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septembre 09, 2025

Le conflit entre ploutocratie et démocratie par William Graham Sumner

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Dans cet article, initialement publié dans The Independent, Sumner soutient que la démocratie est vulnérable à l'influence ploutocratique.

 

Tous les hommes riches ne sont pas des ploutocrates. Dans les nations classiques, on considérait que le commerce et l'industrie étaient dégradants pour l'homme libre ; quant au commerce, on croyait que tout marchand était nécessairement un escroc, qu'il devait recourir à la ruse par nécessité et que son métier lui avait inculqué une certaine fourberie et une malhonnêteté mesquine. Quant à l'artisanat, on affirmait qu'il déformait le corps de l'homme et accaparait son esprit et son temps, de sorte qu'il en ressortait brisé dans son âme, ignorant et sordide. Les mêmes idées concernant le commerce et, en partie, l'artisanat, ont prévalu tout au long du Moyen Âge.

La civilisation classique reposait sur l'esclavage humain. C'est pourquoi elle s'est épuisée, elle s'est consumée. Elle a atteint son apogée en termes d'organisation et de développement, puis a commencé à gaspiller son capital et à épuiser ses matériaux et ses processus. Il est toutefois évident que toute civilisation avancée doit être produite et soutenue par une force adéquate. Dans le cas que nous venons de mentionner, il s'agissait du courage et de la force physique des hommes. Aujourd'hui, la civilisation moderne repose sur le capital, c'est-à-dire sur des outils et des machines qui asservissent les forces naturelles et les mettent au service des tâches pénibles. C'est ce qui a permis d'émanciper les esclaves et les serfs, de libérer la masse de l'humanité du travail pénible qui déforme le corps et épuise l'esprit, tout en produisant une civilisation avancée et en évitant l'usure des hommes.

La « dignité du travail » et le « pouvoir du capital » sont donc tous deux le produit du même mouvement moderne. Ils vont de pair ; c'est le pouvoir du capital qui a mis fin à la servilité du travail ; c'est le pouvoir du capital qui a libéré les femmes de la corvée du moulin à grains et de la salle de filature ; c'est le pouvoir du capital qui a permis aux hommes modernes de continuer à exploiter les mines et les carrières sans misère, alors qu'à l'époque classique, ces formes de travail étaient si pénibles que seuls les pires criminels ou les esclaves les plus bas étaient condamnés à les exercer. Toute civilisation élevée est contre nature, dans la mesure où elle est le produit de l'art et de l'effort. Elle est donc instable, prête à retomber à son niveau d'origine si la force et l'intelligence qui la produisent et la maintiennent venaient à faillir. Notre civilisation est soutenue par le capital et la science moderne ; si l'un ou l'autre venait à faillir, si nous épuisions notre capital ou si notre science n'était pas à la hauteur des tâches qui lui incombent, notre civilisation déclinerait.

 La dignité du capital est corrélative à la dignité du travail. Le capitaliste n'est pas simplement tombé sous le coup de l'interdiction dont le travailleur a échappé ; les temps modernes ont produit des classes d'hommes, maîtres de l'industrie et accumulateurs de capital, qui comptent parmi les produits les plus distincts et les plus particuliers des temps modernes. À quelle autre époque de l'histoire une telle classe d'hommes a-t-elle existé ? Il y a eu, dans le passé, de grands marchands qui ont montré que l'idée d'un marchand comme d'un homme qui triche sur les poids et parie sur les différences est une calomnie méprisable et ignorante ; les grands maîtres de l'industrie, cependant, sont quelque chose d'entièrement moderne, et les invectives à l'encontre de cette classe, qualifiée de parasites, de pillards, de spéculateurs et de monopoleurs, sont aussi ignorantes et inexcusables que les anciennes idées fausses sur les ouvriers, qui sont désormais dépassées. Un grand capitaliste n'est pas nécessairement un ploutocrate, pas plus qu'un grand général n'est un tyran.

