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L'économie mondiale a beau être en
expansion, il n'empêche : les travailleurs et les gouvernements qui les
représentent ressentent une inquiétude croissante face
au libre-échange. La plupart des changements survenus sur le lieu de
travail qui aboutissent à des suppressions d'emplois sont attribuables
aux progrès technologiques, mais ce sont les
importations qui sont le plus souvent mises au banc des accusés.
S'engager dans la voie du protectionnisme, c'est se fourvoyer. Il existe
de meilleures solutions à la portée des gouvernements qui
veulent apaiser les craintes des travailleurs.
Apaiser les craintes des travailleurs relatives à la libéralisation des échanges
Le directeur général de l'Organisation mondiale du commerce, M. Pascal Lamy, a exhorté la communauté internationale à donner un second souffle aux négociations du cycle de Doha parce qu'il craint que l'échec de ces négociations ne compromette le régime commercial multilatéral fondé sur des règles. Le nœud du problème dépasse les questions concrètes qui sont en jeu dans les négociations. Dans les pays industriels comme dans les pays en développement, l'idée selon laquelle l'intégration économique mondiale apporte des avantages sociaux est de plus en plus souvent remise en question. Dès lors, le recours aux pratiques discriminatoires et à effet de distorsion sur le commerce, à titre d'outil de politique discrétionnaire, est devenu une pratique de plus en plus fréquente dans un grand nombre de pays.
L'adoption de mesures antidumping, l'application à
titre temporaire de droits de douane ou de contingents en cas d'une très
forte augmentation des importations, l'octroi de subventions à la
production et la mise en place d'une réglementation qui entraîne la
distorsion des échanges se comprennent facilement quand la croissance
économique stagne. Lorsqu'une économie en expansion ne
parvient pas à créer facilement des débouchés pour absorber
rapidement la main-d'œuvre disponible dans les autres secteurs, les
concessions commerciales et les chocs économiques, seuls ou
conjugués, peuvent entraîner des pertes dans les entreprises
exposées à la concurrence des importations, en particulier parmi les
travailleurs dont les compétences et l'expérience sont
spécifiques à leur emploi actuel. De telles mesures peuvent servir à
préserver le statu quo.
Toute contraction rapide, où qu'elle se produise dans
un secteur tant soit peu étendu, s'accompagne d'un coût politique, mais
l'érosion de la confiance dans l'ouverture des marchés
à travers le monde et dans les règles multilatérales peut surprendre
quand la croissance économique est dans l'ensemble robuste. La clé du
mystère réside dans l'accélération des mutations
technologiques.
Les mutations technologiques et l'inquiétude des travailleurs
Ces soixante dernières années, nous avons été témoins
d'importantes innovations techniques qui économisent de la
main-d'œuvre. Dans la plupart des pays industriels, la productivité
affiche une hausse moyenne de 3 à 5 % par an depuis 1950. Dans le
même temps, l'emploi dans le secteur industriel n'a guère progressé,
quand il n'a pas reculé. Du coup, la proportion des
salariés qui travaillent dans le secteur industriel a diminué au
profit du secteur des services.
Par ailleurs, la baisse mondiale des coûts de
transport contribue à l'augmentation du volume des produits industriels
qui sont vendus sur le marché mondial, et, depuis une période
relativement récente, l'externalisation amène les entreprises dans
de nombreux pays à restructurer leurs opérations.
Les changements structurels se produisent à la même
vitesse dans bien des pays en développement à mesure que les villes se
développent et que l'agriculture traditionnelle et
l'industrie artisanale cèdent du terrain à la spécialisation dans la
perspective du marché mondial.
Tous ces chocs font qu'un nombre croissant de
secteurs de l'économie se sentent menacés par la concurrence
internationale, réelle ou potentielle, point de vue qui est courant dans
des pays à divers stades de développement économique.
Une deuxième question, connexe, a trait à la crainte
que l'accroissement des échanges entre les pays développés et ceux moins
développés du monde ne soit la cause principale du
creusement de l'inégalité des revenus aux États-Unis et du taux
élevé de chômage en Europe. Pourtant, comme M. Paul Krugman, professeur
d'économie à l'université Princeton, et d'autres encore le
font remarquer, la cause probable de ce phénomène est la baisse de
la demande interne de main-d'œuvre non qualifiée, cette baisse étant
liée aux mutations technologiques qui favorisent les
travailleurs très qualifiés. L'intégration économique internationale
a peut-être légèrement influencé la cadence des mutations sur le marché
du travail, mais celles-ci se seraient produites de
toute façon.
Pour autant, l'angoisse que suscite la précarité de
l'emploi se cristallise sur la libéralisation des échanges en partie
parce que les suppressions d'emplois s'avèrent souvent
coûteuses dans les branches d'activité qui se heurtent à une forte
concurrence face aux importations. Toutefois, il ne faut pas que les
États réagissent à cette insécurité en abandonnant leur
attachement raisonné à l'ouverture sur le marché mondial et en
s'appuyant plus lourdement sur le protectionnisme administratif et
d'autres mesures visant à favoriser des entreprises ou des
secteurs précis de l'économie.
