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octobre 20, 2014

Le libéralisme, christianisme, l'Homme selon Chantal DELSOL

L'Université Libérale, vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.

Chantal DELSOL nous convie avec sérénité de replacer le libéralisme dans son réel contexte (personnellement je reste mesuré sur certains de ces propos) , cependant à lire absolument et à largement diffuser.

Chantal Delsol : L’âge du renoncement, dilemme entre christianisme et libéralisme

Chantal Delsol se dit elle-même « néo-conservatrice » ou « libérale-conservatrice » ou « non-conformiste de droite ». Philosophe, professeur d’université, élève de Julien Freund, grande lectrice de Hannah Arendt et de Jan Patochka, elle sonde, de livres en livres, le désarroi de nos contemporains. Parution: (mai 2011) « L’âge du renoncement » (Le Cerf) où elle analyse l’actuelle fermeture de la « parenthèse » du judéo-christianisme qui nous conduirait, selon elle, a un retour de l’âge des mythes et du temps circulaire. Selon elle le nihilisme, le nôtre, ne serait qu’une phase de transition annonçant le retour du paganisme. 

Chantal Delsol s’interroge : que nous dit la sagesse d’aujourd’hui et quelle en est la limite ? Pourquoi faut-il considérer le nihilisme comme une simple parenthèse, comme un moment transitoire dans la « vaste décomposition des architectures de sens » qui s’opère aujourd’hui ? 

Mais surtout, la sagesse, pense notre invitée, dissout en quelque sorte, dans une indétermination généralisée, le souci de la vérité et renforce la puissance du marché – et son désir marchand. N’y a-t-il pas un conflit entre le christianisme revendiqué par Chantal Delsol et le libéralisme qu’elle défend aussi ? La décomposition du christianisme au profit de la sagesse ne vient-elle pas d’une domination de plus en plus grande d’un libéralisme désentravé ?

 


Dans l'atmosphère inquiète de la crise financière mondiale, on a vu ces derniers temps les États voler au secours de certains établissements privés pour compenser les déficits, dans le but de rendre la confiance aux particuliers et d'empêcher une débâcle économique. Depuis les États les plus attachés au libéralisme, comme les États-Unis, jusqu'à ceux acquis depuis peu au libéralisme, comme la France.
 
La presse et l'opinion antilibérales ont lu dans ces décisions une sorte de conversion au socialisme, à tout le moins un changement de cap devant les perversions du libéralisme, nouvellement découvertes. D'où des propos triomphalistes du genre «on vous l'avait bien dit…», ou «les voilà enfin rattrapés par la réalité…»
 
Pourtant, il n'y a là rien d'étonnant ni de nouveau. L'ingérence de l'État dans les affaires privées, accueillie comme une merveilleuse bonne nouvelle pour les tenants de l'étatisme, représente tout simplement pour le libéralisme la réponse à certaines situations bien précises. En leur temps, John Stuart Mill et Frédéric Bastiat le voyaient déjà ainsi. Les antilibéraux demeurent prisonniers de leur vision simpliste du libéralisme, qu'ils décrivent depuis des décennies comme un «ultralibéralisme». C'est leur excès dans l'identification de leur adversaire (excès dû à des causes militantes et idéologiques), qui les entraîne dans la mécompréhension des phénomènes actuels. La tendance, notamment en France, qui consiste à assimiler le libéralisme à l'anarchisme («le renard libre dans le poulailler libre», voilà ce qu'en donnent encore comme définition la plupart de nos étudiants, bien aidés en cela par leurs enseignants), tient de l'idéologie qui consiste à noircir l'adversaire en l'extrémisant, de façon à l'offrir facilement en vindicte à l'opinion.
 
Je ne dis pas qu'il n'existe pas des libéraux anarchistes, mais ils représentent une infime minorité, et la position idéologique consiste justement à identifier l'adversaire à sa minorité extrême, comme si nous autres libéraux étions assez idéologues ou assez crétins (au choix) pour identifier à longueur d'année le socialisme à Pol Pot.
 
Tout d'abord, le libéralisme n'a jamais prétendu qu'il devait se passer de lois, et bien plutôt il a toujours été persuadé qu'il ne saurait se développer valablement que sous des lois régaliennes précises et obéies. Mais, au-delà, il faut préciser (ce qui est moins simple et moins connu) que les libéraux défendent dans la plupart des cas une doctrine qui tient la liberté pour essentielle, mais non pas exclusive.
 
Ce qui les différencie des socialistes et en général des tenants de l'étatisme, c'est leur adhésion au principe de subsidiarité. Lequel réclame que l'État ne s'ingère pas dans les affaires privées tant que les privés accomplissent leur tâche sans nuire à l'intérêt général ; mais réclame au contraire l'ingérence de l'État lorsque la sphère privée se trouve insuffisante, débordée ou corrompue.
 
