Né sur les réseaux sociaux en réaction aux annonces budgétaires du gouvernement de François Bayrou, cet appel à une mobilisation massive vise à paralyser le pays par des grèves, des blocages et des actions de désobéissance civile.
Si certains y voient un écho aux Gilets jaunes de 2018, https://multipol360.com/retour-sur-les-gilets-jaunes-un.../ avec un potentiel de contestation populaire authentique, d’autres alertent sur des signes d’amplification artificielle et de risques sécuritaires. Décryptage d’une dynamique complexe, entre ras-le-bol citoyen et enjeux géopolitiques.
Les origines d’une mobilisation numérique
Tout commence mi-août 2025, avec des appels anonymes sur les plateformes en ligne invitant à « bloquer tout » pour protester contre les mesures d’austérité. Les coupes budgétaires, l’imposition accrue sur les ménages modestes et la réduction des droits sociaux ont cristallisé une colère diffuse, amplifiée par le sentiment d’un déni démocratique après les élections législatives. Rapidement, le mouvement gagne en visibilité : les premiers jours voient une moyenne de 19.000 messages par jour sur X (ex-Twitter), avant un recul relatif mi-août, puis une explosion à partir du 17 août, coïncidant avec le soutien public de Jean-Luc Mélenchon et de La France insoumise (LFI). Dès lors, le volume atteint 40.000, puis 70.000 messages quotidiens, dépassant les 840.000 au total – un chiffre supérieur à celui des Gilets jaunes en 2018, où les réseaux sociaux jouaient un rôle plus marginal.
X est devenu central pour la diffusion, mais Telegram et Facebook servent à organiser les actions locales, comme les assemblées générales (AG) qui se multiplient dans plus de 60 villes. À Nantes, plus de 500 personnes se réunissent ; à Paris, au parc de la Villette, on discute stratégies de blocage. Les revendications sont hétérogènes : référendum d’initiative citoyenne (RIC), opposition aux réformes du travail, boycott économique, mais sans consensus clair sur les modes d’action.
Une composition hétérogène et des divisions internes
Le mouvement rassemble un spectre large : anciens Gilets jaunes, sympathisants de gauche radicale, « complotistes », souverainistes et même des figures identitaires. Initialement, des initiatives individuelles dominent à droite, appelant à des actions isolées via les réseaux. À gauche, influencée par LFI et le PCF, l’approche est plus collective, dans la lignée des grands mouvements sociaux. Cette dualité freine la fédération : les souverainistes craignent une « gauchisation », tandis que la droite identitaire dénonce une récupération politique comme elle l’a déjà fait pour le mouvement des Gilets jaunes.
Les analyses de cartographie des communautés sur X révèlent une présence dominante de la gauche mélenchoniste depuis le 17 août, mais aussi une zone distincte de comptes suspects. Les syndicats, comme la CGT dans certains départements, appellent à la grève, mais les centrales nationales restent prudentes, préférant préparer leur propre mobilisation contre le budget 2026. Des secteurs comme les transports (Sud Aérien), les écoles ou les services publics pourraient être touchés, avec des appels à bloquer aéroports, routes et sites stratégiques.
Si la colère semble réelle, des éléments troublants émergent. Les analyses de plateformes comme Visibrain pointent une activité anormale : faux comptes et bots amplifient les hashtags comme #BloquonsTout, représentant jusqu’à 75 % des retweets des messages les plus viraux. Près de 3.000 contenus médiatiques ont relayé le mouvement, mais cette visibilité semble boostée artificiellement. Il ne s’agit pas nécessairement d’une opération de déstabilisation étrangère totale, mais d’une exploitation possible par des « ingénieurs du chaos » pour affaiblir la France.
La chronologie interroge : accélération le 17 août, explosion fin août avec des volumes suspects, mobilisation le 10 septembre, suivie potentiellement d’un Conseil de défense https://www.lalettre.fr/.../macron-convoque-un-conseil-de... sur la désinformation et la grand messe satanique d’Ursula Von der Leyen. https://multipol360.com/les-illusions-europeennes-sur.../ Cette séquence pourrait justifier un durcissement sécuritaire, en liant désordre numérique à des mesures de contrôle.
Les enjeux sécuritaires et réglementaires
Les renseignements territoriaux anticipent des actions partout en France, avec plus de 100.000 participants potentiels, incluant blocages de routes, gares, raffineries, et même des risques de sabotages sur des sites stratégiques.
Le gouvernement surveille de près, avec des réunions au ministère de l’Intérieur pour évaluer les menaces. Au-delà, cela s’inscrit dans un contexte européen : la transposition de la directive NIS2 https://monespacenis2.cyber.gouv.fr/directive/ et le Digital Services Act (DSA) https://www.touteleurope.eu/.../numerique-que-sont-le.../ renforcent les obligations des plateformes contre la désinformation, avec des sanctions lourdes. Ces outils pourraient mener à une surveillance accrue, risquant d’arbitraire : médias indépendants critiques pourraient être classés comme « vecteurs de risque », entraînant déréférenciation algorithmique ou restrictions économiques (NDLR : nous en savons quelque chose…).
