octobre 12, 2014

Ludwig von Mises: Etatisme et Libéralisme

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1. La nouvelle mentalité



 


L'étatisme, comme le libéralisme à l'origine, vient d'Europe et ne s'introduisit que plus tard en Allemagne. On a affirmé que des racines autochtones allemandes de l'étatisme pouvaient être trouvées dans l'utopie socialiste de Fichte, les enseignements sociologiques de Schelling et de Hegel. Cependant, les dissertations de ces philosophes étaient si étrangères aux problèmes et aux tâches de la politique sociale et économique qu'elles ne pouvaient avoir une influence directe dans le domaine politique. Quel usage une politique pratique pouvait-elle tirer de l'affirmation de Hegel :
 
L'État est la réalité en acte de l'idée morale, l'esprit moral comme volonté substantielle révélée, claire à soi-même, qui se connaît et se pense et accomplit ce qu'elle sait et parce qu'elle sait ; ou de cette phrase : L'État comme réalité en acte de la volonté substantielle, réalité qu'elle reçoit dans la conscience particulière de soi universalisée est le rationnel en soi et pour soi 1.

L'étatisme assigne à l'État le devoir de guider les citoyens et de les tenir en tutelle. Il aspire à restreindre la liberté d'action individuelle. Il cherche à façonner sa destinée et à réserver toute initiative au seul État. Il arriva en Allemagne venant de l'ouest 2. Saint-Simon, Owen, Fourier, Pecqueur, Sismondi, Auguste Comte en ont posé les fondations. Lorentz von Stein fut le premier auteur à fournir aux Allemands des renseignements étendus sur les nouvelles doctrines. La parution en 1842 de la première édition de son livre, Socialisme et communisme dans la France actuelle, fut l'événement le plus important du socialisme allemand prémarxiste. Les éléments d'intervention étatique dans la vie économique, la législation sociale et le syndicalisme 3 parvinrent aussi en Allemagne en provenance de l'ouest. En Amérique, Frédéric List se familiarisa avec les idées protectionnistes d'Alexandre Hamilton.
Le libéralisme avait appris aux intellectuels allemands à assimiler les idées occidentales avec une crainte révérencielle. A ce moment, ils pensèrent que le libéralisme était déjà dépassé ; l'intervention étatique dans la vie économique avait remplacé la vieille orthodoxie libérale ; elle aboutirait inexorablement au socialisme. Celui qui ne voulait pas paraître rétrograde devait devenir social, c'est-à-dire ou interventionniste ou socialiste. Les idées nouvelles mettent quelques temps à percer ; des années doivent passer avant qu'elles atteignent les larges couches d'intellectuels. Le système national d'Économie Politique de List fut publié en 1841, quelques mois avant le livre de Stern. En 1847, Marx et Engels publièrent le manifeste communiste. Vers 1865, le prestige du libéralisme commença à disparaître. Rapidement les cours universitaires d'économie, de philosophie, d'histoire et de droit tournèrent le libéralisme en caricature. Les spécialistes des sciences sociales se surpassèrent en critiques émotives du libre-échange et du laissez-faire britanniques ; les philosophes s'acharnèrent sur l'éthique utilitariste à l'usage des courtiers en valeurs, le caractère superficiel des lumières et le côté négatif de la notion de liberté ; les juristes démontrèrent le paradoxe des institutions démocratiques et parlementaires ; et les historiens traitèrent du déclin moral et politique de la France et de la Grande-Bretagne. D'autre part, on apprenait aux étudiants à admirer le royaume social des Hohenzollern de Frédéric-Guillaume Tr, le socialisme noble à la Guillaume Ier, le grand Kaiser de la sécurité sociale et de la législation du travail. Les sociaux démocrates méprisaient la ploutodémocratie occidentale et la pseudo-liberté et ridiculisaient les enseignements de l'économie bourgeoise.
L'ennuyeuse pédanterie des professeurs et la déclamation orgueilleuse des sociaux démocrates ne pouvaient impressionner les personnes douées de sens critique. D'Angleterre pénétrèrent les idées de Carlyle, de Ruskin et des Fabien et de France, le solidarisme. Les églises de toutes croyances se joignirent au chœur. Nouvelles et pièces de théâtre répandirent la nouvelle doctrine de l'État. Shaw et Wells, Spielhagen et Gerhart Hauptmann et d'autres écrivains moins doués contribuèrent à la popularité de l'étatisme.
 

