août 22, 2021

La sécurité sociale, un Padirac sans nom (histoire)

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La sécu, au bord du gouffre depuis sa création.  Un fil à partir des archives du Figaro (@Le_Figaro) entre 1945 et 1949.

L’ordonnance du 4 octobre 1945 institue la sécurité sociale en remplacement des Assurance sociales (crées en 1928-1930). Et c'est le début des contestations...

Dès le premier jour, le 4 octobre 1945, un article du figaro souligne le déficit des Assurance sociale à la libération (1 milliard par an) et, constant un bénéfice prévu de 1,5 milliards pour 1945, pose la question : « Le gouffre est comblé. Le restera-t-il longtemps ? »


Si le Figaro s’inquiète déjà du déficit de la sécu, il s’inquiète également pour sa clientèle : les médecins. Le 12 octobre 1945, le Figaro s’insurge : les internes d’hôpitaux gagnent moins qu’une fille de salle !


Dans article du 3 novembre 1945, sans avoir mentionné l’ordonnance du 19 octobre qui précise le fonctionnement de la sécu, le Figaro constate que la sécurité sociale commencera à s’appliquer le 1er juillet 1946.


Il faut attendre le 14 décembre 1945 pour avoir l’avis du Figaro sur le fonctionnement de la sécu. La crainte, c’est le « joug administratif » qui inciterait les médecins à satisfaire les clients (plus de soins et d’arrêts maladie) plutôt qu’à satisfaire le contribuable devenu salarié, le plus souvent insatisfait de son salaire, le médecin aura tendance à glisser vers des pratiques dont la profession tout entière risquerait d’être atteinte. La profession baissera en moralité. Elle ne baissera pas moins en qualité. »  

 
 
Mais ce n’est pas tout, l’article se termine sur la thématique des effets pervers de l’administration : « on discerne à travers l’ordonnance du 19 octobre une arrière-pensée qui gâte les intentions humanitaires »
 

L’objectif serait de « remédier au déficit permanent de l’administration des assurances sociales. Notez bien la raison de ce déficit : 40 pour cent du budget annuel sont consacrés aux frais de gestion. […] L’employé de bureau coute à l’assuré deux fois plus cher que le médecin».
Le numéro du 10 février 1948 est l’occasion pour le Figaro de réaliser son bilan d’"Un an de sécurité sociale". Comme on pouvait s’y attendre, la sécu est une « ronde des milliards » peu glorieuse : les malades imaginaires mangent le pain des vieillards !


La sécu serait un organisme « hier énorme, aujourd’hui démesuré, demain fabuleux. A ce sommet de la pyramide, la misère humaine devient un monde de chiffres ». En l’absence de déficit de l’institution, la critique porte sur l’usager des fonds.
 

Le figaro joue l’assurance maladie contre la vieillesse : « […] on va enlever a des vieillards qui ont tout juste de quoi vivre très chichement des sommes qui vont payer des grippes et de rhumes de cerveaux des gens ordinairement valides et qui travaillent. »
 

Par ailleurs, « ce budget, tel qu’il est, représente pour l’économie à peine renaissante de la guerre un effroyable boulet ». On a déjà la critique du poids de la sécu pour les entreprises et l’économie… à deux doigts d’écrire un rapport pour libérer la croissance !
Le numéro du mercredi 11 février est peut-être le plus éloquent : pour le Figaro, la sécurité sociale est "Un montre à cinq pattes qui allaite et dévore ses enfants"!
 

 
"Le monstre allaite et dévore en même temps ses enfants, sans qu'il paraisse apporter toujours du discernement dans cette double opération."
 

Pour le Figaro la sécu ne fonctionne pas, ou au mieux très mal. Mais alors que faudrait-il faire ? Supprimer le remboursement des petits risques qui serait une incitation à l’abus et à la fraude. Comme c’est nouveau !
 

 
« […] dans certaines caisses 30% des dépenses pharmaceutiques représentent des vins toniques… Cet exemple le prouve, l’abus, comme d’ailleurs la fraude, porte surtout sur la petite et moyenne maladie. […] »

« C’est dans ce domaine qu’existe une réforme possible. Elle pourrait soulager l’économie d’un fardeau qui, finalement, retombe sur le consommateur, c’est-à-dire très souvent, sur le bénéficiaire apparent de la sécurité sociale. »
 
François Fillon avant l’heure : "M. Duris part du principe que les abus et la fraude portent surtout sur les petits accidents et sur les courtes et moyennes maladies, qui entrainent en même temps les plus gros frais de contrôle et d’administration."
 

"M. Duris envisage d’obtenir [une décongestion considérable] en décidant, purement et simplement que la Sécurité sociale ne paye pas de prestations au-dessous d’une certaine somme : 7.500 fr. par exemple."
Les critiques sont récurrentes, si bien qu’à l’été 1949 un débat est organisé à l’assemblée sur le principe même de la sécu. Le Figaro traite la question à travers le député Reynaud (droite) : « Il faut alléger les dépenses de cette organisation géante et mettre fin aux abus » !
 

Au milieu d’autres problèmes, le député explique que "Pour rétablir l’économie, il faut exporter". Or, nos prix sont trop élevés… à cause de la sécurité sociale. Il faut revoir l’organisation administrative trop lourde, les prestations trop généreuses et le contrôle inexistant !
 

Si le ministre SFIO du travail défend sur la plupart des points la sécurité sociale (notamment sur les frais de gestion particulièrement bas ; à 6%), il concède des retards de traitement administratifs et légitime l’intervention… de la mutualité !
 

Le 13 juillet 1949, alors que le débat à l’assemblée n’est pas terminé, le figaro donne le mot d’ordre pour les 100 années à venir :
 

« En réalité, il n’y a pas d’adversaire de la sécurité sociale. Il y a simplement des hommes qui voudraient qu’une telle institution fût mieux gérée, mieux organisée et surtout profondément réformée, ne serait qu’en ce qui concerne les petits risques ».
 


« Ni M. Pierre André, ni M. Paul Reynaud qui ont tour à tour réclamé des modifications de structure, à nos yeux indispensables, ne se sont posés, à aucun moment, en ennemis de la Sécurité sociale.
Mais la discussion avait pris un tour tel que toute critique, même la plus raisonnable, devenait aux yeux des partisans de l’« immobilisme » une attaque insupportable.
Nationaliser le rhume de cerveau, c’est avilir la carrière médicale, c’est aussi créer un climat de paresse, d’absentéisme, de laisser-aller contraire à tout effort de redressement.
On regrette que, sur ce point, la Chambre n’ait pas eu le courage de prendre les mesures que le bon sens imposait ».
Que retenir? Que dès sa création la sécurité sociale est attaquée par les forces réactionnaires et conservatrices. Que leur rhétorique est la même qu’aujourd’hui: le déficit, le gaspillage, les abus, l’immobilisme, le courage, le petit risque, la concurrence internationale, etc.
Mais qu’est ce qui a changé ? Serions-nous plus pauvres en 2021 qu’en 1945-1949 ? Non, et il suffit de lire les mêmes journaux pour s’apercevoir que l’époque est plus dure qu’aujourd’hui : coupures de courant, pénurie de charbon et d’essence, rationnement du pain, etc.
 