Perspectives : feu de paille ou étincelle révolutionnaire ?
Le 10 septembre pourrait être un test grandeur nature. S’il mobilise massivement, il pourrait forcer un recul gouvernemental, comme l’espèrent les organisateurs qui appellent à une grève illimitée et à une solidarité populaire. Mais les divisions internes, l’absence de leadership clair et les suspicions de manipulation pourraient le limiter à un « feu de paille ». Dans un pays marqué par les inégalités croissantes, cette mobilisation reflète une frustration profonde, mais elle pose aussi la question d’une opportunité saisie par des acteurs extérieurs pour semer le chaos, ou, inversement, par le gouvernement français lui-même, qui jouerait les pompiers pyromanes pour durcir l’étouffement de l’opposition et de la rébellion qui monte de plus en plus – potentiellement via la mise en place de l’article 16 de la Constitution, permettant des pouvoirs exceptionnels en cas de crise grave. Quoi qu’il en soit, elle met en lumière les limites d’un système perçu comme déconnecté, et pourrait accélérer des débats sur la régulation numérique (crédit social) et la liberté d’expression. Les prochains jours diront si la France s’arrête vraiment et règle ses comptes avec une oligarchie totalement déconnectée avec la réalité, ou si la contestation s’essouffle face à la répression.
L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre.
Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.
Sommaire:
A) Bercy emploie entre 50 000 et 70 000 fonctionnaires en trop - par Nicolas Lecaussin - IREF
B) Le Sénat retire le burn-out des maladies professionnelles - AFP
C) Comment Depardieu a donné une leçon d'histoire à Hollande et Valls - Par Bruno Roger-Petit - Challenges
D) François Hollande: la dérive monarchique du VRP de l'environnement - ParDenis Jeambar - Challenges
E) Le "château de la CGT" à Théoule à vendre 25 M€ - Chrystèle Burlot
F) Jean-Marc Daniel : «Il faut réduire le nombre de fonctionnaires en France» - Par
Marie Théobald - Le Figaro
G) Dépenses publiques, austérité, fonctionnaires... Didier Migaud tire la sonnette d'alarme - David Bensoussan, Thierry Fabre et Ghislaine Ottenheimer
H) Déontologie des fonctionnaires : présentation du projet de loi au Conseil des ministres - Direction de l'information légale et administrative (Premier ministre) - service-public.fr
I) Les fonctionnaires devront attendre 2017 pour être augmentés - Clarisse Josselin - FO
A) Bercy emploie entre 50 000 et 70 000 fonctionnaires en trop
Malgré quelques efforts ces dernières années, les effectifs
de Bercy sont largement supérieurs aux effectifs des ministères
équivalents dans d’autres pays.
Le tableau comparatif ci-joint montre clairement qu’en France il y a, au Ministère de l’Economie et des Finances :
60 000 fonctionnaires de plus qu’au Royaume-Uni
90 000 fonctionnaires de plus qu’en Allemagne
10 000 fonctionnaires de plus qu’aux Etats-Unis
La différence avec l’Allemagne et les Etats-Unis est encore plus
importante lorsque l’on compare les populations : 66 millions
d’habitants en France contre 80 millions en Allemagne et 316 millions
aux Etats-Unis (et 64 millions au Royaume-Uni).
Nombre employés Ministère de l’Economie et des Finances (y compris Douanes)
FRANCE
ROYAUME-UNI
ALLEMAGNE
ETATS-UNIS
Nombre employés
140 000
80 000
54 000
129 000
Population (en millions)
66
64
80
316
Employés de plus en France
60 000
90 000
10 000
Par rapport à l’Allemagne, il existe une autre grande différence
concernant le statut du personnel employé au ministère. Sur les 54 000
employés, 42 300 bénéficient du statut de fonctionnaires (37 650 aux
Finances et 4 700 à l’Economie). A noter que pratiquement 50 % du
personnel des Affaires Economiques allemand n’a pas un statut de
fonctionnaire.
Le Ministère allemand de l’Economie et des Finances (Bundesfinanzministerium)
Nombre employés Ministère de l’Economie et des Finances allemand
54 000
Avec un statut de fonctionnaires
42 300
Total employés ministère de l’Economie
9 673
Avec un statut de fonctionnaire
4 708 (49 %)
Cette comparaison montre, qu’au-delà du statut, les effectifs de
Bercy sont largement trop importants. Pour être au même niveau que les
pays comparés (et en tenant compte de la population), le gouvernement
devrait supprimer entre 50 000 et 70 000 postes de fonctionnaires (ce
qui équivaut à des économies de l’ordre de 2.8 mds d’euros). La mise en
place du prélèvement de l’impôt à la source devrait être la bonne
occasion pour le faire. Hélas, il est à craindre que cette réforme ait
pour seul objectif d’accélérer les rentrées fiscales, mais pas de
simplifier le recouvrement puisque le prélèvement à la source n’évitera
pas aux contribuables de faire une déclaration de revenus.
