quelle part correspond à des services qui pourraient être transférés sur le marché économique et relever de choix individuels ? 
Quelle part représente des missions d’intérêt général qui peuvent être déléguées, concédées ou effectuées en partenariats publics privés ? 

Bercy a un rôle central à jouer dans la réforme de l’état même si cette tâche doit être clairement impulsée par le président de la République et le Premier ministre. Il y a un lien entre l’intelligence de l’économie et les économies. 

La loi organique relative aux lois de finances (Lolf) est-elle un plus dans la maîtrise des finances publiques ? 

Alain Madelin – Indiscutablement la France a besoin de maîtriser ses dépenses publiques. Mais il faudrait regarder de façon plus fine le concept de déficit public. Car il peut être dans certains cas considéré comme un investissement destiné à préparer l’avenir – comme c’est en général le cas de la dette d’une entreprise – ou dans d’autres cas comme une fuite en avant dans l’endettement pour payer un excès de dépenses courantes ou un excès de frais généraux. La France est plutôt et depuis longtemps dans ce dernier cas puisque nous n’avons jamais voté un budget à l’équilibre depuis 1973. Et la dette publique, liée à un excès de dépenses publiques pèse sur la croissance et la compétitivité. 

La question du déficit doit être bien évidemment liée à celle du retour sur investissement des dépenses publiques i.e. de l’efficacité de l’état et des administrations publiques et sociales. La Lolf permet une clarification comptable mais elle ne se pose pas la question du bien fondé des actions de l’état. 

Et il en va de même pour la loi de programmation des finances publiques. J’ai toujours raillé la loi dite d’équilibre des comptes de la Sécurité sociale. Car depuis qu’on a décidé que le Parlement voterait une loi d’équilibre, les comp- tes n’ont jamais cessé d’être en déficit. Année après année, l’état cherche à les équilibrer. Pour cela on augmente les recettes, on diminue les rembour- sements ou on renvoie de plus en plus sur des mutuelles. Ce qui constitue en fait une sorte de privatisation des prélèvements obligatoires. Et certaines années ont fait les trois à la fois. De plan de sauvetage en constat de faillite, nous assistons à une véritable dérive. Il faudrait se poser la question non pas des « économies » que l’on peut faire mais de « l’économie de la santé » que l’on peut construire avec des acteurs responsabilisés, des assurances sociales en concurrence qui se comporteraient non plus en payeurs aveugles mais en acheteurs avisés afin de remplacer les signaux des « tarifs » par ceux de vrais prix. 
 
La maîtrise de la dépense publique passe essentiellement par une redéfinition des frontières entre l’état qui fait, l’état qui permet de faire et l’état qui fait faire. 

La crise va-t-elle avoir pour conséquence un coup de frein aux réformes ? 

Alain Madelin – Bien évidemment. Elle va marquer le retour en grâce des états et des interventionnistes qui voyaient depuis déjà quelque temps leurs pouvoirs rognés par la mondialisation et l’essor des marchés. C’est-à-dire en fait le rétrécissement de la sphère des choix collectifs au profit de la sphère des choix individuels. On annonce volontiers la revanche de la politique sur les grands méchants marchés mais celle-ci s’inscrit totalement à contre-courant des exigences et constitue une véritable rupture intellectuelle. Il fallait redéfinir l’état, voilà que l’état va redéfinir le capitalisme ! 

Ce retour de l’État est-il durable ? 

Alain Madelin – Non. Il exploite la chute du mur de l’argent facile mais il se heurtera inévitablement au mur des réalités. 

S’autoriser une augmentation du déficit budgétaire et un accroissement de la dette publique, est-ce raisonnable ? 

Alain Madelin – Il n’est pas anormal, en période de récession/déflation, de faire jouer les clauses de situations spéciales du Pacte de stabilité et de croissance. C’est peut-être d’ailleurs le seul moment où je verrais des vertus à une politique de soutien de la demande par le déficit budgétaire. Ce qui me semble préoccupant en revanche, c’est la remise en cause de la politique de concurrence au niveau européen. Car la concurrence est par nature le levier qui nous a permis bon an mal an de moderniser l’état. 

Le remboursement de nos dettes passe par une politique de libération de croissance, par l’exigence de « retrousser ses manches », pas par une politique punitive de « serrage de ceinture ». Même en période de crise une bonne politique exige des mesures de libération de la croissance. 