Recherches effectuées par: 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Économiste (Ass. prof.) - Université Paris 13 - CEPN ; Santé, sécurité sociale, capitalisme ; urlz.fr/f89E@evan_bertin
 
 Voici le lien : gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb3 Il faut ensuite choisir la date qui convient.
 

août 17, 2021

Afghanes news !!

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 Tout esprit profond a besoin d'un masque. Je dirai plus encore : autour de tout esprit profond, grandit et se développe sans cesse un masque, grâce à l'interprétation toujours fausse de chacune de ses paroles, du moindre signe de vie qu'il donne. 

Friedrich Nietzsche


 






















Sur la seule année 2018, 10% des demandes d’asile étaient déposées par des afghans, soit plus de 9.000 personnes.
 

 
Afghanistan's central bank, da Afghanistan Bank, holds 703,005 ounces of gold, all deposited at the Federal Reserve Bank of New York. That's worth US$1.25 billion. It's a safe guess that with the Taliban taking over this gold will be frozen. Source: dab.gov.af/sites/default/
 

juillet 24, 2021

Hans-Hermann Hoppe : L' État et son coronavirus !!

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Thomas Jacob : Professeur Hoppe, vous êtes connu comme un critique de l’État et de la centralisation politique. Le coronavirus ne prouve-t-il pas que les États centralisés et les réglementations du gouvernement central sont nécessaires ?

Hans-Hermann Hoppe

Certes, les différents États centraux et organisations internationales, comme l’Union Européenne (U.E.) ou l’Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S.), ont essayé d’utiliser la pandémie dite « Covid-19 » à leur propre avantage, c’est-à-dire pour étendre leur pouvoir sur leurs sujets respectifs ; et pour tester jusqu’à quel point elles pouvaient régenter les autres personnes face à une menace d’épidémie mondiale d’abord vague, puis systématiquement dramatisée. Et la mesure dans laquelle cela a réussi, au point d’en arriver à une assignation à résidence généralisée, est effrayante.

Mais si le cours des événements actuels a bien montré quelque chose, ce n’est pas la nécessité ou l’efficacité des autorités et des décisions centrales, mais à l’inverse l’importance cruciale des décisions et des décideurs décentralisés.

Le danger émanant d’une épidémie n’est jamais le même partout, pour tous, au même moment. La situation en France est différente de celle de l’Allemagne ou du Congo, et les conditions en Chine ne sont pas les mêmes qu’au Japon. Même au sein des différents pays, le niveau de menace diffère d’une région à l’autre, d’une ville à l’autre, entre les zones urbaines et rurales, en fonction de la composition démographique et culturelle de la population. En outre, il existe une multitude d’analyses et de recommandations contradictoires concernant ce qu’il faut faire ou ne pas faire face à cette menace, défendues par des « experts scientifiques » tout aussi « accrédités » les uns que les autres. Par conséquent, toute mesure centralisée, à l’échelle nationale (dans les cas extrêmes, mondiale), destinée à écarter le danger – un modèle à « taille unique » – doit dès le départ être considéré comme absurde et inappropriée.

Au vu de cette situation, il était tout à fait naturel qu’en plus des représentants des gouvernements centraux, divers dirigeants provinciaux et locaux s’impliquent rapidement et de plus en plus dans la prévention des risques. L’épidémie leur a offert l’occasion idéale de se démarquer de l’État central et de ses représentants, et d’élargir leur propre sphère de pouvoir. Ils ont ignoré, exacerbé, atténué, retardé, ou autrement modifié les mesures de leur gouvernement central pour leurs régions respectives. Toujours en tenant compte de l’opinion publique ou plutôt de l’opinion publiée, et souvent portés par l’espoir de pouvoir éventuellement accéder à la fonction de dictateur central en devenant un dictateur régional admiré par son peuple.

Malgré certaines améliorations dans la maîtrise des risques que cette décentralisation des décisions a permis d’apporter, et malgré le fait qu’une variété de régions différentes avec leurs traitements différenciés permette d’apprendre systématiquement des erreurs passées, la performance globale des États et des décideurs étatiques dans la gestion de l’épidémie a été absolument épouvantable. Comme dans tous les autres domaines, l’État échoue spectaculairement, et c’est particulièrement marquant en ce qui concerne la santé publique et la prévention des maladies. En fait, comme les événements actuels le montrent de plus en plus clairement, l’État tue ou rend malades plus de personnes grâce à ses mesures de protection qu’il ne guérit ou ne protège de la mort.

TJ : Les politiciens sont-ils tout simplement stupides ?

Il est certain que les politiciens dans leur ensemble ne brillent pas par leur esprit. Et le souci du « bien commun » qui les unit tous en tant qu’hommes politiques, c’est-à-dire leur prétention à vouloir et à pouvoir aider d’autres personnes (voire l’humanité entière) à connaître plus de bonheur et de prospérité, doit être considéré comme suspect dès le départ. Mais la véritable raison de l’échec de l’action politique en général, et en particulier dans le traitement des maladies infectieuses, est plus profonde et de nature structurelle.

La raison profonde et structurelle est que les décideurs politiques, qu’ils soient centraux ou régionaux, « ne jouent pas leur peau » comme on dit aujourd’hui dans le langage familier, lorsqu’ils prennent des décisions. En d’autres termes, ils sont largement libérés du risque d’éventuelles mauvaises décisions, de pertes et de coûts éventuels. Ils n’ont pas besoin de réfléchir longuement aux conséquences et aux effets secondaires de leurs actions, mais peuvent prendre des décisions « spontanées » car ils ne sont pas personnellement responsables des conséquences de leurs décisions. En général, ils peuvent faire éponger par d’autres les coûts de leurs actions. C’est la raison profonde pour laquelle la stupidité et la mantra du bien commun – surtout lorsqu’elles sont combinées – deviennent un danger et favorisent systématiquement l’irresponsabilité, l’arbitraire et la mégalomanie.

Prenons, par exemple, le coronavirus : pourquoi ne pas, face à une maladie infectieuse, recourir à des moyens « audacieux » tels que l’interdiction de sortir et de voir des gens, l’assignation à résidence, la fermeture d’entreprises, l’interdiction de travailler et de produire, etc., si l’on ne subit pas de perte directe de revenus en conséquence ? La raison est que, comme pour tous les décideurs politiques et les soi-disant fonctionnaires, leurs propres revenus ne proviennent pas d’un emploi productif rémunéré, mais sont financés par les impôts, c’est-à-dire par des prélèvements obligatoires, et sont donc assurés à court et moyen terme. Et pourquoi devrait-on se préoccuper autant des effets secondaires et des conséquences indirectes et à long terme de ses propres actions, si l’on ne peut être personnellement accusé, tenu responsable et redevable de dommages ? Pour justifier ses propres actions « audacieuses » on peut invoquer un nombre restreint, mais astucieusement gonflé, de personnes supposées avoir été sauvées d’une maladie grave, voire de la mort, en pourcentage de la population totale, tout en ignorant simplement les conséquences d’un confinement, c’est-à-dire le fait qu’un nombre bien plus important de personnes connaîtront des difficultés économiques à la suite de ces mesures et, par conséquent, tomberont indirectement malades et peut-être même finalement mourront.