La prise en compte de ces pathologies devait se faire via le système
complémentaire de reconnaissance des maladies professionnelles,
l'inscription dans le tableau des maladies professionnelles n'étant pas
adaptée à la spécificité et à la complexité de ces pathologies, selon l'exposé des motifs de l'amendement gouvernemental.
«Mettre en oeuvre les moyens de lutter contre ce mal»
La commission des Affaires sociales de la Haute Assemblée, où la droite a
la majorité, a retiré cet amendement. Les sénateurs ont rejeté des
amendements de rétablissement déposés par la gauche et le gouvernement.
Pour Jean Desessard (écologiste), auteur d'un de ces amendements, «le
burn-out touche de très nombreux salariés et le législateur se doit de
mettre en œuvre les moyens de lutter contre ce mal».
Le dernier mot à l'Assemblée
L'examen du texte, prévu jusqu'à vendredi au Sénat, sera suivi d'un vote
solennel le 30 juin. Une commission mixte paritaire (CMP, 7 députés, 7
sénateurs) sera ensuite chargée de trouver une version commune aux deux
chambres. En cas d'échec, c'est l'Assemblée qui aura le dernier mot.
Actuellement, aucune maladie psychique n'est reconnue dans les tableaux de 98 maladies professionnelles. Selon plusieurs études, il est donc impossible de faire reconnaître la responsabilité de son employeur dans un burn-out.
C) Comment Depardieu a donné une leçon d'histoire à Hollande et Valls
Dans Le Figaro,
Gérard Depardieu dénonce une élite politique, médiatique et culturelle
sans "distinction" ni ambition. Un message que le président normal
devrait méditer ?
Les chemins de la désespérance mènent droit à la lucidité. Gérard Depardieu en administre un éclairant exemple, ce mardi 16 juin, dans un entretien publié par le Figaro.
Depardieu n’est pas qu’un acteur énorme qui profite de son immense
popularité pour multiplier les provocations. Il est bien plus que cela,
pour qui veut bien aller au-delà des sentences que les médias qui le
sollicitent s’empressent de populariser pour les besoins de leur
renommée.
Si ce que dit Depardieu pèse aux yeux de ses
contemporains, c’est bien parce qu’il fait écho avec les préoccupations
du temps. Depardieu n’est pas Guillaume Canet, consensuel et émollient,
bien dans l’air du temps, surfant jusqu’à l’indécence sur la vague des
bons sentiments et les Petits mouchoirs de l'époque en veillant bien à
ne déranger personne. Depardieu est authentiquement français à raison de
ce qu’il n’est pas gros, mais énorme. Depardieu est là pour déranger,
bousculer, casser.
On serait François Hollande et Manuel Valls,
seuls et abandonnés par les forces vives d’un pays saisi par le
déclinisme, gouvernants sans boussole en quête des moyens de raviver
l’optimisme et l’espérance parmi les Français, on lirait et relirait
Depardieu dans le Figaro.
On y trouve en effet un diagnostic sur l’état de la société française à
travers la représentation de ses élites, dans tous les domaines, d’une
acuité exceptionnelle.
Gérard Depardieu a quitté la France car il était lassé de payer 87%
d'impôts et pour quitter un pays triste qui manque d'énergie. Il a
également l'impression que François Hollande et son gouvernement ne
savent pas faire leur métier comme Hollande l'a montré avec sa gestion
de la Corrèze.
"Le verbe était de haute volée"
Depardieu
éclaire le présent par le passé :
"J’étais ami avec Michel Audiard,
comme avec Jean Carmet, Jean Gabin… Le verbe était de haute volée. Ils
avaient tout ce qui nous manque aujourd’hui. Pas de la distance, mais de
la distinction. Maintenant, personne ne se distingue de rien, à
commencer par les hommes politiques. Journalistes, acteurs pareil. On ne
vit pas dans un monde où l’on peut se distinguer".
"La France
s’ennuie", dit en substance Depardieu. Elle s’ennuie parce que dans tous
les secteurs de la vie publique, politique, médiatique, artistique,
elle ne produit plus rien qui ait pour ambition de se distinguer. Qu’on
ne s’y trompe pas, Depardieu ne fait pas dans le "C’était mieux avant" à
la Zemmour. Il n’est pas question pour lui de tomber dans
l’engourdissement d’une nostalgie identitaire qui précède le tombeau.
Non. Si Depardieu évoque ce que fut le cinéma d’avant, celui des
Audiard, Gabin ou Carmet (il a oublié son copain Blier -ce génie- au
passage) c’est pour regretter que de tels monstres aient disparu, et que
ce phénomène est aussi, à travers le cinéma, le révélateur d’une France
qui s’ennuie à l’image d’un cinéma où rien en distingue.
