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juin 15, 2015

La "blé-mania" France, une économie réelle pour une histoire fictive !

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.

 
Le texte qui suit n’est que pure-fiction... Gardons toutefois en tête les réalités suivantes pour que sa lecture prenne une tonalité géopolitiquement plus profonde : la France est le 5e pays producteur et le 3e exportateur en blé de la planète. Près de 10% de la superficie métropolitaine française est couverte en blé. Environ 500 000 emplois directs et indirects sont générés en France par la filière céréalière. En 2014, l’exportation de céréales s’est élevée à 9,5 milliards d’euros, le blé étant la céréale phare de cette France agricole performante dans la mondialisation. Un hectare de blé sur cinq cultivé en France se retrouve consommé par les populations du Sud de la Méditerranée, qui captent deux-tiers des exportations françaises de blé en dehors de l’UE. Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, la France avait besoin de l’étranger pour couvrir ses besoins en blé. Depuis le dernier tiers du XXe siècle, la France n’a pas de pétrole mais elle a du blé. Dans un contexte alimentaire en évolution rapide depuis le début du XXIe siècle, le blé constitue un atout majeur pour la compétitivité économique et l’influence stratégique de la France dans le monde.

Cours(blédur)du15/06/2015
290 €/t
Rendu La Palisse
cotation bourse blé
 
Le blé, un produit stratégique pour la France et son influence dans le monde
 
18 juin 2020. A Paris, les Champs Élysées sont recouverts de blé. Le temps d’une journée, le produit phare de l’agriculture française est célébré. La date est symbolique. Cela fait cinq ans qu’un « appel du blé » a été lancé pour positionner cette céréale au cœur de la diplomatie économique de la France. C’est aussi le trentième anniversaire de la même manifestation tenue le 24 juin 1990, date d’une « Grande Moisson » qui avait pris possession de l’une des avenues les plus célèbres du monde. De l’Arc de Triomphe à la Concorde, les épis de blé tapissent les sols sur près de 2 kilomètres et 70 mètres de large. Il s’agit à la fois de valoriser le secteur auprès de l’opinion publique et de promouvoir le rôle essentiel du blé pour l’économie nationale mais également l’influence du pays à travers la planète, notamment en direction des pays francophones. En 2020, plus que jamais, le blé contribue à rééquilibrer la balance commerciale nationale, encore déficitaire mais dont les corrections restent effectuées grâce aux performances à l’exportation de certains produits où la France reste compétitive. C’est notamment le cas de l’agro-alimentaire et des céréales. Si ce tableau ne fait que confirmer des réalités connues et observées depuis le début du siècle, la vraie différence tient au fait que le discours politique et diplomatique a évolué. Le blé fait partie intégrante des éléments de langage des décideurs français, quand bien même ils ne sont pas affairés aux
questions agricoles. Reclassé parmi les atouts majeurs de la Nation, le blé représente cette matière première bien vivante du territoire français, procurant de l’emploi et générant des revenus. Surtout, pour les diplomates et tous ceux qui travaillent à l’expression de la puissance française dans le monde, le blé est devenu l’un des meilleurs arguments pour illustrer ce que le pays peut faire, depuis les terres de l’Hexagone, pour concrètement contribuer à la stabilité et au développement dans le monde. Les grains produits en France partent pour désormais deux-tiers d’entre eux en direction de l’étranger. 

C’est une évolution forte par rapport à la situation qui prévalait encore au milieu de la décennie 2010, quand une tonne sur deux récoltée se retrouvait mise sur les marchés internationaux. Alors que la production française s’est améliorée quantitativement, avec la barre des 40 Mt franchie pour la première fois en 2019, elle s’est aussi bonifiée en termes qualitatifs. Les producteurs ont continué à améliorer leurs pratiques, inscrivant leurs activités dans les sillons d’un développement durable où la sécurité humaine est essentielle, comme cela a été défini dans le cadre de l’agenda post-2015 et de la feuille de route climatique établie à Paris lors de la COP21 tenue en décembre 2015. Plus responsable encore sur le plan environnemental, le producteur français s’est également attelé à faire progresser la qualité de ses blés. Davantage protéinés, ils correspondent aux attentes des consommateurs des pays acheteurs, qui reconnaissent les efforts menés depuis plusieurs années pour que l’origine française en blé cultive sa compétitivité. Il faut dire que cette montée en gamme sur le plan qualitatif fut rendue nécessaire face aux concurrences renforcées des origines russes et roumaines, de plus en plus présentes sur les marchés des rives Sud et Est du bassin méditerranéen. Et c’est bien là que la géopolitique du blé connaît sa sismicité la plus soutenue. Les autorités françaises, en étroite association avec les producteurs et les nombreux acteurs de la filière blé dans le pays, ont organisé cette journée du 18 juin 2020 pour une raison stratégique : de fortes secousses alimentaires ont déstabilisé la planète entre le printemps et l’automne 2019. 