En fait, au début, il semblait que les décideurs politiques ne savaient pas du tout (ou ne voulaient pas savoir) que même les « opérations de sauvetage », quelque bien intentionnées qu’elles soient, ne sont pas, et ne peuvent pas être, gratuites. Du fait qu’elles sont des opérations de sauvetage, elles ont plutôt été présentées comme « n’ayant pas d’alternative ». Lorsque les effets secondaires sont devenus plus évidents et ne pouvaient plus être niés, ils ont affirmé que leurs décisions concernaient le compromis entre « la santé » et « l’économie ». Et pour eux, bien-pensants qu’ils sont, la vie humaine doit toujours avoir la priorité absolue sur toutes les considérations économiques.

Il y a une idée élémentaire à laquelle les « puissances en place » se sont montrées incapables d’arriver, ou n’ont pas voulu arriver. Et c’est qu’une telle dichotomie n’existe pas du tout. Au contraire, une économie prospère est la base de la sauvegarde de l’homme et de la préservation de sa santé en particulier. Ce sont donc d’abord les régions, les segments de population et les personnes les plus pauvres qui sont le plus gravement touchés par un confinement (notamment en ce qui concerne leur santé). On voit mal comment cette idée élémentaire pourrait être compatible avec la position adoptée par tous les décideurs politiques, qui consiste à être le sauveteur audacieux dans la plus grande urgence.

Et lorsque, enfin, au vu de l’ampleur réelle de l’appauvrissement de la société résultant des interdictions de contact, de production et de vente imposées par l’État, des fermetures d’entreprises, des expropriations, des banqueroutes, du chômage, du chômage partiel, etc., même l’argument naïf de sauver des vies ne tenait plus et que la position des politiciens en tant que sauveurs tout-puissants sonnait de plus en plus creux, voire hypocrite, ils ont soutenu que les pertes subies du fait de leurs mesures seraient compensées de la meilleure façon possible, comme une évidence. D’une certaine manière, cela ferait d’eux un double sauveur : le sauveur d’un sauveteur en détresse. ― Et cet exploit a été accompli en augmentant massivement la masse monétaire. La compensation des pertes ou l’indemnisation a eu lieu simplement en créant à partir de rien une nouvelle quantité de papier-monnaie imprimée par l’État, produite à un coût pratiquement nul.

Cette procédure ne coûte rien aux décideurs politiques et elle met entre leurs mains, ce qu’ils accueillent toujours avec grand plaisir, une enveloppe d’argent supplémentaire, dont l’affectation leur permet de se présenter immédiatement comme des bienfaiteurs venant à la rescousse. Entre-temps, les effets indésirables de cette masse monétaire augmentent, en ce sens que la perte de pouvoir d’achat de l’unité monétaire et l’augmentation du service de la dette future qui en résultent sont dissimulés et imposés à d’autres personnes ou socialisés. L’ensemble de la manœuvre ressemble à l’exemple célèbre du pyromane qui agit ensuite comme un pompier en éteignant la maison qu’il a mise en feu, et devient un héros célèbre dans la foulée. La seule différence est que l’État, en augmentant la somme d’argent, socialise également les coûts d’extinction de l’incendie de la maison qu’il a mise en feu.

Mais – et c’est probablement la chose la plus effrayante de tout l’épisode du coronavirus – l’État n’est pas tenu comptable de son impudence cynique. Certes, il y a ici ou là une résistance au confinement, et plus il dure, plus la résistance s’accroît. Mais la majorité des décideurs politiques sont encore considérés comme des sauveurs héroïques plutôt que comme des pyromanes. Et, ce faisant, l’État et ses représentants ont utilisé l’idée du risque d’être infecté, qui a été systématiquement mise en avant, pour étendre leurs propres pouvoirs à un niveau jamais vu auparavant, du moins en temps de paix. Ceci inclut la suspension de tous les droits et libertés de propriété, et une restriction presque totale de la liberté de mouvement des personnes jusqu’à l’intérieur des ménages privés – et tout cela au nom de la lutte contre l’infection et de la santé publique.

À mon avis, le degré d’asservissement à la politique qui s’exprime dans cette évolution est très inquiétant.

TJ : Comment le problème d’une pandémie serait-il résolu sans réglementation gouvernementale, dans une Société de Droit Privé ?

Dans une Société de Droit Privé, toutes les terres, chaque centimètre carré, sont privées. Tous les appartements, maisons, colonies, routes, voies navigables, ports maritimes et aéroports, usines, bureaux, écoles, hôpitaux, etc., ont un propriétaire privé. Ce propriétaire est soit un individu, soit un groupe d’individus, une association privée, chacun ayant son propre règlement intérieur, sa structure organisationnelle et ses règles et procédures internes de prise de décision.

On obtient ainsi, contrairement à tout centralisme politique, un maximum de décisions décentralisées et, en même temps, un maximum de responsabilités et d’actions responsables. Chaque décision est la décision d’une personne ou d’une association particulière en ce qui concerne sa (et seulement sa) propriété privée. Et chaque décideur est responsable ou couvre les coûts et les frais consécutifs à ses décisions ou à ses mauvaises décisions avec ses propres biens.

Pour le problème spécifique de la gestion d’une pandémie, cela signifie que, tout comme le problème de l’immigration, dont l’urgence est actuellement occultée par le coronavirus, la question qui se pose face à une pandémie est simplement « qui je laisse entrer et qui je refoule » ou « qui je visite et qui j’évite ». Plus précisément : chaque propriétaire privé ou association de propriétaires doit décider, sur la base de sa propre évaluation des risques de maladie infectieuse concernant sa propriété, qui il autorise à entrer sur sa propriété, quand et dans quelles conditions, et qui il interdit. Et, en particulier dans le cas de biens à usage commercial, cette décision peut inclure et inclura ses propres mesures préventives qui visent à faciliter l’accès des visiteurs ou des clients en leur faisant sentir que le risque est réduit ou minimisé. Et inversement, les visiteurs ou clients peuvent également prendre des mesures de précaution de leur côté pour obtenir un accès facilité à divers hôtes potentiels. Le résultat de ces multiples décisions individuelles est un réseau complexe de règles d’accès et de visite.