Depardieu
a raison. Le cinéma français a toujours été le reflet de la vitalité
française. On a les films que l’époque mérite. Et les stars qui vont
avec. Songeons à ce qu’est devenu, par exemple, le spectacle de la
cérémonie des César. Les Morgan, Gabin, Noiret, Deneuve, Rochefort,
Marielle, Léotard, Ventura, Coluche ou Depardieu des années 70/80 ont
été remplacés par Manu Payet, Kev Adams et les anciennes Miss météos de
Canal Plus. Le cinéma français n’est plus qu’une suite de téléfilms à
sketchs, produits dérivés des amuseurs de Canal Plus, dont le dernier
avatar, le film "Connasse" est l’emblème parfait. Jacques Audiard est un
arbre qui cache la forêt du vide. Qui oserait aujourd’hui, produire un
film comme le Corbeau de Clouzot, sur l’état de la société française ?
Jean-Marc Ayrault insulte Gérard Depardieu et l'acteur fait sa valise: "Nous n'avons plus la même patrie." Les hyènes du gouvernement attaquent.
Une France tout à la fois pèpère et mèmère
Depardieu
voit juste. Le cinéma français est le reflet d’une France sans héros à
distinguer. Une France tout à la fois pèpère et mèmère. Une France
normale. Une France désespérément normale. Or une France normale est une
France qui s’endort. Une France de Bidochon. Sans ambition et sans
dessein. De ce point de vue, François Hollande,
qui a été élu en promettant de renoncer à toute distinction, en
proclamant qu’il serait un "président normal", est bel et bien le
pendant politique de ce qu’est le cinéma d’aujourd’hui. Depardieu a tout
bon. Tout se tient. La France 2015 panthéonise les grandes figures du
passé parce que ses contemporains ne se distinguent en rien. Et quand
elle tient un Prix Nobel de littérature, la ministre de la Culture en
charge avoue qu’elle ne l’a pas lu. Même ceux qui devraient être
distingués ne le sont pas. Quel vertige...
Sous Mitterrand, le
cinéma célébrait Noiret, Rochefort et Marielle, Signoret, Deneuve et
Baye. Sous Hollande, on célèbre Kev Adams, Manu Payet et Guillaume
Canet, les Miss météo et la "Connasse" de Canal Plus.
Une partie de l’élite française
moque Depardieu. Depardieu, le monstre. Depardieu, le copain de
Poutine. Depardieu, l’autodestructeur. Depardieu, Chronos dévorant ses
enfants. Depardieu qui se vend à n’importe qui, n’importe où. On même
vu, en son temps, un Premier ministre, empreint de la "normalité" de
l’époque, accuser Depardieu de trahison. "Minable" avait dit le premier
chef de gouvernement de l’ère Hollande lorsque Depardieu avait annoncé
son exil volontaire pour la Belgique, avant de choisir, in fine, la
Russie. Surtout condamner Depardieu et refuser de la comprendre. Casser
le miroir qu’il nous tend, à l’insupportable reflet.
Peut-on réveiller un peuple qui s’ennuie ?
Une
sphère non négligeable de l’élite politique, médiatique et artistique
de l’époque se refuse à comprendre que Depardieu se donne à Poutine
parce que la France le désespère. Poutine n’est pas un président normal.
Poutine se distingue parce qu’il a de l’ambition pour son pays et son
peuple. Depardieu choisit Poutine comme on lance un ultime appel au
secours. Paradoxalement, c’est par patriotisme que Depardieu brandit
l’étendard de Poutine. Pour réveiller un peuple en proie au déclinisme sur fond de mésestime de lui-même. Quand Depardieu proclame que "Les Français sont plus malheureux que les Russes", il constate une évidence que l'élite française persiste à nier.
Depardieu
pose la bonne question :
Peut-on réveiller un peuple qui s’ennuie,
doute, avec une élite anesthésiante et conformiste ?
Peut-on plaider
pour le retour de l’optimisme et de l’ambition quand on se prétend
président normal ?
Ou se poser en Premier ministre avocat d’une réforme
du collège qui promeut un enseignement de l’histoire qui ne distingue
pas la France dans ce qu’elle emporte de plus exaltant auprès de jeunes
consciences ?
Depardieu sera-t-il enfin entendu ? Ecouté ? Lui-même en doute. On lui laissera le mot de la fin, tout en souhaitant
qu’il se trompe :
"Moi, je suis au-delà de la révolte. C’est fini ça.
J’adorerais donner des coups à condition que j’en prenne. Je parle de
vrais coups, qui font saigner. Pas de petites polémiques sur le fait que
je ne veuille pas payer mes impôts. La masse est bête. Et ceux qui font
la masse, c’est-à-dire les journalistes, encore plus bêtes".
D) François Hollande: la dérive monarchique du VRP de l'environnement
L'environnement
de François Hollande, hier candidat aux élections pour une présidence
"normale", est désormais une mise en scène qui lui masque tout ou partie
du monde réel. Mais c'est ainsi que les puissants tombent dans le
discrédit.
Il faut croire qu'il
y a une malédiction de l'Elysée. Avant de s'installer dans ce Palais en
mai 2012, François Hollande se voyait y diriger le pays en "président
normal". Croyait-il vraiment à cette promesse? Trois ans plus tard,
cette formule n'est plus qu'une fable! Comme tous ses prédécesseurs,
François Hollande a passé les habits de monarque républicain et s'en
délecte.