2. L'État


L'État est essentiellement un appareil de contrainte et de coercition. Le trait caractéristique de ses activités est de contraindre les citoyens par l'usage ou la menace de la force à se conduire autrement qu'ils ne voudraient.
Mais tout appareil de contrainte et de coercition n'est pas appelé État. Ce n'est que lorsqu'il est assez puissant pour maintenir son existence, au moins quelque temps, par ses seules forces qu'il est communément appelé un État. Une bande de brigands qui, en raison de la faiblesse relative de ses forces, n'a aucune chance de résister victorieusement à une autre organisation, n'a pas le droit de s'appeler un État. Un État brisera ou tolérera un gang. Dans le premier cas, le gang n'est pas un État parce que son indépendance ne dure qu'un court moment ; dans le second cas, ce n'est pas un État parce qu'il ne repose pas sur sa propre puissance. Les bandes qui faisaient des pogroms dans la Russie impériale ne constituaient pas un État parce qu'elles ne pouvaient tuer ou piller que grâce à la complicité du gouvernement.
Cette restriction de la notion d'État conduit directement aux concepts du territoire et de la souveraineté de l'État. Reposer sur sa propre puissance implique qu'il y a un espace sur la surface de la terre où le fonctionnement de l'appareil n'est pas restreint par l'intervention d'une autre organisation ; cet espace est le territoire étatique. La souveraineté (suprema potestas, pouvoir suprême) signifie que l'organisation repose sur son propre fondement. Un État sans territoire est un concept vide. Un État sans souveraineté est une contradiction dans les termes.
L'ensemble complexe des règles selon lesquelles les membres du gouvernement emploient contrainte et coercition s'appelle loi. Toutefois, le trait caractéristique de l'État n'est pas l'existence de ces règles en tant que telles, mais l'emploi ou la menace de la violence. Un État dont les chefs ne reconnaissent qu'une règle, celle de faire ce qui sur le moment leur semble le plus convenable, est un État sans loi. Que ces tyrans soient ou non bienveillants ne fait aucune différence.
Le mot loi est également utilisé dans un second sens. Nous appelons loi internationale l'ensemble des accords que les États souverains ont conclu de façon expresse ou tacite concernant leurs relations mutuelles. Cependant il n'est pas essentiel, pour qu'une organisation ait la qualité d'État, que d'autres États reconnaissent son existence par la conclusion de tels accords. L'essentiel est le fait de la souveraineté à l'intérieur d'un territoire, pas les formalités.
Les personnes qui ont la direction de la machinerie étatique peuvent assumer d'autres fonctions, devoirs, ou activités. Le gouvernement peut posséder ou gérer des écoles, des chemins de fer, des hôpitaux, des asiles d'orphelins. De telles activités ne sont qu'accidentelles dans la conception de l'État. Quelles que soient les autres fonctions qu'il peut assumer, l'État est toujours caractérisé par la contrainte et la coercition qu'il exerce.
Avec la nature humaine telle qu'elle est, l'État est une institution nécessaire et indispensable. Convenablement administrée, l'État est le fondement de la société, de la coopération entre les hommes et de la civilisation. C'est l'instrument le plus bienfaisant et le plus utile dans les efforts des hommes pour promouvoir le bonheur et le bien-être. Mais c'est seulement un instrument et un moyen, non la fin ultime. Ce n'est pas Dieu. C'est simplement un appareil de contrainte et de coercition, c'est le pouvoir de police.
Il a été nécessaire de s'attarder sur ces truismes parce que les mythologies et métaphysiques de l'étatisme ont réussi à les voiler de mystère. L'État est une institution humaine et non un être surnaturel. Celui qui prononce le mot État, pense coercition et contrainte. Celui qui dit : Il devrait y avoir une loi sur cette question, pense : les forces du gouvernement devraient forcer les gens à faire ce qu'ils ne veulent pas faire ou à ne pas faire ce qu'ils veulent faire. Celui qui dit : cette loi devrait être mieux respectée, pense : la police devrait forcer le public à obéir à cette loi. Celui qui dit : l'État est u dieu, déifie les armes et la prison. Le culte de l'État est le culte de la force. Il n'y a pas de menace plus dangereuse pour la civilisation qu'un gouvernement d'hommes incompétents, corrompus ou viles. Les pires maux que l'humanité a jamais endurés étaient infligés par de mauvais gouvernements. L'État peut-être et a souvent été au cours de l'histoire la principale source de malheur et de désastre.
L'appareil de contrainte et de coercition est toujours aux mains d'hommes mortels. Il est parfois arrivé que les gouvernements aient surpassé leurs contemporains et leurs concitoyens à la fois en compétence et en équité. Mais l'histoire nous fournit de nombreux exemples du contraire. La thèse de l'étatisme selon laquelle les membres du gouvernement et ses collaborateurs sont plus intelligents que la population et savent mieux que l'individu ce qui lui est utile est une pure sottise. Les Führers et les Duces ne sont ni des dieux, ni des représentants de Dieu.
Les traits caractéristiques essentiels de l'État et du gouvernement ne dépendent pas de leur structure particulière, ni de leur constitution. Ces traits sont présents à la fois dans les gouvernements despotiques et démocratiques. La démocratie n'est pas non plus divine. Nous traiterons ultérieurement des avantages tirés par la société d'un gouvernement démocratique. Mais aussi grands que soient ces avantages, il ne faut jamais oublier que ces majorités sont aussi exposées que les rois et les dictateurs à l'erreur et à l'injustice. Qu'un fait semble vrai à la majorité ne prouve pas sa véracité. Qu'une politique semble opportune à la majorité ne prouve pas son opportunité. Les individus formant une majorité ne sont pas des dieux et leurs conclusions réunies ne sont pas nécessairement divines.


3. Les doctrines politiques et sociales du libéralisme


Il y a une école de penseurs qui enseigne que la coopération sociale entre les hommes peut être réalisée sans contrainte ni coercition. L'anarchisme croit à la possibilité d'établir un ordre social dans lequel tous les hommes reconnaîtraient les avantages découlant de la coopération et où tous seraient prêts à faire volontairement tout ce qu'exige le maintien de la société et à s'abstenir volontairement de ce qui est nuisible à la société. Mais les anarchistes oublient deux faits : Il y a des individus dont les capacités mentales sont si limitées qu'ils ne peuvent comprendre tous les avantages que la société leur apporte. Et il y a des individus dont la chair est si faible qu'ils ne peuvent résister à la tentation d'obtenir un avantage personnel par une action nuisible à la société. Une Société anarchiste serait à la merci de chaque individu. Nous pouvons admettre que tout adulte sain jouit de la faculté de réaliser l'utilité d'une coopération sociale et d'agir en conséquence. Cependant il est hors de doute qu'il y a des mineurs, des vieillards et des fous. Nous pouvons admettre que quiconque agit contre la société devrait être considéré comme malade mentalement et devant être soigné. Mais tant que tous ne sont pas guéris et tant qu'il y a des mineurs et des vieillards, des dispositions doivent être prises pour qu'ils ne détruisent pas la société.
 
Le libéralisme diffère radicalement de l'anarchie. Il n'a rien de commun avec les illusions absurdes des anarchistes. Nous devons donc souligner ce point parce que les étatistes essaient quelquefois de découvrir une similitude. Le libéralisme n'est pas assez fou pour vouloir la suppression de l'État. Les libéraux reconnaissent pleinement qu'aucune coopération sociale ni aucune civilisation ne peuvent exister sans un certain degré de contrainte et de coercition. C'est la tâche du gouvernement de protéger le système social contre les attaques de ceux dont les plans d'action sont nuisibles à sa conservation et à son fonctionnement.
 
