octobre 22, 2014

Le terme "libéral" banni - LA FAILLITE DU CRYPTO-LIBÉRALISME par Faré !

L'Université Libérale, vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.

 Un libéralisme timoré

Alain Madelin est un authentique libéral; il est d'ailleurs le seul homme politique d'envergure à l'être en France. La chose est certaine pour ceux qui le connaissent en privé, ou qui savent lire entre les lignes de son discours politique. Cette chose est inconnue du grand public, qui n'a de toute façon aucune idée de ce qu'est vraiment le libéralisme.
Pour cette élection, le principal atout que Madelin s'était donné était d'avoir développé un programme d'action précis sur ce qu'il ferait quand il serait au pouvoir. Alain Madelin a pu au cours de la campagne montrer comme ses idées étaient réalistes et pratiques; mais comme il était visiblement le seul des candidats qui semble avoir sérieusement réfléchi à la chose, ses propos semblaient hors-sujet dans le reste de la campagne électorale.
 
Cependant, le point clef est que son programme reposait tacitement sur les idées et valeurs libérales comme seules justifications; or, Alain Madelin, par un choix tactique, de peur d'être impopulaire, s'est refusé à exposer ou argumenter en public ces idées et valeurs libérales, au point d'éviter systématiquement l'emploi même du mot « libéral » en public. C'était là la méthode idéale pour convaincre les convaincus, et ne convaincre qu'eux. On a vu qu'ils étaient peu nombreux.
 
Cette renonciation à défendre ouvertement les idées libérales est caractéristique de la stratégie d'Alain Madelin, depuis toujours: l'alliance avec les conservateurs et l'évitement du débat d'idées. Depuis plus de vingt ans, Madelin a décidé de jouer le jeu du clivage gauche/droite et de pencher à droite, alors même que le libéralisme par essence ne se place pas sur cet axe, mais en haut de l'axe libertaire/autoritaire sur le losange politique(1).
 
Dans cette alliance contre-nature entre le libéralisme et son ennemi historique originel qu'est le conservatisme protectionniste, Madelin a cherché à ne pas trop se compromettre; il a même tenu à préserver son honneur privé (pour ne pas dire son amour propre), en préférant démissionner que d'appliquer une politique complètement contraire à ses idées. Mais il n'en a pas moins accepté d'avaler moult couleuvres, et de n'avoir d'opposition aux conservateurs que mezzo voce.
 
Cette soumission, il a accepté de s'y plier à nouveau à l'occasion de la récolte des fameuses 500 signatures nécessaires à sa candidature. Or les électeurs ne sont même pas au courant de son futile honneur privé, geste d'un moment qu'il n'a jamais osé exploiter médiatiquement; ils ne voient que son allégeance publique indéfectible envers les partis conservateurs.
 
Alain Madelin semble craindre l'isolement et l'impopularité, plus qu'il ne souhaite l'avancement de ses idées. Il a peur d'effrayer ses alliés et la moitié de ses troupes en étant radical. Il a peur de traverser le désert, et accepte donc le joug de l'opinion et les humiliations de ses alliés de circonstances. C'est ce sentiment négatif, cette peur, qui l'empêche de se lancer dans le débat d'idées. Et c'est ainsi qu'il abandonne la seule chose qui puisse donner de la valeur à son combat, qui est aussi la seule chose qui aurait jamais pu lui valoir l'estime du public: la dignité de défendre ses idées. Car il ne faut pas prendre les électeurs français pour des c..., cela, ils ne le pardonnent pas. Ils savent estimer une personne franche et courageuse (Arlette), même quand ils ne partagent pas vraiment ses idées dont ils savent qu'elles ne tiennent pas la route. Ils n'estimeront jamais une personne qui n'ose pas défendre ses idées au grand jour.

L'exemple de Bastiat: faire campagne pour des idées
Frédéric Bastiat, un auteur que Madelin connaît et admire, faisait campagne, pour un autre ou pour lui-même, à toutes les élections qu'il pouvait, depuis 1830. Cependant il ne le faisait pas dans l'espoir d'être élu, il le faisait pour promouvoir ses idées. Ses campagnes ne consistaient pas en de la propagande démagogique, des promesses électorales, des effets de marketing; elles étaient au contraire, un énoncé clair de ses convictions, un éclaircissement des principaux malentendus concernant ses idées et son engagement(2).

« La carrière de Bastiat démontre qu'il est possible de faire avancer ses idées en faisant campagne politique. Mais pour cela, il faut savoir renoncer à l'espoir de victoires électorales à court terme. »
 
Son espoir n'était pas de se faire élire d'abord par la démagogie, pour appliquer une fois élu un plan secret conforme à ses idées; il était de faire connaître et partager ses idées et ses valeurs. Inlassablement, et surtout après qu'il commençât à acquérir une certaine notoriété en 1844, Bastiat écrivit, publia, pour défendre ses idées, débattant par presse interposée avec les protectionnistes et collectivistes les plus en vue de l'époque, donnant des conférences dans tout le pays pour faire avancer la cause qui était la sienne.
 
S'il avait peu de succès et d'audience au début, sa ténacité et sa constance portèrent leurs fruits, puisque Bastiat fut finalement élu à l'Assemblée en 1848 et en 1849. Parlementaire, il ne s'assit pas plus parmi les protectionnistes que parmi les collectivistes, et siégea donc à gauche, la majorité étant conservatrice. Il ne vota jamais par alliance électorale, mais toujours selon ses idées. Sa carrière fut malheureusement interrompue par sa mauvaise santé et son décès prématuré en 1850(3).
 
La carrière de Bastiat démontre qu'il est possible de faire avancer ses idées en faisant campagne politique. Mais pour cela, il faut savoir renoncer à l'espoir de victoires électorales à court terme, et travailler sur le long terme: 15, 20 ans. Il faut savoir défendre des idées justes mais impopulaires, pendant longtemps, jusqu'à ce qu'elles aient fait leur chemin dans la tête des citoyens électeurs. Les victoires à court terme sont impossibles de toute façon, et les moyens qu'on consentirait à user pour les obtenir auront des effets secondaires terriblement néfastes, qui corrompraient tout succès superficiel en un profond désastre.
 
Madelin, au contraire, a choisi la voie du compromis soi-disant réaliste; reconduisant d'année en année des alliances tactiques à court terme, il n'a trouvé que la voie de la compromission. En refusant de diffuser ses idées et les faire avancer, il croit qu'il sera plus facile de réaliser leurs conséquences, mais il se leurre, car les électeurs rejettent et rejetteront toujours ces conséquences qui vont contre leurs préjugés, et dont il refuse de défendre les seules justifications sur le plan des principes. Il croit se prémunir contre la défaite, il ne fait que l'accélerer, la rendre plus complète. Il croit faire de la realpolitik, il ne fait que perdre son âme. Madelin est un Lorrenzaccio qui n'aurait même pas tué Alexandre. 
Ne le plaignons pas d'avoir raté; plaignons-le d'avoir essayé.

1. Voir le plus petit test politique du monde sur le site des Advocates for Self-Government ou en version française sur le site de Christian Michel>>
2. On peut trouver sur bastiat.org les professions de foi électorales de Bastiat, qui sont des chefs d'oeuvres de littérature politique.  >>
3. Ce décès de Bastiat fut bientôt suivi par celui de plusieurs autres grands libéraux parisiens, et par la censure ou l'exil des autres, sous le joug de Napoléon le petit.  >>

ALAIN MADELIN, OU LA FAILLITE DU CRYPTO-LIBÉRALISME
 
par François-René Rideau
Source QL

Crypto-libéralisme

De Wikiberal
Le crypto-libéralisme (néologisme créé en 2002 par Faré) désigne la doctrine, ou l'attitude, qui consiste à défendre des idées contraires au libéralisme, mais en agissant ou en promouvant des politiques en accord avec le libéralisme. Quelques exemples de crypto-libéralisme :
  • refus des règles et lois sous couvert de revendication de liberté, en ne dissociant pas les libertés des individus de celles des opérations marchandes
  • dénonciation des mécanismes d'équilibrage et de justice sociale
Faré décrit ainsi la conduite d'un homme politique crypto-libéral, tel qu'Alain Madelin :
Reconduisant d'année en année des alliances tactiques à court terme, il n'a trouvé que la voie de la compromission. En refusant de diffuser ses idées et les faire avancer, il croit qu'il sera plus facile de réaliser leurs conséquences, mais il se leurre, car les électeurs rejettent et rejetteront toujours ces conséquences qui vont contre leurs préjugés, et dont il refuse de défendre les seules justifications possibles sur le plan des principes. Il croit se prémunir contre la défaite, il ne fait que l'accélérer, la rendre plus complète. Il croit faire de la realpolitik, il ne fait que perdre son âme.
Certains parlent aussi (par opposition avec ce qu'on appelle "ultralibéralisme") d'infra-libéralisme, « libéralisme cauteleux, honteux, subreptice »[1].

Increasingly used label for a core group of liberals who call talk shows and write letters to the editor pretending to be Republicans. A method of trolling popular among left-wing Democrats who believe conservative Republicans are all gun-totin, Bible-thumpin, inbred monobrows who won't detect the fact they are being trolled.

Crypto-liberals will claim they used to be Republicans, back when 'all Republicans were moderates', i.e., before the Tea Party "took over".
Caller: "Yep, we Republicans invented nationalized health care, but the Teabaggers took over, but I still consider myself a Republican."

Hannity: Get off the Phone, yer a crypto-liberal.

Steve: "Naw, Urban Dictionary won't accept 'Crypto-liberal'...they're too politically correct."

Bob: "That's true...they hate those right wing Bible-thumpers." 
 Crypto-libéralisme
Le libéralisme est une doctrine de philosophie politique qui affirme la liberté comme principe politique suprême ainsi que son corollaire de responsabilité individuelle, et revendique la limitation du pouvoir du souverain.