Les écueils d'une solution protectionniste
La concurrence la plus importante qui se livre à
l'intérieur d'un pays oppose non pas des entreprises nationales à des
rivales étrangères, mais des entreprises nationales entre
elles qui se disputent une main-d'œuvre et des capitaux en quantité
insuffisante. Les barrières commerciales et les subventions nationales
parviennent peut-être à accroître la production,
l'emploi et les bénéfices dans certains branches d'activité, mais
elles le font au détriment d'autres entreprises nationales qui ne sont
pas avantagées par les subventions ni par les mesures de
protection. Et si les bénéfices des entreprises favorisées
proviennent de la hausse des prix sur le marché national plutôt que de
l'accroissement de la productivité, cela signifie que des tiers
dans le pays y perdent de leurs deniers. Autrement dit, le revenu
national n'augmente pas.
De telles mesures dressent les consommateurs et les
entreprises importatrices d'intrants intermédiaires contre les
fabricants de produits concurrents des importations, lesquels ont
souvent des relations politiques haut placées. Souvent opaques et
issues de travaux menés dans les coulisses, les mesures protectionnistes
élargissent le rayon d'action des groupes de pression.
Cette recherche de bénéfices excessifs, improductive sur le plan
social, a souvent pour effet de redistribuer le revenu au détriment des
habitants les plus démunis et de détourner des ressources,
maigres au demeurant, des secteurs susceptibles d'encourager
fortement la croissance économique.
Un avantage de l'ouverture aux échanges, c'est que
les prix sur le marché mondial nous renseignent mieux sur la pénurie des
denrées que les prix déformés par l'intervention de
groupes de pression. De même, ils incitent davantage les
consommateurs et les entreprises du pays à utiliser les ressources de
manière à maximiser la valeur du revenu national. Dans les pays dont
l'économie est plus ouverte, entreprises et consommateurs ont
souvent une plus grande gamme de choix de biens de meilleure qualité, et
la diffusion des technologies se produit à une cadence plus
rapide si celles-ci sont intégrées à des intrants importés ou à des
investissements étrangers.
Un autre avantage, c'est que l'ouverture aux échanges
diminue l'emprise sur le marché que les industries nationales à forte
concentration ont dans leur pays. L'ouverture est une
politique de la concurrence très efficace. Cette remarque s'applique
particulièrement aux pays en développement de petite taille dans
lesquels beaucoup de branches d'activité ne comptent qu'une
ou deux grandes entreprises.
Quelle est la meilleure façon de réagir ?
Dans les pays au secteur public bien développé, on
peut s'attaquer à la précarité de l'emploi en mettant en place un
certain nombre de programmes. D'anciens outils, tel le
programme d'aide élargie à l'ajustement commercial, qui octroie des
ressources au recyclage professionnel des travailleurs licenciés pour
des raisons commerciales, peuvent mieux faire accepter
les accords commerciaux par des corps législatifs sceptiques.
Malheureusement, de tels programmes pèchent par leur complexité
administrative, et ils n'atteignent pas toujours les travailleurs qui
ont le plus besoin d'aide ou qui pâtissent le plus de la conjoncture
commerciale. Les programmes les plus susceptibles de revitaliser la
libéralisation des échanges sont ceux qui s'attaquent
directement aux causes de l'inquiétude des travailleurs et qui
touchent le plus grand nombre d'entre eux.
Dans un document d'orientation de l'Institut Peterson
d'économie internationale, Mme Lori Kletzer, de cet institut, et M.
Robert Litan, de l'Institut Brookings, prônent la mise en
place d'un nouveau filet de sécurité pour tous les travailleurs
licenciés. Une assurance-salaire et une assurance-maladie subventionnée
en faveur des travailleurs qui sont réembauchés forment les
deux piliers de leur proposition. Même si celle-ci s'applique aux
États-Unis, l'idée de la fourniture d'une assurance sociale visant à
protéger les travailleurs contre leurs plus grandes craintes
quand ils perdent leur emploi a de quoi séduire. L'assurance-chômage
actuelle ne fait rien pour atténuer la peur de la diminution de salaire
qui accompagne les réembauches, et le versement des
indemnités uniquement au moment de la reprise des travailleurs
aurait tendance à raccourcir la durée du chômage et à accélérer
l'acquisition de nouvelles compétences sur le lieu de
travail.
Une autre formule consiste à élargir le recours aux
incitations fiscales à l'appui du recyclage. Les entreprises pourraient
étaler les coûts de la formation sur plusieurs années,
et les travailleurs pourraient bénéficier de déductions ou de
crédits d'impôt pour les dépenses éducatives associées à leur
participation à des programmes qui remplissent les conditions
nécessaires.
Dans un grand nombre de pays en développement, le
secteur public a le bras beaucoup moins long, et il y a clairement des
mesures auxquelles le gouvernement devrait accorder un plus
haut rang de priorité qu'il ne le fait pour la politique
industrielle ou la gestion du commerce extérieur. L'une de ces mesures
devrait être l'élaboration d'une législation fiscale judicieuse et
dépourvue d'ambiguïté et dont l'application relèverait d'un appareil
judiciaire indépendant et impartial de manière à faciliter la
perception des recettes fiscales dans un souci d'efficacité et
d'équité. En outre, l'élargissement de l'assiette de l'impôt
permettrait aux États de percevoir davantage de recettes tout en
allégeant la fiscalité, notamment par le biais de la diminution des
droits de douane élevés sur les importations et des impôts également
élevés sur les revenus, les lourdes ponctions fiscales incitant à la
fraude et à la corruption des agents publics.
