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octobre 14, 2014

Pourquoi la Révolution Libertarienne ?

L'Université Libérale, vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.

On nous dit souvent  que nous, Libertariens, devrions rentrer dans la ligne du politiquement correct, que nous devrions mettre la pédale douce sur nos positions les plus controversées et faire des compromis avec les hommes de l’État et de l’Establishment. 
 

Si nous devions nous aligner, alors pourquoi nous prétendre encore radicaux ? Pourquoi continuer le militantisme ?
Pourquoi apparaître comme des extrémistes ? 
Pourquoi vouloir la révolution ?
Nos positions et notre stratégie politique dérangeante ne risquent-elles pas de faire peur à  nos alliés potentiels ?
Ne vaut il pas mieux être calme, conventionnel et gentil ?

 
Ne vaut il pas mieux éviter de faire des vagues et projeter une image heureuse et rassurante vers le public, afin de  les attirer vers le libertarianisme ? 
 
L’avant garde révolutionnaire du mouvement libertarien répond non. Nous croyons que le système politique et économique étatique actuel comme tous les systèmes étatiques à travers l’histoire, s’autodétruira et s’effondrera.
 
Pour des raisons qui ont déjà fait l’objet de nombreux développements, nous croyons que cela arrivera dans un relativement proche avenir. Quand cela arrivera, les gens rechercherons les explications de cet écroulement et de nouvelles idées pour créer une société durablement ordonnée, paisible et prospère loin de tout chaos destructeur. 

Nous ou eux
Des problèmes extrêmes amènent des solutions extrêmes et la situation après le chaos posera un problème extrême. Si nous les Libertariens ne sommes pas prêts à nous battre pour des solutions Libertariennes extrêmes, alors inévitablement les solutions extrêmes viendront de la seule autre option : celle des extrémistes étatistes, des extrémistes « écologistes » étatiques, des fous religieux, des nationalistes, des racistes, des groupes socialistes, fascistes ou communistes, des leaders charismatiques autoritaires ou populistes, ou peut-être d’avocats de « nouvelles » formes d’étatisme. 

Dans le passé, tous les effondrements d’un système étatique ont mené à la reproduction de l’État et à la création d’un nouveau système étatique. La plupart des étatistes et même quelques Libertariens pessimistes, disent que ce sera toujours comme ça. Néanmoins, la révolution américaine de 1776, et d’autres exemples, montrent qu’il est possible de remplacer un système étatique par un système moins étatique. En effet, la réduction de la classe des parasites étatistes (des hommes d’État et de leurs intérêts) pendant la période révolutionnaire chaotique, amènent généralement  un nouveau régime moins exploiteur que leur prédécesseur, comme il y a moins de bouches parasitaires à nourrir et donc moins de besoins de taxes à extorquer au peuple. Cette réduction initiale de la charge de l’exploitation est ce qui amène un retour d’une relative stabilité et prospérité après chaque changement révolutionnaire de régime. 

Puisqu’une société Libertarienne est nécessairement moins étatiste que tout autre système étatique, sa création, dans cette perspective, pourrait seulement être un changement en terme de degré (néanmoins extrême), plutôt qu’un changement de type, d’après les expériences historiques. Et l’histoire est remplie d’exemples en terme de changement de degré. Ainsi, même en supposant que l’histoire soit simplement cyclique, plutôt que révolutionnaire ou progressiste, une théorie à revoir dans tous les cas, une révolution Libertarienne est au moins dans les limites du possible. 

Et nous croyons que la révolution Libertarienne est bien plus que simplement possible : nous croyons qu’elle est inévitable, ceci est basé sur notre propre expérience de ses intérêts et sur d’autres évidences. 

Certains croient que le système politique américain donnera toujours de manière ultime, un leader consensuel qui guidera le système à travers les aléas et préservera l’alliance Démocrate/Républicain traditionnelle entre le gouvernement et les intérêts des affaires. Cette foi sera démentie dans la crise à venir. 

Abraham Lincoln et Franklin Roosevelt ont souvent été cités comme des exemples de l’invincibilité du système traditionnel avec deux partis politique. Pendant leurs règnes, et le règne d’autres leaders protégeant l’Establishment US, l’Amérique  a du  rendre ce système  légitime en faisant appel principalement au système économique de la libre entreprise et à ses grandes réserves de richesses privées. Les taxes étaient si basses que l’État pouvait facilement les augmenter pour embaucher ou s’acheter d’une autre manière les pauvres et les intellectuels qui pouvaient déclencher une autre révolte et il y avait toujours une relativement forte partie de la richesse de la nation dans les mains du peuple. Le contrôle de l’État sur l’économie et les réglementations dans les principales industries étaient si limités que l’État pouvait facilement imposer de nouveaux contrôles pour protéger l’intérêt dominant de la « concurrence excessive » et ainsi les détourner d’un conflit destructeur du système politique tant que le système serait suffisamment libre pour éventuellement prendre une mesure pour faire revenir la prospérité. 