Le mot libéralisme fait son apparition au début du XIXe siècle. Les racines du libéralisme sont plus anciennes. L'opposition à l'absolutisme du souverain s'est développée dans l’Europe des Lumières (XVIIIe siècle), mais aussi auparavant par la scolastique de l'École de Salamanque (XVIe siècle) faisant obligation morale au souverain de respecter les droits fondamentaux de chaque être humain au motif de sa nature de créature de Dieu, ou plus anciennement par les chartes médiévales (telles la Magna Carta) introduisant des droits fondamentaux dont le respect est exigé du souverain, ou encore par certains pans de la philosophie thomiste, eux-mêmes précédés par le principe de justice naturelle d'Aristote. La date des débuts formels du libéralisme ou de ses composantes politiques, économiques ou religieuses diffère selon les auteurs. De nombreux auteurs font commencer le libéralisme avec la Lettre sur la tolérance de John Locke (1689) qui complète les racines préexistantes.

Le libéralisme repose sur l’idée que chaque être humain possède des droits fondamentaux qu'aucun pouvoir n'a le droit de violer. En conséquence, les libéraux veulent limiter les obligations sociales imposées par le pouvoir et plus généralement le système social au profit du libre choix de chaque individu. La question de l'articulation entre « libéralisme économique » et « libéralisme politique » reçoit des réponses variées,,.

Le libéralisme prône la liberté d'expression des individus, dans le domaine économique, l'initiative privée, la libre concurrence et son corollaire l'économie de marché, et d'autre part, dans le domaine politique, des pouvoirs politiques encadrés par la loi librement débattue, un État de droit et des contre-pouvoirs.

Au libéralisme classique fondé davantage sur la liberté en tant que droit négatif (protection contre la coercition directe du souverain), s'oppose parfois le libéralisme social fondé sur la liberté en tant que droit positif (protection exigée du souverain contre la misère matérielle ou la pression morale communautaire, quitte à accorder au souverain un droit de coercition sociale à cette fin). Ainsi le libéralisme peut se manifester de façon forts diverses, voire opposées. Le libéral peut être suivant le cas celui qui exige de l'État qu'il brise une tradition qui contraint la liberté de l'individu (caste, statuts, discriminations et privilèges…), celui qui défend la liberté de pratiquer une religion ou une tradition, celui qui demande que l'État intervienne pour redonner une véritable capacité d'action économique (bridée par un monopole, la pauvreté, le manque d'éducation, de crédit ou autre), ou encore celui qui s'oppose à l'intervention du pouvoir (dans le respect de l'initiative privée, de la libre concurrence, de l’égalité de traitement…).

Les limites à fixer à l'action de l'État, ainsi que les modalités de l'action publique, notamment aux rôles respectifs de l'action administrative et de la loi, sont donc sujets à débat au sein même du libéralisme. La plupart des libéraux considèrent que l'action de l'État est nécessaire à la protection des libertés individuelles, dans le cadre de ses fonctions régaliennes, et nombre d'entre eux (comme Adam Smith, Raymond Aron, Karl Popper ou Benedetto Croce) acceptent et même recommandent certaines interventions de l'État dans l'économie, notamment en matière de contrôle et de régulation. À l'opposé, les libertariens de tendance anarcho-capitaliste refusent à l'État toute légitimité dans quelque domaine que ce soit.

Ceci est un extrait de l'article Crypto-libéralisme de l'encyclopédie libre Wikipedia.




Par Ayn Rand (1964),  réédité dans Capitalism: The Unknown Ideal  (1967)



Parmi les nombreux symptômes de notre faillite morale contemporaine,  la conduite des soi-disant
« modérés » à la Convention Nationale Républicaine a été un sommet, en tous cas à ce jour.  
C'était une tentative pour institutionnaliser la délation comme moyen de la politique nationale :  

pour extraire cette délation de l’égout particulier aux journalistes marrons  et l’élever au pinacle d'une motion publique à inclure au programme d’un parti politique.

Ce que ces « modérés »-là exigeaient,  c’était une répudiation de « l'extrémisme »,  sans définition aucune de ce terme.  Plusieurs fois mis au défi de définir ce qu'ils entendaient par l’« extrémisme », ils ont fait semblant de ne pas entendre ;  l’anathème leur tenant lieu d'identification,  ils ont maintenu  le débat au niveau de la perception brute,  se refusant à évoquer aucune des abstractions ou principes plus généraux qui étaient en cause ; accablant d’injures un petit nombre de groupes,  ils refusaient de laisser savoir suivant quels critères ils les avaient choisis.

Pour le public ,  la seule chose clairement perceptible c’était cette succession de visages hargneux et de voix hystériques qui hurlaient à la mort  pour dénoncer « les marchands de êne »  et pour exiger « la tolérance ».

Lorsque les gens ont sur un sujet des convictions véhémentes  mais se refusent à nommer celui-ci,  lorsque le  but pour lequel ils se battent  férocement  paraît incohérent et inintelligible,  alors on peut être certain que leur objectif réel  ne supporterait pas  qu’on l’expose publiquement.

C’est par conséquent ce que nous allons entreprendre de faire.

Tout d'abord,  observez l'incongruité particulière des objets concrets que les « modérés » s’étaient choisis cibles de leur haine :  « le Parti communiste, le Ku Klux Klan et la John Birch Society  ».  Si l’on tente, par abstraction,  d’en extraire l'attribut commun,  le principe, qui permettrait de mettre ensemble ces trois congrégations,  on trouve rien  -- ou rien qui soit plus spécifique que « mouvement politique ».  A l’évidence, ce n'est pas là ce que les « modérés » avaient à l'esprit.

Arrivés là,  les « modérés» gronderaient alors que leur attribut commun serait qu’ils sont « mauvais ».  Mauvais ?  Très bien ;  en quoi ?

Le Parti communiste est coupable de l’assassinat massif d’innombrables millions dispersés
sur tous les continents du globe.  
Le Ku Klux Klan s’est rendu coupable du meurtre de victimes innocentes par l’émeute et le lynchage.  
Mais la John Birch Society ,  de quoi est-elle coupable ?

La seule réponse qu’on ait pu tirer de ces « modérés » a été :
 
« ils ont accusé le général Eisenhower d'être communiste ».

A cette accusation-là,  la pire qualification pénale que l’on puisse imaginer d’appliquer est celle de « calomnie ».  Laissons de côté le fait que la calomnie est ce à quoi  tout opposant à l’étatisme pseudo-démocrate et socialiste  est chroniquement exposé dans les débats publics.  Convenons que la calomnie est une grave infraction  et posons alors la question,  une seule: en tant que mal,  la calomnie mérite-telle vraiment qu’on la place dans la même catégorie  que la conduite du Parti communiste  ou celle du Ku Klux Klan ?

Allons-nous considérer  le génocide,  le lynchage  et la diffamation comme des  maux d’une égale gravité ?
Si vous entendiez un individu déclarer :

« Je suis tout aussi opposé à la peste bubonique,  au jet d'acide  au visage des gens,  et aux récriminations de ma belle-mère »,

ne pourriez-vous pas en conclure  que ladite  belle-mère  est le seul objet de son hostilité,  et l’extermination d’icelle son unique objectif ?

Le même principe s'applique à l’un et l’autre exemple  d’une seule et même technique.

Personne,  s’il s’opposait vraiment au Parti communiste et au Ku Klux Klan,  ne prendrait leur criminalité à la légère  au point de les fourrer dans le même sac   qu’une organisation confuse et vaine,  dont le prétendu crime,  au pire,  pourrait être le fait,  irresponsable et irréfléchi,  d’avoir porté des accusations non prouvées voire calomnieuses.

Qui plus est,  le Parti communiste en tant que tel  n'est pas un thème de campagne,  pas plus pour les Républicains que pour les Démocrates  ni pour l'électorat en général :  de nos jours quasiment tout le monde dénonce le Parti communiste  et personne n'a besoin de l’assurance d’un rejet en bonne et due forme.

Quant au Ku Klux Klan ce n’est pas pour les Républicains qu’il est une question,  ni un problème ;  ses membres, traditionnellement,  sont Démocrates ;  et que les Républicains prétendent refuser leurs voix  serait comme s’ils répudiaient le vote de Tammany Hall[1],  ce qu’il ne leur appartiendrait pas,  à eux,  de faire.

Cela ne laisse plus que la John Birch Society  comme thème crédible  pour une convention républicaine.

Et c’était là la vraie question  -- mais dans un sens plus profond  et plus tordu encore  
qu'il n'y pourrait sembler  à première vue.

En effet,  la vraie question n'était pas la John Birch Society  en tant que telle :  

cette association-là  n’était qu’un prétexte misérable,  choisi par les « modérés » pour s’en prendre délibérément  à des cibles bien moins faciles  et à des victimes bien plus importantes.

Notez qu’à la Convention Républicaine,  tout le monde semblait parfaitement comprendre à quoi tendait cette polémique  sur l'« extrémisme»,  mais personne ne s’est résolu à le nommer expressément.  La dispute s’est faite en termes d'« amalgames » monstrueux,  indéfinis,  comme si les mots n’étaient que des approximations  destinées à évoquer une question  que personne n'osait poser expressément.
Ce spectacle-là donnait l'impression d'une lutte à mort  menée dans le flou le plus complet.

La même ambiance domine la controverse publique qui fait aujourd'hui rage  sur cette question.

Les gens se disputent sur l'« extrémisme »,  comme s'ils savaient ce que le mot veut dire,  
et pourtant il n’y a pas deux déclarations qui s’en servent  dans le même sens  
ni deux locuteurs  qui semblent parler du même sujet.

S’il y avait jamais eu une Confusion des Langues,  en voilà une,  assurément.