Un ploutocrate est un homme qui, possédant du capital et disposant du pouvoir qu'il confère, l'utilise non pas dans le domaine industriel, mais dans le domaine politique ; au lieu d'employer des ouvriers, il recrute des lobbyistes. Au lieu d'investir son capital dans la terre, il opère sur le marché par le biais de la législation, de monopoles artificiels, de privilèges législatifs ; il crée des emplois et met en place des combinaisons mi-politiques, mi-industrielles ; il exploite les vices industriels, fait de la vénalité un moteur, dépense son ingéniosité non pas dans les processus de production, mais dans la « connaissance des hommes » et dans les tactiques du lobbying. Le système industriel moderne lui offre un champ d'action magnifique, souvent bien plus profitable que celui de l'industrie légitime.

Je soutiens donc qu'il est de la plus haute importance que nous reconnaissions la vérité sur le capital et les capitalistes, afin de rejeter le flot d'absurdités et d'abus qui circule à leur sujet ; que nous fassions la distinction entre le faux et le vrai, le bien et le mal, et que nous nous forgions surtout une idée claire de l'ennemi social et politique, distinct de tous les autres. L'histoire récente de tous les États civilisés du monde montre l'avancée de la ploutocratie et ses effets néfastes sur les institutions politiques. Comme d'habitude, les abus et les vices côtoient de près les institutions nécessaires et légitimes. Les regroupements de capitaux sont indispensables, car nous avons des objectifs à atteindre qui ne peuvent être réalisés d'aucune autre manière ; les monopoles existent dans la nature et, même s'ils sont fortement modifiés par l'art, ils ne cessent jamais d'avoir leur effet. La spéculation est une fonction légitime de l'organisation, et non un abus ou un tort public. Les trusts, bien que leur nom soit une erreur, sont manifestement de plus en plus nombreux dans le monde entier et sont en grande partie le résultat des moyens de communication modernes, qui ont permis à des personnes ayant un intérêt commun, bien que dispersées sur toute la terre, si leur nombre n'est pas trop important, de former des combinaisons pour l'exploitation d'un monopole naturel. Que gagne-t-on à dénoncer sans discernement ces phénomènes ou à confondre indistinctement les définitions ? Une telle attitude n'aura pour seul effet que d'alimenter les abus et de détruire les utilités.

La première réaction, lorsqu'un phénomène social ou industriel qui n'est pas considéré comme bon ou agréable se présente, est de dire qu'il faut adopter une loi pour le combattre. Si la ploutocratie est un abus de la législation et des institutions politiques, comment la législation peut-elle y mettre fin ? Le problème est que les institutions politiques ne sont pas assez fortes pour résister à la ploutocratie ; comment pourraient-elles alors la vaincre ? La démocratie redoute particulièrement la ploutocratie, et à juste titre.

Il n'existe aucune forme de pouvoir politique aussi inadaptée à la ploutocratie que la démocratie. La démocratie dispose d'un ensemble d'institutions qui sont extra-légales, mais qui constituent ses éléments les plus puissants : l'organisation des partis, les primaires, les conventions, etc. Tout cet appareil est bien adapté aux objectifs de la ploutocratie : il concerne la phase de formation de l'activité politique ; il fonctionne en grande partie dans le secret ; il dispose d'un champ d'action vaste mais indéfini de dépenses légitimes, ou quasi légitimes, qui ne font l'objet d'aucun contrôle. Comme les opérations de cet appareil sont extra-légales, elles sont irresponsables, mais elles touchent et contrôlent les fonctions publiques et civiles. Même dans le domaine des institutions constitutionnelles, la ploutocratie entre toujours en lice avec un petit groupe, une organisation solide, une motivation puissante, un objectif précis et une discipline stricte, tandis que de l'autre côté se trouve un groupe important et désorganisé, sans discipline, avec des idées indéfinies, des intérêts mal compris et des bonnes intentions indéfinies.