Certes, sa personnalité est différente de celle de
Nicolas Sarkozy mais les dérives sont identiques. Sarkozy était un
prince ostentatoire et m'as-tu-vu, Hollande est un jouisseur des
privilèges présidentiels discret mais sans limite. Sa visite au salon du
Bourget, le lundi 15 juin, en est l'illustration : fallait-il vraiment
qu'il s'y rende en embarquant dans un Airbus A350 à Orly pour atterrir,
tel Zeus, vingt minutes plus tard, au milieu du gratin de l'aéronautique
mondiale? Une chose est certaine, cette petite expédition - qui
obéissait sans doute à des raisons majeures !- ne risque pas d'améliorer
le bilan carbone du chef de l'Etat à quelques mois de la conférence des
Nations Unies sur les changements climatiques, cette fameuse COP21 dont
François Hollande voudrait faire le premier tremplin de sa réélection
en 2017. Pour parvenir à ses fins, il s'est d'ailleurs transformé en VRP
aérien de l'environnement, volant de pays en pays, Icare hollandais,
comptabilisant en trois années de pouvoir plus de déplacements en jet
présidentiel que Nicolas Sarkozy en un quinquennat.
Gauche caviar au sein ds grand restaurant
Une forme de bon plaisir
Pas
une semaine ou presque sans que le Président de la République ne plane
au dessus de la France, de l'Europe ou du monde. Lundi dernier après son
petit tour au Bourget, il s'en allait pour une réunion de travail de
trois heures, assez mystérieuse, en Algérie. Vendredi, il était à
Bratislava, en Slovaquie pour participer au sommet du Groupe de Visegrad
qui réunit, outre la Slovaquie, la République tchèque, la Hongrie et la
Pologne. Objectif, là encore, préparer la COP21. Pas un mot, en
revanche, sur les atteintes aux libertés galopantes en Hongrie et sur
l'édification annoncée d'un mur de 175 kilomètres, haut de quatre
mètres, le long de la frontière de ce pays avec la Serbie. Le dimanche
20 juin, nouvelle escapade aérienne, à Milan, pour visiter l'Exposition
Universelle, inaugurer le pavillon français et, de nouveau, se faire le
VRP de la COP21. Le jeudi 25, l'avion du Président le conduira à
Bruxelles, conseil européen oblige. La suite n'est pas écrite mais le
rythme est pris et rien ne devrait le ralentir.
Certes, les
contraintes de la vie internationale sont nombreuses et chacun de ces
déplacements trouve une justification officielle. Mais la nécessité
fait-elle loi pour tous ces voyages? Les exigences ne finissent-elles
pas, en fait, par justifier une forme de bon plaisir? Il est, de toute
évidence, bien difficile de ne pas succomber à la malédiction élyséenne.
L'histoire de la Ve République en fait la preuve : aucun de nos
président n'a échappé à l'isolement et à une inéluctable dérive
monarchique. Tous sont tombés dans le piège de cette toute puissance et
n'ont pas résisté aux phénomènes de cour. Tous ont cru que leurs
escapades à l'étranger ou en province les mettaient à l'abri de cet
enfermement. Tous ont vécu dans l'illusion de connaître le monde en se
déplaçant alors que leurs hôtes ne leur en offre qu'une image déformée.
Tous ont fini par croire qu'ils rencontraient le peuple dans des
escapades en province où ils ne croisent, la plupart du temps, que des
publics sur mesure. François Hollande,
sans nul doute, s'en défend, mais il est bel et bien à l'image de ses
prédécesseurs, victime de ce qu'on pourrait appeler le syndrome
Potemkine: son environnement n'est qu'une mise en scène qui lui masque
désormais tout ou partie du monde réel. C'est ainsi que les puissants
tombent dans le discrédit.
E) Le "château de la CGT" à Théoule à vendre 25 M€
La bâtisse, qui appartient au comité d’entreprise d’EDF, a
été mise en vente il y a un an. Régulièrement, des acheteurs potentiels
se présentent. Mais l’affaire n’a toujours pas été conclue
À
vendre. Mais pas vendu. Le 55, avenue de Lérins figure toujours parmi
les actifs du comité d'entreprise d'EDF, à la tête duquel la CGT est
majoritaire.
Ce château, inaccessible au visiteur, n'a pas changé
de propriétaire. Mais il est à vendre. Depuis un an maintenant, il
figure parmi les biens à acquérir que proposent certaines agences
immobilières du bassin cannois.
La fameuse caisse centrale
d'activités sociales (CCAS) EDF - donc la CGT -, qui jusqu'ici se
servait des lieux comme résidence de vacances des salariés du groupe
énergétique, en réclame un sacré prix d'ailleurs : 25 Me. En vendant ce
bien, comme une trentaine d'autres en France, elle s'attelle à assainir
des finances très éprouvées ces dernières années.
