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octobre 13, 2014

La propriété par Jacques Garello

L'Université Libérale, vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.


« La propriété, c’est le vol »
« Il ne se dit pas en mille ans deux mots comme celui-là […] Je n’ai d’autre bien sur la terre que cette définition de la propriété. Je la tiens pour plus précieuse que les millions de Rothschild et j’ose dire qu’elle sera l’évènement le plus considérable du règne de Louis Philippe ».



 
Proudhon était content de sa formule, et il avait raison : pour creuse et incohérente qu’elle soit (pour qu’il y ait vol il faut qu’il y ait propriété) elle va convaincre des millions de personnes qu’une société fondée sur le droit de propriété est injuste et ne peut survivre. Marx fera beaucoup pour amplifier le message de Proudhon, en précisant que la propriété du capital permet de voler les travailleurs. 

« L’homme naît propriétaire »
A la formule de Proudhon répond celle de Bastiat. La propriété est de droit naturel, puisqu’elle est liée à la nature de l’homme. Chaque être humain est unique et irremplaçable, sa dignité s’exprime à travers sa personnalité : par son action personnelle il s’affirme et s’épanouit. L’homme est heureux quand il peut montrer ce dont il est capable, quel mérite il a eu, quel bienfait on peut lui reconnaître. Comme un métal, l’homme s’identifie par ses propriétés. 
Le collectivisme interdit cette identification, et dilue le fruit de l’action individuelle dans un collectif irresponsable. « Séparer l’homme de ses facultés, c’est le faire mourir ; séparer l’homme du produit de ses facultés, c’est encore le faire mourir ». Les régimes totalitaires tentent de faire mourir l’homme en le privant de la propriété individuelle, ils n’y réussissent que par l’esclavage et la terreur. Mais tôt ou tard l’élan vital de la propriété reparaît et triomphe.  

Propriété et responsabilité
Dans la parabole du bon pasteur (Jean, 10, 11-18) le bon pasteur donne sa vie pour les brebis, alors que « le berger mercenaire, lui, n’est pas le pasteur car les brebis ne lui appartiennent pas […] Ce berger n’est qu’un mercenaire, et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui ».
Aristote avait aussi noté que l’on ne gère bien que ce dont on est propriétaire. Etre propriétaire, c’est « répondre » de ce que l’on fait, de ce que l’on a.
Le droit de propriété a pour corollaire le devoir de propriété : « donner sa vie pour les brebis », assumer ses échecs. Voilà pourquoi la propriété se mérite, elle s’inscrit dans le long terme et n’est pas le sous-produit d’un hasard. Le bon propriétaire apporte le plus grand soin à conserver, améliorer, cultiver, les biens qui lui appartiennent. Par contraste, la « tragédie des communs » démontre que ce qui appartient à tout le monde n’appartient à personne (res ullius, res nullius) et se détruit nécessairement. Si l’essor économique appelé « révolution industrielles » s’amorce à partir de la fin du 17ème siècle en Angleterre, c’est que le Parlement a autorisé les « enclosures », les propriétaires terriens vont enclore leurs champs et pratiquer une culture intensive, là où il n’y avait que « terres de vaine pâture ».  

Propriété et service de la communauté
Si le droit de propriété est incontestable dans son principe, reste à savoir comment il est reconnu et respecté au sein de la communauté. N’y a-t-il pas conflit entre l’appropriation privée et le fait que la terre ait été donnée en partage à l’humanité entière ? La question de la « destination commune des biens » a été soulevée pendant des siècles mais Saint Thomas d’Aquin l’a tranchée de façon pertinente, en écartant l’idée d’une propriété commune (nul ne pourrait alors s’approprier la terre) pour lui donner un sens négatif : au début il n’y a pas eu attribution de la terre, donc la terre appartiendra à celui qui lui donnera une destination commune. C’est la destination des biens qui est commune. Cela signifie que la propriété sera reconnue à celui qui met en valeur les ressources disponibles. John Locke établit le principe du « premier occupant », qui découvre une terre nouvelle et l’exploite : il se voit reconnaître le droit de se l’approprier. Les débats autour de la propriété foncière s’élargissent aujourd’hui à toutes les formes de ressources : pas seulement la terre et les richesses qu’elle renferme, mais aussi les idées, la connaissance, les techniques. 



La protection des droits de propriété
Les libéraux attendent de l’Etat la garantie des droits de propriété, et pas du tout l’attribution ou la distribution de ces droits. La loi n’est pas la source de la propriété, puisque la propriété est de droit naturel. Mais la protection des biens et des personnes autorise le recours à la coercition dont l’Etat a le monopole.
Les libéraux de l’école des droits de propriété (Demsetz, Alchian, Pejovitch) ont insisté sur la nécessité de donner au droit de propriété un contour précis. Lorsque les droits de propriété ne sont pas définis avec assez de rigueur, ils perdent leur efficacité ; la misère, voire les conflits dans les pays pauvres s’expliquent par l’absence ou l’imprécision de droits de propriété privée. Par contraste, des droits de propriété précis rendent possible la naissance d’un marché des droits de propriété : la propriété va circuler et, ce faisant, trouver sa juste valeur : elle sera entre les mains de ceux qui prétendent lui donner la meilleure destination. 

Excluabilité, transférabilité et divisibilité
Les juristes définissent les attributs de la propriété comme les rapports entre les individus et la chose : l’usus, le fructus et l’abusus, droits de se servir d’une chose, de jouir de ses fruits et d’en disposer. De son côté, l’école des droits de propriété voit dans la propriété une règle de comportement dans les relations entre personnes à propos d’une chose. Elle implique excluabilité, transférabilité et divisibilité. L’excluabilité signifie que la chose est réservée à son propriétaire, mais elle peut faire l’objet d’une transaction (un échange ou un don : transférabilité), et ce pour tout ou partie de la chose (divisibilité).
Grâce à ces trois caractéristiques la propriété va passer de mains en mains.
La propriété est en fait à la base de l’échange, qui lui-même est la raison d’être de l’économie.
On ne peut échanger que ce que l’on possède. Sans propriété pas de don, pas de troc, et pas de marché. Pas de générosité ni de solidarité non plus, pas de justice distributive.
C’est sans doute la raison pour laquelle, quelques années après avoir lancé sa fameuse formule, Proudhon a rédécouvert la « possession » : « Je suis pour l’alleu et contre le fief ». Alleu : propriété complète, sans redevance à quiconque. Fief : propriété conditionnelle impliquant le versement d’une redevance au seigneur. Aujourd’hui Proudhon se désespérerait : nous subissons le fief, et payons grassement le seigneur.
 

Source: Libres.org , Aleps par Jacques Garello
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Bastiat sur ​​la socialisation de la richesse

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That … veil which is spread before the eyes of the ordinary man, which even the attentive observer does not always succeed in casting aside, prevents us from seeing the most marvelous of all social phenomena: real wealth constantly passing from the domain of private property into the communal domain.
Wealth marvelously passing from the private to the communal domain? It sounds like a socialist’s redistributionist fantasy!