    L'État atteint aujourd'hui les limites de son parasitisme
Ce n’est plus le cas aujourd’hui, et ce sera même encore moins le cas dans la crise à venir. L’État taxe déjà (et de plus en plus)  le plus gros de ce que la nation produit au bénéfice d’une classe publique improductive. L’économie est empêtrée dans la vaste et toujours croissante toile de l’étouffante bureaucratie régulatrice. Les solutions aux crises traditionnelles qui veulent  «  plus de taxes, plus de régulations » draineront de moins en moins de recettes fiscales (courbe de Laffer) et empêcheront le retour de la croissance économique. Elles pousseront de vastes pans de la population américaine dans une désespérante pauvreté et une révolte grandissante. Les membres de la classe étatique se déchireront entre eux pour capter une plus grande part des impôts sur les revenus directs et indirects, dont la perception se réduit. Le résultat sera un prolongement de la pauvreté et une politique économique instable, laquelle dans l’histoire récente est arrivée à trouver un équilibre relatif sous des formes de totalitarisme étatique extrême ou de dictature. 

Si cela arrive, les États-Unis, en tant que bastion d’une (relative) liberté et prospérité, disparaîtront pour toujours, remplacés par une nouvelle ère sombre de totalitarisme étatique mondial et de politiques économiques, technologiques, sociales, environnementales décadentes. L’accumulation commune de taxes, de réglementations, de lois vicieuses, et d’impérialisme est déjà graduellement en train de nous conduire vers ce genre de monde et vers la crise finale de l’étatisme. 

Après la crise à venir, nous aurons à choisir entre le Libertarianisme ou diverses formes de tyrannies. Il n’y aura pas d’option modérée. Les modérés ne peuvent pas gagner les révolutions modernes majeures. Les compromis requièrent la stabilité et la prospérité.

 L’histoire moderne donne aux libertariens une bonne raison d’espérer. Depuis la fin du 18ème siècle, les crises économiques et politiques majeures de par leurs dommages ont permis les victoires des mouvements de masse motivés  par les idéologies politiques les plus neuves. Ces idéologies, à la fois relativement bonnes et relativement diaboliques, devinrent des succès de masse car elles attiraient le soutien d’ambitieux révolutionnaires à la recherche de nouvelles réponses et de nouvelles solutions. Ces succès idéologiques ont restructurés la société car ils ont attirés le type de personne qui gagne les révolutions et créé de nouveaux systèmes économiques et politiques. Au cours du 18ème siècle et au début du 19ème , ces mouvements, comme pour la révolution américaine et française, amenèrent des régimes libéraux classiques imparfaits mais meilleurs que ceux qui les précédaient. Au cours du 20ème siècle, ces mouvements, en Russie, en Italie, en Allemagne, et en Chine devinrent purement des régimes diaboliques communistes ou fascistes. Le plus neuf et dynamique des mouvements idéologiques dans la crise et la destruction à venir sera le mouvement Libertarien.

 Et ceci est la raison pour laquelle nous avons besoin d’individus courageux, motivés,  de Libertariens radicaux, militants, extrémistes et révolutionnaires. Nous sommes les graines de la révolution Libertarienne à venir. Chacun de nous est une graine de la destinée historique. Nous sommes les seuls qui construiront la révolution Libertarienne dans sa forme la plus pure, forte, radicale et révolutionnaire, grâce aux révolutionnaires ambitieux et motivés du futur qui rechercheront de nouvelles réponses et des nouvelles solutions. En agissant ainsi, nous créerons une révolution Libertarienne victorieuse et une société Libertarienne.

Libertariens d'action versus Libertariens de salon
 Mais que penser des Libertariens qui se compromettent,  des modérés, des lents, des diplomates, des pessimistes, et de ces autres qui adaptent leurs politiques à la réalité temporaire du présent ?

Ils n’ont nul intérêt à devenir les révolutionnaires du futur. Aucun modéré ou pessimiste, sur aucun point de vue, n’a d’intérêt à être un révolutionnaire. Ces  Libertariens modérés ont leurs place dans le mouvement Libertarien actuel, et ils ont pour l’instant leurs fonctions historiques. Nous pouvons apprendre d’eux. Ils ont leurs faiblesses mais ce sont aussi toujours nos alliés. Les vrais révolutionnaires Libertariens perdront leur temps en s’opposant à leurs erreurs. Ce n’est pas notre mission. Notre mission est de renforcer et d’étendre le nombre de nos militants révolutionnaires et de rallier à la résistance politique à l’étatisme. Quand le temps sera venu, nos alliés les plus faibles seront debout avec nous et nous avec eux.  Notre ennemi est l’étatisme, pas nos amis Libertariens.

En ces temps de stabilité politique, d’apathie politique généralisé, et d’inertie étatique, les Libertariens les plus mous dominent le mouvement. Pourtant lors de la crise à venir, quand les révolutionnaires seront stimulés et motivés par les opportunités et les défis du changement, les Libertariens mous seront paralysés par leur propre peur et leur paranoïa. Ceux qui ne se prépareront pas eux-mêmes pour la révolution, seront détruit par elle.
En temps normal, les révolutionnaires sont méprisés et condamnés par les esprits les plus faibles comme étant des lunatiques et des perdants. Au moment de la révolution, néanmoins, les révolutionnaires sont le guide, la force et le salut de ceux qui les avaient critiqué. La pierre qui était rejetée par les constructeurs deviendra la première du nouveau temple de la liberté.

Cultiver le militantisme révolutionnaire, dans la préparation des désastres politiques et économiques prévisibles futures, est communément présenté comme une forme de désillusion ou d’insanité. Ceux parmi nous qui s’engagent dans le militantisme révolutionnaire sont souvent rejetés car jugés à la fois comme des paranoïaques et des individus détestables. Les militants étatistes et révolutionnaires répondent à cette description.