Si la législation est appliquée au contrôle des intérêts, en particulier lorsque ces derniers sont favorisés par les circonstances, le seul effet obtenu est d'imposer à ces intérêts des modes d'action plus sournois et plus secrets. M. Adams affirme que, depuis l'adoption de la loi sur le commerce interétatique, les méthodes des cheminots sont devenues plus viles et plus secrètes que jamais. Le législateur, dans ses efforts pour réussir dans son entreprise, ne peut que sacrifier davantage les droits ouverts et honnêtes qui sont à sa portée, tout comme le gouvernement russe, en essayant d'atteindre les éléments mécontents de sa société et de les écraser par la sévérité, ne fait que causer des inconvénients et des pertes illimités aux honnêtes gens, sans pour autant attraper les nihilistes. Dans une démocratie, en fin de compte, la lutte entre le nombre et la richesse n'est rien d'autre qu'une lutte entre deux groupes d'avocats, l'un rédigeant des lois au nom de l'État, l'autre imaginant des moyens de contourner ces lois au nom de ses clients. Ce dernier groupe est bien mieux rémunéré en termes de considération, de sécurité et d'argent.

Je maintiens donc qu'il s'agit là d'une lutte déplorable, dans laquelle tout ce qui nous est cher, en termes d'intérêt public, est en jeu, et que la politique la plus sage à cet égard consiste à réduire au minimum les relations entre l'État et l'industrie. Tant que ces relations existent, tous les intérêts industriels sont plus ou moins contraints d'employer des méthodes ploutocratiques. La corruption est peut-être plus grande chez ceux qui les exercent que chez ceux qui en sont les objets. Le laissez-faire, loin d'être ce qu'il semble être dans la plupart des discussions actuelles, touche au cœur même de la morale, de la politique et de l'économie politique des questions publiques les plus importantes de notre époque. 


 William Graham Sumner était professeur d'économie politique à Yale et a fait œuvre de pionnier en sociologie à une époque où cette discipline en était encore à ses balbutiements. Outre ses travaux universitaires couvrant une multitude de disciplines, il a rédigé des essais populaires pour des publications telles que Harper's Weekly.

Source ici

 

 

 

 

août 22, 2021

La sécurité sociale, un Padirac sans nom (histoire)

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 Cliquez sur les images, afin d'en agrandir certaines, merci !



La sécu, au bord du gouffre depuis sa création.  Un fil à partir des archives du Figaro (@Le_Figaro) entre 1945 et 1949.

L’ordonnance du 4 octobre 1945 institue la sécurité sociale en remplacement des Assurance sociales (crées en 1928-1930). Et c'est le début des contestations...

Dès le premier jour, le 4 octobre 1945, un article du figaro souligne le déficit des Assurance sociale à la libération (1 milliard par an) et, constant un bénéfice prévu de 1,5 milliards pour 1945, pose la question : « Le gouffre est comblé. Le restera-t-il longtemps ? »


Si le Figaro s’inquiète déjà du déficit de la sécu, il s’inquiète également pour sa clientèle : les médecins. Le 12 octobre 1945, le Figaro s’insurge : les internes d’hôpitaux gagnent moins qu’une fille de salle !


Dans article du 3 novembre 1945, sans avoir mentionné l’ordonnance du 19 octobre qui précise le fonctionnement de la sécu, le Figaro constate que la sécurité sociale commencera à s’appliquer le 1er juillet 1946.


Il faut attendre le 14 décembre 1945 pour avoir l’avis du Figaro sur le fonctionnement de la sécu. La crainte, c’est le « joug administratif » qui inciterait les médecins à satisfaire les clients (plus de soins et d’arrêts maladie) plutôt qu’à satisfaire le contribuable devenu salarié, le plus souvent insatisfait de son salaire, le médecin aura tendance à glisser vers des pratiques dont la profession tout entière risquerait d’être atteinte. La profession baissera en moralité. Elle ne baissera pas moins en qualité. »  

 
 