La leçon essentielle du libéralisme est que la coopération sociale et la division du travail ne peuvent être réalisées que dans un système de propriété privée des moyens de production, c'est-à-dire dans une société de marché ou capitalisme. Tous les autres principes du libéralisme — démocratie, liberté individuelle, liberté de parole et de la presse, tolérance religieuse, paix entre les nations — sont des conséquences de ce postulat fondamental. Ils ne peuvent être appliqués que dans une société fondée sur la propriété privée.
Partant de ce point de vue, le libéralisme assigne à l'État la tâche de protéger la vie, la santé, la liberté ou la propriété de ses sujets contre toute agression violente ou perfide.
Le fait que le libéralisme veut la propriété privée des moyens de production implique le rejet de la propriété collective des moyens de production, c'est-à-dire du socialisme. C'est pourquoi le libéralisme s'oppose à la socialisation des moyens de production. Il est illogique de dire, comme beaucoup d'étatistes, que le libéralisme a de l'hostilité ou de la haine pour l'État, parce qu'il s'oppose au transfert à l'État de la propriété des chemins de fer ou des filatures de coton. Quand un homme dit que l'acide sulfurique ne fait pas une bonne lotion pour les mains, il ne manifeste pas d'hostilité contre l'acide sulfurique comme tel ; il donne simplement son opinion sur la limitation de son usage.
Ce n'est pas la tâche de cette étude de déterminer si le programme du libéralisme ou du socialisme est plus adéquat pour atteindre les buts communs à tous les efforts politiques et sociaux, c'est-à-dire la réalisation du bonheur et du bien-être de l'homme. Nous ne faisons que décrire le rôle joué par le libéralisme ou l'antilibéralisme — qu‘il soit socialiste ou interventionniste — dans l'évolution qui a conduit à l'établissement du totalitarisme. C'est pourquoi nous pouvons nous limiter à une brève description des grandes lignes du programme social et politique du libéralisme et de son fonctionnement.
Dans un ordre économique fondé sur la propriété privée des moyens de production, le marché est au centre du système. L'action du mécanisme du marché force les capitalistes et les entrepreneurs à produire de façon à satisfaire les besoins des consommateurs aussi bien et aussi bon marché que la quantité et la qualité des ressources, la main-d'œuvre disponible et l'état des connaissances techniques le permettent. S'ils ne sont pas à la hauteur de leur tâche, s'ils produisent des biens de mauvaise qualité ou trop chers, ou s'il s ne produisent pas les marchandises dont la demande est la plus urgente, ils subissent des pertes. A moins qu'ils ne modifient leurs méthodes de façon à mieux satisfaire les besoins des consommateurs, ils seront finalement classés de leur situation de capitalistes ou d'entrepreneurs. D'autres personnes sachant mieux servir le consommateur les remplaceront. Dans une économie de marché, le mécanisme des prix assure la suprématie des consommateurs. Par les prix qu'ils paient et par le chiffre de leurs achats, ils déterminent à la fois la quantité et la qualité de la production. Ils déterminent directement les prix des biens de consommation et par là même fixent indirectement les prix de tous les facteurs matériels de la production ou les salaires de la main-d'œuvre employée.
Dans une société de marché, chacun sert ses concitoyens et est servi par eux. C'est un système d'échanges mutuels de services et de marchandises, de dons et de prestations réciproques. Dans ce mécanisme qui tourne sans fin, les entrepreneurs et les capitalistes doivent adapter leurs investissements et leurs méthodes de production. Le marché choisit les entrepreneurs et les capitalistes et les remplace aussitôt que des défaillances se révèlent. Le marché est une démocratie où chaque centime a un droit de vote et où le suffrage est journalier.
En dehors du marché, il y a l'appareil social de contrainte et de coercition et ses détenteurs, le gouvernement. État et gouvernement ont le devoir de maintenir la paix intérieure et extérieure. Car ce n'est que dans la paix que le système économique peut atteindre ses fins, la satisfaction la plus complète des besoins et désirs de l'homme.
Mais qui doit commander l'appareil de contrainte et de coercition ? En d'autres termes qui doit gouverner ? C'est une des vues fondamentales de la pensée libérale que le gouvernement est fondé sur l'opinion, et qu'il ne peut donc pas subsister à la longue si les hommes qui le composent et les méthodes qu'ils appliquent ne sont pas acceptés par la majorité des gouvernés. Si la conduite des affaires politiques ne leur convient pas, les citoyens réussiront finalement à renverser le gouvernement par la violence et à remplacer les gouvernants par des hommes qui leur semblent plus compétents. Les gouvernants sont toujours une minorité. Ils ne peuvent rester en fonction si la majorité est décidée à les remplacer. Révolution et guerre civile sont le remède ultime d'un gouvernement impopulaire. Dans l'intérêt de la paix intérieure, le libéralisme est partisan d'un gouvernement démocratique. C'est pourquoi la démocratie n'est pas une institution révolutionnaire, c'est au contraire le vrai moyen d'éviter des révolutions. La démocratie est un système assurant l'adaptation pacifique du gouvernement à la volonté de la majorité. Quand les hommes en fonction et leurs méthodes ne plairont plus à la majorité de la nation, ils seront — à la prochaine élection — éliminés et remplacés par d'autres hommes et un autre système. La démocratie aspire à sauvegarder la paix intérieure entre les citoyens.
Le but du libéralisme est la coopération pacifique de tous les hommes. Quand la propriété privée des moyens de production existe partout et quand les lois, les tribunaux et l'administration traitent étrangers et citoyens sur un pied d'égalité, il est de peu d'importance de savoir où passe la frontière d'un pays. Personne ne peut profiter de la conquête, mais beaucoup peuvent subir des pertes dans la lutte. Les guerres ne paient plus ; il n'y a plus de motif d'agression. La population de tout territoire est libre de déterminer à quel état elle désire appartenir ou si elle préfère fonder elle-même un état. Toutes les nations peuvent coexister pacifiquement parce qu'aucune nation n'est intéressée à la dimension de son état.
Évidemment, c'est là un plaidoyer froid et dénué de passion pour la paix et la démocratie. C'est le résultat d'une philosophie utilitaire. Aussi éloigné de la mythologie mystique du droit divin des rois que de la métaphysique du droit naturel ou des droits naturels et imprescriptibles de l'homme. Il est fondé sur des considérations d'utilité commune. Liberté, démocratie, paix et propriété privée semblent bienfaisantes parce que ce sont les meilleurs moyens d'atteindre le bonheur et le bien-être humains. Le libéralisme peut assurer à l'homme une vie à l'abri de la crainte et du besoin, c'est tout.
Vers le milieu du XIXe siècle, les libéraux étaient convaincus qu'ils étaient à la veille de la réalisation de leurs plans. C'était une illusion.
 

Notes

 
 
1. Hegel, Philosophie du Droit, Gallimard, 3e édition, p. 190.
2. Hayek, « The Counter Revolution of Sciences », Economica, t. VIII, pp. 9-36, 119-150, 281-320.
3. Adolf Weber (Der Kampf zwischen Kapital und Arbeit, 3e et 4e éd., Tübingen, 1921, p. 68), dit très justement en traitant du syndicalisme allemand : Forme et esprit... venaient de l’étranger.
 