Mais nous, les révolutionnaires Libertariens, ne sommes pas plus paranoïaques que les gens qui achètent couramment des polices d’assurances pour leurs automobiles, maisons, entreprises ou encore des assurances vie pour les cas possibles d’accidents, de désastres ou de mort. Notre révolutionnarisme est tout simplement  « une police d’assurance idéologique » contre les désastres nationaux qui sont survenus périodiquement à travers les 6000 ans d’histoire humaine que nous avons traversé. Ce serait être naïf ou mal informé que de supposer que de pareilles crises n’arriveront plus ou ne pourront plus jamais arriver. Nous sommes simplement en train de suivre le bon sens des boy-scouts dans leur maxime : « Toujours Prêt ».

Concernant la paranoïa du complot commune à l’aile droite et l’aile gauche des étatistes, nous ne prenons pas parti. Toutes les conspirations secrètes seront trop faibles pour résister à la révolution ouverte Libertarienne. La fonction de la paranoïa autour de la théorie du complot est de désactiver politiquement les rebelles rejetant l’État. La paranoïa  développe la puissance des dirigeants politiques dans l’esprit des rebelles, les intimidants et leur faisant abandonner la rébellion ouverte. La paranoïa est l’opposé absolu du courage révolutionnaire. La paranoïa concentre aussi son attention sur les individus et les groupes oppressants, plutôt que sur le système étatique en lui même. Ainsi la paranoïa sert également d’outil de confusion dans la lutte révolutionnaire.

Les révolutionnaires Libertariens exècrent ils tout ? Si nous exécrons, nous exécrons seulement l’action des dirigeants politiques qui utilisent la violence ou les menaces d’utilisation de la violence contre des gens paisibles et inoffensifs. Nous croyons que les taxes, les réglementations, les lois vicieuses et l’impérialisme sont des actes menaçants et violents non nécessaires et destructeurs, des actes d’agression,  entrepris par et à travers l’État. Il n’y rien de mauvais dans l’exécration de ceux qui admettent la force autorisée contre d’autres, en effet, pareille haine est une motivation naturelle et nécessaire à notre défense politique, à celles des autres, ainsi qu’à la lutte pour la liberté individuelle universelle. Les préceptes de la raison, néanmoins, disent que cette haine s’adresse seulement aux agresseurs, proportionnellement aux actions de la personne haïs et avec la possibilité de changer d’attitude si elle se repent et réforme son comportement malveillant. Quand la haine est limitée et que son objet est celui exécrable, alors elle peut être bonne.

Mais tous les Libertariens rejettent et s’opposent à toutes les formes de haine irrationnelle basées sur le racisme, le sexisme, le rejet fondé sur l’âge, le partage de la société en classe autre que celle des politiques contre leurs assujettis , l’homophobie, la peur des immigrants, et l’intolérance religieuse et culturelle. Nous sommes des individualistes sociaux et tolérants (croyant en une société libre et individualiste), non pas des collectivistes intolérants. Nous reconnaissons que ces formes de haine irrationnelles sont  la fondation de la vieille attitude étatique qui consiste à « diviser pour mieux régner », un instrument politique utilisé par nos oppresseurs étatiste pour garder le peuple tellement occupé à détester et combattre les autres que nous sommes incapable de nous unir dans une lutte commune contre notre véritable adversaire commun : l’étatisme. Nous croyons que le jour est venu où des millions de gens verront clair dans le jeu étatique de la haine irrationnelle et se soulèveront dans une lutte unifiée pour détruire avec succès toutes le formes d’étatisme.

Assumons notre conscience révolutionnaire
Le besoin d’une conscience révolutionnaire et d’une organisation révolutionnaire à l’intérieur du mouvement Libertarien est de plus en plus urgent. Les extrémistes et les révolutionnaires parmi nos ennemis étatiques sont partout en marche. Les extrémistes étatiques écologiques et les racistes sont organisés et impliqués, gagnant de nouveaux membres et retenant toujours plus l’attention des médias jour après jour. Leur terrorisme, les crimes haineux, et autres agitations sont grandement retransmis dans les médias et sur l’internet. La religion d’État et les dictatures culturelles qui  souhaitent imposer leurs vues collectivistes de par le contrôle des écoles gouvernementales, le système fiscal, les lois morales et les autres instruments de l’État, se répandent comme un cancer à travers les églises, les mass-médias et la société. Ces rivaux étatistes sont également intolérants en matière de religion et de culture, mais ils sont très adroits dans le déguisement hypocrite de leur intolérance, utilisant le lugubre système scolaire gouvernemental, les impôts,  les réglementations et d’autres instruments étatiques pour oppresser et endoctriner les gens avec leur « programme multiculturel de catégorisation en groupe : d’identité de groupe, de division de groupe, et de conflit de groupe. Ils cherchent à imposer leur programme intolérant, antireligieux, antitraditionaliste de manière coercitive. A la religion d’État et aux diktats culturels de la droite et de la gauche, les Libertariens répliquent en appelant à  la séparation du gouvernement et de toutes les formes de religions et de cultures. Personne ne devrait jamais oublier que toutes les intolérances culturelles et religieuses sont l’inévitable hypertrophie de cette non séparation :  ainsi en résultent les nettoyages ethniques, les guerres raciales, les génocides et les autres formes d’assassinat de masse étatique.