Toutes les rencontres ou réunions de personnes ont lieu de manière volontaire et délibérée. Elles ont lieu dans chaque cas parce que l’hôte et le visiteur considèrent que le bénéfice de leur rencontre est plus grand que le risque d’une éventuelle contagion infectieuse qui en résulterait. Par conséquent, ni l’hôte ni le visiteur n’ont de droits de responsabilité réciproque, si une infection se produit effectivement à la suite de leur rencontre. Ce risque (y compris les éventuels frais d’hospitalisation, etc.) doit être supporté par chaque partie uniquement. Dans ce cas, des compensations de responsabilité civile ne peuvent être réclamées que si, par exemple, l’hôte a délibérément trompé ses visiteurs sur ses propres mesures de prévention ou si le visiteur a délibérément et intentionnellement violé les conditions d’entrée de l’hôte.

Mais même sans aucune tromperie, les décisions des hôtes et des visiteurs ne sont jamais gratuites. Toute mesure préventive ou de précaution implique un coût supplémentaire qui doit avoir une justification claire, que ce soit par la perspective de profits supplémentaires ou de pertes réduites, ou par une acceptation accrue ou un rejet réduit de la part des visiteurs potentiels. Et, en particulier, chaque décideur privé doit également supporter les coûts d’éventuelles mauvaises décisions à cet égard ; c’est-à-dire si les attentes ne sont pas satisfaites, voire se transforment en un phénomène inverse : si les mesures de défense et de précaution supposées sont non seulement inefficaces, mais s’avèrent contre-productives et augmentent même le risque d’infection global, que ce soit celui des hôtes ou des invités, au lieu de le réduire.

Il s’agit de coûts considérables qui sont à la charge d’un décideur privé et qui pourraient encore être les siens face à une épidémie. Son existence économique et son environnement social intime peuvent en être chamboulés. Dans cette perspective, il réfléchira à sa décision de manière approfondie, et ce d’autant plus qu’il a ou entretient plus de biens et plus de relations amicales. Il doit être rapidement préparé, souvent presque « que ça lui plaise ou non », à tirer les leçons de ses propres erreurs et à corriger ses décisions antérieures afin d’éviter de nouveaux coûts économiques ou sociaux.

Par conséquent, comme pour tous les autres problèmes ou risques – réels ou perçus –, il en va de même pour les maladies infectieuses et les épidémies. Le meilleur moyen – le plus rentable et le plus efficace – de minimiser les dommages liés à une épidémie est de décentraliser la prise de décision au niveau des propriétaires privés ou des associations de propriétaires. En effet, comme mentionné ci-dessus, le danger posé par une épidémie varie en fonction des lieux et des moments et est compris comme tel. Et, en général, il n’existe pas de réponse scientifique unique, définitive et sans ambiguïté pour évaluer le risque d’une maladie infectieuse. Il s’agit plutôt d’une question empirique, et les réponses à ces questions ne sont, en principe, toujours que des réponses hypothétiques et provisoires, qui peuvent très bien différer et changer de manière significative d’un scientifique à l’autre, et des représentants d’une discipline scientifique (par exemple les virologues) à ceux d’une autre discipline (par exemple les économistes), ainsi qu’au fil du temps.

Dans ce contexte, il semble presque évident que les décisions relatives aux mesures de défense appropriées doivent être prises par des décideurs locaux connaissant leurs conditions locales respectives. Et il devrait être tout aussi évident que ces décideurs locaux doivent être des propriétaires privés ou des associations de propriétaires. Car eux seuls sont responsables de leurs décisions et de la sélection des experts sur lesquels se fondent leurs décisions. Et eux seuls ont donc une incitation immédiate à tirer les leçons de leurs propres erreurs ou de celles des autres et à reproduire ou imiter les succès, qu’ils soient les leurs ou ceux des autres, afin d’aborder ainsi une solution au problème étape par étape.

Il convient également de mentionner que dans cet environnement de décideurs privés qui se font concurrence pour résoudre le problème, il y a toujours un nombre considérable de personnes ou de groupes de personnes, bien plus important en tout cas que le nombre des gangs de politiciens réunis dans les parlements et les gouvernements, qui sont supérieurs à ceux-ci (ces derniers) à tous les égards pertinents imaginables : en termes de richesse d’expérience, d’intelligence, de succès entrepreneurial ou de qualifications professionnelles et scientifiques, de performances et de jugement.

Par contraste, s’attendre à ce qu’une solution rapide et indolore au problème des maladies infectieuses soit apportée par, de toutes les personnes, les hommes politiques et leurs courtisans intellectuels – c’est-à-dire par des gens qui prennent des décisions concernant l’utilisation de la propriété et la liberté de mouvement d’un grand nombre de personnes totalement inconnues d’elles-mêmes, sans avoir aucune connaissance des circonstances locales, par des gens qui n’assument pas ou ne sont pas soumises à une quelconque responsabilité ou obligation de rendre compte à d’autres de leurs décisions, et par des personnes qui, en outre, ne sont pas particulièrement brillants non plus – signifie que nous devons littéralement croire aux miracles.

TJ : Pouvez-vous donner un exemple de ce qui se serait passé différemment dans une Société de Droit Privé par rapport à la gestion politique actuelle du virus Corona ? Et comment ?

En bref : Corona n’aurait pas été une pandémie.

Ceci ne signifie pas que le virus n’existe pas, ou qu’il n’est pas contagieux ni dangereux. Cela signifie plutôt que le danger d’infection émanant réellement du coronavirus est si faible qu’il n’aurait pas été perçu comme tel par la plupart des gens (surtout les plus intelligents !) et n’aurait donc pas déclenché de changements significatifs dans leur comportement. Et partout où une augmentation sensible des infections ou des décès devait être enregistrée (par exemple dans les maisons de retraite, les hôpitaux, etc.), cette augmentation aurait été perçue comme un phénomène relativement normal, fluctuant ou variant selon les saisons ou les régions, comme par exemple une grosse épidémie de grippe, à laquelle on réagit avec les mesures de précaution habituelles. En d’autres termes, tous les événements et développements liés à la santé auraient été dans la fourchette normale. Il n’y avait et n’y a toujours pas d’état d’urgence marqué par des hôpitaux ou des unités de soins intensifs surpeuplés de tous côtés, avec des patients gravement malades ou des morts partout, dans l’entourage immédiat de chacun, ou même allongés dans la rue, susceptible de justifier un changement fondamental de mode de vie. La vie aurait continué, dans l’ensemble, comme avant. Pas de raison de paniquer et de déclarer une urgence sanitaire mondiale.

En fait, le nombre total de décès en Allemagne, en Autriche ou en Suisse, par exemple, en 2020 n’a en aucun cas augmenté de la manière spectaculaire qu’on aurait pu anticiper compte tenu des décrets d’urgence politique sans précédent de cette année. Elle se situe plutôt dans la fourchette de fluctuation des années passées. Si l’on prend en compte l’augmentation globale de la population et le vieillissement croissant de la structure démographique, il y a même des années où le nombre de décès a été plus élevé, mais jamais auparavant les gens n’ont eu recours à des « mesures de sauvetage » aussi drastiques et draconiennes qu’aujourd’hui. Et même en cas de surmortalité, il n’est pas du tout clair que celle-ci soit due au virus Corona ou qu’elle ait des causes entièrement différentes, comme les conséquences du confinement. Ce n’est donc pas le Corona qui a changé le monde, mais les politiciens qui ont utilisé Corona comme excuse pour changer le monde à leur avantage.