Cécile Duflot cherche des immeubles vides pour y loger les familles dans le besoin ? Nous
les avons trouvés, il s'agit des châteaux des syndicats et des comités
d'entreprise qui ont tous été achetés avec de l'argent public.
La
municipalité ne s'en est jamais cachée : pendant longtemps, elle a
espéré acquérir le bien pour en faire un lieu ouvert au public et ainsi
le rendre aux Théouliens.
Il y a un an, le prix de vente étant
plus bas, elle avait fait une proposition à 10 M€, mais celle-ci n'avait
pas abouti. Elle avait aussi tenté un partenariat avec le conseil
général. Et enfin sollicité la communauté d'agglomération des pays de
Lérins pour qu'elle le reprenne dans son giron. Mais non.
Aujourd'hui,
le prix a plus que doublé et la municipalité n'espère plus rien. À
l'évidence, seul un investisseur aux reins solides pourra reprendre le
château.
Surtout que la bâtisse, si elle fait son effet vue de
l'extérieur, n'est que cloisons trop fines, boiseries friables et
planchers dégradés à l'intérieur.
Dernièrement, le magazine Le Point annonçait
que l'affaire était conclue et qu'une société américaine s'était portée
acquéreur des lieux à 21 M€. Jointe à plusieurs reprises, la CGT n'a
pas répondu à nos appels et n'a donc pu commenter cette information.
À
la mairie de Théoule, les services d'urbanisme affirment ne pas avoir
vu passer la fameuse DIA : la déclaration d'intention d'aliéner,
formalité imposée lors d'une vente et qui doit être rédigée par un
notaire juste après la signature d'un compromis…
Le château de Théoule n'est donc pas vendu. Pas encore.
Chrystèle Burlot (cburlot@nicematin.fr)
F) Jean-Marc Daniel : «Il faut réduire le nombre de fonctionnaires en France»
Chômage record, déficit public élevé, croissance molle, la France
continue de subir la crise. Dans son rapport sur les pays européens qui
ont dompté la crise, l'institut de l'entreprise en prend la mesure et
indique la marche à suivre pour inverser la tendance.
La crise financière de 2008 et la crise des
dettes souveraines en zone euro en 2010-2011 ont constitué des secousses
majeures pour les pays européens. La plupart pensaient qu'ils étaient
protégés des chocs monétaires par la monnaie unique et voués à une
croissance continue. «Il n'en est rien», assure le rapport de l'Institut de l'entreprise
intitulé «Sortir de la crise: les enseignements de nos voisins
européens». Déficits publics importants, croissance anémique, chômage en
hausse, la France est un mauvais élève. Quelles sont les pistes à
explorer pour inverser la tendance? Jean-Marc Daniel, professeur
d'économie à l'ESCP Europe et directeur de la revue du think tank de
l'entreprise, Societal, répond aux questions du Scan éco.
Comment la France doit-elle agir pour redresser ses finances?
Jean-Marc DANIEL.- La
France est en contravention avec ses engagements budgétaires à trois
niveaux: son déficit est supérieur à 3%, son déficit structurel est
supérieur à 0,5%, sa dette est supérieure à 60%. Le danger est qu'elle
considère toute amélioration partielle sur un de ces sujets comme un
effort suffisant. Entre 2012 et 2014, le déficit structurel a été ramené
de 4,5% du PIB à 2,5%. Elle s'est appuyée sur cette réduction pour
refuser de prendre en compte un niveau de déficit total supérieur à 3%.
Maintenant que le retournement conjoncturel permet d'espérer une
réduction du déficit total par baisse du déficit conjoncturel, elle fait
mine d'ignorer le déficit structurel.
Il faut donc que la France
joue le jeu plein et entier de ses engagements sans finasser et
redresse la situation de ses finances publiques. Comme elle a déjà
beaucoup mobilisé la fiscalité, la solution passe par une baisse des
dépenses. Ce sont les fameux 50 milliards d'euros d'économie confirmés
le 14 janvier 2014 par François Hollande, dont néanmoins le contour a du
mal à se préciser. A moyen terme, la baisse de la dépense publique
passe par une réduction de la masse salariale. Pour cela, il faudra
passer soit par un appauvrissement généralisé de la fonction publique,
comme on le fait avec le gel du point d'indice
servant à calculer les évolutions salariales, soit par une réduction
accélérée du nombre de fonctionnaires correspondant à une redéfinition
des missions de l'État. Les pays qui ont le mieux réussi en la matière
sont ceux qui ont opté pour cette deuxième solution.
Quelles seraient les conséquences pour l'Europe si la France ne prend pas de mesures?
En
2003, la France et l'Allemagne ont été menacées de sanction pour ne pas
respecter le pacte de stabilité. L'Allemagne a compris qu'elle faisait
fausse route et a corrigé sa politique budgétaire et, simultanément,
réorganisé son marché du travail. La France a pris la chose de haut et a
affirmé qu'elle n'appliquait pas le pacte parce qu'il était
inapplicable. Résultat, l'économie française est aujourd'hui à la peine
avec un chômage qui reste élevé, et une certaine difficulté à profiter
du retournement conjoncturel et de la baisse du prix du pétrole. Sur le
plan politique, la parole de la France est de moins en moins crédible.