Comme l’oppression et l’aliénation étatique du peuple augmentent, il y a aussi une hausse continue des mouvements et des sectes religieuses, lesquels exploitent ceux  qui sont oppressés et aliénés et les détournent de la lutte politique révolutionnaire au profit de solutions nées de la manipulation, solutions décevantes, souvent imposées de façon autoritaire et ne débouchant sur rien. Bien que nous défendions leur droit de culte et d’organisation, nous reconnaissons également qu’ils servent l’étatisme en détournant le ras le bol de l’action révolutionnaire. 

Toutes ces forces étatistes, de la droite à la gauche, se préparent à la révolution à venir. Ils recrutent les graines de leur propre force de combat, dans la préparation de la lutte politique finale de la crise étatique à venir. Nous devons les dépasser en activisme, en extrémisme, en fanatisme et dans tous les autres arts de la révolution. C’est finalement la seule manière d’atteindre et de recruter les plus oppressés et les plus aliénés, particulièrement les jeunes et les « minorités », avant qu’ils ne subissent le lavage de cerveau de ces forces maléfiques. Nous devons nous préparer nous-mêmes à nous opposer et nous engager à anéantir tous les étatistes dans le prochain conflit révolutionnaire.

Quelle forme prendra ce conflit ? Tous les Libertariens espèrent que la liberté d’expression et les élections libres survivront au choc initial de la destruction à venir du système étatique. Toutes choses considérées, il est plus que souhaitable que la révolution Libertarienne à venir soit paisible, légale et de nature démocratique.

Néanmoins, nous devons être préparés mentalement à l’idée que les événements puissent nous rejeter. Si, dans la future crise, les dirigeants étatiques suspendent les élections libres, emprisonnent et persécutent systématiquement les gens à cause de leurs opinions politiques ; si les dirigeants renversent la démocraties, alors nous devons être psychologiquement préparés à la seule alternative permettant le changement : la révolution armée. Nous devons être prêt dans nos esprits, si dans l’éventualité d’une fin de la démocratie et de la liberté d’expression nous devions renverser violemment l’État et créer à se place une libre et démocratique constitution Libertarienne républicaine.  Nous ne devons pas laisser penser aux étatistes qu’ils peuvent renverser la démocratie à leur convenance, sans en risquer les plus épouvantables conséquences pour leurs propres têtes.

Mais aussi longtemps que la parole et la liberté sont relativement libre, comme c’est le cas aujourd’hui et dans le futur proche, les vrais révolutionnaires Libertariens doivent rejeter et condamner toutes les actions violentes et travailler exclusivement en usant des voies légales et démocratiques. Pour casser tout simplement la loi, ne donnons pas à l’État des excuses et des opportunités de nous emprisonner et de nous persécuter. Nous pouvons faire infiniment plus pour répandre les idées de liberté, pour recruter et pour organiser une révolution Libertarienne, en dehors des prisons qu’à l’intérieur.

Nous croyons dans le changement des lois, pas en leur destruction
 
Une adhésion inflexible à cette stratégie révolutionnaire nous protégera complètement des incitations  policières à nous faire commettre un délit pour ensuite nous arrêter, des persécutions, des chantages, de l’emprisonnement et de la disparition politique par des agents provocateurs étatistes malhonnêtes et paranoïaques, un genre qui infeste périodiquement l’Establishment politique étatiste.

L’obéissance stratégique à la loi, néanmoins, ne devrait jamais être interprétée comme son respect ou son soutien, comme une non opposition à des lois injustes, ou un manque d’intérêt pour le désespoir que traversent ceux qui sont opprimés par des lois injustes. Nous croyons et déclarons ouvertement que toute personne a un droit moral de violer et d’ignorer les lois injustes. Nous choisissons simplement de choisir de ne pas agir ainsi nous-mêmes dans le cadre d’une stratégie politique révolutionnaire. Pour nous le viol de lois injustes est une alternative faible et modéré à leur abolition. Nous ne voulons pas jouer le jeu de l’application de la loi par les étatistes. Nous voulons voir les étatistes jouer à notre jeu Libertarien de l’abolition des lois. Nous, non les étatistes, fixerons le programme de la lutte.

En tant que Libertariens, nous croyons que l’usage de la force ne devrait jamais être initié, que la force ne devrait jamais être utilisée contre les individus qui ne détruisent pas la liberté, que se soit dans le secteur privé ou public. La seule utilisation de la force qui soit toujours justifiée est son utilisation minimale afin de défendre la liberté d’action là où la liberté et la vie sont de considérées comme quantités négligeables. La force est seulement justifiée quand elle est utilisée contre ceux qui ont initiés l’utilisation de la force.

En résumé, la force ne devrait seulement être utilisé pour mettre fin à un conflit, jamais pour commencer un conflit. C’est le principe de non-agression, le fondement de l’idéologie politique libertarienne.

Suivant ce principe, toutes les taxes, les régulations, les lois morales et l’impérialisme seront abolis dans la révolution Libertarienne à venir, car toutes sont des lois et des pratiques utilisant  systématiquement la force de l’État contre le peuple. Ces quatre formes malveillantes représentent la majorité écrasante des lois existantes actuelles.  Après la révolution Libertarienne, elles seront remplacées, respectivement, par des méthodes de financement alternatives (telles que les assurances  et le contractualisme), la libre concurrence sur les marchés, l’esprit d’entreprise, et l’activisme des consommateurs et des travailleurs, l’alternative des communautés volontaires, la responsabilité individuelle, et une politique étrangère ayant pour principe la neutralité, non-orientée, non interventionniste, non impérialiste.