Une saine base des recettes fiscales donnerait aux
pouvoirs publics des pays en développement les moyens d'entreprendre de
nombreuses tâches qu'ils sont seuls à pouvoir assumer.
Les jeunes ont besoin d'un cadre de base pour progresser dans leur
scolarité, en particulier aux niveaux primaire et secondaire. L'avantage
comparatif est un objectif mobile et, au vu de la
rapidité des mutations survenues dans un passé récent, les
travailleurs devront avoir des compétences polyvalentes qui leur
permettront d'exercer une activité salariée dans un grand nombre de
branches d'activité tout au long de leur vie professionnelle. Un
plus grand nombre de personnes doivent avoir accès à des soins médicaux
de base pour que leur vie active ne soit pas compromise
par des maladies chroniques faciles à éviter. Enfin, toute personne
devrait pouvoir compter sur un filet de sécurité sociale de base pour
que l'angoisse en matière d'emploi ne tourne pas à la
phobie des changements nés du marché mondial.
M. Pascal Lamy pourrait bien voir juste. Il y a
effectivement un risque que l'échec des négociations de Doha ne
déclenche l'adoption d'une série de mesures de repli, voire de
tactiques du « chacun pour soi », tels les dévaluations de
surenchère et l'accroissement des barrières protectionnistes. Ceci dit,
l'avenir de l'intégration économique mondiale
pourrait se jouer non pas tant à la table des négociations mondiales
qu'en fonction de la réponse des pays face à l'inquiétude de leurs
travailleurs.
2007
Protectionnisme
De Wikiberal
Le protectionnisme est une pratique politique selon laquelle l'État réglemente l'économie
pour « protéger » l'industrie nationale, le commerce national, etc. On
qualifie souvent des pratiques isolées de protectionnistes sans que cela
engage une politique générale.
C'est l'une des erreurs économiques courantes dénoncées avec le plus
d'ardeur par les libéraux, qui rappellent que seuls en bénéficient les
producteurs « protégés », au détriment de tous les autres qui paient
plus cher indûment les mêmes produits ou services.
Le protectionnisme peut être « défensif » (dirigé contre l'arrivée de
produits étrangers importés dans le pays) ou « offensif » (cherchant à
favoriser les exportations en faussant le marché extérieur). Le
protectionnisme défensif s'exerce soit de façon forte (interdiction
d'entrée sur le territoire des produits visés), soit de façon
dissuasive, fiscalement, en imposant des taxes supplémentaires sur les
produits.
On peut dire que le protectionnisme est un monopolisme nationaliste, mis en œuvre autant par la droite que par la gauche, la droite (dans la tradition colbertiste), le voyant comme une façon de renforcer l'industrie nationale, la gauche de protéger l'emploi contre les pays à bas salaires.
Les différentes formes du protectionnisme
Les États prétendent protéger les productions nationales de la concurrence étrangère. Aussi, il est important de vérifier les points suivants :
- les prescriptions en matière d'enregistrement,
- les redevances et impositions à la frontière : les droits de douane (barrières tarifaires)
- les licences d'importation : les quotas d'importation ou appelés aussi les restrictions quantitatives (barrières non tarifaires)
- les obstacles techniques au commerce
- les normes nationales
- l'exception culturelle
- la "préférence nationale" (par exemple le Jones Act aux États-Unis interdit la pratique du cabotage maritime aux navires ou équipages non américains)
- les autorisations administratives
- les réglementations sanitaires et phytosanitaires
- les subventions à l'exportation
- les politiques publiques concernant le trafic en transit
- le régime d'investissement direct
- les aides diverses, directes et indirectes
- les questions de propriété intellectuelle
- les menaces directes[1]
Le protectionnisme : une erreur économique et une erreur morale
Pourquoi les libéraux sont-ils opposés au protectionnisme ?
- pour des raisons morales : le protectionnisme est l'expression de la loi du plus fort, celle de l'État, qui favorise arbitrairement certains producteurs aux dépens d'autres (étrangers ou non) ;
- pour des raisons économiques : contrairement à ce que beaucoup pensent naïvement, le protectionnisme ne profite pas aux pays qui le pratiquent. Son seul effet, résultant de la fermeture du marché, est d'augmenter les coûts des produits dans le pays protectionniste, et ceci au profit de quelques producteurs qui s'enrichissent indûment.
Dans sa version agressive, c'est à dire quand il s'exerce hors des
frontières, le protectionnisme oblige certains pays étrangers à
commercer exclusivement avec le pays protectionniste, par la force ou
par des prix artificiellement bas (compensés par des subventions
étatiques aux producteurs) ; dans ce dernier cas, ce sont les
contribuables du pays protectionniste qui sont volés au bénéfice des
producteurs de ce même pays.