Le principe d'un libéralisme bien compris renvoie à cet égard aux préceptes des ordolibéraux du milieu du XXe siècle (dont la mouvance fut l'artisan de la renaissance de l'Allemagne après guerre) : «liberté autant que possible, autorité autant que nécessaire», ou encore, plus précisément et pour illustrer le domaine qui nous occupe en ce moment : «libéralisation autant que possible, nationalisation autant que nécessaire».
Les États-Unis se rallient à ces principes, et c'est en leur nom par exemple qu'après le 11 Septembre le gouvernement américain s'était ingéré dans les affaires de certaines compagnies d'aviation, provoquant aussitôt en France une vague de triomphe carrément stupide sur la conversion américaine à un certain étatisme…
 
Toute la question se trouve simplement dans la détermination du moment précis où le privé se trouve insuffisant au point que l'ingérence de l'État doive se déclencher : d'où les débats récents qui ont eu lieu aux États-Unis concernant le financement public de certaines banques. Mais le principe reste sous-jacent.
On ne peut comprendre le libéralisme ordonné que si l'on reconnaît la spécificité des situations exceptionnelles. Depuis Cicéron, la passion de la liberté a bien conscience que cette dernière doit laisser place à l'autorité gouvernante en cas de péril - la difficulté restant naturellement de définir le péril. La liberté demeure ici le moyen le plus humaniste pour viser la finalité suprême qui est l'intérêt général, sachant que dans certains cas l'autorité doit se substituer à la liberté pour voler au secours de l'intérêt général en danger.
 
Nos contemporains ont beaucoup de difficulté à admettre un traitement différent de la situation ordinaire et de la situation extraordinaire, car ils comprennent cette dernière comme un prétexte livré aux apprentis dictateurs qui légitimeraient ainsi leur sale besogne. Et le risque existe, en effet, mais peut-être vaut-il la peine de le courir pour obtenir un équilibre salutaire de la liberté et de l'autorité, la seconde garantissant la première.
 
Les Français, éduqués par des économistes bien souvent étatistes, restent persuadés que nous nous trouvons devant une alternative : l'ingérence permanente de l'État ou la terrible anarchie illustrée par «que le plus fort gagne» (et que le diable emporte les traînards). Il y bien longtemps que cette alternative a été dépassée par le libéralisme ordonné, ce que démontrent à l'envi bon nombre de pays épargnés de nos doctrinaires désuets.
 
Il est préjudiciable qu'en France les gouvernants eux-mêmes semblent encore marqués par la certitude de ce dilemme funeste, et ne soient pas capables d'expliquer clairement aux citoyens comment fonctionne et à quoi peut servir un libéralisme ordonné. Peut-être que cette crise permettra une ouverture d'esprit salutaire : mieux vaut tard que jamais.

Chantal Delsol
Le Figaro du 30 10 08
 
 
http://www.chantaldelsol.fr/la-droite-et-lagauche/
 
La droite et la gauche
Comparaison philosophique

L’un des grands Européens de la seconde moitié du siècle, Léo Moulin, avait écrit un ouvrage intitulé « La droite, la gauche et le péché originel ». L’écriture de ce livre n’était pas innocente au regard de sa propre vie. C’est dans les geôles de Mussolini qu’il avait lu les auteurs communistes, et compris que, nonobstant l’ouvriérisme de son père et ce qu’il croyait avoir repris de tradition familiale à cet égard, il n’était pas de gauche.

En dépit de l’opposition classique et pratique trop simple entre la droite et la gauche, qui sert de clivage dans un certain nombre de pays à commencer par la France, très peu d’ouvrages ont été écrits ici sur cette question depuis la fin de la seconde guerre mondiale. C’est pourquoi l’évocation du livre de Léo Moulin ne relève pas de l’anecdote, outre le plaisir que j’ai de commencer cet article par un hommage rendu à un grand esprit trop mal connu car Léo Moulin, comme le savent bien tous ceux qui l’ont connu, était un seigneur. Si les livres concernant ce clivage lui-même sont très rares, les ouvrages et même les articles concernant la définition de la « droite » sont extraordinairement rares, alors que nombre de textes, et des plus talentueux, posent la question de la définition ou de la redéfinition de la « gauche », de ses avatars et de son destin. Cette différence est bien simple à comprendre : se dire de droite était, il y a encore dix ans et même moins, une honte en France, car cela renvoyait à une identification au pétainisme. Ici, la période de Vichy puis les événements de la guerre d’Algérie ont littéralement évincé, non pas la droite elle-même comme les élections le montrent depuis cinquante ans, mais la conscience de droite, son concept et sa légitimité. Autrement dit, et les choses changent seulement depuis quelques années, pendant longtemps, on pouvait voter à droite et être de droite, mais sans justifier clairement cette appartenance. Aujourd’hui encore, en France, un intellectuel qui ose se dire de droite est une exception rare, tant il va de soi que seule la gauche pourrait penser… La complexité des notions est donc amplifiée par l’ignorance (due au vide de la critique), les amalgames historiques, et aggravée par l’impossibilité de classer le président français qui a marqué la seconde moitié du siècle : le Général de Gaulle, dont la pensée était d’origine maurassienne donc clairement de droite, a-t-il été un homme politique de droite ou de gauche ? La réponse n’est pas claire, non seulement si l’on regarde objectivement sa politique (gouvernement avec le parti communiste, nationalisations massives, planification), mais si l’on considère sa volonté permanente de se situer au-delà des clivages traditionnels. On peut dire que le parti qui détient actuellement les pouvoirs en France, héritier du gaullisme, est un parti bonapartiste, mais le bonapartisme n’est ni de droite ni de gauche, c’est un mode de gouvernement autoritaire (ici de type républicain et technocratique), et l’autoritarisme n’a pas de patrie idéologique..../...
 