Libérer la croissance, cela passe-t-il par des baisses d’impôts ? 

Alain Madelin – Des baisses d’impôts bien choisies, lorsqu’elles ont un effet de levier sur la croissance – ce qui ne me semble pas être le cas ces derniers temps –, sont paradoxalement le meilleur moyen de lutter contre le déficit public, car elles dopent la crois- sance.

Le vrai problème, c’est que nous n’avons pas eu une politique d’écureuil accumulant les noisettes pendant les périodes de prospérité, ce qui rend quasi nulles nos marges de manœuvre pour soutenir l’activité et diminuer les impôts. 

D’autant que le plan de soutien aux banques ne sera pas neutre en termes de finances publiques... 

Alain Madelin – L’idée d’une facture à supporter par les contribuables est in fine réelle mais il y a aujourd’hui beaucoup d’incertitude sur son montant. Il sera très différent selon la capacité de reprise des économies et des secteurs bancaires des différents pays. 





Propos recueillis par charlotte cabaton
 



B) Alain Madelin : l'UMP, le libéralisme et moi  

Alors que Nicolas Sarkozy a été élu ce weekend président de l'UMP, quel regard portez-vous aujourd'hui sur ce qui a longtemps été votre famille politique? Est-elle à la hauteur des enjeux actuels?
Alain MADELIN: A l'évidence, l'UMP, dans ses propositions, son programme et son action n'a pas vraiment permis de relever les défis posés à notre pays. Après l'immobilisme chiraquien post-2002, et à la faveur - ou avec l'alibi - de la crise, la droite UMP a plaidé pour le retour de l'Etat, le renforcement des frontières, la mise en oeuvre du principe de précaution, par exemple pour les gaz de schiste, augmenté les impôts et même défendu l'idée d'aligner la fiscalité du capital sur celle du travail! Sans doute l'idée la plus fumeuse pour l'économie, partiellement mise en œuvre sous Sarkozy, parachevée par les socialistes. Ce qui nous vaut aujourd'hui le double record du monde de la fiscalité du capital et de la taxation marginale du travail.

De même, l'idée du Pacte de responsabilité et du CICE était en germe dans la TVA sociale prônée par l'UMP.

Je pense que si les libéraux sont entrés dans l'UMP après 2002, le libéralisme en est sorti.

La droite libérale que vous incarnez existe-t-elle encore? Qui pourrait la représenter aujourd'hui?
Il est frappant de voir comment l'UMP, née de familles gaullistes, centristes et libérales, qui n'étaient pas de droite à l'origine, a viré à droite toute et en est même très fière: la «droite décomplexée», ça marche. Or, pour moi, se dire de droite est bien trop court: il existe une droite dirigiste, protectionniste, xénophobe, à l'opposé de ce que je pense, et aux antipodes des solutions qu'il faut proposer aujourd'hui.

Les idées libérales aujourd'hui ne sont pas incarnées politiquement. En revanche, elles irriguent de plus en plus largement le champ politique.

Nicolas Sarkozy a-t-il été un jour libéral, comme certains le lui reprochaient d'ailleurs en 2007?
Cette question me rajeunit. Du temps de mon premier compagnonnage avec Nicolas Sarkozy, celui des Etats Généraux de l'opposition - qui avaient alors très largement une tonalité libérale - les journalistes nous demandaient souvent ce qui nous différenciait lui et moi. Je répondais que j'étais libéral avant d'être de droite, tandis que lui disait qu'il était de droite avant d'être libéral. 

Le mot «libéralisme» a mauvaise presse en France. Comment l'expliquez-vous?
Je conteste votre affirmation. Tous les sondages montrent que lorsqu'on met le mot «libéralisme» en compétition avec les mots socialisme, droite, capitalisme, il ressort largement en tête. 

J'ajoute que lorsque l'on oublie le mot pour présenter aux français des propositions libérales en termes de liberté d'agir ou de choisir, on rallie les deux tiers et les trois quarts d'entre eux. Prenons un exemple précis: l'âge de la retraite. Faut-il l'établir à 64, 65, ou 70 ans?

C'est une mauvaise solution car le problème ne se pose pas ainsi.

La question économique est de ne pas distribuer plus d'argent qu'il n'y en a dans les caisses. La solution sociale la plus juste, c'est d'appliquer le principe «à cotisations égales, retraites égales» et de laisser en suite chacun choisir librement l'âge de sa retraite - c'est la retraite à la carte - et faciliter la constitution d'une épargne retraite complémentaire.