Il est faux d'affirmer que le protectionnisme est pour un pays une façon de s'enrichir tant qu'on n'a pas cherché qui
s'enrichit ainsi : ce qui se passe le plus souvent est une
redistribution à l'intérieur du pays, aux dépens des uns (consommateurs
ou contribuables selon les cas) et au bénéfice des autres (producteurs).
Un produit de bonne qualité, ou offrant un bon rapport
qualité/prix, n'a pas besoin de mesures protectionnistes pour se vendre.
Le protectionnisme n'est qu'une tentative de changer par la force une
situation commerciale défavorable.
Le seul cas où le protectionnisme peut enrichir un pays est celui
où un pays est assez puissant pour imposer ses vues aux autres pays et
les contraindre à acheter ses produits au prix qu'il souhaite : ce n'est
pas autre chose en ce cas qu'une spoliation des autres pays, mais elle a aussi un coût politique, diplomatique et fiscal (plus ou moins caché).
Tout l'art du politicien promoteur des mesures protectionnistes
consiste à faire croire qu'une telle politique s'exerce, quand il ne
s'agit pas de nationalisme pur et simple, au nom de "l'intérêt général", ce cache-sexe habituel des intérêts privés.
Description
Parmi les doctrines protectionnistes, citons la réciprocité
commerciale, la balance du commerce, l'indépendance nationale, les
industries stratégiques, l'exception culturelle, etc.
La pensée libérale s'oppose, en règle générale, au protectionnisme. En effet, l'échange
est considéré comme étant une action positive car les participants à
cette action fondamentale échangent par intérêt, car sinon cette action
n'aurait pas de sens, pas lieu d'exister : chacun y gagne. De cette
définition de l'échange, selon laquelle elle est une action volontaire
qui découle de la libre initiative des individus, la pensée libérale
estime que tout protectionnisme, car celui-ci ne pouvant être qu'imposé,
s'oppose au libéralisme.
Examinons les différentes formes que peut prendre le protectionnisme. Tout d'abord il existe un « protectionnisme des idées ».
Ce protectionnisme soutient la censure et le non-respect de la liberté
d'expression. Il s'agit, pour les personnes qui mettent en place ce type
de protectionnisme, de protéger une pensée, une parole, contre une
autre car cette dernière est jugée néfaste, nuisible pour la société, ou
pour le groupement d'individus qui forment la communauté. Cette forme
de protectionnisme a largement été utilisée par les régimes nazis et
communistes pour manipuler l'opinion publique. Le but étant de former la
population, d'en faire des moutons bien dociles, et de limiter la
liberté d'expression des moutons noirs en les enfermant, en les
avertissant, et au pire des cas en les tuant. Ainsi, la pensée libérale
stipule un respect total de la liberté
d'expression. En effet, un des pouvoirs, dont dispose l'individu
critique, réside justement dans cette liberté de penser, de publier des
idées qui, si elles peuvent heurter la sensibilité de certains,
expriment la pensée de l'individu et donc sa liberté de penser. Dans
cette vision, le libéralisme
s'oppose aux susceptibles, aux partisans de la pensée unique. Le
libéralisme est donc un mouvement fortement humaniste puisque le libéral
accepte toutes les pensées dès lors que ces pensées ou ces actions ne
violent pas les libertés individuelles.
Le protectionnisme s'exprime aussi dans la sphère économique : en effet, l'État
est un champion du protectionnisme. Tout d'abord sur le plan interne,
de par les subventions, les aides qu'il accorde à des activités, les impôts
qui handicapent l'échange… Cette forme de protectionnisme est presque
plus néfaste que la précédente puisqu'elle se justifie par l'intérêt général, celui-ci étant jugé supérieur à l'intérêt individuel. Le protectionnisme stipule donc fondamentalement le collectivisme,
ou plus précisément un collectivisme inconscient. Or, on peut se
demander si son but principal n'est pas de défendre la classe dirigeante
et les privilèges dont celle-ci dispose, et non un intérêt général
fictif. Adam Smith ne pensait-t-il pas qu'un des rôles de l'État est de défendre les riches contre les pauvres ?
Enfin, le protectionnisme peut être extérieur : il s'agit de protéger le marché intérieur du commerce extérieur (droits de douane, accords d'autolimitation…). Il se justifie donc aussi par l'intérêt général :
l'intérêt que les nations ont à protéger leurs industries. Or, en
réalité la protection ne concerne pas l'intérêt général mais bien
l'intérêt des industriels qui cherchent à défendre leurs activités.
Plusieurs penseurs, comme Friedrich List (Système national d'économie politique, 1841) estiment qu'il faut protéger les industries « naissantes »
contre la concurrence extérieure. En effet, les industries à leur
naissance ne peuvent pas lutter contre la production internationale.
Ainsi, le commerce international ne peut être bénéfique qu'entre nations
ayant un niveau de développement comparable. J-M. Jeanneney pense que
l'Europe subit une mutation aussi importante que celle qui justifiait la
position de List au XIXe siècle, du fait de
l'émergence de la Chine par exemple. Plus généralement, les nations
appliquent le protectionnisme de manière visible ou plus camouflé en se
référant à la doctrine japonaise: « les affaires c'est la guerre ».