Plusieurs gouvernements sont tombés dans des Etats où la demande en blé n’est couverte intégralement que grâce aux approvisionnements extérieurs. Or la tonne de blé s’est nettement renchérie en 2019, conséquence d’une campagne mondiale très défavorable et d’une combinaison d’événements géopolitiques ayant impacté lourdement le cours des céréales. La sécheresse historique aux Etats-Unis, à l’été 2018, est venue plomber la production de blé chez celui qui reste l’un des principaux greniers traditionnels du globe. 

Déjà fragilisée par la primauté donnée au maïs, le blé américain chute à 40 Mt pour la récolte de cette campagne 2018-2019. La conséquence pour les marchés mondiaux est immédiate : seuls 20 Mt seront exportées depuis les Etats-Unis, soit 40% de moins que la moyenne enregistrée lors des campagnes précédentes. La nervosité des cours du blé s’accentue à l’été 2018 quand il apparaît que la récolte autour de la mer Noire s’annonce mauvaise. Les problèmes politiques en Ukraine persistent depuis 2014, obérant le développement agricole du pays, dont une partie des terres à céréales est ravagée par des conflits militaires locaux entre les forces d’un régime affaibli à Kiev et des rebelles à l’Est revendiquant le rattachement à la Russie. Celle-ci plonge toutefois dans l’inconnue stratégique la plus totale à l’automne 2018. Son président perd le pouvoir et c’est tout le système politique russe qui tente de se recomposer face à cet événement soudain. La population saisit cette vacance de gouvernance pour muscler ses revendications. Les rues de Moscou sont pleines de manifestants, tandis que les campagnes connaissent une année creuse. Les plaines russes ont en effet subi une période de chaleur excessivement longue lors de l’été 2018. Quelques mois plus tard, il apparaît que la production en blé, comme celle des Etats-Unis, est historiquement basse. Avec 25 Mt, la récolte est à la fois catastrophique pour l’économie russe mais également terrible pour les équilibres du marché mondial. A peine 5 Mt de blé russe sortiront des ports de la mer Noire...La tonne de blé atteint 400 dollars le 16 mars 2019 à la bourse de Chicago. Le prix du blé reste supérieur à 300 euros en « rendu Rouen » pendant plus de cinq mois cette année-là. A l’été 2019, les guerres dans la péninsule arabique sont telles que le passage des navires par le canal de Suez est impossible. Sa fermeture pour plusieurs semaines perturbe le commerce mondial et certains flux céréaliers
dans la région. Le hub céréalier de Damiette, au nord de l’Egypte, à peine inauguré en 2018, est presque vide. Le coût du fret maritime part à la hausse, sans oublier un baril de pétrole situé à 200 dollars quand l’Arabie saoudite perd le contrôle de la moitié de son territoire en septembre 2019. Le Royaume, pour sauver la face et tenter d’endiguer les menaces, achète 10 Mt de blé sur les marchés, malgré le prix. Puisant dans leurs immenses réserves financières, les autorités saoudiennes redistribuent du blé aux populations moyen-orientales qui lui sont fidèles (ou qu’il faut conquérir) à bas coût, mais surtout sous la forme d’une aide alimentaire déguisée. A l’instar de l’épisode de 2007-2008, la crise alimentaire mondiale de 2019 est la conséquence d’une combinaison de facteurs. L’inflation du prix de plusieurs matières premières agricoles n’est pas uniquement le résultat de récoltes moins bonnes. Elle est aussi liée à de mauvaises nouvelles géopolitiques. L’inconnue russe, le chaos moyen-oriental, sans oublier les désordres socio-politiques en Afrique de l’Ouest, inquiètent les marchés et les contaminent. Les signaux pour l’économie mondiale sont mauvais. Les échanges de blé se tendent : malgré une production record de 765 Mt en 2018-2019, la