Mais ce n’est pas tout, l’article se termine sur la thématique des effets pervers de l’administration : « on discerne à travers l’ordonnance du 19 octobre une arrière-pensée qui gâte les intentions humanitaires »
 

L’objectif serait de « remédier au déficit permanent de l’administration des assurances sociales. Notez bien la raison de ce déficit : 40 pour cent du budget annuel sont consacrés aux frais de gestion. […] L’employé de bureau coute à l’assuré deux fois plus cher que le médecin».
Le numéro du 10 février 1948 est l’occasion pour le Figaro de réaliser son bilan d’"Un an de sécurité sociale". Comme on pouvait s’y attendre, la sécu est une « ronde des milliards » peu glorieuse : les malades imaginaires mangent le pain des vieillards !


La sécu serait un organisme « hier énorme, aujourd’hui démesuré, demain fabuleux. A ce sommet de la pyramide, la misère humaine devient un monde de chiffres ». En l’absence de déficit de l’institution, la critique porte sur l’usager des fonds.
 

Le figaro joue l’assurance maladie contre la vieillesse : « […] on va enlever a des vieillards qui ont tout juste de quoi vivre très chichement des sommes qui vont payer des grippes et de rhumes de cerveaux des gens ordinairement valides et qui travaillent. »
 

Par ailleurs, « ce budget, tel qu’il est, représente pour l’économie à peine renaissante de la guerre un effroyable boulet ». On a déjà la critique du poids de la sécu pour les entreprises et l’économie… à deux doigts d’écrire un rapport pour libérer la croissance !
Le numéro du mercredi 11 février est peut-être le plus éloquent : pour le Figaro, la sécurité sociale est "Un montre à cinq pattes qui allaite et dévore ses enfants"!
 

 
"Le monstre allaite et dévore en même temps ses enfants, sans qu'il paraisse apporter toujours du discernement dans cette double opération."
 

Pour le Figaro la sécu ne fonctionne pas, ou au mieux très mal. Mais alors que faudrait-il faire ? Supprimer le remboursement des petits risques qui serait une incitation à l’abus et à la fraude. Comme c’est nouveau !
 

 
« […] dans certaines caisses 30% des dépenses pharmaceutiques représentent des vins toniques… Cet exemple le prouve, l’abus, comme d’ailleurs la fraude, porte surtout sur la petite et moyenne maladie. […] »

« C’est dans ce domaine qu’existe une réforme possible. Elle pourrait soulager l’économie d’un fardeau qui, finalement, retombe sur le consommateur, c’est-à-dire très souvent, sur le bénéficiaire apparent de la sécurité sociale. »
 
François Fillon avant l’heure : "M. Duris part du principe que les abus et la fraude portent surtout sur les petits accidents et sur les courtes et moyennes maladies, qui entrainent en même temps les plus gros frais de contrôle et d’administration."
 

"M. Duris envisage d’obtenir [une décongestion considérable] en décidant, purement et simplement que la Sécurité sociale ne paye pas de prestations au-dessous d’une certaine somme : 7.500 fr. par exemple."
Les critiques sont récurrentes, si bien qu’à l’été 1949 un débat est organisé à l’assemblée sur le principe même de la sécu. Le Figaro traite la question à travers le député Reynaud (droite) : « Il faut alléger les dépenses de cette organisation géante et mettre fin aux abus » !
 

Au milieu d’autres problèmes, le député explique que "Pour rétablir l’économie, il faut exporter". Or, nos prix sont trop élevés… à cause de la sécurité sociale. Il faut revoir l’organisation administrative trop lourde, les prestations trop généreuses et le contrôle inexistant !
 

Si le ministre SFIO du travail défend sur la plupart des points la sécurité sociale (notamment sur les frais de gestion particulièrement bas ; à 6%), il concède des retards de traitement administratifs et légitime l’intervention… de la mutualité !
 