Ces quatre catégories, les taxes, les régulations, les lois morales et l’impérialisme, couvrent virtuellement toutes les lois injustes et violentes auxquelles s’opposent les Libertariens. Les seules lois qui devraient exister sont les lois contre l’utilisation de la force, la violence agressive, les comportements violents et la fraude. C’est le programme Libertarien en un mot. Nous croyons que ce programme aura force de loi dans le passage d’un seul, mais astucieusement écrit, amendement à la constitution des États-Unis.
Nos ennemis étatistes s’amusent à l’idée de l’abolition de l’utilisation de la force systématique et organisée, ces agressions institutionnalisées que nous appelons l’étatisme. Dans leurs esprits, l’étatisme est naturel, indiscutable, une réalité nécessaire, et s’y opposer c’est être ridiculement en dehors de la réalité.

Mais toute réforme historique nécessaire et juste, comme tous les victoires des mouvements de masse (à la fois bonne et mauvaise) a été ridiculisée, écartée et a invariablement subi des oppositions, souvent quelques années seulement avant leur triomphe. L’abolition des lois autorisant la possession d’esclaves, le droit de vote réservé aux hommes et la ségrégation raciale, des lois vilipendées par tous aujourd’hui, en sont des bons exemples. Ces lois injustes, ont d’abord subi l’opposition d’une poignée d’idéalistes extrémistes et radicaux, qui étaient combattus avec les tactiques décevantes et malencontreuses maintenant utilisées pour défendre l’étatisme contre le défi Libertarien : rhétorique avancée, statistique, habilité au débat, appel à l’autorité, au prestige, à l’histoire, et à l’opinion publique, simplification alternant avec complexification afin de monter des montagnes d’évidences hors du contexte de la question posée, tactiques visant à effrayer, scénarios catastrophes paranoïaques, ridicule, appel à l’irrationnel, à la violence, à la haine, etc, etc… Effrayants, ignorants, les gens sans imagination iront vers n’importe quelle extrémité pour défendre un statu-quo  condamné.

Mais ces lois apparemment imbattables, depuis longtemps établies et profondément enracinées dans la politique, dans l’économie, dans la construction sociale, seront totalement abolies et bientôt elles seront réduites à n’être que lettres mortes.


Nous croyons que l’étatisme en lui même, les impôts, les régulation, les lois morales et l’impérialisme, comme toutes les grandes erreurs et injustices de l’histoire seront abolies au nom d’une seule idée : la liberté et c’est ainsi qu’une ou deux générations après nous, personne ne pleurera le passé étatique ou appellera son retour. Dans l’Ère éternelle de la Liberté laquelle suivra l’ultime révolution qui avance, la race humaine appréciera une société libre, paisible, prospère et stable, une société dans laquelle tous les problèmes et défis pourront être résolus par la coopération volontaire parmi des individus libres, une société, en reprenant les mots de la Déclaration Américaine de l’Indépendance de 1776, de « la vie, de la liberté et de la  poursuite du bonheur "
Peter BROW

octobre 12, 2014

Jean Magnan de Bornier: histoire de "néo-libéralisme"

L'Université Libérale, vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.

Moteur d’une mondialisation jugée tantôt vertueuse, tantôt responsable de la montée des inégalités entre nations, voire de la crise et des politiques de rigueur, le néolibéralisme est pourtant mal connu. Deux ouvrages récents permettent de mieux cerner son histoire dans les soixante dernières années.

 

L’année 2012 a vu la publication aux États-Unis de deux livres aux ambitions proches, puisqu’il s’agit dans les deux cas de retracer l’histoire du néo-libéralisme à partir de 1938, autour des figures incontournables de Friedrich Hayek et Milton Friedman.

Le titre comme le sous-titre de l’ouvrage de Daniel Stedman Jones (Masters of the Universe. Hayek, Friedman, and the birth of neoliberal politics) suggèrent que l’accent sera porté vers les applications en politique, alors que le sous-titre choisi par Angus Burgin (Reinventing Free Markets since the Depression) indique qu’il se concentre sur les idées elles-mêmes. Ces impressions initiales sont largement confirmées à la lecture des deux textes qui ont en effet adopté des points de vue différents, quoique en aucune manière opposés. Tandis que Daniel Stedman Jones s’applique à retracer les chemins complexes que les idées néo-libérales ont empruntés pour trouver à s’exprimer dans des programmes et des actions politiques, Burgin en reste quant à lui essentiellement à la conception initiale des idées économiques. Les deux livres ne sont donc pas des concurrents directs puisque leurs finalités ne se recoupent pas totalement. Ils comportent néanmoins une très large part de préoccupations communes, et présentent tous deux des analyses de certains événements ou courants essentiels comme la Société du Mont-Pèlerin, créée par Friedrich Hayek et l’école de Chicago, symbolisée par Milton Friedman.



Le livre de Stedman Jones ne considère les événements des années 1930 que comme une ébauche de ce qui commencera vraiment dans l’immédiat après-guerre. Il prive ainsi le lecteur d’une analyse détaillée des bases que le colloque Lippmann — organisé à Paris en 1938 — a posées, tant en termes d’idées qu’en termes de personnes, pour le décollage proprement dit du mouvement néo-libéral après la guerre [1]. Burgin de son côté entame sa narration avec la Grande dépression, et montre de manière éclairante comment quelques groupes d’économistes orthodoxes (Robbins et Hayek à la London School of Economics, Knight et Viner puis Simons à Chicago, Mises à Genève) ont réagi à la crise et aux nouvelles politiques qu’elle a suscitées, sous l’influence entre autres de Keynes, et comment le besoin s’est imposé pour eux de participer à un renouveau des idées libérales.