Et veuillez noter que c'est là un élément important de l’enjeu :

il est de fait que  la plupart des gens ne comprennent pas le sens du mot « extrémisme » :  ils ne font que le ressentir.  Et ce qu’ils ressentent,  c’est qu’ils se font mener en bateau  par un procédé qu’ils n’arrivent pas à appréhender.

Pour comprendre  ce que l’on fait  et comment on le fait,  examinons quelques manifestations antérieures de la même technique.

Un exemple à grande échelle,  dans les années 1930,  avait été l'introduction du mot  « isolationnisme » dans notre vocabulaire politique.
C’était là un terme péjoratif,  qui sous-entendait  quelque chose de mal,  et qui n'avait pas non plus de définition claire ni explicite.

On s’en servait  pour confondre deux notions :  l'une prétendue,  l'autre authentique — afin de pouvoir vouer l’une comme l’autre à l’anathème.

Le sens prétendu se définissait à peu près comme ceci :

« l’isolationnisme est l'attitude d'une personne  qui ne s’intéresse qu’à son propre pays et ne se soucie pas du reste du monde ».

Le sens véritable était : « le patriotisme et le souci de  l'intérêt national ».

En effet,  que veut dire  exactement,  « se soucier du reste du monde » ?
Comme personne ne pouvait soutenir l’affirmation  comme quoi l'état du monde  n'aurait été d'aucun intérêt pour le pays,  le terme d’« isolationnisme » était un faux nez que l’on plaquait,  pour la défigurer,  sur la position de ceux qui se souciaient des intérêts de ce pays.

Ce dont il s’agissait, c’était de remplace le concept de patriotisme par celui d’« isolationnisme » pour l’éliminer de la discussion publique ;  et dans la classe politique,  on aurait du mal  à faire le décompte  de tous les éminents patriotes qui furent couverts de boue,  réduits au silence puis éliminés  en leur collant cette étiquette.

Puis,  par un glissement progressif,  imperceptible,  c’est la véritable raison d’être de cet étiquetage  qu’on a imposée :  on est passé du « souci des autres »  à celui de « sacrifice pour autrui »,  et le résultat final est une conception de la politique étrangère qui,  à ce jour,  est en train de démolir les Etats-Unis -- l’idée suicidaire comme quoi  notre politique étrangère  devrait être guidée,  non par des considérations d'intérêt national,  mais par le souci de l'intérêt et du bien de la planète,  c’est-à-dire  de tous les pays  sauf le nôtre.

À la fin des années 1940,  un autre concept inventé a été injecté dans les artères de notre culture :  le « Mac Carthysme ».

Une fois encore,  le terme était péjoratif,  sous-entendant quelque mal insidieux,  et sans aucune définition qui soit claire.  Son sens prétendu était :  

« accusations infondées,  persécution et discrédit jeté  contre des victimes innocentes ».

Son sens véritable était :  « anti-communisme »

On n’a jamais établi  que le sénateur McCarthy  ait jamais porté des allégations sans preuves[2],  mais l'effet de ce terme  a été d'intimider et de faire taire dans le débat public.  Toute dénonciation sans concession  du communisme ou des communistes a été,  et demeure,  stigmatisée par une accusation de « Mac Carthysme ».  La conséquence en est que  toute opposition  et toute dénonciation publique de l’infiltration communiste a pratiquement disparu de notre scène intellectuelle (je dois mentionner que je ne suis pas des admiratrices du sénateur McCarthy,  mais certainement pas  pour les raisons impliquées par ce déferlement de boue.)

Maintenant,  examinons ce terme d’« extrémisme ».

Son sens prétendu serait le suivant : « l'intolérance,  la haine,  le racisme,  le sectarisme,  les théories farfelues,  l'incitation à la violence. »  

Son sens véritable est :  « la défense du capitalisme »

Observez  la technique mise en œuvre  dans les trois exemples.  Elle consiste à créer un terme artificiel,  inutile,  et inutilisable (en raison),  et qui est là pour supplanter certains concepts légitimes que l’on veut oblitérer – un terme qui  a l’ait d’être un concept,  mais constitue en fait un « amalgame » d’éléments disparates,  incongrus ou contradictoires  saisis en dehors de tout ordre ou contexte  logique et conceptuel,  « amalgame » dont la caractéristique qui prétend (fait mine de)  le définir  n’est jamais essentielle[3].

C’est dans dernière caractéristique que réside  l'essence de la tromperie.

Je vous rappelle que la raison d’être d’une définition  est de distinguer de tous les autres existants  les objets réunis dans un concept donné ;  il s’ensuit que la caractéristique qui les définit  doit toujours être la caractéristique essentielle,  celle qui permet le mieux de les distinguer de tout le reste[4].  Aussi longtemps que les êtres humains se serviront du langage,  c’est comme cela qu’ils en useront ;  il n'y a pas d'autre manière de communiquer.

Et si un individu  accepte un terme  défini par des traits non essentiels,  son esprit va leur substituer  la caractéristique essentielle des objets  que celui-ci prétend désigner.

Par exemple,  « souci (ou désintérêt)  pour le reste du monde » n'est pas une caractéristique essentielle pour aucune théorie des relations internationales.

Quiconque entend le terme d’« isolationnistes » à propos  d’un certain nombre d'individus, il va constater que la caractéristique essentielle  qui les distingue des autres  est le patriotisme, et il en conclura que l'« isolationnisme »  veut dire le « patriotisme »,  et que le patriotisme c’est mal.  Ainsi,  c’est le véritable sens du terme qui remplacera,  automatiquement,  son sens prétendu.

Si un homme entend le terme de « Mac Carthysme»,  il va constater que la caractéristique la plus connue  qui distingue le sénateur McCarthy  des autres personnalités publiques  est sa position anti-communiste,  et il en conclura que l’anticommunisme serait mauvais.

Si un homme entend le terme d’« extrémisme », et qu’on lui en présente comme exemple  le visage inoffensif de la John Birch Society ,  il constatera  que sa caractéristique la plus connue est qu’il est « de droite»,  et il en conclura que la «  droite » est mauvaise  -- aussi mauvaise que le Parti communiste et le Ku Klux Klan  (la « droite » est désormais en soi un terme vague,  mal défini,  excessivement trompeur ;  mais dans l'usage populaire d'aujourd'hui,  on  tient encore qu’il signifie la  « défense du capitalisme »).

Voilà à quoi servent les étiquettes infamantes qu’on invente aujourd’hui,  voilà par quel processus elles détruisent le sens du discours public,  rendant impossible  la discussion rationnelle des questions politiques.

Les mentalités mêmes qui ont inventé l’« anti-héros » pour abaisser les héros,  et l’« anti-roman » pour détruire le romans,  fabriquent des « anti-concepts » pour détruire les concepts.

Le but des « anti-concepts »  est d'oblitérer certains concepts  sans discussion publique  et, en tant que moyen visant à cette fin,  de rendre inintelligible le débat public,  et de provoquer la même désintégration  dans l'esprit de toute personne qui les accepte,  la rendant incapable d’une pensée claire et d’un jugement rationnel.

Aucun esprit n’est meilleur que la précision de ses concepts (cela, je le rappelle à l’intention particulière  de deux catégories d’individus  qui contribuent activement et délibérément  à la diffusion des « l'anti-concepts » :  

les universitaires dans leur tour d’ivoire  qui prétendent que les définitions seraient  affaire de caprice ou de convention sociale arbitraires,  de sorte qu’il ne saurait y avoir de bonnes ni de mauvaises définitions,  et les « hommes de terrain »   qui s’imaginent qu’une science aussi abstraite que l'épistémologie  ne saurait avoir aucun effet sur les événements politiques du monde).

De tous les «anti-concepts »  qui polluent l’atmosphère de notre culture, l'« extrémisme » est le plus ambitieux  dans son étendue et dans ses implications ;  il va bien au-delà du politique.

Examinons-le donc en détail.

Pour commencer,  l'« extrémisme » est un terme qui,  en soi,  ne veut rien dire.

Le mot « extrême » ne signale qu’une relation :  une certaine mesure,  
un certain degré.  Le dictionnaire en donne les définition suivantes :

« Extrême,  adj.

-1 :  d'un caractère ou d’un type les plus éloignées d’un ordinaire ou d’une moyenne.
-2. « d’un degré très grand voire excessivement grand ».

Il est évident que la première question à poser,  avant d'utiliser ce terme,  est :  
un degré de quoi ?

Répondre :  « de tout et de n’importe quoi »,  et proclamer que tout extrême serait mauvais parce que c’en est un  -- tenir pour un mal en soi  le degré auquel une caractéristique se manifeste, quelle que soit sa nature,  est  (nonobstant tout aristotélisme mal digéré) une absurdité.  Les mesures,  en tant que telles,  n'ont aucune implication normative – et n’en acquièrent que par la nature de ce qui est mesuré.

Est-il également indésirable d’être en très bonne ou en très mauvaise santé ?  
L'intelligence extrême et l'extrême stupidité,  l’une et l’autre également « éloignées  de l'ordinaire ou de la moyenne »,  tout aussi misérables ?
L'honnêteté et la malhonnêteté extrêmes sont-elles également immorales?  
Un homme extrêmement vertueux  et un autre extrêmement dépravé  sont-ils aussi mauvais l’un que l’autre ?

Ces absurdités-là,  on peut en multiplier les exemples à l’infini,  en particulier dans le domaine de la morale  où seul la vertu à un degré extrême (c.-à-d., sans tache et sans compromis)  peut à juste titre passer pour de la vertu  (quel est le jugement moral sur un individu « modérément intègre » ?)

Mais « ne perdez-pas votre temps à examiner une folie :  demandez-vous seulement quels vont être ses effets[5]. »  

Quels effets l'« anti-concept » de « l'extrémisme » est-il censé avoir dans la vie politique?

La question politique fondamentale,  cruciale,  de notre époque est :  capitalisme contre socialisme,  ou liberté contre étatisme.