Le 13 juillet 1949, alors que le débat à l’assemblée n’est pas terminé, le figaro donne le mot d’ordre pour les 100 années à venir :
 

« En réalité, il n’y a pas d’adversaire de la sécurité sociale. Il y a simplement des hommes qui voudraient qu’une telle institution fût mieux gérée, mieux organisée et surtout profondément réformée, ne serait qu’en ce qui concerne les petits risques ».
 


« Ni M. Pierre André, ni M. Paul Reynaud qui ont tour à tour réclamé des modifications de structure, à nos yeux indispensables, ne se sont posés, à aucun moment, en ennemis de la Sécurité sociale.
Mais la discussion avait pris un tour tel que toute critique, même la plus raisonnable, devenait aux yeux des partisans de l’« immobilisme » une attaque insupportable.
Nationaliser le rhume de cerveau, c’est avilir la carrière médicale, c’est aussi créer un climat de paresse, d’absentéisme, de laisser-aller contraire à tout effort de redressement.
On regrette que, sur ce point, la Chambre n’ait pas eu le courage de prendre les mesures que le bon sens imposait ».
Que retenir? Que dès sa création la sécurité sociale est attaquée par les forces réactionnaires et conservatrices. Que leur rhétorique est la même qu’aujourd’hui: le déficit, le gaspillage, les abus, l’immobilisme, le courage, le petit risque, la concurrence internationale, etc.
Mais qu’est ce qui a changé ? Serions-nous plus pauvres en 2021 qu’en 1945-1949 ? Non, et il suffit de lire les mêmes journaux pour s’apercevoir que l’époque est plus dure qu’aujourd’hui : coupures de courant, pénurie de charbon et d’essence, rationnement du pain, etc.
 



Recherches effectuées par: 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Économiste (Ass. prof.) - Université Paris 13 - CEPN ; Santé, sécurité sociale, capitalisme ; urlz.fr/f89E@evan_bertin
 
 Voici le lien : gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb3 Il faut ensuite choisir la date qui convient.
 

avril 04, 2015

La réflexion politico-philosophique de Frédéric Lefebvre

L'Université Liberté, un site de réflexions, analyses et de débats avant tout, je m'engage a aucun jugement, bonne lecture, librement vôtre. Je vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.

 Est-ce que son passage aux US, lui ouvre un peu plus l'esprit à ce déroutant parfois Frédéric Lefebvre ? Allez savoir, intéressant à le lire tout de même.


Le moment est venu de balayer les vieilles politiques

Bravo aux électeurs de la droite et du centre: c'est votre victoire. Jamais victoire n'aura autant appartenu aux électeurs plutôt qu'aux politiques. Alors que l'opposition oublie si souvent l'essentiel: nos compatriotes.
Alors que la majorité a adopté la même posture. Les citoyens ont pris leur avenir en main. Bien loin de l'UMPS. Bien loin du FNPS. Ces acronymes n'y changeront rien.
Les Français n'acceptent plus les consignes de la part de ceux-là mêmes dont ils doutent de la sincérité.
Je suis un homme de droite. Comme tant de Français, je m'interroge sur ma famille politique, l'UMP... Cette famille qui avait su additionner les Gaullistes dont je me sens, comme tant d'autres, dépositaire et donc redevable d'une partie de la flamme, avec les centristes et les libéraux. 

Qu'avons- nous fait de notre identité? Que sont devenues nos valeurs? Quel est notre ADN?
Je salue bien entendu l'unité UMP/UDI/MODEM que j'appelle de mes voeux depuis des mois et que l'UMP d'aujourd'hui, loin de celle qui se déchirait devant les caméras il y à encore quelques temps, a su orchestrer avec dynamisme. L'unité doit maintenant dépasser la simple alliance électorale pour épouser sincèrement la stratégie d'élaboration d'un nouvel espoir.
Si je considère les extrêmes, je me refuse à les nourrir. Elles sont le miroir de nos insuffisances. Elles soulignent notre abandon de ceux qui souffrent. 