.../... Si j’étais née à l’époque de l’essentialisme tout-puissant, à l’époque de la gloire du particulier et dans une société où l’on vante les hiérarchies justifiées par la seule tradition, je serais certainement de gauche. Je suis de droite parce que je vis dans un pays où l’on voudrait aplanir non seulement les inégalités acquises, mais aussi la différence des efforts accomplis et même les différences entre les hommes et les femmes ; où l’enfance est décrite à partir de l’Emile de Rousseau, sans un regard sur les enfants réels des écoles réelles ; où les gouvernants et les médias font sans cesse la morale au peuple et édictent des politiques volontaristes sans se soucier des effets pervers issus de la réalité détestée ; bref, dans un pays où la culture de gauche a établi une domination si entière que la critique à son égard représente un crime de lèse-majesté. Si je reconnais la majesté de Dieu ou la grandeur d’un homme juste, je récuse obstinément la majesté de n’importe quel courant de pensée. Dans ce domaine, toute omnipotence est effroyable, et bien avant d’être de droite, je défends la concurrence des idées : car la condition humaine est complexe, l’humain est divers, et la vérité n’appartient à personne. En ce moment de l’histoire, et pas seulement dans mon pays, c’est la gauche qui a perdu la trace de cette évidence élémentaire. Voilà pourquoi je crois que notre époque a besoin d’une refondation de la pensée de droite.
 
Et si vous voulez lire l'article en entier, cliquez sur le lien de la photo de son blog ci-dessus 
 


Chantal Delsol : Qu’est-ce que l’homme ?

Chantal Delsol est membre de l’Académie des sciences morales et politiques

Le livre Qu’est-ce que l’homme ? de la philosophe Chantal Delsol tente d’éclaircir la question humaine. Mortalité, société, éthique, enracinement, émancipation... autant de thèmes qui permettent de mieux comprendre la question de l’homme.

L’homme, inépuisable sujet, se trouve ici revu de manière plus moderne, sous forme de cours anthropologique. À partir de la première œuvre de littérature (qui remonte à -2650 ans avant J.-C.) jusqu’à nos jours, Chantal Delsol retrace les grandes lignes directrices qui fondent le caractère humain au travers de six thèmes : 
 
- La mortalité et la différenciation,
- Une société immortelle,
- Ethique : l’intuition universelle de la norme,
- La transmission,
- La relation et la distance,
- L’enracinement et l’émancipation. 

« L’homme se définit par sa condition même de mortel et sa lutte contre la mort. Sa propre fin, c’est le thème récurrent de sa vie, de sa peur ou de son bonheur. » 

En citant Socrate ou Aristote, Chantal Delsol nous livre les grandes interrogations de l’homme sur l’homme, et ceci depuis la nuit des temps. Ainsi, la peur de la mort est un thème régulier de nos sociétés humaines. Comment vaincre la mort, cet irrémédiable moment, signe de la fin de l’humanité ? En se perpétuant et en renouvelant les sociétés ! Le parallèle entre la mort chez l’homme et la mort dans la société s’avère être un point central car le besoin de se renouveler pour créer l’immortalité reste fondamental.

 « Le souci de la mort vaut aussi pour les sociétés et une société ne peut durer que par le souci des individus de laisser derrière eux d’autres êtres ». 

La peur de la mort se trouve adoucie par les religions qui aident à rassurer les mortels. 

Comment fonctionne l’homme ? À cette question, les chapitres sur la transmission, la relation et la distance ou encore l’enracinement et l’émancipation tentent de répondre. Pour Chantal Delsol, il n’y a aucun doute, le fondement même de l’homme s’exerce dans l’acte du don et celui de la dette car ils créent le lien. Elle n’est pas la première à l’observer. Pour appuyer sa thèse, elle reprend une citation du célèbre anthropologue 

Marcel Mauss : « Il est de la nature de la nourriture d’être partagée. Ne pas en faire part à autrui c’est tuer son essence, c’est la détruire pour soi et pour les autres ». 

L’homme ne serait rien sans autrui. Seul, qu’adviendrait-il ? Pour se faire, les actions de transmettre et de communiquer restent essentielles. Comment pourrait-il laisser une trace ? Quel serait le but de sa vie ?

L’homme, au delà de tout, doit se développer personnellement, fidèlement à son moi profond, tout en restant ancré dans ses racines. C’est cette dichotomie paradoxale qu’il faut comprendre comme une aventure profondément constitutive de l’homme. La volonté de s’arracher de sa condition fait partie de la condition humaine. L’émancipation signifie aussi la recherche d’un enracinement, certes adapté, mais ancré dans un destin anthropologique et culturel. 