La déviation radicale – économiquement ruineuse – par rapport au cours normal des événements qui se produit actuellement n’est pas due à un changement fondamental dans le monde des faits ou de la science. Ni les faits ni la science ne permettent de justifier une « nouvelle normalité » ou une « grande remise à zéro » (Great Reset) à l’échelle mondiale. Elles sont le résultat de machinations délibérées de la part des élites politiques pour élargir leur propre base de pouvoir par le biais de mensonges et d’escroqueries, de désinformation, de tromperie, et d’une propagande continue d’une ampleur jusqu’alors inconnue et inédite.

Ces machinations malhonnêtes consistaient notamment à gonfler systématiquement le nombre de décès dits « Corona » en comptabilisant comme décès Corona tout décès dans lequel le virus pouvait être détecté au moment de la mort, indépendamment du fait qu’il ait ou non une relation de causalité avec le décès. Même une personne infectée par le coronavirus morte dans un accident de voiture fut classée comme morte du coronavirus. Des hôpitaux, et même des régions entières, ont même reçu des subventions pour les décès attribués au coronavirus, alors qu’ils sont restés les poches vides pour les décès normaux, ce qui a naturellement conduit à des transferts correspondants. De plus, on a délibérément évité de relier même ce nombre scandaleusement gonflé de décès par coronavirus au nombre total beaucoup plus élevé de décès. En effet, une vision proportionnelle aurait permis de relativiser clairement le danger du coronavirus et il n’aurait pas semblé si grave. Ils se sont donc focalisés de manière rigide et obstinée sur les chiffres absolus, car ceux-ci sont plus effrayants. Et ils ont aussi délibérément évité de faire état des dommages collatéraux mortels du confinement: le nombre de personnes qui sont mortes parce que les hôpitaux n’étaient temporairement ouverts qu’aux patients de la Corona, le nombre de suicides de personnes économiquement ruinées, ou le nombre de personnes âgées qui sont mortes de solitude forcée.

Mais la tromperie la plus audacieuse et la plus importante a été de changer fondamentalement la définition du « danger », de le redéfinir et, par conséquent, de l’amplifier ou de le faire paraître amplifié. La maladie et le danger de maladie sont généralement et habituellement définis par la présence de certains symptômes. Si une personne ne présente aucun symptôme de maladie, alors, de son point de vue, il n’y a pas de problème de santé. Au lieu de cela, les décideurs politiques ont imposé une nouvelle définition du danger, et en ont fait la base de leur prise de décision. Cette définition mesure le danger non pas par la présence de symptômes, mais par le résultat d’un test dit « coronavirus » (RT-PCR). Le danger se mesure par le nombre absolu de personnes dont le test de dépistage de ce virus est positif ; donc plus on fait de tests, plus on trouve de cas positifs, et ce nombre est ensuite jour après jour, indéfiniment, martelé dans nos têtes et diffusé de manière tapageuse.

Le test lui-même n’est pas fiable, avec des résultats qui sont souvent faussement positifs ou faussement négatifs. Mais surtout, le résultat du test n’a pratiquement aucune valeur pour prédire les symptômes de la maladie ou sa progression. L’écrasante majorité, estimée à 80 %, des personnes dont le test de dépistage du coronavirus est positif sont asymptomatiques, et le risque d’infection par ces personnes est, à notre connaissance, proche de zéro, voire exactement nul. Sans ce test, ils ne sauraient rien du danger et ne le sauraient jamais (et ils éviteraient tout le stress lié aux tests de masse actuels, un stress qui est lui-même mauvais pour la santé).

Dans environ 15 % des cas, il s’agit d’une infection plus grave, pouvant aller jusqu’à l’alitement. Et dans seulement 5 % des cas environ, généralement en rapport avec une détresse respiratoire grave, un traitement médical intensif est nécessaire. – En résumé, si l’on en croit les chiffres du Center for Disease Control (C.D.C. américain : Centre pour le Contrôle des Maladies), qui est financé par le gouvernement et dont toute la raison d’être repose sur l’existence de maladies infectieuses et d’agents pathogènes, et qu’il est donc difficile de classer dans le camp des « négationnistes du coronavirus » ou des sceptiques, le tableau suivant, peu effrayant, se dessine : la probabilité de survivre à une infection à la Corona en vie varie en fonction de l’âge d’une personne, mais est toujours, pour toutes les tranches d’âge, extrêmement élevée. Pour la tranche d’âge 0-19 ans, la probabilité est de 99,997 %. Pour le groupe des 20-49 ans, il est de 99,98%. Pour le groupe des 50-69 ans, il est de 99,5%. Et même pour le groupe des plus de 70 ans, il est toujours de 94,6 %.

Ceci me ramène au début de la réponse. Qui, quels propriétaires ou associations de propriétaires dans une société de droit privé, verraient une raison de changer fondamentalement leur comportement normal et coutumier face à ces taux de dangerosité? Qui se mettrait en banqueroute à cause de cela ? Qui cesserait de travailler et de produire ou de voyager ? Qui s’imposerait une interdiction totale de contact ou imposerait un blocage complet de l’accès à ses biens ? Je pense que la réponse à ces questions est évidente. Sur la base d’une expérience réelle, plutôt que d’un test artificiel et d’un résultat de test qui n’est que marginalement et très vaguement corrélé avec une expérience réelle de la maladie, il est certain qu’une ou deux précautions supplémentaires auraient été prises, comme on l’a fait dans le passé face, par exemple, à une grosse épidémie de grippe.

Il est certain que nous aurions été plus prudents, notamment en ce qui concerne les personnes âgées, qui ont été et sont exposées à un risque de maladie nettement plus élevé. Il est probable qu’un ou deux directeurs d’hôpital auraient augmenté le nombre de lits disponibles. Et peut-être que l’observation de changements ou de nouveaux symptômes de la maladie aurait conduit un ou deux virologues à rechercher un virus qui soit en corrélation avec ces symptômes spécifiques. Peut-être même que cela aurait conduit à la mise au point d’un test. Et peut-être même à la recherche d’un vaccin correspondant, même si cela doit être considéré comme plutôt improbable, compte tenu des coûts élevés de développement par rapport à la demande potentielle de vaccination, étant donné le faible niveau général de risque.

Le fait que le cours actuel des événements ait été et soit en fait complètement différent n’a aucune raison objective, mais est uniquement dû à l’existence d’une classe de personnes, la classe politique ou l’élite politique, qui n’ont pas à assumer la responsabilité ou les coûts et les conséquences de leurs propres actions, et qui peuvent donc accroître leurs actes de «bienfaisance sociale» jusqu’à la mégalomanie.