Le protectionnisme, sous toutes ses formes, a donc largement été
utilisé par toutes les formes de pouvoir, d'autorité, qui cherchent à
limiter les libertés individuelles. L'intérêt général, ou les intérêts
d'un groupe, étant largement sa justification première. Or, l'intérêt
général est une fiction non mesurable, une utopie qui ne peut que
conduire au totalitarisme.
Est-ce que vous percevez le protectionnisme tous les jours?
Position libérale
Les économistes libéraux ont depuis la Richesse des nations d'Adam Smith (1776)
beaucoup critiqué les théories mercantilistes des protectionnistes.
Selon les libéraux, le protectionnisme est une imposture intellectuelle
qui ne sert qu'à favoriser des groupes d'intérêt aux dépens du plus
grand nombre et du bien public. Lire par exemple les Sophismes Économiques de Frédéric Bastiat (1845), et sa Pétition des fabricants de chandelle.
Alors que le libre marché est une démocratie de consommateurs, le protectionnisme est le socialisme
des producteurs, qui consiste à faire peser sur le contribuable la
protection politique de secteurs économiques défaillants. Défendre le
protectionnisme, c'est cautionner la raréfaction autoritaire des
marchandises et la hausse artificielle des prix. Cela revient donc à
gruger le consommateur, obligé de se contenter de biens et services
moins bons ou plus coûteux quand l'accès aux biens ou services qui
l'intéressent lui est interdit. Des patrons de sociétés qui demandent
des aides à l'État ne sont pas de vrais entrepreneurs, mais des confiscateurs de richesses.
Comme toute intervention étatique, le protectionnisme a des
effets positifs, mais qui ne concernent qu'une minorité et sont financés
par l'impôt ou par les consommateurs, c'est-à-dire par des effets négatifs pesant sur les autres. La propagande étatique montrera les effets positifs (« on protège l'emploi » en achetant « national », on « sauvegarde nos industries »,
etc.) et dissimulera soigneusement les effets négatifs (renchérissement
des biens et services, perte de qualité et de compétitivité,
alourdissement de la charge fiscale).
D'un point de vue économique, l'erreur du protectionnisme est de
croire qu'il n'y a pas de relation entre importations et exportations,
et qu'on peut agir sur les unes, supposées néfastes (les importations),
sans conséquence sur les autres, supposées favorables (les
exportations). Il n’y a pas d’exemple dans l'histoire d’un pays qui ait
été ruiné par le libre échange,
alors que le protectionnisme appauvrit tout le monde, tant le pays qui
l'instaure que les pays émergents auxquels on refuse ainsi le droit de
se développer.
Un des arguments parfois avancés par les partisans du
protectionnisme est celui de la symétrie : « notre pays doit se
protéger, parce que les autres pays en font autant et protègent leur
marché intérieur ». C'est un non sequitur : si les autres pays
décident de renchérir le prix des produits importés par des mesures
protectionnistes, ils sont les premiers perdants, et il n'y a aucune
raison pour les imiter dans leurs erreurs. Le protectionnisme motivé par
des raisons exclusivement politiques (comme le fut le Blocus
continental napoléonien
de 1806 à 1814) relève d'un masochisme absurde, un jeu
perdant-perdant : on est prêt à s'appauvrir en espérant qu'en
contrepartie cela appauvrisse également l'ennemi.
Certains libéraux assimilent le protectionnisme à un racisme
qui ne dit pas son nom : faire du commerce avec les nationaux serait
bien, tandis que faire du commerce avec les étrangers serait mal, car « cela détruit des emplois nationaux ».
Le mensonge central du protectionnisme consiste à faire croire
qu'il désavantage les étrangers et profite aux seuls nationaux, et
notamment aux entreprises nationales. Or le protectionnisme viole non
seulement les droits des consommateurs, mais aussi ceux de nombreux
producteurs. Il nuit automatiquement à toutes les entreprises autres que
celles qu'il privilégie en amputant le pouvoir d'achat général, et plus
directement à celles qui dépendent d'approvisionnements étrangers pour
maintenir leur compétitivité, ainsi qu'aux exportateurs qui ont besoin
que l'étranger vende dans le pays pour avoir les moyens d'acheter des
produits du pays.
Psychologie du protectionnisme
Le protectionnisme a un avantage psychologique sur le libre-échange :
il a des partisans, ceux qui en bénéficient directement (entrepreneurs
protégés) ou indirectement (politiciens, nationalistes), tandis que ceux
qu'il désavantage ne comprennent pas de quelle façon ils sont
dépouillés :
- Même si on démontrait d'une façon tout à fait évidente que la protection entraîne toujours une destruction de richesse, si on arrivait à l'enseigner à tous les citoyens, tout comme on leur apprend l'ABC, la protection perdrait un si petit nombre de partisans, le libre-échange en gagnerait si peu, que l'effet peut en être à peu près négligé, ou complètement. Les raisons qui font agir les hommes sont tout autres. (Vilfredo Pareto, Manuel d'économie politique))
Erreur courante : « protéger l'emploi »
L'argument central en faveur du protectionnisme qu'avancent ses
partisans est le plus souvent la préservation des emplois nationaux : un
pays à haut niveau de vie et salaires élevés ne pourrait soutenir la
concurrence de pays où les salaires sont beaucoup plus bas, et par
conséquent où les produits et services sont moins chers. Des droits de
douane (droits d'entrée pour les marchandises importées) ou des quotas
d'importation seraient donc nécessaires pour rétablir l'équilibre vis à
vis de cette concurrence « déloyale ».