demande dépasse l’offre. Comme au cours des deux précédentes campagnes. Les événements de 2018 et 2019 viennent pressuriser des marchés déjà particulièrement vulnérables. La facture à l’importation pour les Etats dépendants en blé explose. Certains n’ont pas les moyens de la régler. En Afrique du Nord, cela fait dix ans que les systèmes politiques sont bousculés par des aspirations sociales de plus en plus fortes. Le pain fait défaut dans de nombreux foyers en 2019. Il est si cher que son accès est difficile pour les populations vulnérables. Les subventions alimentaires en Egypte ont été réduites, tout comme au Maroc et en Tunisie, ce qui fait beaucoup hésiter l’Algérie à faire de même. Le renchérissement du pétrole lui offre un ballon d’oxygène sociopolitique à la différence de ses voisins. Mais l’Algérie achète en 2019 beaucoup de blé pour tenter d’éteindre les étincelles qui se multiplient dans une bande sahélo-saharienne en pleine ébullition. La pauvreté, les guerres et les insécurités s’y multiplient depuis des années. Cela nuit à la stabilité nord-africaine et pèse fortement sur le développement de toute l’Afrique de l’Ouest. Dans ce contexte, la France a pris des décisions courageuses en 2019. Elle a mis en place un système inédit de diplomatie alimentaire, en synergie complète avec les producteurs de blé et les opérateurs de la filière, y compris de la logistique et du négoce. Le blé d’origine France sera patriotique et stratégique. Il est vendu 220 euros la tonne lors de la campagne 2019-2020, quel que soit le cours sur les marchés et la volatilité des prix. Ce tarif unique et stable est pratiqué en direction des pays partenaires traditionnels de la France qui sont les premiers débouchés du blé français à l’export. Les Etats de l’Afrique du Nord et de l’Afrique de l’Ouest sont ainsi concernés, mais Paris n’oublie pas certaines destinations du Proche-Orient. La contrepartie diplomatique est simple : que ces pays achètent du blé français dans des quantités bien déterminées au cours des cinq prochaines campagnes et dans une fourchette de prix qui sera obligatoirement entre 200 et 240 euros la tonne, tarifs jugés suffisamment rémunérateurs pour l’agriculteur et relativement accessibles pour les acheteurs. Cette contractualisation quinquennal rassure tout le monde, producteurs de blé en France comme consommateurs dans les pays importateurs. Les opérateurs des marchés sont mobilisés pour se situer dans cet exercice. La puissance publique s’appuie sur les forces vives de la Nation. 

A travers une telle démarche de diplomatie économique avec le blé, les autorités françaises contribuent à atténuer les risques d’instabilités géopolitiques dans les régions voisines africaines. Si l’acte n’est pas compatible avec les règles commerciales de l’OMC et de l’UE, il est tout de même autorisé à titre expérimental pour répondre à une situation de crise. Le processus séduira Bruxelles qui décide de mener une réflexion approfondie pour qu’un tel dispositif soit appliqué à l’échelle européenne à partir de 2025, dans le cadre de la nouvelle PAC qui sera davantage géostratégique et articulée avec les politiques de coopération renforcée établies avec les pays du voisinage de l’UE Le 18 juin 2020, le Président de la République française termine son discours à la Concorde en rappelant que le blé fait non seulement partie de l’histoire profonde du pays mais qu’il est surtout un produit vital pour la sécurité mondiale. Il appelle les concitoyens à être fiers que la France soit dotée d’un tel atout, contribuant à l’alimentation de base de la population nationale et à l’équilibre des marchés internationaux où la croissance des besoins alimentaires s’affiche comme l’un des principaux moteurs. 