C’est pourtant bien lors du colloque Lippmann que le terme de néo-libéralisme fut créé et adopté, sans pour autant que tous ses participants s’accordent profondément sur ce qu’il recouvrait : s’agit-il d’amender plus ou moins sévèrement le concept « classique » (manchesterien [2]) du libéralisme comme laisser-faire en réintroduisant le rôle de l’État comme responsable de la fixation des règles du jeu économique, ou devrait-on sortir le libéralisme de ses seuls déterminants économiques et en faire une philosophie de la vie en société avec tous les éléments politiques et moraux que cela implique ? La question n’a été tranchée ni en 1938 ni depuis, mais a structuré l’histoire du néolibéralisme

De Friedrich Hayek à Milton Friedman

Une fois la Seconde Guerre mondiale terminée, la reprise du combat idéologique que marque de plus en plus la division du monde décidée à Yalta va reconfigurer les débats.
Dans ce contexte, la publication en 1944 de l’ouvrage de Hayek, La route de la servitude (la traduction française apparaît en 1945), s’impose comme un tournant crucial. Stedman Jones et Burgin en font chacun une analyse précise.
Stedman Jones choisit dans son deuxième chapitre, consacré à l’immédiat après-guerre, de passer en revue trois livres puis de décrire la mise en place de la Société du Mont Pèlerin (MPS). Ces trois livres, écrits par trois autrichiens, sont La société ouverte et ses ennemis(The Open Society and its Enemies) de Karl Popper publié en 1945, La bureaucratie (Bureaucracy) de Ludwig von Mises, publié en 1944 et bien sûr La route de la servitude(The Road to Serfdom). Cette liste paraît quelque peu artificielle, l’influence de ces livres ayant été, tant immédiatement que dans la durée, très inégale. Mises en particulier n’a peut-être pas sa place ici, d’autant qu’à cette époque il travaillait à son magnum opus, Human Action qui devait paraître en 1949. L’information de l’auteur concernant Mises semble d’ailleurs lacunaire. En effet ce dernier, né dans une famille juive de Lwow (dont le grand-père avait été anobli comme nombre de juifs de Galicie), est présenté comme étant « né dans une vieille famille aristocratique autrichienne » (p. 49). Le livre de Popper, pour intéressant qu’il soit, n’a pas fortement marqué l’époque comme a pu le faire The Road to Serfdom.



Si Stedman Jones ne néglige, dans ce chapitre, ni la publication de The Road to Serfdom ni la création de la Société du Mont Pèlerin, Burgin se montre beaucoup plus précis sur ces deux épisodes fondateurs. Du livre de 1944, il décrit en particulier la réception triomphale aux États-Unis, marquée par une tournée de promotion qu’avait précédée une publication d’extraits par le Reader’s Digest, formule qui semble avoir laissé un goût amer à Hayek. Concernant la Société du Mont Pèlerin, ce groupe d’intellectuels qui se réunirent pour la première fois en 1947 au Mont Pèlerin à l’initiative de Friedrich Hayek, en vue de promouvoir les idées du libéralisme, on apprendra qu’elle est la seule initiative réussie parmi quelques autres, dont la tentative de lancement d’une revue par Wilhelm Röpke qui échoua faute de financement. D’ailleurs, ainsi qu’on finit par s’en rendre compte, la Société du Mont Pèlerin est le véritable objet du livre de Burgin.

Dans la suite de son livre, Burgin décrit en effet les difficultés que la maturité a apportées à la Société, liées à ses objectifs et à son organisation interne comme aux sempiternels problèmes de financement. Pour les objectifs de la Société, la question était de savoir si le plus important (mettre en contact des défenseurs des idées libérales) n’avait pas été atteint dès la fin des années 1950, sinon plus tôt ; en ce cas, son existence se justifiait-elle encore ?

Burgin montre aussi comment Hayek a cherché à défendre la Société du Mont Pèlerin contre certaines formes de pensée conservatrice, nouvelles ou récurrentes. Cette question devint clairement un risque majeur de dislocation entre 1958 et 1961 avec l’« affaire Hunold » bien et longuement décrite dans ce chapitre. Hunold était le secrétaire de la Société et un élément indispensable de son fonctionnement, mais son rôle était purement administratif jusqu’au moment où il voulut se mêler de l’évolution idéologique de la Société et écrivit un article clamant que cette dernière avait « perdu son âme ». Hayek en fut ulcéré et le conflit s’installa. L’affaire fut si grave qu’on fit appel en 1960 à l’arbitrage de Ludwig Erhard, alors ministre de l’économie et vice-chancelier de la République Fédérale d’Allemagne sous Adenauer, sans que cela résolve la crise qui se termina par la démission de Hunold.

Le début des années 1960 est aussi une période de transition marquée par le rôle croissant de Milton Friedman comme personnage central de la défense et illustration des idées néo-libérales. Il est intéressant de noter que si Stedman Jones voit Friedman essentiellement comme l’inventeur du monétarisme — théorie économique de la création de monnaie et de la politique monétaire —, Burgin considère de son côté que ses textes les plus significatifs sont son article de 1953 sur la méthodologie de l’économie et Capitalism and Freedom (1962), ouvrage dans lequel il présente ses convictions en matière de libéralisme économique et politique. Tous deux sont pourtant d’accord pour le considérer comme le successeur de Hayek en tant qu’animateur du mouvement libéral.