C'est le principe de la retraite par points, une idée qui d'ailleurs transcende aujourd'hui les clivages. Voilà un exemple de réforme libérale qui pourrait rassembler. Des idées qui hier, semblaient marginales, font souvent aujourd'hui presque consensus. Il serait dès lors dommage de ne pas profiter de cette opportunité pour transformer en profondeur notre pays.

N'avez-vous pas manqué de pédagogie, en vous enfermant dans une sémantique libérale?
On peut ne pas aimer le mot, néanmoins politiquement, philosophiquement, économiquement, il a un contenu clair, de plus en plus actuel. C'est un mot magnifique, évoqué par tous les défenseurs des droits de l'homme dans le monde dont le premier sens, selon le dictionnaire, est «généreux». Aujourd'hui d'ailleurs, qualifier un socialiste de libéral est une preuve d'évolution dans l'échelle politique! 

Diriez-vous que d'une certaine manière François Hollande mène une politique libérale?
La croissance, c'est à la fois la compétitivité des entreprises et celle de l'Etat. De façon assez surprenante, vous avez une sorte de consensus mou entre la gauche, la droite, le centre et le patronat, sur l'idée selon laquelle le problème de compétitivité serait essentiellement dû au coût du travail trop élevé. On prône alors une politique qui a sa cohérence économique, la déflation salariale. Puisque je ne peux pas dévaluer ma monnaie, je pratique une sorte de dévaluation intérieure, en baissant les coûts de production, à commencer par le coût du travail, et en demandant aux salariés de payer une partie du coût de leur travail comme consommateur ou comme contribuable. C'est la politique initiée au précédent quinquennat avec la TVA sociale et poursuivie aujourd'hui avec le CICE et le Pacte de responsabilité. Je ne cesse de dire que cette politique est inepte et inefficace. La désillusion, qu'on commence à voir pointer, s'annonce grande. 

Les coupes salariales et l'austérité combinées forment une politique qui ne peut qu'échouer, et beaucoup la remettent en cause. Lorsque vous arrosez l'ensemble des entreprises avec un pacte de responsabilité de 50 milliards, les entreprises applaudissent ce qu'elles voient comme une reprise des impôts supplémentaires qu'on leur a fait payer. Dans les faits, on arrose le sable: la Poste ou la grande distribution sortent gagnants, alors que le problème de la compétitivité est celui de l'investissement dans les entreprises innovantes. 50 milliards paraît énorme, mais représente à l'arrivée 2% maximum du coût d'un produit industriel soumis à la compétition international, c'est-à-dire moins qu'une variation de quelques jours de l'euro, moins que l'impact de la facture du pétrole. Imaginer qu'on va bouleverser la compétitivité avec cette mesure est absurde.

Il faut changer de cap économique. S'il est vrai qu'on a distribué plus de salaires qu'il n'y a eu de gain de productivité au cours des 15 dernières années - il faut bien constater que cette augmentation est de la seule responsabilité du patronat. La question n'est pas aujourd'hui de diminuer les salaires au niveau des gains de productivité, mais d'augmenter les gains de productivité pour rejoindre le niveau des salaires. Cette politique de baisse du coût du travail et de coupes dans les dépenses publiques, apparait comme une purge, et je ne veux pas laisser penser qu'il s'agit d'une politique libérale. Il y a peut-être des socio-patronaux dans le gouvernement, mais sûrement pas de socio-libéraux!

Alors que faut-il faire?
S'il n'est pas dans le pouvoir de l'Etat de fabriquer la croissance, il est en son pouvoir de la libérer. Les deux ingrédients de la croissance sont le travail et le capital. Or, nous avons -répétons-le - les records mondiaux de taxation du capital et du travail. Ceci ne passe pas par le chômage et le recul du pouvoir d'achat.

Nous avons donc d'urgence besoin d'une fiscalité normale, qui s'aligne au moins sur la fiscalité des pays nordiques, qui ont, comme nous, un fort taux de dépenses sociales.

Nous avons également le patronat le plus assisté au monde. La facture de l'assistance au patronat et à l'économie va dépasser 150M€. En échange de cette somme, je pourrais supprimer l'impôt sur le revenu, sur les sociétés et les charges sociales patronales. C'est vous dire l'énormité de cette facture. Certes, on ne peut tout supprimer, mais il existe des marges de manœuvre. Je propose d'échanger ce trop plein de subventions contre des baisses d'impôts et des libertés supplémentaires!