Interrogatif, humain et sensible, ainsi se veut ce livre paru en 2008 aux éditions du Cerf
 
 
 
BIOGRAPHIE
Chantal Delsol, née en 1947 à Paris, est philosophe,
historienne des idées politiques, romancière, éditorialiste, professeur de philosophie politique à l’université de Paris‑Est et membre de l’Institut (Académie des sciences morales et politiques).
Elle est l’épouse de l’ancien ministre UDF Charles Millon. Elle dirige, depuis 2008, au Collège des Bernardins (Paris), l’Observatoire de la modernité.
Chantal Delsol est membre de l’Académie des sciences morales et politiques depuis le 18 juin 2007, élue au fauteuil précédemment occupé par Roger Arnaldez. Elle est philosophe, professeur et auteur de multiples ouvrages savants sur la politique, la justice, la République, l’Europe, la démocratie, bref sur tous les domaines qui se croisent au carrefour de la philosophie, des sciences politiques et de la sociologie des mentalités. 

QUELQUES LIVRES 
Parmi ses essais :
- Les Pierres d’angle. À quoi tenons-nous? (Cerf 2014).
- L’Âge du renoncement (Cerf, 2011).
- La Paresse et la Révolte (Plon, 2011). 
- L’Identité de l’Europe, avec Jean‑François Mattéi (PUF, 2010).
- Éloge de la singularité, essai sur la modernité tardive (La Table Ronde, 2000).
Parmi ses romans :
- Quatre (Mercure de France, 1998).

Comment l’Occident a quitté le holisme

Comment l’Occident a quitté le holisme
Pour l’université de la Rose blanche, Biarritz Août 2014
 

Paternité et Autonomie

Paternité et Autonomie

Simone Weil et le rejet des partis politiques

Simone Weil contre les partis politiques
publié dans Simone Weil, Philosophie, mystique, esthétique, sous la direction de Gizella Gutbrod, aux Archives Karéline

 

octobre 13, 2014

La vision libertarienne de la société est atomique par Paul Makamea?

L'Université Libérale, vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.

Avec la crise de confiance des Français dans la classe politique et à la faveur du mouvement d’opposition au mariage des homosexuels, une conscience politique nouvelle est en train de germer dans notre pays. Et particulièrement sur ce site, à titre de solution de replacement, des idées libertariennes sont professées et revendiquées.



Toutefois, à la suite de Karl Popper, je crois utile de passer ces idées au crible de la pensée critique pour les éprouver. Je confesse que le titre est provocateur et que ces propositions ont la forme d’un brûlot, mais que personne ne se sente insulté : vous voudrez bien pardonner à l’ingénieur de se livrer au petit jeu de la démarche de la sûreté de fonctionnement (méthode d’ingénierie qui consiste à tempérer l’enthousiasme du concepteur en pointant tout ce qui pêche ou risque de casser), et à l’homme d’exercer la charité fraternelle.



Parce qu’ils se trompent de cible
La vision centralisatrice de l’État sur laquelle ils se basent pour analyser son action et fonder leur réflexion, et qu’ils appellent d’ailleurs « État socialiste » (tout un programme!), est partielle et partiale. Critiquer l’interventionnisme de l’État et ses excès est bien sûr licite, c’est même salutaire. Mais ce n’est pas parce que le bébé a des défauts qu’il faut le jeter avec l’eau du bain. Ce n’est pas parce que l’État moderne est devenu un ogre qu’il faut rejeter par principe son action et lui nier le droit à l’existence. Ce n’est pas parce que l’État se mêle de ce qui ne le regarde peut-être pas – notamment dans le domaine économique, même si le principe se discute (cf. Thomas d’Aquin et d’autres chercheurs plus récents) – que l’État n’aurait pas par principe son mot à dire sur un certain nombre des aspects de la vie en commun. Il y a un rôle propre de l’État, il y a une dignité propre à l’organe (peut importe son nom) qui doit nécessairement régir un certain nombre des aspects de la vie commune, car l’homme est un être social (cf. le dernier point ci-dessous). Contenir par aversion le rôle de l’État à la portion congrue, c’est faire la même démarche que les laïcistes qui veulent oblitérer le fait religieux de la vie publique, c’est se comporter comme les puritains qui tolèrent le sexe (berk !) dans le mariage à la seule et unique fin de la procréation, niant par là sa fécondité intrinsèque pour le couple.

Disons, pour reformuler de manière moins provocatrice, que le problème, ce n’est pas l’État, c’est le but réel que servent les hommes qui le tiennent. Amputer l’État au prétexte de griefs à l’encontre de son action, c’est donc – d’un point de vue épistémologique – passer à côté de la problématique, c’est commettre un contre-sens.