Depuis des temps immémoriaux, la mégalomanie de la politique, née de l’irresponsabilité, se manifeste par le fait que les hommes politiques, sur la base de divers chiffres-clés fournis par leurs autorités statistiques officielles respectives, ont concocté une justification « scientifiquement fondée » pour leurs interventions étatiques toujours plus nombreuses et plus profondes dans les événements sociaux normaux. Jusqu’à présent, cependant, ces indicateurs étaient essentiellement des chiffres issus du domaine des statistiques économiques, tels que les chiffres sur le revenu, la richesse et leurs répartitions respectives, sur la croissance économique, les importations, les exportations, la masse monétaire, les balances commerciale et des paiements, l’inflation, les prix, les salaires, la production, le niveau d’emploi, etc. Chacun de ces chiffres a offert aux décideurs politiques une raison possible d’intervenir. Soit il était trop élevé ou trop bas, soit il devait être stabilisé par des mesures appropriées. Mais il y avait toujours, soi-disant, quelque chose à rectifier. – Je n’ai pas besoin de m’étendre ici sur l’ampleur des effets de redistribution et des pertes de bien-être qui ont résulté de cet interventionnisme en matière de politique économique.

Mais avec la crise du coronavirus, la politique a pris des chemins complètement nouveaux à cet égard. Les politiciens ont découvert que les statistiques sur la santé offrent une porte d’entrée encore plus grande au despotisme du gouvernement et à la folie des grandeurs de ses membres que n’importe quelle statistique économique. Sur la base d’un test viral, qui a été choisi comme indicateur officiel d’un danger d’infection prétendument aigu, voire mortel, les politiciens ont réussi à paralyser presque toute la vie sociale, plongeant des millions de personnes dans la détresse ou les difficultés économique ou sociales, tout en aidant l’industrie pharmaceutique, c’est-à-dire les fabricants de masques, de tests et de vaccins, à s’enrichir énormément, et en se faisant passer, du moins jusqu’à présent, pour les héros de l’histoire.

Une réalisation effrayante et carrément dévastatrice.

 

Source:

 Entretien avec Hans-Hermann Hoppe réalisé par Thomas Jacob, secrétaire de la « Property and Freedom Society » (abréviation P.F.S., en français : Société pour la Propriété et la Liberté). Traduction française par Olivier Richard, le 11 janvier 2021.

https://quebecnouvelles.info/hans-hermann-hoppe-etat-ou-societe-de-droit-prive-sur-les-reponses-au-coronavirus/

mai 15, 2021

Relations étrangères avec la France !!

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Sommaire:

A) Les juges Soros de la CEDH et le silence gêné des quotidiens français de gauche - Observatoire du journalisme

B) Comment Biden va ruiner la France - Eric Verhaeghe

C) Vu de l’étranger. En coulisses, l’après-Marine Le Pen se prépare déjà - Politico - Bruxelles

 

 


A) Les juges Soros de la CEDH et le silence gêné des quotidiens français de gauche

 Puisque le Conseil de l’Europe discutait le mois dernier du problème posé par les liens avérés entre une partie conséquente des juges de la CEDH et les ONG liées à l’Open Society Foundations (OSF) de George Soros, c’est une bonne occasion de nous intéresser à manière dont les journaux français ont couvert cette importante affaire depuis les premières révélations sorties quatorze mois plus tôt, en février 2020. Le problème n’est en effet pas anodin et, comme l’avait signalé en son temps l’Observatoire du Journalisme, il avait été mis en exergue en France par l’hebdomadaire Valeurs Actuelles.

Pour rappel, ainsi que l’a révélé un rapport du Centre pour le droit et la justice (ECLJ) publié en février 2020 sous le titre « Les ONG et les juges de la CEDH – 2009–2019 » (téléchargeable ici), près du quart des juges siégeant à la CEDH entre 2009 et 2019 avaient des liens directs avec des ONG du réseau Soros. Pire encore, dans 88 affaires identifiées par l’ECLJ, des juges liées aux ONG financées par l’OSF ont eu à se prononcer dans des affaires où les mêmes ONG ou des ONG également liées à l’OSF étaient parties prenantes. Normalement, en présence d’un tel conflit d’intérêt, un juge doit se retirer et c’est le type de comportement que la CEDH attend des juridictions nationales. Malheureusement, la CEDH ne semble pas vraiment appliquer les normes à son propre fonctionnement les standards qu’elle attend des autres tribunaux. D’où plusieurs questions posées à la suite de ce rapport par des membres de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. Des questions qui portent sur les thèmes suivant :

  • « Comment remédier à de potentiels conflits d’intérêts des juges de la Cour européenne des droits de l’homme ? »
  • « Restaurer l’intégrité de la Cour européenne des droits de l’homme »
  • « Le problème systémique des conflits d’intérêts entre ONG et juges de la Cour européenne des droits de l’homme »

Le 8 avril dernier, le Comité des ministres des 47 pays membres du Conseil de l’Europe a apporté une réponse écrite à ces questions. À la mi-avril, l’ECLJ se réjouissait d’une autre conséquence positive de son rapport : le Conseil de l’Europe venait de rejeter une candidature belge de « juge Soros » pour la CEDH. Ceci pour dire que le rapport de l’ECLJ est pris au sérieux au Conseil de l’Europe et il a d’ailleurs fait parler de lui dans la majorité des pays européens. Et en France ? En France, les médias n’ont pas été très bavards à son sujet. Si l’on fait une recherche sur les sites des quotidiens nationaux, on s’aperçoit même que certains ont préféré passer la question totalement sous silence. C’est apparemment le cas de Libération et de L’Humanité comme le montrent ces recherches Google faites le 11 mai par l’Observatoire du Journalisme :

 



Le troisième quotidien national de gauche, Le Monde, en a en revanche bien parlé dans un seul et unique article publié le 3 mars 2020 :


 

Le Monde n’évoque toutefois ce rapport que pour en dénigrer les auteurs, avec un parti- pris que n’ont heureusement pas eu les parlementaires de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe ni les 47 États membres de cette organisation. Le titre de l’article du Monde résume la tonalité d’ensemble : « Des proches de Donald Trump au secours de La Manif pour tous ». Plutôt que de s’étendre sur le rapport de l’ECLJ, Le Monde préfère ensuite expliquer à ses lecteurs que l’ECLJ est lié à « l’un des avocats du président américain » (Donald Trump), que cet avocat est « à la tête d’une association ultraconservatrice » et qu’il est un « soutien actif du mouvement antimariage homosexuel ». En fait, ce à quoi se réfère Le Monde, c’est que l’European Centre for Law and Justice (ECLJ) est lié à l’American Center for Law and Justice (ACLJ) dont l’avocat en question est le conseiller en chef.