But wait — Frédéric Bastiat, the great laissez-faire radical, wrote those words in his book Economic Harmonies, chapter 8, provocatively titled “Private Property and Common Wealth.”
He repeats the point throughout his fascinating chapter:
And so, as I have already said many times and shall doubtless say many times more (for it is the greatest, the most admirable, and perhaps the most misunderstood of all the social harmonies, since it encompasses all the others), it is characteristic of progress (and, indeed, this is what we mean by progress) to transform onerous utility into gratuitous utility; to decrease value without decreasing utility; and to enable all men, for fewer pains or at smaller cost, to obtain the same satisfactions. Thus, the total number of things owned incommon is constantly increased; and their enjoyment, distributed more uniformly to all, gradually eliminates inequalities resulting from differences in the amount of property owned.
Here’s what Bastiat has in mind. In a competitive marketplace with advancing technology, as the effort required to produce and, hence, acquire things diminishes, the price of gaining utility falls. For example, if the average worker had to work two hours, 40 minutes, to buy a chicken in 1900, but only 14 minutes as the 21st century approached (actual statistics), Bastiat would say the chicken “is obtained for less expenditure of human effort; less service is performed as it passes from hand to hand; it has less value; in a word, it has become gratis, [though] not completely.” In other words, most of the utility that had to be paid for with painful effort in 1900 was free by 2000. (By “less value,” Bastiat meant that the market price has fallen, not that the chicken is less useful.)
Thus progress through the market order consists in ever more people satisfying more of their wants at less and less effort. Bastiat calls this a move from private property to common wealth because he roots property in effort, and greater wealth is available to all with less effort. What makes this possible? Technological innovation. As Bastiat puts it, “Production has in large measure been turned over to Nature.”
The goal of all men, in all their activities, is to reduce the amount of effort in relation to the end desired and, in order to accomplish this end, to incorporate in their labor a constantly increasing proportion of the forces of Nature.… They invent tools or machines, they enlist the chemical and mechanical forces of the elements, they divide their labors, and they unite their efforts. How to do more with less, is the eternal question asked in all times, in all places, in all situations, in all things.….
The gratuitous co-operation of Nature has been progressively added to our own efforts.…
A greater amount of gratuitous utility implies a partial realization of common ownership.
But technology only makes this “marvelous social phenomenon” possible. What makes it actually happen? Competition, of course. If one producer attempted to charge the older, higher price — if he tried to capture the returns to what Bastiat called “the contribution made by Nature” — he would be inviting competitors to undersell him (unless government privileges, such as licensing or intellectual “property” blocked competition). Rivals would be able to undersell because a lower price would still recover the costs of the human effort involved in production. Competitive entrepreneurship drives prices down toward costs. As F. A. Hayek put it, “The empirical observation that prices do tend to correspond to costs was the beginning of our science.” (On the relationship between cost and price, see my “Value, Cost, Marginal Utility, and Böhm-Bawerk.”)
Bastiat, like his predecessor Adam Smith, acknowledged that this process of passing wealth from the private to the communal domain is driven by people’s self-interest: “What other stimulant would urge them forward with the same degree of energy?” Today it is largely unappreciated that the market order — private property, competitive entrepreneurship, free pricing, profit/loss — aligns private and public interest as no other institutional setting possibly could. (For a pre-Austrian, Bastiat got an amazing number of things right, but he got one thing badly wrong when he rejected the idea that trade requires a double inequality of value.)
To be sure, Bastiat did not want his praise of the expanding communal realm to be mistaken for communism. (“I anticipate it, and I am resigned to it.”) Unlike the communist, he favored the socialization of the fruits of nature, not of human effort.
By the communal domain is meant those things that we enjoy in common, by the design of Providence, without the need of any effort to apply them to our use. They can therefore give rise to no service, no transaction, no property. Property is based on our right to render services to ourselves or to render them to others for a remuneration. What the communist proposes to make common to all is not the gratuitous gifts of God, but human effort, or service.
So communism and the communal domain have nothing in common but a word root. Bastiat suggested that more people might favor free markets if they understood the distinction he was making.
If the legitimacy of private property has appeared doubtful and inexplicable, even to those who were not communists, it seemed so because they felt that it concentrated in the hands of some, to the exclusion of others, the gifts of God originally belonging to all. We believe that we have completely dispelled this doubt by proving that what was, by decree of Providence, common to all, remains common in the course of all human transactions, since the domain of private property can never extend beyond the limits of value, beyond the rights laboriously acquired through services rendered.
And, when it is expressed in these terms, who can deny the right to private property?
While Bastiat appeared sanguine about what was going on around him, he understood that the reigning political-economic system indeed enabled the illegitimate privatization of what in a free market would have gone into the communal realm. “Of course, I know that in practice the ideal principle of property is far from having full sway,” he wrote. “Against it are conflicting factors: there are services that are not voluntary, whose remuneration is not arrived at by free bargaining; there are services whose equivalence is impaired by force or fraud; in a word, plunder exists. ” Bastiat, who coined the phrase “legal plunder,” of course had the state in mind as the chief culprit.

Why is Bastiat’s distinctive framing of the case for the free market worthwhile? Because there is, I believe, an untapped potential constituency for radical libertarian ideas among people who have an aversion to free markets only because they mistakenly believe “free market” means corporatism and illegitimate gains. Before these people can be persuaded by libertarian arguments, we must get their attention, and the best way to do that is to present the free market as a process that embodies social cooperation and, à la Bastiat, the “socialization” of wealth.

The following article was written by Sheldon Richman and published with The Future of Freedom FoundationMarch 22nd, 2013.

Bastiat on the Socialization of Wealth

 

Thierry FALISSARD: Wikibéral; Libres!; Mais « Faut-il avoir peur de la Liberté ? »

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L'Avant-propos par Thierry Falissard

Le libéralisme est-il une menace planétaire au même titre que le seraient le réchauffement climatique, le terrorisme islamiste ou la prolifération nucléaire ? Est-il dépourvu de toute éthique au point d’abandonner chacun d’entre nous au jeu aveugle des forces du marché ?
Ne laisse-t-il pas chaque personne livrée à elle-même en détruisant tout lien collectif ?
Faut-il intervenir vigoureusement pour en limiter les dérives ?



La sagesse populaire dit que « la peur n’évite pas le danger », aussi il serait utile d’analyser ce « danger », en allant jusqu’à sa racine. C’est ce que ce com-pendium tente de faire, à partir d’un exposé concis du « noyau dur » du libéralisme et des conséquences qui en résultent. Le lecteur jugera de lui-même si cette peur, en définitive, est réellement justifiée.

Car il est facile de mettre en accusation le libéralisme en lançant une contre-vérité, un slogan aguicheur, qui fera appel aux sentiments plus qu’à la raison. Il faut cependant du temps et une méthodologie adaptée pour répondre, en développant un raisonnement qui se tienne, à un discours réducteur qui voit le libéralisme là où il n’est pas, ou le refuse là où il apporterait la solution.

Ce parcours offrira une vue très synthétique de la pensée libérale dans plu-sieurs de ses aspects, y compris (et surtout) les plus contestés. L’auteur cherche à illustrer que la préoccupation du libéralisme est avant tout d’ordre éthique, et non seulement économique comme beaucoup le pensent. Il espère que le lecteur en appréciera le caractère essentiel, en même temps que l’aspect révolutionnaire, souvent méconnu.