Parce qu’ils évacuent une problématique clef de la vie politique moderne
La vie politique moderne est difficile à définir. Elle prétend répondre – selon le mot de Paul Valéry – à régler « les rapports de l’individu avec la masse des hommes qu’il ne connaît pas ». Nos sociétés occidentales répondent (imparfaitement, c’est le moins qu’on puisse dire) à ce défi par le biais du vote démocratique, qui repose sur l’anonymat général : la voix de n’importe quel citoyen en vaut un autre. En clair, la démocratie moderne ne connaît que les individus et non pas les personnes. Au contraire de l’oligarchie (ou plus précisément l’aristocratie, dans son acception classique) qui fait le choix inverse de ne connaître que la valeur des personnes. Mais quoi qu’il en soit, il faut répondre à cette question : comment fixer le rapport des hommes entre eux : délégation, répartition, représentation ? Sous prétexte de transposer la logique d’auto-régulation du marché dans la vie publique, le projet libertarien ne répond pas à cette problématique incontournable, mais l’escamote purement et simplement. Nier les problèmes, n’est-ce pas le trait même de l’idéologie ?

« La pensée libertarienne est en bonne partie née du mythe du colon américain, seul dans l’Ouest sauvage, avec sa famille et sa Winchester, under God. »

 

Parce que les solutions qu’ils proposent renforcent les défauts de la démocratie moderne en voulant les évacuer
Si on analyse les conclusions de Tocqueville sur les vices de la démocratie, on peut en retenir deux qui ont pour racine la montée de l’individualisme : la non-participation des citoyens aux élections (abstention) conduit mécaniquement à une oligarchie de fait (confiscation du pouvoir par une minorité malgré un formalisme démocratique), et judiciarisation de la société (le délitement du lien social amène les individus à faire arbitrer leurs différends par un autrui hypothétiquement neutre et impartial). Or, un projet de société libertarien consacre ces deux états de fait : en niant la légitimité d’une action proprement dédiée au vivre ensemble, c’est l’individualisme qui est inscrit dans les gènes même de cette société, on ne risque pas de créer de l’entraide, mais bien au contraire mécaniquement de voir pulluler les « tribus » et autres cercles d’intérêts occultes sur lequel plus personne n’aura de leviers si l’envie lui en prend ou si le devoir s’en fait sentir. De plus, les lois devant être ramenées – en nombre et en volume – au plus strict minimum, c’est un concept totalement anglo-saxon de jurisprudence qui viendra modeler l’ exercice de la justice. L’indépendance formelle de la justice qui est ainsi sanctuarisée dans une forme extrême consacrera de fait une caste de nouveaux druides qui seuls auront le pouvoir – dans toute l’étendue du champ de l’agir humain !, de modeler par leurs décisions le cadre de référence de la société. Et passons sur l’illisibilité juridique qui en résultera : on se plaint de notre jungle légale et administrative, que dire alors si la seule façon de trancher sera de se faire des procès ? On tombe en plein dans la pensée magique des peuples primitifs où pour qu’une chose soit, il faut qu’elle soit actée par un rite et une parole !




Parce que le modèle de société qu’ils appellent est fondé pour une bonne part sur un mythe et sur une culture historiquement et géographiquement déterminée
La pensée libertarienne est en bonne partie née du mythe du colon américain, seul dans l’Ouest sauvage, avec sa famille et sa Winchester, under God. Elle est totalement étrangère à l’expérience européenne, et notamment sa période médiévale dont ceux qui ont soif d’un humanisme vivifiant gagneraient beaucoup à étudier les aspects économiques et politiques de niveau local (voir les travaux, par exemple, de Régine Pernoud, ou de Raymond Delatouche in La chrétienté médiévale). Ce mythe, qui n’a jamais été une société réelle mais bien plutôt un état transitoire de fait dans la construction des États-Unis, éjecte hors de son champ d’analyse – je dirais même de conscience – les enjeux de la mondialisation réelle (je renvoie le lecteur curieux aux écrits de Paul Valéry, le seul penseur qui l’ai définie de façon lumineuse, pourtant avec plusieurs dizaines d’années d’avance, cf. Regards sur le temps présent). Si effectivement les idées politiques ressortent d’un ordre technique, donc a priori cosmopolite, le libertarianisme est né dans un monde protestant, et lui est totalement compatible. Et à la suite de Braudel, j’appelle à se méfier d’un volontarisme désincarné : une greffe culturelle ne peut pas aller à l’encontre des structures profondes d’une civilisation. Si la France est un alliage culturel extrêmement complexe et probablement unique, elle n’a – comme toute l’Europe du sud – pas « digéré » le protestantisme et sa vision très individuelle du Salut. On touche sans doute là à une de ces structures profondes qui, d’après Braudel, définissent les civilisations. Dans une perspective de temps long, la greffe libertarienne a toute les chances d’être rejetée de France.