Le Président français conclut en regardant l’horizon de ces Champs Élysées recouverts de blé : il y voit au loin la défense des intérêts de la France et, au milieu, le triomphe de son modèle diplomatique. Rayonner avec ses atouts dans la mondialisation et savoir être une puissance juste dans son action : tel est le cap fixé pour le développement économique et la politique extérieure de la France. 

Sébastien Abis présentera son ouvrage “ Géopolitique du blé, un produit vital pour la sécurité mondiale” dans le cadre du colloque “Le blé, enjeux géopolitiques et diplomatie économique” organisé par l’IRIS et l’AGPB le jeudi 18 juin 2015.

octobre 30, 2014

Globalisation - Mondialisation 2/8 (Commerce)

L'Université Libérale, vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.


 
Les faits parlent d'eux-mêmes : la libéralisation du commerce crée des richesses qui permettent aux États de faire face à leurs besoins et elle encourage le développement économique ; l'érection de barrières commerciales aggrave les conditions de vie de la population et la situation du pays. C'est une leçon que les États-Unis ont apprise dans les années 1930, dans la foulée de l'adoption de la loi Smoot-Hawley relative à l'augmentation des droits de douane. Depuis lors, les États-Unis sont le fer de lance mondial de l'ouverture des marchés au niveau international, laquelle a alimenté la croissance économique et le développement des pays et contribué à sortir des millions de personnes de l'ornière de la pauvreté. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire si l'on veut voir se matérialiser les avantages qui découlent de la libéralisation des échanges, notamment dans les domaines de l'agriculture, des produits industriels et des services. Les pays en développement sont particulièrement bien placés pour retirer des avantages du déblocage des négociations commerciales multilatérales.

Selon des études de la Banque mondiale, l'accroissement des échanges peut permettre à des dizaines de millions de personnes de plus d'échapper à la pauvreté

Le monde du XXIe siècle se heurte à d'énormes défis. Plus de un milliard des habitants de la planète vivent dans la pauvreté, phénomène qui a un effet dévastateur sur les familles, les collectivités et les pays. Les pays industriels et en développement ont en commun de vouloir faire reculer la pauvreté dans le monde entier, améliorer la croissance économique, relever le niveau de vie et créer des emplois et des débouchés pour leur population.
 
Tandis que les États s'efforcent de sortir de l'impasse le cycle de négociations de Doha entreprises sous l'égide de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), il y a lieu de se remettre en mémoire la théorie économique et les leçons tirées de l'expérience : l'ouverture des marchés et la libéralisation des échanges (autrement dit, le démantèlement des barrières commerciales tarifaires et non tarifaires) entraînent la création de richesses et le développement. Les pays ouverts aux échanges ont tendance à avoir davantage de richesses, une population en meilleure santé, un taux de scolarisation et d'alphabétisation plus élevé, une législation du travail et des normes sur l'environnement plus strictes et davantage de possibilités en matière d'investissement. En revanche, si elles peuvent éventuellement protéger des intérêts particuliers limités, les barrières commerciales laissent le pays qui les érige dans une situation bien moins bonne quand on considère les richesses sacrifiées, le ralentissement de la croissance économique et, partant, la diminution des ressources qui pourraient être affectées aux besoins pressants du pays.
 
La théorie et la pratique
Pourquoi les pays commercent-ils ? Les économistes connaissent bien le fondement intellectuel du libre-échange. Pour expliquer les choses simplement, disons que les pays gagnent à se spécialiser dans la production de biens et de services qu'ils peuvent assurer avec un maximum d'efficacité et à les échanger contre des biens et des services provenant de pays qui sont capables d'en produire de meilleure qualité et à moindre coût. Dans le cadre d'un tel arrangement, les pays peuvent se targuer d'avoir une production plus efficace, d'offrir une plus large gamme de choix à leurs consommateurs et de proposer à ces derniers des biens et des services de meilleure qualité et moins chers. L'État qui démantèle ses barrières aux échanges permet à sa population de s'approvisionner sur le marché mondial en nourriture, en vêtements et en divers produits industriels ainsi qu'en services, lesquels forment l'infrastructure de l'économie moderne, depuis le secteur financier à celui des télécommunications en passant par les transports et l'enseignement.
 