 
 
L'institut COPPET n'est pas en reste pour présenter ce libre;

Ce livre de 70 pages présente le libéralisme en 21 questions (extraits à lire plus bas) :
 
1 – Y a-t-il une pensée unique libérale ?
2 – De quelle liberté parlons-nous ?
3 – L’éthique est-elle soluble dans le libéralisme?
4 – Quels sont mes droits ?
5 – Pourquoi tant de haine envers l’État ?
6 – Sommes-nous tous propriétaires ?
7 – La démocratie est-elle libérale ?
8 – Et le collectif, qu’en faites-vous ?
9 – Peut-on faire le bonheur des gens malgré eux ?
10 – Peut-on tout dire librement ?
11 – Pourquoi cette obsession économique ?
12 – Pourquoi les monopoles c’est mal ?
13 – Le capitalisme est-il libéral ?
14 – Faut-il tout privatiser ?
15 – Et l’argent, où le trouvez-vous ?
16 – Y a-t-il une propriété intellectuelle ?
17 – Et la question sociale ?
18 – Que faites-vous pour les plus faibles ?
19 – Comment concilier écologie et libéralisme ?
20 – Comment peut-on être antilibéral ?
21 – Pour finir, faut-il avoir peur du libéralisme ?
 
Chapitre 2 : De quelle liberté parlons-nous ?
Il ne s’agit pas du concept métaphysique de liberté, décliné en liberté intérieure, libre arbitre[1], émancipation par rapport aux lois de la nature, voire salut individuel, etc. Il s’agit du concept de liberté dans les relations interindividuelles, dans nos rapports avec les autres. C’est donc quelque chose de très concret, qui, excepté les ermites qui fuient la société, nous concerne tous, et tous les jours.
Le libéralisme s’intéresse au « vivre-ensemble », pas à la meilleure façon de mener sa propre vie ; aux relations avec nos semblables, pas au rapport moral que nous entretenons avec nous-mêmes.
Chacun, soutiennent les libéraux, devrait être parfaitement libre tant qu’il ne nuit pas aux autres : la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui (comme le rappelle le bien connu article 4 de la « Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen » française de 1789).
On remarque que cette définition est toute négative : on ne dit pas ce qu’il est permis de faire, mais plutôt ce qu’il ne faut pas faire. Ce qui est positif, c’est la nuisance, qu’on cherche à éviter. Il reste donc à préciser de façon positive ce qu’on appelle « nuire à autrui ». Il peut déjà y avoir des divergences à ce stade parmi les libéraux.
Ainsi les libertariens formulent un principe de non-agression : aucun individu ni groupe d’individus n’a le droit d’agresser quelqu’un en portant atteinte à sa personne (ou à sa propriété)[2]. L’agression est l’usage de la violence (ou la menace d’employer la violence) contre quelqu’un qui ne vous a pas agressé.
Les utilitaristes libéraux, à la suite de John Stuart Mill, préfèrent un principe de non-nuisance : la seule raison légitime que puisse avoir une communauté civilisée d’user de la force contre un de ses membres, contre sa propre volonté, est d’empêcher que du mal ne soit fait à autrui[3].
Les différences qui découlent de ces deux définitions, pour subtiles qu’elles soient, n’en sont pas moins réelles. Pour un utilitariste, une obligation d’assistance à personne en danger peut être justifiée, alors que la plupart des libertariens la rejetteront, comme liberticide. La liberté du commerce est légitime a priori pour les libertariens, puisque le commerce n’est pas une agression, tant qu’il reste honnête (c’est-à-dire consiste en échanges consentis, sans tromperie sur la marchandise, quelle que soit cette dernière) ; pour les utilitaristes, elle est justifiée parce qu’elle accroît le bien-être général, malgré ses possibles nuisances (certains commerçants peuvent souffrir de la concurrence des autres, des prix élevés peuvent nuire aux clients).
Pour un libéral, la liberté positive, contrepartie de la liberté négative, est la possibilité d’agir comme on l’entend dans le respect de la liberté d’autrui. Tout dépend donc du contenu que chacun veut bien donner à cette liberté, contenu sur lequel il n’y a pas lieu de statuer, tant que la liberté d’autrui est assurée.
Car cette liberté positive n’est pas un droit absolu à quelque bien ou service que ce soit[4], éducation, emploi, assistance ou autre, car cela contraindrait d’autres personnes à fournir ces services ou à payer pour eux – en pratique par l’impôt ou la législation, autrefois par l’esclavage des uns et les privilèges des autres – sans que leur consentement soit obtenu. Cette « liberté » profiterait donc aux uns en empiétant sur la liberté des autres. Cette société de « faux droits » serait une société d’injustices plus ou moins bien déguisées.
La liberté n’est pas une émancipation complète de toute contrainte matérielle, ce qui est impossible dans le monde de rareté qui est le nôtre, où aucun gain ni aucun bien ne s’obtient sans travail (d’où le concept de propriété que nous verrons plus loin).
Cela signifie-t-il que dans une société libérale certains soient libres de s’épanouir et d’autres libres de mourir de faim ? Heureusement non (nous aborderons également cette préoccupation par la suite). Cela ne veut pas dire non plus qu’on puisse asservir une partie de la population au bénéfice d’une autre sous un prétexte de « solidarité ».
On pourrait se demander pour quelle raison fonder la vie en société sur la liberté et l’autonomie individuelle plutôt que sur d’autres valeurs, comme l’égalité matérielle, la gloire et le bien de la patrie, la préservation de la nature ou le respect de préceptes religieux ? (on aura reconnu respectivement les idéologies égalitaristes, nationalistes, écologistes et théocratiques)
Le libéralisme ne rejette aucun système de valeurs : il pose seulement comme principe premier celui de la liberté et du consentement individuel. Sans ce principe, toute société, quelles que soient ses bonnes intentions et quelles que soient les valeurs qu’elle promeuve, devient vite une tyrannie. Les exemples de telles sociétés ne manquent pas dans l’Histoire ; on ne peut pas dire qu’elles aient contribué au bonheur individuel ni enrichi l’Humanité. Toute idéologie est respectable dès lors qu’elle respecte le principe de non-agression.
Le principe libéral est avant tout un principe éthique, ce qui nous conduit à examiner les rapports entre libéralisme et éthique.

[1] Nous estimons que la notion de « libre arbitre » est métaphysique et n’est pas utile dans un exposé sur la liberté négative.
[2] Murray Rothbard, « Le manifeste libertarien » (1973).
[3] John Stuart Mill, « De la liberté » (1859).
[4] Ce que le marxisme appelle « liberté réelle », par opposition à la « liberté formelle » qui serait celle du libéralisme.
 
Du côté de la Main Invisible avec Stéphane GEYRE:

Car le collectif La Main Invisible ajoute un nouveau livre à sa collection.

Thierry Falissard, auteur de Libres !