Nous avons besoin aussi de reconstruire un vrai marché du travail, avec un droit du travail moins rigide et plus moderne.

La formation professionnelle devrait être également une grande cause de mobilisation nationale au-delà des clivages partisans. Plutôt que de faire des emplois d'avenir, qui sont bien chiches en terme d'avenir, mieux vaudrait mobiliser l'ensemble des entreprises au service d'une action d'urgence et en utilisant tous les nouveaux moyens de l'éducation numérique.

Ajoutons que nous avons besoin d'une large ouverture à la concurrence d'activités fermées, y compris les activités publiques. 

L'outil de la compétitivité de l'Etat n'est pas la hache budgétaire mais la restructuration et la délégation de gestion pour réinventer l'Etat.

On connaît mal vos positions sur les questions de société ... Les qualifieriez-vous également de libérales?
Je suis un libéral «complet», politique, économique et sociétal: demandez à Zemmour! Il se complaît à dénoncer l'axe du mal «libéral-libertaire» que je forme, selon lui, avec Cohn-Bendit. Je suis effectivement à l'opposé de cette verticale du pouvoir poutinienne, jacobine et paternelle qui fascine Zemmour. Que la politique était belle du temps de la raison d'Etat! 

En fait, et c'est ce qui angoisse Zemmour, c'est qu'il sait bien au fond de lui-même que nous ne subissons pas une simple crise dont il serait facile de sortir en restaurant l'ordre ancien. Nous vivons une profonde mutation.

Un changement de civilisation avec le passage de la société industrielle à la société mondiale de la connaissance. Une mutation de la notion de souveraineté, le grand passage de la souveraineté de l'Etat à la souveraineté de l'individu.

La réinvention des Etats est aujourd'hui guidée par le principe de subsidiarité, admirablement résumé par Abraham Lincoln 

«Tout ce que les citoyens sont capables de faire, il faut leur laisser faire».

Et on sent aujourd'hui chez nos concitoyens une revendication spontanée de reprise en main de leurs affaires malmenées par l'Etat, une sorte de nouveau «laissez-nous faire» sous-jacent à beaucoup de colères des français. Les politiques doivent comprendre que le «faites moi confiance» ou l'anaphore égocentrique du «Moi président de la République» ne sont plus supportables. Je rêve d'un président qui dirait: «Je vous fais confiance», et qui ajouterait «je ne suis pas là pour faire, mais pour permettre de faire». Ceci dépasse la gauche et la droite. Il existe d'ailleurs à gauche un héritage génétique libéral autour de l'idée de «l'émancipation» des individus et j'accepte volontiers la devise des sociaux- démocrates «la liberté autant que possible, l'Etat autant que nécessaire».

Le triomphe de Zemmour ne signifie-t-il pas la défaites de vos idées?
Quand le bateau menace de couler, c'est le moment où l'on attend beaucoup de la protection du capitaine. Dans l'état de désarroi qui est le nôtre, et lorsque le capitaine parait dépassé, on désigne des boucs émissaires, comme les riches, la finance, les immigrés, l'Europe, l'Euro… On se réfugie dans un certain conservatisme social. 

Je sais bien qu'à côté du niveau de vie économique, il existe aussi un niveau de vie du cœur, fait d'un certain nombre de valeurs, d'un héritage culturel, de règles de vie commune, et que ce niveau de vie là baisse aussi. Je ne mésestime pas ces problèmes même si je pense que la crispation identitaire n'est pas la solution.

Prenez l'exemple du mariage pour tous. J'avais critiqué le pacs devant le notaire à l'époque, en disant qu'il n'allait pas assez loin et qu'il fallait faire l'union civile devant le maire. Personne, hélas, ne m'a suivi alors à droite. Ainsi, les couples homosexuels se seraient de fait «mariés» à la mairie, et l'on n'aurait pas donné aux nombreux français qui sont attachés au mot «mariage» comme une sorte «appellation hétérosexuelle contrôlée» le sentiment d'être dépossédés.

Les analyses de Zemmour sont souvent très fines, mais ses conclusions, le rétablissement de l'autorité et de la virilité perdues, me paraissent d'un autre âge.