En outre, la concurrence incite les entreprises à innover, à découvrir de nouveaux procédés de production et de nouvelles techniques de façon à mieux répondre aux besoins de leurs clients et à faire progresser les connaissances. Ainsi la mise au point de techniques informatiques avancées et de médicaments d'importance vitale s'est-elle développée ces dernières années dans un environnement caractérisé par des marchés ouverts et par des possibilités d'exportations favorables à la croissance de l'industrie, sans compter l'application de lois strictes relatives aux droits d'auteur et aux brevets.
 
Les obstacles à la concurrence produisent l'effet inverse : des entreprises nationales moins efficaces, une gamme moins étendue de biens et de services, lesquels sont de qualité moindre et sont produits à des coûts plus élevés, moins d'innovations et une croissance économique ralentie.
 
L'histoire économique du XXe siècle illustre on ne peut mieux non seulement les vastes gains de la libéralisation des échanges pour des centaines de millions d'habitants de la planète, mais aussi une leçon importante quant aux coûts mondiaux des barrières commerciales. En 1930, les États-Unis imposèrent des barrières commerciales sans précédent, car ils étaient persuadés, à tort, que les producteurs américains ne pouvaient pas soutenir la concurrence des pays étrangers où les salaires et les coûts de production étaient inférieurs. À l'époque, le Congrès vota la loi Smoot-Hawley, qui institua des droits de douane très élevés pour protéger le marché américain contre la concurrence étrangère. Les conséquences en furent désastreuses. Par mesure de rétorsion, les partenaires commerciaux des États-Unis se mirent eux aussi à protéger leur marché contre les importations étrangères. Le volume des échanges dans le monde chuta de 70 %, ce qui eut pour effet de créer des dizaines de millions de chômeurs, d'aggraver la grande crise de 1929 et d'alimenter les tensions politiques qui portèrent en germe la Seconde Guerre mondiale.
 
Depuis lors, d'autres présidents et d'autres législateurs des États-Unis ont jeté les fondements d'une coopération économique pacifique et du partage de la prospérité en adhérant à l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) et à l'institution qui lui a succédé, l'Organisation mondiale du commerce (OMC). À sa création en 1947, le GATT comptait 23 États membres ; aujourd'hui, l'OMC regroupe 150 États membres représentant tous les stades de développement et toutes les parties du monde, et plus d'une vingtaine de pays cherchent à y adhérer. L'objectif reste inchangé : abaisser les barrières commerciales et relancer les échanges internationaux, ouvrant ainsi la porte aux avantages à même de découler de la croissance économique et du développement sur la base la plus large possible. En outre, les règles commerciales présentent l'intérêt d'assurer un climat de certitude, de transparence et de prévisibilité, de contribuer à l'État de droit et de faciliter le règlement des différends commerciaux.
 
Le commerce est une source de richesses
D'un point de vue empirique, l'élargissement des échanges s'est révélé essentiel à la croissance économique et à la création de richesses tant dans les pays industriels que dans les pays en développement.
 
L'ouverture du marché américain au monde a été l'une des clés de voûte de la force et de la prospérité des États-Unis, la plus grande économie au monde, le plus gros importateur et le plus gros exportateur. Depuis les années 1990, la libéralisation des échanges a contribué à faire progresser la production économique nationale des États-Unis de près de 47 % et, dans le même temps, l'économie américaine a créé près de 19 millions d'emplois. Les exportations de produits industriels font travailler plus de 1 personne sur 6 dans le secteur industriel, ce qui correspond à environ 5,2 millions d'emplois, et les exportations agricoles sont associées à 1 million d'emplois supplémentaires. Dans les emplois liés aux exportations, les salaires sont de 13 % à 18 % supérieurs à la moyenne nationale.
 
En outre, les ménages américains sont gagnants dans l'affaire parce qu'ils peuvent choisir entre des produits importés du monde entier. On estime que les deux principaux accords commerciaux conclus dans les années 1990, à savoir l'accord issu du cycle d'Uruguay de l'OMC et l'Accord de libre-échange nord-américain négocié entre les États-Unis, le Canada et le Mexique, ont augmenté le pouvoir d'achat du ménage américain typique, composé de quatre personnes, de 1.300 dollars à 2.000 dollars par an.
 