Thierry, 53 ans, ingénieur des Ponts de formation, a fait toute sa carrière dans l’informatique, en se spécialisant sur les mainframes, ce qui lui vaut le titre de dinosaure (il rappelle à ce propos que les dinosaures ont dominé le monde animal pendant des dizaines de millions d’années, alors qu’en comparaison Karl Marx ne domine le monde politique français que depuis près d’un siècle et demi). Comme informaticien, il écrit beaucoup : brochures, manuels, études, logiciels, bogues, etc.
Son évolution vers le libertarisme s’est faite lentement au cours des années 90 et 2000, en approfondissant un questionnement philosophique, économique et éthique, en consultant certains sites web précurseurs (ceux de Faré, Hervé de Quengo, Hervé Duray, etc.), puis en lisant les auteurs : Pascal Salin, François Guillaumat, Bertrand Lemennicier, Hans-Hermann Hoppe, Ruwen Ogien, etc.
Après avoir été aussi un dinosaure de Wikipédia, il participe au projet Wikibéral depuis ses débuts. Il tient un blog rarement mis à jour et publie de rares articles dans Contrepoints et dans le Québécois libre. Favorable au reichmanisme non tempéré, il a longtemps participé à un blog imprécateur et frénétique : « Quitter la sécu ».
 
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Wikibéral a vocation à devenir complémentaire à Wikipédia sur un ensemble de sujets politiques, économiques ou philosophiques, souvent abordés de façon superficielle par Wikipédia. On peut le constater grâce aux moteurs de recherche qui positionnent en premier Wikibéral pour un certain nombre d'expressions, comme "démocratie totalitaire", "faux droits", "loi du plus fort", "axiome de non-agression", "capitalisme de connivence", "propriété de soi-même", "électeur médian", "marché politique", etc.  
Thierry FALISSARD
  Il est l'auteur d'un polar libertarien:  Meurtres à la banque.



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Loin d’être secondaire, limité aux talismans, pilules miracles ou autres escroqueries de bas de gamme, le marché de la stupidité est le plus vaste qui existe. En effet, personne n’est intelligent tout le temps; tout le monde, peu ou prou, même parmi les moins bêtes, a des accès de sottise, ou même, pour certains, est carrément et irrémédiablement stupide.
 
          Les causes en sont diverses. L’omniscience n’est pas une caractéristique humaine, aussi nous sommes tous ignorants, à des degrés divers. Or l’ignorance est certainement l’ingrédient principal de la bêtise (savoir, tel Socrate, que nous ne savons rien, est déjà un luxe rare). Nous sommes influençables et facilement conformistes (comme son nom l’indique, le conformisme est une solution de confort). Nous sommes crédules (être sceptique est très fatigant à la longue).

          Le marché de la stupidité humaine, comme tous les marchés, est régi par des lois simples que je vous propose de découvrir ou de redécouvrir. Les deux premières sont bien connues:
1) La loi de Barnum: ce marché est gigantesque, car le nombre de clients est potentiellement illimité (« there is a sucker born every minute » ou sa variante: « always and inevitably everyone underestimates the number of stupid individuals in circulation »). Dans l’univers, la stupidité est aussi répandue que l’hydrogène (encore dit-on que la quantité d’hydrogène, elle, a tendance à diminuer avec le temps).

2) La loi de l’équilibre général du marché de la stupidité: pour répondre aux besoins imbéciles, il y aura toujours une offre abondante disponible (« for every sucker born there's two people out there that will take their money » ou sa variante: « a fool and his money are soon parted »).
          Les troisième et quatrième lois du marché de la stupidité sont de mon cru:
3) Le marché de la stupidité humaine recoupe pour une très large part un autre marché: le marché politique (en application du premier amendement au huitième Commandement du Décalogue: « Thou shalt not steal, except by majority vote »);

4) Les symboles et les mythes sociaux sont les produits phares de ce marché (conformément à la loi d’Angleton: « Deception is a state of mind, and the mind of the State »).
          Examinons ces deux dernières lois.

Le marché de la stupidité humaine recoupe pour une très large part un autre marché: le marché politique.

          Le marché de la stupidité se caractérise par le fait que, dans l’échange volontaire auquel il participe, le client est finalement perdant, sans qu’il en soit forcément conscient (puisqu’il est stupide). Comme dans tout marché, l’art du vendeur consiste à répondre aux besoins du client et à lui vendre ce qu’il est disposé à acheter:
• quelque chose de prétendument efficace, censé régler un problème précis, ou quelque chose dont il n’a en réalité pas besoin (une machine à balayer dans les coins, un philtre d’amour, un parfum pour éloigner les fantômes, une séance de désenvoûtement, etc.);

• quelque chose qui n’existe pas (comme les beaux habits neufs de l’empereur, dans le conte bien connu, avant qu’il soit révélé que « le roi est nu »);

• des promesses (un produit ou service futur, un gain ou un avantage futur) – promesses évidemment non tenues le plus souvent, mais auxquelles le client croit fermement, ce qui le pousse à participer à ce marché.
          Les deux premiers types de produit montrent vite leurs limites, et le client, pour peu qu’il finisse par ouvrir les yeux, risque vite de se rendre compte de l’escroquerie et de l’inanité de son achat.

          En revanche, les promesses en l’air, caractéristiques d’un marché très particulier, le marché politique, fournissent une denrée inépuisable, car immatérielle, et dépendant uniquement de l’imagination de l’offreur et, en contrepartie, de la crédulité du demandeur, et de ses attentes.

          L’investissement du côté du client est faible: un vote, un soutien à un candidat. Le gain n’est pas immense (ce n’est certes pas un pari pascalien, où l’on gagne l’infini), mais, quoique repoussé dans le futur, il est très concret pour le client: ce peut être un avantage « social », une sécurité en plus, un coût moindre pour un service « public », etc. Voulez-vous des exemples? Consultez le programme électoral de votre candidat préféré (ou, au contraire, de celui ou celle que vous détestez le plus).

          Une fois la vente opérée (l’élection passée), la promesse a été vendue, et c’est tout ce qui importe pour le candidat. Il y a deux choses bien distinctes: la promesse, et l’objet de la promesse. Seule la promesse a été échangée contre le vote. Il n’y a aucune garantie que la promesse soit tenue: le politicien n’a signé aucun contrat, et la justice ne le tracassera pas quand ses mensonges seront devenus flagrants aux yeux de tous. Au contraire, il risque de passer pour un réaliste pragmatique, éloigné de toute démagogie.

          On a certes le droit de vendre du vent à celui qui aime les courants d’air. Mais les promesses politiques sont à la fois immorales et illégitimes, dans tous les cas – qu’elles ne soient pas tenues (tromperie envers l’électeur trop naïf), ou qu’elles soient tenues, ce qui s’opère alors aux dépens du « moins fort politiquement ».
 
Car la politique ne crée pas de richesse, puisqu’il ne s’agit que d’un vol institutionnalisé, le politicien qui gagne l’élection se souciant comme de sa première veste (électorale) de votre consentement à son programme.

Les symboles et les mythes sociaux sont les produits phares du marché de la bêtise.

          La capacité à accepter les promesses politiques finit par s’émousser, et le citoyen a de plus en plus conscience que le marché politique est un marché de dupes. Conformément à la théorie de la subjectivité de la valeur, il pourrait bien finir par ne plus accorder de crédit aux promesses, et se retirer de ce marché où il n’a rien à gagner, le coût d’opportunité du vote devenant prohibitif.