La position prise par Le Monde est claire dès les premières lignes, si quelqu’un avait encore un doute après avoir aperçu le titre :

 


La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), l’instance juridique suprême du Conseil de l’Europe, on ne décolère pas, deux semaines après la publication dans l’hebdomadaire français d’extrême droite Valeurs actuelles d’un long article expliquant comment George Soros aurait « infiltré » l’institution. Selon cette enquête, une dizaine de juges seraient « liés » (comprendre qu’ils ont pu y travailler par le passé) à des ONG comme Amnesty International, qui reçoivent elles-mêmes des subsides de la part d’Open Society, organisation caritative du milliardaire américain d’origine hongroise. Suffisant aux yeux du magazine pour faire sa « une » sur un « scandale Soros ».

Utilisation du conditionnel et des guillemets, minimisation des chiffres (« une dizaine » de juges pour parler des 22 concernés) : tout est fait pour que le lecteur ne prenne pas ce rapport de l’ECLJ au sérieux. Plus loin, Le Monde continue son entreprise de discrédit en expliquant que ces « révélations » (en italiques et entre guillemets dans le texte) « ont surtout fait réagir dans la sphère conservatrice française, de la présidente du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen à Philippe de Villiers », et aussi que ce rapport est « rédigé par un homme, le docteur en droit Grégor Puppinck, pour le compte de l’organisation qu’il dirige, le Centre européen pour la justice et le droit (European Center for Law and Justice, ECLJ) ».

À propos de l’ECLJ, il est encore dit que « Ce groupe de défense d’intérêts veut dénoncer une “influence” progressiste exercée sur la CEDH. Peu connue en France, l’ECLJ hante depuis deux décennies les arcanes de la CEDH, pour y porter la voix du conservatisme chrétien. Le lobby, dont la devise, “Justice et Droit sont l’appui de ton trône, Amour et Vérité marchent devant ta face”, est tirée des Psaumes de la Bible, relaie au plan européen nombre des combats de La Manif pour tous, le mouvement français antimariage homosexuel, encore mobilisé mardi 3 mars contre la loi bioéthique. Grégor Puppinck, était présent sur le podium de nombreux rassemblements contre le mariage gay ou la procréation médicalement assistée (PMA), de 2013 à 2019. »

En bref, ce que dit Le Monde à ces lecteurs, c’est : Circulez, c’est l’extrême droite, c’est nauséabond et y a rien à voir…

Alors circulons et allons plutôt voir dans un dernier quotidien national de gauche, ou de droite, plus personne ne le sait encore vraiment, c’est-à-dire La Croix :


 

À titre de comparaison, la même recherche effectuée sur le site de Valeurs Actuelles le 11 mai 2021 renvoie 29 résultats, soit 29 articles différents s’étendant sur les liens entre une partie des juges de la CEDH et la nébuleuse Soros. Mais maintenant que nous avons fait le tour du sujet dans La Croix, jetons donc un œil au quotidien de référence du centre-droit, Le Figaro.

Le Figaro n’avait apparemment pas pris le sujet au sérieux il y a un an, puisque seul son chroniqueur Gilles-William Goldnadel avait évoqué le sujet en 2020 dans un de ses articles. Sans doute la rédaction du Figaro s’était-elle laissé influencer par l’article du Monde. Ce n’est qu’après la réponse officielle donnée en avril 2021 par le Comité des ministres du Conseil de l’Europe sur cette question que Le Figaro semble s’être aperçu qu’il s’était fait avoir et que les accusations relayées 14 mois plus tôt par Valeurs Actuelles étaient tout à fait sérieuses.

Dans l’article intitulé « Le Conseil de l’Europe se penche sur l’indépendance de la Cour européenne des droits de l’Homme » et publié le 22 avril, Le Figaro explique que « Sollicité par une question écrite de parlementaires, le Comité des ministres a réitéré son attachement à l’indépendance des juges de la Cour et envisage des moyens de contrôle supplémentaires. Un rapport récent dénonçait la surreprésentation d’une poignée d’ONG à la CEDH. » Et le journal de rappeler « les conclusions d’un rapport du Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ) montrant que sur la centaine de juges qui ont siégé à la CEDH depuis dix ans, vingt-deux d’entre eux émanaient directement d’une même ONG ou d’associations financées par cette ONG, l’Open Society », et aussi le fait que, dans leurs questions aux représentants des pays membres du Conseil de l’Europe, « les parlementaires ont notamment pointé du doigt le faible nombre de juges européens ayant préalablement exercé comme magistrats, et accusent la CEDH de donner trop d’importances aux juristes émanant de lobbies ; ils dénonçaient par ailleurs l’absence de procédure effective de déport et de récusation en cas de possible conflit d’intérêts. »

Nous apprenons encore dans cet article du Figaro que les problèmes soulevés dans le rapport de l’ECLJ sur lequel Le Monde avait d’emblée jeté le discrédit ont poussé le Conseil de l’Europe à décider de « l’examen à venir des moyens additionnels d’assurer la reconnaissance du statut et de l’ancienneté des juges de la Cour, offrant ainsi des garanties supplémentaires pour préserver leur indépendance, y compris après la fin de leur mandat ». Ainsi, explique Le Figaro, « de nouvelles mesures pourraient donc être prises d’ici 2024 pour renforcer l’indépendance des juges ».

Finalement, il y a un an, un seul quotidien national français avait relayé sans chercher à les désavouer les informations publiées par l’ECLJ et l’hebdomadaire Valeurs Actuelles : le journal Présent, qui avait même consacré la couverture de son numéro du 22 février à son article « Mainmise du milliardaire Soros sur l’UE » publié le 21 février 2020 sur son site.

Lire aussi : Projet Syndicate et Soros : vers une opinion publique mondiale unifiée

Source : Observatoire du journalisme

 


 

 B) Comment Biden va ruiner la France

Biden et la folie qu’il suscite en France se termineront mal pour ceux qui en chantent les louanges. Mais ils sont probablement trop imbus de leur prétendue supériorité, trop arrogants et trop ignares en économie pour le comprendre.

En France, Biden et les Bidenomics font fureur et nourrissent tous les fantasmes des étatistes naturels, y compris parmi les esprits de droite qui devraient se défier d’une politique de la relance par la consommation alimentée par l’Etat.

Mais les précautions sont à peu près inaudibles aujourd’hui, tant une partie importante de l’intelligentsia française attendait avec impatience de pouvoir chanter les louanges du planisme public.

Sauf que… dans quelques mois, la remontée des taux qui devrait suivre la fièvre inflationniste tuera purement et simplement notre capacité à financer des déficits publics élevés.

Voici pourquoi…

La folie Biden va pousser l’Etat français à la faillite

Le point fondamental est que l’helicopter money pratiquée par Biden a des effets bien plus redoutables que prévu. Les chèques distribués en mars aux ménages américains ont produit leurs effets : partout, le choc sur la demande a entraîné des pénuries et des hausses de prix.

Le chiffre de l’inflation en avril outre-Atlantique, tombé ce mercredi, en apporte la preuve : la hausse des prix sur un an serait à plus de 4% !

Ce chiffre déjoue les prévisions les plus pessimistes et indique que les dégâts causés par les Bidenomics, tant vantés par la caste française, risquent d’être bien pires que ce que nous avions imaginé. Face à l’érosion de la valeur de la monnaie que l’inflation provoque, les acteurs économiques devraient en effet proposer des taux d’intérêt de plus en plus élevés pour emprunter sur les marchés.