Pendant des décennies,  cette question-là a été réduite au silence,  occultée,  masquée,  et perdue sous le brouillard de termes non définis,  indéfiniment élastiques de la « droite » ou de la « démocratie »,  qui avaient perdu leur sens originel et pouvaient se déformer pour signifier tout ce qu'on veut pour n'importe qui.

L'objectif des « démocrates »,  qui ressort de  ce qu’ils font depuis des décennies,  est d’imposer à ce pays le socialisme de redistribution  par des mesures simples,  concrètes, spécifiques,  pour accroître pas à pas le pouvoir des hommes de l’état,  sans jamais permettre à aucun de ces pas  de se traduire expressément par des principes,  sans jamais permettre qu’on identifie vers quoi ils mènent  ni que jamais on ne pose la question.  
Il fallait donc que l’étatisme s’impose,  non par l’élection  ni par la violence,  mais par un pourrissement lent --  par le long processus du refus de nommer la réalité,  la corruption épistémologique conduisant au fait accompli  (l'objectif de la « droite » n’étant que de retarder ce processus).

Le programme des « démocrates »  nécessitait  que le principe du capitalisme fût oblitéré -- non pas simplement comme s'il ne pouvait plus subsister,  mais comme s’il n'avait jamais été là.  Il fallait salir,  falsifier,  déformer la véritable nature du capitalisme,  ses principes et son histoire et par conséquent les exclure  du débat public  -- parce que le socialisme n'avait  pas gagné,  et qu’il ne peut pas gagner  dans une discussion ouverte,  sur un marché des idées qui ne soit pas truqué,  pas plus en termes de logique  que d’économie,  de morale  ni de résultats.   Le socialisme ne peut gagner que par défaut,  par la défaillance morale de ses adversaires supposés.

Pour un temps,  cette oblitération avait semblé fonctionner.

Mais comme « on ne peut pas tromper tout le monde et tout le temps »  les étiquettes effilochées,  jaunies  de la « droite » et de la « démocratie »  sont en train de craquer[6],  et ce qui apparaît en dessous c’est :  le capitalisme contre le socialisme.

Les étatistes avaient besoin d’une nouvelle couverture,  et ce à quoi nous assistons aujourd'hui est une tentative désespérée,  terminale,  pour faire avaler deux « anti-concepts » supplémentaires :  

les « modérés »,  et les « extrémistes ».

Pour faire passer en fraude un « anti-concept »,  il faut fabriquer un épouvantail  (ou un bouc émissaire)  qui servira d’apparence  à sa signification présumée.

C'est le rôle que les étatistes ont choisi de faire jouer à la John Birch Society.   Cette association  a été montée en épingle  par la presse socialiste  il y a quelques années,  lui donnant une publicité hors de toute proportion avec son importance réelle.  Elle n’a aucune philosophie politique  claire ni déterminée  (elle n'est pas pour le capitalisme,  mais seulement contre le communisme),  aucun véritable programme politique,  aucune influence intellectuelle,  elle représente un type de protestation confus,  non formalisé,  « au ras des pâquerettes » ;  elle n’est certainement pas le porte-parole,  ni le point de ralliement des partisans du capitalisme ou même de la « droite ».

Et c’est précisément pour ces raisons-là que  les étatistes l’ont choisie.

La technique aura été :  

on commence par faire comme s’il n’existait aucune défense intellectuelle du capitalisme qui soit sérieuse et respectable,  ni un volume croissant de publications passées  et présentes dans ce sens  -- en faisant littéralement comme s’il n’y en avait pas ;

ensuite,  on monte en épingle  la John Birch Society   comme « représentante unique de la droite » ;

il ne reste plus ensuite qu’à barbouiller de fiente toute la « droite » en l’assimilant à la John Birch Society.

Une indication expresse de ce plan-là  avait été donnée l'an dernier (le 15 septembre 1963)  
dans une interview télévisée du gouverneur Rockefeller,  celui-là même qui devait ensuite  mener l'assaut contre « l'extrémisme » à la convention républicaine.

Invité à définir ce qu'il entendait par « la droite radicale », il avait dit :

La meilleure illustration  en est ce qui s’est passé à la Convention des Jeunes Républicains de San Francisco  il y a quelques mois :  on a élu quelqu’un,  un Jeune Républicain,  sur le projet d’abolir l’impôt sur le revenu et se retirer de l'Organisation des Nations Unies,  je ne sais pas s’il souhaitait aussi destituer Earl Warren,  mais vous voyez l’idée,  ou pensait que le général Eisenhower serait un communiste déguisé (c’est moi qui souligne).

L’idée ?  Quelle idée?   Les deux premières propositions sont des positions légitimes « de la droite »,  adoptées pour de nombreuses raisons également défendables ;  
la troisième n’est qu’un exemple de sottise exclusive à la John Birch Society   ;
la quatrième n’est un échantillon que de l'irresponsabilité d'un seul de ses membres.

L’ensemble est un bon aperçu de l’art de la délation.

Considérons maintenant le rôle attribué au terme de « droite » dans l’« amalgame » de l’« extrémisme ».

Dans l'usage courant,  les termes de « droite » et de « gauche » désignent les partisans du capitalisme et du socialisme.  Observez cependant avec quel fausseté  on cherche sans arrêt à associer le racisme et la violence  avec « l'extrême droite » -- deux défauts que même l'épouvantail désigné,  la John Birch Society,  n'a jamais présentés,  et que l’on peut au contraire associer de façon bien  plus plausible  au Parti Démocrate  (par l’intermédiaire du Ku Klux Kan).  

Le but est de ressusciter ce vieux poncif de l’avant Deuxième Guerre mondiale,  cette idée que les deux politiques opposées qui nous menacent,  les deux « extrêmes »,  seraient :  le fascisme contre le communisme.

L'origine politique de cette notion est encore plus inavouable  que les « modérés » n’oseraient publiquement l’admettre.  
En effet,  quand Mussolini est arrivé au pouvoir,  c’est en prétendant qu’il était le seul choix possible pour l'Italie.
De même,  si Hitler est arrivé  au pouvoir c’est en prétendant que c'était le seul choix possible pour l'Allemagne.  C’est un fait établi que,  aux élections de 1933 en Allemagne,  les dirigeants du Parti communiste avaient ordonné à ses membres de voter pour les nazis – en leur expliquant qu'ils pourraient ensuite combattre les nazis au pouvoir,  mais qu’ils devaient d'abord contribuer  à détruire leur ennemi commun : 

le capitalisme et la forme parlementaire de son gouvernement.

Ce que l’alternative mensongère du fascisme contre le communisme est là pour entretenir,  
c’est une évidence :

il s’agit de présenter comme des adversaires  ce qui n’est que deux variantes d'un seul et même système politique ;  
d’éliminer jusqu’à la possibilité d’envisager le capitalisme ;  
passer de l’alternative  « la liberté contre dictature » au seul choix :  « quel type de dictature »?  -- d’ériger de la sorte  la dictature en fait inéluctable  pour n’offrir qu’un choix de ses dirigeants.  

Le seul choix,  selon les promoteurs de cette escroquerie,  serait :  la dictature des riches  (le fascisme)  contre la dictature des pauvres (le communisme).

Or,  cette escroquerie-là,  elle s'est effondrée dans les années 1940,  à l’issue de la Seconde Guerre mondiale.  Il n’est que trop évident,  trop facilement démontrable  que le fascisme et le communisme  ne sont pas deux opposés,  mais deux bandes rivales qui se disputent les mêmes territoires,  que l’une et l’autre sont des variantes de l'étatisme,  fondé sur le principe collectiviste  comme quoi l’individu serait un esclave de l'Etat dépourvu de Droits – et que les deux sont socialistes,  en théorie,  en pratique,  et dans les déclarations explicites de leurs dirigeants  -- c’est dans les deux systèmes que les pauvres sont asservis  et les riches expropriés en faveur d'une clique dirigeante --  que ce n’est pas d’une politique de « droite » mais de la « gauche » que le fascisme est issu,  et que la question fondamentale n'est pas celle des « riches contre les pauvres »,  mais celle de l’individu contre l'État,  à savoir :  les droits de la personne  contre le totalitarisme des hommes de l’état,  et que cela veut dire :  capitalisme contre socialisme[7].

Dans ce pays-ci,  la tentative pour barbouiller en « fascistes » les défenseurs du capitalisme a échoué.  Depuis plus d'une décennie,  elle moisit dans les recoins et il est rare  qu’elle ose en sortir au point qu’on puisse ouvertement l’entendre en public  – elle ne fait que sourdre à l’occasion  comme un miasme issu des bas-fonds,  des égouts de la gauche en place.

Et voilà le genre d'idée que les étatistes  sont assez peu regardants pour vouloir ressusciter.

Mais quels intérêts en place  cette idée-là peut servir,  c’est une évidence.

S'il était vrai que la dictature est inévitable  et que le fascisme et le communisme  sont les deux « extrêmes »  au bout de notre course,  alors quel serait le choix le plus sûr ?

Eh bien,  le centre mou !  Le centre,  avec la sécurité indéfinie,  indéterminée,  de son économie mixte   -- avec un degré « modéré » de privilèges étatiques  pour les riches et un montant « modéré » de subventions étatiques pour les pauvres ;  avec un respect « modéré » pour les droits  et une dose « modérée » de force brute ;  avec une mesure « modérée »  de liberté  et un degré « modéré » d’esclavage ; avec un degré « modéré »  de justice et un degré  « modéré » d'injustice ;  avec un degré  « modéré » de sécurité et un degré  « modéré » de terreur,  et avec un degré modéré de tolérance pour tous,  sauf pour ces « extrémistes » qui défendent les principes,  la cohérence, l'objectivité,  la morale,  et qui refusent les compromis.