          Mais le politicien est normalement plus malin que son client-électeur-contribuable, puisque tout son art consiste à vivre à ses dépens sans que ce dernier se rebiffe. Il ne va pas seulement blâmer ce client qui le fuit, ce mauvais citoyen qui ne participe pas à la vie de la Cité, qui s’abstient, ou qui vote n’importe comment. Il va chercher toujours plus à s’attirer ses bonnes grâces en se faisant psychologue, pour sonder son âme et en déceler les craintes, les aspirations, et la phénoménale capacité à s’illusionner.

          Le citoyen a un besoin illimité de protection. Chaque jour, il risque de perdre son emploi, d’être agressé dans la rue, de tomber malade, de s’appauvrir et de ne plus pouvoir conserver son train de vie, etc. Il faut donc lui vendre des talismans protecteurs, et au besoin lui faire peur pour qu’il les achète.

          Pour répondre au besoin illimité de protection, le politicien va jouer les apprentis sorciers et proposer des « mesures » qui se révèleront toujours pires que le mal auquel elles sont censées remédier. Voyons quelques exemples typiques.

          On proposera d’instaurer un salaire minimum pour éviter d’avoir des travailleurs pauvres – ce faisant, on créera une nouvelle barrière à l’emploi qui exclura ceux dont le travail valait moins. Le SMIC devient ainsi un symbole de progrès qui ne protège en réalité personne.

          On durcira à coup de réglementation les conditions de licenciement pour « éviter les abus » des employeurs (le chômage ne participe-t-il pas de l’horreur économique capitaliste?) – ce faisant, on dissuadera les patrons d’embaucher, mais peu importe, on crée ainsi un nouveau symbole appelé « Code du Travail » censé nous protéger, alors que le résultat est bien de nous précariser davantage.

          On proposera une assurance santé obligatoire qui n’a d’assurance que le nom (en l’absence de prime liée au risque, de contrat, de garantie) et qui détourne plus de 20% du salaire complet: c’est la symbolique « Sécu » à laquelle le citoyen est tellement attaché, tel le chien à sa chaîne. Une chaîne héritée du communisme français, qui remonte à 1945, mais qui est solide, car les gouvernements (non communistes) n’ont eu de cesse de la renforcer au fil des ans, bien qu’elle contrevienne autant à la législation européenne qu’au droit de l’homme à disposer librement des fruits de son travail.

          Tous ces symboles contribuent à édifier un mythe, celui de la « protection sociale », du « modèle social », qui n’a d’efficacité que symbolique, car tous ces services (ou du moins ceux qui sont vraiment utiles) pourraient être rendus à moindre coût et meilleure qualité par le marché privé, ce que les intéressés ignorent souvent, aveuglés par l’illusion sociale « solidaire ».

          Mais la charge symbolique est si forte, que le client abusé reste prêt à payer très cher pour cette « protection », ce qui est tout bénéfice pour les profiteurs de la « République Fromagère ». Celui qui viendrait à contester ces mythes serait au sens propre un iconoclaste antisocial, un monstre d’inhumanité, bref, un libéral! Il préfère vivre sous la clarté du soleil plutôt qu’à l’ombre tutélaire, mais pernicieuse et délétère, de l’État redistributeur. Le soir venu, il parcourt les villes avec sa lanterne, à la recherche d’un homme qui ne croirait plus aux mythes étatiques, mais en vain: les assistés lui montrent les bienfaits de la solidarité forcée, tandis que les ponctionnés complaisants fustigent son « égoïsme » individualiste.

          Le citoyen a aussi un besoin illimité de se projeter dans l’avenir, d’espérer en la prospérité, de croire en son bonheur ou en celui de ses enfants, etc. Il ne compte pas sur lui-même pour avancer et réussir dans la vie, cela serait sans doute au-delà de ses forces. Il faut donc lui vendre du rêve, et c’est une autre des tâches du politicien. Se limiter à subvenir à son besoin de protection par ces symboles « sociaux » inefficaces mais tellement envoûtants serait faire montre de matérialisme mesquin, alors qu’il y a tant à gagner à vendre du rêve, du bonheur futur, le paradis sur terre… On lui proposera alors du Grand Dessein, du Vivre Ensemble, de l’Avenir Radieux ou Durable, ou bien l’Europe Sociale, le Pacte Républicain, un Autre Monde (qui est « possible », ou qui est « en marche », au choix), une France qui gagne… bref, toutes les lubies pré-totalitaires qui ont fait leurs preuves au XXe siècle.

          Il s’agit d’offrir, non plus l’espoir d’un avantage tangible, comme peuvent l’être les simulacres de protection sociale que nous avons mentionnés, mais un mythe collectif, du rêve à l’état pur, qui en appelle à la fois à l’instinct grégaire de chacun (qu’il soit nationaliste, communautaire, religieux, identitaire) et à la magie noire, à l’État comme source inépuisable de richesses et de bienfaits, infatigable pourvoyeur de lendemains qui chantent.

          Tandis que les gogos, sans se poser de questions, vivent de mythes, de symboles et d’eau fraîche, les politiciens, en calculateurs réalistes, cueillent les fruits de l’arbre de la stupidité. On peut penser que le gogo n’a que ce qu’il mérite (stupidity is painful after all). Cet état de choses serait tolérable si on permettait au restant de gens lucides d’échapper à l’esclavage politique, mais on sait qu’ils n’ont pas le choix; voter avec leurs pieds restant le dernier recours.

          Électeurs, réveillez-vous! Stupidity is no excuse for not thinking
 
Par Thierry Falissard dans

Faut-il avoir peur du libéralisme ?

Le blog


 
 

La vision libertarienne de la société est atomique par Paul Makamea?

L'Université Libérale, vous convie à lire ce nouveau message. Des commentaires seraient souhaitables, notamment sur les posts référencés: à débattre, réflexions...Merci de vos lectures, et de vos analyses.

Avec la crise de confiance des Français dans la classe politique et à la faveur du mouvement d’opposition au mariage des homosexuels, une conscience politique nouvelle est en train de germer dans notre pays. Et particulièrement sur ce site, à titre de solution de replacement, des idées libertariennes sont professées et revendiquées.



Toutefois, à la suite de Karl Popper, je crois utile de passer ces idées au crible de la pensée critique pour les éprouver. Je confesse que le titre est provocateur et que ces propositions ont la forme d’un brûlot, mais que personne ne se sente insulté : vous voudrez bien pardonner à l’ingénieur de se livrer au petit jeu de la démarche de la sûreté de fonctionnement (méthode d’ingénierie qui consiste à tempérer l’enthousiasme du concepteur en pointant tout ce qui pêche ou risque de casser), et à l’homme d’exercer la charité fraternelle.