Par Ludwig von Mises traduit par M. de Hulster
Le Gouvernement omnipotent De l'État totalitaire à la guerre mondiale
Éditions politiques, économiques et sociales — Librairie de Médicis — Paris (1947) Deuxième partie — Le nationalisme


Jean Magnan de Bornier: histoire de "néo-libéralisme"

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Moteur d’une mondialisation jugée tantôt vertueuse, tantôt responsable de la montée des inégalités entre nations, voire de la crise et des politiques de rigueur, le néolibéralisme est pourtant mal connu. Deux ouvrages récents permettent de mieux cerner son histoire dans les soixante dernières années.

 

L’année 2012 a vu la publication aux États-Unis de deux livres aux ambitions proches, puisqu’il s’agit dans les deux cas de retracer l’histoire du néo-libéralisme à partir de 1938, autour des figures incontournables de Friedrich Hayek et Milton Friedman.

Le titre comme le sous-titre de l’ouvrage de Daniel Stedman Jones (Masters of the Universe. Hayek, Friedman, and the birth of neoliberal politics) suggèrent que l’accent sera porté vers les applications en politique, alors que le sous-titre choisi par Angus Burgin (Reinventing Free Markets since the Depression) indique qu’il se concentre sur les idées elles-mêmes. Ces impressions initiales sont largement confirmées à la lecture des deux textes qui ont en effet adopté des points de vue différents, quoique en aucune manière opposés. Tandis que Daniel Stedman Jones s’applique à retracer les chemins complexes que les idées néo-libérales ont empruntés pour trouver à s’exprimer dans des programmes et des actions politiques, Burgin en reste quant à lui essentiellement à la conception initiale des idées économiques. Les deux livres ne sont donc pas des concurrents directs puisque leurs finalités ne se recoupent pas totalement. Ils comportent néanmoins une très large part de préoccupations communes, et présentent tous deux des analyses de certains événements ou courants essentiels comme la Société du Mont-Pèlerin, créée par Friedrich Hayek et l’école de Chicago, symbolisée par Milton Friedman.



Le livre de Stedman Jones ne considère les événements des années 1930 que comme une ébauche de ce qui commencera vraiment dans l’immédiat après-guerre. Il prive ainsi le lecteur d’une analyse détaillée des bases que le colloque Lippmann — organisé à Paris en 1938 — a posées, tant en termes d’idées qu’en termes de personnes, pour le décollage proprement dit du mouvement néo-libéral après la guerre [1]. Burgin de son côté entame sa narration avec la Grande dépression, et montre de manière éclairante comment quelques groupes d’économistes orthodoxes (Robbins et Hayek à la London School of Economics, Knight et Viner puis Simons à Chicago, Mises à Genève) ont réagi à la crise et aux nouvelles politiques qu’elle a suscitées, sous l’influence entre autres de Keynes, et comment le besoin s’est imposé pour eux de participer à un renouveau des idées libérales.

C’est pourtant bien lors du colloque Lippmann que le terme de néo-libéralisme fut créé et adopté, sans pour autant que tous ses participants s’accordent profondément sur ce qu’il recouvrait : s’agit-il d’amender plus ou moins sévèrement le concept « classique » (manchesterien [2]) du libéralisme comme laisser-faire en réintroduisant le rôle de l’État comme responsable de la fixation des règles du jeu économique, ou devrait-on sortir le libéralisme de ses seuls déterminants économiques et en faire une philosophie de la vie en société avec tous les éléments politiques et moraux que cela implique ? La question n’a été tranchée ni en 1938 ni depuis, mais a structuré l’histoire du néolibéralisme

De Friedrich Hayek à Milton Friedman

Une fois la Seconde Guerre mondiale terminée, la reprise du combat idéologique que marque de plus en plus la division du monde décidée à Yalta va reconfigurer les débats.
Dans ce contexte, la publication en 1944 de l’ouvrage de Hayek, La route de la servitude (la traduction française apparaît en 1945), s’impose comme un tournant crucial. Stedman Jones et Burgin en font chacun une analyse précise.
Stedman Jones choisit dans son deuxième chapitre, consacré à l’immédiat après-guerre, de passer en revue trois livres puis de décrire la mise en place de la Société du Mont Pèlerin (MPS). Ces trois livres, écrits par trois autrichiens, sont La société ouverte et ses ennemis(The Open Society and its Enemies) de Karl Popper publié en 1945, La bureaucratie (Bureaucracy) de Ludwig von Mises, publié en 1944 et bien sûr La route de la servitude(The Road to Serfdom). Cette liste paraît quelque peu artificielle, l’influence de ces livres ayant été, tant immédiatement que dans la durée, très inégale. Mises en particulier n’a peut-être pas sa place ici, d’autant qu’à cette époque il travaillait à son magnum opus, Human Action qui devait paraître en 1949. L’information de l’auteur concernant Mises semble d’ailleurs lacunaire. En effet ce dernier, né dans une famille juive de Lwow (dont le grand-père avait été anobli comme nombre de juifs de Galicie), est présenté comme étant « né dans une vieille famille aristocratique autrichienne » (p. 49). Le livre de Popper, pour intéressant qu’il soit, n’a pas fortement marqué l’époque comme a pu le faire The Road to Serfdom.



Si Stedman Jones ne néglige, dans ce chapitre, ni la publication de The Road to Serfdom ni la création de la Société du Mont Pèlerin, Burgin se montre beaucoup plus précis sur ces deux épisodes fondateurs. Du livre de 1944, il décrit en particulier la réception triomphale aux États-Unis, marquée par une tournée de promotion qu’avait précédée une publication d’extraits par le Reader’s Digest, formule qui semble avoir laissé un goût amer à Hayek. Concernant la Société du Mont Pèlerin, ce groupe d’intellectuels qui se réunirent pour la première fois en 1947 au Mont Pèlerin à l’initiative de Friedrich Hayek, en vue de promouvoir les idées du libéralisme, on apprendra qu’elle est la seule initiative réussie parmi quelques autres, dont la tentative de lancement d’une revue par Wilhelm Röpke qui échoua faute de financement. D’ailleurs, ainsi qu’on finit par s’en rendre compte, la Société du Mont Pèlerin est le véritable objet du livre de Burgin.

Dans la suite de son livre, Burgin décrit en effet les difficultés que la maturité a apportées à la Société, liées à ses objectifs et à son organisation interne comme aux sempiternels problèmes de financement. Pour les objectifs de la Société, la question était de savoir si le plus important (mettre en contact des défenseurs des idées libérales) n’avait pas été atteint dès la fin des années 1950, sinon plus tôt ; en ce cas, son existence se justifiait-elle encore ?