C'est parce que l'Allemagne n'ose pas trop s'affirmer que la logique du
couple franco-allemand continue à fonctionner. Mais les négociations
permanentes entre Paris et Bruxelles sur la situation budgétaire
décrédibilisent nos propositions.
Concrètement, quelle est la feuille de route pour la France?
Il
faut maintenir la politique dite d'austérité, ou plus exactement, la
commencer en diminuant effectivement la dépense publique. Pour conforter
la croissance, le deuxième pilier de l'action doit être une
dynamisation du tissu économique par la concurrence. Concurrence sur le
marché du travail, concurrence sur les marchés de bien: la Loi Macron doit
être un début, et non l'aboutissement ultime des concessions au
libéralisme de nos dirigeants. Enfin, il faut une affirmation de notre
volonté européenne plus nette. Les ambiguïtés récentes sur la Grèce,
entre le soutien politique enthousiaste au nouveau gouvernement et le
soutien comptable aux exigences des créanciers, porte atteinte à notre
influence en Europe.
Désabusé,
le premier président de la Cour des comptes déplore l'inertie de l'Etat
et l'augmentation continuelle des dépenses publiques.
Un peu désabusé. A 63 ans, Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes
depuis cinq ans, déplore l’inertie de l’Etat, qui ne se réforme pas et
continue d’augmenter les dépenses publiques. A la tête d’une armée de
750 fonctionnaires, qui dénonce les gaspillages de l’argent public, il
se définit comme un « lanceur d’alerte » face à l’indifférence des politiques.
Le dernier rapport de la Cour sur les finances publiques est sévère. La France est-elle le mauvais élève de l’Europe? Le
déficit, à 4 % du PIB, s’est légèrement réduit en 2014 (de 0,1 point).
C’est mieux que ce qui avait été annoncé en septembre (4,4 %), mais
moins bien que l’objectif de la loi de finances initiale (3,6 %). En
dépit des efforts réalisés, la France reste dans une situation plus
déséquilibrée que la moyenne de l’Union européenne (UE), et sa dette
s’alourdit.
L’Etat doit-il aller plus loin pour réduire les dépenses? Jusqu’à
présent, l’effort a surtout consisté en une augmentation des
prélèvements obligatoires. Il est prévu qu’il porte sur la dépense, avec
un objectif plus ambitieux pour 2016 et 2017. La France arrive au
deuxième rang de l’UE pour le poids des dépenses publiques, alors que
les résultats de ses politiques publiques la mettent rarement sur le
podium. Il est possible de stabiliser la dépense sans remettre en cause
la qualité des services publics.
Donc il n’y a pas d’austérité en France… Depuis
2010, la dépense publique a continué d’augmenter, à un rythme certes
ralenti, alors qu’elle a diminué chez nos voisins (hors inflation).
Dans d’autres pays (Espagne, Portugal, Grèce…), on peut effectivement
parler d’austérité. Il est difficile de qualifier ces situations
distinctes avec le même terme !
Le gouvernement a annoncé une revalorisation des salaires des fonctionnaires. Les frais de personnel vont-ils déraper? La
politique mise en œuvre depuis 2013 conduit à une augmentation
tendancielle des dépenses de personnel de l’État de l’ordre de
700 millions d’euros par an. Or le gouvernement s’est fixé l’objectif
d’une progression de seulement 200 millions. Cela ne laisse pas de place
pour des dépenses supplémentaires.
Est-il nécessaire de réduire le nombre de fonctionnaires? Ce
n’est pas à la Cour d’en décider. Nous ne sommes pas dans un
gouvernement des juges ! En revanche, nous disons si les objectifs du
gouvernement sont tenables, et à quelles conditions. L’État peut agir
sur le nombre de fonctionnaires, les rémunérations, le temps de travail, la politique d’avancement… C’est à lui de choisir… ou de revoir ses objectifs.
Vous critiquez souvent les investissements publics, notamment des collectivités locales. Pourquoi? L’investissement
public (4,5 % du PIB) est plus élevé que chez nos voisins. Mais
certains projets ne sont pas pertinents. La Cour l’a montré sur la
grande vitesse ferroviaire ou sur des investissements de collectivités
territoriales, comme deux stations d’épuration mitoyennes ou deux
aéroports locaux distants de seulement 50 kilomètres… Un investissement
n’est pas vertueux en soi. Son efficience doit être évaluée dès l’amont
et la décision doit en tenir compte, ce qui n’est pas suffisamment le
cas.
Sur les dépenses, vous dénoncez la « politique du rabot » de l’État… Là
où nos voisins ont engagé une véritable réflexion, la France comprime
trop souvent les dépenses de façon uniforme, sans s’interroger sur les
missions de l’Etat ou examiner leur articulation avec celles des
collectivités locales. À la longue, cela a des effets négatifs et
affecte le moral des gestionnaires publics.