Cette divergence quant au rôle de Friedman est assez logique si l’on garde en mémoire que le livre de Stedman Jones porte sur la transmission vers les applications en politique des idées néo-libérales, la politique monétaire étant un domaine privilégié de cette transmission, lors des grandes mutations monétaires des années 1960 et 70 : la « grande inflation », la stagflation, l’abandon des parités fixes. Il semble pourtant que, dans cette direction, Stedman Jones va trop loin quand il identifie néo-libéralisme et monétarisme dans la lutte contre le keynésianisme et consacre à cette opposition un chapitre entier (Keynesiansim and the Emergence of Monetarism. 1945-1971, p. 180-214). Cela nous paraît excessivement réducteur (il n’y a rien par exemple sur le courant des anticipations rationnelles, qui a profondément qualifié ces débats). Il faut dire que les apports les plus intéressants de Stedman Jones ne sont pas à chercher dans son expertise de l’économie mais bien dans la manière dont cette discipline se diffuse dans la pensée des partis et des dirigeants politiques. Sa connaissance de l’évolution du Parti Conservateur britannique (avant et pendant l’ère Thatcher) est à cet égard précieuse et éclairante.

Il est assez frappant et aussi quelque peu frustrant que Stedman Jones consacre certains développements au grand mouvement de dérégulation associé aux noms de Reagan et Thatcher, mais en évitant de parler des industries où ce mouvement a été si actif, celui des grands services publics comme le rail, l’électricité et le téléphone. Le nom de Steven Littlechild qui inventa les « price-caps » (réglementation par plafonnement des prix) et fut le premier à les mettre en œuvre dans le secteur britannique privatisé des télécommunications, n’apparaît même pas dans son livre. Stedman Jones consacre certes un chapitre à un secteur particulier de l’économie des deux côtés de l’Atlantique et à l’évolution de la réglementation qui y est pratiquée, le secteur du logement. Je ne nie pas qu’il s’agit d’un secteur crucial à beaucoup d’égards, mais il me semble loin d’être le cas le plus significatif en ce qui concerne la déréglementation, comparé aux grands monopoles naturels où la concurrence ne peut pas fonctionner de façon normale, comme la production d’électricité, les transports publics ou les télécommunications. .

Un des atouts du livre de Stedman Jones est le chapitre qu’il consacre aux différents think tanks, aux États-Unis comme en Grande-Bretagne, qui ont accompagné le néo-libéralisme. Les think tanks constituent, comme la presse, un élément important dans la chaîne de transmission des idées, depuis leur origine chez les intellectuels jusqu’aux « utilisateurs finaux » que sont les milieux politiques et la population en général. La connaissance du fonctionnement de ce chaînon est clairement essentielle dans toute étude en histoire des idées.

La thèse fondamentale de l’ouvrage de Burgin est que les différents promoteurs de l’idée néo-libérale n’ont jamais réussi à se mettre d’accord sur le contenu réel de cette idée. Trois approches se sont côtoyées depuis 1938, ont cohabité et ont réussi à éviter (parfois de justesse) une confrontation qui aurait pu être fatale : le néo-libéralisme pourrait être un libéralisme encadré par un État faisant — ou disant pour le moins — les lois nécessaires à son fonctionnement juste (Rougier, Lippmann, Hayek) ; il pourrait également être une théorie de la bonne civilisation (Roepke) ; il pourrait enfin se réduire à une pure doctrine de liberté économique (Friedman) et revenir plus ou moins au manchesterianisme décrié lors du Colloque Lippmann. Il ne s’agit pas d’une thèse fondamentalement nouvelle, puisque Michel Foucault, ou plus récemment Serge Audier, ont mis en avant ces ambiguïtés ; Burgin en donne sa propre version et pense que la vision friedmanienne semble l’avoir emporté mais peut-être pas de manière définitive, car les ambiguïtés n’ont pas disparu.

On pourra regretter que les « ultra-libéraux » soient totalement absents de ces deux ouvrages. Le nom de Robert Nozick n’y apparaît pas, ceux d’Ayn Rand ou de Murray Rothbard ne surgissent qu’au hasard d’une citation ou d’une anecdote. Ces théoriciens n’entrent pas bien dans la classification de Burgin ; ils n’en ont pas moins des positions bien marquées, justifiant par le droit naturel un rejet quasiment absolu des interventions étatiques, y compris dans la fonction d’élaboration des règles de fonctionnement de l’économie de marché (c’est bien là leur jusnaturalisme). Au bout du compte, ces auteurs sont proches des positions du laisser-faire du XIXème siècle, mais à partir de bases philosophiques élaborées mettant en avant la primauté absolue de l’individu. L’absence de ces acteurs qui n’ont pourtant pas manqué d’influencer la marche des idées aux États-Unis peut s’expliquer par les objectifs particuliers de chacun des livres évoqués : la Société du Mont Pèlerin pas plus que la politique économique des gouvernements en place n’ont été touchées par l’ultralibéralisme (si on fait l’impasse sur le cas d’Alan Greenspan, influencé dans sa jeunesse par Ayn Rand mais que les ultra-libéraux ont pu considérer comme passé à l’ennemi quand il acquis le pouvoir considérable qu’il avait à la tête du Federal Reserve System). Cette absence n’en laisse pas moins une certaine impression d’inachèvement.