Burgin montre aussi comment Hayek a cherché à défendre la Société du Mont Pèlerin contre certaines formes de pensée conservatrice, nouvelles ou récurrentes. Cette question devint clairement un risque majeur de dislocation entre 1958 et 1961 avec l’« affaire Hunold » bien et longuement décrite dans ce chapitre. Hunold était le secrétaire de la Société et un élément indispensable de son fonctionnement, mais son rôle était purement administratif jusqu’au moment où il voulut se mêler de l’évolution idéologique de la Société et écrivit un article clamant que cette dernière avait « perdu son âme ». Hayek en fut ulcéré et le conflit s’installa. L’affaire fut si grave qu’on fit appel en 1960 à l’arbitrage de Ludwig Erhard, alors ministre de l’économie et vice-chancelier de la République Fédérale d’Allemagne sous Adenauer, sans que cela résolve la crise qui se termina par la démission de Hunold.

Le début des années 1960 est aussi une période de transition marquée par le rôle croissant de Milton Friedman comme personnage central de la défense et illustration des idées néo-libérales. Il est intéressant de noter que si Stedman Jones voit Friedman essentiellement comme l’inventeur du monétarisme — théorie économique de la création de monnaie et de la politique monétaire —, Burgin considère de son côté que ses textes les plus significatifs sont son article de 1953 sur la méthodologie de l’économie et Capitalism and Freedom (1962), ouvrage dans lequel il présente ses convictions en matière de libéralisme économique et politique. Tous deux sont pourtant d’accord pour le considérer comme le successeur de Hayek en tant qu’animateur du mouvement libéral.

Cette divergence quant au rôle de Friedman est assez logique si l’on garde en mémoire que le livre de Stedman Jones porte sur la transmission vers les applications en politique des idées néo-libérales, la politique monétaire étant un domaine privilégié de cette transmission, lors des grandes mutations monétaires des années 1960 et 70 : la « grande inflation », la stagflation, l’abandon des parités fixes. Il semble pourtant que, dans cette direction, Stedman Jones va trop loin quand il identifie néo-libéralisme et monétarisme dans la lutte contre le keynésianisme et consacre à cette opposition un chapitre entier (Keynesiansim and the Emergence of Monetarism. 1945-1971, p. 180-214). Cela nous paraît excessivement réducteur (il n’y a rien par exemple sur le courant des anticipations rationnelles, qui a profondément qualifié ces débats). Il faut dire que les apports les plus intéressants de Stedman Jones ne sont pas à chercher dans son expertise de l’économie mais bien dans la manière dont cette discipline se diffuse dans la pensée des partis et des dirigeants politiques. Sa connaissance de l’évolution du Parti Conservateur britannique (avant et pendant l’ère Thatcher) est à cet égard précieuse et éclairante.

Il est assez frappant et aussi quelque peu frustrant que Stedman Jones consacre certains développements au grand mouvement de dérégulation associé aux noms de Reagan et Thatcher, mais en évitant de parler des industries où ce mouvement a été si actif, celui des grands services publics comme le rail, l’électricité et le téléphone. Le nom de Steven Littlechild qui inventa les « price-caps » (réglementation par plafonnement des prix) et fut le premier à les mettre en œuvre dans le secteur britannique privatisé des télécommunications, n’apparaît même pas dans son livre. Stedman Jones consacre certes un chapitre à un secteur particulier de l’économie des deux côtés de l’Atlantique et à l’évolution de la réglementation qui y est pratiquée, le secteur du logement. Je ne nie pas qu’il s’agit d’un secteur crucial à beaucoup d’égards, mais il me semble loin d’être le cas le plus significatif en ce qui concerne la déréglementation, comparé aux grands monopoles naturels où la concurrence ne peut pas fonctionner de façon normale, comme la production d’électricité, les transports publics ou les télécommunications. .

Un des atouts du livre de Stedman Jones est le chapitre qu’il consacre aux différents think tanks, aux États-Unis comme en Grande-Bretagne, qui ont accompagné le néo-libéralisme. Les think tanks constituent, comme la presse, un élément important dans la chaîne de transmission des idées, depuis leur origine chez les intellectuels jusqu’aux « utilisateurs finaux » que sont les milieux politiques et la population en général. La connaissance du fonctionnement de ce chaînon est clairement essentielle dans toute étude en histoire des idées.

La thèse fondamentale de l’ouvrage de Burgin est que les différents promoteurs de l’idée néo-libérale n’ont jamais réussi à se mettre d’accord sur le contenu réel de cette idée. Trois approches se sont côtoyées depuis 1938, ont cohabité et ont réussi à éviter (parfois de justesse) une confrontation qui aurait pu être fatale : le néo-libéralisme pourrait être un libéralisme encadré par un État faisant — ou disant pour le moins — les lois nécessaires à son fonctionnement juste (Rougier, Lippmann, Hayek) ; il pourrait également être une théorie de la bonne civilisation (Roepke) ; il pourrait enfin se réduire à une pure doctrine de liberté économique (Friedman) et revenir plus ou moins au manchesterianisme décrié lors du Colloque Lippmann. Il ne s’agit pas d’une thèse fondamentalement nouvelle, puisque Michel Foucault, ou plus récemment Serge Audier, ont mis en avant ces ambiguïtés ; Burgin en donne sa propre version et pense que la vision friedmanienne semble l’avoir emporté mais peut-être pas de manière définitive, car les ambiguïtés n’ont pas disparu.

On pourra regretter que les « ultra-libéraux » soient totalement absents de ces deux ouvrages. Le nom de Robert Nozick n’y apparaît pas, ceux d’Ayn Rand ou de Murray Rothbard ne surgissent qu’au hasard d’une citation ou d’une anecdote. Ces théoriciens n’entrent pas bien dans la classification de Burgin ; ils n’en ont pas moins des positions bien marquées, justifiant par le droit naturel un rejet quasiment absolu des interventions étatiques, y compris dans la fonction d’élaboration des règles de fonctionnement de l’économie de marché (c’est bien là leur jusnaturalisme). Au bout du compte, ces auteurs sont proches des positions du laisser-faire du XIXème siècle, mais à partir de bases philosophiques élaborées mettant en avant la primauté absolue de l’individu. L’absence de ces acteurs qui n’ont pourtant pas manqué d’influencer la marche des idées aux États-Unis peut s’expliquer par les objectifs particuliers de chacun des livres évoqués : la Société du Mont Pèlerin pas plus que la politique économique des gouvernements en place n’ont été touchées par l’ultralibéralisme (si on fait l’impasse sur le cas d’Alan Greenspan, influencé dans sa jeunesse par Ayn Rand mais que les ultra-libéraux ont pu considérer comme passé à l’ennemi quand il acquis le pouvoir considérable qu’il avait à la tête du Federal Reserve System). Cette absence n’en laisse pas moins une certaine impression d’inachèvement.