Dans les pays en développement, les avantages de l'ouverture des échanges conjugués à l'adoption de réformes intérieures axées sur l'économie de marché ont eux aussi fait leurs preuves, et le potentiel d'amélioration de la croissance et de réduction de la pauvreté au moyen de la libéralisation des échanges est considérable. Selon la Banque mondiale, le revenu réel par habitant a progressé près de trois fois plus vite dans les pays en développement qui avaient abaissé leurs barrières commerciales (5 % par an) que dans les autres pays en développement (1,4 % par an) dans les années 1990.
 
En ce qui concerne la pauvreté, M. Xavier Sala-i-Martin, professeur d'économie à l'université Columbia de New York, fait observer que son taux a considérablement diminué à travers le monde au cours des trente dernières années. Il estime que le monde comptait en 2000 entre 250 millions et 500 millions de pauvres de moins qu'en 1970 et que l'inégalité des revenus s'est réduite dans les années 1980 et 1990. La Chine, par exemple, s'est résolument employée à ouvrir son marché et à accroître ses échanges, ce qui a permis à plus de 250 millions de personnes de sortir de l'ornière de la pauvreté. Le Chili, qui a lui aussi activement ouvert son marché aux échanges et au commerce, a diminué de plus de moitié son taux de pauvreté, lequel est passé de 46 % en 1987 à près de 18 % en 2004. En Afrique subsaharienne, par contre, les pays commencent seulement à ouvrir leur marché et à accroître leurs échanges d'une manière qui laisse entrevoir le recul de la pauvreté. Selon des études de la Banque mondiale et de l'Institut Peterson d'économie internationale, la libéralisation mondiale des échanges pourrait permettre à des dizaines de millions de personnes supplémentaires d'échapper à la pauvreté et injecter 200 milliards de dollars par an dans l'économie des pays en développement. Toutefois, pour que ces pays tirent pleinement parti des gains de la libéralisation, la réforme du commerce doit s'accompagner de réformes au niveau national, d'une aide et d'un renforcement des capacités.
 
S'agissant du renforcement des capacités commerciales, les États-Unis attachent un caractère prioritaire à la nécessité de fournir aux pays en développement les outils dont ils ont besoin pour tirer parti du système commercial mondial. Ils sont le pays qui fournit le plus d'aide en rapport avec le commerce, ce qui comprend l'infrastructure matérielle connexe. De 2001 à 2006, ils ont accordé à ce titre plus de 5,6 milliards de dollars sous forme de dons.

La libéralisation et le développement
Les pays en développement pourraient bien être les plus gros bénéficiaires de la libéralisation accrue des échanges dans les secteurs de l'agriculture, des produits industriels et des services, dans le cadre du cycle de Doha.
 
L'agriculture : plus de 70 % des habitants pauvres des pays en développement vivent en milieu rural. Les études de la Banque mondiale et de l'Organisation de coopération et de développement économiques concordent : ce que les pays industriels peuvent faire de mieux pour venir en aide aux pays en développement, c'est d'abaisser considérablement leurs droits de douane. La suppression des distorsions agricoles tant par les pays industriels que par les pays en développement aurait pour effet d'apporter à ces derniers près des deux tiers (63 %) des gains potentiels de la libéralisation. Des études de la Banque mondiale indiquent que 93 % des gains qui découleraient de la suppression des effets de distorsion sur le commerce mondial des produits agricoles proviendraient de l'abaissement des droits à l'importation, tandis que 2 % des gains seraient liés à la diminution des subventions à l'exportation et 5 % à la réduction des aides intérieures. Pratiquement tous les avantages que les pays en développement en retireraient seraient imputables à l'abrogation des droits de douane à l'importation.
 