Parce que le libertarianisme ne respecte pas la vérité ontologique de l’homme, être social
La vision libertarienne de la société est atomique, centrée sur la famille nucléaire, alors que l’homme est par nature un être social. Thomas d’Aquin, explorant la pensée d’Aristote, montre bien à quel point la définition ontologique de l’homme n’est pas épuisée par un individu : c’est toute l’humanité qui fait sa nature. Un projet social ou politique, en ce qu’il concerne l’homme, ne peut donc faire l’impasse sur le caractère intrinsèquement collectif de l’agir humain. La base même de la « partie » culturelle de l’être humain n’existe que dans un cadre collectif, et la famille et les relations inter-individuelles ne peuvent suffire à déployer tout les fruits du potentiel culturel de l’être humain. Le projet libertarien prive donc l’humain d’une partie de son être en puissance. Ainsi donc, de même que la dignité de l’être humain doit être manifestée envers et à chaque personne, elle doit être manifestée par la participation de chacun à la société en tant que société. Appliquer la théorie des avantages comparatifs aux individus pour espérer répondre à ce besoin est tout à fait réducteur. Chacun, en fonction de ses moyens et de ses capacités, doit pouvoir participer à la vie commune : c’est un des besoins fondamentaux dégagés par Simone Weil dans son grand-œuvre (L’Enracinement).

 

Parce que le libertarianisme organise la désertion du croyant de la poursuite politique du Bien commun
Pour finir, d’un point de vue catholique, à la suite des plus grands, on peut affirmer que le devoir des responsables politiques est d’organiser la Cité en vue de la vertu, afin de permettre à chacun de mener une vie qui le conduise au Salut. Cela suppose nécessairement une volonté agissante. Abandonner totalement la poursuite du Bien commun à une hypothétique « volonté » immanente qui résiderait dans l’agir des individus laissés à eux-même ou peu s’en faut, au prétexte que cette volonté incarnée dans des institutions faillit plus souvent qu’elle ne réussit, c’est faire preuve d’une singulière cécité à l’endroit du péché originel qui fait que seul, on fait quand même plus souvent des bêtises que devant autrui ; et c’est tout simplement s’interdire d’avoir une direction vertueuse des affaires si d’aventure des hommes bien formés arrivaient au pouvoir. Et j’en veux pour preuve que quasi toutes les écoles libertariennes ne tolèrent le concept d’église qu’à condition qu’elles ne soient pas de la forme catholique !

Pourquoi les libertariens ont tort

Par
 
*Paul Makamea est ingénieur conseil en management de grands projets.  ?????? inconnu.
Source: Nouvelles de France:Accueil
 
 

Libertarien

De Wikiberal:

Les libertariens sont des libéraux radicaux, opposés à l'État dans sa forme contemporaine. Pour eux, les pouvoirs de l'État devraient être extrêmement restreints (minarchisme), ou même supprimés (anarcho-capitalisme). Contrairement à l'idée libertaire, les libertariens ne sont pas pour une société gérée en commun, mais pour une société où les interactions entre les individus découlent de contrats librement consentis, conformément au Droit naturel et à l'axiome de non-agression.
Le terme anglais de libertarian (libéral) a un sens plus étendu que le terme français "libertarien", qui ne désigne à strictement parler que les minarchistes et les anarcho-capitalistes.
Cherchant à tout prix à insérer les libertariens dans une échelle droite/gauche on utilise parfois, pour les désigner, des expressions plus douteuses, comme "libéraux libertaires", ou des expressions inexactes, comme "anarchistes de droite". Ce que précisément ces expressions montrent, en fait, est que les libertariens échappent au clivage habituel droite/gauche




Historique

D'après Bertrand Lemennicier, la philosophie politique libertarienne naît avec les Levellers au milieu du XVIIe siècle pendant la révolution anglaise. En 1646, dans la prison de Newgate, Richard Overton, un des leaders parmi les levellers, écrit le pamphlet célèbre An arrow against all Tyrants. Cet écrit affirme haut et fort le concept de propriété de soi-même :
To every individual in nature is given an individual property by nature not to be invaded or usurped by any. For every one, as he is himself, so he has a self-propriety, else could he not be himself; and of this no second may presume to deprive any of without manifest violation and affront to the very principles of nature and of the rules of equity and justice between man and man. Mine and thine cannot be, except this be. No man has power over my rights and liberties, and I over no man's. I may be but an individual, enjoy my self and my self-propriety and may right myself no more than my self, or presume any further; if I do, I am an encroacher and an invader upon another man's right — to which I have no right.
Dans son Traité du gouvernement civil (1690), Locke affirme de la même façon :
§ 27. Encore que la terre et toutes les créatures inférieures soient communes et appartiennent en général à tous les hommes, chacun pourtant a un droit particulier sur sa propre personne, sur laquelle nul autre ne peut avoir aucune prétention. Le travail de son corps et l'ouvrage de ses mains, nous le pouvons dire, sont son bien propre. Tout ce qu'il a tiré de l'état de nature, par sa peine et son industrie, appartient à lui seul : car cette peine et cette industrie étant sa peine et son industrie propre et seule, personne ne saurait avoir droit sur ce qui a été acquis par cette peine et cette industrie, surtout, s'il reste aux autres assez de semblables et d'aussi bonnes choses communes. (traduction de David Mazel, en 1795)
Les libertariens sont les héritiers directs des libéraux classiques dont ils prolongent le libéralisme sans concession envers l'étatisme.