Les ouvrages de Stedman Jones et Burgin sont donc deux études sérieuses et pertinentes sur certains aspects de la marche des idées libérales depuis 80 ans, même si elles ne prétendent pas à en constituer un compte rendu définitif. Du fait d’objectifs plus limités, ils ne se comparent pas aux histoires à vocation encyclopédique comme celles offertes par Philippe Nemo et Jean Petitot (Histoire du Libéralisme en Europe), Catherine Audard (Qu’est-ce-que le libéralisme ?) ou Serge Audier (Néolibéralisme(s)). Au lecteur intéressé par cette histoire, qu’il s’agisse du néo-libéralisme comme mouvement d’idées ou comme pratique politique, ils offrent des apports précieux à la compréhension d’événements particuliers souvent négligés.

Aujourd’hui (horresco referens) certaines impasses économiques et politiques peuvent inciter à penser que des solutions vues comme « libérales » — mais qu’il vaudrait mieux qualifier comme « orthodoxes » — constituent la seule politique possible, qu’il n’y a qu’une seule voie. La lecture de ces deux livres nous rappelle des périodes encore assez proches où les débats d’idées étaient possibles et nous fait rêver à leur retour.
 
 

Regards croisés sur l’histoire du néo-libéralisme

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Recensés :
- Daniel Stedman Jones, Masters of the Universe. Hayek, Friedman, and the birth of neoliberal politics. Princeton University Press, 2012, 424 p.
- Angus Burgin, The Great Persuasion. Reinventing Free Markets since the Depression. Harvard University Press, 2012, 320 p.

Pour citer cet article :

Jean Magnan de Bornier, « Regards croisés sur l’histoire du néo-libéralisme », La Vie des idées, 19 juin 2013. ISSN : 2105-3030. URL : http://www.laviedesidees.fr/Regards-croises-sur-l-histoire-du.html

Jean Magnan de Bornier

De Wikiberal: 
Jean Magnan de Bornier est professeur de Sciences Économiques à l'Université Aix Marseille III (Faculté d'Économie Appliquée) depuis octobre 1990 et il est membre du centre de recherche du GREQAM (Groupement de Recherche en Economie Quantitative d'Aix-Marseille) depuis 2001.
 
Jean Magnan de Bornier lit Friedrich Hayek, Carl Menger ou Ludwig von Mises et se penche sur les thèmes de la propriété privée, de la concurrence, de la théorie de la valeur ou de l'utilité marginale mais sans adhérer complètement au paradigme autrichien. Il a analysé l'oeuvre de certains libéraux comme Jean-Baptiste Say avec un esprit assez critique vis à vis de la méthode scientifique utilisée et présentée dans les différents ouvrages de l'auteur libéral (Discours préliminaire, Discours d'ouverture des Cours à l'Athénée, Cours Complet). Les cours et les articles de Jean Magnan de Bornier s'inspirent beaucoup plus des économistes mathématiciens français du 19ème siècle comme Augustin Cournot (1801-1877) ou des ingénieurs économistes de l'école polytechnique de Paris comme Joseph Bertrand (18221900) ou Jules Dupuit (1804-1866).

Une théorie évolutionniste basée sur un contractualisme faible

Jean Magnan de Bornier a une lecture critique de la théorie de l'évolution culturelle chez Friedrich Hayek. Il reproche à ce dernier de ne pas avoir explicité suffisamment les mécanismes de transmission des règles de conduite. En adoptant la théorie des mèmes au cas des règles implicites, Jean Magnan de Bornier affirme que la transmission ne peut pas s'effectuer simplement par imitation sans risque de variation dans le mécanisme de reproduction. Par conséquent des crises peuvent surgir dans les groupes qui les ont adoptées. Pour contrevenir à ce dysfonctionnement, il en appel à un contractualisme faible.
L'idée du contractualisme faible se différencie d'un contractualisme fort (à la Buchanan) par deux éléments méthodologique et épistémologique. La théorie du contractualisme faible ne repose pas sur l'hypothèse de rationalité du modèle du courant dominant et le contrat social n'est pas une métaphore du grand moment historique fondateur.
Jean Magnan de Bornier nie que des schèmes mentaux, qui ne seraient pas identiques, puissent partager une similarité d'acceptation de règles abstraites. Friedrich Hayek, dans son ouvrage de 1952, The Sensory Order, avait effectivement écrit :
"Les différentes cartes [mentales] qui seront ainsi formées dans les différents cerveaux seront déterminées par des facteurs qui sont suffisamment similaires pour rendre ces cartes se ressemblant les unes aux autres. Mais, elles ne seront pas identiques. L'identité complète des cartes [mentales] supposerait non seulement une histoire identique des différents individus, mais aussi l'identité complète de leur structure anatomique. (Friedrich Hayek, The sensory order, 1952, p110).[2]
Au lieu de mettre un doute sur l'application stricte de la théorie des mèmes sur la théorie de l'évolution des gènes, qu'elle soit Darwinienne ou Lamarckienne, Jean Magnan de Bornier en conclut en l'inexistence de règles complexes, si elles ne sont pas renforcées, comme il l'indique, par des "rustines" d'un contractualisme faible, c'est à dire des règles qui sont imposées par le groupe sur les individus pour que ces règles se transmettent à l'identique.
 
 

Le libéralisme exclu des médias français par J. Garello.

L'Université Libérale, vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.

Avez-vous vu récemment une émission de télévision où aurait été invité un libéral avéré ? 
Avez-vous entendu récemment une interview radiophonique d’un libéral avéré ?

 
 
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Si c’est le cas, vous avez de la chance, car c’est un constat : les médias ignorent sciemment ou involontairement le libéralisme. Quand par hasard ils en parlent, c’est encore pire : c’est pour le dénigrer, le caricaturer. 



Il est vrai que les journalistes ont pour les trois quarts d’entre eux des sympathies pour la gauche : c’est le vote de la rédaction d’un grand journal du matin réputé de droite, voire même libéral. Mais ils pourraient au moins pousser la conscience professionnelle jusqu’à donner la parole à des gens qui ne partagent pas leur opinion et surtout à ceux qui sont politiquement incorrects : les libéraux.
 