La France a-t-elle un problème culturel avec la dépense publique ? Il
faudrait cesser de raisonner uniquement en termes de moyens. En matière
d’éducation nationale, par exemple, mettre fin à la dégradation de nos
résultats n’est pas qu’une question de crédits, mais surtout
d’organisation, de fonctionnement et de répartition des moyens
existants. Même chose pour la formation professionnelle (32 milliards
d’euros) : ceux qui sont le plus éloignés de l’emploi sont ceux qui en
profitent le moins !
Qui vous écoute ? L’opinion
publique semble de plus en plus consciente que l’on ne peut pas
augmenter indéfiniment la dépense sans s’intéresser aux résultats des
politiques menées. La Cour est une sorte de lanceur d’alerte
institutionnel. Ses travaux servent le débat public. Ensuite, ce sont
les pouvoirs publics qui décident.
Vous avez recommandé la fermeture de certains organismes publics inutiles. L’Etat ne vous a pas suivi… Nous
avons proposé de fermer certaines structures devenues inutiles, comme
la chancellerie des universités de Paris ou la Sovafim. Mais l’État a
préféré les maintenir…
Comment l’expliquez-vous ? Il y a toujours quelqu’un qui bénéficie de 1 euro d’argent public, même mal dépensé !
Propos recueillis par David Bensoussan, Thierry Fabre et Ghislaine Ottenheimer
H) Déontologie des fonctionnaires : présentation du projet de loi au Conseil des ministres
Le projet de loi relatif à la déontologie et aux
droits et obligations des fonctionnaires va être recentré sur
l’essentiel, c’est ce que précise une lettre rectificative présentée
par la ministre de la Décentralisation et de la Fonction publique au
Conseil des ministres du mercredi 17 juin 2015.
De quoi s’agit-il ?
Ce nouveau texte contient 25 articles (contre 59 pour la première
version de ce projet de loi qui avait été présenté en Conseil des
ministres en juillet 2013).
Ce texte ajoute le devoir d’intégrité aux obligations d’impartialité,
de dignité et de probité auxquelles doit répondre tout agent public.
Il prévoit aussi que chaque agent public doit exercer ses fonctions dans le respect du principe de laïcité :
en s’abstenant de manifester son opinion religieuse dans l’exercice de ses fonctions
et en traitant également toutes les personnes dans le respect de leur liberté de conscience et de leur dignité.
I) Les fonctionnaires devront attendre 2017 pour être augmentés
Le
16 juin, la ministre a présenté aux organisations syndicales ses
ultimes propositions pour améliorer la rémunération des 5,3 millions de
fonctionnaires. La revalorisation des grilles salariales s’étalera de
2017 à 2020 et le point d’indice reste gelé.
Les
grilles de rémunération, figées depuis trente ans, seront augmentées, en
pied et en tête, dans les trois fonctions publiques et les trois
catégories. En début de carrière, à partir de 2017, les gains mensuels
brut seront de 31 euros en catégorie C, de 40 euros en catégorie B et de
74 euros en catégorie A. En fin de carrière, en 2020, la revalorisation
sera de 32 euros brut en catégorie C, 88 euros en catégorie B et
134 euros en catégorie A. En échange, les fonctionnaires, qui jusqu’à
présent pouvaient percevoir leur niveau de salaire le plus élevé au bout
de vingt-cinq ans, devront travailler trente ans pour atteindre le
plafond. La ministre a refusé de dévoiler le coût financier de
l’opération.
Chantage inadmissible
Ces propositions font partie d’un projet global sur « les parcours
professionnels, les carrières et les rémunérations des agents publics »,
qui sera présenté en juillet aux syndicats et soumis à signature en
septembre. La Fédération FO de la Fonction publique va lancer une
analyse technique de toutes ces évolutions avant de se prononcer.
Pour être appliqué, l’accord devra être majoritaire (50 % des voix
aux élections professionnelles), sinon il n’y aura « pas de révision des
grilles », a prévenu la ministre.
« C’est un chantage inadmissible », a réagi Christian Grolier,
Secrétaire général de FO Fonction publique. Il revendique aussi
l’augmentation immédiate du point d’indice (voir Focus) et dénonce son
gel prévisible pour 2016 : le premier rendez-vous annuel sur les
salaires aura lieu au printemps prochain, soit après le vote du budget.
Focus : Le gel du point d’indice a déjà coûté 7 milliards d’euros aux fonctionnaires
Le point d’indice, base de calcul de la rémunération des
fonctionnaires, est gelé depuis 2010. « Sept milliards d’euros ont été
économisés en cinq ans », a reconnu Marylise Lebranchu en conférence de
presse le 16 juin. Pascal Pavageau, secrétaire confédéral, rappelle que
le pouvoir d’achat des fonctionnaires a baissé de 6 % en cinq ans et
de 16 % depuis 2000.
En trente ans, la moitié des implantations territoriales de services
publics ont disparu alors que les besoins de la population ne cessent
d’augmenter.