 

Origine du terme

L'histoire du mot « libertarien » est intéressante, car c'est la traduction en français de l'anglais « libertarian », lui-même traduction anglaise du français « libertaire ».
Déjà au début du siècle, le liberal party anglais, au pouvoir, avait dérivé vers de plus en plus d'étatisme, et de moins en moins de libéralisme. Ce changement de cap fut entériné dans les années 1920, où le très étatiste économiste Keynes se réclama comme liberal, en référence à la politique du parti liberal, et en rejetant explicitement la tradition de pensée libérale. Dans les années 1950, pour éviter le McCarthysme, les socialistes américains se sont massivement réclamés comme liberal, en reprenant la tradition keynésienne. Le mot liberal, aux États-Unis en étant venu à dire « socialiste », les libéraux américains (au sens original du terme) ont repris à leur compte le mot libertarian, qui aux États-Unis n'avait pas la connotation de gauche qu'il a en France. Le mot libertarian s'est depuis implanté en Grande-Bretagne (où il avait une connotation de gauche, comme en France), fort de toute la littérature libertarian déjà existante (ils n'allaient quand même pas ajouter à la confusion en créant un terme distinct en Grande-Bretagne !).
Cependant, à la même époque, dans les années 1970, Henri Lepage, en traduisant le terme libertarian, et en l'absence de littérature libertarian francophone, n'a pas voulu risquer l'amalgame avec les anarchistes socialistes, et a donc préféré utiliser « libertarien » plutôt que « libertaire ». Pour ajouter à la confusion, certains gauchistes ont néanmoins traduit libertarian par « libéral-libertaire », cependant que quelques rares libéraux revendiquent le mot « libertaire ». Les libertarian francophones du Québec, dans un pays où tout le monde est bilingue, ont repris le terme « libertarien », phonétiquement proche de l'américain libertarian, en France l'ADEL en a fait de même puisqu'il s'agit bien de l'association des Libertariens.
Le mot anglais libertarian, quant à lui, est attribué à Leonard Read, fondateur de la Foundation for Economic Education, pour se distinguer des néoconservateurs et des liberals socialistes.
Le mot « libertarien » donne lieu au néologisme « libertarianisme » - mot si inutilement compliqué que même ceux qui se revendiquent « libertariens » préfèrent parler de libéralisme pour nommer leur philosophie (ce en quoi certains libéraux non libertariens sont en désaccord). Certains utilisent aussi le terme « libertarisme ».
A noter que les autres langues latines (italien, espagnol, portugais) utilisent indifféremment les termes libertario / libertariano (libertarien) et libertarismo / libertarianismo (libertarisme).

 

Politique

Le libertarisme a une existence politique dans les pays anglo-saxons (libertarian party). Il échappe à un positionnement politique classique de par ses thèses qui le situent à la fois à gauche au plan des libertés individuelles (usage libre des drogues, liberté d'expression, liberté d'immigration, liberté sexuelle...) et à droite au plan des libertés économiques (respect de la propriété privée, libre-échange, suppression ou diminution drastique de la fiscalité...). Comme le dit Murray Rothbard : le libertarien ne voit aucune incohérence à être « de gauche » dans certains domaines et « de droite » dans d’autres. Au contraire, il considère que sa position est virtuellement la seule qui soit cohérente du point de vue de la liberté individuelle.
Les libertariens sont inclassables, et les personnes non averties (au moins en Europe, où les thèses libertariennes sont encore peu répandues) ont tôt fait de les classer, par ignorance, tantôt à l'extrême-gauche (anarchisme, refus des lois, défense intransigeante des libertés), tantôt à l'extrême-droite (liberté du port d'armes, défense intransigeante de la propriété et de l'entreprise privée, refus de l'assistanat étatique). Le libertarisme est en réalité anti-politique, pour lui la politique ne diffère pas de l'esclavagisme.

En quoi les libertariens diffèrent des libéraux

Même si le socle idéologique est commun, les divergences avec les libéraux sont nombreuses, et portent sur le rôle de l'État, la conception de la politique et de la démocratie, l'impôt, la loi, l'immigration, etc. (les articles cités explicitent les différences). Les libéraux considèrent habituellement les libertariens comme des libéraux "radicaux" voire extrémistes, les libertariens considèrent les libéraux non libertariens comme des "compagnons de route" qui ne sont pas allés jusqu'au bout de la logique libérale (en raison d'un trop grand respect envers l'État, ou d'une conception incomplète de ce qu'est le droit). Les libertariens, en comparaison avec les libéraux, ont de par leur logique propriétariste des idées très arrêtées sur ce que devrait être le droit dans une société libre.
Il est cependant impossible de tracer une frontière claire entre libertariens et libéraux (aux États-Unis, on emploie d'ailleurs le même terme dans les deux cas : libertarian). La différence est peut-être une question d'attitude : les libertariens déduisent leur position sur tout sujet de grands principes a priori tels que la non-agression, la propriété de soi-même ou le concept de droit naturel, avec le risque de tomber dans un certain dogmatisme (Rothbard est souvent cité comme l'exemple-type) ; les libéraux, eux, sont davantage attachés aux conséquences et adoptent un point de vue empirique (Hayek) ou utilitariste sans a priori. Comme le remarque un peu cruellement Virginia Postrel (an 18th-century brain in a 21st-century head) : la tradition déductive a défini l'identité libertarienne et son dogme, tandis que la tradition empirique a réalisé ses buts.