C'est par les Français que nous devons être obsédés. Pas par notre propre devenir.
Les Français se détournent inexorablement de la politique. Pour une raison: la politique leur tourne le dos. Elle a abandonné les Français. Trop occupée qu'elle est à ses petits calculs internes, à la distribution des prébendes, aux primaires, à 2017, aux courants, aux écuries, aux congrès, aux statuts, aux noms des partis, aux alliances, au rassemblement (non pas des Français mais des politiques eux-mêmes), aux "leurres" électoralistes destinés à sauver les meubles.

Cette vieille politique est définitivement morte le 29 mars. Pourtant. Elle ne le sait toujours pas.

L'opposition se glorifie des 25 départements gagnés en oubliant elle-même que 50% des Français ne sont pas venus voter, que plus d'1,1 million de Français ont voté blanc (un record!) et que la majorité de ceux qui se sont déplacés, l'a fait par devoir, au delà des personnalités des uns et des autres, ou par instinct de survie pour prendre son avenir en main.

L'UMP, avec 20 sièges de conseillers départementaux de plus que le PS, 915 contre 896, ce dernier n'ayant pas su faire l'unité, devrait faire preuve d'humilité, d'autant que la comparaison en nombre de voix confirme cette équilibre. 

Pire c'est à qui revendique le plus la paternité du succès. 

Ils sont 85% a ne pas avoir apprécié cette campagne. Comme je les comprends. Ils doivent être tout autant à s'indigner de cette indécente compétition dans l'appropriation de la victoire.

Ils sont pourtant plus nombreux qu'escompté à avoir choisi de voter pour sortir de la fatalité même si le vote blanc doit relativiser cette observation. Allons nous enfin comprendre leur message ou poursuive dans l'égocentrisme exacerbé? 

Au lieu de proposer des solutions aux problèmes des Français, nous avons proposé aux Français de régler nos propres problèmes.
L'agitation du carton rouge, battue et rebattue, que j'avais moi-même brandi, sans être pour autant innovant, comme porte-parole de l'UMP en 2009, après le PS en 2004, avant que le FN ne le reprenne à son compte en 2012, l'UMP aux européennes de 2014 et là en 2015. 

Est-ce franchement de la modernité? Cette recherche de la facilité, qui infantilise l'électeur, est datée. Tout comme la "militarisation" de notre langage qui privilégie le combat frontal au débat moderne.
Pourquoi ne pas avoir proposé une alternative crédible, un contrat de gouvernance départementale autour de 5 actions fortes à engager en 6 mois:

-Un contrat de relance des investissements dans les départements
-Une baisse drastique de la dépense de fonctionnement et du nombre de fonctionnaires territoriaux
-La délégation de services publics, l'usager devenant un client à qui on rend des comptes, accompagnée d'une baisse des impôts
-Une réorganisation du système d'attribution des prestations sociales, avec à la fois une efficacité et un contrôle renforcé pour mieux protéger les plus fragiles
-Un plan coordonné entre les départements en faveur du développement de l'emploi dans les secteurs des services et de l'innovation
Un plan nous permettant d'agir sans attendre 2017. Pour améliorer en urgence la situation des Français au lieu de ne parier que sur l'échec de la politique menée en France.
Il est encore temps.
Avec quatre verbes-clés, nous devons nous tourner vers les Français et agir.

- ENTENDRE
- RESPECTER
- PROTÉGER
- et ACCORDER

Car nous devons ENTENDRE le sentiment d'abandon des Français et leur attente d'une offre nouvelle. Au lieu de feindre d'être les grands vainqueurs d'une épreuve dont l'issue nous a échappée.

Car nous devons RESPECTER la diversité sociale, religieuse ou laïque, sociétale de nos compatriotes. Au lieu de les remonter les uns contre les autres.

Car nous devons PROTÉGER des citoyens qui se sentent atteints dans leur dignité, leur identité et leur devenir. Au lieu d'instrumentaliser leurs souffrances.