En réalité, le protectionnisme accélère le déclin. Il permet
certes de sauver temporairement quelques emplois et industries, mais en
réduisant le niveau de vie et le revenu des consommateurs de produits
étrangers (car ce sont eux qui payent les droits de douane !), en
augmentant les coûts de production interne (les producteurs employant
des produits du secteur protégé, plus chers), en rendant par conséquent
moins compétitifs les producteurs au niveau international. Finalement,
il diminue l'attractivité du pays pour les étrangers qui, ne pouvant y
vendre leurs produits, ne disposent pas en retour de fonds dans la
monnaie du pays protectionniste.
Le résultat est que, pour sauver quelques emplois inefficaces, un
bien plus grand nombre d'emplois efficaces sont détruits ou non créés.
Au lieu de profiter de la loi des avantages comparatifs en se spécialisant dans des secteurs à forte valeur ajoutée, le pays préfère prolonger la survie de secteurs non rentables.
Les politiciens protectionnistes ne mettront évidemment en
exergue que les côtés positifs, visibles (« on a sauvé des emplois »)
sans insister sur les côtés négatifs (voir aussi la parabole de la vitre cassée).
Quand le coût des emplois « sauvés » devient excessif et ne peut plus
être assumé, on assiste à des reconversions douloureuses : le
protectionnisme n'a servi qu'à repousser le problème à un peu plus tard,
au bénéfice des politiciens du moment.
Si la logique protectionniste était poussée jusqu'au bout par les politiciens, on aboutirait à des pays qui vivraient en autarcie
totale et emploieraient des techniques complètement dépassées :
n'aurait-il pas fallu protéger l'emploi des charrons, sabotiers,
forgerons, conducteurs de diligence, vendeurs de bougies, porteurs
d'eau, allumeurs de réverbères, etc. Le rêve secret du protectionniste,
c'est d'aboutir à un monde figé pour toujours, en contradiction avec
toute réalité[2]. Le protectionniste est un réactionnaire !
Il est d'ailleurs étonnant de voir resurgir, de la part de certains intellectuels (par exemple Emmanuel Todd, et avant lui Maurice Allais),
la préconisation d'instaurer un "protectionnisme continental", cela
plus de deux cents ans après le Blocus Continental napoléonien qui avait
réussi à appauvrir davantage le continent...
Si le but affiché du protectionnisme est d'entraver les
importations étrangères et de favoriser l'exportation des produits
nationaux (mercantilisme),
on peut dire que le protectionnisme est contradictoire puisqu'il va à
l'encontre même de ce but, les étrangers ne disposant pas de
suffisamment de monnaie nationale pour acheter les produits nationaux
(du fait de la barrière protectionniste qui les empêche de vendre leurs
produits). Le protectionniste, méconnaissant la nature de l'échange
économique, croit qu'exportations et importations sont déconnectées, et
qu'on peut agir sur les unes sans impact en retour sur les autres.
Interventionnisme
De Wikiberal
L'interventionnisme désigne un type de politique par laquelle l'État s'ingère dans l'économie ou dans les structures sociales d'un pays à des fins diverses.
L'interventionnisme est intrinsèquement lié à la raison d'être de la politique et de l'État.
Il s'agit pour cette organisation d'accorder des faveurs à telle ou
telle corporation au détriment des droits des individus (notamment, au
travers de la taxation, de la règlementation, ou d ela subvention).
Toutes les activités humaines sont susceptibles d'être perturbées par les interventions de l'État, depuis la production de la sécurité (monopole policier, judiciaire et militaire) jusqu'à l'industrie du divertissement (ex: les litanies sur l' « exception culturelle ») en passant par le secteur de l'alimentation (fixation du prix du pain) ou le marché immobilier (contrôle des loyers), etc. La liste pourrait s'allonger indéfiniment.
L'interventionnisme est le plus souvent d'ordre domestique, mais il peut aussi se traduire par des actions dirigées vers des zones extérieures à la juridiction habituelle de l'État; pensons aux politiques bellicistes. Chaque fois, la liberté des administrés s'en voit réduite, tandis que ces politiques bénéficient à quelques privilégiés, amis du pouvoir.
L'interventionnisme social-démocrate s'exerce avec le plus de vigueur dans le domaine de l'économie, par la subvention, le protectionnisme, les réglementations en faveur de certains acteurs économiques, etc. Comme le disait Jean-Baptiste Say, dans son Traité d'économie politique: "S'il y a quelque bénéfice à retirer d'une entreprise, alors elle n'a pas besoin d'encouragement; s'il n'y a point de bénéfice à en retirer, alors elle ne mérite pas d'être encouragée."