La notion de compromis comme la vertu suprême qui l’emporte sur tout le reste  est l'impératif moral,  la condition préalable  d'une économie mixte[8].  Une économie mixte est un mélange explosif,  instable de deux éléments opposés,  qui ne peut demeurer en l’état mais doit finir par glisser dans un sens ou dans l'autre ;  c'est un mélange de liberté et d’autoritarisme, ce qui veut dire :  non pas de fascisme et de communisme,  mais de capitalisme et d’étatisme (dans toutes ses variantes).  Dans leur panique,  ceux qui souhaitent prolonger ce statu quo intenable  et en pleine désintégration,  hurlent qu’on pourrait le faire en éliminant les deux « extrêmes » de ses composants essentiels,  mais ces deux extrêmes-là sont :  le capitalisme, ou la dictature totale.

La dictature se nourrit du chaos idéologique de gens désorientés,  démoralisés,  cyniques, qui plient et ne résistent pas.  Le capitalisme,  en revanche,   exige une position sans compromis (la destruction peut se faire aveuglément,  au hasard ;  construire  exige le respect strict d’un principe spécifique).  Les étatistes espèrent éliminer le capitalisme par la diffamation et le silence,  et « se passer » de la dictature par un acquiescement  « volontaire », par une politique de négociation  et de compromis avec le pouvoir croissant des hommes de l’état.

Ce qui nous amène aux implications les plus profondes de l’« anti-concept » d’« extrémisme ».

Il est évident qu’une position intransigeante  (sur quoi que ce soit)  est la caractéristique réelle que cet anti-concept  est là pour disqualifier.

Il est tout aussi évident que le compromis est incompatible avec la morale.  Dans le domaine de la morale,  le compromis c’est céder au mal.

Sur les principes fondamentaux,  il ne peut pas y avoir de compromis :  il ne peut y avoir aucun compromis sur les questions morales ;  il ne peut y avoir aucun compromis sur les questions de connaissance,  de vérité,  de conviction rationnelle.

S’il faut que tout refus des compromissions  se fasse couvrir de boue  comme un « extrémisme »,  alors cette calomnie-là  c’est à tout attachement aux valeurs,  à toute fidélité à des principes, à toute conviction profonde,  à toute constance, fermeté,  à toute passion ou attachement à une vérité inviolée – à tout individu intègre  que cette délation-là s’en prend.

Et c'est contre tout cela qu’on s’est servi,  et qu’on se sert de cet « anti-concept ».

C’est là que nous pouvons voir les racines profondes,  la source qui a rendu possible  la propagation de ces « anti-concepts ».  
Ce sont ces névrosés mentalement paralysés,  anxieux,  produits par la désintégration de la philosophie moderne  avec son culte de l'incertain,  son irrationalisme épistémologique  et son subjectivisme normatif,  qui sortent de nos universités,  brisés d’avance  par une terreur chronique et cherchant échapper à l'absolutisme de la réalité  qu’ils se sentent incapables d’affronter.

C’est la peur qui les pousse à s'associer à d’habiles et pragmatiques manipulateurs et professionnels de la politique  pour rendre le monde plus sûr pour les médiocres,  en élevant au statut d'un idéal moral  le citoyen archétypique d'une économie mixte :  le mollasson docile, malléable, modéré  qui jamais ne s'excite ni ne fait d’histoires,  ne s’en fait jamais trop,  s'adapte à tout  et ne se bat pour rien.

La meilleure preuve possible de l'effondrement d'un mouvement intellectuel apparaît le jour où il n'a plus rien à offrir  comme idéal ultime  qu’un plaidoyer pour la « modération ».
La voilà bien,  la preuve définitive de la faillite du collectivisme.  La vision,  le courage,  le dévouement,  la passion se trouvent aujourd’hui  du côté des croisés du capitalisme  qui viennent juste de se réveiller.

Pour les arrêter,  il en faudra bien plus qu'un « anti-concept ».

Notes

[1]  Tammany Hall était l’appareil du Parti Démocrate à New York,  connu pour sa corruption et ses trucages du système supposé représentatif.  La direction du Parti s’est finalement résolue à réduire son influence
[N. d. T.]

[2]  Comme l’ont montré  les révélations ultérieures,  notamment le dossier Venona,  absolument tous les hauts fonctionnaires  que le sénateur McCarthy avait accusés d’être des agents soviétiques,  reprochant aux hommes politiques du parti Démocrate  de couvrir leur infiltration,   l’étaient effectivement.  

[3]  Dans la typologie des anti-concepts,  ce que Ayn Rand signale ici  c’est que tous les amalgames  – fourrer dans le même sac d’une même notion  des objets de nature foncièrement différente --  impliquent  en même temps une définition par des traits secondaires,  car si on tentait  de les définir  par un trait essentiel,  on se rendrait vite compte  qu’une partie des objets de nature différente que l’amalgame voudrait fourrer sous la même dénomination  n’y sont pas conformes [N. d. T].

[4]  Cf. Ayn Rand :  « Introduction à l'épistémologie objectiviste »  [N. d. T].

[5] Citation d’Ellsworth Toohey dans « La source vive ». [N. d. T.]

[6]  La France étant l’un des seuls pays au monde où le socialisme  est tellement puissant qu’il n’a pas eu besoin de dénaturer le mot « libéralisme » pour lui faire désigner  à la place son premier adversaire d’aujourd’hui,  à savoir le socialisme pseudo-démocratique,  le français est l’une des rares langues où il a gardé son acception d’origine ;  pour reproduire le raisonnement de Ayn Rand,  dans le pays  de laquelle
« liberal »  veut dire  « socialiste »  et « conservative » veut dire « libéral »,  il faut ruser par rapport à l’original et parfois le trahir ;  on n’aura qu’à se reporter à cet original  pour juger du résultat  [N. d. T.]

[7] Cf. mon discours, « The Fascist New Frontier »,  publié par le Nathaniel Branden Institute, New York, 1963.

              [8] Voir le chapitre « The Cult of Moral Grayness », dans « The Virtue of Selfishness ».
 
 

François-René Rideau

De Wikiberal
François-René Rideau, dit Faré, est l'animateur du site Bastiat.org, consacré aux écrits de Frédéric Bastiat.
Chercheur, ancien élève de l'ENS, Faré est cybernéticien : il applique la pensée "dynamique" à l'étude de systèmes où interagissent des acteurs indépendants.

Citations

  • À chaque dépense du gouvernement correspond un dommage global pour la société exactement équivalent en valeur à ladite dépense, excepté pour une petite part qui ne profite qu'aux politiciens. C'est la fameuse règle de la double incidence de la perte qui est bien connue depuis le dix-neuvième siècle comme s'appliquant au protectionnisme, mais qui s'applique tout aussi bien à toute forme d'État-providence.
  • Il n'y a pas lieu pour un libéral d'être "ultra" ou "modéré", et nul libéral ne s'est jamais prétendu l'un ou l'autre. Les socialistes, ayant peur d'argumenter avec les libéraux sur le fond, préfèrent tenter de les discréditer sans leur donner la possibilité de s'exprimer, en préfixant le nom de "libéral" du préfixe repoussoir "ultra". Utiliser le mot "ultralibéral" est un signe d'une extrême bassesse intellectuelle ou morale de la part de la personne qui le profère. »
  • Dans une société capitaliste, le profit n'est pas un but ni une motivation. C'est une discipline : chacun doit apporter à la société davantage que ce qu'il en retire.
  • La loi du plus fort n'est certainement pas l'anarchie, puisque justement, le plus fort impose sa volonté aux autres ; la loi du plus fort, c'est précisément le principe même du pouvoir politique. L'anarchie n'est pas un état « de nature », mais au contraire un état de civilisation très avancé, où les individus sont assez organisés pour régler leurs différends de façon juste, et combattre l'émergence continuelle de nouveaux potentats.
  • Si par "éthique", on veut parler d'une théorie complète de la normative du comportement, capable de décider en toute occasion du bien et du mal pour les actions d'une personne donnée, alors NON, le libéralisme n'a RIEN à voir avec une telle éthique, car il ne se prétend ni complet, ni applicable à tout contexte. Le libéralisme est une théorie du droit. (...) Le droit s'applique pour les interactions entre individus, mais ne dit rien sur ce que doivent faire les individus au sein de leur propriété. Il n'est pas une éthique complète. Il ne s'applique qu'aux arrangements mutuels pour établir et maintenir un état de civilisation pacifique. Il ne peut pas prendre en compte a priori les éléments sur lesquels chacun de nous agit, en dehors de tout arrangement et parfois contre des arrangements existants. Il ne s'applique donc pas directement à la prise de décisions individuelles dans le contexte de la connaissance qu'a chaque individu du monde dans lequel il agit. Il s'applique aux négociations entre individus à la lumière de l'information partageable par ces individus. Bref, le libéralisme n'a RIEN à voir avec l'éthique au sens strict.
  • Les criminels seront toujours armés et aucune loi ne les désarmera. La loi peut les forcer à cacher leurs armes, mais ils sauront toujours le moment venu être plus armés que leurs victimes. Les lois prohibant le port d'armes ne sont pas autre chose que des lois qui désarment des victimes potentielles.
  • Les bons sentiments ne dispensent pas un donateur de sa responsabilité. Tout don non mérité est une destruction malfaisante. Seul l'échange volontaire de valeur contre valeur est créateur. Ceux qui donnent sans compter à des pauvres non méritants instituent la pauvreté qu'ils prétendent combattre.
  • L'Occident mourra, c'est une certitude. La pourriture est au cœur même de l'arbre. Les morceaux putréfiés seront dévorés par des masses de petits et grands charognards venus du tiers-monde, et qui déjà sont accourus à l'odeur du mourant. (...) Dans tous les cas, c'en sera fini de l'Occident (post)chrétien qui conquit un jour le monde. Il ne restera que des débris, de quoi reconstituer un musée d'une civilisation disparue, d'un peuple qui s'est suicidé au nom d'une religion auto-destructrice, pour laisser place à de nouveaux occupants certes barbares par de nombreux aspects, mais du moins pas suicidaires. L'un dans l'autre, le plus barbare des deux n'est pas celui qu'on croit. (11/07/2013)
  • La vie est la pire de toutes les inégalités sociales. Pour supprimer les inégalités, il faut soit ressusciter tous les morts (et faire vivre tous les vivants potentiels), soit exterminer tous les vivants. Les égalitaristes, ne pouvant s'approcher de leur but par la première voie, en viennent immanquablement à s'en approcher par la seconde.
  • Le fonctionnariat constitue une noblesse républicaine, avec ses grands seigneurs et ses petits nobliaux désargentés.
  • Les socialistes aiment blâmer le « capitalisme » et ses défenseurs pour leur matérialisme grossier, alors que c'est exactement le contraire : ce sont eux les matérialistes qui croient que tous les problèmes peuvent être résolus en dépensant de l'argent arraché à des victimes désignées pour « aider » leurs bénéficiaires désignés.
  • Les dettes n'engagent que les décisionnaires qui les contractent, ainsi que leurs complices directs. Présidents, ministres, hommes politiques, hauts fonctionnaires, chefs militaires, activistes des principaux lobbies et syndicats – chacun d'entre eux est responsable à hauteur de son rôle dans la décision d'emprunter.
  • Sauver le monde en le soumettant au joug d'un Pouvoir exercé par des anges. Voilà le rêve de la Politique, vendu à tous les gogos assez crédules pour croire aux anges, hommes supérieurs et autres sauveurs suprêmes. (Vivre libre, vivre bien, Libres !)
  • Je crois que notre Léviathan Tout Puissant est une infinie source de sagesse, qui apporte la Confiance là où elle serait inimaginable sans Lui, qui fournit des Services Publics qui seraient inimaginables sans Lui. Je crois que la solution ultime à chacun et à tous les problèmes de la vie est que l'État devrait débloquer les fonds nécessaires en insérant les lignes appropriées dans le livre sacré du budget. Alléluia ! (Le Credo Citoyen)
  • Le socialisme, c'est le Mal incarné, déguisé en Bien. C'est le Diable lui-même, qui s'habille en Saint pour séduire ses victimes, et corrompre à sa cause les âmes les plus pures. Sous couvert de générosité, c'est la justification de la force, de la violence et de l'agression comme moyens pour imposer un pouvoir total et arbitraire des vainqueurs au nom même de leurs victimes.