L'économie libre que vous prônez ne soulève-t-elle pas une question morale? Que faites-vous des ouvriers et des mineurs exploités dans des pays en voie de développement?
Il y a effectivement une question morale: 

faut-il interdire aux plus pauvres de s'enrichir? 

Les plus pauvres profitent incontestablement de libertés économiques et du libre-échange. La vraie question me parait être celle de la baisse du moral des français, de la perte de confiance dans l'avenir. Regardons aujourd'hui l'avenir avec confiance. 

Deux moteurs de croissance sont aujourd'hui allumés à l'échelle de la planète. Le moteur de l'innovation et de la création destruction. Les progrès à venir dépassent l'imagination. Le moteur de la mondialisation et de l'enrichissement par l'échange.

7% de croissance signifie que vous doublez votre niveau de vie tous les dix ans, tandis que 0,5% de croissance le doublent tous les 150 ans. Le problème, c'est que les français ont aujourd'hui la sensation de subir une grande panne. Ceci exacerbe les tensions sociales et les politiques sont tentées, faute de résultats, de s'affirmer par des discours démagogiques.

Je considère aujourd'hui la situation sociale comme très grave: la pauvreté et le précariat gagnent du terrain, le chômage progresse, le pouvoir d'achat réel recule, les fins de mois sont de plus en plus difficiles, et même souvent dramatiques pour beaucoup trop de nos compatriotes. Une partie de France décroche, que ce soit dans nos cités ou au fond de nos campagnes.

Tous ces drames humains au quotidien ne sont pas le fruit d'un excès de libéralisme ou d'une insuffisance de dépenses publiques!

J'ai le sentiment de vivre une sorte de «perestroïka française». Souvenez-vous, dans les pays de l'Est, vers la fin du communisme. On y faisait ce diagnostic «la base ne veut plus, le sommet ne peut plus». La perestroïka, c'était la tentative de la nomenklatura de faire un certain nombre de réformes censées prolonger le système et le préserver d'une remise en cause plus profonde. Je pense qu'aujourd'hui l'urgence sociale, l'impératif de la croissance et l'exigence de mutation de l'économie et de l'Etat exigent un sursaut libéral.

Alain Madelin



Le terme "libéral" banni - LA FAILLITE DU CRYPTO-LIBÉRALISME par Faré !

"La vraie facture de l’assistanat c'est celle des entreprises (150 milliards de subventions)" A Madelin

Alain MADELIN et le "Libéralisme" en 2014/15 - Un "Libéral complet" !!

L’antilibéralisme France ?

Alain Madelin son programme entier pour 2017, s'il se présentait ! + réponses diverses de mars

Alain Madelin: l'ISF, le bouclier fiscal, et l'hyper croissance 2020


Avec Sabine Hérold-Fillias


D) La nouvelle prime d’activité ne résout en rien l’empilement des aides sociales françaises, alors que la création d’un impôt négatif permettrait de le faire 

Le premier ministre a annoncé mardi 3 mars la création d’une « prime d’activité », à destination des bas salaires et qui a pour intention de remplacer le revenu de solidarité active et la prime pour l’emploi. Ouverte aux jeunes, contrairement au RSA, elle a pour vocation à compléter les salaires modeste et à inciter les chômeurs à retrouver du travail.

Atlantico : Alors que la France doit prouver sa maîtrise budgétaire pour répondre aux critères de Maastricht, quel impact cet impôt négatif aurait-il dans les finances publiques ?
Alain Madelin : J’ai le sentiment que cet impôt négatif correspondrait à une rationalisation de l’Etat providence, avec une concentration d’aide à ceux qui en ont le plus besoin.

Il n’y aurait pas de coût supplémentaire. L’objet est d’avoir une protection efficace pour ceux qui en ont vraiment besoin. Comme le disait Tony Blair: « Il nous faut construire un filet de solidarité qui soit un tremplin, et non pas un filet qui enferme ».

A. : La solidarité de l’Etat se finance à travers de nombreuses ponctions, comme la CSG par exemple. Qu’en serait-il d’un impôt négatif ?
A.M : En réalité, l’impôt négatif aurait effectivement beaucoup plus de sens si l’on faisait une réforme de l’impôt sur le revenu qui engloberait la CSG – qui est en réalité un impôt déguisé. Et non pas avec pour perspective d’augmenter la progressivité de la CSG comme le propose Piketty, qui serait une folie alors que nous avons déjà le record de la taxation marginale sur le travail. Mais au contraire, dans l’esprit de proportionnaliser davantage l’ensemble impôt sur le revenu + CSG, avec une retenue à la source. Cela constituerait un dispositif simple, efficace, par rapport au mille feuille des diverses allocations sociales votées au fil du temps.