On parle parfois d'"ingénierie sociale" pour désigner tous les "efforts" que la technocratie (les "ingénieurs sociaux") déploie pour "améliorer" la société, efforts qui n'aboutissent qu'à l'aggravation de la situation :
Tous les types d'intervention sont des cas de relation hégémonique, où entrent en relation l'ordre et l'obéissance :
Cet album illustre brillamment plusieurs caractéristiques de l'interventionnisme étatique :
Toutes les activités humaines sont susceptibles d'être perturbées par les interventions de l'État, depuis la production de la sécurité (monopole policier, judiciaire et militaire) jusqu'à l'industrie du divertissement (ex: les litanies sur l' « exception culturelle ») en passant par le secteur de l'alimentation (fixation du prix du pain) ou le marché immobilier (contrôle des loyers), etc. La liste pourrait s'allonger indéfiniment.
L'interventionnisme est le plus souvent d'ordre domestique, mais il peut aussi se traduire par des actions dirigées vers des zones extérieures à la juridiction habituelle de l'État; pensons aux politiques bellicistes. Chaque fois, la liberté des administrés s'en voit réduite, tandis que ces politiques bénéficient à quelques privilégiés, amis du pouvoir.
L'interventionnisme social-démocrate s'exerce avec le plus de vigueur dans le domaine de l'économie, par la subvention, le protectionnisme, les réglementations en faveur de certains acteurs économiques, etc. Comme le disait Jean-Baptiste Say, dans son Traité d'économie politique: "S'il y a quelque bénéfice à retirer d'une entreprise, alors elle n'a pas besoin d'encouragement; s'il n'y a point de bénéfice à en retirer, alors elle ne mérite pas d'être encouragée."
On parle parfois d'"ingénierie sociale" pour désigner tous les "efforts" que la technocratie (les "ingénieurs sociaux") déploie pour "améliorer" la société, efforts qui n'aboutissent qu'à l'aggravation de la situation :
- En apparence, il semble à beaucoup que le libre marché est un endroit chaotique et anarchique, alors que l'intervention du gouvernement impose des valeurs d'ordre et de communauté à cette anarchie. En fait, la praxéologie - l'économie - montre que la vérité est tout à fait l'inverse. (Murray Rothbard)
La théorie de Murray Rothbard : l’intervention binaire et triangulaire
Rothbard invente des catégories d'analyse originales pour comprendre les effets économiques de l'intervention de l'État. Il fait la distinction entre l’intervention binaire dans laquelle l'envahisseur force un sujet à un échange ou à un don unilatéral d'un bien ou d’un service, et l’intervention triangulaire dans laquelle l'envahisseur force ou prohibe un échange entre un couple de sujets.Tous les types d'intervention sont des cas de relation hégémonique, où entrent en relation l'ordre et l'obéissance :
- le type binaire entre envahisseur et sujet,
- le type triangulaire entre envahisseur et au moins deux sujets. Les interventions binaire et triangulaire sont des types de relation qui comportent l'échange de biens ou de services, la première entre deux personnes incluant l'envahisseur (l'envahisseur et le sujet), la deuxième entre deux personnes n’incluant pas l'envahisseur (un couple de sujets qui échangent).
Les raisons profondes de l'interventionnisme étatique
L'interventionnisme est inséparable de l'étatisme :- contrairement à une entreprise, l’État n'a aucune exigence de rentabilité, le coût de ses actions n'est jamais évalué et les politiciens sont irresponsables, ne subissant jamais les conséquences de leurs actes : quelle que soit la décision politique, les décideurs ne sont pas les mêmes que les payeurs, qui ne sont pas les mêmes que les bénéficiaires ;
- n'importe quelle intervention trouve toujours une justification, les politiciens s'ingéniant à cacher les conséquences négatives de leurs actions pour ne se prévaloir que des conséquences positives (parabole de la vitre brisée) ; la justification la plus courante, outre le prétendu "intérêt général", est la prétendue défaillance du marché ;
- l'existence de l'État découlant de la loi du plus fort, rien ne peut entraver son action (si ce n'est une dette publique excessive, la désincitation causée par un impôt excessif ou une révolte politique des spoliés) : l'interventionnisme est donc extrêmement difficile à freiner ;
- comme l'explique la théorie du choix public, l'interventionnisme permet aux élus et fonctionnaires de justifier leur existence en favorisant certains groupes sociaux au détriment d'autres : il y a toujours une clientèle pour l'interventionnisme, l'illusion fiscale empêchant les spoliés de prendre conscience de leur statut.
Mécanisme général de l'interventionnisme étatique
Thomas Sowell décrit ainsi les 3 phases successives qu'emprunte tout interventionnisme étatique :- invoquant une "défaillance du marché", les hommes de l’État ou leurs intellectuels idéologues identifient un "problème" causé par ce "dysfonctionnement" du marché ;
- ils proposent une solution à ce problème, solution qui passe par un interventionnisme accru, qui leur permettra par la même occasion d'accroître leur pouvoir et leur richesse ;
- devant les nouveaux dégâts induits par l'intervention, les hommes de l’État expliquent que leurs idées n'ont pas été appliquées correctement ou trop timidement ; ils ont un nouveau plan pour faire face aux nouveaux dysfonctionnements (retour à la première étape).