Les biens : selon la Banque mondiale, environ la moitié des gains économiques mondiaux qui découleraient de la libéralisation des échanges feraient le jeu des pays en développement. On estime à 142 milliards de dollars, soit 49 % des gains mondiaux, l'augmentation du revenu annuel de ces derniers d'ici à 2015. Si l'on tient compte des changements dynamiques qui surviendraient dans ces pays, cette augmentation annuelle pourrait se chiffrer à 259 milliards de dollars, soit 56 % des gains mondiaux. Les barrières commerciales sont plus élevées dans les pays en développement que dans les pays industriels. Le Fonds monétaire international fait observer que les restrictions commerciales imposées par les premiers sont quatre fois plus importantes que celles des pays à revenu élevé. Comme environ 70 % des droits de douane perçus sur les biens échangés par les pays en développement sont payés à d'autres pays en développement, les pays à faible et à moyen revenu gagneraient à supprimer leurs propres barrières et à stimuler encore davantage le commerce Sud-Sud.
 
Les services : de nos jours, le secteur tertiaire constitue la principale source d'emplois dans les pays en développement ; il assure plus de 50 % des emplois en Amérique latine, dans les Caraïbes et en Asie de l'Est. L'avenir des pays en développement réside dans le secteur des services parce qu'il s'agit non seulement de la composante de leur production économique totale qui se développe le plus rapidement, mais aussi de la plus forte composante des investissements directs étrangers. Les services forment plus de 60 % de ces investissements dans le monde, soit 5,9 billions de dollars en 2004 contre 870 milliards de dollars en 1990. Comme les obstacles au commerce des services sont généralisés, il y a gros à gagner en les démantelant. Par exemple, un rapport récent de la Banque mondiale indique que les pays dont le secteur des services financiers est ouvert ont eu un taux de croissance supérieur de 1 % à celui des autres pays. Selon les estimations d'une étude de l'université du Michigan, la libéralisation des services produirait à l'échelle mondiale plus des deux tiers des gains en bien-être social provenant de la disparition des barrières commerciales.
 
Le commerce et l'environnement
La libéralisation des échanges peut et doit accompagner le développement durable. Dans l'ensemble, les pays relativement riches ont tendance à consacrer une plus grande part de leurs ressources à la préservation de l'environnement. À l'OMC, le cycle de Doha laisse entrevoir des situations où tout le monde sera gagnant dans le contexte du commerce et de l'environnement et dans lesquelles la libéralisation produira des résultats positifs pour l'environnement. Par exemple, un grand nombre d'organisations non gouvernementales réputées dans le domaine de la défense de l'environnement, tels Oceana et le Fonds mondial de la nature, appuient les efforts qui sont déployés par les ministres du commerce dans le cadre des pourparlers de Doha en vue de mettre fin aux subventions destinées aux pêcheurs qui sont à l'origine de la surexploitation des ressources halieutiques et de l'appauvrissement des stocks de poissons. En outre, la libéralisation du commerce des biens et des services liés à l'environnement est à même de promouvoir les objectifs du développement durable parce qu'elle accroît l'accès aux technologies environnementales clés dont elle diminue aussi le coût : c'est vrai, par exemple, dans le domaine de la gestion des eaux usées, de la gestion des déchets solides et dangereux, de l'assainissement des sols et de l'eau, de la protection de l'air et de la production d'énergie renouvelable.

La voie de la sagesse
Qu'ils soient industriels ou en développement, les pays sont tous à la croisée des chemins quand il s'agit de déterminer la direction à donner à leur politique commerciale. Dans une économie mondiale en mutation rapide, les dirigeants politiques pourraient être tentés de protéger le marché intérieur de leur pays contre la concurrence et d'ériger de nouvelles barrières qui font le jeu d'un groupe relativement petit au détriment de la vaste majorité des producteurs, des travailleurs et des consommateurs. La théorie et les observations empiriques plaident pour une voie plus sage. L'ouverture aux échanges demeure le fondement de la croissance économique, de la prospérité, du relèvement du niveau de vie et de l'amélioration du quotidien de millions d'habitants de la planète.
 
Les États-Unis sont prêts à démanteler les obstacles qui persistent quand les autres pays agiront dans le même sens, ce qui créera de nouveaux mouvements commerciaux dont les avantages profiteront aux entreprises, grandes et petites, aux travailleurs, aux agriculteurs et à l'ensemble des ménages. Les gains qui découlent des échanges n'ont pas encore atteint des centaines de millions de personnes qui recherchent une plus grande liberté, des occasions de réussir et des moyens d'échapper à la pauvreté : c'est dire l'impérieuse nécessité qu'il y a d'élargir l'accès aux marchés à l'étranger.