Parce qu’ils se trompent de cible
La vision centralisatrice de l’État sur laquelle ils se basent pour analyser son action et fonder leur réflexion, et qu’ils appellent d’ailleurs « État socialiste » (tout un programme!), est partielle et partiale. Critiquer l’interventionnisme de l’État et ses excès est bien sûr licite, c’est même salutaire. Mais ce n’est pas parce que le bébé a des défauts qu’il faut le jeter avec l’eau du bain. Ce n’est pas parce que l’État moderne est devenu un ogre qu’il faut rejeter par principe son action et lui nier le droit à l’existence. Ce n’est pas parce que l’État se mêle de ce qui ne le regarde peut-être pas – notamment dans le domaine économique, même si le principe se discute (cf. Thomas d’Aquin et d’autres chercheurs plus récents) – que l’État n’aurait pas par principe son mot à dire sur un certain nombre des aspects de la vie en commun. Il y a un rôle propre de l’État, il y a une dignité propre à l’organe (peut importe son nom) qui doit nécessairement régir un certain nombre des aspects de la vie commune, car l’homme est un être social (cf. le dernier point ci-dessous). Contenir par aversion le rôle de l’État à la portion congrue, c’est faire la même démarche que les laïcistes qui veulent oblitérer le fait religieux de la vie publique, c’est se comporter comme les puritains qui tolèrent le sexe (berk !) dans le mariage à la seule et unique fin de la procréation, niant par là sa fécondité intrinsèque pour le couple.

Disons, pour reformuler de manière moins provocatrice, que le problème, ce n’est pas l’État, c’est le but réel que servent les hommes qui le tiennent. Amputer l’État au prétexte de griefs à l’encontre de son action, c’est donc – d’un point de vue épistémologique – passer à côté de la problématique, c’est commettre un contre-sens.




Parce qu’ils évacuent une problématique clef de la vie politique moderne
La vie politique moderne est difficile à définir. Elle prétend répondre – selon le mot de Paul Valéry – à régler « les rapports de l’individu avec la masse des hommes qu’il ne connaît pas ». Nos sociétés occidentales répondent (imparfaitement, c’est le moins qu’on puisse dire) à ce défi par le biais du vote démocratique, qui repose sur l’anonymat général : la voix de n’importe quel citoyen en vaut un autre. En clair, la démocratie moderne ne connaît que les individus et non pas les personnes. Au contraire de l’oligarchie (ou plus précisément l’aristocratie, dans son acception classique) qui fait le choix inverse de ne connaître que la valeur des personnes. Mais quoi qu’il en soit, il faut répondre à cette question : comment fixer le rapport des hommes entre eux : délégation, répartition, représentation ? Sous prétexte de transposer la logique d’auto-régulation du marché dans la vie publique, le projet libertarien ne répond pas à cette problématique incontournable, mais l’escamote purement et simplement. Nier les problèmes, n’est-ce pas le trait même de l’idéologie ?

« La pensée libertarienne est en bonne partie née du mythe du colon américain, seul dans l’Ouest sauvage, avec sa famille et sa Winchester, under God. »

 

Parce que les solutions qu’ils proposent renforcent les défauts de la démocratie moderne en voulant les évacuer
Si on analyse les conclusions de Tocqueville sur les vices de la démocratie, on peut en retenir deux qui ont pour racine la montée de l’individualisme : la non-participation des citoyens aux élections (abstention) conduit mécaniquement à une oligarchie de fait (confiscation du pouvoir par une minorité malgré un formalisme démocratique), et judiciarisation de la société (le délitement du lien social amène les individus à faire arbitrer leurs différends par un autrui hypothétiquement neutre et impartial). Or, un projet de société libertarien consacre ces deux états de fait : en niant la légitimité d’une action proprement dédiée au vivre ensemble, c’est l’individualisme qui est inscrit dans les gènes même de cette société, on ne risque pas de créer de l’entraide, mais bien au contraire mécaniquement de voir pulluler les « tribus » et autres cercles d’intérêts occultes sur lequel plus personne n’aura de leviers si l’envie lui en prend ou si le devoir s’en fait sentir. De plus, les lois devant être ramenées – en nombre et en volume – au plus strict minimum, c’est un concept totalement anglo-saxon de jurisprudence qui viendra modeler l’ exercice de la justice. L’indépendance formelle de la justice qui est ainsi sanctuarisée dans une forme extrême consacrera de fait une caste de nouveaux druides qui seuls auront le pouvoir – dans toute l’étendue du champ de l’agir humain !, de modeler par leurs décisions le cadre de référence de la société. Et passons sur l’illisibilité juridique qui en résultera : on se plaint de notre jungle légale et administrative, que dire alors si la seule façon de trancher sera de se faire des procès ? On tombe en plein dans la pensée magique des peuples primitifs où pour qu’une chose soit, il faut qu’elle soit actée par un rite et une parole !




Parce que le modèle de société qu’ils appellent est fondé pour une bonne part sur un mythe et sur une culture historiquement et géographiquement déterminée
La pensée libertarienne est en bonne partie née du mythe du colon américain, seul dans l’Ouest sauvage, avec sa famille et sa Winchester, under God. Elle est totalement étrangère à l’expérience européenne, et notamment sa période médiévale dont ceux qui ont soif d’un humanisme vivifiant gagneraient beaucoup à étudier les aspects économiques et politiques de niveau local (voir les travaux, par exemple, de Régine Pernoud, ou de Raymond Delatouche in La chrétienté médiévale). Ce mythe, qui n’a jamais été une société réelle mais bien plutôt un état transitoire de fait dans la construction des États-Unis, éjecte hors de son champ d’analyse – je dirais même de conscience – les enjeux de la mondialisation réelle (je renvoie le lecteur curieux aux écrits de Paul Valéry, le seul penseur qui l’ai définie de façon lumineuse, pourtant avec plusieurs dizaines d’années d’avance, cf. Regards sur le temps présent). Si effectivement les idées politiques ressortent d’un ordre technique, donc a priori cosmopolite, le libertarianisme est né dans un monde protestant, et lui est totalement compatible. Et à la suite de Braudel, j’appelle à se méfier d’un volontarisme désincarné : une greffe culturelle ne peut pas aller à l’encontre des structures profondes d’une civilisation. Si la France est un alliage culturel extrêmement complexe et probablement unique, elle n’a – comme toute l’Europe du sud – pas « digéré » le protestantisme et sa vision très individuelle du Salut. On touche sans doute là à une de ces structures profondes qui, d’après Braudel, définissent les civilisations. Dans une perspective de temps long, la greffe libertarienne a toute les chances d’être rejetée de France.


Parce que le libertarianisme ne respecte pas la vérité ontologique de l’homme, être social
La vision libertarienne de la société est atomique, centrée sur la famille nucléaire, alors que l’homme est par nature un être social. Thomas d’Aquin, explorant la pensée d’Aristote, montre bien à quel point la définition ontologique de l’homme n’est pas épuisée par un individu : c’est toute l’humanité qui fait sa nature. Un projet social ou politique, en ce qu’il concerne l’homme, ne peut donc faire l’impasse sur le caractère intrinsèquement collectif de l’agir humain. La base même de la « partie » culturelle de l’être humain n’existe que dans un cadre collectif, et la famille et les relations inter-individuelles ne peuvent suffire à déployer tout les fruits du potentiel culturel de l’être humain. Le projet libertarien prive donc l’humain d’une partie de son être en puissance. Ainsi donc, de même que la dignité de l’être humain doit être manifestée envers et à chaque personne, elle doit être manifestée par la participation de chacun à la société en tant que société. Appliquer la théorie des avantages comparatifs aux individus pour espérer répondre à ce besoin est tout à fait réducteur. Chacun, en fonction de ses moyens et de ses capacités, doit pouvoir participer à la vie commune : c’est un des besoins fondamentaux dégagés par Simone Weil dans son grand-œuvre (L’Enracinement).