Les ouvrages de Stedman Jones et Burgin sont donc deux études sérieuses et pertinentes sur certains aspects de la marche des idées libérales depuis 80 ans, même si elles ne prétendent pas à en constituer un compte rendu définitif. Du fait d’objectifs plus limités, ils ne se comparent pas aux histoires à vocation encyclopédique comme celles offertes par Philippe Nemo et Jean Petitot (Histoire du Libéralisme en Europe), Catherine Audard (Qu’est-ce-que le libéralisme ?) ou Serge Audier (Néolibéralisme(s)). Au lecteur intéressé par cette histoire, qu’il s’agisse du néo-libéralisme comme mouvement d’idées ou comme pratique politique, ils offrent des apports précieux à la compréhension d’événements particuliers souvent négligés.

Aujourd’hui (horresco referens) certaines impasses économiques et politiques peuvent inciter à penser que des solutions vues comme « libérales » — mais qu’il vaudrait mieux qualifier comme « orthodoxes » — constituent la seule politique possible, qu’il n’y a qu’une seule voie. La lecture de ces deux livres nous rappelle des périodes encore assez proches où les débats d’idées étaient possibles et nous fait rêver à leur retour.
 
 

Regards croisés sur l’histoire du néo-libéralisme

Source:

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Recensés :
- Daniel Stedman Jones, Masters of the Universe. Hayek, Friedman, and the birth of neoliberal politics. Princeton University Press, 2012, 424 p.
- Angus Burgin, The Great Persuasion. Reinventing Free Markets since the Depression. Harvard University Press, 2012, 320 p.

Pour citer cet article :

Jean Magnan de Bornier, « Regards croisés sur l’histoire du néo-libéralisme », La Vie des idées, 19 juin 2013. ISSN : 2105-3030. URL : http://www.laviedesidees.fr/Regards-croises-sur-l-histoire-du.html

Jean Magnan de Bornier

De Wikiberal: 
Jean Magnan de Bornier est professeur de Sciences Économiques à l'Université Aix Marseille III (Faculté d'Économie Appliquée) depuis octobre 1990 et il est membre du centre de recherche du GREQAM (Groupement de Recherche en Economie Quantitative d'Aix-Marseille) depuis 2001.
 
Jean Magnan de Bornier lit Friedrich Hayek, Carl Menger ou Ludwig von Mises et se penche sur les thèmes de la propriété privée, de la concurrence, de la théorie de la valeur ou de l'utilité marginale mais sans adhérer complètement au paradigme autrichien. Il a analysé l'oeuvre de certains libéraux comme Jean-Baptiste Say avec un esprit assez critique vis à vis de la méthode scientifique utilisée et présentée dans les différents ouvrages de l'auteur libéral (Discours préliminaire, Discours d'ouverture des Cours à l'Athénée, Cours Complet). Les cours et les articles de Jean Magnan de Bornier s'inspirent beaucoup plus des économistes mathématiciens français du 19ème siècle comme Augustin Cournot (1801-1877) ou des ingénieurs économistes de l'école polytechnique de Paris comme Joseph Bertrand (18221900) ou Jules Dupuit (1804-1866).

Une théorie évolutionniste basée sur un contractualisme faible

Jean Magnan de Bornier a une lecture critique de la théorie de l'évolution culturelle chez Friedrich Hayek. Il reproche à ce dernier de ne pas avoir explicité suffisamment les mécanismes de transmission des règles de conduite. En adoptant la théorie des mèmes au cas des règles implicites, Jean Magnan de Bornier affirme que la transmission ne peut pas s'effectuer simplement par imitation sans risque de variation dans le mécanisme de reproduction. Par conséquent des crises peuvent surgir dans les groupes qui les ont adoptées. Pour contrevenir à ce dysfonctionnement, il en appel à un contractualisme faible.
L'idée du contractualisme faible se différencie d'un contractualisme fort (à la Buchanan) par deux éléments méthodologique et épistémologique. La théorie du contractualisme faible ne repose pas sur l'hypothèse de rationalité du modèle du courant dominant et le contrat social n'est pas une métaphore du grand moment historique fondateur.
Jean Magnan de Bornier nie que des schèmes mentaux, qui ne seraient pas identiques, puissent partager une similarité d'acceptation de règles abstraites. Friedrich Hayek, dans son ouvrage de 1952, The Sensory Order, avait effectivement écrit :
"Les différentes cartes [mentales] qui seront ainsi formées dans les différents cerveaux seront déterminées par des facteurs qui sont suffisamment similaires pour rendre ces cartes se ressemblant les unes aux autres. Mais, elles ne seront pas identiques. L'identité complète des cartes [mentales] supposerait non seulement une histoire identique des différents individus, mais aussi l'identité complète de leur structure anatomique. (Friedrich Hayek, The sensory order, 1952, p110).[2]
Au lieu de mettre un doute sur l'application stricte de la théorie des mèmes sur la théorie de l'évolution des gènes, qu'elle soit Darwinienne ou Lamarckienne, Jean Magnan de Bornier en conclut en l'inexistence de règles complexes, si elles ne sont pas renforcées, comme il l'indique, par des "rustines" d'un contractualisme faible, c'est à dire des règles qui sont imposées par le groupe sur les individus pour que ces règles se transmettent à l'identique.
 
 
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