A. : En quoi un tel impôt pourrait-il pallier la désincitation au travail que les dispositions actuelles semblent provoquer ?
A.M : Il faut être clair sur l’idée qu’un impôt négatif a avant tout pour objectif d’être un filet de solidarité efficace. En effet, il permettrait de gommer l’effet de taxation marginale dissuasive du travail en bas de l’échelle des salaires.

En revanche, certains comme à gauche, ou libéraux comme Gaspard Koenig, évoquent un revenu universel pour tous. Je suis très réservé sur cette proposition qui alimente les mécanismes de l’assistance et qui donnerait à chacun un droit sur le travail des autres. Je défends le revenu minimum garanti. Il faut pour autant faire attention à ce que ce revenu minimum ne soit pas considéré comme un choix de vie : c’est la raison pour laquelle l’Angleterre, ou les Etats-Unis par exemple ont développé un « workfare », c’est-à-dire des emplois d’utilité collective pour sortir les personnes de l’enfermement éventuel dans ces revenus minimums.

A: Dans quelle mesure, selon vous, le système actuel n’est-il pas suffisamment incitatif à l’emploi ? Comment coupler ces deux objectifs que sont le fait d’assurer un revenu minimum pour tous, et d’inciter à un retour à l’emploi ?
A.M : C’est une question délicate. Indiscutablement cependant, lorsque le montant et la durée des indemnisations de chômage est moins généreuse qu’en France, on observe que le phénomène qui consiste à aller « prendre son chômage » existe moins.

Nous connaissons tous des gens qui « prennent leur chômage », qui l’utilisent au maximum, de manière répréhensible.  Il faut peut-être revoir les allocations chômage dans un sens plus incitatif, réformer dans le but d’inciter au travail est une bonne chose, mais cela n’aurait aucun sens de le faire dans une période où il n’y a pas d’emploi.

Cet article est initialement paru sur Atlantico.




E) Alain Madelin et tous les posts de Contrepoints

Contrepoints le nivellement par le haut, cliquement vôtre 



F) "De quel Droit ?", conférence Alain Madelin

la vidéo de la conférence d'Alain Madelin sur le Droit, donnée le lundi 21 janvier 2013


D'où vient le Droit ? Quelles sont ses origines ? Alain Madelin répond à ces questions fondamentales et décrit le combat entre la force et le Droit du début de la société à aujourd'hui qui consacre la supériorité du droit sur la forme.

Au sommaire :

Au dessus de la loi, il y a le Droit. Un Droit antérieur et supérieur. Les lois de Vichy étaient légales mais étaient-elles légitimes ? Une histoire de l'affrontement du Droit et de la Force. Le droit naturel et la " règle d'or ". La Déclaration des Droits de l'Homme. Le Droit de propriété. Révolution française et Révolution américaine. L' état de Droit, ce n'est pas l'Etat qui fait le droit. Vrais et faux Droits de l'Homme. Le rôle de la Constitution. La production du Droit. Lois, règlements et " soft laws ". La hiérarchie du droit. Le droit positif. Les paradoxes de la démocratie.Où l'on rencontre Aristote, Hobbes, John Locke, Rousseau, Condorcet, Kenneth Arrow ....






G) Alain Madelin dresse un constat de la loi éponyme vingt ans après sa création.

Cette interview des Echos Partenariats avec Alain Madelin - ancien député, ancien ministre de l’Industrie (1986), des Entreprises et du développement économique (93), puis de l’Economie et des Finances (95) - analyse le contexte et les effets de cette loi « innovante », qui a permis notamment :
  • De renforcer le statut de chef d’entreprise
  • De favoriser le développement des Travailleurs non-salariés (TNS), qui ont pu se constituer une retraite par capitalisation
  • De créer le statut d’entreprise unipersonnelle (EURL et EARL) ; une réelle avancée pour simplifier et faciliter la création d'entreprise
  • D’annoncer et d’amorcer avec « quelques années d’avance » le fameux statut d’auto-entrepreneur. 

« Bilan de la loi Madelin, 20ème anniversaire »





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