 

Parce que le libertarianisme organise la désertion du croyant de la poursuite politique du Bien commun
Pour finir, d’un point de vue catholique, à la suite des plus grands, on peut affirmer que le devoir des responsables politiques est d’organiser la Cité en vue de la vertu, afin de permettre à chacun de mener une vie qui le conduise au Salut. Cela suppose nécessairement une volonté agissante. Abandonner totalement la poursuite du Bien commun à une hypothétique « volonté » immanente qui résiderait dans l’agir des individus laissés à eux-même ou peu s’en faut, au prétexte que cette volonté incarnée dans des institutions faillit plus souvent qu’elle ne réussit, c’est faire preuve d’une singulière cécité à l’endroit du péché originel qui fait que seul, on fait quand même plus souvent des bêtises que devant autrui ; et c’est tout simplement s’interdire d’avoir une direction vertueuse des affaires si d’aventure des hommes bien formés arrivaient au pouvoir. Et j’en veux pour preuve que quasi toutes les écoles libertariennes ne tolèrent le concept d’église qu’à condition qu’elles ne soient pas de la forme catholique !

Pourquoi les libertariens ont tort

Par
 
*Paul Makamea est ingénieur conseil en management de grands projets.  ?????? inconnu.
Source: Nouvelles de France:Accueil
 
 

Libertarien

De Wikiberal:

Les libertariens sont des libéraux radicaux, opposés à l'État dans sa forme contemporaine. Pour eux, les pouvoirs de l'État devraient être extrêmement restreints (minarchisme), ou même supprimés (anarcho-capitalisme). Contrairement à l'idée libertaire, les libertariens ne sont pas pour une société gérée en commun, mais pour une société où les interactions entre les individus découlent de contrats librement consentis, conformément au Droit naturel et à l'axiome de non-agression.
Le terme anglais de libertarian (libéral) a un sens plus étendu que le terme français "libertarien", qui ne désigne à strictement parler que les minarchistes et les anarcho-capitalistes.
Cherchant à tout prix à insérer les libertariens dans une échelle droite/gauche on utilise parfois, pour les désigner, des expressions plus douteuses, comme "libéraux libertaires", ou des expressions inexactes, comme "anarchistes de droite". Ce que précisément ces expressions montrent, en fait, est que les libertariens échappent au clivage habituel droite/gauche




Historique

D'après Bertrand Lemennicier, la philosophie politique libertarienne naît avec les Levellers au milieu du XVIIe siècle pendant la révolution anglaise. En 1646, dans la prison de Newgate, Richard Overton, un des leaders parmi les levellers, écrit le pamphlet célèbre An arrow against all Tyrants. Cet écrit affirme haut et fort le concept de propriété de soi-même :
To every individual in nature is given an individual property by nature not to be invaded or usurped by any. For every one, as he is himself, so he has a self-propriety, else could he not be himself; and of this no second may presume to deprive any of without manifest violation and affront to the very principles of nature and of the rules of equity and justice between man and man. Mine and thine cannot be, except this be. No man has power over my rights and liberties, and I over no man's. I may be but an individual, enjoy my self and my self-propriety and may right myself no more than my self, or presume any further; if I do, I am an encroacher and an invader upon another man's right — to which I have no right.
Dans son Traité du gouvernement civil (1690), Locke affirme de la même façon :
§ 27. Encore que la terre et toutes les créatures inférieures soient communes et appartiennent en général à tous les hommes, chacun pourtant a un droit particulier sur sa propre personne, sur laquelle nul autre ne peut avoir aucune prétention. Le travail de son corps et l'ouvrage de ses mains, nous le pouvons dire, sont son bien propre. Tout ce qu'il a tiré de l'état de nature, par sa peine et son industrie, appartient à lui seul : car cette peine et cette industrie étant sa peine et son industrie propre et seule, personne ne saurait avoir droit sur ce qui a été acquis par cette peine et cette industrie, surtout, s'il reste aux autres assez de semblables et d'aussi bonnes choses communes. (traduction de David Mazel, en 1795)
Les libertariens sont les héritiers directs des libéraux classiques dont ils prolongent le libéralisme sans concession envers l'étatisme.

 

Origine du terme

L'histoire du mot « libertarien » est intéressante, car c'est la traduction en français de l'anglais « libertarian », lui-même traduction anglaise du français « libertaire ».
Déjà au début du siècle, le liberal party anglais, au pouvoir, avait dérivé vers de plus en plus d'étatisme, et de moins en moins de libéralisme. Ce changement de cap fut entériné dans les années 1920, où le très étatiste économiste Keynes se réclama comme liberal, en référence à la politique du parti liberal, et en rejetant explicitement la tradition de pensée libérale. Dans les années 1950, pour éviter le McCarthysme, les socialistes américains se sont massivement réclamés comme liberal, en reprenant la tradition keynésienne. Le mot liberal, aux États-Unis en étant venu à dire « socialiste », les libéraux américains (au sens original du terme) ont repris à leur compte le mot libertarian, qui aux États-Unis n'avait pas la connotation de gauche qu'il a en France. Le mot libertarian s'est depuis implanté en Grande-Bretagne (où il avait une connotation de gauche, comme en France), fort de toute la littérature libertarian déjà existante (ils n'allaient quand même pas ajouter à la confusion en créant un terme distinct en Grande-Bretagne !).
Cependant, à la même époque, dans les années 1970, Henri Lepage, en traduisant le terme libertarian, et en l'absence de littérature libertarian francophone, n'a pas voulu risquer l'amalgame avec les anarchistes socialistes, et a donc préféré utiliser « libertarien » plutôt que « libertaire ». Pour ajouter à la confusion, certains gauchistes ont néanmoins traduit libertarian par « libéral-libertaire », cependant que quelques rares libéraux revendiquent le mot « libertaire ». Les libertarian francophones du Québec, dans un pays où tout le monde est bilingue, ont repris le terme « libertarien », phonétiquement proche de l'américain libertarian, en France l'ADEL en a fait de même puisqu'il s'agit bien de l'association des Libertariens.
Le mot anglais libertarian, quant à lui, est attribué à Leonard Read, fondateur de la Foundation for Economic Education, pour se distinguer des néoconservateurs et des liberals socialistes.
Le mot « libertarien » donne lieu au néologisme « libertarianisme » - mot si inutilement compliqué que même ceux qui se revendiquent « libertariens » préfèrent parler de libéralisme pour nommer leur philosophie (ce en quoi certains libéraux non libertariens sont en désaccord). Certains utilisent aussi le terme « libertarisme ».
A noter que les autres langues latines (italien, espagnol, portugais) utilisent indifféremment les termes libertario / libertariano (libertarien) et libertarismo / libertarianismo (libertarisme).