Pendant ce temps en France, nous venons de rentrer dans la politique du ni ni...
 
 2007


Commerce

De Wikiberal
 
Le commerce désigne l'échange de biens et de services entre deux partenaires en contrepartie d'une somme d'argent (le « prix »). Dans cette opération, le vendeur fournit le bien ou le service à l'acheteur qui lui paye le prix en contrepartie. Le développement du commerce a renforcé la nécessité de régler les différends entre co-échangeurs. Les contrats privés sont passés sous l'autorité de l'Etat, transformant le Droit privé en bien public, par l'intermédiaire de la justice. Cependant, la résurgence des idées libertariennes prolifiques durant ces trente dernières années et la mise en cause des fonctions régaliennes de l'Etat posent la question de l'ontologie de la loi Privée.
D'après Hayek, la première forme connue de commerce serait née à Çaytal Huyuk, en Anatolie, bien avant l’ère antique, près de 2 900 ans avant JC.

Commerces illégaux

Le libertarianisme remet en question les interdictions étatiques de certains commerces, notamment les suivants :
En effet, dès qu'il y a consentement entre vendeur et acheteur et absence de coercition, l’État ne devrait pas intervenir. Son intervention pour punir ces "crimes" sans victimes n'aboutit qu'à une violence contre les individus et un gâchis de ressources. L'illégalité de ces commerces ne mène jamais à leur disparition (car la demande ne disparaît jamais), mais bien plutôt à l'apparition de trafics très fructueux : effet pervers du paternalisme d’État, tout se passe comme si la prohibition servait les intérêts des trafiquants et augmentait leurs bénéfices. 

Libre-échange

De Wikiberal
 
Le libre-échange désigne un système de commerce international reposant sur l'absence de barrières tarifaires et non tarifaires à la libre circulation des produits, des services, des travailleurs (ce qui implique une absence de régulation en matière d'immigration), des capitaux. « Laissez faire, laissez passer » était déjà la devise des physiocrates français au XVIIIe siècle. 

Le libre-échange favorise le développement économique général et permet d'obtenir une meilleure efficacité en permettant une utilisation optimale des facteurs de production par la spécialisation géographique de chaque pays et région (loi des avantages comparatifs). De même, il est aussi un puissant facteur de paix entre les pays et les peuples[1].
Pourquoi les libéraux exigent-ils le libre-échange ? Par respect du droit de propriété, de chaque personne comme de chaque entreprise. En effet, la liberté des échanges n’est qu’une des formes de la propriété : c’est le droit de chacun de disposer du fruit de son activité. A l'inverse, les mêmes qui demandent la mise en place de toutes sortes d'entraves fiscales ou réglementaires sont les premiers qui s'insurgeraient si on prétendait les empêcher de jouir de leur propriété individuelle. En bons égoïstes, ils réclament pour les autres ce qu'ils n'accepteraient pas pour eux.
Pour Frédéric Bastiat le libre-échange est au fondement de la science économique et de la vie sociale. Sa défense du libre-échange a un double fondement :
Dans son texte « Immense découverte » (Sophismes économiques), Frédéric Bastiat démontre la contradiction qu'il y a à construire des chemins de fer pour faciliter les échanges entre les pays en réduisant les obstacles naturels, tout en dressant des obstacles artificiels aux frontières, avec les contrôles douaniers. Il explique que le protectionnisme consiste uniquement à protéger certains producteurs aux dépens de l'ensemble des consommateurs. Dans le texte « Réciprocité » (Sophismes économiques), il montre qu'il est de l'intérêt d'un pays de libéraliser son commerce, quand bien même les autres pays ne le feraient pas.
On pourrait penser que le libre-échange est la règle en matière de commerce international, et qu'il se met en place aisément en supprimant les règlementations protectionnistes. C'est l'inverse qui se produit : le protectionnisme est la règle, et les "accords de libre-échange" ne consistent en général qu'en une liste d'exceptions aux régulations protectionnistes. Par exemple l'accord de libre-échange entre la Suisse et la Chine signé en 2013 compte plus de 1100 pages ! 

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