Conservatisme et néo-conservatisme politique et la critique

L'Université Libérale, vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.



Terme dérivé du latin conservare et appliqué aux mouvements politiques et intellectuels qui ont pour but la conservation de l'ordre social existant ou le rétablissement d'un ordre antérieur, ordre fondé à leurs yeux sur des lois naturelles ou sur des données transcendantes. Les conservateurs considèrent avec un certain scepticisme les innovations sociales et les grandes théories abstraites.
Mouvement d'opposition au libéralisme et au radicalisme , issu de la résistance aux idées des Lumières et de la Révolution française
 
Autant de conservateurs à Gauche qu'à Droite! 
Le terme est apparu dans la première moitié du XIXème siècle mais avec un sens différent selon les pays. C’est donc une idée moderne mais dont la spécificité est d’être une idée contre, puisqu’elle naît contre la modernité. Elle s’est en effet constituée en défense de l’ordre politique et social traditionnel, celui-là même que vient bouleverser la Révolution française.

Contrairement au libéralisme et au socialisme , le conservatisme politique représente plus une attitude dans un contexte historique précis qu'une philosophie achevée. Il offre une idéologie à ceux qui se sentent dépassés ou mis à l'écart par la modernisation . Néanmoins, il reste ambivalent face à la modernité, puisque pour la combattre il se sert des instruments qu'elle a forgés, comme les associations, les partis et les médias.
À l’origine, la notion de conservatisme ne s’identifie ni plus ni moins qu’à une réaction contre la révolution donc à un courant contre-révolutionnaire porté par trois figures intellectuelles et politiques importantes : l’Anglais Burke et les Français De Maistre et Bonald. Ces trois hommes ont en commun de juger les principes de la Révolution française contraires à la nature de l’Homme, tant sur le plan politique que social ou même moral. Leur critique, qui s’oppose aux Lumières et aux Droits de l’Homme, s’articule selon trois axes : 

une critique de principe : l’Homme est une créature divine. Il est limité et ne peut pas tout savoir ni tout maîtriser. Il doit donc être modeste face aux volontés divines et ne peut pas faire oeuvre prométhéenne en essayant de bouleverser un ordre politique et social institué depuis des siècles. 

Une critique politique : la démocratie est incompatible avec la vraie autorité qui doit encadrer les passions humaines. Or la démocratie permet justement cette libération des passions ce qui en fait un régime terrifiant. En outre le pouvoir politique doit avoir une origine transcendante, comme c’est le cas de la monarchie de droit divin, ce qui ne l’est pas pour la démocratie qui vient de la souveraineté populaire. 

Une critique sociale : la bonne société humaine ne saurait être un agrégat d’individus mais une communauté vivante et ordonnée, organisée selon le principe des hiérarchies naturelles, là aussi voulues par dieu. 

Ces trois axes placent donc le conservatisme comme une réaction : réaction contre l’universalisme (il n’y a que dieu d’universel) et réaction contre le rationalisme. 

Les deux adversaires du conservateur sont donc les deux autres figures politiques de la modernité : le libéral et le socialiste (ou révolutionnaire). Les deux ont en commun une solide croyance dans le progrès et le déroulement d’un temps linéaire appelé autrement « sens de l’histoire ». 

De fait, durant une majeure partie du XIXème siècle, le conservatisme s’est identifié à la Contre-révolution, que ce soit en France ou dans les pays d’Europe touchés par les conséquences libérales de la Révolution française. Mais ce conservatisme était voué à l’échec dès lors que la tradition ante-révolutionnaire était rompue, sans possibilité de retour comme l’a montré l’évolution de la monarchie française de 1815 à 1848. Il s’est alors transformé en Réaction et le conservatisme politique a désigné autre chose. 

DES CONSERVATISMES ?
Il est resté de cette première période du conservatisme un attachement à ce qui est de l’ordre supposé de la permanence et de l’éternité, quelle que soit le domaine envisagé, ce qui continua à opposer les conservateurs aux libéraux et a fortiori aux socialistes, les deux s’attachant au progrès et à la maxime « Du passé faisons table rase… ». Ce que l’intellectuel allemand conservateur Moeller Van Den Bruck traduisait au début des années 1920 par :

 « Celui qui ne croit pas que nous remplissons le but de notre existence dans le court laps de temps, durant la minute qui s’écoule, celui-là est conservateur. » 

Politiquement, cela s’est traduit au Royaume-Uni et dans les États germaniques devenus l’Empire allemand en 1870 par un attachement sans faille à la monarchie et au principe monarchique dans lequel s’incarnait la nation. Cette simplification à outrance ne saurait cependant masquer le fait qu’il pouvait y avoir des nuances d’un pays à un autre, ne serait-ce que sur la classe sociale qui portait ce conservatisme politique (la noblesse rurale par exemple pour les pays germaniques). 

Mais la France occupe de fait une place à part car la puissance du mouvement républicain a semblé repousser le principe conservateur aux marges politiques. Hormis les légitimistes, on pourrait même se demander s’il y a pu y avoir des conservateurs en France puisque l’origine de la République est largement libérale. En fait c’est clairement la nation qui a pris en France le relais du principe monarchique comme ancrage du conservatisme. 

Ainsi peu à peu, quels que soient les pays, on a pu attribuer au conservatisme quelques caractéristiques simples : 

défense de la nation
conservation de la structure familiale comme base de la structure politique
foi dans la monarchie ou plus largement dans l’État
vie dans l’ordre social et la discipline 

Ceci étant posé, la définition du conservatisme n’est pas forcément plus claire car à bien observer ces éléments, on peut s’apercevoir que ce sont ceux finalement défendus par n’importe quel État. Or cela amène à la remarque assez évidente que l’État est en effet conservateur par essence et qu’il y a donc coexistence des deux principes. C’est d’ailleurs tellement vrai que l’État soviétique est rapidement devenu sous l’emprise de la contre-révolution bureaucratique le champion de ces principes. 

Autre élément de difficulté : l’existence d’un conservatisme social qui a connu une évolution similaire au conservatisme politique. Il apparaît en effet lui aussi au XIXème siècle en réaction à l’industrialisation et ses conséquences sociales, en particulier le laminage des élites traditionnelles et l’urbanisation. Mais il suit la même évolution que le conservatisme politique en gardant de sa première période l’hostilité au changement et à l’évolution tout en s’attachant à certains principes comme la défense de la hiérarchisation sociale de la société ou la nécessité des élites.
 

La gauche est gagnée par un conservatisme de principe

par André Comte-SponvilleGaz de schiste, OGM, nucléaire... La gauche en France, globalement, est contre. L’opinion n’est pas pour. Comme ce sont des sujets sur lesquels je n’ai aucune compétence particulière, je me garderai bien de trancher. Au reste, les experts eux-mêmes, sur ces questions, divergent. Mais ce qui me frappe, c’est ce tir nourri contre des ressources, énergétiques ou agricoles, qui résultent d’abord de considérables progrès scientifiques ou techniques. Cela ne prouve évidemment pas qu’il faille les utiliser (un progrès scientifique peut déboucher, socialement, sur une régression), mais devrait amener à les considérer, jusqu’à plus ample informé, avec bienveillance.