Par un effet de cascade, les taux d’intérêt auxquels les Etats empruntent devraient donc mécaniquement remonter. C’est déjà le cas aux Etats-Unis, où les taux longs ont commencé à remonter et où le Nasdaq a perdu 1,5%.

On comprend la mécanique : les liquidités qui cherchent de la rentabilité s’orientent vers les titres les plus rémunérateurs. Jusqu’ici, les valeurs technologiques apparaissaient comme le meilleur pis-aller. Mais des taux d’emprunt élevés pour les dettes publiques pourraient réserver des conditions bien supérieures !

L’argent commence donc à fuir le risque pour se réfugier vers les dettes publiques qui sont sûres, et qui deviennent attractives financièrement.

Là encore, intuitivement, on comprend comment cet effet de domino va contaminer la France : pour attirer les investisseurs, Bercy devra revoir à la hausse ses taux d’intérêt à chaque emprunt, et la charge de la dette, ridiculement basse aujourd’hui (moyennant quoi Emmanuel Macron n’a pas jugé utile d’adopter une politique préventive de réduction drastique de la gabegie publique), ne va cesser d’augmenter dans les mois à venir.

Le poids de la dette va donc fortement augmenter.

Cette augmentation ne sera pas immédiate, parce que le Trésor a profité des derniers mois pour troquer de la dette coûteuse contre de la dette à long terme à taux bas. Le mouvement est enclenché, cependant, et les pertes vont tomber par milliards – et même par dizaines de milliards.

Ces sommes seront autant de moins que l’Etat ne pourra pas dépenser en éducation, en santé, en moyens de surveillance de la population.

Il faut donc bien comprendre que, sauf à augmenter fortement les impôts, l’Etat en sera réduit à restreindre le train de vie des fonctionnaires, ce qu’il déteste faire.

Les impôts sur l’épargne et le patrimoine vont fleurir

Intuitivement, nous savons quels sont les réflexes de l’Etat lorsqu’il a besoin urgemment de liquidités pour financer ses besoins sans brusquer la caste des fonctionnaires : il confisque l’épargne, en tout ou partie, pour renflouer les caisses, avec le couteau des coupes sombres dans les dépenses pour aiguillon.

Le scénario est d’ores et déjà écrit. Il suffit de lire les écrits de l’OCDE pour savoir que ce sont les successions qui seront taxées en premier.

Concrètement, les leçons à retenir de la situation qui s’annonce sont simples : l’inflation galopante est lâchée aux Etats-Unis. Elle contaminera l’Europe en 2022. La France sera, dans les douze mois, étouffée par sa dette publique et une crise de l’euro, doublée d’une crise politique, devrait mettre l’Union en difficulté.

Le résultat est connu : un matraquage fiscal pour les épargnants. En tout cas pour les épargnants français, car des pays comme l’Allemagne ou les Pays-Bas n’ont aucune raison, en l’état, de suivre cette voie.

Toute la question est désormais de savoir à quelle vitesse l’inflation galopante lancée par Joe Biden contaminera la vieille Europe – et surtout ses éléments les plus faibles.

Eric Verhaeghe est ancien président de l'APEC (l'Association pour l'emploi des cadres) et fondateur du cabinet Parménide. Il est aussi l'auteur de Jusqu'ici tout va bien (éditions Jacob-Duvernet, 2011), Au coeur du MEDEF : Chronique d'une fin annoncée, (Jacob-Duvernet, septembre 2011) et de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : lecourrierdesstrateges.fr. Diplômé de l'ENA (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un DEA d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

 


C) Vu de l’étranger. En coulisses, l’après-Marine Le Pen se prépare déjà

 Considérant un échec de Marine Le Pen à la présidentielle 2022 comme quasi assuré, certains dans son parti ont discrètement entamé les discussions sur le Rassemblement national après l’ère Le Pen, rapporte Politico.

Cette couverture ne se demande pas si Marine Le Pen a, oui ou non, une chance d’être la prochaine présidente de la France. À Bruxelles, Politico se penche sur “l’après : après sa probable défaite à la présidentielle de 2022. Et c’est surtout la question de savoir si la présidente du Rassemblement national peut tenir son rang au sommet du parti qui intéresse le magazine américain.

Pour en savoir plus, il a interrogé les participants (anonymes) aux “réunions du vendredi” de certains membres du RN, où cette question est fréquemment soulevée. L’ambiance dans ce “groupe de mécontents qui rassemble des membres du conseil national, des dirigeants régionaux et des élus locaux” se résume dans cette phrase d’un des participants : “Nous sommes tous convaincus que Marine Le Pen ne va pas remporter les prochaines élections. Nous devons trouver une nouvelle candidate.”

Une piste donnée par le député RN Nicolas Bay, qui dit ne pas participer aux réunions en question : il n’est pas certain que la prochaine personne à présider le RN portera le nom Le Pen, ce dernier étant à la fois le plus grand atout et le plus grand obstacle pour la course à l’Élysée.

“Le nom Le Pen a fait son temps”

“Force est de reconnaître que Le Pen a beaucoup fait pour rendre son parti plus présentable, notamment en liquidant le passé xénophobe du FN et en cessant d’appeler à quitter la zone euro. Mais sa personnalité commence à déplaire aux électeurs.”

En effet, Marine Le Pen est loin de faire l’unanimité, à la fois parmi les cadres et dans la base du parti. Ainsi, des militants du RN déclarent à Politico : “Je pense que le nom Le Pen a fait son temps” ; “elle n’est pas à la hauteur, elle manque de charisme” ; “elle aurait dû passer la main”. Parmi les possibles nouveaux chefs, ils citent Jordan Bardella, Marion Maréchal ou encore Éric Zemmour.

Mais voilà, constate le magazine, plus on monte haut dans le parti, plus rare se fait le discours mettant en question Marine Le Pen. Signe que la fille de Jean-Marie tient le parti d’une main de fer et n’hésite pas à éloigner tout potentiel rival. Pour l’heure, Marine déjoue les complots. “Ils ont tous peur d’elle”, raconte un ancien conseiller, au point que Politico estime qu’“aujourd’hui les ténors du parti sont plus unis qu’ils ne l’ont été depuis longtemps”. Et la personnalité capable de défier Le Pen n’a pas encore percé.

Lancé le 21 avril 2015 dans le but avoué de “secouer” la couverture journalistique de l’Union européenne, Politico est avant tout l’extension du site américain créé par deux signatures importantes du Washington Post, John F. Harris et Jim VandeHei, en 2007.
L’édition européenne, qui s’appuie sur une équipe de 70 personnes, se concentre sur la politique de l’Union européenne et de ses États membres, et a su attirer de belles plumes.
Une version papier est distribuée chaque semaine dans les capitales européennes. Politico propose également chaque mois des dossiers spéciaux.

 

 

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