Car nous devons ACCORDER plutôt que diviser des Français qui n'ont plus d'espoir et cherchent légitimement les responsables de leur horizon obscurci. Au lieu de définir une politique d'espoir, l'opposition a misé sur le rejet des autres. La politique ne doit pas être un jeu : A qui perd gagne.

A force de vider le stade de la France de ses électeurs, la droite et la gauche, entourées d'une nuée de caméras, gagnent alternativement depuis des décennies, par anti-jeux et mauvais coups, au désespoir du public en fuite... Il faut ré intéresser les 50% qui ne sont pas venus voter et tous ceux qui ont voté uniquement par devoir ou par énergie vitale. C'est à dire, au bas mot, 80% des Français.
Pour laisser sur place les extrêmes, il suffit de ramener dans le stade de la France les gens raisonnables, qu'ils soient de droite ou de gauche, ceux qui espèrent le changement à travers un nouveau projet.
Le Rassemblement n'a de sens que s'il est accordé à l'Ouverture... Il ne doit pas simplement s'agir de rassembler son camp mais de rassembler les Français.
L'attitude politique doit muter.
Avec sincérité.
Avec modernité.
A la recherche d'une entente.

C'est autour de ces trois mots que nous devons bâtir une nouvelle attitude politique pour la France.

Soyons de plus en plus nombreux à être sincères.

J'étais le seul député de l'UMP à voter le pacte de responsabilité il y à un an, nous étions 12 de l'opposition à avoir décidé de voter la loi Macron. Une vingtaine de plus avaient décidé de s'abstenir. Par sincérité. Pouvions-nous voter contre un texte dont nous partagions l'essentiel même si nous regrettions qu'il n'aille pas plus loin, dont nous mesurions, si minces soient ils, les effets bénéfiques pour la croissance dont il était porteur?
Nous sommes en 2015!
Soyons de plus en plus nombreux à être modernes.
La mondialisation est un fait. Ce peut être une chance si nous savons faire évoluer la France.
En s'appuyant sur nos forces, nos racines, notre identité, nos savoir-faire, notre talent d'innovation, la France a un magnifique avenir mondial. Si nous ne coupons pas nos racines, 1000 bourgeons tricolores peuvent éclore chaque jour dans ce monde en mouvement.
Notre jeunesse doit être encouragée à partir à la conquête du monde.

Soyons de plus en plus nombreux à chercher une entente, à nous accorder.

Un accord des gens raisonnables. C'est-à-dire des sincères et des modernes de droite et de gauche, justement, pour l'amour de notre patrie plutôt que de nos partis. Un accord de ceux qui, sur les sujets prioritaires pour les Français, sont prêts à s'additionner plutôt qu'à se diviser.
Un accord des hommes et des femmes qui agissent en partant de la réalité, au lieu de divertir les Français en les détournant de l'essentiel.
Pourquoi, à la différence de l'Assemblée Nationale et du Sénat, le parlement européen vote-t-il 79% des textes, droite et gauche confondues? Un rapporteur est nommé sur un texte et il rencontre les 7 groupes pour trouver l'accord le plus large...
Si le congrès de ma formation politique, le 30 mai prochain, passe à coté de cet enjeu et se contente de s'auto-glorifier ce sera une preuve de cécité démocratique. Si le congrès du PS début juin ne prend pas la dimension de ce défi, il tournera, lui aussi, le dos à l'attente de nos compatriotes.

Si je mobilise toute mon énergie dans cette nouvelle attitude politique c'est que j'ai la certitude qu'elle est la seule à pouvoir sortir la France de la spirale de l'échec. J'invite à la Renaissance de la politique française.
Plus encore après une victoire qui ne peut durablement masquer le désamour profond des Français. Mais qui n'appartient qu'à ceux qui ont décidé de prendre leur avenir en main.
Au lieu de nous auto-ausculter, de nous auto-congratuler et de nous affronter, tournons-nous simplement vers les Français...