Or, c’est le contraire qui se passe : les sciences nous sont devenues suspectes, les techniques, inquiétantes. C’est un renversement considérable.
La gauche, qui se voulut pendant trois siècles du côté de tous ces progrès, y compris scientifiques, devient plus frileuse, plus méfiante, voire, parfois, carrément conservatrice. Qu’il puisse y avoir à cela de bonnes raisons, je n’en doute pas. Préserver les acquis sociaux, les paysages, l’environnement, ce sont des combats légitimes. Mais qu’il serait suicidaire, pour notre pays, de confondre avec le refus de principe de toute innovation, de toute adaptation, de toute transformation, fussent-elles difficiles et non dépourvues de risques. Qu’il y ait dans tout progrès une part de conservation nécessaire, je l’ai rappelé bien souvent. Ce n’est pas une raison pour glisser, comme certains le font, du progressisme à l’immobilisme, ni du rationalisme à l’obscurantisme.

Le principe de précaution, tel qu’il est énoncé par la Déclaration de Rio ou par la loi Barnier, se veut un principe d’action : l’absence de certitude scientifique, concernant un risque possiblement irréversible, ne doit pas nous dispenser de prendre « des mesures effectives », c’est-à-dire d’agir. Mais il fonctionne plutôt, en pratique, comme un principe d’inhibition, qu’on pourrait formuler à peu près ainsi : « Dans le doute, abstiens-toi. » Comme il y a toujours un doute (le risque zéro n’existe pas), il pousse certains à vouloir s’abstenir toujours, donc à ne rien faire. C’est opter pour la peur plutôt que pour la prudence. Et augmenter les risques, bien souvent, au lieu de les réduire. Toute action est risquée. Mais l’inaction presque toujours, l’est davantage.

Il n’y a pas de progrès sans risque. C’était vrai de la maîtrise du feu au paléolithique, comme de la Révolution industrielle au XIXe siècle. D’ailleurs, l’une et l’autre ont entraîné, au fil des siècles, des millions de morts. Est-ce une raison, rétrospectivement, pour les condamner ? Bien sûr que non ! Un progrès risqué, comme ils le sont tous, vaut mieux que l’immobilisme, qui est, lui, risque certain et plus grand. Ce n’est pas une raison pour faire n’importe quoi. Mais c’en est une pour refuser l’obscurantisme et le conservatisme de principe. Pour transmettre à nos enfants une planète habitable, nous avons besoin de davantage de science, de technique, de progrès, et non pas de moins.

Vive le conservatisme de gauche !

Qu’est-ce alors que l’instinct de conservation ? Au commencement, nous dit Dupré La Tour, il y a dans l'attitude conservatrice une certaine forme d'inquiétude, liée à la conscience intime de notre finitude:

 « Être conservateur, dit-il, c'est d'abord se savoir périssable ». 

 C’est ensuite faire gré à la désobéissance de manière à renouer avec l’humanisme radical. Les conservateurs d’autre part cultivent l'ordre avec la volonté de réinstaller une liturgie dans le chaos du monde. Ils défendent avec énergie les institutions. Ils ne démantèlent pas l’Etat. Ils luttent contre tous ceux qui font publicité de leur vie privée. Ils séparent à outrance leurs activités. Ils outrepassent l'individualisme sauvage afin de reconstruire ce lien que nous avons rompu avec les générations futures. Ils se méfient des imprécateurs romantiques, des grands émotifs, et préfèrent les intellectuels lucides qui prennent au sérieux la Science, tel Gaston Berger (1896-1960), le père de la prospective. Le conservateur n’est pas un précautionneux. S’il combat le libéralisme affairiste, et le consumérisme, il entend renforcer les ordres – la séparation des pouvoirs – qui garantissent le vivre ensemble. Vous l’aurez compris, l’ennemi du libéralisme révolutionnaire est ami du conservatisme social. Et ne me demandez surtout pas de quel bord est l’auteur ? 


 

L’imposture du « libéral-conservatisme »

L’expression « libéral-conservateur » gagne en popularité. Que se cache-t-il derrière ce mariage invraisemblable ?
Par Mathieu Bédard.

Libéral parce que conservateur


Le conservatisme libéral est une option politique viable qui a fait ses preuves à l’époque des plus belles heures du libéralisme et qui reste tout à fait envisageable dans un futur panorama politique français.

Par José López Martínez.


Conservateur

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Un conservateur est quelqu'un qui
  1. vise à conserver le système tel qu'il est, autant dans ces aspects libéraux qu'illibéraux
  2. défend les libertés sur le plan économique et au niveau du pays mais non sur le plan personnel. Synonyme grosso modo et en général de "droite".
  3. défend la propriété et les « valeurs morales » (famille, travail, religion, patrie, traditions).
Dans son livre, paru en 1987, sur le mouvement conservateur aux Etats-Unis, John P. West cite 7 personnalités importantes : Russell Kirk, Richard Weaver, Frank S. Meyer, Willmoore Kendall, Leo Strauss, Eric Voegelin et Ludwig von Mises

Critique libérale

Un libéral ne se positionne pas pour ou contre le conservatisme : il est à la fois conservateur sous un certain plan ("le libéralisme est la seule idéologie qui n’aspire pas à changer l'homme mais à le respecter", Mathieu Laine) et progressiste sous un autre ("le libéralisme (...) n'est hostile ni à l'évolution ni au changement ; et là où l'évolution spontanée a été étouffée par des contrôles gouvernementaux, il réclame une profonde révision des mesures prises", Friedrich Hayek).
Friedrich Hayek dresse une critique du conservatisme en soulignant ses caractéristiques antilibérales :
  • sa prédilection aveugle pour l'autorité ;
  • son ignorance du fonctionnement des forces économiques (incapacité à comprendre l'ordre spontané qui le conduit souvent à privilégier des politiques absurdes, comme le protectionnisme, le salaire minimum, etc.);
  • son manque de principes (non pas moraux, mais politiques) ;
  • son interventionnisme pour raisons morales, alors que pour un libéral "les convictions morales qui concernent des aspects du comportement personnel n'affectant pas directement la sphère protégée des autres personnes ne justifient aucune intervention coercitive" ;
  • son absence d'objectif, fautes de principes : "le conservatisme peut, par sa résistance aux tendances prédominantes, ralentir une dérive indésirable, mais il ne peut empêcher que la dérive persiste, puisqu'il n'indique aucun autre chemin" ;
  • son acceptation de l'inégalité en droit au bénéfice d'une élite ou d'une hiérarchie, alors que "le libéral estime qu'aucune déférence envers des valeurs reconnues ne peut justifier le recours à des privilèges, monopoles, ou autres moyens de contrainte, en vue de protéger les personnes en question contre les forces du changement économique".

Conservatisme libéral

Hans-Hermann Hoppe a une définition du conservatisme plus positive qui lui est propre, qui n'est pas une opposition au changement ou une préservation du status quo, mais qui est liée à sa conception d'un ordre naturel :
Est conservateur celui qui croit en l'existence d'un ordre naturel, correspondant à la nature des choses : celle de la nature et celle de l'homme (Democracy: The God that Failed, 2001, chapter 10).
Pour Edmund Burke, le conservatisme libéral découle d'un refus de faire table rase du passé : la tradition, la famille, la religion, la hiérarchie, etc. fournissent des cadres de référence aux individus qui leur permettent de se développer. Ce sont de précieux garde-fous contre les doctrinaires constructivistes. Ainsi, Burke critique la conception française des droits de l'homme, construction abstraite et universaliste, pour lui préférer les droits des Anglais, héritage du passé.

Conservatisme antilibéral

De nombreux conservateurs de droite ou de gauche sont antilibéraux par nationalisme, traditionalisme, bellicisme, étatisme, interventionnisme, anti-individualisme, corporatisme, etc. Ils considèrent généralement que la coercition et la violence sont justifiées pour sauvegarder des "valeurs" nationales ou des "valeurs" morales.

Le conservatisme est une utopie car l’État finit toujours par devenir un
Léviathan incontrôlable. « Si l’on rejette le laissez-faire à cause de la faillibilité de l’homme et de sa faiblesse morale, il faut aussi, pour les mêmes raisons, rejeter toute espèce d’action du gouvernement », écrit Ludwig von Mises. (Damien Theillier, Libres ! 100 idées, 100 auteurs)

 

Néo-conservatisme

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Le néo-conservatisme (ou néoconservatisme) est un courant de pensée politique d'origine américaine apparu à la fin du XXe siècle (années 1980). Il s'oppose au relativisme culturel et moral, et à la contre-culture de la nouvelle gauche (« New Left »). Il a influencé Ronald Reagan, George W. Bush et, dans une moindre mesure, Tony Blair.
Le néoconservateur (aussi abrégé en néocon) ne doit pas être confondu avec un partisan de la nouvelle droite française et européenne. Par ailleurs, le néoconservatisme est assimilé à tort à un courant particulier du libéralisme, bien que son discours soit très modérément libéral. En fait, les néoconservateurs acceptent des interventions étatiques importantes dans l'éducation et la santé, en échange de réduction d'impôts et de contrôle de l'inflation (et encore). Ils considèrent comme très important l'engagement de l'État dans le domaine militaire — en vue de lui faire servir des fins offensives (à l'opposé du courant paléoconservateur, partisan de l'isolationnisme).