Les relations entre les médias français et le libéralisme étaient l’objet du forum organisé mercredi à Paris à l’occasion de l’assemblée générale de l’ALEPS. C’est que le jury de la chronique libérale venait d’être attribué à Eric Brunet, journaliste qui intervient sur RMC et BFM TV. Or, Eric Brunet est l’un des très rares journalistes qui osent afficher publiquement leur libéralisme. Son livre, paru en mai dernier, « Sauve qui peut » est lucide, attrayant et courageux. Dans son intervention, le lauréat a mis en évidence d’une part que les journalistes constituent une corporation si fermée et si sectaire que tout le monde doit s’aligner sur les idées dominantes (de gauche) et que ceux qui contesteraient la pensée unique sont l’objet de discriminations et ne graviront jamais les échelons de leur antenne. Un véritable terrorisme intellectuel règne dans les rédactions. Etre de droite, et pire encore être libéral, ce n’est pas être journaliste. 

Comment en est-on arrivé là et pourquoi ?
Francis Balle, le grand universitaire spécialiste de la science des médias (il a été vice-chancelier de l’Université de Paris et membre du CSA) a souligné ce qui oppose le journaliste français du journaliste anglo-saxon. Celui-ci est surtout attaché à rendre compte des faits, aussi fidèlement que possible, il a un devoir de véracité, de rigueur, de prudence et de sincérité. Quatre impératifs auxquels visiblement les journalistes français ne se rendront pas, car ils verront les faits en fonction de leur opinions, persuadés comme Hegel que les faits n’existent pas et que chacun a sa propre vérité. C’est le chemin le plus court pour la désinformation.
 

Alors que le gouvernement de François Hollande parle de tailler dans les niches fiscales, en voici une dont on n'entend jamais parler dans la presse ou sur les ondes : celle des journalistes.
Ces journalistes ne devraient pas être opposés à la suppression de cette niche, vu que ceci va dans le sens de la politique de François Hollande et qu'ils sont de gauche pour la plupart.

Détails et pétition ici :
Stop aux privilèges de la presse : http://www.stopauxprivilegesdelapress...
 

Mais pourquoi déboucher sur l’anti-libéralisme ? Le débat fait apparaître plusieurs causes :

Le libéralisme n’est pas inscrit dans l’histoire ni dans les mœurs politiques de la France, pays de tradition étatiste. Chez nous les auditeurs ou téléspectateurs sont réceptifs au message suivant lequel l’Etat n’est pas garant des libertés (version libérale), mais gérant des libertés (version dirigiste, colbertiste et jacobine).
 

Puisque la qualité de la relation des faits est seconde par rapport à l’opinion du journaliste, peu importe la source de l’information. Ce peut être l’Agence France Presse, ou les journaux de presse écrite (on peut observer ce qui fait la une à la télé en lisant Le Monde de la veille). Mais ce sont de plus en plus des sources « officielles » qui alimentent les médias, ce qui est intéressant pour les journalistes qui savent que les Français attendent tous les jours une décision qui relève de l’Etat et de la classe politique. A vivre à l’heure de Matignon ou de l’Elysée, on ne vit plus à l’heure de la réalité.

La corporation des journalistes est très solidaire et puissante. Il y a 37.000 cartes de journalisme, ouvrant droit à un certain nombre d’avantages (notamment fiscaux). Si l’un des journalistes est pris à partie, l’esprit de corps réagit immédiatement. Or, le libéralisme est contestataire dans un pays étatisé. C’est ce qui donne au journalisme français son allure monolithique et invulnérable. N’importe qui est autorisé à dire n’importe quoi, et nul ne s’en prive.
 

Enfin, et non le moindre (et Francis Balle et Pascal Salin d’insister sur ce point), en France les « entreprises de presse » ne sont pas considérées comme des entreprises ordinaires. Au nom de la pluralité d’expression, des entreprises de presse sans clients continuent à vivre grâce aux deniers publics. Il n’est pas question de soumettre les médias aux lois du marché : le client auditeur ou téléspectateur n’a pas à sanctionner la qualité des émissions. Même sans audimat, la chaîne ou l’émission continuera. 
 
 
Sylvie Collet de "La Voix de la Russie" commente l'actualité française.
Elle nous donne son analyse de la presse française (subventionnée grâce à vos impôts) qui vous prend pour des cons.
Casting : Laurent Joffrin (Mouchard), un cas d'école sur France 2.

Crédit vidéo : La Voix de la Russie le 7 janvier 2013 :
http://french.ruvr.ru

Merci à H16 pour l'image :
http://h16free.com
 
Cliquez l'image lire post de H16 sur l'indépendance des journalistes

Dans le débat, il apparaît aussi que la qualité des médias vient de leur formation, non seulement dans les écoles de journalisme en situation d’oligopoles et qui distillent un message anti-libéral, mais aussi dans les manuels et les enseignements de l’Education Nationale. Dans son ouvrage « La France aveuglée par le socialisme », Philippe Nemo démontre cette continuité entre la manipulation intellectuelle dans les écoles, collèges et lycées, et le parti pris idéologique des salles de rédaction. Au fond, un pays a les journalistes qu’il mérite ! 
 

Les libéraux doivent évidemment tirer les leçons de cet état d’esprit, de cet état de fait. Par principe, ils savent bien que la presse est une activité marchande comme une autre, et les journalistes trahissent leur mission en se soumettant à la pensée unique et aux deniers publics alors qu’ils devraient être les premiers à défendre la liberté d’expression contre la main mise du pouvoir. La privatisation totale de la presse, la suppression des subventions et privilèges devraient être prioritaires dans un programme libéral.
 

En attendant, il faut trouver d’autres moyens pour informer les Français, pour éclairer l’opinion publique sur les perspectives d’une offre politique nouvelle, celle d’un programme libéral. C’est ce que l’ALEPS, parmi d’autres, a entrepris en lançant depuis quelques mois les forums de libertés : échanges entre citoyens en dehors des partis politiques, pédagogie des expériences libérales à l’étranger, apprentissage d’une société ou l’on à rendre un espoir, et à pousser la classe politique dans cette direction. Aujourd’hui les Français ont envie de tout casser, maintenant il faut leur donner l’envie de tout bâtir.
 
 
 
Nicolas Doze décrypte les mensonges de François Hollande lors de son interview du 15 septembre 2013.

Il faut que chacun se sente solidaire et mobilisé, que l’on suive et soutienne des journalistes exceptionnels comme Eric Brunet, Ivan Rioufol, Yves de Kerdrel, et que l’on donne aux écrits libéraux, comme cette Lettre par exemple, la publicité, la diffusion et le soutien financier dont ils ont besoin.