 

Points de désaccord entre libertariens

Même si les points de vue sur la réduction du rôle de l’État et l'importance des droits individuels et de la non-agression font l'unanimité, il existe plusieurs points de désaccord entre libertariens :

Libertariens "de droite" et libertariens "de gauche"

Certains auteurs, tels Peter Vallentyne, se fondent sur le désaccord quant à l'appropriation des ressources naturelles pour distinguer un libertarisme "de droite" et un libertarisme "de gauche" ([1]). Ainsi, Rothbard et Kirzner seraient des libertariens d’extrême droite, car ils admettent que n'importe qui peut s’approprier des ressources non encore appropriées. Nozick serait seulement "de droite", car il admet le proviso lockéen. Les libertariens georgistes (Henry George, Hillel Steiner) admettent l'appropriation des ressources naturelles non encore appropriées en contrepartie d'une location versée à un fonds social. Enfin les libertariens "égalitaristes" tels Peter Vallentyne exigent en outre le paiement d'un impôt sur tous les avantages reçus de cette appropriation ("taxation complète des avantages").
Les libertariens agoristes se considèrent également comme des libertariens de gauche, voire d'extrême gauche, parce qu'ils se considèrent comme "anti-establishment", aussi bien contre le socialisme que contre le conservatisme.
Aux États-Unis on parle également de conservatisme libertarien[1], résultant d'une convergence entre deux courants politiques proches, les conservateurs étant souvent en faveur d'un gouvernement limité et les libertariens ne rejetant pas les "valeurs conservatrices" ; Ron Paul ou Gary Earl Johnson seraient ainsi des "conservateurs libertariens", ou des "libertariens conservateurs".

 

Les réalisations libertariennes

Alors que les hommes politiques traditionnels s'emploient à créer des privilèges et des faux droits, les libertariens cherchent à mettre en œuvre leurs idées de façon concrète directement dans la société civile (et non par la coercition étatique) en créant des services utiles aux personnes, visant à promouvoir l'autonomie individuelle. On peut citer les exemples suivants :
  • Wikipédia est une encyclopédie coopérative d'inspiration libertarienne, créée par Jimmy Wales ; c'est une bonne illustration du concept contre-intuitif d'ordre spontané ;
  • Bitcoin est une monnaie virtuelle décentralisée, créée par des libertariens partisans de la concurrence monétaire ;
  • les projets d'états libertariens, encore utopiques, pourraient un jour aboutir à des réalisations concrètes, soit par la voie politique (Free State Project), soit ex nihilo (seasteading, villes privées) ;
  • certains libertariens se sont spécialisés dans le survivalisme et partagent leurs expériences ;
  • les philanthropes libertariens (par exemple Peter Thiel) financent divers projets liés à la cause libertarienne.

Un pays pour les libertariens

Aucun pays existant ne pouvant convenir aux libertariens, ces derniers ont le choix entre militer dans leur propre pays pour davantage de liberté, ou, quand c'est possible, partir pour des pays plus libres (comme certaines micronations en Europe, Amérique ou Asie), ou encore construire à partir de zéro un tel pays. Les projets ont été très nombreux, mais aucun n'a encore véritablement abouti. Parmi les anciens projets :
  • la Principauté de Minerva, fondée en 1971 par un activiste libertarien de Las Vegas, Michael Oliver, sur les récifs de Minerva, à 500 km au sud-ouest du royaume de Tonga. Cependant, en 1972, les îles Tonga ont annexé Minerva. Le territoire est actuellement revendiqué par la Principauté de Minerva (gouvernement en exil) ainsi que par les îles Fidji.
  • la Principauté de Freedonia, créée en 1992. Le but ultime était de créer une nation libertarienne souveraine. Après un essai infructueux en Somalie en 2001, le projet a été abandonné.
  • Oceania, The Atlantis Project, projet libertarien de ville flottante, abandonné en 1994. Son auteur s'est tourné vers un projet humanitaire plus ambitieux, Lifeboat Foundation.
  • la Principauté de Sealand (ancienne plate-forme militaire de l'armée britannique, construite au large de l'estuaire de la Tamise dans les eaux internationales) est un exemple de micronation réussie (mais non libertarienne, et de plus absolument minuscule) dont les libertariens pourraient s'inspirer dans leurs projets futurs.
  • le projet Limón REAL est un projet de province autonome libertarienne au Costa Rica, conduit par Rigoberto Stewart.
A ce jour, le projet le plus abouti est le Free State Project, qui vise à regrouper 20000 libertariens dans l'État du New Hampshire, de façon à exercer une pression politique forte en direction du libertarisme. Une variante du projet a choisi l'État du Wyoming. Leur clone européen, "European Free State", a été pour le moment abandonné.
Le seasteading est vu comme une possibilité futuriste d'établir des communautés libertariennes en-dehors des états, sur des territoires très grands et non encore étatisés : les eaux internationales.
 


 

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