Ces Français à qui je veux dire:

Levons nous...
Votons en masse!
Obligeons les partis politiques à s'intéresser aux Français et pas simplement à ceux d'entre eux qui sont les plus engagés.
Forgeons de nouveaux-horizons...
Redressons nous. Résistons ensemble.
Le moment est venu de briser les chaînes idéologiques,
Le moment est venu de forcer les barrages partisans,
Le moment est venu de balayer la vieilles politiques.
Nous sommes en 2015.
Unissons nos forces
Militons pour la France
Agissons pour les Français, avec les Français.
Soyons les Français...



Député UMP des Français d'Amerique du nord, ancien ministre









Frédéric Lefebvre, un manifeste pour dépasser les clans

Autour d'un manifeste intitulé "Modernes. Pour les Français", Frédéric Lefebvre (UMP) dit en avoir assez des "clans, des écuries, des courants".
Député UMP (des Français de l'étranger), Frédéric Lefebvre vient de prendre l'initiative, autour d'un manifeste intitulé "Modernes. Pour les Français", avec l'aide notamment du centriste Maurice Leroy et du radical Yves Jégo, d'un regroupement de députés UMP et UDI qui disent en avoir assez des "clans, des écuries, des courants". Ils sont déjà plus de vingt, décidés à se réunir régulièrement. Leur nom de baptême : "La pléiade des modernistes". Loin des "joutes stériles", Lefebvre et ses alliés veulent, disent-ils, "additionner les forces" de l'opposition, et se réclament du..."bon sens paysan"!

Modernes. Pour les Français
Péril en la demeure
Une politique moderne se doit de se tourner vers les Français.
Un parlement moderne se doit de légiférer pour le peuple.
Un parti moderne se doit de s'ouvrir aux citoyens.
Alors que l'Europe est de plus en plus présente et contraignante.
Alors que la mondialisation, pleine d'opportunités, doit nous amener à évoluer.
Alors que la démocratie et ses procédures ont besoin d'être actualisées, numérisées, modernisées.

Le temps des Français n'a plus rien à voir avec le temps politique.

Alors que nos regards sont collectivement braqués sur 2017, celui de nos compatriotes est fixé sur la fin du mois.

Alors que nos débats sont largement occupés par des joutes stériles, nos compatriotes attendent que nous additionnions nos forces.

Alors que nos partis sont dans la tactique, nos compatriotes espèrent du concret allié à une vision.

Nous choisissons la sincérité politique plutôt que le calcul politicien.

Nous dépassons les clans, les écuries, les courants, en restant attachés à nos familles politiques respectives.

Nous entendons contribuer à faire naître une opposition UMP/UDI qui recherche l'unité et la sincérité en créant une "pléiade" des modernistes qui se réunira régulièrement pour faire avancer cette nouvelle attitude politique.

Imaginons. Inventons. Innovons.
Résolument actuel, nous appelons tous les modernistes à se dévêtir des oripeaux idéologiques, à abandonner les réflexes pavloviens, à retrouver le bon sens paysan, pour faire le choix des Français.
En toutes circonstances.

La liste des premiers signataires :
Frédéric Lefebvre, Député UMP et ancien ministre
Puis par ordre alphabétique
Yves Censi, Député UMP
Jacques Gautier, Sénateur UMP
Guy Geoffroy, Député UMP
Arlette Grosskost, Députée UMP
Meyer Habib, Député UDI
Patrick Hetzel, Député UMP
Francis Hillmeyer, Député UDI
Yves Jego, Député UDI et ancien ministre
Patrick Labaune, Député UMP
Thierry Lazaro, Député UMP
Maurice Leroy, Député UDI et ancien ministre
Franck Marlin, Député UMP
Damien Meslot, Député UMP
Alain Moyne-Bressand, Député UMP
Bérangère Poletti, Députée UMP
Arnaud Richard, Député UDI
Fernand Siré, Député UMP
Eric Straumann, Député UMP
François Vannson, Député UMP
Marie Jo Zimmerman, Députée UMP

 

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