Historique

En opposition avec la "vieille droite" américaine, fortement anti-étatiste, la "néo-droite" qui a émergé au cours de la guerre froide, sous la houlette du journaliste William F. Buckley Jr., directeur de la National Review, a ouvertement demandé une augmentation massive des dépenses étatiques et une extension de l'appareil policier au motif de combattre plus efficacement le communisme à l'intérieur et à l'extérieur des frontières américaines. Dans la foulée, au cours des années 60, de jeunes intellectuels ayant abjuré leur ancienne foi dans l'Union soviétique, mais toujours marqués par la pensée politique trotskiste, ont commencé à se faire connaître en critiquant la faillite morale entraînée par les politiques sociales lancées sous Kennedy et Johnson sous l'étiquette de "Grande Société" - mais il faut noter qu'ils n'ont jamais remis en cause le Welfare State rooseveltien.
Ces universitaires se nomment Irving Kristol (surnommé "le Pape du néoconservatisme"), Daniel Bell, James Burnham, Seymour Martin Lipset, Patrick Moynihan, etc. et fondent au même moment des revues telles que Encounter, The Public Interest, The National Interest. Ils seront rejoints par Norman Podhoretz, qui a créé de son côté Commentary, où il défend la politique de l'Etat d'Israël et s'oppose au pacifisme de la New Left.
Quittant progressivement le terrain social, ces auteurs s'intéresseront aux relations internationales et défendront - à la suite du polémologue, stratège et mathématicien Albert Wohlstetter, ainsi que de l'éditorialiste William F. Buckley, que l'implication croissante de l'armée américaine dans le monde entier afin, disent-ils, de faire pièces à l'empire soviétique. Ils attireront l'attention du très belliqueux - et supporter inconditionnel de l’État d'Israël - le sénateur démocrate Henry "Scoop" Jackson, en compagnie duquel plusieurs d'entre eux siègeront au sein du Committee on Present Danger. Ils feront campagne au sein du parti démocrate pour que Jackson devienne en 1976 le prochain président des Etats-Unis, mais ils échoueront : Jimmy Carter sera le candidat démocrate et gagnera les élections présidentielles.
Quand Ronald Reagan triomphe en 1980, ils devinent qu'il est leur homme: ancien démocrate passé à droite, anticommuniste décomplexé, désireux de faire de son pays la puissance qui déstabilisera l'URSS, le nouveau président s'entoure d'ailleurs de certains d'entre eux, nommant en particulier Jeanne Kirkpatrick ambassadeur représentant les USA aux Nations unies.
Durant les années 80, une nouvelle génération prend la relève: William Kristol (fils d'Irving et fondateur du Weekly Standard), Paul Wolfowitz, Paul Kagan, Francis Fukuyama, Daniel Pipes, etc. Avec la chute du communisme, il sont orphelins de l'ennemi qui entretenait leur soif d'expansionnisme et d'interventionnisme. Mais ils conservent leur attachement à la défense d'Israël et, sous le prétexte de protéger ce pays, militent pour que les gouvernements américains successifs se lancent dans des "guerres préventives". Au sein de multiples think tanks (Heritage Foundation, American Enterprise Institute, PNAC, etc.) ils travaillent à la confection de rapports visant à convaincre les dirigeants politiques de leurs options (cf. la lettre ouverte à Bill Clinton l'adjurant, en 1998, de renverser le régime de Saddam Hussein).
Aujourd'hui, les néoconservateurs s'identifient généralement avec le Parti Républicain des États-Unis - bien que l'un de leurs mentors, Richard Perle, continue de voter pour le parti démocrate - et avec la défense de l’État d'Israël face à la menace palestinienne.

Leurs rapports avec les libéraux et les libertariens

Les néoconservateurs, de leur propre aveu, ne partagent pas le souhait libéral de voir diminuer le rôle de l'État. Au contraire, ils aspirent à une augmentation des crédits en matière d'armements, à une extension de l'influence gouvernementale américaine dans le monde, au travers d'interventions militaires, de coups d'État téléguidés, de soutiens financiers à des organisations satellites dans différents pays d'Europe ou d'ailleurs.
S'ils contestent, comme les libertariens et la plupart des libéraux, la légitimité de l'ONU, ce n'est pas pour les mêmes raisons : les seconds le font parce qu'ils n'apprécient guère l'idée d'un "gouvernement mondial", tandis que les premiers se mobilisent contre ce type d'institution... parce qu'elle concurrence trop, selon eux, l'influence des États-Unis dans les affaires internationales.
Les néoconservateurs sont partisans en particulier de la "doctrine Wolfowitz", qui pose que l'objectif principal de la politique étrangère des États-Unis est d'empêcher la montée de tout pays (Russie, Chine...) qui pourrait faire échec à l'hégémonie américaine sur le monde entier.
Il n'est donc pas étonnant que les libertariens américains aient, pour la plupart, identifié les néoconservateurs comme des étatistes au moins aussi nuisibles que leurs homologues d'autres tendances politiques. Murray Rothbard, qui avait identifié en eux un discours fortement imprégné de philosophie marxiste, a dénoncé sans faillir leur influence dans la politique américaine et a notamment insisté sur le fait qu'ils servaient l'alliance du Big Business et du Big Government, tandis qu'ils défendaient le développement d'un Warfare State jouxtant le Welfare State (deux faces d'une même médaille, puisque - pour citer la célèbre phrase de Randolph Bourne: War is the Health of State). Plusieurs de ses libelles anti-néocons sont accessibles ici.
Depuis la mort de Rothbard, d'autres auteurs libertariens ont pris la relève pour dénoncer les politiques néoconservatrices, par exemple sur lewrockwell.com ou antiwar.com. Ivan Eland, par exemple, a consacré plusieurs livres très critiques vis-à-vis du néo-conservatisme. Ron Paul souligne l'alliance du welfare state avec le warfare state. Martin Masse, fondateur du webzine libertarien Le Québecois libre a brillamment résumé la vraie nature de l'idéologie néoconservatrice lorsqu'il écrit :
Aujourd'hui, les néoconservateurs américains prétendent défendre la « démocratie » et la « liberté » mais ont gardé cette tendance à vouloir l'imposer aux autres pays par la force. Le fait que les États-Unis doivent se transformer en empire pour atteindre cet idéal ne semble pas les déranger particulièrement. Ils valorisent les valeurs militaristes et croient que la liberté ne sera protégée que par un État fort. C'est tout le contraire de ce que croient les libertariens cohérents. Les néoconservateurs ne sont en fait que des trotskistes mutants qui ont plaqué leurs croyances étatistes et impérialistes sur un discours superficiellement « conservateur » dans le sens américain du terme, c'est-à-dire en faveur du libre marché et des valeurs traditionnelles.
De ce côté-ci de l'Atlantique, l'antilibéralisme foncier des néoconservateurs n'est pas bien compris, de sorte que l'on a pu voir des personnalités libérales (Alain Madelin, notamment) reprendre à leur compte leurs vues, comme s'il s'agissait d'options compatibles avec la pensée libérale.
Ron Paul caractérise les néoconservateurs par la pratique du "noble mensonge" et résume leurs idées ainsi (Liberty Defined, Noble lie) :
  • il est du devoir des élites de tromper les masses
  • les gouvernants sont des êtres supérieurs qui ont des droits et des devoirs à l’égard des inférieurs
  • une utilisation cynique de la religion est importante pour faire passer le message à destination d’une société obéissante, de façon à empêcher les individus de penser par eux-mêmes
  • les menaces externes unissent le peuple ; la peur est un ingrédient nécessaire au succès. Selon Machiavel, s'il n'existe pas une menace extérieure, les dirigeants doivent en créer une
  • cela unit les gens et les rend plus obéissants envers l'Etat. Les néoconservateurs affirment que c'est dans l’intérêt du peuple puisque l'individualisme est fondamentalement mauvais et que l'élite doit se conformer à son devoir de gouverner les incompétents
  • la religion, le mensonge et la guerre sont les outils utilisés par les néoconservateurs pour supprimer l'individualisme et fortifier une élite dirigeante. Ces points de vue sont, à des degrés divers et sur diverses questions, adoptés par les dirigeants des deux partis politiques. C'est pourquoi l'individualisme est sous attaque constante et la philosophie des Pères fondateurs a été si gravement compromise. Les néoconservateurs nieront toujours cela (cela fait partie de leur noble mensonge) car cela ferait exploser leur couverture
  • ils font en fait le contraire, revendiquant un brevet de superpatriotisme, et quiconque est en désaccord avec leurs guerres et leurs projets d’assistanat est anti-américain, anti-patriote, non-humanitaire, opposé aux troupes, et ainsi de suite.

Postérité

La vision du monde néoconservatrice a séduit nombre d'intellectuels aux Etats-Unis, tels que le philosophe Allan Bloom (qui servit de modèle au romancier Saul Bellow pour son roman Ravelstein), disciple de Leo Strauss, philosophe politique d'origine allemande (très prisé par un Paul Wolfowitz, par exemple).
En Europe, l'influence néoconservatrice semble avoir gagné une partie du Labour de Tony Blair et se reconnaît en France dans les articles et essais de nombreuses personnalités comme Jean-François Revel (depuis Comment les démocraties finissent jusqu'à L'Obsession anti-américaine), André Glucksmann (en particulier dans Ouest contre Ouest)), Yves Roucaute (La Puissance de la liberté et Le Néoconservatisme est un humanisme), ou encore Guy Millière, le laudateur attitré pour l'Hexagone de George W. Bush auquel il a déjà consacré pas moins de trois livres (!!).
Des sites comme libres.org ou encore l'Institut Hayek défendent plus ou moins ouvertement le point de vue néoconservateur au sein du monde francophone.


  • La doctrine néo-con ne reconnaît ni les responsabilités globales des USA, ni même leurs dettes. Ils considèrent que les dettes n’en sont pas, et qu’en fait ils représentent une sorte de tribut que le monde doit payer « en échange du monde que les Etats-Unis ont fait ». C’est un peu le même raisonnement, élargi, que celui qui a prévalu au moment de la guerre froide : les USA assurant la défense du monde libre, et ce monde libre refusant de payer pour sa sécurité, alors les USA sont légitimes à prélever un tribut. C’est l’origine objective du seigneuriage monétaire.

ANTICONS : Observatoire du néo-conservatisme

Ce site se propose de faire connaître au public francophone la nébuleuse française au service de l’idéologie néo-conservatrice, un cercle de pensée né aux États-Unis dans les années 70, dont les promoteurs ont accédé de façon coordonnée au pouvoir en 2001, à l’origine des grands bouleversements géopolitiques guerriers de la dernière décennie.
Il se veut une compilation non exhaustive mais factuelle d’informations sourcées et/ou facilement vérifiables.
 
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