La liberté des médias est à bâtir si l’on veut que les médias fassent place à la liberté.
 

Source: Libres.org , Aleps par Jacques Garello

 
Souvent dans les dictatures, la presse est un organe de propagande, la télévision aussi sachez tous que chez nous aussi. Tout un chacun ferme benoîtement les yeux, sur ce qui se déroule tous les jours en France, ou la constitution est bafouée et violée dans les plus grandes indifférences : Médiatiques-citoyenne- Qu’attendez-vous peuple de France, pour vous révolter contre l’indicible, les outrages commis envers notre république. Un prochain mai 68, eu-égard à ce qu’il engendra, si nous ne voulons point aller vers de pires ennuis encore, boutons hors de notre nation, à autant d’incompétences, président et gouvernement réunis.
 
par Fernand Chaput








 

Libéralisme retour aux sources par M. Laine, et une controverse d'un blogueur.

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Parce que le libéralisme a mauvaise presse, j’aime parfois profiter de cette libre tribune pour revenir aux fondamentaux.
 
 
Non par (seul) amour de la théorie, j’ai assez observé le monde politico-médiatique pour comprendre qu’une belle démonstration vaut hélas moins qu’un bon sondage. Mais parce qu’il faut, après avoir publié ici (et je le referai) ces fameuses enquêtes d’opinion révélant un goût toujours plus prononcé des Français pour la liberté, rassurer sur le fond ceux qui s’inquiéteraient des caricatures que l’on fait de cette pensée.
 

Dans son Histoire intellectuelle des droites (Perrin – Tempus, 2013), François Huguenin plaide ainsi pour une droite débarrassée de la prétendue tentation matérialiste, individualiste, moderniste, économique, financière et relativiste (rien que ça !) du libéralisme. Mais autant il connaît bien les conservateurs, dont il fait à l’évidence partie, autant il ignore beaucoup du libéralisme. Il commet ainsi de nombreuses erreurs : non, les Orléanistes sous la monarchie de Juillet n’étaient pas tous, loin s’en faut, des libéraux ; les libéraux étaient à gauche sous la Révolution française et jusqu’au milieu du XIXe siècle, et vont insensiblement passer au centre gauche puis au centre droit à la fin du XIXe ; Guizot, que l’auteur présente comme un libéral, ne l’était pas : c’était un conservateur. Si Tocqueville et Constant sont bien cités, rien sur la famille Say, sur Bastiat, Molinari ou Guyot. Rien non plus sur Hayek ou Mises.
 
 
 
Daniel Tourre présente le libéralisme trop méconnu en France à travers son excellent livre "Pulp libéralisme, la tradition libérale pour les débutants" (Tulys).

Article :
http://www.contrepoints.org/2012/07/0...

Pulp libéralisme :
http://www.amazon.fr/lib%C3%A9ralisme...
 

Cette vision volontairement parcellaire et caricaturale du libéralisme (je passe sur les tartes à la crème « violences sociales du capitalisme triomphant » et autres « absolutisation de l’individu ») crée un biais trop important et affaiblit d’autant la démonstration. Mais cette erreur, beaucoup la font. Voilà pourquoi il faut revenir, parfois, aux sources de cette pensée, à ce qu’elle est vraiment : un corps de valeurs fondamentales, clé de voûte d’une société valorisant la liberté, la responsabilité, la propriété et la générosité spontanée. En réalité, le libéralisme, ce sont les « vrais » droits de l’homme.

L’émergence de cette pensée se confond d’ailleurs avec la promotion de ces droits. Quand Locke défend le couple liberté-propriété dans son Essai sur le gouvernement civil, il l’a pensé dans les années 1680, mais il l’a publié en 1690, après la Glorieuse révolution anglaise. Son idée de property se retrouvera plus tard dans la Déclaration de l’indépendance américaine de 1776, sous la plume de Jefferson, et deviendra un lieu commun dans toutes les œuvres libérales, lesquelles, pour la plupart, oublieront son fondement religieux et la laïciseront. Quant à la déclaration de 1789, la nôtre, celle qui nous fait – j’espère – encore vibrer, elle est baignée de ce libéralisme tant bafoué. De quoi nous réconcilier avec lui, non ?

Par Mathieu Laine
dirige la société de conseil Altermind. Il a publié le « Dictionnaire du libéralisme » (Larousse) et, avec Patrice Huerre, « La France adolescente » (Lattès)

Source: Reconquérir les droits de l’homme
Il faut rassurer sur le fond ceux qui s’inquiéteraient des caricatures que l’on fait de la pensée libérale.

 

Mathieu Laine

De Wikiberal:

Mathieu Laine (né le 9 avril 1975 à Lille) est un essayiste français, engagé dans le mouvement libéral français et dans le débat d'idées avec des ouvrages comme La Grande nurserie[1] et Post politique, lauréat du prix Edgar Faure du meilleur essai politique 2009

Libéralisme

 
Le libéralisme est un ensemble de courants de philosophie politique visant à faire reconnaître la primauté des principes de liberté et de responsabilité individuelle sur l'autorité du souverain (que ce souverain soit un monarque ou le peuple).

Le vocable de libéralisme fait son apparition au début du XIXe siècle (on trouve le mot dans le Journal de Maine de Biran en 1818, et le terme de liberalism se trouve dans le New English Dictionary dès 1819). Les racines du libéralisme sont plus anciennes. L'opposition à la dictature de l'absolutisme du souverain est développée au fil des siècles notamment par la montée du scepticisme face au droit divin dans l’Europe des Lumières (XVIIIe siècle), mais aussi auparavant par la scolastique de l'École de Salamanque (XVIe siècle) faisant obligation morale au souverain de respecter les droits fondamentaux de chaque être humain au motif de sa nature de créature de Dieu, ou plus anciennement par les chartes médiévales (telles la Magna Carta) introduisant des droits fondamentaux dont le respect est exigé du souverain, ou encore par certains pans de la philosophie thomiste. La date des débuts formels du libéralisme ou de ses composantes politiques, économiques ou religieuses diffère selon les auteurs. De nombreux auteurs font débuter le libéralisme avec la Lettre sur la tolérance de John Locke (1689) qui complète les racines préexistantes.
 
Liens culturels:
 

Les Droits de l'Homme de 1789 et ceux de 1948 de Gauche Libérale


 
Le libéralisme pour  les débutants par daniel Tourre

 
Ici une controverse:
Les "droits" de l'homme ne sont pas "libéraux"


Cliquez ici et n'hésitez-pas à commenter chez lui de ses inepties d'une idéologie d'un autre temps. 
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