Exemples
- contrôle des loyers, zoning
- discrimination positive
- discrimination par les prix, prix administrés
- guerre contre la drogue
- salaire minimum
- carte scolaire
- mutuelle d'entreprise
- banque centrale
- développement durable
- nationalisations
- protectionnisme
- monopoles de droit
- capitalisme de connivence
Un exemple en bande dessinée
Dans Obélix et Compagnie, bande dessinée parfois prise à tort pour une critique de la spéculation capitaliste[1], les Romains décident de corrompre les irréductibles Gaulois en leur achetant à prix fort des menhirs, dans l'espoir que la richesse les transforme en "décadents" et qu'ils cessent ainsi d'être une menace[2]. Attiré par la perspective de devenir "l'homme le plus important du village", Obélix se transforme en un riche entrepreneur fabricant de menhirs. Le village change rapidement d'aspect et s'organise selon une nouvelle division du travail tirée par la "demande" romaine. Astérix et Panoramix décident de prendre les Romains à leur propre piège en suscitant une concurrence dans le village en matière de fabrication de menhirs. Jules César et l'État romain se trouvent submergés de menhirs et s'emploient à les revendre à Rome, en créant une demande chez les Romains par une astucieuse campagne de marketing (d'autant plus remarquable que le menhir n'a aucun usage pratique). La forte demande de menhirs qui s'ensuit suscite une nouvelle concurrence à Rome même ("achetez le menhir romain"), ce qui fait chuter les prix. Le résultat final est que l’État romain s'est appauvri davantage sans être parvenu à réaliser aucun des buts initiaux de son interventionnisme.Cet album illustre brillamment plusieurs caractéristiques de l'interventionnisme étatique :
- l'action vise un but très douteux, voire irréalisable (s'il était réalisable et utile, il se produirait sans interventionnisme, étant pris en charge par la société civile et les entreprises) ;
- les coûts de cette action sont, soit ignorés, soit largement sous-estimés (la politique est conduite sans qu'on se préoccupe de son coût) ;
- l'interventionnisme a des effets indéniables à court terme (notamment des effets d'aubaine), qui s'estompent rapidement car l'interventionnisme, absurdité économique, devient insoutenable pour l’État (qui ne dispose pas de ressources infinies) ;
- l'échec inévitable ou les conséquences négatives de l'action étatique se heurtent à l'irresponsabilité institutionnelle des gouvernants (les décideurs ne sont pas les payeurs, les payeurs ne sont pas les bénéficiaires) ;
- quand on tire le bilan de l'intervention, on n'a abouti qu'à une destruction nette de richesse (voir aussi la loi de Bitur-camember).
- ↑ Dans l'album, contrairement à ce qui se passe dans la spéculation ordinaire, c'est l'État romain (en fait son représentant, Caius Saugrenus) qui décide complètement des prix et de la demande (du fait qu'il ne peut ni canaliser l'offre ni empêcher la concurrence, sa stratégie échoue : revanche de l'économie sur la politique).
- ↑ L'idée de corrompre les Gaulois revient à un "néarque", Caius Saugrenus, sorti de la « Nouvelle École d'Affranchis », caricature de l'ENA. Uderzo a d'ailleurs donné à Saugrenus les traits de Jacques Chirac, premier ministre de l'époque (1976).
Mercantilisme
De Wikiberal
Le mercantilisme
est une doctrine économique qui prône le développement économique par
l'enrichissement des nations au moyen du commerce extérieur. Elle se
situe historiquement à la fin du Moyen Âge. Elle marque aussi la fin de la prééminence des doctrines de l'Église (la chrématistique) dans l'organisation sociale.
Le mercantilisme constitue un système simple dans la mesure où
l'analyse du système social n'est pas prise en compte. Les écrits
mercantilistes développent une problématique triviale : celle de
l'enrichissement. Son élaboration s'est faite de la fin du XVe siècle jusqu'au milieu du XVIIIe
siècle. Sur une telle période les hypothèses ont bien sûr évolué,
rendant la doctrine assez vague. Elle se répandra dans la plupart des
nations d'Europe en s'adaptant aux spécificités nationales.
On distingue ainsi parfois le bullionisme (ou « mercantilisme espagnol »), le colbertisme (ou « mercantilisme français », voire « industrialisme ») et le commercialisme (ou « mercantilisme anglais »).
Les principaux concepts
- La richesse est constituée de métaux précieux qu'il faut thésauriser.
- L'accumulation de la richesse des nations découle du solde positif des échanges extérieurs. D'où les efforts de chaque nation pour drainer les excédents monétaires dérivés du commerce international et de l'exploitation coloniale.
- Mise en place de mesures pour garantir une balance commerciale positive, notamment en stimulant ou créant des productions nationales.
- En taxation des importations, et protection du marché intérieur pour les manufactures locales, au bénéfice de monopoles de production. Et destruction des productions concurrentes des nations dominées.
- Subsides à l'exportation, aux monopoles, commandes publiques.
- Affaiblissement des corporations et du petit producteur indépendant au profit des manufactures dans les villes portuaires ou sous la protection spéciale du roi.
- L'économie est un jeu à somme nulle dont la mise est le stock de métaux précieux. Tout le monde ne pouvant gagner, ce que certains gagnent, d'autres le perdent.