 

Politique

Le libertarisme a une existence politique dans les pays anglo-saxons (libertarian party). Il échappe à un positionnement politique classique de par ses thèses qui le situent à la fois à gauche au plan des libertés individuelles (usage libre des drogues, liberté d'expression, liberté d'immigration, liberté sexuelle...) et à droite au plan des libertés économiques (respect de la propriété privée, libre-échange, suppression ou diminution drastique de la fiscalité...). Comme le dit Murray Rothbard : le libertarien ne voit aucune incohérence à être « de gauche » dans certains domaines et « de droite » dans d’autres. Au contraire, il considère que sa position est virtuellement la seule qui soit cohérente du point de vue de la liberté individuelle.
Les libertariens sont inclassables, et les personnes non averties (au moins en Europe, où les thèses libertariennes sont encore peu répandues) ont tôt fait de les classer, par ignorance, tantôt à l'extrême-gauche (anarchisme, refus des lois, défense intransigeante des libertés), tantôt à l'extrême-droite (liberté du port d'armes, défense intransigeante de la propriété et de l'entreprise privée, refus de l'assistanat étatique). Le libertarisme est en réalité anti-politique, pour lui la politique ne diffère pas de l'esclavagisme.

En quoi les libertariens diffèrent des libéraux

Même si le socle idéologique est commun, les divergences avec les libéraux sont nombreuses, et portent sur le rôle de l'État, la conception de la politique et de la démocratie, l'impôt, la loi, l'immigration, etc. (les articles cités explicitent les différences). Les libéraux considèrent habituellement les libertariens comme des libéraux "radicaux" voire extrémistes, les libertariens considèrent les libéraux non libertariens comme des "compagnons de route" qui ne sont pas allés jusqu'au bout de la logique libérale (en raison d'un trop grand respect envers l'État, ou d'une conception incomplète de ce qu'est le droit). Les libertariens, en comparaison avec les libéraux, ont de par leur logique propriétariste des idées très arrêtées sur ce que devrait être le droit dans une société libre.
Il est cependant impossible de tracer une frontière claire entre libertariens et libéraux (aux États-Unis, on emploie d'ailleurs le même terme dans les deux cas : libertarian). La différence est peut-être une question d'attitude : les libertariens déduisent leur position sur tout sujet de grands principes a priori tels que la non-agression, la propriété de soi-même ou le concept de droit naturel, avec le risque de tomber dans un certain dogmatisme (Rothbard est souvent cité comme l'exemple-type) ; les libéraux, eux, sont davantage attachés aux conséquences et adoptent un point de vue empirique (Hayek) ou utilitariste sans a priori. Comme le remarque un peu cruellement Virginia Postrel (an 18th-century brain in a 21st-century head) : la tradition déductive a défini l'identité libertarienne et son dogme, tandis que la tradition empirique a réalisé ses buts.

 

Points de désaccord entre libertariens

Même si les points de vue sur la réduction du rôle de l’État et l'importance des droits individuels et de la non-agression font l'unanimité, il existe plusieurs points de désaccord entre libertariens :

Libertariens "de droite" et libertariens "de gauche"

Certains auteurs, tels Peter Vallentyne, se fondent sur le désaccord quant à l'appropriation des ressources naturelles pour distinguer un libertarisme "de droite" et un libertarisme "de gauche" ([1]). Ainsi, Rothbard et Kirzner seraient des libertariens d’extrême droite, car ils admettent que n'importe qui peut s’approprier des ressources non encore appropriées. Nozick serait seulement "de droite", car il admet le proviso lockéen. Les libertariens georgistes (Henry George, Hillel Steiner) admettent l'appropriation des ressources naturelles non encore appropriées en contrepartie d'une location versée à un fonds social. Enfin les libertariens "égalitaristes" tels Peter Vallentyne exigent en outre le paiement d'un impôt sur tous les avantages reçus de cette appropriation ("taxation complète des avantages").
Les libertariens agoristes se considèrent également comme des libertariens de gauche, voire d'extrême gauche, parce qu'ils se considèrent comme "anti-establishment", aussi bien contre le socialisme que contre le conservatisme.
Aux États-Unis on parle également de conservatisme libertarien[1], résultant d'une convergence entre deux courants politiques proches, les conservateurs étant souvent en faveur d'un gouvernement limité et les libertariens ne rejetant pas les "valeurs conservatrices" ; Ron Paul ou Gary Earl Johnson seraient ainsi des "conservateurs libertariens", ou des "libertariens conservateurs".

 

Les réalisations libertariennes

Alors que les hommes politiques traditionnels s'emploient à créer des privilèges et des faux droits, les libertariens cherchent à mettre en œuvre leurs idées de façon concrète directement dans la société civile (et non par la coercition étatique) en créant des services utiles aux personnes, visant à promouvoir l'autonomie individuelle. On peut citer les exemples suivants :
  • Wikipédia est une encyclopédie coopérative d'inspiration libertarienne, créée par Jimmy Wales ; c'est une bonne illustration du concept contre-intuitif d'ordre spontané ;
  • Bitcoin est une monnaie virtuelle décentralisée, créée par des libertariens partisans de la concurrence monétaire ;
  • les projets d'états libertariens, encore utopiques, pourraient un jour aboutir à des réalisations concrètes, soit par la voie politique (Free State Project), soit ex nihilo (seasteading, villes privées) ;
  • certains libertariens se sont spécialisés dans le survivalisme et partagent leurs expériences ;
  • les philanthropes libertariens (par exemple Peter Thiel) financent divers projets liés à la cause libertarienne.

Un pays pour les libertariens

Aucun pays existant ne pouvant convenir aux libertariens, ces derniers ont le choix entre militer dans leur propre pays pour davantage de liberté, ou, quand c'est possible, partir pour des pays plus libres (comme certaines micronations en Europe, Amérique ou Asie), ou encore construire à partir de zéro un tel pays. Les projets ont été très nombreux, mais aucun n'a encore véritablement abouti. Parmi les anciens projets :
  • la Principauté de Minerva, fondée en 1971 par un activiste libertarien de Las Vegas, Michael Oliver, sur les récifs de Minerva, à 500 km au sud-ouest du royaume de Tonga. Cependant, en 1972, les îles Tonga ont annexé Minerva. Le territoire est actuellement revendiqué par la Principauté de Minerva (gouvernement en exil) ainsi que par les îles Fidji.
  • la Principauté de Freedonia, créée en 1992. Le but ultime était de créer une nation libertarienne souveraine. Après un essai infructueux en Somalie en 2001, le projet a été abandonné.
  • Oceania, The Atlantis Project, projet libertarien de ville flottante, abandonné en 1994. Son auteur s'est tourné vers un projet humanitaire plus ambitieux, Lifeboat Foundation.
  • la Principauté de Sealand (ancienne plate-forme militaire de l'armée britannique, construite au large de l'estuaire de la Tamise dans les eaux internationales) est un exemple de micronation réussie (mais non libertarienne, et de plus absolument minuscule) dont les libertariens pourraient s'inspirer dans leurs projets futurs.
  • le projet Limón REAL est un projet de province autonome libertarienne au Costa Rica, conduit par Rigoberto Stewart.
A ce jour, le projet le plus abouti est le Free State Project, qui vise à regrouper 20000 libertariens dans l'État du New Hampshire, de façon à exercer une pression politique forte en direction du libertarisme. Une variante du projet a choisi l'État du Wyoming. Leur clone européen, "European Free State", a été pour le moment abandonné.
Le seasteading est vu comme une possibilité futuriste d'établir des communautés libertariennes en-dehors des états, sur des territoires très grands et non encore étatisés : les eaux internationales.
 


 

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